vendredi 4 janvier 2008

Le blocage de la pratique spirituelle





Enseignement de Ajahn Sucitto

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AU DELA DE NOTRE LIMITE



Un blocage lié à notre vie

Il arrive parfois que, pendant des périodes plus ou moins longues, nous soyons confrontés à un blocage dans notre pratique spirituelle. Il s'agit en réalité d'un blocage lié à notre vie, d'une fixation basée sur des présomptions erronées et/ou des sentiments non résolus.
Plus ce blocage est résistant, plus il représente un défi par rapport aux idées que nous avons sur nous-mêmes, sur notre pratique spirituelle, sur notre contexte de vie et sur notre entourage.
Nous faisons tous l'expérience de ce genre de situation de temps à autre, à divers degrés d'intensité.


Dans la pratique du Dhamma, tout blocage est une occasion d'apprentissage

Or, dans la pratique du Dhamma, tout blocage est une occasion d'apprentissage mais à partir d'une perspective éclairée. C'est une occasion de lâcher-prise où l'abandon de soi doit être soigneusement maintenu pour être efficace.

Nous ne nous rendons pas toujours compte de cette nécessité jusqu'à ce que ce blocage - se dérobant à notre tentative de nous en débarrasser ou de l'interpréter - nous conduise à une « limite ». Cette limite est la limite de notre soi, au-delà de laquelle toute certitude et toute illusion de contrôler les situations s'effondrent. Lorsque nous arrivons à cette limite, le mental s'en détourne généralement très vite : soit nous faisons autre chose, soit nous opérons un transfert.
Il y a transfert lorsqu'une circonstance ou un contexte est rendu responsable de notre malaise.

Ainsi cette impression de malaise est reportée sur la situation dans laquelle nous nous trouvons : « Il m'est impossible de pratiquer compte tenu de la façon dont je suis traité (ou perçu) par les autres ».


Le blocage peut sembler provenir de notre entourage

Le blocage peut donc sembler provenir de notre entourage : ce sont les autres qui ne se comportent pas comme ils le devraient, les autres qui ne sont pas suffisamment compétents. Notre orgueil estime pouvoir et devoir juger autrui. Mais cette tendance compulsive à juger et à comparer ne fait qu'engendrer plus de souffrance tout en croyant que cela est vrai et nécessaire.

Ceci est une indication que quelque chose de plus primaire est en train de se produire car la compulsion n'est pas un processus rationnel.


Un orgueil négatif

D'autres fois le jugement reste en circuit fermé : nous sommes dominés par l'impression que
nous sommes fondamentalement incapables, fondamentalement imparfaits.
C'est un orgueil négatif, un orgueil qui affirme : « Je suis cela, cette incapacité ». Ensuite le mental part dans tous les sens : « Eh bien, suis-je réellement ainsi ? Et si oui, que puis-je faire ? ». Il se peut que ce type d'agitation empire au point que nous nous sentions obligés de faire quelque chose pour nous sentir capable à nouveau, confortable à nouveau. Le blocage nous propulse dans des activités qui le justifient comme le « soi personnel ». La recherche de soi est une activité compulsive (sankhara) qui diffuse et disperse (papanca). Elle diffuse et disperse la conscience vers l'extérieur, sur les multiples qualités et défauts de personnes et de choses comme le Bouddhisme, les différentes lignées, les différentes pratiques spirituelles et ainsi de suite.


La conscience se disperse vers l'intérieur

Ou bien la conscience se disperse vers l'intérieur : nous analysons notre caractère, notre esprit, notre histoire, notre passé, nos défauts et nos qualités. Cela se transforme en quelque chose de dense et de rigide ; nous sommes sur la défensive, ce qui renforce notre besoin figé d'être quelqu'un qui est quelque chose.


Le blocage dans le cadre de la routine quotidienne

Le blocage peut aussi se manifester dans le cadre de la routine quotidienne. Le fait de rendre service selon un schéma habituel préétabli est parfois l'occasion d'une mise à l'épreuve : nous pouvons nous rendre compte que nous ne sommes plus aussi spontanés, que nous ne nous sentons plus au top niveau ou bien nous avons l'impression que notre potentiel de développement est limité.

