dimanche 5 août 2007

Comment pratiquer Metta, Mudità, Uppekhà et Karuna





Voir aussi sur ce blog :
- Les quatre états sublimes : ICI
- Metta bhavana : Le développement de l'amour bienveillant : LA
- Chant metta durant la retraite : ICI
- Méditation guidée Metta : ICI 



Les différentes pratiques des "demeures sublimes":

Ci après :

1- Trois pratiques de Metta:
- Courte formule de Mettà:
-
Longue formule de Mettà:
-
Mettâ bhâvanâ


2- les pratiques pour Muditâ, Uppekhâ et Karuna



1-La présentation qui suit, détaille trois pratiques de Mettà.



1) Courte formule de Mettà:

Il est bon de pratiquer d'abord des respirations longues et courtes, dix fois pour chaque catégorie, en expirant et aspirant lentement et avec conscience. Les salutations au Bouddha, Dhamma et Sangha, peuvent être récitées d'abord. Lorsque les respirations sont redevenues normales, selon un rythme naturel pour le pratiquant, on doit mentalement se dire, dans un sentiment de bienveillance :

" Puissé-je être heureux,
Garder mon bonheur,
Et vivre sans inimitié.
Puissent tous les êtres animés
Grands ou petits,
Forts ou faibles,
Près ou loin,
Visibles ou invisibles, vivre heureux,
Et vivre sans inimitié."

Il faut arriver à se sentir rempli de bienveillance, ne pouvoir concevoir une autre idée que bienveillance pour tous, autour de tous, en tous. On doit avoir le coeur rempli de cette idée, et baigné de bienveillance jusqu'à ce qu'on ne soit conscient que de cette pensée d'amour, on imagine que l'on estpénétré d'amour bienveillant, saturé d'amour, absorbé dans l'amour.

2) Longue formule de Mettà:

Avant de commencer à employer la formule on envoie des pensées de bienveillance :

1. Un être qui vous est très cher (mais cela ne doit pas être quelqu'un qu'on aime avec passion, ni un mort).

2. Un être pour lequel vous ne sentez que de l'indifférence.

3. Un être qui est hostile ou un ennemi.

Ayant choisi les personnes et accompli les respirations habituelles recommandées, on se remplit de bienveillantes pensées pour soi-même.
Commencer la méditation ainsi, par les quatre personnes :
A. Soi-même:
Se dire :
« Puissé-je être heureux,
Garder mon bonheur,
Et vivre sans inimitié.
Je suis rempli d'une pensée d'amour bienveillant. »

B. L'être cher
« J'envoie des pensées d'amour à... (l'être cher)
Puisse-t-il (ou elle) être heureux,
Garder son bonheur, vivre sans inimitié. »

Continuer à entourer et à baigner cette personne de pensées d'amour bienveillant.

C. L'être indifférent
« J'envoie des pensées de bienveillant amour à. (personne ordinairement indifférente)
Puisse-t-il être heureux,
Garder son bonheur vivre sans inimitié. »

Continuer à entourer et à baigner cette personne de pensées bienveillantes.

D. L'être hostile.
« Telle personne m'a été hostile, inamicale,
Puissé-je me libérer de toute inimitié envers elle.
Je ne lui veux aucun mal.
Puisse-t-il (ou elle) être libre de souffrance et libéré d'inimitié.
Puisse-t-il être heureux et garder son bonheur »

Ignorer les poussées de sentiments hostiles qui surgiront, les écarter en répétant :
« Je ne suis que bienveillance, bienveillance, bienveillance. »
Si les pensées hostiles persistent, penser aux bonnes qualités de cet être, qu'il se fait du mal en
agissant avec hostilité ; penser « compassion », et reprendre Mettâ.

Synthèse:

Il faut maintenant tâcher d'envelopper dans une même et seule pensée d'amour bienveillant : soi même, l'être aimé, l'être indifférent et l'être hostile.
Essayer de les confondre dans une pensée d'amour, dans votre imagination, comme au cinéma faire paraître et disparaître rapidement l'image de l'un pour faire place à l'image de l'autre.
Il faut arriver à ne plus faire de distinction entre soi-même et autrui, car on n'est plus qu'une pensée de bienveillance. Quand les barrières de la personnalité sont abattues, la méditation a atteint son but.

Elargir le champ de la méditation:
Ne pas oublier d'englober tout ce qui vit, pas seulement l'homme, dans une pensée d'amour bienveillant.


3) Mettâ bhâvanâ:

Le développement - ou déploiement - de l'amour universel.
Envoyer une pensée d'amour :
- à l'endroit qu'on habite,
- la maison, la ville,
- le département, les pays entier,
- le continent où il est situé.

Laisser la pensée pleine de bienveillance parcourir ces divisions, en déversant sur elles une pensée d'amour, comme on le ferait sur un être aimé.
La méditation peut être arrêtée ici pour ne pas fatiguer un débutant. Celui qui est plus entraîné doit continuer par la méditation « par quartiers » puis à « l'univers tout entier ».

