mercredi 12 septembre 2007

Prendre refuge



Namo Tassa Bhagavato Arahato Sammâ Sambuddhassa

Hommage â lui, l'Arahat, le Bienheureux, le parfaitement et pleinement éveillé (trois fois)


Buddham saranam gacchâmi
Dhammam saranam gacchâmi
Sangham saranam gacchâmi

Je vais vers le Bouddha comme vers un refuge
Je vais vers le Dhamma comme vers un refuge
Je vais vers la Sangha comme vers un refuge


Dutiyam pi Buddham saranam gacchâmi
Dutiyam pi Dhammam saranam gacchâmi
Dutiyam pi Sangham saranam gacchâmi

Pour la seconde fois,
Je vais vers le Bouddha comme vers un refuge
Je vais vers le Dhamma comme vers un refuge
Je vais vers la Sangha comme vers un refuge


Tatiyam pi Buddham saranam gacchâmi
Tatiyam pi Dhammam saranam gacchâmi
Tatiyam pi Sangham saranam gacchâmi

Pour ta troisième fois.
Je vais vers le Bouddha comme vers un refuge
Je vais vers le Dhamma comme vers un refuge
Je vais vers la Sangha comme vers un refuge



Ecouter la prise de refuge (format MP3) : ICI

Lors d'une retraite, la prise de refuge a lieu tous les matins, juste après l'engagement de respecter les 8 préceptes.

Il faut vraiment le vivre pour comprendre l'émotion que l'on ressent, à chaque fois que l'on se prosterne, après avoir chanté : "Buddham pujemi" puis "Dhammam pujemi" et "Sanghma pujemi."

Mais c'est avant tout dans son cœur que l'on prend refuge, pas besoin de cérémonie, ou même de prendre refuge en chantant durant une retraite, cette prise de refuge peut avoir lieu "en solitaire" tous les jours, avant de méditer par exemple.

Mais puisque l'on prend refuge dans le sangha, c'est important aussi de prendre refuge lorsque l'on est entouré d'autres personnes, laîcs et moines. Le sangha n'est plus seulement un mot mais une réalité.

On est très loin des cérémonies de "prise de refuge" du bouddhisme tibétain, mais c'est justement c'est absence de "formalité" et de "rituels" systématiques qui me plait dans le bouddhisme théravada.


Lire (format PDF) La pratique Laïque: ICI


Plan de ce message:
- Présentation de la prise de refuge et des extraits du canon pali sur le refuge

- Prendre refuge décrit par :
  • Ajahn Sumedho
  • Thich Nhat Hanh
  • Ajahn Khemasiri
  • Ayya Khema ( Extraits de son livre : Etre une île )



"On ne devient pas bouddhiste par la naissance (comme c'est le cas pour le judaïsme) ou par un baptême (comme dans le christianisme) mais par un engagement personnel dont l'expression formelle s'appelle la "Prise de Refuge" dans les "Trois Joyaux" : le Bouddha, le Dharma et le Sangha. Cette "profession de foi" marque l'entrée dans la communauté des disciples - le Sangha - et le souhait de suivre l'enseignement - le Dharma - de celui qu'on appelle "l'Eveillé" - le Bouddha.
Le terme de "sarana", qu'on traduit généralement par "refuge", n'est pas à comprendre comme un endroit où l'on se réfugie pour fuir ou échapper au malheur. Etymologiquement, "sarana" veut dire "point d'appui", "source de lumière". Les Trois Joyaux sont donc les fondements de la pratique, sur lesquels on prend appui pour marcher sur la Voie, Trois Joyaux qui illuminent les ténèbres de l'ignorance.
Même si, en principe, cet engagement ne regarde que soi et peut donc être pris "en solitaire", il est généralement formulé au cours d'une fête ou d'une cérémonie, publique ou privée, en présence d'un maître ou de pratiquants déjà confirmés, le plus souvent devant une statue de Bouddha.
La prise de refuge n'est pas une déclaration solennelle qui engage à vie celui qui la prononce ; elle est d'ailleurs souvent reformulée, parfois même plusieurs fois par jour, et la récitation de la formule traditionnelle est aussi considérée, dans certaines pratiques de méditation, comme un moyen de fixer l'exprit et de renforcer la motivation du pratiquant."


"Cette "prise de refuge" n'a de sens que si l'on s'applique, par la suite, à mettre en pratique l'enseignement du Bouddha. Outre l'exercice de la méditation, le disciple de Bouddha suivra généralement une conduite morale (sîla) qui s'exprime à travers des préceptes ou des voeux.
Leur nombre varie selon les écoles et le degré d'engagement. Ils sont généralement de 5, parfois 8 ou 10.
Ces préceptes ne sont pas tant des "commandements" que des engagements à suivre une discipline intérieure afin de progresser vers l'éveil. C'est ce qu'exprime, dans leur formulation habituelle, l'expression introductive : "Je m'engage à pratiquer la discipline de m'abstenir de...". Plus que l'acte lui-même, c'est l'intention qui le sous-tend à laquelle le disciple devra prêter toute son attention et qu'il est appelé à modifier."



