lundi 3 décembre 2007
Les instructions sur la méditation d’Ajahn Chah
- Biographie de Ajahn Chach (moine de la tradition de la Forêt) : ICI
MEDITATION ET PRATIQUE FORMELLE
Demeurant dans son style générale d’enseignement, les instructions sur la méditation d’Achaan Chah sont simple et naturelles. Habituellement, il demande simplement aux participants de s’asseoir, et d’être attentifs à leur rythme de respiration, ou de marcher et surveiller les mouvements du corps pendant la marche. A près un moment, il leur demande de commencer à examiner leur cœur et leur esprit dans les deux postures, à voir leurs nature et caractéristiques. Parfois c’est tout ce qui donne une instruction initiale.
Achaan Chah est attentif à ne pas laisser quelque méthode de pratique se confondre avec le Dhamma. Le Dhamma est ce qu’il est, et la pratique est n’importe quelle façon par laquelle on comprend les Vraies nature et caractéristiques de ce qu’il est, de notre monde, notre corps et notre esprit. Cependant, Achaan Chan ne privilégie pas une technique particulièrement. Il veut des étudiants qui apprennent la force intérieure et l’indépendance en pratique dés le départ, posant des questions en cas de nécessité, mais comptant sur leur propre capacité é être attentifs et à comprendre la nature de l’esprit, et sur leur sagesse afin d’éclairer leur expérience.
Après un séjour à Wat Pa Pong , pratiquant seul, apprenant de quelques moines supérieures qui répondaient à ses nombreuses questions, et en écoutant différents discours sur le Dhamma, il apprend certaines subtilités de la pratique formelle. Une variété de méditations de la forêt comme le simple mantra ” Bouddho” ou les méditations du cimetière, ou les contemplations des trente-deux parties du corps, sont également enseignés quand ils sont jugés appropriés pour certains étudiants. Autrement, la méditation est développée d’une manière simple et direct. Dans la pratique assise, Achaan Chah dit qu’il est préférable de s’asseoir dans une posture confortable, le dos droit, les jambes croisées, ou dans une autre posture qui maintient droits le dos et la tête, et la poitrine détendue pour une respiration sans entraves. On devrait s’asseoir avec sérénité permettant au corps d’être stable, calme et prêt à commencer la méditation sur la respiration.
Il est recommandé dés que l’on commence la méditation assise d’être décontracté et de concentrer son esprit. Centrer l’attention sur la respiration de façon naturelle et spontanée laissant son mouvement se dérouler sans interférence. Utilisez la sensation, l’expérience directe de la respiration quand l’air entre et sort des narines, comme point de concentration. Suivez silencieusement la sensation de la respiration le plus longtemps que vous pouvez. Puis, chaque fois que vous remarquez que votre esprit commence à divaguer (cela peut se répéter de très nombreuses fois jusqu’à ce qu’il devienne bien préparé) reprenez doucement votre concentration sur la respiration.
Cette méditation constitue un moyen d’utiliser notre expérience la plus immédiate, la réalité toujours changeante de la respiration, afin de concentrer l’esprit. Il est recommandé de poursuivre assidument cet exercice simple, c’est un moyen de renforcer la puissance du mental afin de se concentrer et voir . Enfin, cette très simple concentration sur la respiration mènera aux plus hauts niveaux de l’absorption méditative et du samadhi.
Cependant, l’absorption n’est pas l’objectif de pratiquer, selon l'enseignement de Achaan Chah, même si elle a lieu chez certains de manière naturelle au cours de la méditation. Les étudiants reçoivent l’instruction d’utiliser la concentration et la calme qu’ils développent par l’attention sur la respiration comme soutien au deuxième aspect de leur pratique. Quand l’esprit est en quelque sorte calme et concentré, il et recommandé de commencer à examiner les actions de l’esprit et du corps. Examiner ou contempler ne signifie pas penser à quelque choses, mais sentir et expérimenter directement, comment notre monde fonctionne. ” Expérimentez les agrégats du corps et de l’esprit “, avertit souvent Achaan Chah.
