vendredi 22 février 2008

Réflexions de Bikkhu Buddhadasa sur le "Néo-Bouddhisme"




Ci après un enseignement du vénérable BUDDHADASA


  • Une Brève biographie : ICI 
  • J'ai déjà présenté ce moine plus longuementICI 


Rappel

Pour Le Venérable Dr. Rewata Dhamma (Auteur du livre "Le Premier enseignement du Bouddha")  : 

"Ajahn Buddhadasa était l'un des plus grands professeurs contemporains en Thaïlande. Ses enseignements, idées et points de vues étaient controversés pour les bouddhistes thaïs traditionnels. En Thaïlande et d'autres pays du Bouddhisme Theravada, le bouddhisme est bien établi, et la plupart des enseignements sont basés sur des interprétations traditionnelles des textes de Pali. Quiconque s`écarte de cette interprétation traditionnelle, devient immédiatement controversé.
Ajahn Buddhadasa était courageux et n'a eu aucune hésitation à exprimer publiquement ses pensées et sentiments, que les gens aient étés d'accord avec lui ou pas.
Néanmoins, ses enseignements sont maintenant largement acceptés par les intellectuels en Thaïlande, et même ceux en dehors de la tradition de Theravada."




extrait de : « Handbook for Mankind » (”Manuel pour l’humain”, traduction par isara) 


Manuel pour l'humain

« Bouddhisme » veut dire « enseignement de l’Eveillé ». 

Un bouddha est une personne éveillée, un être qui connaît la vérité de toutes choses, un être qui connaît la vraie nature de toutes choses. 

Le bouddhisme est une religion basée sur l’intelligence, sur la science, la connaissance et dont le but est la destruction de la souffrance et des racines de la souffrance.

Tous les hommages rendus à des objets sacrés par l’exécution de rites et de rituels, par l’acquisition de mérites ou les prières ne font pas partie du bouddhisme. 

Le bouddha rejetait tout cela, comme étant ridicule et insensé. Il rejetait aussi les créatures célestes qui étaient considérés par certains groupes comme étant les créateurs de l’univers et les déités supposées résider chacune dans une étoile.

Ainsi, le Bouddha a déclaré : « Si l’eau des rivières (comme le Gange) pouvait laver les pêchés et la souffrance, alors les tortues, les crabes, les coquillages et les poissons vivant dans ses eaux devraient depuis longtemps être libérés de leurs péchés et de la souffrance. »

Et aussi : « Si un homme peut éliminer la souffrance en faisant des mérites, en rendant hommage et en priant, il ne devrait plus y avoir aucun sujet de souffrance dans le monde car n’importe qui peut rendre hommage et prier. Cependant, les gens restent sujets à la souffrance malgré toutes leurs actions d’obéissance, leurs hommages et tous leurs rituels ; ceci démontre bien que ce n’est pas le chemin pour atteindre la libération. »

Pour atteindre la libération, nous devons d’abord examiner attentivement les phénomènes afin de connaître et comprendre leur vraie nature. Ceci est l’enseignement du bouddhisme ; celui que nous devons apprendre et avoir présent à l’esprit.


Le bouddhisme n’a rien à voir avec les prosternations et la déférence à des objets inanimés

Il n’a rien à voir avec des rites et des cérémonies tels les aspersions d’eau bénite ou quoi que se soit d’autres en rapport avec les esprits et les êtres célestes. Au contraire, il s’appuie sur la raison et la vision intérieure. 


Le bouddhisme ne repose pas sur des conjonctures et des suppositions

 il demande que nous actions en accord avec ce que notre propre vision intérieure nous révèle, et de ne pas prendre les paroles d’autrui pour argent comptant. Si quelqu’un vient et nous dit quelque chose, nous ne devons pas le croire sans questionner. 

Nous devons écouter ses positions et les examiner. Alors seulement, si nous pensons que c’est une position raisonnable, nous pouvons l’accepter provisoirement et essayer de vérifier si cela peut nous convenir. Ce point-clé est crucial, et qui distingue le bouddhisme de toutes les autres religions du monde.

Une religion a plusieurs faces. Vue sous un angle, elle a une certaine apparence, vue sous un autre angle, elle aura une autre apparence. Beaucoup de gens regardent les religions sous un mauvais jour ; le bouddhisme ne fait pas exception. 

Différents individus regardant le bouddhisme avec des attitudes mentales différentes sont susceptibles d’avoir des visions différentes du bouddhisme. Car tous, nous avons confiance dans nos propres opinions, la vérité pour chacun de nous coïncide avec nos propres compréhensions et nos points de vue.

En conséquence, « La Vérité » n’est pas tout à fait la même pour tout le monde. Chacun approfondit les questions à des degrés différents avec différentes méthodes et avec des niveaux de compréhension divers. Une personne peut ne pas reconnaître comme vraie, en fonction de sa propre idée de la vérité, quelque chose qui se situe au-delà de sa propre intelligence, de sa propre capacité de compréhension.

