dimanche 12 août 2007
La voie du Non attachement
Extraits de l'excellent livre du Vénérable R Dhiravamsa :
" La voie du Non Attachement, pratique de la méditation profonde"
Livre qu'on ne trouve, malheureusement, que d'occasion.
Un conseil : si vous le trouvez, achetez le sans hésiter.
Dans son introduction, l'auteur explique, notamment, les distinctions entre samatha et vipassana et met en lumière, certains dangers de la méditation samatha ainsi que certaines dérives de la méditation :
"de nos jours, la méditation est également utilisée à la place de médicaments aux seules fins de détendre d'apporter sérénité et énergie et une santé meilleure"
Vous trouverez Ci après:
1- Extraits de l'introduction
2- Extraits du chapitre 1 : La dynamique de la méditation vipassana:
"Malheureusement il se trouve que la plupart d'entre nous ont besoin d'espoir pour vivre. Comment les êtres réalisés s'en passent-ils?
Parce qu'ils vivent une vie authentique, se déroulant et s'accomplissant dans le présent, où il n'y a ni espoir ni peur du futur.
Ce n'est que dans le présent qu'on atteint à la parfaite clarté d'esprit, qui est un facteur de plénitude et une des meilleures caractéristiques de l'être libéré."
3- Extraits du chapitre 5 : L'esprit méditatif
EXTRAITS :
1- "Introduction" du livre : (À lire ou à relire avec Attention)
Depuis ces dernières années, la méditation connaît un succès grandissant sans son double aspect théorique et pratique. Aussi, les systèmes se démultiplient-ils, l'adepte choisissant celui qu'il pense le mieux adapté à sa personnalité et à ses mobiles, même si souvent il n'en est pas conscient.
La méditation n'est pourtant pas une science nouvelle. Et, si sa pratique est jusqu'à récemment restée circonscrite aux pays bouddhistes, on en avait par ailleurs une connaissance livresque. Seulement la méditation ne révèle pas ses profondeurs à l'intellect ; elle ne le fait que dans l 'expérience directe.
La méditation apporte à ses pratiquants la quiétude et la vision éclairée et cela doit contribuer à chasser l'esprit d'intolérance des divers groupes s'intéressant à la spiritualité. Car, quand des expériences profondes se figent en convictions, c'est en effet le contraire qui se passe: elles nous séparent de ceux cherchant la vérité ailleurs. La croyance établie n'a rien de commun avec la certitude intime qui, elle, nous laisse libres d'explorer toutes les voies, sans craindre les différences ou rejeter certaines d'entre elles.
Il est primordial de les observer sous divers angles, d'en acquérir une connaissance directe et de comprendre pourquoi les uns et les autres empruntent une certaine voie et non pas une autre. Il est sans doute inévitable que les pratiquants de la voie spirituelle se joignent d'abord à un mouvement ou cultivent des idées de but ou des espoirs, la maîtrise de soi par exemple ou d'autres formes de pouvoirs.
Certains vivent dans la fascination de leurs découvertes, d'autres veulent atteindre au détachement afin de s'isoler de la vie et de ses relations. Les adeptes dévots fixent leur amour sur un être ou un objet idéalisé, après quoi ils ne savent plus discerner la vérité ailleurs.
Les formes de méditation les plus populaires promettent l'avènement du bonheur et de la paix. Enfin, de nos jours, la méditation est également utilisée à la place de médicaments aux seules fins de détendre d'apporter sérénité et énergie et une santé meilleure.
Les méditants, à quelque école qu'ils appartiennent, prennent davantage conscience que, hormis le monde extérieur, il y a l'espace intérieur, avec ses associations mentales et ses schémas d'émotions qui souvent créent des tensions.
C'est du reste la souffrance psychique qui incite la plupart d'entre eux à se tourner vers la
méditation ou un groupe susceptible de les aider. Ou encore ils ont été séduits par une expérience fugitive qui transcendait le monde de la quotidienneté, un état de sérénité et de bien-être, une impression d'infinitude et de liberté.
Dans la méditation connue sous le nom de samatha se basant sur la concentration, il advient que les activités du moi se suspendent momentanément et que, par-là, le flot de l'être
n'étant plus entravé par l'attachement égotique et les conflits existentiels, il se libère.
