jeudi 7 août 2008

Les 5 agrégats ou 5 khandha

Ce qu'on appelle un "être", est composé d'esprit et de matière (nama-rupa, en pali). Il n'existe aucune "âme" permanente dans cet "être" qui en réalité, n'est qu'une simple combinaison de cinq agrégats.

J'ai déjà abordé les "5 agrégats" à de nombreuses reprises.


Avant de lire cet enseignement, je vous conseille, si vous ne l'avez pas encore faire, de lire au préalable le message du 31 juillet sur "les 5 agrégats" (présentation classique des 5 agrégats) : ICI

Ci après, une traduction en français faites par Sébastien Billard, du chapitre 2 de l'Abhidhamma, de Nina Van Gorkom


Les cinq khandhá

La Vérité de tout phénomène

Le Bouddha découvrit la vérité de tout phénomène. Il connaissait les caractéristiques de chaque phénomène par sa propre expérience. Plein de compassion, Il enseigna aux autres à voir la réalité de différentes façons, afin qu'ils puissent avoir une meilleure compréhension des phénomènes à l'intérieur comme à l'extérieur d'eux.

Quand les réalités sont classées en fonction des paramattha dhamma (réalités ultimes), on distingue :

Citta
Cetasika
Rúpa
Nibbána


Citta, cetasika et rúpa sont des réalités conditionnées (sankhára dhamma).

Elles apparaissent à cause de conditions puis disparaissent : elles sont impermanentes.
Un seul paramattha dhamma est non-conditionné : nibbána.
Nibbána n'apparaît pas, pas plus qu'il ne disparaît.
Ces paramattha dhamma sont tous anatta, sans soi.


Citta, cetasika, et rúpa, les réalités conditionnées, peuvent être classées en cinq khandhá.

Khandhá signifie "groupe", "agrégat". Tout ce que l'on classe comme khandhá apparaît à cause de conditions, pour disparaître ensuite.

Ces cinq agrégats ne sont pas différents des trois paramattha dhamma que sont citta, cetasika et rúpa. Il s'agit juste d'une façon différente d'envisager ces réalités.


Les cinq khandhá sont :

1-Rúpakkhandhá, qui comprend tous les phénomènes physiques.
2-Vedanákkhandhá, qui est la sensation (vedaná).
3-Saññákkhandhá, qui est la perception ou reconnaissance (sañña).
4-Sankhárakkhandhá, qui comprend cinquante facteurs mentaux (cetasika)
apparaissant avec citta.
5-Viññanakkhandhá, la conscience, qui regroupe l'ensemble des citta (89 ou 121
selon les classifications).


En ce qui concerne les 52 sortes de cetasika pouvant apparaître avec les citta, ceux-ci sont donc classés en trois khandhá :

1-le cetasika qu'est la sensation (vedaná) constitue un agrégat,
2-le cetasika qu'est la perception (sañña) constitue un autre agrégat,
3-tandis que les cinquante autres cetasika sont regroupés dans l'agrégat nommé sankhárakkhandhá, celui des formations mentales.


Par exemple, sankhárakkhandhá comprend ces différents cetasika :
les volitions ou intentions (cetana),
l'attachement (lobha),
l'aversion (dosa),
l'ignorance (moha),
l'amour bienveillant (metta),
la générosité (alobha),
la sagesse (pañña).
Les impuretés comme les qualités nobles sont inclues dans sankhárakkhandhá, et sont impermanentes, sans soi.
On traduit parfois sankhárakkhandhá par "activités" (Le terme sankhára a différentes significations, selon le contexte. Sankhára dhamma comprend toutes les réalités conditionnées. Sankhárakkhandhá comprend cinquante cetasika)


Tous les citta forment un unique khandhá : viññanakkhandhá.

Les termes palis viññana, mano et citta sont trois termes qui désignent une même réalité : ce qui a la capacité de connaître ou expérimenter.
Quand citta est envisagé comme un khandhá, c'est le mot viññana qui est utilisé.

Ainsi, nous avons donc :
- un khandhá qui est rúpa
kkhandhá,
et
- quatre autres qui sont námakhandhá. Parmi ces quatre, trois námakhandhá sont cetasika et un est citta

Rien de ce qui est khandhá ne dure : ce qui apparaît disparaît aussitôt. Si ces khandhá apparaissent puis disparaissent, ils n'en sont pas moins réels, et peuvent être expérimentés quand ils se présentent à nous.

Nibbána, le dhamma inconditionné qui n'apparaît pas et ne disparaît pas n'est pas un khandhá.


Les khandhá sont des réalités, qui peuvent être expérimentées.

Par exemple, nous expérimentons rúpakkhandhá quand nous faisons l'expérience de la dureté. Ce phénomène ne dure pas, il apparaît puis disparaît.
Rúpakkhandhá est impermanent. Rúpakkhandhá ne comprend pas seulement les rúpa du corps, mais englobe tous les autres phénomènes physiques. Ainsi le son lui aussi est rúpakkhandhá, il apparaît puis disparaît.

Vedanákkhandhá (la sensation) est lui aussi réel : nous pouvons expérimenter les sensations. Vedanákkhandhá englobe toutes les sortes de sensations, qui peuvent être classées de différentes façons.

