samedi 30 août 2008

Pratique de la Méditation Juste selon le Satipatthana Sutta

"Il n'y a qu'un seul sentier, ô moines, conduisant à la purification des êtres, à la conquête des douleurs et des peines, à la destruction des souffrances physiques et morales, à l'acquisition de la conduite droite, à la réalisation du Nirvana, ce sont les quatre sortes d'établissements de l'attention.
Quelles sont ces quatre sortes ?
Voici, ô moines, un moine observant le corps demeure énergique, compréhensif, attentif, ayant rejeté les désirs et les soucis mondains; observant les sensations..., observant l'esprit..., observant les sujets différents, il demeure énergique, compréhensif, attentif, ayant rejeté les désirs et les soucis mondains."
(Extrait du satipatthana sutta)



Ci après un enseignement de Banthe T. Dhammika



Le Sutta des quatre Etablissements de l'Attention (Satipatthana sutta) est un texte fondamental pour l'enseignement de la pratique de la méditation.

Cette méthode des quatre établissements de l'attention, nous donne une idée de la grande importance donnée- à cette pratique dans ses enseignements durant sa vie. Les enseignements du Bouddha se sont ensuite répandus à travers le monde et leur fondement demeure la pratique de l'observation attentive. Depuis deux mille cinq cent ans, ce sutra a été étudié, pratiqué et transmis de générations en générations avec un soin particulier.

Les quatre méthodes d'attention sont :
1-l'attention au corps,
2-l'attention aux sensations,
3-l'attention à l'esprit,
4-l'attention aux objets de l'esprit

Dans l'établissement de l'attention fondé sur le corps, le pratiquant est pleinement conscient du souffle, des positions du corps, des actes du corps, des différentes parties du corps, des quatre éléments formant le corps et de la décomposition du corps devenu cadavre.

Dans l'établissement de l'attention fondé sur les sensations, le pratiquant est pleinement conscient des sensations agréables, désagréables et neutres à mesure qu'elles apparaissent, durent et disparaissent. Il est conscient des sensations ayant une base psychologique et des sensations ayant une base physiologique.

Dans l'établissement de l'attention fondé sur l'esprit, le pratiquant est pleinement conscient des états d'esprit tels que le désir, la haine, la confusion, la concentration, la dispersion, les formations internes, et la libération.

Dans l'établissement de l'attention fondé sur les objets de l'esprit, le pratiquant est pleinement conscient des cinq agrégats composant une personne (la forme, les sensations, les perceptions, les formations mentales, la conscience), des organes des sens et de leurs objets, des facteurs pouvant obstruer la compréhension et la libération, des facteurs pouvant mener à l'Eveil, et des quatre nobles vérités concernant la souffrance et de la libération de la souffrance.


Les méthodes de pratique:

Nous pratiquons la pleine conscience afin de réaliser la libération, la paix et la joie dans notre vie quotidienne. Libération et bonheur sont mutuellement liés : s'il y a libération, il y a bonheur et une plus grande libération apporte un plus grand bonheur. Nous savons que s'il y a libération, la paix et la joie existent au moment présent. Nous n'avons pas besoin d'attendre dix ou quinze ans pour les réaliser. Elles sont à notre portée dès que nous commençons la pratique. Même encore très modérés, ces éléments forment la base d'une libération, d'une paix et d'une joie plus grandes dans l'avenir.

Pratiquer la méditation, c'est regarder avec profondeur afin de voir l'essence des choses. Notre vision profonde et notre compréhension nous permettent de réaliser la libération, la paix, et la joie.

Notre colère, notre angoisse et notre peur, par exemple, sont les liens qui nous attachent à la souffrance. Si nous voulons nous en libérer, nous devons observer leur nature : l'ignorance, le manque de compréhension claire. Comprenant mal un ami, nous serons peut-être en colère contre lui et cette colère nous fera souffrir. Mais examinant avec profondeur ce qui s'est passé, nous pouvons mettre fin au malentendu. Quand nous comprendrons l'autre personne et sa situation, notre souffrance disparaîtra, la paix et la joie naîtront.

La première étape est la conscience de l'objet, la seconde est l'observation de l'objet en profondeur pour l'éclairer. L'attention signifie donc la conscience et aussi regarder avec profondeur.

Le terme Pali Sati signifie "arrêter" et "maintenir la conscience de l'objet". Vipassana signifie "aller en profondeur dans l'objet pour l'observer". Pendant que nous sommes pleinement conscients d'un objet et de son observation avec profondeur, la frontière entre le sujet et l'objet deviennent un. Ceci est l'essence de la méditation. Nous ne pouvons comprendre un objet qu'en le pénétrant et en devenant un avec lui. L'observer en restant à l'extérieur ne suffit pas.

C'est pourquoi le Sutra nous rappelle à la conscience du corps dans le corps, des sensations dans les sensations, de l'esprit dans l'esprit et des objets de l'esprit dans les objets de l'esprit.


Observer attentivement le corps:

Le premier établissement de l'attention est fondé sur le corps, ce qui inclut le souffle, les positions du corps, les actes du corps, les parties du corps, les quatre éléments composant le corps et la dissolution du corps.