Par quartiers
Imaginer le monde divisé en quatre quartiers : est, ouest, nord et sud.
Envisager à tour de rôle chaque quartier comme vous étant cher. Déverser une pensée de
bienveillance sur chaque quartier comme sur un être qui vous est cher. Imaginer, si cela facilite votre effort, un être cher parmi les gens de ces quartiers. Imaginer que vous êtes parmi eux.
Se dire :
« Que tous les êtres dans l'Est,
Que tous les êtres dans l'Ouest.,
Que tous les êtres dans le Nord,
Que tous les êtres dans le Sud,
Soient heureux, gardent leur bonheur,
Puissent-ils vivre sans inimitié. »
La pensée, comme un effluve de bienveillance, doit couvrir chaque quartier - et les quatre quartiers intermédiaires (par sections - en croix), le zénith et le nadir.
Elargir toujours le champ de méditation.

L'univers tout entier:
Laisser votre pensée chargée de bienveillance encercler le globe, diffusant partout des pensées
d'amour. Tournant autour du globe, « comme un cheval tourne autour d'un cirque ».
Envelopper l'Univers entier d'une pensée d'amour bienveillant, diriger cette pensée en haut, en bas, à travers, tout autour.
Ne penser que bienveillance.
Faire les respirations courtes et longues (comme au début) et sortir de la méditation en récitant les trois Salutations (Hommage au Bouddha, Dharma, Sangha).
En dehors de la méditation, se rappeler ce que l'on a ressenti et pensé pendant cette méditation. En méditant, on doit obtenir une tranquillité mentale qu'il faut chercher à garder. Recommencer chaque fois qu'une distraction a rompu le cours de la pensée ou troublé le calme. A un moment donné, on sentira un étrange contentement, et de ceci une espèce de joie naîtra, le corps et le mental étant pénétrés de cette joie seront tranquillisés et baignés d'une sensation de de bienêtre.
Cette joie, née du détachement, quand il n'y a plus de désir ni de mauvaise pensée, doit imprégner tout l'être, la pensée deviendra alors étonnamment claire et active. Ce sont les caractéristiques du premier jhâna.

Source : UBE

2- Les mêmes méthodes peuvent être appliquées pour chaque autre « demeure » (Mudità, Uppekhà et Karuna)


- Mudità : La Sympathie Joyeuse:

La sympathie pour le bonheur des autres peut se méditer selon la même formule que celle employée pour Mettâ.
Cette méditation libère le coeur de l'envie, de la jalousie, et fait naître le contentement.
On doit ressentir la joie pour le bonheur d'autrui, autant que si un joyeux évènement avait eu lieu pour soi même. Il y a toujours de la joie, du bonheur quelque part dans le monde ; se réjouir de cela avec tous les êtres heureux.

Commencer par apprécier ce qu'il y a de bonheur dans votre propre vie, dans la vie d'un être cher, dans la vie d'un être indifférent, dans la vie de votre adversaire, se réjouir de ce bien-être et de ce bonheur.
Si l'image de l'adversaire éveille l'envie ou la jalousie dans votre coeur, réfléchir qu'il peut devenir malheureux, que toute joie est passagère, qu'il est encore dominé par l'ignorance ; éveiller ainsi la compassion, cette pensée chassera l'envie.
Confondre ces quatre êtres - vous-même et les autres - dans la même pensée de joie sympathique.
Diviser le globe en quartiers, imaginer un être heureux dans tel quartier, tel continent, continuer à déverser partout votre pensée de Sympathie joyeuse.

Sortir de la méditation par les respirations courtes et longues et les trois salutations.


- Upekkhà : La Sérénité (ou Èquanimité):

Désirer pour soi-même et les autres la Sérénité, indifférente à la peine comme à la joie, puisque toutes les deux sont impermanentes.
La sérénité est un avant-goût de la paix du Nirvâna (nibbanà), que certains peuvent atteindre ici même.
Penser que la sérénité est établie dans votre coeur, que vous êtes pénétré, saturé de sérénité, absorbé dans la sérénité.

Souhaiter la sérénité à un être cher, le voir baigner de sérénité.
Envisager aussi un être indifférent, puis un adversaire, baignés de sérénité.
A chaque quartier du globe, envoyer comme à un être que vous aurez entrevu, des pensées de sérénité.
Continuer à déverser cette pensée sur le globe et ensuite sur l'univers.
Imaginer la sérénité partout et que l'on n'est que cela : Sérénité.
Sortir de la méditation par les respirations courtes et longues et les trois salut

- Karuna : La Compassion:

La Compassion Bouddhique n'est pas un attendrissement sentimental. C'est un sentiment calme et raisonné, qui doit être médité d'une façon impersonnelle pour nous libérer des instincts de cruauté.

On doit se rendre compte que tout être désire le bonheur et que chacun a sa part de souffrance, tant qu'il est lié à la vie phénoménale. On doit désirer pour autrui, autant qu'on le désire pour soi-même, la libération de la souffrance.
On doit comprendre que la souffrance est toujours le résultat de l'ignorance (sous une forme ou une autre) dans la vie présente ou passée.

