Alors que sa fin approchait, le Bouddha a recommandé de ne pas pleurer sa disparition. Car il laissait le bien le plus précieux qui fût : son enseignement; le dhamma, tel qu'il l'avait enseigné, telle que la communauté; le sangha, l'avait entendue.
Il annonça sa mort prochaine à son plus fidèle disciple, Ananda. Il gagna alors Kusinara. Il installa une couche entre 2 arbres, s'allongea sur le flanc droit et donna ses dernières instructions :
"Gardez le silence ô moines. Tous les éléments qui composent l'être sont destinés à s'éteindre.."
Il avait demandé aux moines de conserver ses enseignements "pour le bien et le bonheur dans ce monde et dans celui à venir.."
Après sa mort et sa crémation, ses disciples se réunirent à Rajagriha et recueillirent ses enseignements de mémoire et ils furent transmis oralement durant plusieurs siècles avant d'être mis par écrit sur écorce de bouleau et feuilles de palmier: les anciens manuscrits.
" Aventure grandiose, la vie du Bouddha a été source d'inspiration pour les populations de l'Asie durant plus de deux millénaires, et a donné naissance à nombre d'œuvres d'art et de monuments, certains parmi les plus raffinés du monde. Elle fut-et reste-un défi pour les historiens, qui s'efforcent de situer le Bouddha en un temps et lieu historiques"
Bouddha, Shàkyamuni, Siddhàrtha : Noms et épithètes du Bienheureux:
Nous ne connaissons pas le nom de l'homme que l'on appelle le Bouddha.source : Article de Peter SKILLING, dans Religions et Histoire
Bouddha n'est pas un nom propre, c'est une épithète, qui signifie "Èveillé".
Ce participe est formé sur la racine sanskrite budh: s'éveiller ou au sens figuratif, par exemple en parlant d'une fleur, s'ouvrir ou s'épanouir. La tradition indienne définit le Bouddha comme celui qui s'est "éveillé du profond sommeil de l'illusion", ou comme celui dont l'intelligence s'est ouverte, comme s'ouvre la fleur du lotus.
En français, on trouve L'Èveillé, ou Bouddha, selon la préférences des auteurs.
Dans la société indienne, des noms et des titres différents étaient appliqués à la même personne selon les contextes.
Par son clan, Bouddha était un Shàkya, par sa famille (Gotra en sanskrit) un Gautama et par sa caste un Kshatriya, un noble guerrier.
Dans les anciens textes, les brahmanes et les non-bouddhistes parlent de Bouddha comme de l'ascète Gautama.
Ses disciples s'adressent à lui en l'appelant le Bienheureux, Bhagavat en sanskrit.
Le Vinaya raconte l'histoire de la cérémonie du nom du jeune bodhisattva. Son père Shuddhodana se dit " Avec la naissance de mon fils, tous les desseins ont été accomplis. Que le nom du prince soit donc Sarvarthasiddha, ce qui signifie "celui qui a accompli tous les desseins et bienfaits".
Le même nom est utilisé dans la plus part des textes sanskrits.
Une forme alternative est Siddhartha ( siddhattha en pali): "Celui qui a réalisé son but".
De nombreux érudits considèrent qu'il s'agit de noms inventés plutôt que de noms historiques.
"Bienheureux" et "Maître" font partie des épithètes les plus courantes dans les premiers textes.
Dans ces textes anciens, le Bouddha parle fréquemment de lui-même à la troisième personne en s'appelant Tathàgata, "celui qui est arrivé", celui qui est allé et venu de la même façon que les Bouddhas du passé.
Quand le Bouddha utilise le terme Tathàgata, il semble référer à lui-même comme un principe, par opposition aux moments où il parle de lui à la première personne.
Vous trouverez ci après:
- "Bouddha cet inconnu" (de hebdo.nouvelobs)
- Carte historique (distribuée par Stephen Batchelor, lors d'une session-conférence sur la vie de Bouddha).
- La vie de Bouddha et ses disciples par Vénérable dhamma sami (Extraits du livre).
- Qui est Le Bouddha, Par Sangharakshita.
- La vie de Bouddha, entre mythe et histoire, par Michel henri Dufour.
- La Biographie de Bouddha+ carte.
- Qui est Bouddha ( présentation "classique")
- Le Bouddha, entre histoire et Légende (Non reproduit, mais vous trouverez le lien de l'article au format PDF )
1- Cet inconnu nommé Bouddha:
"Siddharta Gautama fut-il ce prince béni des dieux élevé dans le luxe, la volupté et les plaisirs que décrivent certains récits canoniques ? Nous avons peu d’éléments qui nous permettent d’en juger. Mais la plupart des textes sacrés racontent que le jour de ses 29 ans il décide de quitter son palais, sa femme, son fils nouveau-né, ses compagnons. Le roi son père, qui refuse de perdre son héritier, lui a envoyé des courtisanes pour le divertir. Tard dans la nuit, le prince se réveille en sursaut. Ces corps enchevêtrés, à moitié dénudés parmi les instruments de musique en désordre, ressemblent à un amoncellement de cadavres. Le palais lui fait l’effet d’un cimetière glacé. Vite, partir, loin de ce faux bien-être, de ce bonheur trompeur, pour se consacrer aux questions vitales qui le hantent. Il jette un dernier regard à la princesse et au bébé endormis, et enfourche son cheval. Les dieux sont de la partie. Les gardes et la ville tout entière sont plongés dans un profond sommeil, les portes tournent d’elles-mêmes sur leurs gonds, le bruit des sabots est étouffé… A l’aube, à l’orée d’un bois, le prince renvoie le cheval et l’écuyer. De son glaive, il tranche sa longue chevelure – les dieux s’en emparent aussitôt pour en faire des objets de dévotion. Puis il échange ses brocarts contre les haillons d’un pauvre chasseur. Le prince Siddharta n’est plus. Il laisse la place au sage solitaire Gautama qui va mener la vie des moines errants jusqu’à ce qu’il trouve la délivrance.
