dimanche 13 janvier 2008

Bouddhisme et Politique




Plan du message


1) bouddhisme engagé et politique.

2)Le Bouddha et son enseignement pour les rois universels.




1) BOUDDHISME ENGAGÉ ET POLITIQUE









Ci après un article du site Karuna



Disciples laïcs du bouddha, il nous appartient d’ œuvrer à la justice et à l’éradication de la misère...



Un acte politique


On ne doit pas s’illusionner, s’engager au coté des peuples opprimés, défendre le droit à la vie et à la dignité des mal nourris, mal logés..., défendre la liberté c’est faire un acte politique...

S’il y a autant d’injustice sociale c’est qu’il y a une politique qui fonctionne mal... Le bouddhiste engagé assume sa responsabilité pleine et entière de citoyen, citoyen d’un pays certes mais aussi du monde...

S’il y a autant de misère et d’injustice c’est que certains s’approprient les biens au détriment de ceux qui en ont besoin... et cela ne se passe pas qu’en Birmanie...




De multiples exemples


L’eau est devenue une marchandise et des populations entières en sont privées.. ;

Les bio-carburants qui semblaient être une solution pour la planète vont affamer des populations entières, pour le profit de quelques uns...

(...)

On a versé des subventions aux paysans pour mettre leur champ en jachère, aujourd’hui le prix du blé a triplé et même le prix des pâtes qui sont l’alimentation de base de 13 millions de français pauvres, augmente sans cesse .. ;

La spéculation sur l’immobilier a jeté à la rue des milliers d’américains qui ne peuvent plus rembourser les traites de leur maison... C’est en Californie, ce pays vanté pour son écologie...

Dans de nombreux pays la peine de mort n’est pas abolie...

La spéculation sans vergogne est devenue la loi de la mondialisation... cette manière de piller des populations entières au profit de quelques uns...

La seule solution pour guérir la planète de la guerre, de la pollution, de la misère... c’est de faire pression non seulement sur les gouvernements, mais aussi sur les trusts etc...

La consommation , tant que nous en avons les moyens, est un acte politique...



Quitter l’aveuglement et l’ignorance


Le bouddhisme engagé c’est quitter l’aveuglement et l’ignorance...

C’est vouloir connaitre et savoir, connaitre et voir...c’est se former

Parler de la réalité sociale semble assez difficile pour les bouddhistes, comme si le discernement et la clairvoyance qu’ils essaient d’exercer pour eux mêmes ne s’appliquaient pas à la vie sociale...


Si nous ignorons tout de l’histoire, de la situation sociale, nous serons seulement capables de répéter ce que disent les médias, d’entrer dans des jugements tout faits. Nos engagements humanitaires seront sans discernement et nous ferons simplement le jeu des puissants qui ne pensent qu’à distraire l’attention...



Changer de logique et de terrain


Le bouddhiste engagé est un bouddhiste éclairé.. ; il change de logique et de terrain... son point de vue est celui des pauvres et des défavorisés...

Il s’engage face aux gouvernements et aux grands de ce monde...

  • Ne pas violer les préceptes...

"En fait, participer à tout le système de consommation c’est déjà risquer, à chaque instant, de violer les trois premiers préceptes ! Quant au quatrième, s’abstenir de paroles mensongères ou incorrectes, c’est particulièrement difficile dans un monde fondé sur la communication publicitaire et la propagande politique... En fait la souffrance, qui, certes, pouvait être souvent effrayante au temps du Bouddha, était pourtant plus simple à comprendre. L’interdépendance entre les phénomènes est devenue une chose très complexe... Si nous n’adaptons pas la sagesse bouddhiste à la compréhension de la réalité sociale et à la recherche d’une réponse aux questions qu’elle pose, alors le bouddhisme risque de n’être qu’une sorte d’échappatoire aux problèmes de ce monde, à l’usage des classes moyennes." (Sulak Sivaraksa)


On n’est pas obligé de tuer directement son voisin pour ne pas respecter le premier précepte, ni d’aller voler dans un magasin pour ne pas respecter le second.... il suffit de demeurer indifférent, de ne vouloir ni voir, ni entendre... Il suffit de se taire : on appelle ça complicité ou non assistance à personne en danger...

