samedi 19 juillet 2008

Comprendre dukkha; la souffrance

Ci après, un extrait d'un “Dhamma talk” d'Ajahn Sumedho, traduit d'après un document audio par Jeanne Schut Chut


Comprendre la Souffrance.

Quand le Bouddha a énoncé la Première Noble Vérité, il l’a appelée dukkha. Ce mot est généralement traduit par « souffrance » mais on essaie toujours de trouver d’autres mots pour recouvrir l’ensemble de ce qui peut être appelé dukkha. On dit parfois « insatisfaction », pour décrire la nature fondamentalement insatisfaisante des choses, et c’est aussi une bonne réflexion. Mais, quoi qu’il en soit, le mot pali dukkha a fini par être adopté dans la langue française (...)

Quand nous parlons de la souffrance et de la libération de la souffrance, cela ne signifie pas devenir insensible. Certains s’imaginent que l’Eveil rend une personne complètement et parfaitement insensible, comme protégée par une armure, de sorte que quand elle voit quelque chose de triste ou de laid, elle ne ressent rien du tout : équanimité, indifférence totale … Mais est-ce vraiment le sens du mot « équanimité » ? L’Eveil ne serait-il pas, au contraire, ce qui nous permet d’être sensibles sans avoir peur de notre sensibilité et sans nous laisser piéger par elle ?(...)

C’est de cette souffrance qu’il est question dans la première Noble Vérité, une souffrance dont nous pouvons reconnaître finalement qu’elle est créée par notre propre ignorance. La sensibilité est comme elle est. Le corps est ainsi, la conscience sensorielle est ainsi, la mémoire, le langage et toutes ces pensées, la raison, la logique, les habitudes émotionnelles sont ainsi. Allons-nous les considérer en termes de Dhamma ou en termes de « soi », personnels ? (...)

Le Bouddha lui-même a vieilli, il a souffert du dos et de l’estomac, il a dû s’occuper de moines et de nonnes qui posaient des problèmes à la communauté. (...) Alors je suis sûr que le Bouddha a ressenti une certaine irritation, une frustration à devoir régler tous ces problèmes, à devoir développer toutes ces règles de discipline; et puis son cousin a essayé de le tuer, il a subi le chantage et l’opprobre … Vraiment, quand on lit la vie du Bouddha après son Eveil, on voit qu’elle n’était pas toute rose en permanence. Il a dû faire face aux problèmes d’une communauté monastique, aux problèmes politiques de l’époque, à la jalousie d’autres groupes religieux et de certains disciples — autrement dit, aux mêmes problèmes que nous avons aujourd'hui !

Le monde est ainsi. Il ne faut pas espérer qu'après l'Eveil on va vivre éternellement dans un état de béatitude jusqu'à la mort physique, complètement insensible aux problèmes de la vie !

L'Eveil ne serait-il pas plutôt abandonner ce sentiment de “Je n'en peux plus, c'est insupportable”, arrêter de blâmer les autres, arrêter de se plaindre de tout, faire cesser ce mental perpétuellement insatisfait, arrêter d'avoir peur de l'avenir, peur de l'inconnu, arrêter de ressasser ses rancunes, sa culpabilité ou ses remords ?

Ne s'agit-il pas plutôt d'abandonner le sentiment d'être quelqu'un, le sakkayaditthi et les multiples façons qu'il a de nous tourmenter et d'engendrer de la souffrance du fait de notre ignorance ? Plutôt qu'un état de béatitude permanente, être éveillé ne serait-ce pas la disparition de tout cela ? Car ce qui reste après, c'est véritablement la conscience et la sensibilité naturelle de l'être humain dans son contexte. C'est ainsi que vont les choses, c'est cela le Dhamma, c'est la vérité des choses telles qu'elles sont.(...)

Il ne s'agit pas de pratiquer maintenant pour trouver l'Eveil un jour mais d'avoir de plus en plus confiance en cette prise de conscience : voir le moment présent, l'utiliser, s'y ouvrir et être prêt à y réfléchir avec discernement. Même si vous vous dites : « C'est trop, je n'en peux plus », vous pouvez demeurer conscient qu'il s'agit là d'un objet mental, d'une pensée conditionnée, pas d'une réalité — et c'est dans cette conscience que vous mettez votre confiance, pas dans ce que le mental a à dire.

Je vous encourage donc à réfléchir ainsi, à voir les choses de cette manière très directe, à utiliser cette approche. Ce n'est pas comme si vous manquiez de sagesse. Nous avons tous de la sagesse — même si nous ne l'utilisons pas toujours ! La sagesse est un attribut naturel des êtres humains quand ils sont ouverts et attentifs. Alors je vous encourage à pratiquer dans ce sens.

- D'autres extraits sur le blog d'isara 





2 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci pour ton blogue :)

De David.

Anonyme a dit…

merci beaucoup pour ton blogue