Ces conditionnements nous amènent aux limites de notre soi individuel - et nous n'apprécions pas cela. Endosser des responsabilités peut nous amener à une limite d'incertitude quant à notre propre valeur : « Suis-je assez bon ? Assez compétent ? Les gens m'approuvent-ils ? » .


La pratique du Dhamma ne nous confère pas un statut

La pratique du Dhamma ne nous confère pas un statut ; elle est avant tout faite des devoirs et rôles qui s'y rattachent. En effet, c'est là que peut se produire une ouverture capitale et une réalisation pour toute personne qui atteint sa limite et réussit à cheminer au-delà.

C'est seulement là que le noeud de la fixation sur le « soi individuel » peut se défaire.
Les relations avec les autres peuvent aussi représenter un défi par rapport à qui nous croyons être. Ainsi, dans la vie du Sangha, il est important de maintenir un sentiment d'engagement envers les autres, envers un lieu, envers une routine, envers une pratique spirituelle même si cela ne correspond pas toujours à nos choix personnels ; et aussi de préserver la confiance et la foi en chacun, même si nous ne nous sentons pas toujours parfaitement à l'aise les uns avec les autres - il y a toujours un peu de gêne, d'anxiété, de dissonance, de souffrance ou autre. Mais en réalité, notre engagement n'est pas vis-à-vis des gens, d'un lieu ou d'une routine en tant que tels ; l'important est que cet engagement produise un effet de levier par rapport à notre façon de nous accrocher aux choses, notre besoin de faire fonctionner les choses « à notre manière ».

Cela nous amène à notre limite tout en exigeant que nous trouvions de nouvelles ressources, que nous devenions plus grands que nous-mêmes, plus grands que notre confort, notre bonheur, notre efficacité et notre intelligence. La limite est l'endroit où il est possible non seulement de prendre conscience de l'aspect limité des conditions intérieures et extérieures mais encore de nous détendre en quelque sorte jusqu'au-delà de nous-mêmes.


Ce Dhamma est basé sur le lâcher-prise et sur la claire vision

Ce Dhamma est basé sur le lâcher-prise et sur la claire vision que ce lâcher-prise constitue la voie et la réalisation - juste cela, la capacité d'être le lâcher-prise, l'ouverture totale. Et ce Dhamma est axé sur ce qui surgit à l'instant présent et non pas sur une immense masse de résistances et de conditionnements. Il est basé sur ce qui se présente ici et maintenant. Dans ce contexte, le blocage paraît constituer une plus grande entrave à franchir que tout défaut particulier, tout obstacle ou souillure, parce qu'il nie à la fois le sens du lâcher-prise et le sens du momentané. L'énergie utilisée pour s'accrocher aux choses ouvre un énorme fichier mental de données sur soi et sur les autres.

Ensuite on doit recourir à d'innombrables outils pour analyser et traiter tout cela. Mais si nous
laissons le blocage nous amener à notre limite, il devient difficile de poursuivre cette démarche mentale jusqu'au bout parce que la limite de notre soi individuel est un endroit où nous ne sommes pas capables de produire une stratégie cohérente et convaincante qui puisse nous maintenir à flot.


Nous pouvons devenir déstabilisés, irrationnels et irritables

Nous pouvons devenir déstabilisés, irrationnels et irritables. Cet état de fait constitue tout à la fois le péril du blocage mais aussi son avantage potentiel si l'on arrive à négocier avec lui. Le problème se présente ainsi : « C'est quelque chose avec quoi je n'arrive pas à négocier dans mon mode de fonctionnement habituel. Si je pouvais y arriver, je ne serais pas coincé ! ». Or, précisément, si cela pouvait être résolu par moi, cela ne serait pas ce qui va au-delà de moi. Ce qui est requis est un changement de direction et un changement d'énergie. Ensuite il peut y avoir une ouverture sur quelque chose de plus grand, de meilleur, de plus illimité que nos mécanismes propres.

C'est dans ce processus que nous grandissons et que nous trouvons la paix. Il s'agit d'un changement d'énergie. Normalement nous essayons de diriger notre pratique spirituelle : nous avons un objectif, nous nous engageons, nous faisons des choses, nous les accumulons, nous les mettons de côté - nous passons ainsi beaucoup de temps à diriger et à faire évoluer notre pratique. Ceci est bien entendu essentiel pour attiser une sorte d'ardeur ainsi que pour tempérer et affiner notre intention.