Il nous appartient donc d’être éclairés, informés, afin d’agir avec prudence, patience et discernement, mais sans peur et avec droiture...






La vision politique du Bouddha


Ci après des extraits d’un enseignement du Vénérable Parawahera Chandaratana (CBI)

Comme remède à cela (la guerre), selon le Bouddha, seul l’apaisement intérieur (Ajjhatta santi) est efficace.

De nombreux suttas peuvent être cités du fait qu’ils renferment une telle analyse psychologique ainsi que des mesures appropriées pour apaiser les causes psychiques qui provoquent la guerre.

Le Madhipiudika sutta (Majhima nikaya), le sakkapanha Sutta (du Dighanokaya) et nombre de suttas dans le Atthakavagga du Sutanipata comme les Kalahavivada, Culavyuha et le Mahavyuna en sont quelques uns.

Cela sans doute est une approche idéale qui est plutôt difficile à établir avec un succès total dans une société qui devient de plus en plus complexe du fait de l’affluence rapide de toutes sortes de tentations et impulsions qui poussent l’homme vers davantage de compétitions, rivalités, conflits et guerres.



Dans la sphère politique


Mais quand le Bouddha préconise cette approche-là, il reconnaît en saillie les conditions matérielles qui fournissent un terrain fertile à la mentalité de guerre.

Il identifie ces conditions matérielles comme tombant principalement dans les plans politique, social et économique, et conseille à tous de prendre des mesures aussi bien préventives que curatives pour les réprimer et les éliminer.

Dans la sphère politique, il identifie directement le gouvernement malsain d’un pays à la tête duquel se posent des hommes despotiques et impitoyables qui ne se soucient guère du bien-être de la masse, comme cause majeure d’une constante prédominance de la guerre.
De tels gouverneurs insensibles et indifférents au bien-être de leurs sujets poursuivaient impitoyablement une politique d’expansion territoriale.

Du fait de la large prédominance de systèmes monarchiques, la population ne pouvait nullement participer au fonctionnement de l’Etat.

Le Bouddha ayant été quant à lui, un sujet en dépit de l’importance et de la valeur qu’il incarnait, ne pouvait que très peu influencer la politique menée dans un Etat.
Le mieux qu’il pouvait faire, consistait à conseiller ces guerriers vaniteux, égoïstes et impitoyables en leur démontrant la futilité de leurs activités.


Lire : Une théorie bouddhique de la loi internationale




Sauvegarder la vie


En fait, le Bouddha a présenté l’idéal du Cakkavatti, le roi universel, pour attirer l’attention, des gouverneurs aussi bien que les sujets, à la possibilité d’avoir une forme de gouvernement de loin meilleure, où l’on se soucie de la sauvegarde de la vie etc.…

A travers ce concept, le Bouddha a mis la lumière sur l’importance de la droiture dans tout système politique.

La droiture est soulignée comme symbole de bonne politique, les gouverneurs devaient embrasser la droiture- le dhamma.

Il convient de même pour notre époque. En mettant l’accent sur ce que les rois et l’Etat doivent être subordonnés au dhamma, le Bouddha a tenté d’atténuer le comportement despotique des rois.


Le Kutadanta Sutta est une satire acerbe sur l’emphase des gouverneurs despotiques au détriment de sujets malheureux innocents. Voici les paroles attribuées au roi Mahavijita :

« J’ai acquis une richesse conséquente au sens mondain du terme J’ai conquis et occupé un vaste territoire Supposons à présent que je doive faire une grand sacrifice qui Me procurera pour quelque temps bien-être et bonheur. »

Quand l’intention du roi fut révélée, le sage chapelain rappela très poliment au roi qu’il avait acquis sa gloire et sa prospérité au détriment de ses sujets qui se trouvaient toujours dans une misère abominable, luttant pour leur survie. Le chapelain avertit le roi que s’il continuait à accabler la masse, la situation empirerait.