Premier exercice - La respiration consciente:

Il va dans la forêt, au pied d'un arbre, ou dans une pièce vide, s'assied jambes croisées ou dans la posture du lotus, le corps droit, et établit l'attention devant lui. Il inspire, conscient d'inspirer. Il expire, conscient d'expirer.

La première pratique consiste en la pleine conscience de la respiration. Quand nous inspirons ou expirons nous savons que nous inspirons et expirons. En pratiquant ainsi, notre respiration devient une respiration consciente. Cet exercice est simple, pourtant ses effets sont profonds. Pour y arriver, il faut consacrer tout l'esprit à la respiration et à rien d'autre


Deuxième exercice - Suivre le souffle

- Quand il inspire longuement, il sait : "J'inspire longuement".
-
Quand il expire longuement, il sait : "J'expire longuement".
-
Quand il inspire brièvement, il sait : "J'inspire brièvement".
-
Quand il expire brièvement, il sait : "J'expire brièvement".

Le pratiquant suit très attentivement sa respiration et fait un avec elle pendant toute la durée de chaque inspiration ou expiration, sans laisser pénétrer aucune pensée ou idée vagabonde. Cette méthode est nommée : "suivre le souffle". Pendant que l'esprit suit le souffle, il est le souffle et seulement le souffle.

Au cours de la pratique, notre respiration devient naturellement régulière, plus harmonieuse, plus calme et notre esprit aussi devient de plus en plus régulier, harmonieux, calme. Ce changement apporte des sensations de joie, de paix et d'aisance dans le corps. Quand l'esprit et la respiration deviennent un, l'unité du corps et de l'esprit est toute proche.


Troisième exercice - Unité du corps et de l'esprit :

En inspirant, je suis conscient de tout mon corps, en expirant, je suis conscient de tout mon corps.

Cet exercice consiste à mettre le corps et l'esprit en harmonie. L'élément utilisé pour le faire est le souffle. Dans la pratique, la distinction entre le corps et l'esprit se dissout. Dans cet exercice, l'objet de notre attention n'est plus simplement le souffle, mais le corps tout entier, car il fait un avec le corps.


Quatrième exercice - Calmer

En inspirant, je calme les activités de mon corps. En expirant, je calme les activités de mon corps.

Cet exercice utilise le souffle pour réaliser la paix et le calme dans tout notre corps. Quand le corps n'est pas en paix, il est difficile à notre esprit de l'être. Utilisons notre respiration pour aider les fonctions physiques à être paisibles et régulières. Si le souffle est haletant ou irrégulier, nous ne pouvons calmer les fonctions physiques. La première chose à faire est donc d'harmoniser notre respiration. Les inspirations et les expirations doivent être légères et régulières. Quand le souffle est harmonieux, le corps l'est aussi.


Cinquième exercice - Conscience des positions du corps

De plus, quand un pratiquant marche, il est conscient: "Je marche". Quand il est debout, il est conscient: "Je suis debout". Quand il est assis, il est conscient: "Je suis assis". Quand il est couché, il est conscient: "Je suis couché". Quelle que soit la position de son corps, il en est conscient.

Cet exercice consiste en l'observation attentive des positions du corps. Ces pratiques sont utilisables tout au long de la journée pour aider le pratiquant à demeurer dans l'attention quelles que soient leurs occupations.


Sixième exercice - Conscience des actes physiques

De plus, quand le pratiquant va et vient, il applique la pleine conscience à son mouvement d'allée ou venue.

Quand il regarde devant ou derrière, se courbe ou se tient debout, il applique
également la pleine conscience à ce qu'il fait. Il applique la pleine conscience en revêtant la robe ou en portant le bol à aumônes.

Quand il mange ou boit, mâche la nourriture ou la savoure, il applique la pleine conscience à tout cela. Quand il excrète ou urine, il applique la pleine conscience à cela.

Quand il marche, se tient debout, couché, assis, s'endort ou se réveille, parle ou est silencieux, il éclaire de sa conscience tous ses actes.

Cet exercice consiste en l'observation et la conscience des actes physiques. C'est la pratique très importante.


Septième exercice - Les parties du corps

De plus, le pratiquant médite sur son propre corps de la plante des pieds jusqu'en haut, puis des cheveux du sommet de la tête jusqu'en bas, un corps contenu dans la peau et rempli de toutes les impuretés appartenant au corps:

"Voici les cheveux, les poils, les ongles, les dents, la chair, les tendons, les os, la moëlle, les reins, le coeur, le foie, le diaphragme, la rate, les poumons, les intestins, le mésentère, les excréments, la bile, le flegme, le pus, le sang, la sueur, la graisse, les larmes, le sébum, la salive, le mucus, la synovie, l'urine."

Cet exercice nous met encore plus profondément en contact avec notre corps. Ici, nous en observons et examinons toutes les parties, depuis les cheveux jusqu'à la peau de la plante des pieds.


