mardi 5 février 2008

L'approche de la mort dans le Bouddhisme









Ci après des extraits de "L'approche de la mort dans le Bouddhisme" par Trinh Dinh Hy


Plan de ce message :

- Introduction
- L'approche de la mort dans le Bouddhisme théravada
- Et Dans les trois branches du Bouddhisme Mahayana
- Conclusion



Introduction

La Mort n'est qu'une manifestation de l'impermanence des phénomènes

La mort est une question importante qui nous accompagne pendant toute la vie, et qui ne cesse de nous interpeller jusqu’au dernier souffle.(...)

la mort n’est qu’une manifestation de l’impermanence des phénomènes. Et l’impermanence, c’est la marque du temps, le temps qui est une dimension inhérente aux choses. Il ne peut y avoir de vie sans mort. Ainsi, méditer sur la mort n’est rien de plus que de méditer sur la vie.

(...)

Les points de vue bouddhistes sur la mort présentent quelques nuances selon les traditions bouddhiques, bien que partageant une base commune, l’enseignement originel du Bouddha Gotama.


L'APPROCHE DE LA MORT DANS LE BOUDDHISME THÉRAVADA


Contrairement à une notion répandue, le Bouddha a très peu parlé du devenir après la mort, notamment du samsâra, qui est une conception répandue dans l’Inde ancienne bien avant son arrivée.

Le Bouddha était préoccupé seulement par la souffrance dans laquelle étaient plongés les êtres humains de leur vivant, et leur indiquait le chemin de la délivrance.

Telle était la signification de son premier sermon  sur les 4 Nobles Vérités qui forment l’enseignement de base du bouddhisme : la souffrance (dukkha), l’origine de la souffrance (samudaya), et son extinction (nirodha), par le chemin (magga) qui est l’Octuple Sentier de la Sagesse.

La mort faisait partie de cette souffrance universelle, comme l’immense douleur que chacun éprouve devant la disparition d’un être cher. (...)

Pour le Bouddha, il ne faut pas s’égarer inutilement dans les spéculations métaphysiques, et perdre son temps dans les interrogations sans réponse, mais plutôt se préoccuper de se libérer de ses souffrances, ici et maintenant. (...)

Dans les textes anciens, notamment le Dhammapada, on retrouve souvent l’allusion à Mara, le Seigneur de la Mort. C’est aussi le symbole du mal, des passions qui enchaînent l’homme et qui entravent sa progression vers la délivrance.

Le Bouddha quant à lui, n’a jamais fait de miracle, il n’a jamais ressuscité personne.

L’histoire de Kisa Gautami est à ce titre édifiante:

Cette jeune femme venait de perdre son unique enfant, et dans son immense douleur vint déposer le petit corps aux pieds du Bouddha, en l’implorant de ramener celui-ci à la vie. Le Bouddha la regarda avec une grande compassion, et lui demanda d’aller chercher une poignée de graines de moutarde, dans une maison où il n’y a jamais eu de mort. Kisa errait ainsi de maison en maison quémander ces graines, mais partout la réponse était la même : chacun était disposé à lui donner la poignée de graines, mais aucun foyer n’était exempt de deuil, ici un enfant, là un mari, ailleurs une grand’mère... Finalement, elle revint auprès du Bouddha, épuisée mais apaisée par la prise de conscience qu’elle n’était pas la seule à souffrir d’un deuil, et que la mort était le lot de tous les vivants. Elle demanda alors au Bouddha de la prendre comme disciple et parvint plus tard à l’état d’Arhat, c’est-à-dire Eveillé

(...)

Pour le Bouddha, la maladie, la vieillesse et la mort sont des phénomènes naturels, auxquels ne peut se soustraire aucun être vivant, y compris lui-même (...)

A son plus proche disciple, Ananda, qui s’inquiétait de sa santé et du devenir de la Sangha, il répondit : 

« Ô Ananda, je suis usé, âgé, vieux et chargé d’années. Je suis arrivé à la fin de
mes jours. Je suis âgé de quatre-vingts ans. Tout comme un vieux char qui ne peut servir qu’à grand renfort de courroies, je perçois que mon corps ne peut marcher qu’à l’aide de soins...
».

Il continuait néanmoins à enseigner jusqu’à ses derniers instants, en invitant à plusieurs reprises ses disciples à poser des questions s’ils avaient encore quelque doute ou perplexité (...)

Les dernières paroles du Bouddha (avant de mourir) furent :

« Tous les phénomènes conditionnés sont sujets à l’impermanence. Soyez persévérants, ne relâchez point vos efforts. »

A elle seule, cette phrase pourrait résumer l’enseignement originel du Bouddha sur l’attitude à prendre devant la mort :

comprendre profondément l’impermanence (anicca) et le non-moi (anatta), lesquels forment avec la souffrance (dukkha) les trois Sceaux de l’existence (tilakkhana) ; et persévérer dans la pratique du Dhamma (pali) ou Dharma (sanskrit), c’est-à-dire le chemin qui mène à la délivrance. (...)