Ce moment que les textes sacrés appellent le « Grand Départ », cette rupture capitale qui aboutira à l’Eveil, transformant le Bodhisattva (« promis à l’éveil ») en Bouddha (« Eveillé »), a donné lieu, comme tous les épisodes de la vie du sage, à des récits pleins de prodiges divins, d’esprits célestes brandissant des étendards, des parasols et faisant pleuvoir des fleurs, des onguents, des diamants, des perles… Sous l’auréole de merveilleux, les savants ont tenté de retrouver les éléments d’une biographie plausible que l’ancienneté des sources et l’absence de vestiges archéologiques rendent difficile à établir avec certitude.
1. Un fils de roi
L’enfant qui deviendra Bouddha est bel et bien né dans une famille aristocratique des royaumes himalayens au ve siècle avant notre ère
Oubliez le palais, le gynécée, les ors et les pétales de rose. Pour les spécialistes, ce ne sont que pieuses exagérations. Si le Bouddha est probablement né dans une famille aristocratique (les Gautama), sa tribu, les Sakya, vivotait sur un petit territoire inhospitalier au pied de l’Himalaya – dans une région aujourd’hui à cheval entre le Népal et l’Inde. La capitale Kapilavastu n’était qu’une bourgade fortifiée par un mur d’enceinte – deux sites, situés à quelques kilomètres de part et d’autre de la frontière, se disputent aujourd’hui la localisation, Tilaurakot au Népal et Piprava en Inde. La vie dans ces piémonts enclavés et insalubres était certainement rude, même pour les hobereaux de la caste privilégiée des ksatriya, la noblesse guerrière à laquelle appartenait Siddharta. Son père, Suddhodana, n’était sans doute pas un raja, mais plutôt un « roi tournant », une sorte de président oligarchique élu par l’assemblée des notables, comme c’était la coutume dans les petites « républiques » marginales du nord-est de l’Inde. C’est plus au sud que s’étendaient les puissants royaumes de Kosala (dont les Sakya étaient les vassaux) et de Magadha, avec leurs grandes cités en plein essor, comme Bénarès et Patna sur les rives du Gange. Ces riches plaines deviendront la terre sainte du bouddhisme, le berceau de l’éveil et de la prédication, des premières conversions et des premiers monastères.
Les récits de la naissance de Siddharta abondent en détails surnaturels. La reine Maya, qui a fait vœu d’une période d’abstinence, rêve qu’un éléphant blanc doté de six défenses pénètre dans son flanc. La naissance sera donc immaculée. Dix mois lunaires plus tard, alors qu’elle se trouve dans un parc à Lumbini, non loin de Kapilavastu, elle s’accroche à un arbre et accouche debout sans aucune douleur. La terre tremble, les hommes guérissent miraculeusement de leurs maladies. Les dieux et les rois-serpents couvrent l’enfant de bénédictions. Dès sa naissance, il marche et parle, proclamant être né pour l’Eveil. Consulté par le roi Suddhodana, un devin prédit que le prince aura deux destinées possibles : il deviendra roi ou sage. Il détaille les 32 « signes de sainteté » présents sur le corps de l’enfant, que l’art bouddhique va populariser : une protubérance au sommet du crâne, un cercle de poils argentés entre les sourcils, la peau dorée, les doigts palmés jusqu’à la première phalange, le cou-de-pied saillant, la plante des pieds marquée d’une roue aux mille rayons, etc.
Après d’ardentes polémiques, les archéologues ont réussi en 1896 à localiser Lumbini (aujourd’hui Rumindei) grâce à une colonne de pierre de 6 mètres de haut, érigée par l’empereur Asoka portant l’inscription « C’est ici qu’est né le Bouddha Sakyamuni [sage des Sakya] ». Datant de 245 avant notre ère, ces vestiges écartent définitivement l’hypothèse en vogue chez les orientalistes au début du xxe siècle, selon laquelle le Bouddha serait un être légendaire symbolisant un système philosophique, ou un simple mythe « solaire ». Personne ne songe plus aujourd’hui à contester l’historicité de Gautama, même si la date de sa naissance continue de faire l’objet de débats. Longtemps, un compromis s’est établi autour de -560 à -480. Mais à la suite du célèbre bouddhologue anglais Richard Gombrich, qui a « rajeuni » les dates d’un siècle, on pense aujourd’hui que sa vie s’est déroulée sur quatre-vingts ans au cours du ve siècle avant notre ère, de -480 à -400 environ. Il serait donc apparu après Zoroastre, Confucius et Pythagore, et serait le contemporain exact de Socrate.
2. Riche, jeune et oisif
Orphelin de sa mère, Siddharta aurait, selon la tradition, goûté à tous les plaisirs avant d’opter pour l’ascèse. Retour sur une mystérieuse conversion
Une semaine après les couches, Maya meurt. L’orphelin sera élevé par sa tante Prajapati, sœur de la reine morte et deuxième épouse du roi, qui donnera des demi-frères et sœurs à Siddharta. « J’ai été gâté, extrêmement gâté », dira plus tard le Bouddha à ses disciples. Les textes décrivent une jeunesse oisive vouée aux nourritures délicates, aux étoffes précieuses, aux fêtes, à la musique… Inquiet des prédictions, le roi offre un fastueux cocon à son fils afin de le détourner de ses penchants mystiques. Il lui fait construire trois palais, un pour chaque saison, et pour mieux l’enraciner dans les plaisirs de ce monde il le marie à 15 ans à une ravissante cousine. En réalité, comme tout jeune ksatriya, Siddharta a certainement dû mener l’existence rude des guerriers, s’initier à l’équitation, au tir à l’arc, à la lutte, à la conduite des chars et des éléphants. A-t-il été élevé dans la religion dominante de son époque et de sa caste, chanté des hymnes védiques, assisté aux pointilleux rituels des brahmanes ? A-t-il plutôt été impressionné par les fameux sramana, ces ascètes ambulants qui mendiaient dans les rues, ayant tout quitté pour se vouer à la recherche du salut ? Le fameux épisode des « Quatre Rencontres » irait dans ce sens. Malgré les précautions de son père pour le protéger de la moindre vision inquiétante, Siddharta aperçoit coup sur coup un vieillard au corps marqué par l’âge, un malade, un cadavre, et enfin un de ces moines errants mendiant sereinement sa pitance. C’est ce choc de la souffrance et de la mort qui permettra au prince de comprendre combien son bonheur est factice et le poussera à suivre l’exemple du saint homme.
