dimanche 10 février 2008

Etre en relation avec soi






Extrait du livre "Etre une île" de Ayya Khema (Chapitre VIII : Etre en relation avec soi)


Remarque : Les extraits du Metta Sutta (en bleu) ne sont pas dans le texte original. 




Le Discours de l'amour bienveillant (Karaniya-Metta Sutta) nous explique comment nous comporter avec les autres. Nous devons les traiter comme nos propres enfants.

"Ainsi qu'une mère au péril de sa vie surveille et protège son unique enfant...."

Mais Ce sutta ne dit rien de particulier sur le comportement à tenir vis à vis de nous-mêmes ni comment agir.

Pourtant, la façon dont nous nous traitons est le plus vraisemblablement celle dont nous allons user avec les autres.

La manière dont nous agissons avec les autres est certainement la façon dont nous nous conduirons envers nous-mêmes. (...)


Nos espérances sont des désirs non fondés et nos peurs sont des inquiétudes sans fondement.

Le plus fort des sens est l'esprit, le dispositif du penser qui a, d'ailleurs, la facheuse tendance à échapper à notre contrôle. Nous ne sommes pas présents à ce qui se passe réellement pour la bonne raison que nous ignorons ce qui vraiment est en action. Nous sommes intéressés par ce que nous croyons qu'il se passe.

Deux façons de penser président aux choses pouvant arriver : soit les craindre, soit les espérer. Aucune des deux n'est réaliste. Nos espérances sont des désirs non fondés et nos peurs sont des inquiétudes sans fondement. Les deux créent du tumulte.

Les espoirs sont mêlés à la peur qu'ils ne se réalisent pas. Chaque aspiration vécue renferme une angoisse non encore matérialisée, qui peut être jamais, allez savoir! ne se matérialisera.

Nos peurs sont également liees à l'espérance. Peut être ne se produiront-elles pas si nous négocions les choses avec assez d'habileté. Et, de nouveau, nous avons peur de ne pas être assez intelligents.


Nous aimons soulager nos malaises par toute sortes de distractions


Nous nous trouvons ainsi dans une situation de tension et de malaise que nous aimons soulager par toutes sortes de distractions. Nous essayons d'amoindrir nos crispations par la nourriture, la boisson, les loisirs, la parole, le sommeil.

N'importe laquelle de ces disponibilités semble faire l'affaire. Dans le monde, nous avons les journaux, la télévision, le téléphone; sans pouvoir user de ces moyens, tout ce qui nous tombe sous la main fait l'affaire. S'il nous est impossible de trouver quoi que ce soit, nous devenons déprimés ou irrités.


Il y a dispersion  parce que l'esprit s'octroie la liberté de demeurer hors de contrôle.

Au lieu de s'occuper de ce qui se passe réellement, nous le laissons aller dans toutes les directions - penser au futur avec crainte ou espoir, penser au passé avec regret ou nostalgie.


L'attention consiste à demeurer attentif à chaque moment.

Mais l'attention parfaite est difficile à réaliser, parce que l'esprit a tendance à s'éparpiller. Nous devons faire plus que juste nous dire de rester attentifs. Si nous étions attentifs, parfaitement, à chaque moment, cette dispersion n'aurait pas lieu. Elle ne serait pas possible. Mais puisque nous ne sommes pas vigilants, nous avons besoin d'autres aides pour garder notre équilibre.


Un esprit sain n'est pas inquiet, ni déprimé, ni craintif ou exubérant

Un esprit sain est un esprit bien équilibré. Un esprit sain est un esprit qui ne prend pas la tangente. Il n'est pas inquiet, déprimé et craintif ou exubérant à propos de rien du tout.

Pour jouir d'un esprit bien équilibré, il ne suffit pas de nous dire : "sois attentif". Si nous en étions capables nous n'aurions besoin de rien d'autre. Tout irait.

Une des meilleures choses à faire pour nous aider est de ne pas nous sous-estimer. S'apprécier à sa juste valeur ne connote pas un quelconque sentiment de supériorité ni l'esprit de compétition (...)

Rien n'a d'importance mis à part ce que nous faisons vraiment (...) Mais ce que nous faisons vraiment porte à conséquence (...)

Il s'avère pour nous d'être personnellement content. Si nous ne sommes pas capable de créer un tel sentiment, nous ne le serons jamais nulle part ni avec qui que ce soit (...)



La première et principale priorité reste de trouver du plaisir à vivre avec soi-même.

Le Karaniya-Metta sutta exprime cela très bien. Ce texte conseille d'être pleinement content, et facilement satisfait. Il mentionne quinze conditions conduisant à la tranquillité. Sans trouver ces quinze conditions en nous même, nous ne trouverons la paix nulle part.

"Voici ce qui doit être accompli par celui qui est sage, qui recherche le bien et a obtenu la Paix.

Qu'il soit appliqué, droit, parfaitement droit, ( 2 conditions)
Docile, doux, humble, content, (4 ")
Aisément satisfait;.... ( 1 )
Qu'il ne se laisse pas submerger par les affaires du monde, ( 1)
Qu'il ne se charge pas du fardeau des richesses, (1)
Que ses sens soient maîtrisés; (1)
Qu'il soit sage, sans orgueil (2)
Et ne s'attache pas aux familles, (1)
Qu'il ne fasse rien qui soit mesquin ( 1)
Et que les sages puissent réprouver ......" (1)



Etre assez content intérieurement signifie être satisfait de ce que nous possédons, de notre apparence, de nos paroles, de notre vie, de nos réactions (...)


(...) Nous défendons tous la notion erronée que le contentement dépendrait de certaines conditions ou de certaines personnes- une autre de nos lubies-. Comment peut-il dépendre d'une chose extérieure à nous? (...)

Les gens et les situations qui nous procurent de la satisfaction se transforment en une dépendance par le fait qu'ils nous rendent esclaves des autres. (...)

(...) Seule la gratitude pour les conditions positives crée le contentement. (...)

Quand les difficultés apparaissent, nous regardons autour de nous et cherchons de l'aide. ce soutien réside dans notre propre coeur (...)


Dépendre des autres pour notre bonheur est insensé

Nous devons apprendre à abandonner chaque pensée malsaine afin de ne garder en nous que ce qui est sain, habile, bienfaisant et positif. (...)

Avec un sentiment de chaleur et de sécurité au coeur, la méditation s'en porte mieux. Pas seulement la concentration mais l'existence même prend une texture différente (...)

Un amour certain pour soi-même a, bien sûr, tendance à rayonner à l'extérieur de nous. Nul besoin d'essayer d'être délibérement aimant avec les autres, cette modalité est une conséquence de s'aimer soi-même

S'aimer soi même dans ce contexte n'a rien à voir avec de la complaisance. Nous aimer signifie cultiver un sentiment positif envers nous-mêmes. Avoir de l'amour pour les autres devient alors facile (...)


Source : "Etre une Ile" de Ayya Khema (éditions dharma)


Lire le Metta sutta en entier : ICI



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