samedi 11 août 2007

Satipatthana, le coeur de la méditation bouddhiste




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Vous trouverez ci après :

- Des extraits du livre:
Satipatthana, le coeur de la méditation bouddhiste.
L'art de cultiver l'harmonie et l'équilibre de l'esprit.

Je recommande vivement la lecture de ce livre, qui aide à mieux comprendre
le satipatthana sutta




Satipatthana, le coeur de la méditation bouddhiste.
Extraits de : Première partie, chapitre III :


LES QUATRE OBJETS DE L'ATTENTION :

1-CORPS, 2-SENSATION, 3- ETAT D'ESPRIT, 4- CONTENUS MENTAUX.

Les quatre objets de l'Attention Juste comprennent l'ensemble de l'homme et tout son champ d'expérience. Ils s'étendent du corps et de ses fonctions aux sensations ainsi qu'aux processus
et aux contenus de la perception et de la pensée.

L'Attention Juste inclut dans son étendue les aspects les plus primitifs comme les plus élevés de cet être complexe appelé "homme" : depuis les fonctions qu'il possède en commun avec les animaux, par exemple la nutrition et l'excrétion, jusqu'aux sommets exaltés des Facteurs d'Eveil.

Nous retrouvons ici le principe fondamental de perfection de cette méthode, avec son caractère comme le Sentier du Milieu qui, évitant l'adhésion à un seul côté ou à l'exclusivité, aspire à la plénitude et à l'harmonie. Le travail de pratique spirituelle reçoit ici des fondations vastes et sures, étant basé sur toute la personnalité. Sans ces fondations, il peut arriver que de ce qui est négligé, déprécié ou ignoré, croissent des forces antagonistes qui peuvent endommager sérieusement ou même détruire, les résultats d'un long effort spirituel.

La perfection du processus rendra la route du progrès intérieur aussi sur qu'on peut raisonnablement l'espérer dans une aventure qui vise de tels sommets. Il y a encore divers conflits intérieurs à considérer, conflits qui consomment tant d'énergie et sont Ia cause de tant de défaites dans la lutte spirituelle : par exemple le conflit entre l'esprit qui veut et la chair qui est faible, entre l'émotion et la raison, etc.

Ces conflits aussi seront très réduits ou allégés par l'attention égale et la compréhension sage qui, dans cette méthode de développement harmonieux, est accordée à chaque côté du conflit. Ce qui doit être maîtrisé, transformé ou transcendé, doit d'abord être connu et compris. Il est donc nécessaire que le disciple de cette méthode cultive les quatre Contemplations ou Objets de l'Attention mentionnés dans le Discours, lorsqu'ils viennent dans le domaine de son expérience quotidienne.

Cependant la pratique méditative systématique est centrée (comme on le verra plus loin) sur quelques très rares sujets sélectionnés, extraits de la "Compréhension du corps", mais les autres objets de l'attention auront de même l'occasion de venir à portée d'observation et on leur accordera alors toute attention.

Instructions pour la Pratique :

Le soin et l'achèvement de la méthode s'appliquent aussi à d'autres domaines comme le démontrent ce que l'on peut appeler : "les Instructions pour la Pratique", qui sont répétées dans le Discours après chaque exercice ?. Elles commencent ainsi :
''Ainsi demeure-t-il, contemplant le corps intérieurement (en lui même )... extérieurement (chez les autres)... tant intérieurement qu'extérieurement..."

Selon cette première partie des "Instructions", chaque exercice simple doit être appliqué d'abord à soi-même, ensuite aux autres (en général ou à une personne en particulier, observée à l'instant même) et enfin aux deux. Ce rythme triple de chaque aspect de la pratique était évidemment regardé comme très important. On le rencontre en différentes relations et applications dans divers Discours du Bouddha et aussi dans la littérature pali tardive. En suivant I'instruction, les assertions incomplètes et les jugements erronés, résultant d'une étendue insuffisante de l'attention et des attitudes unilatérales, seront éliminés.
En ce qui concerne ces dernières, il y a, par exemple, ces tupes basiques de caractère tels que les formules C. G. Jung: tournés en dedans et en dehors, c'est-à-dire les gens tournés
surtout vers l'intérieur ou vers l'extérieur respectivement. Le premier type préfèrera naturellement la contemplation des choses intérieures. Le second celle des choses extérieures....