Cet état d'extase, on voudra le voir se répéter.
Au cas cependant où le désir est exaucé, il n'aidera en rien son bénéficiaire à se libérer du désir lui-même.
Le monde matériel est là pour attester que la réussite peut, en fait, être un facteur d'intensification des besoins : de possession, de statut, de pouvoir, d'être admiré ou de toute autre source de plaisir.
Mais on oublie par trop souvent que la réussite d'ordre spirituel comporte un risque identique, dans la mesure ou elle ne nous apprend pas à renoncer aux choses, à nous préserver des vanités, à accepter nos faiblesses et les expériences déplaisantes en tous genres.
On préfère fuir tout cela et apprendre à se protéger de ce qui est douloureux. Or, ce choix procède du désir, que le Bouddha considérait précisément comme la cause primordiale de la souffrance.
Nous tournons autour des faits au lieu d'aller à travers. Le désir veut aller vers, jamais à travers. C'est pourtant le voyage à "travers" qui se confond avec la voie. Si on ne l'entreprend pas, ni le courage ni l'acceptation profonde ne se développent et les buts auxquels on atteint s'avèrent étrangers à la libération.
Pour distinguer de quel ordre est notre approche de la méditation, le but que nous poursuivons, il nous faut regarder en nous-mêmes.
Notre méditation se fonde-t-elle sur le désir et l'attente ou voyons-nous qu'elle ne peut s'accommoder d'eux ?
La méditation vipassana est comparable à un voyage à travers la vie, ce que nous y rencontrons dépend de notre conditionnement.
La peur de l'expérience déplaisante ou l'espoir de n'y rencontrer que des choses plaisantes, rend notre pratique plus ardue. Tout comme la vie, elle est un voyage parsemé de découvertes.
On dit que dans l'homme se cachent des trésors, ou potentialités. Mais, tant que nous n'aurons pas découvert qui nous Sommes il vaut mieux garder une attitude réservée devant une telle hypothèse. Laissons-la de côte et occupons-nous de voyager dans notre espace intérieur, notre vraie nature ne pouvant se réaliser au travers d'idées.
La découverte de ce qui est, et son acceptation instantanée, est un processus fondamental dans la méditation vipassana
En l'esprit investigateur il y a certes désir, mais au sens d'une soif de connaître s'équilibrant dans la réceptivité et la reconnaissance de l'incertitude. Nous ne partons pas du principe qu'il nous faut à tout prix connaître, mais avançons dans la vie avec patience et objectivité, à l'image du vrai scientifique, encore que dans la science de la méditation on ne travaille pas dans une tour d'ivoire, en ignorant les responsabilités qui découlent de la connaissance ou la réalité de
l'expérience subjective.
L'objectivité, au sens large, veut qu'on tienne compte de sa vie intérieure, qu'on voie clairement ce qui s'y passe, sans s'en effrayer. Fuir ou nier le monde intérieur n'abolit pas sa dynamique. Au contraire, un tel comportement la rend plus explosive et plus menaçante, en vertu de quoi on cherche à la fuir bien plus encore.
Nous avons donc le cycle de la peur et celui du désir qui aboutissent à un même résultat: le rétrécissement du champ de la conscience, autrement dit la concentration.
La concentration peut occasionner des maladies mentales ou l'auto-hypnose. Comme elle
exclut l'indésirable, elle permet aussi l'obtention de maîtrises en tous genres. Mais, de par sa nature, l'esprit doit pouvoir fonctionner en toute liberté, en sorte que si on le force sans cesse dans un canal étroit ou si l'on arrête ses activités, sa dynamique finit par s'exprimer de façon destructive.
Le désordre psychosomatique est le signal d'alarme d'une telle situation mais, pendant très longtemps on a ignoré que l'esprit avait une incidence sur le corps. Les scientifiques concentraient leurs efforts sur le monde extérieur, non sur la vie intérieure et ses répercussions sur l'organisme. Ils ne sont cependant pas les seuls à craindre le regard intérieur, nous tous le craignons.
Donc, avant toute autre chose, il nous faut observer la peur - l'état où nous avons peur devant ce qui arrive ou de ce qui pourrait arriver.
L'ennui est également un important empêchement à la pratique de la méditation. Quand on médite, il arrive que le contenu du vécu ne soit ni particulièrement plaisant, ni particulièrement déplaisant, alors on s'impatiente.