Ainsi, comme il a été rapporté dans une stance du Dhammapada :

« Celui qui considère son corps
Comme un mirage,
Comme un flocon d'écume,
Parviendra à ne plus voir la mort. »

  • Lire sur ce blog : le samsara : ICI 


L'APPROCHE DE LA MORT DANS LE BOUDDHISME MAHAYANA


1 Dans le Le Vajrayana

(...) dans ses fondements, il partage le même enseignement originel du Bouddha, mais s’appuie aussi sur l’enseignement de l’Ecole du Milieu (Madhyamaka) ou de la Vacuité (Shunyatavada) de Nagarjuna, et de l’Ecole Rien que Conscience (Vijñanavada ou Yogacara) d’Asanga et Vasubandhu.

Néanmoins, probablement en raison de l’influence de la religion autochtone Bön, il attache beaucoup plus d’importance à la renaissance, comme la reconnaissance de tulkus dans des enfants nés après la disparition de lamas plusieurs années auparavant.

Pour le Vajrayana, une étape cruciale de cette renaissance est le bardo (entre-deux), état de conscience intermédiaire entre la mort physiologique et le véritable départ dans l’autre monde.

Ainsi au chevet d’un mourant, on commence la lecture du Bardo-Thodöl (Livre tibétain des morts) et on la poursuit pendant sept semaines (qui est la durée maximale du bardo), même lorsqu’il apparaît un état d’inconscience. Il est important que le mourant se rappelle ses bonnes actions et qu’il puisse ainsi aller à la rencontre de la mort dans le sentiment d’une totale confiance à l’égard de sa vie écoulée. On évite tout pleur et toute lamentation de la part de la famille, de façon à ne pas perturber son esprit et à lui assurer une mort paisible, et par là une bonne renaissance. (...)


2) Pour la branche Jing Du (Terre Pure)


fondée essentiellement sur la foi-dévotion en le Bouddha Amitabha (...)

Par la dévotion, les bonnes actions et les mérites, les prières, la répétition du nom de Bouddha (niàn fo, nembutsu, niêm Phât), la récitation des mantra et darani, chacun espère améliorer son karma et être accueilli à sa mort par le Bouddha Amitabha dans son pays de Félicité.

Ainsi la mort peut être attendue sereinement, grâce à l’espérance en un passage à la vie éternelle, un peu comme dans les religions monothéistes, mais dans un esprit, il faut le reconnaître, assez éloigné de la doctrine bouddhique originelle (...)



3) Le Chan (Zen ou Thiên tông)

(...) a une vision différente, inspirée des Prajña-paramita Sutra (Perfection de Sagesse), de la notion de Vacuité (Shunyata, Không), et née de la pratique de la méditation, visant directement l’esprit, au-delà de la pensée discursive.

Les maîtres Zen avaient l’habitude de laisser avant de mourir des gathas, courts poèmes constituant chacun un véritable enseignement posthume, et dont l’esprit peut être résumé en quelques mots : simplicité, naturel, lâcher-prise. (...)


Conclusions

Pour le bouddhiste, la meilleure vie est la vie juste, en suivant l’Octuple Sentier de la Sagesse enseigné par le Bouddha Gotama. L’important est d’avoir une vue juste des choses (samma-ditthi), de se débarrasser de l’ignorance (avijja), avec ses deux composantes majeures : l’illusion de la permanence et l’attachement à l’ego.

Il ne s’agit pas là d’un discours purement intellectuel, mais d’une pratique spirituelle, d’un entraînement mental nécessitant discipline et persévérance durant toute une vie.

L’exemple de grands maîtres bouddhistes montre que le développement de la compréhension profonde (pañña) et l’amour-compassion (mettakaruna), leur a conféré une énergie spirituelle et un détachement tels qu’ils ont toujours abordé la mort avec une joie sereine, en la transcendant complètement. (...)

  • Source : L'approche de la mort dans le Bouddhisme : Lire le texte en entier (format PDF) : ICI

  • LIRE aussi Un autre texte sur la mort : La mort dans le Bouddhisme (format PDF) : LA

1 commentaire:

Michel a dit…

je devrais venir plus souvent sur ton blog, Katty... car il est une mine

j'y découvre que le bardo thodol n'est pas un enseignement de reference du Bouddha, mais seulement bouddhiste tibetain

dans le même esprit que penser des 6 royaumes, décrits dans la roue de la vie?

j'ai participé à plusieurs enseignements du bouddhisme tibetain sur le Karma , la mort et la renaissance, et j'ai eu la désagréable impression que tous les enseignements sont axés sur la peur d'une renaissance inferieure.

Dieux, demi Dieux, esprits avides ou infernaux je n'ai rien trouvé de semblable dans le zen...(mais je n'ai pas tout lu...) qu'en est il dans le théravada?

un lotus pour toi

Michel