J'ai déjà parlé des préceptes bouddhistes : ICI
Et de la prise de refuge durant une retraite, qui a lieu tous les jours : ICI
Pour en savoir plus sur les 8 préceptes lire LA
Sur les 5 préceptes : ICI





"Ni la coutume d'aller nu, ni celle des cheveux tressés, ni celle de répandre de la poussière sur son corps, ni le jeûne, ni le sommeil sur le sol, ni le fait de se recouvrir de cendres, ni les prosternations, aucune de ces choses ne purifie le mortel qui n'a pas dépassé le doute" (Dhammapada, Dhp 10).


Au fur et à mesure de la pratique, lorsque nous commençons à comprendre la profondeur des enseignements bouddhiques, prendre ces refuges devient une très grande joie. Après vingt-deux ans de vie monastique, j’aime encore réciter « Buddham saranam gacchâmi ». En fait, j’aime cela plus encore qu’il y a vingt-deux ans, parce qu’alors cela ne signifiait rien pour moi, je le récitais par devoir, parce que cela faisait partie de la tradition. Prendre refuge en Bouddha, seulement en paroles, ne signifie pas que vous preniez refuge en quoi que ce soit. On pourrait entraîner un perroquet à dire "Buddham saranam gacchâmi" et cela aurait probablement autant de signification pour le perroquet que pour de nombreux bouddhistes. Il faut méditer sur ces mots, les observer et vraiment essayer de comprendre de qu’ils signifient, ce que signifie « refuge », ce que signifie « Bouddha ». Lorsque nous disons « Je prends refuge auprès de “ Bouddha ”«, qu’entendons-nous par là ? Comment pouvons-nous utiliser cela pour que ce ne soit pas seulement une suite de syllabes dépourvue de sens, mais quelque chose
qui nous aide réellement à nous rappeler, nous donner une direction et à développer notre dévotion, notre dévouement à la Voie du Bouddha.
Ajahn Sumedho




Un refuge suprême

Ils vont vers de nombreux refuges,
montagnes et forêts,
parcs et sanctuaires:
ceux-là que le danger menace.
Ce n'est pas un sûr refuge,
ni le suprême refuge,
ce n'est pas un refuge,
par lequel, en y allant,
on obtient la libération
de toute souffrance et de tout stress.

Mais quand, étant allés
au Bouddha, au Dhamma,
et au Sangha pour refuge,
on voit avec un bon discernement
les quatre nobles vérités --
le stress,
la cause du stress,
la transcendance du stress,
et le noble octuple sentier,
la manière de calmer le stress:
c'est là le sûr refuge,
cela, le suprême refuge,
c'est là le refuge,
par lequel, en y allant,
on obtient la libération
de toute souffrance et de tout stress.

-- Dhp 188-192



Le Triple Joyau (tiratana)

"Certes, le Béni du Ciel est honorable et correctement éveillé par lui-même, achevé en connaissance et comportement, bien-allé, un expert par rapport au monde, insurpassé en tant qu'entraîneur pour ceux qui sont prêts à être domptés, le Maître des êtres divins et humains, éveillé, béni...

"Le Dhamma est bien exposé par le Béni du Ciel, pour qu'on le voie ici et maintenant, intemporel, qui invite à la vérification, pertinent, à être réalisé par les sages pour eux-mêmes...

"Le Sangha des disciples du Béni du Ciel qui ont bien pratiqué... qui ont pratiqué sans artifices... qui ont pratiqué méthodiquement... qui ont pratiqué avec maîtrise -- autrement dit, les quatre types [de nobles disciples] quand on les prend par paires, les huit lorsqu'on les prend en tant que types individuels -- ils sont le Sangha des disciples du Béni du Ciel: digne de cadeaux, digne d'hospitalité, digne d'offrandes, digne de respect, l'incomparable champ du mérite pour le monde."

-- AN XI.12


Refuge contre la douleur

Si tu as peur de la douleur,
si tu n'aimes pas la douleur,
va prendre refuge dans l'Eveillé,
va prendre refuge dans le Dhamma et le Sangha.
Prend les préceptes:
Qui te conduiront à ta libération.

-- Thig XII

source : canonpali



Vous trouverez ci après:

-Significations : Que signifie la prise des refuges et les trois joyaux et pourquoi prendre refuge
- Prendre refuge dans les trois joyaux, par Thich Nhat Hanh
- Les refuges.... par Ajahn Khemasiri
- Réflexions sur les refuges, par Ajahn Sumedho
- "Prendre refuge" par Ayya Khema



Significations:


Que signifie la Prise des Refuges ?


C'est littéralement, revenir et s'abriter. C'est revenir au lieu que notre ignorance et nos égarements nous ont fait quitter, et y chercher refuge. Tel l'enfant prodigue, qui s'est enfin aperçu de ses fautes à travers l'expérience de la souffrance, revient chercher l'abri, le bonheur et l'affection de la demeure paternelle. Cette expression est la traduction chinoise du terme sanskrit 'Namo'. Elle a aussi le sens d'hommage respectueux, de soumission.


Que signifient les Trois Joyaux ?