Lorsque l'impatience ou l'agitation font leur apparition, il convient de leur donner son attention. De cette façon, c'est vraiment l'expérience subjective qui devient l'objet de méditation. L'on n'est pas dans l'expectative d'une chose ou d'une autre, on est dans un mouvement d'attention totale. Et cela est différent de l'état de concentration, car l'attention suit ce qui se lève dans l'esprit sans s'y figer.
La concentration amène le savoir ou les pouvoirs, mais non la vision intuitive, laquelle ne peut être "sollicitée" ; elle se lève spontanément dès lors que la vigilance passive a transpercé les voiles de l'ignorance de part en part. Lorsque l'esprit conditionné accepte de
de renoncer à ses accumulations et, que sans mobile aucun il parvient à l'inconditionné, il cesse de chercher un refuge et s'ouvre au flot de la vision intuitive, renouvelant son contenu d'instant en instant.
Rien ne manque à l'esprit vacant. Mais comme, conformément à la loi de changement et d'impermanence, il ne retient jamais rien, ce qui est neuf et pertinent y pénètre librement d'instant en instant.
Quand on cesse d'intervenir dans le cours des évènements qu'on les laisse aller et venir, comme le va-et-vient du souffle, chaque chose est à sa place et remplit sa fonction.
C'est à cause de son analogie avec la vie que dans la méditation vipassana on observe le va-et-vient du souffle, ainsi que ses variations et dérèglements à l'instar de la vie, la respiration nous est donnée puis reprise.
Il nous faut prendre conscience de cette perpétuelle alternance. L'observation du va-et-vient du souffle a un sens très profond ; elle n'a rien de commun avec ces exercices de contrôle respiratoire où l'on est à l'affut de certains états de conscience ou du déblocage des énergies.
L'exercice dont il s'agit est simple et direct.
Il n'est pas non plus un jeu, on ne s'amuse plus avec les exercices spirituels, sous peine d'encourir des dangers.
Dans la mesure où l'ego et le mental sont des empêchements au cheminement spirituel, on peut se demander s'il ne vaudrait pas mieux balayer le mental et annihiler le moi. Le mental et l'ego étant nos matériaux de travail, leur destruction n'apporterait rien de positif. Par contre, on peut les purifier, en sorte qu'ils puissent remplir les fonctions de pensée, de sentiment et d'intégration sans la moindre distorsion. Les endommager ou les répudier - et cela vaut de même pour le corps physique - aurait comme conséquence d'aggraver leur activité de déformation.
La liberté n'est pas "là haut", elle réside dans notre volonté et notre capacité à regarder en bas, en haut et partout alentour, afin d'éviter que l'attitude de fuite ou d'impatience ne vienne creuser en nous de dangereux fossés.
Ce n'est que grâce à l'observation constante qu'on parvient à parfaitement comprendre le mental et l'ego et à abolir leur pouvoir de tyrannie.
C'est encore grâce à elle qu'on comprend l'inutilité de la peur et, par-là, apprend à considérer toute chose avec un regard libre.
Celui qui accueille en lui aussi bien les ténèbres que la lumière rayonne intérieurement et extérieurement.
Le Bouddha disait :
"La lune ne luit que dans la nuit ; le soleil ne luit que dans le jour.
Brahma rayonne dans la méditation mais l'être réalisé rayonne le jour comme la nuit"
Certains considèrent le bouddhisme comme une religion négative, pensant que le renoncement et la sérénité sont des états monotones et vides de sens.
Or, quand on lâche prise, sans se retourner, on découvre en fait le secret de la joie et de l'amour. L'énergie circule, sans s'épuiser en attachements ou en défenses, mais en s'exprimant de manière égale dans l'attention sans choix et la sollicitude.
L'ego relâchant ses griffes, nous trouvons le bonheur dans l'insécurité et notre vie devient une méditation spontanée sur tout ce qui est.
Il serait sans doute bon d'établir maintenant une claire distinction entre la méditation samatha et la méditation vipassana.
Celle-là (la méditation samatha) vise à la tranquillité d'esprit, la sérénité, l'extase ou transe extatique, l'absorption méditative ou la fixation de l'esprit sur un point unique.