Nous pouvons utiliser plusieurs formes de pratique du Dhamma - comme la méditation, le service, la renonciation - qui servent d'une part, à nous sensibiliser à cette énergie investie à figer les choses, d'autre part, à la contrer. Ces pratiques produisent toutes de l'ardeur, de la foi, de l'engagement et de l'énergie. Elles établissent le contexte de bonté qui nous permet d'avancer, même lorsque nos efforts s'épuisent et que nous n'arrivons plus à nous faire avancer par nous-mêmes.

Nous voici donc arrivés à un point de blocage qui va exiger de nous un réel lâcher-prise de l'action pour juste faire place à la confiance, porter notre attention sur la vertu et prendre refuge dans notre propre intégrité plutôt que faire marche arrière ou nous pousser en avant ou encore nous éparpiller dans un transfert quel qu'il soit. Les pratiques préliminaires préparent le terrain et sèment la graine.


Nous ne sommes pas reliés à la réalité de l'instant

Ensuite, nous nous recueillons dans les qualités du dhamma qui s'épanouissent en nous sous forme d'une nouvelle croissance.
Les facteurs bloquants sont toujours fortement émotionnels et l'émotion est crédible. Ce qui est émotif a de l'énergie, captive et convainc par son pouvoir d'évoquer, de stimuler et d'inciter à la fabulation mentale. Mais à la longue cette émotion et toutes les productions qui en découlent sont figées dans et par leur propre intensité. Nous pouvons alors nous rendre compte que sous ces convictions et ces histoires, nous ne sommes pas « présents », nous ne sommes pas reliés à la réalité de l'instant. Nous portons beaucoup de choses, nous nous alourdissons, nous commençons à nous figer ou à figer notre contexte en quelque chose de maladroit.

C'est le moment d'enquêter : quelle est la voix derrière l'émotion ? De qui ou de quoi s'agit-il ? Nous pouvons ainsi nous rendre compte de ce qui affecte réellement le mental. Quand nous commençons à percevoir et à reconnaître que ce « soi personnel » n'a rien d'unique, qu'il est un simple objet du mental, une étape est franchie puisque c'est dans cette perspective qu'il faut pratiquer. Ce sujet, cette personne, devient alors notre thème de méditation. La méditation classique permettant de relâcher l'énergie qui produit le « soi personnel » est brahmavihara : la conscience s'absorbe à développer et approfondir une empathie de soutien vis-à-vis du « soi personnel » qui est placé dans un cadre où on lui souhaite du bien tout en reconnaissant qu'il souffre. Il y a là un changement dans l'intention et dans l'énergie.

De cette façon, nous changeons notre façon de nous connecter. Nous n'essayons pas de changer notre soi apparent ou manifeste ni même de le comprendre, mais nous l'utilisons comme centre de référence autour duquel nous établissons la sphère brahmavihara de bonté aimante et la sphère de compassion. Il y a de l'espace pour nous relier à notre impuissance ou à notre négativité parce que nous voulons purement et simplement offrir bonté et compassion.


Tenir le blocage dans sa dimension corporelle

Une autre possibilité est de tenir le blocage dans sa dimension corporelle. Les deux travaillent
ensemble : la dimension corporelle et la dimension de l'émotionnel, de l'émotivité. En même temps que le blocage, vous ressentez inévitablement une certaine tension dans le corps, des perturbations dans les énergies ou même une perturbation encore plus viscérale, plus physique que cela.

Apprenez à vous asseoir et à passer en revue votre corps avec attention et plus particulièrement à vous ouvrir. Le blocage détient un pouvoir magnétique, un pouvoir d'engluer. Le corps peut devenir rigide. Vous pouvez vous sentir attiré vers le haut dans la tête, avoir le ventre noué ou bien des parties de votre corps disparaissent du champ de votre conscience alors que d'autres endroits sont perçus plus intensément. Essayez alors d'opérer un « balayage » du corps avec une grande attention, comme si vous vouliez faire de la sphère du corps un endroit où cette énergie puisse trouver une place où se poser, au lieu d'essayer de vous en débarrasser. Agrandissez l'espace de la sphère corporelle.