D’autres textes attribuent sa décision non à un choc psychologique, mais à la découverte fortuite de la méditation. S’étant installé à l’écart sous un arbre, jambes croisées, l’adolescent voit la multitude des petites créatures tuées par la charrue dans le sillon, puis il prend conscience des corps épuisés des laboureurs. Submergé par la compassion, il finit par atteindre l’état de « contemplation détachée des désirs » – une expérience qui le poussera l’heure venue vers la vie ascétique. Une troisième hypothèse a été avancée pour expliquer la décision radicale de quitter le monde : la mort précoce de sa femme (les spécialistes font remarquer qu’elle est la seule de ses proches à disparaître des épisodes ultérieurs de sa biographie). Quoi qu’il en soit, la prédiction se réalise, le « Grand Départ » le lance sur les chemins de la réalisation spirituelle.
3. Les chemins de l’ascèse
Devenu vagabond, le futur Bouddha cherche par tout le pays et par tous les moyens de la méditation et de la privation les voies de la délivrance
Au cours des six années qui suivent, le sramana Gautama mène une vie d’errance, de dénuement et de spiritualité qui ressemble à un catalogue des principales doctrines du salut. Pieds nus, habillé d’un simple pagne, il descend vers le Sud-Est, à Vaisali puis à Rajagriha, capitale du puissant royaume de Magadha. Il se fait le disciple successivement de deux maîtres à propos desquels les spécialistes émettent de nouvelles hypothèses. Le premier, Arada Kalama, un yogi, aurait enseigné une forme de transe (« le domaine du rien », seule indication donnée par le Bouddha). Le second, Rudraka Ramaputra, professait une mystique moniste et pratiquait une méthode permettant d’atteindre un état « où il n’y a ni idée ni absence d’idée ». L’historien allemand Hans Wolfgang Schumann y voit les idées des Upanishad (une évolution originale du védisme), selon lesquels le brahman, l’Absolu présent en toutes choses, est identique à l’atman, l’âme individuelle. Ces enseignements que Gautama suit pendant un an le laissent sur sa faim. « Ils ne mènent pas à l’extinction de la souffrance, au repos, à la connaissance, à l’éveil, au nirvana. J’en eus assez et je m’en détournai », expliquera-t-il à ses élèves.
Il part alors, suivi de cinq autres sramanas, à la recherche de méthodes plus efficaces. Puisque les voies « classiques » ne mènent pas à une clairvoyance supérieure, il va s’adresser aux techniques développées par les sages hétérodoxes. Près de l’actuelle Gaya, il s’installe avec ses compagnons au bord d’une rivière et s’adonne à une ascèse extrême, fondée sur la croyance courante que le corps et ses plaisirs sont le principal obstacle à la réalisation spirituelle. Il pratique la rétention du souffle, assis dans une position typique du yoga, se nourrissant d’un seul grain de riz par jour. Selon Johannes Bronkhorst, de l’Université de Lausanne, les mortifications qu’il s’inflige sont apparentées aux méthodes radicales du jaïnisme – une doctrine contemporaine et rivale du bouddhisme – dont les adeptes cessent de bouger, de manger, et même de respirer. Mais au terme de cinq années d’austérités effrayantes qui le transforment en squelette vivant, Gautama s’aperçoit qu’il va mourir sans avoir trouvé la réponse qu’il cherche. Il renonce alors à l’ascèse, une impasse aussi vaine que la connaissance des « sphères immatérielles » enseignée par ses deux maîtres précédents. Il décide d’explorer une nouvelle voie, qu’il baptise la « voie du milieu ». Il se baigne, se rase, façonne un habit avec un linceul qu’il a lavé dans la rivière, et accepte le riz offert par les jeunes filles du village voisin. Il est prêt pour l’illumination.
4. L’Eveil à Bodhgaya
Le jour où, à force de concentration, la sagesse lui est révélée ou comment Siddharta est devenu Bouddha, l’Eveillé
Choqués par ce revirement qu’ils prennent pour de l’inconstance, ses compagnons l’abandonnent. Ses forces restaurées, Gautama s’installe sous un pippal (Ficus religiosa), tourné vers la rivière, bien décidé à ne pas bouger tant qu’il n’aura pas trouvé la voie du salut. Il se recueille toute la nuit, les jambes repliées, les mains posées dans son giron – une position qui sera représentée sur des milliers de peintures et de sculptures. Il concentre son attention non pas sur les sphères immatérielles, mais sur la prison du samsara. Les textes décrivent les assauts de Mara – dieu des Enfers et des Passions, régnant sur le cycle des renaissances et des morts successives –, qui veut empêcher l’Eveil. On y voit aujourd’hui une métaphore du combat intérieur que Gautama a dû livrer avant d’atteindre la sérénité nécessaire à la méditation ultime. Les sutras racontent le cataclysme démoniaque déclenché par le dieu courroucé, plein de hurlements, de serpents, de visages difformes et d’instruments de mort. Puis il lance ses ensorcelantes filles armées des « 32 espèces de la magie des femmes ». Rien n’y fait. L’ascète, qui reste absorbé dans sa quête, retrouve la méditation profonde qu’il avait spontanément connue dans son adolescence, et en parcourt les stades successifs, atteignant la parfaite illumination. L’éveil lui a permis de se remémorer ses vies antérieures, et de connaître celles de tous les êtres vivants. Il lui a permis aussi d’analyser les lois du karma et de comprendre le mécanisme des renaissances (la « loi de la causalité conditionnée »). Comme pour sa naissance, des phénomènes prodigieux à foison saluent la transmutation du Bodhisattva qu’il était jusque-là en Bouddha.