La diminution de la misère


De même, le Bouddha a posé la diminution de la misère comme condition à l’instauration de la paix.

Aussi bien le Cakkavattisihanada sutta et le Kutadanta sutta énoncent très clairement la futilité des mesures curatives économiques précaires.

Le Kutadanta sutta démontre comment les mesures doivent être bien planifiées, prendre en compte la structure économique totale du pays et maintenir une économie forte employant la capacité ouvrière dans le sens de générer le maximum de résultats dans l’intérêt de tous.




L’abolition des castes


Un autre secteur vers lequel le Bouddha attire l’attention dans son plan global pour établir la paix dans la société où règnent inégalité et discrimination : un secteur qui n’était pas simplement dirigé contre le système des castes dominant .Le Bouddha était particulièrement touché par la discrimination sociale qui résultait du système des castes. En effet, il insistait sur l’importance d’admettre la stricte égalité entre les êtres humains.



La réduction de la ségrégation sociale


Le Bouddha était bien conscient d’une telle possibilité.
Il conseilla avec insistance aux autorités concernées de ne pas traiter un groupe social avec plus de privilèges que les autres.

Il agit contre la ségrégation sociale, ainsi que contre la discrimination entre hommes et femmes qui faisait de celles-ci des citoyennes de seconde classe.

Il s’opposa à l’accumulation de richesses sachant que ce fait entraînerait un déséquilibre économique qui mène à une insurrection et une agitation de masse contre l’inégale répartition des richesses et la perte des droits.




Le Bouddha a rendu l’Etat responsable


Le Bouddha a rendu l’Etat responsable de ces graves défaillances qu’il considérait comme des causes potentielles et sources de bouleversement social entraînant la guerre.

Quand le Bouddha pensa au concept de Cakkavatti-raja, il mit l’accent sur l’importance d’accorder la protection, la défense et l’attention à tous les sujets, il avait de même insisté sur l’importance d’éliminer les malversations et la corruption afin d’instaurer une paix durable menant à l’harmonie et à la prospérité.

En effet, il est clair qu’il est possible d’élaborer une politique très constructive et pratique, si l’on ne parvient pas à éradiquer totalement les guerres, au moins on peut en réduire l’ampleur et limiter leur néfaste conséquence de manière efficace.



Conscient des souffrances causées Par la violence et la mort, Je m’engage À ne pas agresser ni tuer, Mais à aimer et protéger Tous les êtres vivants. Conscient des souffrances causées Par l’injustice et la pauvreté, Je m’engage À ne pas voler ni thésauriser, Mais à défendre les exploités, Et partager avec les nécessiteux.


Sources : Karuna + sambodhi 2004



A propos des 2 suttas évoqués ci dessus : le Mahaparinibhana Sutta et le Cakkavattisihanada Sutta :


2) LE BOUDDHA ET SON ENSEIGNEMENT POUR LES ROIS UNIVERSEL
Extraits de l'Emission Voix Bouddhistes, du 29 Juillet 2001:


- Les deux suttas auxquels cette émission fait référence sont
le Mahaparinibhana Sutta et
le Cakkavattisihanada Sutta.
Ils font tous deux partie du Digha Nikaya, les longs discours du Bouddha.


Le titre de cette émission fait référence aux conseils donnés par le Bouddha Shakyamuni aux dirigeants de son époque. Pour démontrer l'actualité de ces conseils et leur caractère toujours approprié à notre époque, Voix Bouddhistes a reçu le Vénérable Pasadika.

Moine theravada depuis quarante ans et membre de la Congrégation Linh Son, le Vénérable Pasadika réside en Allemagne où il enseigne la philosophie indienne et bouddhiste à l'université de Marbrug.


Interview du Vénérable Pasadika:

Voix bouddhistes - Vous avez mentionné le soutra des rois universels. Quelles en sont les références exactes ?