Ce type de méditation est très répandu, dans son double aspect théorique et pratique, parmi les fidèles de toutes les religions. Les chrétiens lui ont donné le nom de contemplation, ou prière contemplative, tandis que les hindous la connaissent sous les formes de bhakti yoga (yoga de la dévotion), pranayama (contrôle et maniement de la respiration), samadhi (état extatique).
Dans cette catégorie on peut de même classer le mouvement appelé "conscience de Krishna", la méditation transcendantale et les méditations soufies.
Le bouddhisme, quant à lui, compte quarante sujets (ou techniques) dans cette catégorie de méditation.
La pratique de la tranquillité consiste à concentrer l'esprit sur un objet ou un sujet précis et à l'y maintenir jusqu'à l'obtention état de parfaite concentration. Quand le sujet choisi est un mantram (une courte expression, un mot ou un son), le méditant le répète à haute voix ou mentalement jusqu'à s'en imprégner complètement, et s'unir à lui. Cet exercice donne au méditant le bien-être et la détente, tant physique que mentale.
Le point ultime de cette pratique consiste en l'absorption du pratiquant par l'objet de sa méditation, les expériences mystiques et les changements d'états de conscience.
Cependant, quand on n'a pas la vision intuitive, la pratique intensive de cette méditation risque de compromettre l'équilibre psychique du pratiquant. C'est pourquoi, il convient de toujours chercher conseil auprès d'un maître qualifîé.
La méditation vipassana, ou méditation de la vision intuitive (ou éclairée) est tout à fait unique.
Elle ne comporte pas de techniques, l'objet pouvant être n'importe quelle chose évidente et
distincte à un moment donné. Il suffit au pratiquant d'être attentif à toutes choses se levant dans le champ de sa conscience ou le traversant, et de les voir telles qu'elles sont sans vouloir ni conceptualiser ni analyser.
Cela exige réceptivite, alacrité et clarté d'esprit. Il est hors de question d'exclure, de maîtriser quoi que ce soit, ou de se figer dans quoi que ce soit. Tout est accueilli par le mouvement constant d'une attention simple, claire et nue.
Si vous cherchez un but à cette pratique, dites-vous qu'elle consiste à voir les choses telles qu'elles sont, hors de toute tentative de fuite, de suppression, de répression ou de désir de réussite.
Dans la méditation vipassana, vision intuitive et acceptation sont indissociables. En suite de quoi, la totale liberté d'être est son but ultime.
2- Extraits du chapitre 1 : La dynamique de la méditation vipassana
Le monde est actuellement dans le désordre et l'agitation. Il aurait un urgent besoin de paix, d'amour et de compréhension. Mais, le monde étant une vaste communauté, ces qualités ne lui
seront données que si chacun de nous les cultive dans ses relations, c'est-à-dire s'il met la paix en son esprit, l'amour en son coeur et la compréhension au tréfonds de son être. C'est cela notre tâche primordiale. Il est capital que nous en prenions conscience, au lieu d'en simplement parler ou d'écrire des livres sur le sujet.
Selon le point de vue bouddhique, le rôle de |'éducation est d'épanouir ce qui est en nous. Et il y a beaucoup en nous. Comme vous le savez, l'homme à sa naissance vit dans un état d'harmonie inconsciente. Plus tard, quand il la perd, il cherche à la retrouver, en vain. La raison de son échec est simple, c'est parce qu'il ne fait que conceptualiser l'harmonie. L'intellect crée la dichotomie, la séparation intérieure et, par-là, chasse toute possibilité d'harmonie. Pour réaliser l'harmonie, il nous faut transcender l'intellect.
`
Etes-vous satisfaits de votre compréhension intellectuelle ou cherchez-vous une compréhension plus profonde, plus dynamique ? Cette question est primordiale car la vie n'est jamais statique, elle est toujours en mouvement.
Le Bouddha l'a comparée à un torrent de montagne qui devient rivière puis se confond avec la mer. Il n'est pas dans sa nature de devenir plus étroit ou moins profond. Ainsi, notre vie doit-elle couler jusqu'au jour où elle aura rejoint les profondeurs de l'être. Là son flot tarit.
La cessation du cours est appelée Nirvana(nibannà) ou extinction de tous les états conditionnés.
Sans le flot des conditions, il n'y a plus de cours, c'est tout à fait normal...