1 - LA CONTEMPLATION DU CORPS (kàyànupassanà)

Attention sur la Respiration:

La section sur la Contemplation du Corps débute avec l'Attention sur l'inspiration et l'expiration (anapana-sati). C'est un exercice dans l'attention et non un exercice de respiration, Dans le cas de là pratique bouddhique il n'y a pas "rétention" du souffle ni aucune autre rencontre avec lui. Il y a juste une tranquille "observation simple" de son cours naturel, avec une attention ferme et constante, mais aisée et "élastique" c'est-à-dire sans effort ni rigidité. On remarque une respiration longue ou courte mais on ne la régularise pas délibérément. Cependant, par la pratique régulière, le calme, l'égalité et la profondeur du souffle se produiront tout naturellement ; et la tranquillité et Ia profondeur du rythme de la respiration conduiront à une tranquillité et à une profondeur du rythme de la vie entière.

De cette façon l'Attention sur la Respiration est un important facteur de santé physique et mentale, bien qu'il ne soit que fortuit dans la pratique.

Le souffle est toujours en nous. En conséquence, nous pouvons et nous devons y tourner notre attention à chaque minute libre ou "vide" au cours de nos occupations quotidiennes, même
si nous ne sommes pas capables de le faire avec cette suprême attention qu'exige l'exercice proprement dit. Même une application brève et fortuite de l'esprit au " souffle-corps" établit les fondations d'une sensation de bien-être très remarquable, de bonheur suffisant à soi-même et de tranquillité invulnérable. Ces heureuses dispositions d'esprit ainsi qu'une attention éveillée et naturelle se développeront par une pratique répétée.

Effectuer quelques mouvements respiratoires conscients, profonds et calmes avant de commencer un travail quelconque et continu sera très bienfaisant tant pour soi-même que pour le travail.

Cultiver l'habitude d'agir ainsi avant de prendre d'importantes décisions, de prononcer des paroles responsables, de parler à une personne excitée, etc., évitera beaucoup d'actes et de
paroles étourdis et conservera l'équilibre et l'efficacité de l'esprit.

Simplement en observant notre respiration, nous pouvons facilement et sans que personne ne nous remarque, nous retirer en nous-même si nous désirons nous fermer aux dérangements, à la conversation vide d'intérêt dans une vaste réunion ou à tout autre trouble.
Ce ne sont que quelques exemples de la façon dont une Attention fortuite sur la Respiration, telle qu'elle s'applique au sein de la vie ordinaire, peut avoir des résultats bienfaisants.

Ces exemples montreront que l'Attention sur la Respiration est très efficace pour calmer l'agitation ou l'irritation physique et mentale, à des fins ordinaires aussi bien qu'élevées.

C'est de plus un moyen simple pour conduire aux étapes initiales de la concentration et de la méditation et qu'on utilise soit comme prélude aux autres exercices, soit comme une pratique en propre.

Cependant, pour atteindre à un degré de concentration plus élevé, ou même pour obtenir la complète fixation unificatrice de l'esprit dans les "Absorptions" méditatives (jhana), l'Attention sur la Respiration n'est pas du tout une méthode simple mais pour tout cela, elle mérite beaucoup d'être adoptée.

Le Progrès à ce niveau élevé de la pratique peut conduire aux quatre étapes d'Absorption méditative, et même à des buts encore plus élevés.
Sur cette étape développée de la pratique, la tradition bouddhique dit : "L'attention sur la Respiration" occupe la première place parmi les différents sujets de méditation (kammatthana).



