Réflexions d'Ajahn Sumedho
Les guerres se déclenchent parce que les gens voient les choses différemment
(...) tant de querelles et de guerres se déclenchent parce que les gens sont incapables de se mettre d’accord sur quoi que ce soit. Le communisme contre le capitalisme, une religion contre une autre, et ainsi de suite.
Pourquoi ? Pour quelle raison se battent-ils ? Parce qu’ils voient les choses différemment. « C’est mon pays et c’est comme ça que je le veux. Je veux ce type de gouvernement et ce type de système économique et politique » et cela continue inlassablement. Cela continue jusqu’à la tuerie et la torture, jusqu’à détruire un pays et réduire à l’esclavage ses habitants que l’on voulait libérer. Pourquoi ?Parce que la réalité des choses telles qu’elles sont n’a pas été comprise.
La voie du Dhamma consiste à observer la nature et à mettre nos vies en harmonie avec ses énergies.
La civilisation européenne n’a jamais considéré le monde de ce point de vue ; nous l’avons idéalisé. Si tout était idéal, les choses devraient être d’une certaine manière. Mais quand nous nous attachons à un idéal, nous finissons par faire ce que nous avons fait à cette planète : nous l’avons polluée au point de risquer de la détruire parce que nous ne comprenons pas les limites que les conditions terrestres nous ont imposées.
Pour beaucoup de choses dans cette nature, il faut apprendre nos leçons comme cela, «à la dure», après avoir commis beaucoup d’erreurs et créé une grande confusion. Espérons seulement que la situation n’est pas inextricable. (...)
Abandonner les désirs
Abandonner les désirs immoraux, égoïstes ou mauvais pour être quelqu’un qui avance sur la voie de l’honnêteté, la générosité, la moralité et la compassion dans l’action. Si nous ne nous engageons pas sur cette voie, la situation est désespérée. A quoi bon continuer si personne n’est disposé à faire de sa vie autre chose qu’une poursuite éperdue de plaisirs égoïstes ? (...)
Il est fréquent de nos jours de rencontrer des personnes qui vivent leur vie selon leurs propres règles, sans sagesse ni réflexion, sans chercher à apporter leur contribution à la société.
En tant qu’êtres humains, nous pouvons apporter beaucoup mais nous pouvons aussi devenir une véritable plaie pour le monde en exploitant égoïstement les ressources de la terre pour notre bénéfice personnel.
Dans la pratique du Dhamma, le sentiment de « moi » et « mien » disparaît progressivement — l’impression que cette petite créature assise là avec sa bouche et son désir de manger est « moi ».
Si je me contente de suivre les impulsions de mon corps et de mes émotions, je deviens une petite créature avide et égoïste. Par contre, si je réfléchis à la nature de ma condition physique et comment je pourrais l’utiliser judicieusement dans cette vie pour le bien de tous les êtres, cela devient une bénédiction. (Bien sûr, il ne s’agit pas de s’imaginer que l’on est une bénédiction pour le monde, ce serait une autre forme d’orgueil !)
Le moins que nous puissions faire est de vivre selon les Cinq Préceptes
Nous vivons alors chaque jour pour faire de notre vie une source de joie, de compassion, de bonté ou au moins pour éviter de causer du chagrin et des problèmes inutiles. Le moins que nous puissions faire est de vivre selon les Cinq Préceptes pour que notre corps et nos paroles ne soient pas sources de problème, de cruauté ou d’exploitation sur cette planète. Est-ce trop demander?
Est-ce si terrible d’abandonner cette tendance à ne faire que ce qui nous plaît pour être un peu plus attentifs et responsables de nos actes et de nos paroles ?
Nous pouvons tous essayer d’apporter de l’aide, d’être bons, généreux et attentifs aux personnes avec lesquelles nous partageons cette planète. Nous pouvons tous apprendre à connaître nos limites et les comprendre avec sagesse, de façon à ne plus nous laisser berner par le monde des sens. C’est pour cela que nous méditons. (...)
Nous sommes impuissants à créer une démocratie, un véritable communisme ou un véritable socialisme ; nous n’y parvenons pas parce que nous sommes toujours fourvoyés par le sentiment d’un moi personnel.
La situation actuelle du monde résulte du fait que nous ne comprenons pas les choses telles qu’elles sont.
Ainsi ces entreprises se terminent dans la tyrannie, l’égoïsme, la peur et la méfiance. La situation actuelle du monde résulte du fait que nous ne comprenons pas les choses telles qu’elles sont.
Alors, si nous voulons réellement faire quelque chose, c’est le moment pour chacun d’entre nous de donner toute sa valeur à notre vie. Comment s’y prendre ?
Tout d’abord, il faudra reconnaître la véritable nature de vos motivations, vos tendances égoïstes et l’immaturité émotionnelle qui les sous-tend, de façon à pouvoir vous en défaire. Et puis ouvrir votre esprit à la nature réelle des choses, faire preuve d’un sens de l’observation très vif. (...)
Cette capacité à réfléchir et à observer a été enseignée par le Bouddha pour nous libérer des habitudes et des conventions suivies aveuglément. C’est une façon de libérer l’être du monde illusoire des sens grâce à une sage réflexion sur la véritable nature des choses.
Nous commençons par nous observer, observer nos attirances et nos aversions, la lourdeur et la stupidité de notre esprit.
Nous ne choisissons pas des conditions idéales pour créer une situation qui nous procure un
plaisir personnel, nous sommes au contraire prêts à supporter toutes les conditions, mêmes les plus désagréables pour les comprendre exactement telles qu’elles sont et être en mesure, ensuite, de les laisser aller.
Quand nous ouvrons notre esprit à la vérité, nous voyons clairement qu’il n’y a rien à craindre.
Nous commençons à nous libérer de la tendance qui consiste à fuir ce qui est déplaisant et nous commençons également à être beaucoup plus attentifs à la façon dont nous vivons. Une fois que nous comprenons comment fonctionnent les choses, nous souhaitons être très, très attentifs à ce que nous faisons et disons. Nous ne pouvons plus avoir envie de vivre aux dépens des autres. Nous ne croyons plus que notre vie est beaucoup plus importante que celle des autres.
Nous commençons à ressentir la liberté et la légèreté dans cette harmonie avec la nature au lieu du poids qui pèse lorsque l’on exploite la nature pour un retirer un gain personnel.
Quand nous ouvrons notre esprit à la vérité, nous voyons clairement qu’il n’y a rien à craindre. Ce qui apparaît finit toujours par disparaître, ce qui est né finit par mourir et n’a aucune identité
propre.
Ainsi notre sentiment d’être piégé dans une identification avec ce corps humain disparaît. Nous ne nous percevons pas comme une entité isolée, coupée du reste, perdue dans un univers mystérieux et effrayant. Nous ne nous sentons pas dominés par lui, nous n’éprouvons pas le besoin de nous accrocher à une parcelle de sécurité parce que nous sommes en paix avec cet univers. Nous avons fusionné avec la vérité.
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