Huitième exercice - Interdépendance du corps et de l'univers

De plus, quelle que soit la position de son corps, le pratiquant passe en revue les éléments qui le constituent: "Dans ce corps, il y a l'élément terre, l'élément eau, l'élément feu et l'élément air."

Cet exercice nous montre l'interrelation de notre corps et de tout ce qui existe dans l'univers. C'est l'un des principaux moyens de constater personnellement la nature de non-soi, non-né, et sans-mort de tout ce qui existe. Il faut être conscient de la présence des éléments terre, eau, feu et air dans notre corps, enseigne le sutra.

Ce sont les "Quatre grands éléments" (mahabhuta).
L'élément terre correspond à la nature solide, dure, de la matière. L'eau correspond à la nature liquide, imprégnante. Le feu correspond à la nature de la chaleur. L'air correspond au mouvement.


Neuvième exercice - Impermanence du corps

Les neuf contemplations (neuf stades de décomposition d'un cadavre)
1) Le cadavre est gonflé, bleuâtre et suppurant.
2) Le cadavre grouille de vers et d'insectes.Corbeaux, faucons, vautours et loups le
déchiquètent pour le dévorer.
3) Il ne reste plus qu'un squelette auquel adhèrent encore un peu de chair et sang.
4) Il ne reste plus qu'un squelette taché d'un peu de sang, mais aucune chair.
5) Il ne reste plus qu'un squelette sans aucune tache de sang.
6) Il ne reste plus qu'un amas d'os éparpillés - ici un bras, là un tibia, là un crâne
7) Il ne reste plus que des os blanchis.
8) Il ne reste plus que des os secs.
9) Les os se sont décomposés et il n'en reste plus qu'un tas de poussière.

Cet exercice aide à voir la nature impermanente, soumise à la décomposition de notre corps. Les objets d'observation attentive sont les neuf stades de décomposition d'un cadavre.


Quand nous pratiquons ces neuf exercices donnés par le Bouddha pour observer le corps dans le corps, nous nous concentrons sur le souffle, le corps, les positions, les actes, les différentes parties, les éléments, la décomposition du corps.
En l'observant ainsi, nous sommes en contact direct avec le corps et pouvons voir le processus de devenir et de cessation dans ses composants.

Selon le sutra (sutta), à la fin de chaque exercice de méditation observant le corps dans le corps, il est dit: "C'est ainsi que le pratiquant demeure établi dans l'observation du corps dans le corps - l'observation du corps intérieurement ou extérieurement, ou à la fois intérieurement et extérieurement. Il demeure établi dans l'observation du processus de devenir dans le corps ou du processus de dissolution dans le corps ou à la fois du processus de devenir et de dissolution.

Ou bien il est attentif au fait: "Il y a ici un corps", jusqu'à ce que viennent la compréhension et la pleine conscience. Il demeure établi dans l'observation, libre, n'étant pris dans aucune considération attachée au monde."

Etre en contact avec ces aspects et capable de voir le processus de naissance et de mort ainsi que la nature de non-soi et interdépendante du corps, c'est le sens de l'observation attentive du corps.
Les enseignements de l'impermanence, de l'absence d'un soi et des origines interdépendantes - les trois observations fondamentales du Bouddhisme - sont donc directement compris grâce à la pratique des neuf exercices pour l'observation attentive du corps.

Ces neuf exercices peuvent nous libérer et nous éveiller au mode d'existence des choses.


Dixième exercice - Guérir les blessures par la conscience de la joie

De plus, (bhikku), un pratiquant est conscient du corps en tant que corps, quand, grâce à l'abandon des cinq désirs, une sensation de félicité naît durant la concentration et sature chaque partie de son corps.

De plus, (bhikku), un pratiquant conscient du corps en tant que corps sent la joie qui naît durant la concentration saturer chaque partie de son corps. Il n'y a aucune partie de son corps que n'atteigne cette sensation de joie, née durant la concentration.

De plus, (bhikku), un pratiquant conscient du corps en tant que corps ressent une sensation de bonheur qui naît avec la disparition de la sensation de joie et imprègne tout son corps. Cette sensation de bonheur qui naît avec la disparition de la sensation de joie atteint chaque partie de son corps.

De plus, (bhikku), un pratiquant conscient du corps en tant que corps enveloppe son corps tout entier d'un esprit clair, calme, rempli de compréhension.

Le but de cet exercice est d'amener l'aisance, la paix et la joie, de guérir tant les blessures du
corps que celles du coeur et de l'esprit, de nous nourrir pendant que nous progressons dans la pratique de la joie, et de nous permettre d'avancer loin sur le chemin de la pratique.

Nous l'avons déjà vu, cet exercice vise à nous nourrir de joie et de bonheur et à guérir nos blessures intérieures. Mais nous n'hésitons pas à lâcher cette joie pour entreprendre le travail d'observation. Joie et bonheur, étant produits par des conditions physiques et psychologiques, sont aussi grâce à l'observation attentive, nous saisissons directement la nature impermanente, dénuée d'un soi et interdépendante de tout ce qui existe, que nous pouvons accomplir la liberté et la libération.

Source : Centre Bouddhiste International de Genève


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