2- LA CONTEMPLATION DES SENSATIONS ( vedananupassanà)

Le terme pali vedanà, traduit ici par "sensation", signifie dans la psychologie bouddhique la sensation agréable, désagréable ou neutre, d'origine physique ou mentale. Il n'est pas utilisé, comme en anglais, dans le sens d'"émotion" qui est un facteur mental de nature beaucoup plus complexe.

La sensation, dans le sens dont nous avons parlé est la première réaction à n'importe quelle impression sensorielle et par conséquent, mérite l'attention particulière de ceux qui aspirent
à la maîtrise de l'esprit.

Dans la formule de "production conditionnée" par laquelle le Bouddha montre l'apparition conditionnée de toute cette masse de souffrance, il est dit que l'Impression Sensorielle est la condition principale de la Sensation tandis que de son côté, la sensation est la condition potentielle du Désir (soif).....

Si, en recevant une impression sensorielle, on est capable de s'interrompre et de s'arrêter à la phase de la Sensation et d'en faire, dans sa toute première étape de manifestation, l'objet de l'Attention Pure, la Sensation ne pourra pas engendrer l'Attachement, ni les autres passions. Elle s'arrêtera aux simples états d'''agréable", "désagréable" ou "neutre", donnant à la compréhension Claire, le temps d'entrer et de décider de l'attitude ou de l'action à adopter.

De plus, si l'on remarque dans l'Attention Pure, l'apparition conditionnée de la sensation et sa disparition progressive pour faire place à une autre sensation, on verra d'après sa propre expérience, qu'il n'est pas du tout nécessaire d'être emporté par une réaction passionnée....

Dans la méditation méthodique de Satipatthana, aussitôt que celui qui médite a atteint un niveau de progrès facile dans les objets corporels de l'attention, le maître de méditation lui demandera de fixer son attention sur les sensations de satisfaction et d'insatisfaction qui peuvent naître en lui pendant et en rapport avec, la pratique.

Celui qui pratique sans maître peut faire de même dès qu'il remarque que son attention
aux objets corporels de base est bien établie.

Ces satisfactions et insatisfactions sont bien sûr des états de l'esprit assez complexes et non des "sensations" pures (telles qu'elles sont défïnies ci-dessus). Mais en dirigeant l'attention pure sur elles, elles seront dépouillées de leurs composés émotifs et de leur rapport égocentrique ; elles apparaîtront comme de simples sensations agréables ou désagréables et ne seront plus ainsi en mesure d'entraîner celui qui médite dans les états d'exaltation ou d'abattement excessif qui le détournent du sentier du progrès...

..Une autre faiblesse innée du monde de la sensation tant que la raison et la sagesse ne le contrôlent pas, c'est sa subjectivité extrême et sans discernement..



3- LA CONTEMPLATION DE L'ETAT D'ESPRIT ( cittànupassanà)

Là aussi, l'esprit est placé en face du clair miroir de l'Attention Pure.

L'objet d'observation est ici la condition et le niveau de l'esprit, de la conscience en général, telle qu'elle se présente à un moment donné.

Dans ce but, le passage approprié du Discours donne divers exemples d'états d'esprit contrastés, de nature bienfaisante ou nuisible, développée ou non-développée, par exemple un esprit avec ou sans désir ardent, haine ou illusion concentré ou non concentré. Les exceptions ne sont que deux termes - l'esprit étriqué et distrait - où deux états d'esprit, tous deux de nature nuisible, mais opposés, sont contrastés.

Au niveau de l'entraînement général de l'esprit, l'avantage principal de la Contemplation de l'Etat d'Esprit est qu'il est un moyen efficace d'examen de soi conduisant à une mesure croissante de connaissance de soi.

Là encore il y a un simple enregistrement de l'état d'esprit soit en rétrospection, soit lorsque c'est possible et souhaitable, par la confrontation immédiate avec l'humeur ou l'état d'esprit du moment.