Tous ceux qui sont liés à des existences éphémères, tous ceux qui n'ont pas encore connu ou recherché la Paix du Nirvâna (état au-delà du désir), que la connaissance suprême peut nous procurer (même dans une vie terrestre), ont leur part de douleur physique ou morale. Il ne faut pas s'attrister, ni se lamenter, mais rechercher la lumière pour soi et les autres, ressentir une immense compassion, une tolérance illimitée.
La compassion mène à la compréhension, bannit l'intolérance, et diminue la cruauté latente en nous.

Après les salutations et les respirations :
Commencer par envisager les méfaits de la cruauté.
Se dire : « Je fais cesser une pensée de cruauté dans l'univers. »
Envisager le bienfait de la compassion qui diminue la souffrance.
Diviser le monde en quartiers (comme pour Mettâ).
Envoyer des pensées de compassion à tout être qui souffre dans chaque quartier, comme si on voyait là un malheureux, tombé dans la misère et privé de bien-être physique et moral.
Se dire : « Puisse-t-il échapper à sa mauvaise fortune"
Penser aussi que celui qui vit dans l'abondance, s'il ne produit que des actions, des paroles, des pensées égoïstes, n'augmente pas le bien dans l'univers et ne se purifie pas, donc il se prépare un avenir malheureux.
Lui envoyer une pensée de compassion pour son ignorance.
Penser à la compassion illimitée d'un Bouddha pour le moindre être vivant et à son immense tolérance et sa pitié de l'ignorant.
Envoyer à soi-même,
A l'être aimé,
L'être indifférent,
L'adversaire,
des pensées de compassion, avoir pitié de leur ignorance et de leur peine.
Tâcher de réunir ces quatre personnes dans une unique pensée de compassion, sans faire la moindre distinction entre eux et soi-même. Continuer à déverser la compassion sur les quatre également.
Se dire : « Puisse-t-on échapper à toute souffrance, Puisse-t-on être heureux, garder le bonheur vivre sans inimitié. »

Terminer par la résolution de soulager et diminuer la souffrance autant que possible, et de ne point en créer pour la moindre créature vivante.

Mais il est bon, pour des personnes très sensibles, que les réflexions sur la souffrance auraient pu troubler, de méditer sur la Sérénité avant de sortir de la méditation.

Pour terminer la méditation : répéter les respirations courtes et longues puis les trois salutations.
Source : UBE




Définitions des termes pali : mettá, karuna, muditá, upekkhá, par le Vénérable Dhamma sami :

Nombreux sont ceux d'entre nous qui confondent les trois états de conscience que sont mettá, karuna et muditá. L'explication suivante devrait désormais écarter tout risque de confusion...

mettá est l'état de conscience favorable à un quelconque bénéfice (ou défavorable à un quelconque malheur) pour un être en situation* similaire à la sienne, ou en situation inconnue.

L'expression française la plus proche est probablement la "bienveillance".

karuna est l'état de conscience favorable à un quelconque bénéfice (ou défavorable à un quelconque malheur) pour un être en situation inférieure à la sienne.

L'expression française la plus proche est probablement "la compassion".

muditá est l'état de conscience favorable à un quelconque bénéfice (ou défavorable à un quelconque malheur) pour un être en situation supérieure à la sienne.

L'expression française la plus proche est probablement "la réjouissance du succès d'autrui".

Un moyen permettant de saisir encore mieux le sens de ces trois états de conscience consiste à songer à leurs contraires respectifs...

mettá est le contraire de "la haine", qui est l'état de conscience favorable à un quelconque malheur (ou défavorable à un quelconque bénéfice) pour un être en situation similaire à la sienne, ou en situation inconnue.

karuna est le contraire de "la cruauté", qui est l'état de conscience favorable à un quelconque malheur (ou défavorable à un quelconque bénéfice) pour un être en situation inférieure à la sienne.

muditá est le contraire de "la jalousie", qui est l'état de conscience favorable à un quelconque malheur (ou défavorable à un quelconque bénéfice) pour un être en situation supérieure à la sienne.

Enfin, upekkhá est l'état où la conscience n'est affectée par aucune sensation, ni physique ni mentale. Il n'y a donc ni dosa (aversion) ni lobha (avidité), mais n'empêche toutefois pas le píti (joie pure, dépourvue de tout attachement, lié au progrès sur la voie de la purification mentale).

Notamment, avec upekkhá, le mental demeure imperturbable (dans un sens comme dans l'autre) quelles que soient la mettá, la haine, la karuna, la cruauté, la muditá ou la jalousie que les autres peuvent développer envers soi.

L'expression française la plus proche est probablement "l'équanimité".

*Le terme "situation" signifie ici n'importe quelle type de situation : avancement sur la voie du dhamma, mais aussi situation professionnelle, richesse matérielle, santé, sécurité, etc.

Source dhammadana

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