Comment devient-on intelligent ? surement pas en s'occupant d'objets, de connaissances et de croyances, et en emprisonnant l'esprit dans ces limites. Pour devenir intelligent, il faut être libre d'examiner et d'observer les mécanismes de l'esprit et quand vous êtes en état d'observation, vous voyez comment l'esprit crée des problèmes inutiles.
Toute souffrance est le résultat de ses inventions et réactions. Il est rempli d'éléments destructifs, qui l'alourdissent et le rendent stupide et qui, étant pour la plupart tapis dans les profondeurs de l'inconscient, influent sur nous à notre insu.
Parmi les buts primordiaux du bouddhisme, citons la libération de l'esprit de la bêtise et de l'ignorance. Et cela n'est pas réalisable en simplement se disant "je vais libérer mon esprit". L'intention seule est infructueuse, en ce qu'elle procède de l'idée, non de l'action.
Peut-être voulez-vous la réaliser, mais ne savez pas ce qui vous en empêche. Il vous faut le découvrir, sans quoi la frustration, le désappointement et le désarroi risquent de vous gagner.
La question qui se pose à ce stade est sans doute de savoir comment on peut mettre un terme à l'activité négative de l'esprit.
Quoique cela ne soit ni facile ni promptement réalisable, c'est cependant une tâche attendant l'humanité tout entière pour la mener à bien, il faut devenir pleinement conscient de la manière dont l'esprit crée la souffrance, de ses détours et ruses ; comprendre
l'esprit dans toute son étendue et, pour cela, explorer aussi l'inconscient où se cachent ses tendances et conditions profondes...
Malheureusement il se trouve que la plupart d'entre nous ont besoin d'espoir pour vivre. Comment les êtres réalisés s'en passent-ils?
Parce qu'ils vivent une vie authentique, se déroulant et s'accomplissant dans le présent, où il n'y a ni espoir ni peur du futur.
Ce n'est que dans le présent qu'on atteint à la parfaite clarté d'esprit, qui est un facteur de plénitude et une des meilleures caractéristiques de l'être libéré.
Quand votre esprit est clair et que vous êtes sensitifs, tant à l'égard de vous-mêmes que du monde extérieur, la compréhension et l'amour se développent et, avec eux, l'action juste
et le changement radical. Nul n'est besoin de faire des projets ou de nourrir des espoirs.
L'espoir, c'est une projection d'idées dans le futur, créant un espace entre nous et I'action du présent, lequel devient l'empêchement à l'action. En nous nourrissant d'espoirs, nous résistons à ce qui est dans l'instant et fuyons donc ce qui devrait être. Et cette résistance entrave le cours dynamique de la vie.
Vivre dans le courant dynamique de la vie requiert, outre l'attention, la lucidité et la vigilance. Ces trois facteurs sont primordiaux.
En quoi le mouvement d'attention, où il y a silence et paix, diffère-t-il de la stagnation, laquelle est une sorte de mort ?
... La stagnation ne s'installe que quand est clos l'accès à I'intuition.
Quand nous sommes pleinement attentifs, le champ de notre conscience s'élargit
Des empêchements comme l'ignorance et la bêtise étant disparus, notre vision des choses s'approfondit et se purifie....
Avec la compréhension nous travaillons mieux et vivons plus intensément. Les états morbides, comme la frustration et la dépression, que connaissent la plupart des hommes, ne viennent
plus nous troubler. Notre conscience se régénère et cela est primordial. Il nous faut donc avant tout être attentifs.
Supposons que vous ayez des problèmes. En portant votre attention sur eux, vous empêchez dans une certaine mesure leur création et, en tout cas, les observez objectivement, avec un esprit libre de toute idée préconçue et de tout savoir. Et de là vous comprenez la réalité de la situation observée. Alors, et alors seulement vos problèmes disparaissent, d'eux-mêmes.
En voulant les résoudre par I'intellect, vous risquez, au contraire, de vous retrouver devant un choix embarrassant, qui vous jette dans la confusion et le désarroi et, en cela, crée d'autres
problèmes.
Etant dans l'incertitude, certains consultent des personnes pleines de savoir et d'expérience. Ce n'est pas ainsi que se lève l'intelligence, elle ne peut le faire que si nous nous consultons nous mêmes et trouvons la réponse appropriée pour nous-même avec éventuellement les encouragements d'un instructeur, mais non ses réponses.