Cette méthode de permettre aux simples faits dobservation de parler et de produire leur
choc sur l'esprit, sera plus favorable et efficace qu'une méthode d'introspection qui entre dans des arguments intérieurs de justifications de soi et d'accusations de soi ou dans une recherche
compliquée des "motifs cachés"....

Un tel examen de soi est utile pour l'honnêteté vis-à-vis de soi, honnêteté indispensable au progrès intérieur et à la santé mentale.

Dans la plupart des cas, l'homme évite soigneusement de regarder de trop près dans son propre esprit, de crainte que la vue de ses propres fautes et insuffisances trouble sa satisfaction ou endommage sérieusement la bonne oninion qu'il a de lui même.

Mais si à certaines occasions, il ne peut faire autrement que de remarquer ses fautes, il tend à glisser sur cette vérité qui n'est pas â son goût. Par cette attitude, il se rendra incapable
de contrôler l'apparition et l'accroissement de ces traits indésirables...


Dans la pratique méthodique de la méditation, la Contemplation de l'Etat d'Esprit aidera à évaluer les progrès ou les échecs .

De plus les assertions simples faites dans cette contemplation seront utiles pour venir à bout des interruptions et des autres dérangements durant la méditation.

Si l'on éprouve par exemple de la colère à cause d'un bruit qui dérange, la simple assertion "esprit et colère" sera souvent capable de dissoudre le sentiment d'irritation remplaçant un état d'agitation émotive par un état d'introspection dépourvu d'émotion.
Un tel processus distraira aussi l'attention du trouble original (le bruit) et changera la direction de l'esprit de ces objets extérieurs aux objets intérieurs.

Là, comme dans d'autres exemples, nous avons vu comment le seul moyen simple de l'attention pure apporte à sa suite plusieurs avantages dans les divers champs d'application.



4° LA CONTEMPLATION DES CONTENUS MENTAUX (dhammanupassana)

Par la pratique régulière de cette quatrième et dernière contemplation, les objets mentaux (dhamma ayant ici ce sens spécifique), c'est-à-dire les contenus de la pensée, assumeront progressivement les formes-pensées du Dhamma, dans le sens de l'enseignement du Bouddha, de l'actualité et de la libération.

Dans ce but, les cinq exercices donnés dans cette section du Discours fournissent
un choix suffisant de telles formes-pensées ou de termes doctrinaux qui sont en accord avec la vraie vision et donneront à l'esprit une inclinaison naturelle vers le but de la délivrance.

Ils doivent être absorbés autant que possible dans le cadre de la pensée de la vie quotidienne et remplacer les concepts qui ne peuvent supporter l'examen de la Compréhension Juste et sont trop étroitement liés aux notions et aux buts étrangers à l'Etablissement de l'Attention.

Le premier exercice traite des cinq principaux Obstacles Mentaux et le quatrième des sept Facteurs d'Eveil.
En d'autres termes, ces deux exercices traitent respectivement des qualités qu'on doit abandonner et des qualités qu'on doit acquérir.

Les autres qualités devant être abandonnées sont indiquées dans le troisième exercice sur les six Sphères des Sens, sous le terrne d'Entraves.

La première partie des premier et quatrième exercices appartiennent à la pratique de l'Attention Pure.

En bref, le contenu de ces passages et le suivant :
Si l'un des Obstacles Mentaux ou un facteur d'éveil est présent chez celui qui médite, il doit en être pleinement conscient.....

.. Mais une connaissance, théorique de ces "conditions" ne suffit pas. C'est en observant en soi-même les Obstacles, Entraves ou les facteurs d'éveil, qu'on réunira progressivement des informations sur les circonstances extérieures et intérieures qui favorisent ou gênent l'apparition et la non-apparition de ces qualités.
Ces circonstances peuvent varier chez des individus différents....



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