Les Trois Joyaux désignent le Bouddha, la Doctrine, l'Ordre des Moines. En ce monde, ce que les humains considèrent comme précieux, ce sont l'or, l'argent, les pierres précieuses, l'ivoire, les honneurs... Cependant, en réalité, richesses et honneurs ne nous préservent pas de ces maux que sont l'existence, la vieillesse, la maladie, la mort. Bien souvent, au contraire, ils sont encore la Source d'autres souffrances, alors que le Bouddha, Sa Doctrine, Son Ordre des moines peuvent nous faire échapper de toutes ces peines que nous venons de désigner. C'est la raison pour laquelle les hommes entourent les Trois Joyaux de leur Vénération.
a) Le Bouddha. Le terme Bouddha provient du sanskrit. Les chinois le traduisent par l'expression 'celui qui sait' ; les français par 'éveillé'. Ces expressions désignent Celui qui est parvenu à la Sagesse parfaite.
b) La Doctrine. C'est la traduction du terme sanskrit Dharma. La Doctrine est l'ensemble des règles et pratiques religieuses énoncées par Bouddha et qui permettent d'anéantir tout aveuglement, toute souffrance, et d'atteindre à l'Éveil. Les Trois Canons bouddhiques constituent, ensemble, la Doctrine.
c) L'Ordre des moines. C'est la traduction du terme sanskrit Sangha que les Chinois désignent par "Groupe de personnes en communion de vie et de pensées." L'Ordre peut être formé à partir de tout groupement d'au moins quatre membres, vivant en un même lieu, observant tous ensembles les règles de discipline du Bouddha, partageant, entre eux en concorde, tout ce qu'ils ont pu recueillir ou acquérir dans les domaines tant temporel que spirituel.


Lire : Le sangha : ICI



Pourquoi prendre les Refuges auprès des Trois Joyaux ?

Prendre les refuges auprès des Trois Joyaux c'est revenir se réfugier auprès de Bouddha, de la Doctrine, de l'Ordre des moines.
Pourquoi prendre refuge auprès du Bouddha ? Parce que Bouddha est la Lumière Transcendante, la Charité Infinie, le Bonheur sans limites, la Vertu complète ; parce que Bouddha est le plus grand des Guides, Celui qui, par sa propre recherche, s'est libéré du Cycle de Renaissance pour montre la Voie.
Pourquoi prendre refuge auprès de la Doctrine ? Parce que seules les règles énoncées par Bouddha ont le plein pouvoir de nous faire traverser l'Océan de la Souffrance et aborder au Rivage de la Délivrance.
Pourquoi prendre refuge auprès de l'Ordre des moines ? Parce que l'Ordre comprend des hommes qui ont renoncé aux attaches familiales, aux richesses et aux honneurs, et se sont engagés à représenter Bouddha pour conduire les êtres vivants dans la Voie.

source : Micro hebdo de l'UBE




Prendre refuge dans les trois joyaux, par Thich Nhat Hanh

Lorsque nous récitons les cinq entraînements à la pleine conscience ou chantons des soutras, nous prenons refuge dans les Trois Joyaux, en touchant la Terre, pour montrer notre gratitude au Bouddha, au Dharma, et à la Sangha. Prendre refuge c'est montrer notre détermination d'aller vers ce qui est beau, vrai et bon; c'est aussi reconnaître que nous avons tous en nous la capacité de comprendre et d'aimer.

Le Bouddha est celui qui nous montre la voie dans cette vie. Le Bouddha est un personnage historique qui a vécu il y a deux mille six cents ans, mais il a aussi tous les Maîtres ancestraux qui nous relient à lui. Le Bouddha est aussi la nature éveillée en chacun de nous et tout ce qui dans l'univers nous montre la voie de la compréhension et de l'amour : le regard d'un enfant, les rayons du soleil, la beauté d'une fleur...

Le Dharma c'est l'ensemble des enseignements du Bouddha historique et de ses disciples sous la forme de discours, de commentaires et de préceptes. Il nous montre le chemin conduisant à la paix, au regard profond, à l'amour et à la compréhension. Le Dharma est la totalité des éléments de notre monde et de notre conscience qui nous guident sur le chemin de la libération. Le Dharma vivant est contenu dans chaque coin de l'univers : le nuage flottant nous enseigne silencieusement la liberté et la feuille d'automne tombant doucement nous enseigne le lâcher-prise. Chaque fois que vous respirez en pleine conscience, que vous marchez en pleine conscience ou que vous regardez une autre personne avec les yeux le la compréhension et de la compassion, vous donnez un enseignement silencieux du Dharma.

La Sangha est la communauté de pratique qui vit en harmonie et dans la pleine conscience. Elle est composée de vos Maîtres, de vos amis et de vous-même. Un chemin de forêt peut aussi être un élément de votre Sangha, de même qu'un arbre, qu'une fleur ou que votre chien ou votre chat… Vous pouvez partager vos joies et vos difficultés avec votre Sangha, vous pouvez vous reposer sur votre Sangha : elle est solide et généreuse. La Sangha est une rivière qui coule et serpente, épousant l'environnement dans lequel elle se trouve. Prendre refuge dans la Sangha c'est s'unir au courant de vie, c'est devenir un avec tous nos frères et sœurs dans la pratique. Au sein de la Sangha, vous trouverez la pratique plus facile et plus agréable.






Les refuges.... par Ajahn Khemasiri:

Un refuge peut être intérieur ou extérieur.