Saisir les choses et nous y accrocher a pour effet de nous mettre sous tension, de nous contracter. Soyez donc plus vaste que tout cela. L'impact sensoriel, l'isolement et les relations difficiles avec Soyez donc plus vaste que tout cela. L'impact sensoriel, l'isolement et les relations difficiles avec l'extérieur nous incitent à demeurer confinés derrière la barrière de notre peau : c'est ainsi qu'a pu naître l'impression que nous sommes « dans ce corps ».


L'attention portée au corps doit être pratiquée autant à l'intérieur qu'à l'extérieur

Lors d'une retraite, nous pouvons souhaiter pénétrer davantage en nous-mêmes, mais l'attention portée au corps doit être pratiquée autant à l'intérieur qu'à l'extérieur : ressentir le corps comme une entité subjective mais aussi comme une coupons de l'extérieur et nous montons dans notre tête. Le résultat est une rétraction de la conscience en un état d'engourdissement qui chez certains peut devenir habituel. Beaucoup de gens vivent comme cela la plupart du temps. Le corps devient engourdi et maladroit, il perd sa grâce ; les attitudes mentales et les émotions se paralysent. Les gens deviennent rigides, incapables de voir les choses comme elles sont réellement.

La pensée latérale, l'aptitude à jouer, à regarder autour de soi, à être ouvert et spacieux - toute cette souplesse et cette agilité sortent du champ de la conscience. C'est pourquoi ramener la sensibilité complète au corps est utile parce que la conscience mentale est liée à l'expérience somatique.


Agrandissez et ouvrez votre corps délibérément de sorte que l'énergie puisse mieux circuler.

Lorsque notre conscience peut accéder complètement au corps physique, nous pouvons percevoir le moment où le stress se manifeste sur le plan physique. Dans l'attention portée au corps, il est important de veiller plus particulièrement aux articulations où il y a encore de l'espace qui peut se perdre.
L'élément espace dans le corps a trait, avant tout, aux petits espaces entre les articulations et les tissus.

Lorsque nous sommes tendus, tout ceci a tendance à se contracter. Dans ce cas, ouvrez les mains, étendez les bras, relâchez les épaules, détendez les mâchoires qui se contractent aisément, libérez l'endroit entre le crâne et le cou qui a tendance à se fermer, à se bloquer. Agrandissez et ouvrez votre corps délibérément de sorte que l'énergie puisse mieux circuler.

Des états émotionnels et cognitifs vont s'ensuivre : il peut y avoir un relâchement ou de la compassion ou encore de la clarté lorsque vous débloquez votre corps. Parce qu'il est conscient, le corps sert de terrain pour travailler sur des endroits difficiles et tendus et en cela il est relié à la conscience qui se manifeste dans l'esprit.

Dans la sphère de la bonté aimante et de la compassion comme dans la sphère du corps ouvert, les choses deviennent légères et libres. On est capable de vérifier le processus de pensée, de le ralentir ou de l'analyser. Ainsi, l'intention qui engendre le blocage peut se transformer.

Il se peut que l'on se soit engagé dans une certaine direction, que l'on ait certaines aspirations. Le problème ne vient pas du fait que nous engendrons une intention et que nous la dirigeons - ce qui joue un rôle majeur dans la pratique du Dhamma - mais que la qualité de volonté porte en elle ses aspects maladifs ou de détresse. Ainsi l'impatience et un certain besoin de succès, d'idéal et d'excellence accompagnent notre aspiration sincère.


Le Dhamma se dévoile au fur et à mesure

En tant qu'êtres non éveillés nous ne voyons pas que le Dhamma se dévoile au fur et à mesure comme un processus allant vers le « non soi » plutôt que comme une réussite personnelle. Et ce que le blocage représente vraiment, c'est la fin de notre capacité d'aller de l'avant, de faire marcher nos stratégies d'adaptation. Quand nous nous heurtons à ce point de blocage, nous ne pouvons plus utiliser notre volonté de la même manière.

Notre attention doit être redirigée sur le fait d'être présent à la situation telle qu'elle est ici et maintenant.

Comme l'a dit le Bouddha : « Les émotions dans les émotions, le mental dans le mental ».
Et là, étonnamment, dans cet état de contemplation non agissante, nous prenons conscience que l'attention est en elle-même une activité utilisatrice d'énergie.