Le Ficus religiosa qui abrita la scène de l’illumination a suscité une adoration extraordinaire au cours des siècles. L’arbre actuellement révéré au cœur du sanctuaire de Bodhgaya serait le lointain rejeton du pippal originel, ainsi que de nombreux arbres plantés à partir de boutures dans les lointains hauts lieux du bouddhisme.
5. Sermons et disciples
Dans le bassin du Gange, Bouddha prêche sa doctrine de l’éveil et fonde un nouvel ordre monastique
Les textes précisent que le Bouddha a d’abord hésité à se lancer dans la prédication. A quoi bon ? Personne ne peut faire le chemin vers la vérité à la place d’autrui. S’il s’y résout finalement, ce n’est pas au profit de tous, mais de ceux qui peuvent entendre son message. Les hommes, dit-il, sont comme des lotus dans un étang. Quelques-uns sont en pleine floraison quand d’autres qui ont la tige trop courte restent au fond de l’eau ; et puis il y a ceux qui flottent entre deux eaux, n’attendant qu’un rayon de soleil pour émerger. C’est pour eux qu’il décide de prêcher sa doctrine.
Quarante ans durant, le Bouddha se consacrera à la propagation du Dharma (« la loi », c’est-à-dire sa doctrine), circulant inlassablement dans le bassin du Gange dont il fait sa terre de mission. Peu après l’Eveil, il rejoint ses anciens compagnons près de Bénarès. C’est dans le parc des Gazelles où ils sont installés qu’il prononce son premier sermon et expose pour la première fois les « Quatre Nobles Vérités ». Doctrine fondamentale du bouddhisme, ces vérités sont : 1) la souffrance, 2) son origine, 3) sa cessation, et
4) le chemin pour y parvenir. Les cinq sramanas deviennent ses premiers disciples, l’embryon d’une communauté monastique qui a perduré au fil des siècles.
Les récits montrent parfois le Bouddha usant de prodiges pour convaincre des saints hommes de la vérité du Dharma. Nul doute que ses contemporains lui ont prêté – comme à tous les ascètes – des pouvoirs surnaturels. Ses dons magiques, ou son message, entraînent la conversion de nombreux disciples, dont les premiers sont presque tous des brahmanes. Les rois de Magadha et de Kosala deviennent ses protecteurs. Des ksatriya se rallient, ainsi que de nombreux marchands. Ces derniers, au lieu de recourir aux sacrifices védiques hors de prix afin de s’assurer le succès commercial, optent désormais pour le don d’aumône, beaucoup moins ruineux et tout aussi méritoire, aux moines bouddhistes. Une relation quasi symbiotique émergera au fil des voyages en commun entre missionnaires et caravaniers, et des fondations de centres monastiques le long des routes commerciales. Il y aura aussi des moines issus de couches plus humbles : un barbier, un chef de gang, un fils de cornac, un potier, un dresseur de vautours, un fossoyeur, un balayeur des rues, etc. Le nouvel ordre monacal ne reconnaît aucune distinction de caste ou d’origine. Autour de ce noyau, une communauté de laïcs se constitue, dont la fonction consiste à offrir aux moines des moyens de subsistance en échange de leur enseignement. Là encore, les divisions de caste sont absentes. Une célèbre courtisane, favorite du roi de Magadha, comptera même parmi les proches de l’Eveillé.
Sept ans après l’illumination, le Bouddha retourne dans son pays natal pour y prêcher. A Kapilavastu, des centaines de membres
du clan Sakya se convertissent, dont son cousin Ananda, qui devient son plus proche disciple, son fils Rahula, ainsi que sa mère nourricière, Prajapati, qui lui arrache l’autorisation de se joindre à lui avec ses suivantes, fondant le premier ordre de moniales. Grande première dans un pays où les femmes n’ont pas même le droit d’apprendre et de réciter les textes sacrés du védisme…
6. Le Sangha, Eglise nomade
Comment la communauté des disciples de Bouddha s’est-elle organisée ? A la manière des républiques oligarchiques que l’Eveillé a connues enfant
La communauté des fidèles, appelée Sangha, se compose de quatre groupes : les moines, les nonnes, les laïcs, hommes et femmes. Les premiers, les bhiksu (« mendiants »), et les secondes, les bhiksuni, doivent vivre d’aumônes en ascètes errants, vêtus de haillons, logeant sous un arbre, avec pour tout équipement un bol à aumônes, un couteau pour couper du bois, et une aiguille à coudre. Mais contrairement à certains sramanas couverts de crasse, les disciples du Bouddha se lavent quotidiennement et se brossent les dents avec une brindille de nim. Pendant la saison des pluies, ils se retrouvent tous autour du fondateur de l’ordre, dans les parcs que des laïcs, souvent de généreux marchands, mettent à leur disposition. Ils s’abritent dans des huttes provisoires, qu’ils démolissent au moment de reprendre leurs pérégrinations.
L’organisation du Sangha est calquée sur celle des républiques oligarchiques que le Bouddha a connues dans son enfance. Un groupe de moines âgés ou ayant atteint l’éveil assume la direction. Les décisions importantes sont prises par le conseil élu, dont chaque membre a le droit de s’exprimer. Il n’y a pas de vote, la discussion dure jusqu’à ce qu’un consensus se dégage, le silence
général signant l’acquiescement.