C’est un lieu ou un espace qui permet de développer le calme et la vision pénétrante. Sur le plan extérieur, il y a trois Refuges dans les enseignements bouddhistes : le Bouddha, le Dhamma et le Sangha. On peut les voir comme des choses extérieures :

le Bouddha historique qui vécut il y a 2500 ans ; le Dhamma ou "Enseignements" donnés par le Bouddha sur la véritable nature des choses ; et le Sangha ou "Communauté des moines et nonnes bouddhistes" que l’on l’appelle aussi la "Quadruple Assemblée" car, au sens large, il se compose non seulement des moines et des nonnes mais aussi des hommes et des femmes laïcs qui suivent les enseignements du Bouddha.

On peut également comprendre ces "Refuges" sur le plan intérieur. Dans ce cas le mot "Boudd ha" signifie "savoir, connaître". Il ne s’agit pas d’un savoir intellectuel même si nous devons développer nos facultés cognitives pour comprendre la voie proposée par le Bouddha. Ce mot recouvre également la connaissance acquise grâce à la méditation. Dans tous les cas, il se réfère à cette perception très immédiate des choses qui se passent dans notre coeur et notre esprit à chaque instant, perception qui dépasse les pensées, les émotions et tout ce qui pourrait nous distraire de l’observation connaissante des phénomènes. Une expression souvent utilisée à ce propos c’est "voir ou connaître les choses telles qu’elles sont". On dit que c’est la connaissance de Bouddha, ce que Bouddho en nous connaît ou ce que le Bouddha historique a pu connaître. Donc la seule différence entre un Bouddha et nous, qui n’avons pas encore atteint l’état de bouddhéïté, c’est qu’un Bouddha vit dans cette état de connaissance en permanence, en continu, tandis que nous avons parfois des flashs, des aperçus de cette connaissance dans notre méditation ou dans la vie et puis nous retombons dans un état communément appelé l’état d’ignorance. Nous ne sommes pas complètement conscients, d’où nous sommes, de ce qui se passe en nous, nous vivons dans la confusion et le doute ou complètement submergés par les émotions qui nous agitent. Dans ce sens là, nous prenons Refuge dans le Bouddha intérieur appelé aussi "sagesse intérieure", qualité que nous possédons tous à un degré ou un autre … Quand nous abordons une session de méditation, nous devons rendre hommage à cette qualité intérieure. Et en prenant Refuge, nous confirmons en réalité cette qualité intérieure qui est nôtre.

Le second Refuge intérieur outre le sens premier du mot Dhamma - les enseignements du Bouddha - signifie aussi "la vérité" et parfois simplement "la nature" dans ce sens que, si nous développons vraiment par la méditation un esprit clair et établi dans la connaissance, nous comprenons la véritable "nature" des choses, de la réalité. Dans les enseignements bouddhistes on dit que la nature a trois caractéristiques que l’on appelle aussi les "Trois caractéristiques de l’existence" : anicca, dukkha et anattâ en Pâli. Traduit à un premier niveau, anicca représente la loi d’impermanence, ce que l’on peut observer autour de soi dans les changements qui s’opèrent dans la nature, dans les saisons, par exemple comment les fleurs poussent et puis meurent et pourrissent. Mais quand on applique la caractéristique d’ anicca à notre monde intérieur, on y trouve un sens plus profond. Même chose pour la seconde caractéristique, dukkha : à un premier niveau il s’agit de la souffrance. Quand les gens entendent ce mot, ils se disent que le Bouddhisme a une approche très pessimiste de la vie. Mais les enseignements bouddhistes ne disent pas que tout est souffrance ; ils disent que tout est souffrance si nous ne comprenons pas correctement nos mécanismes intérieurs. Ils disent aussi que nous
avons la capacité de changer notre attitude, d’avoir une autre relation à notre expérience intérieure et par conséquent au monde extérieur. Alors, quand nous réalisons la vérité de la souffrance, nous sommes en mesure de dire que nous sommes réellement libérés de la souffrance.
Ceci est le coeur et le but même de l’enseignement du Bouddha. Un de ses discours les plus brefs dit ceci : "Je n’enseigne que deux choses : la souffrance et la cessation de la souffrance". Voilà quelque chose dont nous devons nous souvenir quand nous prenons le second Refuge.

Le troisième Refuge est dans le Sangha, c’est-à-dire la "Communauté". Il est très important, je crois, de prendre conscience qu’il s’agit là d’une communauté composée de véritables êtres humains, de moines et de nonnes engagés sur la voie proposée par le Bouddha. Nous pouvons aussi étendre cette définition du Sangha aux personnes qui partagent ces intérêts, qui pratiquent la méditation et suivent la même voie. En particulier quand on ne vit pas à proximité d’un "vrai" Sangha, on peut se connecter intérieurement à ces amis spirituels. On crée ainsi un lien, non
seulement avec ces autres pratiquants mais aussi avec tous les méditants qui ont vécu depuis l’époque du Bouddha. Là est notre Refuge. Nous pouvons renforcer ce lien en lisant des livres sur les grands maîtres qui ont réalisé la vérité dans leur vie. Grâce à ce lien nous pouvons développer une force intérieure qui nous aidera dans les moments de doutes, de dépression ou de manque de confiance en nous. Il nous rappellera que nous avons tous, en tant qu’êtres humains, la potentialité de réaliser l’Eveil total. Tous ceux qui sont passés par là avant nous ont préparé le terrain et
démontré que cela était possible, que l’Eveil n’est pas un idéal élevé mais quelque chose que nous pouvons réellement vivre. Nous pouvons transformer notre coeur et notre esprit.
Source : Le refuge




