lundi 9 juillet 2007

Retraite vipassanà, 3e jour



La première marche et la première assise de la journée ont été bien déprimantes, je n’ai fait que pleurer, sans même observer cet état d’esprit.

Il avait été convenu qu’il n’y aurait pas d’entretien ce jour-là.

Après le petit-déjeuner où je n'ai rien pu avaler, je me sentais si mal, que j’ai demandé à avoir un entretien avec le Vénérable. Il venait de terminer son petit-déjeuner dans la salle de méditation. Je suis entrée, je me suis prosternée 3 fois, très lentement.

Au début de cet entretien, j’étais en pleurs, comme une enfant et tout ce que je savais dire au Vénérable U
Pannathami c’était : “ j’ai perdu ma concentration".
Puis, je lui ai exposé, en quelques mots, ce que je ressentais pour le
dhamma, qui avait pris une importance particulière dans ma vie. Je me demandais même, comment j’avais pu vivre sans lui toutes ces années auparavant. J'avais l'impression d'avoir fait du chemin car j'étais partie de loin, puisqu'il y a quelques mois encore, j'étais incapable de rester assise sur une chaise pendant quelques instants, sans bouger. J'étais une personne incroyablement nerveuse, souffrant constamment depuis des années, à cause de hernies discales lombaires et cervicales.
Lorsque j'ai commencé à pratiquer, je me suis calmée sans m'en rendre compte, mais beaucoup de personnes autour de moi ont remarqué la différence. Et puis surtout, je pouvais rester plus d'une heure assise en demi-lotus sans bouger.
Je devais subir une intervention chirurgicale importante, en février 2007, à cause d’une hernie discale cervicale à l'origine de souffrances atroces. La date de l’opération avait même été arrêtée. Mais, lorsque j'ai indiqué au Chirurgien que la douleur avait disparu, il a décidé d'annuler l'opération.

Je reste persuadée que c'est grâce à la méditation et au calme retrouvé que la douleur a disparu.

Le Vénérable U
Pannathami m’a rassuré, en me disant que c’était normal que je réagisse comme cela lors d’une première retraite, mais que je devais me ressaisir. Il me suffisait pour cela, d’observer tout simplement et de noter: si je pleurais, je devais noter “pleurer pleurer” et observer tout ce que je ressentais. Peu à peu ma concentration allait revenir parce que, de toute évidence, ma foi en le Dhamma était particulièrement forte. Il a ajouté que je serai bientôt une très bonne méditante, la qualité de mon rapport était excellente et c’était rare pour une méditante débutante.

Après cet entretien, je me suis sentie réellement mieux et j’ai pu, non seulement retrouver ma concentration, mais ma pratique est devenue encore meilleure et au cours des jours qui ont suivi je n’ai plus jamais connu de moment où je me suis senti angoissé, bien au contraire.

J’ai trouvé un calme et un bonheur intérieur que je n’avais jamais connu auparavant.

Les encouragements sont donc essentiels au cours d’une retraite intensive même si elle ne dure que 10 jours.


Rappel de ce qui compte durant une retraite :
La détermination
Voici ce qui compte le plus : avoir de bonnes déterminations et s'y maintenir autant que possible
Adopter et entretenir une conduite aussi pure que possible. Il convient de s'efforcer de ne jamais relâcher l'observation des huit préceptes. Si cela représente pour nous une tâche difficile, nous devrions tenter de nous y entraîner au mieux avant la retraite. Plus notre síla (la vertu) est grand, plus notre retraite sera propice. Le respect d'une conduite irréprochable est un facteur absolument indispensable au succès d'une retraite vipassaná.
Maintenir constamment son regard vers le bas (en dehors de cas exceptionnels, comme vérifier l'heure sur une horloge ou regarder avant de traverser une route), sans jamais détourner la tête, même si un avion s'écrase derrière soi. Si elle est correctement appliquée, cette détermination a à elle seule le pouvoir d'entretenir et d'accroître la vigilance et l'attention que nous développons durant notre retraite.
Observer attentivement ce que nous percevons, quoi qu'il arrive. Même durant les plus grandes douleurs, les plus grandes sensations d'inconfort (trop chaud, dévoré par les moustiques, des courbatures et des démangeaisons insoutenables...), les plus grands découragements, les plus grandes craintes, les plus grandes torpeurs et les plus grandes tristesses, tout doit être soigneusement observé, sans bouger pendant l'assise, sans s'agiter, avec patience. Là est sans aucun doute la qualité première du yogi sérieux : la patience. Dans les moments les plus difficiles, il suffit, pour retrouver un peu de motivation, de penser à Bouddha qui, pendant un nombre effroyable d'existences, éprouva des situations autrement plus pénibles (et parfois à un point inimaginable) tout en demeurant parfaitement patient et bienveillant ; tout cela pour parvenir à être capable de découvrir par lui-même le précieux dhamma et nous en délivrer « tout cuit » l'enseignement.
Demeurer dans l'observation attentive de manière continue. Ne jamais cesser un seul instant, même dans les plus grands moments de fatigue, quitte à avoir le front posé sur le genou. L'important n'est pas la posture, mais le fait d'observer les objets qui apparaissent à la conscience tels qu'ils apparaissent et au moment où ils apparaissent. Considérons que l'observation attentive est aussi capitale au succès de la retraite que la respiration est indispensable à la vie.
S'interdire de parler, de lire ou de recevoir des visites, même pour un seul instant. Nous nous permettons de parler uniquement lorsque cela est directement lié à notre retraite, comme les entrevues avec l'instructeur. Si quelqu'un nous adresse la parole, on l'ignore purement et simplement, sauf, bien entendu, s'il s'agit d'un motif obligatoire, ou lié à sa propre retraite. Dans les centres de méditation, les yogis sérieux constituent généralement une infime proportion au milieu des autres participants. Il est donc primordial, si nous voulons une retraite fructueuse, de ne pas prêter attention aux autres yogis, notamment, de ne pas penser qu'il n'y a rien de très nuisible à se laisser un peu aller sous prétexte que les yogis qui nous entourent se laissent beaucoup aller. Naturellement, le yogi sérieux refuse toute communication extérieure pendant sa retraite, y compris par téléphone.
Par Vénérable Dhamma sàmi



4 commentaires:

Anonyme a dit…

En lisant ce récit j'ai d'un coup honte de moi-même vis à vis de la richesse d'expérience qu'une débutant comme toi m'apporte à moi, pratiquant méditant depuis plus d'une dizaine d'année. Mais que veux tu ? Ainsi est fait le karma, c'est pas l'âge physique, ni les années d'expériences qui comptent, mais la capacité de compréhension et le fruit de notre réalisation. Telle est la dure loi du Samsara.

J'ai presque les larmes aux yeux en écrivant ces lignes.

Catherine a dit…

En même temps je n'ai plus 20 ans....
A ce sujet, durant l'entretien privé que j'ai eu avec le moine, il m'a dit que j'avais déjà pratiqué dans des vies antérieures.

Anonyme a dit…

20 ans ou plus ne change en rien à ton karma. :-)

Anonyme a dit…

bonjour Kathy,
merci pour ce généreux blog qui appelle à méditation.
Je découvre avec intérêt et joie