C’est le Bouddha qui élabore petit à petit la règle de l’ordre. « Parmi les fautes graves qui entraînent l’exclusion, à côté du meurtre, du vol et de la rupture du vœu de chasteté, figure la prétention de posséder des pouvoirs surnaturels, remarque Oskar von Hinüber, professeur à l’université de Fribourg (Allemagne). Les miracles dont le Bouddha se montre prodigue sont en réalité des ajouts tardifs aux récits primitifs. En fait, il s’en méfiait plutôt, car ils pouvaient détourner les moines du véritable objectif de l’effort spirituel. »
Le Sangha ne restera pas longtemps une Eglise errante. Du vivant même du Bouddha, et malgré sa réserve, des parcs offerts à l’ordre deviennent des centres monastiques stables. Plus tard, grâce aux dons royaux, le Sangha sera doté de véritables fiefs avec des bâtiments, des terres et même des serfs.
7. Complots contre le Bouddha
A la fin de la vie du Bouddha, ses disciples se divisent et, selon la tradition, un moine tente de l’assassiner. Les historiens y voient l’écho des premiers schismes
Les dernières années de sa vie sont assombries par des complots. Les adversaires jaloux du succès de l’ordre tentent de le discréditer. Une courtisane simule une grossesse qu’elle attribue publiquement au Bouddha – avant de perdre le faux ventre qui tombe sur ses pieds. Plus grave, le cadavre d’une courtisane est retrouvé enterré près de la cabane du maître. Scandale. Mais les malfrats sont repérés, les commanditaires démasqués. Décidément, le Sangha suscite les convoitises, y compris chez les plus proches. Le canon montre du doigt les agissements du moine Devadatta, le propre cousin du Bouddha. Décidé à prendre le contrôle de l’ordre, il demande publiquement à son fondateur de lui céder la place. Essuyant un refus, il décide de lui envoyer un tueur. Ce dernier révèle tout et se repent. Devadatta fait alors rouler un rocher du haut du pic du Vautour pour écraser le Bouddha, mais il manque sa cible. Dans une troisième tentative, il envoie un éléphant furieux dans les rues où le Bouddha fait sa quête. Ce dernier arrête le pachyderme par la simple puissance de sa compassion. En désespoir de cause, Devadatta provoque le premier schisme de l’histoire bouddhique,
invoquant un retour à l’austérité originelle des règles. Grâce à l’intervention des disciples fidèles, les jeunes moines entraînés par le dangereux cousin réintègrent le Sangha. « L’historicité de Devadatta n’est pas certaine, mais il est probable que l’ordre ait connu des
querelles entre conservateurs et novateurs », estime Oskar von Hinüber.
8. Une mort d’homme
Les savants acceptent l’hypothèse d’un décès par dysenterie. Le Bouddha laisse un ultime message : « Efforcez-vous sans relâche »
A 80 ans, le vieux prédicateur est malade. Il ne renonce pourtant pas à ses pérégrinations, accompagné du fidèle Ananda. Il est invité à un repas chez le forgeron Cunda. Les récits ont pieusement noté le nom du plat, sukara-maddava, qui lui est servi. Mais qu’est-ce au juste que ce « délice de porc » ? Un plat de porc, ou bien de truffes, dont les porcs sont friands ? « La rareté du nom, la bizarrerie de ce plat qui semble appartenir à une cuisine locale oubliée, tout porte la marque de l’authenticité », estime le professeur von Hinüber. Le mets mystérieux va empoisonner le Bouddha, le frappant d’une dysenterie fatale. Il ne renonce pas à prendre la route de Kusinagara, souffrant de violentes coliques, contraint à faire des pauses au bord du chemin. Arrivé aux abords de la « petite ville de jungle en torchis » qu’Ananda juge indigne de servir de cadre au parinirvana du Maître, le « grand nirvana complet », ce dernier s’allonge sous un arbre, devinant qu’il s’agit de sa dernière halte. Devant ses moines réunis, il insiste : « Le Dharma et la discipline que je vous ai expliqués seront votre Maître. » Puis il prononce ses dernières paroles : « Tous les éléments de la personnalité sont voués au dépérissement. Efforcez-vous sans relâche. »"
Source : Article de Ursula Gauthier: hebdo.nouvelobs
Lire aussi : Le Bouddha était intelligent, drôle, humain...: ICI
et : Il était une fois l'Inde : LA
2- Carte historique ( Villes à l'époque de Bouddha)
3- La vie de Bouddha,et ses principaux disciples, par le Vénérable Dhamma Sami
Extraits :
La vie de Bouddha est particulièrement riche d’enseignements, et c’est d’ailleurs ce qui fait tout son intérêt. Contrairement à certains ouvrages, celui-ci respecte le tipitaka (les trois parties des Écritures palies) – c’est-à dire l'enseignement de Bouddha –, ne s’appuyant que sur des textes basés sur celui-ci, et évite de tenir compte des atthagatha (les commentaires), qui font souvent l’objet de contestations. Son contenu se borne à l’essentiel, car l’intégralité des textes canoniques sur la vie de Bouddha s’étale sur de nombreux volumes. Bien qu’adaptés au mieux à la langue française et à la compréhension occidentale contemporaine, les dialogues et les faits décrits dans ce livre demeurent fidèles aux Écritures canoniques du theravada.4- Qui est Le Bouddha, Par Sangharakshita:
Pour mener à bien la réalisation de cet ouvrage, les travaux de recherches, de traductions (depuis le pali et le birman) et d’explicitations ont été effectués en collaboration avec des moines birmans versés dans les Écritures canoniques (en particulier le Vénérable Devinda, de Mandalé).
Hormis les événements qui concernent directement Bouddha, la chronologie n’a pu être respectée, pour la simple raison que les périodes où se déroulent les récits sont longues et se chevauchent, et les événements courts ne sont pas systématiquement datés. Ainsi, certains chapitres sont regroupés chronologiquement, tandis que d’autres sont regroupés par thèmes.
Autrefois, les histoires de dragons cracheurs de feu, d’individus qui volent dans les airs, d’abondantes quantités d’or qui apparaissent spontanément, ou d’êtres qui tombent aux enfers, avalés par la terre, attiraient des foules entières.
De nos jours, de telles histoires ont plutôt tendance à faire fuir le monde, devenu si sceptique
qu’il ne croit même plus en la réalité. Seuls, les enfants, les amateurs de contes de fées, et les personnes qui ont une grande confiance envers l'enseignement de Bouddha, accordent du crédit à ce type de récits présent tout au long des Écritures.