Noter d’abord le corps qui est directement expérimenté en tant que jeu de sens constamment changeant, d’éléments chauds, froids, de couleurs claires ou foncées, souples, durs, lourds etc.. Examinez les agrégats du sentiment plaisant, neutre ou déplaisant - changeant à tout moment. Noter le jeu de perception, de mémoire et de pensée, de réactions et de volition, de conscience ainsi que la qualité de ce qu’expérimente chacune d’elles et apporte comme nouvelles choses à tout moment. Voir comme la vie mène son jeu avec dynamisme entre ces agrégats qui surgissent, changent et s’effacent. Les objets des sens, le sentiment, la reconnaissance, la réaction et la volition, le même processus se répète. Noter comment les causes de la souffrance, et la sérénité quand l’esprit n’est pas capturé par le désir. Y a-t-il une partie de l’expérience qui ne partagerait pas les caractéristiques d’un changement constant, d’instabilité et d’état éphémère, un état qui ressent une satisfaction qui ne serait pas vide d’ ego et de moi et où se trouverait le soi dans tout cela ? Examinez, et vous verrez comment, absolument, toutes choses sont changement. Il n’y a pas de mien, ni un soi fixe, mais seul le processus sus-cité.
Apprendre à voir en profondeur dans l’expérience et dans ses caractéristiques, ne se limite pas à la méditation en posture assise. Marchez et observez. Faites la méditation en marchant, en allant et revenant à pas ordinaires des heures durant, si possible. Apprenez à faire attention, et vous comprendrez tout. Cela est l’essence de la pratique.
Dans de nombreux monastères, les entrevues avec le maître constituent une part intégrale de la pratique, mais Achaan Chah déconseille cela. Bien qu’il soit toujours disponible à répondre aux questions, il n’accorde pas des entretiens formels. Il dit qu’il est préférable d’apprendre à répondre soi-même à ses propres questions. Apprenez comment le doute surgit dans l’esprit, et , et comment il disparaît . Personne et rien ne peut vous libérer si ce n’est votre propre discernement. Calmez votre esprit et votre coeur. Et apprenez à être attentif, vous trouverez véritablement le Dhamma du Bouddha se révéler en vous à tout moment.
L'ATTENTION ( Sati en Pali)
De même que la vie d’un animal se classe dans l’une des deux catégories : celle des animaux vivant dans l’eau, et celle qui comprend les autres, les sujets de la méditation se divisent en deux : la concentration et l’introspection.
Les méditations de la concentration sont utilisées pour le mental et rendent attentif. L’introspection est, d’une part, la perception croissante de l’impermanence, la souffrance et l’absence de soi. Peu importe ce que nous sentirons vis-à-vis de notre existence, notre tâche ne consiste pas à tenter de la changer d’une façon quelconque. Non. Nous devrions la voir, et la laisser être. Là où il y a souffrance il y a le moyen de s’en libérer. Voyant ce qui naît et meurt, qui est sujet à la souffrance, le Bouddha a compris qu’il peut y avoir quelques choses au-delà de la naissance et de la mort, exemptes de souffrance.
Les méthodes de la méditation ont toutes les propriétés d’aider à développer l’attention. Il convient d’utiliser l’attention afin de voir la vérité cachée. Grâce à cette vigilance nous surveillerons tout désir, ce qui est bon et ce qui est mauvais, le plaisir et la peine qui apparaissent dans l’esprit. Réalisant qu’ils sont impermanents, souffrance et dépourvus de soi, nous nous en passerons. En effet, la sagesse se substitue à l’ignorance, et la connaissance au doute.
Quant à choisir un objet de méditation, vous devriez vous-mêmes découvrir ce qui convient à votre caractère. Partout où vous décidez d’être attentifs, vous acquerrez la sagesse. L’on comprend ici ce que veulent dire : attention, noter, être vigilant. La compréhension claire connaît le contexte dans lequel les évènements du présent se déroulent. Quand l’attention et la compréhension claires agissent ensemble, leur compagnon la sagesse apparaît toujours afin de les soutenir à compléter toutes tâches.
Observez le mental, observez le processus de l’expérience apparaissant et cessant . Au départ, le mouvement est constant- dès qu’une choses disparaît, une autre surgit, et nous semblons voir davantage de choses qui apparaissent que celles qui disparaissent. Avec le temps, nous voyons plus clairement comment les choses apparaissent é toute vitesse, jusqu’à ce que nous atteignions le stade où elles apparaissent, disparaissent pour ne plus réapparaître.
Grâce à l’attention, vous verrez la nature véritable des choses. Pensez -vous que le monde est vôtre, que le corps est vôtre ? Mais ce n’est que le monde du monde, que le corps du corps. Si vous dites au corps : ” ne vieillissez pas “, s’arrêtera-t-il pour autant de vieillir ? Et, votre estomac vous demandera-t-il la permission quand il tombe malade ? Nous ne faisons que louer cette maison, pourquoi ne pas trouver qui la possède en réalité ?
Source : anussati
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