L'esprit doit explorer son propre doute, l'observant avec soin, non pour attendre une réponse toute faite donnée par un tiers.
Si vous vous référez à la vie de Bouddha, vous verrez qu'il a dit que les Tathagatas ne peuvent qu'indiquer la voie. La mission de l'instructeur est d'inspirer la quète à ses adeptes et à trouver la vérité par eux-mêmes.
De même, vous verrez que dans le Kalamasutta le Bouddha exhortait les hommes à s'affranchir de toute obéissance aveugle, même aux textes religieux de son époque.
La dépendance amoindrit la faculté d'intelligence et limite notre liberté d'action.
Le bouddhisme invite chacun à une investigation sérieuse de lui-même et l'encourage à librement découvrir la vérité en toutes choses. Evitons de regarder passer la vie avec indifférence d'accepter ou de rejeter ce que d'autres disent. Le Bouddha voulait qu'on mette en question jusqu'à ses propres paroles.
Vous savez certainement que la respiration comporte trois phases : l'inspiration, l'expiration, puis une pause. Sans pause, la respiration ne peut être. Ce mécanisme se répète en toute existence.
Pour citer les paroles du Bouddha : "il y a d'une part la naissance, d'autre part la mort et, entre les deux, il y a l'existence qui, comparée aux deux autres mouvementse, est une sorte de pause."
Sans la respiration, il n'y a pas de vie. Il importe donc de bien respirer. Mais cela ne signifie pas cultiver l'idée de respiration adéquate.
Quand, dans la méditation vous observez le va-et-vient du souffle, il se régularise de lui-même, et vos inhalations et exhalations deviennent égales et profondes. Certains utilisent le comptage des respirations, d'abord pour stabiliser leur attention, ensuite comme moyen de pacifier le mental. Si vous aviez à parler devant un large auditoire, peut-être seriez-vous mal à I'aise ? Nombre de conferenciers s'exercent à la respiration profonde et parlent ensuite
calmement et avec un débit régulier.
Cela n'est que l'exemple d'un bienfait relatif apporte par un court exercice respiratoire. Car, cette pratique conduit à des résultats bien supérieurs, comme l'arrêt momentané de toute l'activité mentale où on est libre des idées et peut atteindre à un état de complète vacuité, ou l'on n'a conscience ni de la respiration, ni du corps, ni de l'esprit.
La respiration n'est pas arrêtée pour autant, simplement elle est devenue parfaitement égale.
Mais, avant que d'en arriver à ce stade, il nous faut considérer les trois processus de naissance, d'existence et de mort.
Comprendre parfaitement leur nature en tout être animé, c'est-à-dire dans la complète objectivité, sans la moindre interférence d'une interprétation personnelle. Il nous faut fermer les portes aux choses anciennes et nous ouvrir à ce qui est neuf, à l'énergie positive et créatrice en nous. Sans l'énergie, le corps et l'esprit ne seraient rien, mais en fait ils sont l'un et l'autre traversés d'énergie; les désirs, la haine et tous les sentiments sont de l'énergie....
La vision de la vérité apporte avec elle sérénité, bonheur et compréhension. Voilà ce qu'on entend par mener un mode de vie dynamique. Une telle réalisation n'est pas hors de notre portée, il suffit pour cela d'avancer avec le courant de la vie dans un état d'attention, de lucidité et de vigilance.
Grâce au flot de la vision intuitive, les portes de la Créativité s'ouvrent devant vous.
3- Extraits du chapitre 5 : L'esprit méditatif
Pour comprendre ce qu'est l'esprit méditatif, il importe de savoir écouter vraiment.
Quand on écoute avec un esprit prêt à la critique, un intellect plein de connaissances et d'opinions, on ne peut comprendre ce qu'est l'esprit méditatif.
Savez-vous ce qu'est l'écoute méditative? C'est très simple : elle consiste à garder son esprit entièrement ouvert, à savoir écouter tout sans rien rejeter ni accepter. Quand l'esprit est réceptif, l'écoute est impartiale et, par là, le flot de la sagesse intuitive nous traverse librement.