Si certains faits à « caractère magique », présents dans les enseignements du dhamma, peuvent surprendre ou paraître relever de la science-fiction, il faut savoir qu’ils étaient tout à fait banals aux temps où ils se produisaient. Certains d’entre nous ont du mal à croire que tout être qui a développé suffisamment de parami (maturité dans le dhamma), et qui s’efforce convenablement et suffisamment à certains exercices de méditation, est en mesure de développer des pouvoirs psychiques.
Une personne vivant au temps de Bouddha aurait beaucoup plus de mal à croire à l’existence d’Internet. Essayons de lui expliquer que de notre temps, même un individu stupide est en mesure d’envoyer une image de lui, qui peut-être animée et accompagnée de son, qui, voyageant par des fils et par des ondes dans l’air, parvient à l’autre bout de la planète en une fraction de seconde, et le tout, exclusivement à l’aide de matériel !
Naturellement, même du temps de Bouddha, il y avait des personnes sceptiques.
Bouddha disait que trois choses ne doivent pas être réfutées, en précisant que chacun était libre d’y croire ou pas, mais devait éviter de critiquer :
1) les pouvoirs psychiques développés par la concentration ;
2) tout ce qui est lié à Bouddha (l’omniscience, les connaissances particulières, les pouvoirs, les caractéristiques particulières, les manifestations spontanées, etc.) ;
3) le kamma (la loi naturelle des causes et de leurs conséquences).
Toutefois, il convient de garder à l’esprit que dans les récits de l’enseignement de Bouddha, ce qu’il y a de plus important, ce ne sont pas les faits, qui peuvent parfois paraître très étranges, mais leurs sens et la grande richesse des sages recommandations et explications qu’ils contiennent, qui sont autant d’encouragements à la pratique de chacun sur la voie juste et raisonnée, celle qui conduit à la libération de toutes les impuretés mentales, racines de toutes les souffrances.
source : (La vie de bouddha: livre de 348 pages) au format PDF: ICI
L’enseignement ou tradition qu’aujourd’hui en Occident on appelle le bouddhisme prit sa source de l’expérience d’Éveil du Bouddha sous l’arbre de la Bodhi, il y a deux mille cinq cents ans. C’est donc avec le Bouddha que commence le bouddhisme. Mais la question qui se pose tout de suite est : « Qui était le Bouddha ? » Il est utile, y compris pour ceux qui se considèrent bouddhistes depuis longtemps, de réfléchir à cette question.
Il nous faut tout d’abord préciser que le terme « Bouddha » n’est pas un nom propre, mais un titre qui signifie « celui qui Sait, celui qui Comprend. » Il signifie aussi « celui qui est Éveillé » — celui qui s’est éveillé, si l’on peut dire, du rêve de la vie, car il voit la Vérité, il voit la Réalité. Ce titre a d’abord été donné à un homme dont le nom était Siddhartha, et dont le nom de clan ou de famille était Gautama, et qui vivait au sixième siècle avant notre ère, dans une région située enter le sud du Népal et le nord de l’Inde. Par chance, nous savons beaucoup de choses du début de sa vie. Nous savons qu’il venait d’une famille aisée, voire patricienne.
La tradition représente parfois son père comme étant le roi du clan, ou de la tribu des Sakya. Mais il semble plus probable qu’il ait été non pas le roi mais le président élu de l’assemblée du clan, remplissant pendant douze ans cette fonction avec le titre de raja, et que pendant cette période naquit son fils, Siddhartha Gautama, qui plus tard devint le Bouddha.
Siddhartha reçut ce qui était, selon les normes de cette époque, une très bonne éducation. Bien sûr, il n’alla pas à l’école, et nous ne savons pas très bien s’il savait lire et écrire, mais nous savons qu’il reçut une excellente formation dans toutes sortes d’arts martiaux et d’exercices. Dans leur forme la plus bouddhique certains de ces arts sont toujours populaires de nos jours en Extrême-Orient, et nous pouvons imaginer le futur Bouddha passant son temps de cette façon plutôt que plongé dans des livres.
De la bouche des vieux sages du clan il apprit aussi diverses traditions, listes généalogiques, croyances et superstitions anciennes. De façon générale il eut une vie assez confortable, sans responsabilités particulières. Son père, un parent plein d’affection, qui l’adorait même, le maria alors qu’il était assez jeune — selon certaines sources il n’avait que seize ans. (En Inde, à cette époque comme généralement de nos jours, le mariage était arrangé par les parents, car ce n’était pas qu’une affaire personnelle mais une affaire concernant toute la famille). Il épousa une cousine, et le temps venu il leur naquit un fils.
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5-La vie de Bouddha, entre mythe et histoire, par Michel henri Dufour:
Jusqu’au milieu du XXe siècle le Bouddha était considéré par certains auteurs comme un mythe solaire et non comme un personnage ayant réellement vécu.6- La Biographie de Bouddha
Aujourd’hui son existence historique n’est plus mise en doute, nombre de documents épigraphiques et de découvertes archéologiques l’attestent.
Malgré tout le Bouddha est encore parfois classé parmi les « grandes figures des mythologies » ! Cela exemplifie la difficulté à catégoriser le bouddhisme, tout au moins dans sa version la plus ancienne.
Il apparaît que les mythes, tout comme les symboles, ne sont pas atemporels, leur lecture étant liée à une civilisation, une époque et un peuple. Que signifie par exemple la mythologie hindoue pour un occidental et même pour un indien contemporain ? Dans notre optique, qui est celle du pratiquant, la question est de rechercher en permanence l’utilité pragmatique de ce qui est présenté dans le bouddhisme, à la lumière des principes et préceptes de base et en se fondant sur une herméneutique bien comprise. Le bouddhisme ancien n’encourage aucune spéculation ou superstition et est dépourvu de tout langage mystique ambigu ; néanmoins, pour être signifiant au sein d’un contexte socioculturel bien spécifique (l’Inde du VIe siècle avant notre ère) il lui a été nécessaire d’inclure des légendes et
symboles prévalant dans ce contexte. Mais ces emprunts ne sont que des « moyens habiles » permettant de présenter l’Enseignement en des formes et des termes accessibles. L’idiosyncrasie de l’Enseignement du Bouddha étant constamment de donner à chacun la nourriture qui lui convient et au moment approprié.