Réflexions sur les refuges, par Ajahn Sumedho:


Lorsque nous prenons refuge dans le Bouddha nous prenons refuge dans ce qui est sage. Le mot « bouddha » est véritablement un terme pour la sagesse humaine ; il signifie « celui qui connaît la Vérité » ou « ce qui connaît ». Si nous nous appelons un bouddhiste nous pouvons penser avoir rejoint une religion, ou nous pouvons penser être quelqu'un qui prend refuge dans la sagesse. La manière d'être sage est de réfléchir et de contempler les choses. La sagesse est quelque chose qui se trouve déjà là. Ce n'est pas quelque chose que l'on obtient, c'est quelque chose que l'on utilise. Il est erroné de penser que nous allons parvenir à la sagesse en méditant. La méditation est un moyen d'apprendre à utiliser la sagesse qui est déjà présente. Aussi, dans la méditation, nous contemplons et réfléchissons sur le Dhamma, ou la Vérité des choses. Nous utilisons véritablement la sagesse en faisant cela. La sagesse n'est pas quelque chose que nous ne possédons pas, mais c'est quelque chose que, peut-être, nous n'utilisons pas toujours ou dont nous ne nous sommes pas toujours conscient.
(...)
Aussi lorsque nous prenons refuge dans le Bouddha et le Dhamma, cela nous rappelle à cet état d'attention et de vigilance. Nous n'essayons pas de nous « concentrer » sur ceci et de nous débarrasser de cela ; nous ne nous laissons pas prendre aux habitudes de complaisance ou de répression. Lorsque nous nous ouvrons réellement - lorsque nous apprenons à nous ouvrir, ici et maintenant - alors nous commençons à expérimenter la paix, car nous ne cherchons rien à quoi nous attacher. Nous ne nous agitons pas de tous côtés ; nous avons stoppé cette course frénétique. Ainsi s'ouvrir au Dhamma est-il le chemin de la paix, que nous devons réaliser nous-mêmes. Nous devons réaliser la Vérité par nous-mêmes ; il n'est pas question d'attendre que quelqu'un le fasse pour nous ou nous dise ce qu'il en est.
Bouddha et Dhamma ne sont pas simplement de charmants concepts que l'on récite ; ce sont des bases de réflexion. Ce sont des enseignements que nous examinons et appliquons à notre propre expérience. Plutôt que de penser au Bouddha comme à un prophète mort il y a 2 500 ans, nous devons le considérer comme représentant cette sagesse en chacun de nous, ce qui nous replace dans le moment présent. Nous n'avons pas besoin d'aller chercher le Bouddha dans l'Himalaya. Simplement s'ouvrir à ce qui est - actuellement et en ce lieu - c'est prendre refuge dans Bouddha et Dhamma. Prendre refuge n'est pas rechercher quelque chose quelque part, mais s'ouvrir à ce qui se présente, tel que cela se présente, ici et maintenant. Prendre refuge c'est regarder comment sont véritablement les choses plutôt que de les concevoir de façon romantique.
(...)
Sangha est la société, ou la communauté des vertueux, de ceux qui pratiquent, qui utilisent la sagesse, qui contemplent la Vérité. Lorsque nous prenons refuge dans Sangha, nous ne prenons plus refuge dans notre personnalité ou dans nos capacités individuelles, mais dans quelque chose de plus grand que cela. Sangha est une communauté dans laquelle nos personnalités ne sont plus si importantes. Que nous soyons homme ou femme, jeune ou vieux, instruit ou pas, ou quoi que se soit, ce ne sont plus des choses importantes dans Sangha. Le Sangha est ceux qui pratiquent, ceux qui vivent de la manière correcte, ceux qui contemplent la Vérité et utilisent la sagesse.
Lorsque nous prenons refuge dans Sangha cela signifie que nous désirons abandonner nos qualités personnelles, nos exigences et nos attentes en tant qu'individu séparé. Nous abandonnons ces choses pour le bénéfice du Sangha, de ceux qui pratiquent, se dirigent vers la Vérité, réalisent la Vérité.

source : vivekarama



"Prendre refuge" par Ayya Khema

Prendre refuge dans l’Eveillé (le Bouddha), l’enseignement (le Dhamma) et la communauté des disciples éveillés (la Sangha) contient une signification profonde. Un refuge est un abri, un endroit sûr. Il yen a très peu dans ce monde. Dans le monde profane il est en fait impossible de trouver où que ce soit, un abri tout à fait certain. Les habitats protecteurs brûlent, sont détruits, disparaissent. Le "Bouddha-Dhamma-Sangha" ne constitue pas un abri physique mais un abri spirituel, c’est pourquoi il peut et doit nous donner la sensation d’avoir enfin trouvé un havre, un havre où la tempête s’est calmée. Dans l’océan, la tempête, les vents et les vagues rendent la navigation très difficile. Mais lorsqu’ enfin le navire arrive au port, l’eau est calme. Dans l’abri du port toutes les vagues et les tempêtes sont apaisées. Le navigateur peut jeter l’ancre. Voilà ce que signifie prendre refuge dans le Bouddha-Dhamma-Sangha. Celui qui n’en comprendrait pas cette signification prendrait refuge en vain.