L'attention est normalement quelque chose qui est tellement dirigée par la volonté que nous ne voyons pas qu'elle requiert de l'énergie. Et pourtant il en faut pour s'occuper de quelque chose, pour l'écouter et pour s'y concentrer. L'attention est quelque chose qui bouge autour d'un objet : elle le scrute, le survole, le redécouvre. Regardez ce morceau de bois ou bien pensez à quelque chose ou écoutez quelque chose. Observez comment votre attention évolue d'un moment à l'autre. Il se passe quelque chose, n'est-ce pas ? Voyez-vous de nouvelles facettes ? Vous regardez les choses de différentes façons, vous adoucissez votre attention, l'attention s'avance et scrute. Elle a son propre mouvement. C'est sankhara, une énergie active. Mais, si elle est bloquée dans un endroit, c'est alors l'attention qui nous aide, plutôt que le souhait de nous en sortir ou de comprendre.


Il convient d'accorder une pleine attention à la situation

Il convient d'accorder une pleine attention à la situation, de sentir, d'écouter, de retourner les choses jusqu'à ce que nous sortions de cet état de paralysie, de cette hostilité ou de ce schéma de comportement réactif qui nous incite perpétuellement à essayer de faire quelque chose pour que ça change. A la limite de notre capacité de produire et de faire, l'attention pure doit prendre la relève : il faut juste développer une pleine et entière attention.

En étant très attentifs nous découvrirons peut-être de nouvelles facettes à cet état complexe dans lequel nous met l'expérience de blocage et nous pourrons aussi être simplement attentifs au fait d'être attentif. Nous ressentons peut être de l'agitation, de la peur ou de l'incertitude, et il est possible que nous y associons toutes sortes d'histoires. Lorsque nous portons notre attention à cet état, nous constatons peut-être une sensation de chaleur liée à l'émotivité ou des mouvements, des symptômes physiques et des processus de pensée qui se manifestent en liaison avec le blocage; mais cette fois, grâce à l'attention, ces phénomènes ne nous engluent plus.


Arrivez à un état de conscience pure

Il y là une forme d'enseignement. Et puis si vous continuez à prêter attention et à lâcher prise, vous arriverez à un état de conscience pure. Cette conscience est comme un savoir calme qui ne juge pas, qui ne fait pas agir. C'est une sensation d'espace. L'expérience complexe de blocage est, à ce stade, vécue comme un dhamma, juste un canevas. C'est un canevas qui fait partie d'un plus grand canevas que j'appelle le « soi personnel ». Mais lorsqu'il est perçu comme un canevas, le « soi individuel » en est ainsi ôté et tout se débloque. Il y a alors une ouverture sur un espace qui est non-soi mais aussi intime et empathique.


Le blocage constitue un passage obligé pour enrayer l'orgueil

C'est ainsi que ce paradigme ou cette situation fâcheuse de blocage constitue un passage obligé
pour enrayer l'orgueil, les « je suis », « vous êtes », « je ne suis pas » et tous les jugements de valeur qui peuvent se manifester. Ce « soi individuel » est perçu comme un assemblage de dhammas qui surgissent puis retombent. Le blocage et la saisie peuvent nous amener au-delà - si nous arrivons à les ressentir, à les traiter avec l'attention, à les voir tels qu'ils sont.

Traduit par Patricia Rollier

source : lerefuge

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci Kathy de nous faire partager ces texte de Ajahn Sucitto.

C'est Phra Frank, moine américain résidant au Wat Sanghattan de Nonthaburi, près de Bangkok, qui m'a fait découvrir les Enseignements de Ajahn Sucitto. Celui-ci est pour Phra Frank un guide pour sa pratique dans la tradition des moines de la Forêt.

En créant un blog tout récemment, j'avais l'ambition de partager mon expérience vécue lors de mes retraites dans des centres de méditation et dans des monastères en Thailande; ainsi que durant la période que j'ai passé en tant que moine, dans un "wat pha" (monastère de la forêt).

Je ressens hélas beaucoup de difficultés à mettre tout cela par écrit...un blocage qui m'empêche de faire sortir de moi ces expériences qui restent pour moi capitales dans mon existence.

avec bienveillance,
hervé

Catherine a dit…

Merci d'être passé isara.
Raconter son expérience personnelle c'est difficile, d'autant plus que notre ressenti change tout le temps. Mais cela nous oblige à être honnête avec nous même avant de l'être avec les autres.