Les légendes entourant la vie du Bouddha, telle qu’elle est présentée dans les Textes canoniques et postcanoniques du bouddhisme, masquent la réalité d’un personnage sur lequel nous connaissons en fait fort peu de choses.
Ces légendes se sont tout particulièrement greffées sur les trois principaux événements de sa vie – sa naissance, son Éveil et sa mort (« extinction ») – événements commémorés par tous les bouddhistes du monde à la pleine lune de mai. Existe-t-il un sens caché à ces légendes ?
Répondre par l’affirmative serait aller à l’encontre d’une caractéristique fondamentale de l’Enseignement du Bouddha, que nous distinguons ici sciemment du « bouddhisme », construction tardive, artificielle, et pure convention occidentale : l’absence de tout signifié occulte à découvrir audelà de ce qui est exposé clairement par le Bouddha. Il est fort probable que, répondant à une habitude de l’époque consistant à utiliser les expressions poétiques et figurées, la relation de la vie du Bouddha dans un langage versifié, la présence d’ornementations, d’exagérations, ont permis la préservation de ces récits jusqu’à nos jours. Il est néanmoins regrettable que tous ces emprunts opacifient le message originel et la tentation est forte d’étudier le bouddhisme – et les autres courants religieux – comme une pièce de musée, privée de vie derrière une vitrine, d’un point de vue purement extérieur (scientifique diraient certains !). Cette attitude transforme trop souvent l’Enseignement du Bouddha en une construction mythologique complexe, sans intérêt pour la réalité existentielle de l’homme actuel.
La production des premières images anthropomorphiques du Bouddha et les premières tentatives d’un récit quasi historique de sa vie semblent contemporaines, et les succès de cet art sont perceptibles pendant le règne de l’empereur Kani¢ ka (IIe siècle de notre ère) de l’empire Kusana. Il n’est pas facile d’expliquer la naissance de cette volonté de posséder une image manifestée du Bouddha ainsi qu’une biographie complète alors que pendant cinq siècles et plus, le besoin ne s’en était pas fait sentir. La dévotion envers un idéal transcendant semble s’être peu à peu muée en une dévotion plus personnelle, qui, tout naturellement, s’est exprimée dans l’art et dans la littérature.
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La seule chose sur laquelle toutes les sources bouddhiques sont d’accord, c’est que le Bouddha est entré dans le nirvâna (c-à-d est mort) à l’âge de 80 ans.
Pour le reste, il y a deux chronologies, une chronologie longue et une chronologie courte. Une partie des sources place le nirvâna du Bouddha 218 ans avant l’avènement de l’empereur Açoka (- 268), donc en – 486, et sa naissance en – 566. D’autres sources placent le nirvâna du Bouddha en – 368. Les historiens occidentaux adoptent en général la chronologie longue, avec des variations de détail : nirvâna en – 483 ou – 478, et naissance en – 563 ou – 558. Nous adoptons ici la chronologie de Louis RENOU : - 558 à – 478.
Le nom du fondateur du bouddhisme est Siddhârta Gautama Çâkyamuni Buddha. Siddhârtha est le prénom, c-à-d le nom donné par les parents au futur Bouddha. Gautama est en quelque sorte son nom de famille : = " issu de la famille des Gotama ". Çâkyamuni signifie ascète silencieux (muni) du clan des Çâkya. Buddha est le surnom qui lui sera donné après l’Illumination Intérieure (bodhi) et signifie " celui qui est passé par l’illumination intérieure " ou "l'Eveillé". Le clan Çâkya était un clan de la classe des princes (ksatriyas). Son père s’appelait Çuddhodana (" nourriture pure ") et dirigeait une petite principauté dans l’Uttara-Kosala, dans le Teraï népalais, avec pour capitale Kapilavastu (aujourdh’hui sur la frontière indo-népalaise, mais du côté népalais). Çuddhodana avait deux épouses Mâyâ Gautamî et Mahâprajâpatî Gautamî, sœur de Mâyâ.
La naissance eut lieu dans une localité voisine, au jardin de plaisance de Lumbinî (aujourd’hui Rummindei). Sept jours après la naissance de Siddhârta, sa mère meurt. Il est ensuite élevé par la sœur de sa mère, Mahâprajâpatî Gautamî, deuxième épouse de son père.
Consulté à l’âge de 16 ans sur le choix pour lui d’une épouse, Siddhârtha Gautama se serait résolu au mariage, dont il n’était nullement désireux, seulement pour suivre l’exemple des Bouddha du passé. Les traditions varient sur son mariage ou sur ses mariages et sur les noms et les généalogies de ses épouses. Il semble qu’il en ait eu au moins trois. Siddhârtha Gautama eut un fils, Rahula. Les mariages du futur Bouddha embarrassent notablement les textes monastiques, ce qui paraît garantir leur authenticité.
Les quatre rencontres
Selon les textes traditionnels, Çuddhodana couvait son fils et le chambrait, et lui interdisait toute sortie hors du domaine royal. Néanmoins, malgré les précautions de son père, Siddhârta Gautama réussit à sortir du palais paternel. Il fit alors quatre rencontres décisives. D’abord, il rencontra un vieillard décrépi, puis un malade, puis un mort qu’on emportait vers le bûcher crématoire, et enfin un religieux. Il y a donc ici irruption de la vulnérabilité du moi et de l’horizon inéluctable de la mort dans la conscience de Siddhârtha Gautama.