Vén. Pasadika - En fait, par manque de temps, on a confondu deux soutras lors de l'émission. Le premier est le Mahaparinibhana Sutta, qui est dans le Digha Nikaya, les longs discours du Bouddha. C'est un classique. Le second est le Cakkavattisihanada Sutta, qui est aussi dans le Digha Nikaya.

Voix bouddhistes - Ces soutras sont-ils facilement accessibles ?

Vén. Pasadika - En français, il n'existe à ma connaissance qu'une seule traduction du Digha Nikaya, celle de Jules Bloch et Jean Filliozat, chez Adrien Maisonneuve, mais ce n'est pas une traduction complète.

On trouvera une traduction complète du Digha Nikaya en anglais, chez Wisdom Publications, sous le titre "The long discourses of the Buddha". C'est une très bonne traduction de Maurice Walshe, très claire, en bon anglais.

Voix bouddhistes - On y trouve clairement traité le sujet de l'émission ?

Vén. Pasadika - Si on veut vraiment clarifier, le mieux est d'étudier le début du Mahaparinibhana Sutta, et c'est facilement accessible.

Voix bouddhistes - Vous avez à plusieurs reprises fait référence au rôle, à l'importance de l'approche rationnelle. Pourriez-vous brièvement rappeler l'importance de cette approche rationnelle dans le bouddhisme ?

Vén. Pasadika - Je pense que l'approche rationnelle dans le bouddhisme est ce qui distingue le plus l'approche bouddhiste de l'approche théiste.

Dans l'approche théiste, bien sûr il y a Dieu, le Dieu créateur, qui est absent du bouddhisme. Certains critiquent fortement le bouddhisme pour cette raison. Mais si on garde l'esprit ouvert, si on écoute et qu'on essaye de comprendre ce que disent les bouddhistes, on trouve en fait des idées vraiment similaires. C'est à dire l'importance de l'éthique et de la moralité, ou de l'amour tendresse et de l'altruisme.

Une chose importante : dans le christianisme, on insiste sur le fait que pour purifier son esprit, il faut vivre une bonne vie, avoir un comportement éthique.
Mais selon le point de vue bouddhiste, la façon dont c'est fait dans le christianisme n'est pas très rationnelle : " il faut faire cela ", " il faut penser ainsi ", " sinon viendra la punition, le purgatoire, … ". Bien sûr, c'est une stratégie, la stratégie de la menace.

Dans le bouddhisme, c'est plus subtil.

La menace peut-être appropriée pour certains. L'accent mis sur une fois absolue et inconditionnelle peut attirer l'adhésion, par peur ou par culpabilité, et ça marche. Mais dans la psychologie moderne par exemple, tout le monde est d'accord sur le fait que mettre cette pression, jouer sur la culpabilité, ça n'est pas très bon.

Voix bouddhistes - Vous avez également dit que l'egocentrisme est la racine de la souffrance. Mais peu de gens reconnaissent qu'ils sont egocentriques…

Vén. Pasadika - On dit même qu'être egocentrique, c'est être vraiment un homme, qu'il faut montrer qu'on a du pouvoir. Beaucoup de gens pensent que la personnalité repose sur l'égoïsme, que sans égoïsme on est faible.

Mais si on analyse ce genre d'idée, sur le long terme on va se rendre compte que l'égoïsme est la racine de la souffrance, de l'intolérance, que d'autres êtres vont en souffrir.

On peut facilement reconnaître que de manière générale l'égoïsme est la racine de la souffrance. Mais c'est difficile à voir concrètement pour soi-même, en partant de son propre égocentrisme… La pratique de la méditation est nécessaire pour cela.


Interview réalisée par Jean Christophe pour l'Union Bouddhiste de France

Source : UBF


1 commentaire:

Frédéric a dit…

Article très intéressant qui montre intelligemment que le bouddhisme n'est pas cette voie du détachement froid que certains pensent qu'elle est, mais bien une voie de la sensibilité, de l'amour et de l'action

chaleureusement

Frédéric