Parfois même, il peut suivre les idées que d’autres personnes pensent être la vérité tout en sachant en lui que ce n’est pas la vérité qu’il a vu par lui-même. La conception individuelle de la vérité peut changer et se développer au fur et à mesure que s’accroît son degré d’intelligence, de connaissance et de compréhension, jusqu’à ce que, avec le temps, il arrive à la vérité ultime ; et pour y parvenir, chacun de nous a différentes manières pour examiner et tester avant de croire.

Si le bouddhisme est vu avec différents niveaux d’intelligence et de compréhension, différentes descriptions pourront en être données tout simplement par ce qu’il peut être vu sous différents aspects. Comme nous l’avons dit, le bouddhisme est une méthode pratique pour se libérer par soi-même de la souffrance, par la compréhension de la vraie nature des phénomènes, comme le Bouddha en son temps le fit lui-même.

Bien sûr, chaque texte religieux est susceptible de contenir des ajouts faits plus tardivement, et notre Tipitaka ne fait pas exception à la règle. Certains, à une époque postérieure à la rédaction initiale ont ajouté des sections basées sur les idées de leur temps, à la fois pour stimuler la confiance des gens ou pour atténuer le zèle religieux de certains. 

Hélas, des rites et des rituels qui ont été ajoutés se sont amalgamés à la tradition originelle et sont maintenant acceptés et reconnus comme faisant parties intégrante du bouddhisme. 
Des cérémonies, comme les plateaux de sucreries et de fruits qui sont offerts à « l’esprit » du Bouddha, de la même manière que la nourriture est offerte aux moines, n’ont rien à voir avec les principes du bouddhisme.

 Certains groupes cependant considèrent ceci comme faisant partie de la pratique du bouddhisme véritable, et perpétuent ces pratiques.

Ces rites et ces cérémonies sont devenus si nombreux qu’ils ont complètement occulté le bouddhisme véritable et ses enseignements originaux. 

Prenez la procédure d’ordination des moines, par exemple. Avec le temps, cela est devenu une cérémonie pour faire des cadeaux aux bhikkhus nouvellement ordonnés. Les invités viennent apporter de la nourriture et suivre le déroulement de la cérémonie, tant et si bien qu’il y a plein de bruits et des personnes fortement alcoolisées. Les festivités commencées au foyer se poursuivent au temple.

Après quoi, le nouveau bhikkhu quitte les ordres quelques jours à peine après son ordination et bien souvent déteste la religion bien plus qu’avant.

Il faut vous mettre dans la tête que rien de tout cela n’existait du temps du Bouddha. Ce n’est qu’un développement tardif

L’ordination au temps du Buddha signifiait simplement qu’un individu qui avait obtenu le consentement de ses parents, renonçait à sa maison et à sa famille. C’était une personne qui pouvait mettre en règle toutes ses affaires et qui s’en allait rejoindre le Bouddha et l’Ordre des bhikkhus. Lors d’une occasion propice, il s’en allait pour être ordonné et bien souvent, il ne revoyait plus sa famille, le reste de son existence. Parfois, certains bhikkhus pouvaient revenir visiter leurs parents à de rares occasions, mais cela n’était pas fréquent.

Il existe une règle permettant au bhikkhu de retourner à la maison lorsque les circonstances le demandent ; mais à l’époque du bouddha, cela ne se faisait pour ainsi dire pas.

A l’époque, les bhikkhus ne recevaient pas l’ordination en présence de leurs parents. On ne se faisait ordonner lors d’une grande occasion pour quitter la Sangha dans la semaine qui suivait comme cela se fait de nos jours.

Tous ces cadeaux remis au nouvel ordonné, toutes ces cérémonies incluant toutes sortes de rituels – tout cela que nous sommes assez fous pour englober sous le nom de « bouddhisme » !… Et nous laissons faire cela sans rien dire et acceptons de dépenser notre argent et celui d’autrui dans de telles cérémonies.

 Ce « Néo-Bouddhisme » se répand au point de devenir universel

Le Dhamma, l’enseignement originel qui primait sur tout, a été supplanté par tous ces rituels, au point que les buts du bouddhisme s’en trouvent dénaturés et modifiés.

 L’ordination par exemple est devenu un rite de passage pour le jeune homme qui cherche une épouse (avoir été ordonné est considéré comme un signe de maturité) ; elle peut aussi être donnée à d’autres occasions pour d’autres motifs (il est fréquent de voir un homme politique désavoué se faire moine, le temps que l’affaire le concernant se tasse). 

Dans certains endroits, l’ordination est vue comme une opportunité pour se faire de l’argent. Certains on même pu devenir riche de cette manière ! Même cela, ils appellent cela : le Bouddhisme ! Et quiconque voudrait les critiquer se verrait traité de mécréant et d’opposant au Bouddhisme !


Source : Blog d'isara : extrait de: “Handbook for Mankind” (Manuel pour l’humain) de Buddhadasa Bhihhku (moine) - traduction par isara

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