Parfois les sensations peuvent être classées en trois catégories :
1-Sensations agréables
2-Sensations désagréables
3-Sensations neutres ou indifférentes

Parfois c'est une classification en cinq catégories qui est utilisée.
Aux trois catégories évoquées au-dessus, on y ajoute :
4-Sensations corporelles agréables
5-Sensations corporelles désagréables

Les sensations corporelles sont les sensations qui ont la corporéité sensitive (káya pásáda rúpa) pour condition. Ces sensations en elles-mêmes sont náma, mais elles ont rúpa (la corporéité sensitive) pour condition.
Quand un objet rentre en contact avec cette corporeité sensitive, la sensation est soit agréable, soit désagréable : il ne peut y avoir de sensation corporelle neutre. Quand la sensation corporelle est désagréable, elle est akusala vipáka, le résultat d'actions pernicieuses. Et quand la sensation corporelle est agréable, elle est kusala vipáka, le résultats d'actions bénéfiques.

Du fait que l'on expérimente une suite continue de sensations apparaissant pour ensuite disparaître, il est difficile de les distinguer l'une de l'autre. Par exemple nous avons tendance à confondre la sensation corporelle agréable qui est vipáka (née du kamma) avec la sensation mentale agréable pouvant apparaître juste après, et qui est accompagnée d'attachement pour cette sensation corporelle.

Ou nous pouvons des fois confondre les sensations corporelles désagréables avec les sensations mentales désagréables accompagnées d'aversion qui apparaissent juste après.

Quand il y a douleur physique, la sensation douloureuse est vipáka, elle accompagne le vipákacitta qui expérimente l'objet désagréable en contact avec la corporeité sensitive.

Des sensations mentales déplaisantes peuvent apparaître ensuite. Ces sensations mentales ne sont pas vipáka, mais accompagnent l'akusala citta teinté d'aversion, et sont donc akusala. Cet akusala citta teinté d'aversion naît à cause de l'aversion (dosa) que nous avons accumulé. Bien que les sensations corporelles et les sensations mentales soient toutes deux náma, ce sont des sensations très différentes, puisque naissant de causes différentes.

Quand il n'y a plus de conditions pour dosa, la douleur physique peut toujours apparaître,mais elle n'est plus accompagnée de sensations mentales désagréables.

L'arahanta, l'accompli qui a éliminé toutes les souillures, peut éventuellement expérimenter akusala vipáka tant que sa vie n'est pas terminée, mais il est dépourvu d'aversion.



Il existe encore bien d'autres façon de classer les sensations.


Connaître ces classifications nous aide à réaliser que la sensation est seulement un phénomène mental, qui apparaît à cause de conditions. Nous avons tendance à nous accrocher à des sensations qui ont déjà disparu, au lieu d'être conscient de la réalité de l'instant présent telle qu'elle apparaît au travers des yeux, des oreilles, du nez, de la langue, du corps ou du mental.


Saññákkhandhá (l'agrégat de la perception) est réel :

il peut être expérimenté quand nous nous remémorons quelque chose. Sañña accompagne systématiquement citta. Chaque citta qui apparaît expérimente un objet : sañña mémorise cet objet et le "marque" afin de pouvoir le reconnaître. Même lors des moments où l'on ne reconnaît pas quelque chose, citta expérimente toujours un objet, et sañña "marque" cet objet.

Sañña apparaît et disparaît avec citta : sañña est impermanent. Aussi longtemps que nous ne verrons pas sañña pour ce qu'il est, c'est à dire un phénomène mental apparaissant pour aussitôt disparaître, nous prendrons alors sañña pour le soi.


Sankhárakkhandhá (l'agrégat des cetasika autres que vedaná et sañña) est réel :

il peut être expérimenté. lorsqu'il y a des facteurs mentaux nobles (sobhana cetasika) comme la générosité et la compassion ou bien lorsqu'il y a des facteurs mentaux impurs comme la colère ou l'avarice, nous expérimentons sankhárakkhandhá. Tous ces phénomènes apparaissent pour ensuite disparaître : sankhárakkhandhá est impermanent.


Viññanakkhandhá (citta, l'agrégat de la conscience) est lui aussi réel :

nous pouvons l'expérimenter à chaque fois que nous voyons, entendons, sentons, goûtons, ou touchons des objets à travers les organes des sens ou à travers le mental. Viññanakkhandhá apparaît puis disparaît, il est impermanent.

Tous les sankhára dhamma (phénomènes composés, conditionnés), c'est à dire les cinq agrégats, sont impermanents.


Les khandhá sont parfois appelés "agrégats d'appropriation" (en pali upadanakkhandhá) parce que ceux qui ne sont pas encore arahanta s'approprient ces agrégats.

Nous prenons le corps pour le soi, et nous approprions donc rúpakkhandhá. Nous prenons le mental pour le soi, et nous approprions alors vedanákkhandhá, saññákkhandhá, sankhárakkhandhá, et viññanakkhandhá.
Si nous continuons à nous approprier ces khandhá, et ne les voyons pas tels qu'ils sont réellement, nous devons alors nous attendre à souffrir. Tant que les khandhá demeureront des objets d'appropriation pour nous, nous demeurerons comme des gens affligés par la maladie.

Aussi longtemps que nous nous approprions les khandhá, nous sommes comme malades. Mais nous pouvons guérir, en voyant les khandhá tels qu'ils sont réellement. Les khandhá sont impermanents. Ils sont donc insatisfaisants.

les khandhá, et donc la souffrance, continuent d'apparaître au fil des renaissances tant qu'il y a appropriation de ces khandhá. Si nous pratiquons le sentier octuple et développons la compréhension correcte des réalités, nous apprenons à voir les khandhá tels qu'ils sont. Nous sommes alors sur la voie qui mène à la cessation de dukkha, et qui nous libère de la naissance, de la dégénérescence, de la maladie et de la mort.

Ceux qui ont atteint la dernière étape de la l'illumination, le stade d'arahanta, seront une fois leur existence terminée libérés des khandhá.


  • TELECHARGER l'intégralité de cette traduction de Sébastien Billard (format pdf) : ICI

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