Prendre refuge signifie avoir finalement trouvé l’endroit se reposer. A savoir, l’enseignement qui nous promet sans l’ombre d’un doute qu’il y a une fin à la souffrance, une fin à tous les maux qui accablent l’humanité. L’enseignement, le Dhamma, exposé par le grand maître et perpétué par sa Sangha, nous montre la voie. Dans ce cas, la Sangha désigne ceux qui atteignent l’éveil en suivant l’enseignement du Bouddha mais pas simplement quiconque portant la robe. Tant que cette perspective n’est pas intégrée, ce qui n’implique pas nécessairement avoir expérimenté la libération de la souffrance en question, mais en avoir entrevu sa possibilité, et ancré sa foi et sa confiance dans l’efficacité du Dhamma, prendre refuge ne veut rien dire.
Buddham Saranam Gacchami
Dans le Bouddha je prends refuge
Dhammam Saranam Gacchami
Dans le Dhamma je prends refuge
Sangham Saranam Gacchami
Dans la Sangha je prends refuge.

Versets que nous récitons trois fois. Il est important d’en comprendre le sens, sans quoi nous répéterions simplement des mots dans une langue étrangère comme le font les perroquets ne sachant pas ce qu’ils profèrent.

Lorsque nous ressentons que prendre refuge devient pour nous une réalité, notre cœur s’ouvre avec dévotion, gratitude et respect envers le Bouddha-Dhamma-Sangha, le maître, l’enseignement et les disciples éveillés venus après lui pour perpétuer l’enseignement. Nous éprouvons de la gratitude parce que la cessation de la souffrance devient disponible. Nous ressentons aussi de la dévotion envers ce qui nous promet une tout autre réalité du monde, et de l’estime pour ceux ayant consacré leur vie à propager cet enseignement.

Prendre refuge peut devenir la chose la plus importante de notre vie. Tout ce que nous faisons, nous pouvons l’entreprendre pour le Bouddha-Dhamma-Sangha.

En leur nom, je peux facilement transporter des pierres. Elles ne pèsent quasi rien. Mais si je porte des pierres parce que quelqu’un me commande de les déplacer, elles paraissent bien lourdes. C’est un labeur fatigant. Une fois vu que la réalité dans laquelle vit l’humanité n’est pas satisfaisante, en possédant la volonté et la capacité de lâcher prise, il est très facile d’accomplir une tâche au nom du plus élevé, de ce qui nous promet une autre réalité.

Prendre refuge dans le Bouddha-Dhamma-Sangha est très souvent fait à la manière des perroquets dont beaucoup participent. Heureusement, maintes personnes également s’engagent avec dévotion, gratitude et respect - respect pour une personne, un être humain qui a été capable d’atteindre l’état le plus élevé qu’un être puisse obtenir et qui a eu la capacité et la volonté d’expliquer cet état afin que d’autres puissent suivre sa voie. Il l’a exposé de telle façon que nous, aussi ordinaires que nous soyons, puissions effectivement le comprendre. C’est un des plus grands actes de génie de l’histoire de l’humanité. Il mérite tout le respect que nous sommes capables de lui offrir.

Lorsque nous manifestons gratitude, dévotion et respect, l’amour vient s’y joindre. Ces trois qualités sont liées à l’amour. Nous ne pouvons pas être reconnaissants, dévoués et respectueux envers quelqu’un que nous n’aimerions point. L’amour et le respect vont de concert avec le cheminement spirituel. Ils sont tous deux nécessaires dans toutes nos relations mais en particulier sur le chemin spirituel qui est relation intime, la plus intime que nous puissions avoir, du fait d’être en symbiose avec soi-même. Nous devrions nous engager avec le coeur et l’esprit. L’esprit comprend et le coeur aime. Faute de cela nous ne marcherons que sur une jambe, sautillant de-ci de-là, au lieu d’avancer fermement.

Cette instabilité dans notre pratique sera toujours au cœur une source d’insatisfaction et aussi une source de doute et de scepticisme : « Ce que je fais est-il juste ’ ? » ou « Qu’est--ce que je fais ici ? Comment y suis-je arrivé ? Que veut dire tout cela pour moi’ ? Pourquoi ne retournerais-je pas chez moi faire comme tout le monde ?». Le doute et le scepticisme apparaissent parce que nous sommes chancelants. Aller de l’avant sur une seule jambe est une activité très instable. Il y faut une base solide. Pour avancer, il faut engager pleinement son coeur et son esprit dans chaque action. Cet engagement sans réserve n’est possible que si le coeur s’ouvre.
Trouver un refuge, un endroit sûr dans ce monde humain semé d’ennuis, de difficultés, de craintes constantes pour nous--mêmes et pour les êtres chers, produit en tant qu’humain une modalité de vie anxieuse. Trouver un endroit sûr dans l’angoisse intense de l’existence, est extrêmement rare, une chose qui arrive si rarement, qui est si précieuse que la plupart des gens n’en reconnaissent même pas la valeur.