Interrogeant son cocher, le Siddhârtha Gautama apprit que personne ne pouvait échapper à la loi de la vieillesse, de la maladie et de la mort, et chaque fois il aurait fait détourner son char du palais, méditant sur l’emprise inexorable de la douleur.
Dans une quatrième rencontre, Siddhârtha Gautama vit un religieux et comprit à sa vue qu’il pouvait exister dans la sérénité religieuse un remède à la douleur.
A ce moment-là, un fils lui naîtra, Rahula. Siddhârtha Gautama l’aurait jugé comme un lien de plus qui l’attacherait au mode, mais cette naissance, en fait, justifiait mieux, dans les idées du temps, son départ pour la vie religieuse, sa postérité étant assurée.
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7- Qui est Bouddha ( présentation "classique")
En Pali Bouddha signifie « celui qui est illuminé ». C’est le nom donné au prince Siddharta Gautama, fils du roi Suddhodana, né il y a plus de 25 siècles, à Kapilavatthu au nord de l’Inde. Sa mère, la reine Maya mourut sept jours après sa naissance. C’est sa tante, Pajapati, qui s’occupa de lui et l’aima comme son propre fils. Il se maria avec la princesse Yasodara et eut un fils, Rahula.8- Le Bouddha, entre histoire et légende:
Adolescent, il avait eu l’occasion de s’échapper du palais et de se promener dans la capitale Kapilavatthu. Il avait été témoin de phénomènes naturels tels que la vieillesse, la maladie et la mort, et en fut profondément affecté. A l’âge de 29 ans, il décida de quitter sa vie dorée qui était jusqu’alors la sienne, et de partir dans les profondeurs des forêts et des montagnes à la recherche de la Voie menant à la libération du cycle infernal des naissances et des morts. Il mena une vie d’ascète cherchant un remède pour guérir la souffrance humaine.
A 35 ans, après six années de recherche et de pratique, suite à une méditation intense, assis sous l’arbre Bodhi, il fut subitement et complètement illuminé. Il devint alors le Bouddha Sakyamuni, c’est-à-dire l’illuminé, et passa le reste de sa vie à prêcher sa doctrine afin que les êtres puissent aussi se libérer. Il mourut à l’âge de 80 ans à Kusinagar.
Par son illumination, il saisit profondément les causes qui plongent les êtres sensibles dans le flot perpétuel du cycle des naissances et des morts, ainsi que la Voie menant à la cessation et à la libération de ce cycle. Il acquit la connaissance universelle.
Selon le Bouddha, la souffrance débute par l’ignorance ; il suffit donc d’éradiquer l’ignorance pour arrêter la souffrance. L’existence n’est qu’une oscillante succession d’états mentaux limitée par la naissance et la mort ; la mort n’étant que le prélude à une nouvelle existence condamnée à son tour au déclin, à la maladie et à la mort, une loi à laquelle nul ne peut échapper. Le seul moyen de mettre fin à cette course absurde de souffrance, c’est d’en détruire la cause, car l’existence n’a pour origine que le désir. C’est le désir qu’il faut d’abord abolir, ainsi l’être, affranchi du désir, pourra briser le cycle des naissances, et accéder par degrés au Nibbana libératoire.
Le Bouddhisme n’est pas une religion, dans le sens « ensemble de croyances et de pratiques ayant pour objet les rapports de l’homme avec la divinité ou le sacré », ou si on entend par religion la reconnaissance et le culte d’un Dieu créateur tout puissant de qui dépend la destinée humaine.
Bouddha affirme que la destinée de l’homme dépend de lui-même, de ses pensées, de ses paroles et des ses actes. L'homme est pleinement responsable de son bonheur comme de ses malheurs. Le Bouddhisme est au-delà des dogmes. Le Bouddha n’était pas un Dieu ni un fils de Dieu. Il n’a jamais demandé que l’on l’adore et le vénère comme tel.
La foi dans le Bouddhisme n’est pas aveugle. Elle est basée sur la raison, l’observation et l’esprit critique. Le Bouddha a recommandé de ne rien accepter aveuglément, mais de tout examiner par soi-même. Chacun doit suivre ce qui lui semble vrai, juste. Le Bouddha a dit : « Il faut comprendre avant de croire. Si vous croyez en moi sans m’avoir compris, vous êtes dans l’erreur » « Vous ne devez pas croire d’emblée ce que je vous dis, ni ce que les autres disent. Ne croyez pas parce que tel maître l’a dit. Ne croyez que si vous estimez que c’est conforme à la logique et à la vérité, et utile à vous comme aux autres, dans le présent comme dans le futur » « Soyez vous-même votre propre lumière, votre propre maître ».
Le Bouddha a été le premier à dénoncer les inégalités de la société indienne à son époque. Il disait : «A la naissance, personne ne porte aucun signe qui distingue le noble de celui qui ne l’est pas » « Je suis devenu Bouddha, vous allez, vous aussi, devenir Bouddha parce que nous en avons tous la possibilité ». Ainsi, nous sommes tous égaux, chacun porte en lui la possibilité de devenir Bouddha, personne ne peut se prétendre supérieur aux autres.
C’est parce que l’on établit une distinction entre soi et les autres que naissent les conflits, les luttes et meurtres. Le Bouddhisme préconise l’entraide, le partage et le don.
Le Bouddhisme est « la Voie du milieu » consistant à éviter deux extrêmes : la recherche incessante du plaisir des sens et l’ascétisme. La pratique conduit à la purification de soi, par soi-même. Elle libère des tracas, des doutes, des peurs, des obsessions, de la colère, de la haine, de l’aversion, de l’avidité, de l’emprise des sens, du désir et surtout de la vue fausse de soi (l’ignorance). Elle permet de vivre dans l’instant présent, et conduit à la réalisation de la nature ultime et fondamentale de l’individu qui mène à la paix intérieure, au bonheur suprême, Nibbana. Nibbana est au-delà de la logique et du raisonnement, il doit être réalisé par chacun.
Source : vipassanasangha
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