Quand on est dans l'expectative on essaie d'anticiper les paroles de celui qui parle. Dès lors, le désappointement, le conflit nous guettent lesquels empêchent l’écoute véritable….
Un esprit fermé ne sait pas écouter.
Le bouddhisme enseigne qu'énergie et contemplation doivent s'équilibrer dans l'attention, sans quoi l'énergie se dissipant, on devient la proie de la lassitude et de l'ennui…..
Peut-être craignez-vous l'écoute intérieure passive, laquelle exige que vous preniez du recul par rapport à vos accumulations ? vous sentez le besoin de posséder autrement dit vous avez ce qu'on appelle un esprit accapareur, c'est-à-dire l'inverse d'un esprit méditatif. Et un tel esprit est une source perpétuelle d'ennuis...
Le bouddhisme désigne par l'écoute objective, en laquelle l'auditeur est affranchi de l'idée qu'il lui faut agir. L'esprit qui sait écouter est un esprit simple et, comme vous savez, la simplicité est de même profondeur. Etre simple, ce n'est pas facile ; il est infiniment plus facile de glisser dans les complications...
Nous sommes des êtres compliqués qui avons l'habitude de vivre en nous conformant aux connaissances acquises. Mais, comme la vraie simplicité procède du non-mental, il est primordial que nous nous libérions des pensées et des concepts.....
L'objectif du bouddhisme est de libérer l'esprit de la convoitise et de l'attachement.
Aussi lorsque vous pratiquez l'attention, laissez de côté toutes les conceptions bouddhiques, sans quoi elles deviendront des empêchements. Oubliez toutes vos connaissances....
Le vrai bouddhisme fleurit dans l'être intérieur, à travers la méditation, non pas dans les discours et les mots.
Comment apprend-on à méditer ? C'est, je l'ai dit, à la fois simple et ardu. L'effort juste persévérance- est une notion primordiale. Ne résistez pas aux choses, mais avancez à leur rythme.... Restez simple et réservez un moment de tranquillité chaque jour à l'observation intérieure avec une attention aussi soutenue que possible...
On entend souvent les gens dire qu'ils ont besoin de changer de personnalité ou de comportement. C'est une réaction naturelle mais qui comporte le risque du changement motivé, lequel est un empêchement au développement intérieur
Quand on pratique l'attention, grâce à l'esprit méditatif, le changement se fait de lui même, nous n'avons en cela à faire aucun effort particulier, il arrive même à notre insu.
Comprendre la loi du changement est, selon le bouddhisme, un point fondamental. La vie est faite d'un perpétuel enchaînement de changements
La méditation est comparable à la vie ; elle vient et elle va à son gré, et on ne peut la retenir - cela vous pouvez le vérifier par vous mêmes...
Namasté
RépondreSupprimerCa n'aurait pas été plus facile de partir de rien, je n'ai rien, ni esprit, ni corps,ni désir,ni envie, ni conscience, ni inconscience...comment je me sens avec rien, bien.
Merci
En réponse à Unknown :
RépondreSupprimerNamasté,
"Je n'ai rien", certes. Et pourquoi "je" n'ai rien ? Parce qu'il n'y a personne, là (pas de "moi/je"), pour AVOIR quoi que ce soit, y compris de l'attachement (*). Évidemment ! C'est un raccourci vertigineux par la doctrine du non-Soi et donc de la non-appropriation telle qu'enseignée par le Bouddha lui-même (2). Mais ici une question s'impose : tout pratiquant - et a fortiori tout pratiquant novice - est-il psychologiquement prêt à emprunter un tel raccourci sans dommage ?
(1) S'il n'y a "personne" pour AVOIR de l'attachement, il n'y a évidemment "personne" non plus pour AVOIR du détachement.
(2) Anattalakkhana Sutta
Peut-être serait-il opportun d'informer les lectrices et lecteurs de ce blog que le très bon livre en langue française de V.-R. Dhiravamsa que l'article ci-dessus signale comme étant épuisé, a été réédité.
RépondreSupprimerDétails sur le produit :
Titre : LA VOIE DU NON-ATTACHEMENT
Auteur : V.-R. Dhiravamsa
Éditeur : DANGLES (27 mai 2010)
Langue : Français
Broché : 192 pages
ISBN-10 : 2703308329
ISBN-13 : 978-2703308324