Nous parlons des Trois Joyaux, ou de la Triple Gemme (Tirattana), parce que ces Trois - Bouddha-Dhamma-Sangha - sont ce qui recèle le plus de valeur dans tout l’univers. Il ne s’agit pas du corps physique dans lequel le Bouddha est apparu, ni de ceux dans lesquels la Sangha est apparue, ou apparaît, mais ce qu’ils représentent : la transcendance, la réalité absolue, la relation avec un type de conscience surpassant toutes choses.

Etre à même de prendre refuge est non seulement une chose rare, cela dénote également un excellent kamma. Il faut une bonne destinée pour en rencontrer la possibilité. Toutefois cet acte ne portera des fruits que si nous prenons refuge par le cœur, et pas uniquement par la parole.

Je suis sûre que au moins une fois dans votre vie, vous avez tous été amoureux. Peut-être même plus d’une fois, mais disons une fois... Vous vous souvenez tous de la sensation prouvée surtout si l’amour était partagé. C’était merveilleux l’est-ce pas ? Eh bien c’est ce que vous ressentez lorsque vous limez le Bouddha-Dhamrna-Sangha parce que vous portez les [rois joyaux à longueur de temps dans votre coeur C’est une perpétuelle histoire d’amour. Que peut-on connaître de plus :exaltant ? Tout ce qu’on entreprend est fait au bénéfice du bien-aimé et devient très facile.

L’énergie devient alors un phénomène naturel. Il n’est pas nécessaire de la raviver car elle provient de la certitude et de la direction que nous nous sommes données. Il n’est pas nécessaire de la rechercher. L’énergie est simplement disponible parce que notre coeur se trouve complètement engagé dans nos actions.

Nous profitons d’un refuge qui promet la fin de chaque petite souffrance ayant pu hanter notre coeur ou qui s’y trouve maintenant, qui promet la fin de toute anxiété, la fin de toutes les peurs, de tous les soucis, jusqu’à la plus petite sensation d’inconfort indiquant que quelque chose ne tourne pas rond -c’est ce que le Bouddha a promis. Si c’est ce qui s’offre à nous, alors, prendre refuge signifie que nous nous sommes engagés dans une relation capable de nous purifier totalement et finalement nous permettre d’être partie prenante de la Sangha éveillé. Seule cette perspective permettra d’en profiter pleinement.

La séance de chant quotidienne ne fut pas instituée pour passer le temps, pour dire quelques mots en pali ou pour exercer nos poumons. Rien à voir avec tout ça ! Les trois premiers chants expriment la gratitude, la dévotion et le respect.
( I) ltipi So Bhagava. . .
(2) Svakkhato Bhagavata Dhammo...
(3) Supatipanno Bhagavato Savakasangho...

Le premier s’adresse au Bouddha, le deuxième au Dhamma et le troisième à la Sangha. C’est aussi un moyen d’apprendre l’enseignement par cœur. De savoir par coeur ce que le Bouddha a dit de l’amour (metta) dans le Discours de l’amour bienveillant

(Karaniya-Metta Sut ta) : « Que je sois libéré de l’inimitié » (aham avero homi). De savoir par coeur ce que le Bouddha a dit à propos du corps, de la sensation, de la perception, des formations mentales et de la conscience :
Sankhittena pancupadanakkhandha dukkha,
en bref, les cinq groupes (ou agrégats constituant l’individualité humaine) auxquels nous sommes attachés sont dukkha (souffrance), Seyyathidam, qui s’énoncent ainsi:
Rupupadanakkhandho, le groupe d’attachement du corps,
Vedanupadanakkhandho, le groupe d’attachement de la sensation,
Sannupadanakkhandhole groupe d’attachement de la perception,
Sankha nlpadanakkandho, le groupe d’attachement des formations mentales, Vinnanupadanakkhandho , le groupe d’attachement de la conscience.

Les mémoriser constitue la première tâche. Cela ne signifie pas nécessairement que nous les expérimentions mais simplement que nous les connaissions. La sagesse a trois niveaux. Le premier est la connaissance. Pour que cette connaissance s’acquière personnellement il faut l’intégrer dans son cœur et essayer de l’actualiser à l’intérieur de soi. C’est ainsi qu’elle devient nôtre. Il ne s’agit plus des mots du Bouddha, ni de ceux du cahier de chant, mais plutôt les nôtres propres. C’est à partir de là que la sagesse sera produite.

Le chant est d’une grande aide pour mémoriser l’enseignement, pour éveiller la dévotion et la gratitude. Il possède également un effet calmant. Et, bien sûr, il s’agit aussi d’un effort communautaire. Que nous ayons une voix fausse ou juste n’a pas d’importance, aucune différence ! Le principal est de s’engager avec tout son cœur. La seule chose qui compte c’est le cœur. Si nous prêtons réellement attention aux mots -ce qui est possible si nous les avons bien retenus - nous pouvons alors apprendre beaucoup sur la façon de diriger nos sentiments envers le Bouddha-Dhamma-Sangha.
Vous avez tous vu des statues du Bouddha. Il yen a partout, ici même plusieurs. Peut-être en possédez-vous une, ou bien quelques représentations picturales de l’Eveillé.

Personne ne sait exactement à quoi il ressemblait. A son époque il n’y avait pas d’appareils photos et à ma connaissance personne n’a exécuté un dessin du Bouddha. Ce que nous voyons dans les statues et les peintures est l’idée que tel créateur se fait de la beauté. Chaque pays développe son propre idéal esthétique.

Chaque artiste essaye de représenter le Bouddha comme parfait, et tout ce que vous contemplez est l’idée de cet artiste loin, peut-être, de celle que vous vous faites de la perfection.

Ceci dit, créez maintenant, en esprit, votre propre image du Bouddha conforme à votre idée de la perfection. Faites-la aussi belle que possible, avec des rayons dorés en émanant. Beauté ! Créez la chose la plus merveilleuse que vous puissiez visualiser ou imaginer et portez-la toujours au cœur. Il est bien préférable de porter en soi une représentation du Bouddha que n’importe quoi d’autre parce qu’elle nous aidera énormément à aimer les autres surtout si nous pensons que, eux aussi au sein d’eux-mêmes, peuvent abriter la même image magnifique. Ils ne parlent peut-être pas la même langue que nous, ou ne disent pas les choses que nous aimerions entendre mais ils portent le même symbole dans leur cœur.

A moins de nous efforcer et de laisser s’épanouir nos sentiments d’amour envers tout ce que nous rencontrons quotidiennement, la partie la plus joyeuse de la vie nous fera défaut. Si nous parvenons à ce degré d’ouverture, nous n’éprouverons aucune difficulté quelle qu’elle soit à être heureux.

Un amoureux dont la relation est une réussite arbore toujours un sourire satisfait. Rien de plus simple.

Ici, dans le contexte (religieux) la relation ne peut s’avérer décevante. Il s’agit d’une qualité de relation en laquelle l’amant ne s’enfuit pas ni n’est infidèle. Dans notre contexte, impossible d’être déçu. Nous ne connaissons pas encore l’ampleur d’un tel amour, c’est à dire que nous ne sommes pas encore à même de sonder la profondeur du Bouddha-Dhamma-Sangha. Celle-ci ne se dévoilera totalement que lorsque nous parviendrons à la complète illumination. Il n’y a donc aucun risque que nous tombions dans l’erreur d’une déception comme lorsque, par exemple, untel ou untel ne se comporte pas de la manière dont nous l’attendons.

Voilà une relation de type transcendant, d’un autre monde. Elle ne dépend pas d’un être humain qui va sans aucun doute mourir, qui est sans aucun doute imparfait. Nous sommes là en présence d’une perfection très difficile à trouver dans le royaume humain, ou dans tout autre. Quel privilège de croiser cette chance !

Certains d’entre nous n’ont pas de relation innée avec le Bouddha-Dhamma-Sangha. Ce n’est pas forcément un grand désavantage, car ce qui est inné depuis la petite enfance est souvent considéré comme déjà gagné. Si cette relation est considérée comme acquise, elle n’aura pas l’impact nécessaire. D’un autre côté, nous avons la possibilité d’approfondir cette relation telle qu’elle est vraiment, bien sûr nous devons en faire l’effort. Lorsque je dis " faire l’effort", cette volonté ne consiste pas à essayer d’aimer, mais à essayer de voir, d’ouvrir toute notre perception à ce qui nous arrive ici même dans notre vie. Dans les moments où nous sommes capables de nous ouvrir totalement à cette relation et de voir clairement les choses, cette qualité d’amour dans le lien se manifestera. Nous n’avons pas besoin de faire d’effort pour être dévoués, reconnaissants, ou respectueux. Lorsque nous comprendrons clairement ce que le Triple Joyau nous offre ces sentiments découleront automatiquement.

Voyant ce qui possède la plus grande beauté et la plus haute pureté, la plus grande sagesse - lorsque nous le contemplons véritablement - nous ne pouvons nous empêcher de l’aimer.

Il faudrait être insensé pour ne pas l’aimer et nous ne le sommes certainement pas puisque nous sommes là.

Soyons très reconnaissants d’être ici par la grâce d’un bon kamma. Nul besoin de nous en féliciter par quelques bourrades de satisfaction ne sachant même pas si cet effet est le fruit de cette existence ou, peut-être, le résultat d’actes courant sur de nombreuses vies. De toutes façons la personne qui a créé le kamma et celle qui en récolte les résultats ne sont certainement pas les mêmes. Quoique n’étant pas différentes non plus ! La réponse réside au milieu, a dit le Bouddha. Aussi, louons ce kamma, ses résultats impersonnels, et exaltons notre coeur pour prendre refuge. Nous pouvons enfin, dans une situation sécurisante, jeter l’ancre et travailler à notre développement intérieur.

Le Dhamma protège son pratiquant. Quand quelqu’un s’exerce réellement aux enseignements, il est complètement protégé. Non parce que

les autres ne l’approchent pas, mais il se trouve hors de danger parce que ses propres réactions sont adéquates. C’est la seule véritable sécurité.

Chaque fois que vous chantez, Buddham Saranam Gacchami, créez un beau Bouddha dans votre coeur. Il vous aidera à vous laisser envahir par le sentiment d’amour éprouvé lorsque nous expérimentons une liaison profonde et une vraie communication avec la personne aimée.
Source : Ce texte est extrait de l’ouvrage « Etre une île » par Ayya Khema paru aux Editions Dharma en 1997.

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