vendredi 21 décembre 2007

La méditation ; une profonde activité de transformation




Plan de ce messsage

1) différents extraits de l'enseignement de Ajahn Akincano
2) des extraits de l'enseignement
de Ajahn Sucitto




1) Extraits de l'enseignement de Ajahn Akincano



Ajahn Akincano - Akincano Marc Weber
Il est né à Berne, Suisse, en 1960. Il a pratiqué le zen avant de prendre les voeux d'un moine théravada dans la Tradition de la Forêt d'Ajahn Chah. A partir de 1985 il a vécu dans un contexte monastique. Il reçut sa formation bouddhiste d'Ajahn Sumedho (Angleterre) et de Bhikkhu Payutto (Thaïlande). Il connaît le thaï et le pali et a passé plusiers années dans la Tradition de la Forêt en Thaïlande avant de s'établir en 1998 au monastère Dhammapala dans les Alpes Suisses. En 2005 il est retourné à la vie laïque après vingt ans de vie monastique. Il vit Aujourd'hui à Cologne où il enseigne la méditation et la pratique bouddhiste. Il s' intéresse particulièrement à une compréhension authentique des textes bouddhistes anciens, et tente d'établir des ponts, qu'il estime indispensables, entre pratique contemplative et psychologie occidentale.




La méditation ne s'arrête pas lorsque l'on quitte son coussin :

Il faut élargir sa notion de méditation, son attitude mentale. Celle-ci doit nous rendre capable de négocier – de prendre en compte et d'accepter


Les fruits de notre pratique sont directement liés à notre engagement pour cette pratique.

Vous constaterez facilement que vous passez la plupart du temps en fuite – soit en passé, soit en avenir et très peu de temps dans le moment présent.

Une grande partie de notre esprit se balade dans l'avenir ou dans le passé, dans la mémoire.

Comment reprendre l'attention de l'esprit pour la remettre dans le moment présent

(...) Il y a toutes sortes d'expériences corporelles, la complexité de notre perception présente dans l'instant, dans nos humeurs… Il y a souvent une émotion qui est là, chargée de pensées, donc qui nous expose au danger de se perdre dans l'avenir ou dans le passé.
Mais il y a, normalement, quatre formes d'expériences qui sont assez faciles à discerner et qui sont la base de toute pratique de méditation bouddhique.
Les pensées et les images sont le territoire le plus dangereux, car les choses s’y passent tellement vite qu'on se perd facilement. C'est aussi là que le présent occupe le plus petit espace et le passé et l'avenir, le plus grand.

Il y a donc :

- chaîne 1 – dhammā : les pensées et les images

- chaîne 2 – citta, les émotions, les états du coeur.

- chaîne 3 – vedanā : le fait que nous apprécions quelque chose ou que nous ne l'aimions
pas. C'est un jugement du mental, du domaine où l'on évalue quelque chose comme étant
intéressant, agréable ou, au contraire, ennuyeux ou désagréable.
Il est important de ne pas confondre vedanā avec un sentiment, une émotion (chaîne 2) ou avec une sensation corporelle (chaîne 4).

- chaîne 4 – kāya : les sensations corporelles, c'est-à-dire l’expérience de notre présence
physique et énergétique dans l’instant.



(...) L'enseignement du Bouddha essaie de focaliser l'esprit dans une des directions de ces quatre domaines, sur les objets qui se présentent dans le moment.
Ça, c'est la théorie. La pratique, c'est autre chose, c'est un peu plus compliqué, car dans la pratique on rencontre la force de notre conditionnement.


Durant une retraite dans un monastère:

Dans un monastère qui est un endroit où l'on essaie de perdre son conditionnement. On essaie d'appliquer des rituels, un changement de valeurs, d'accent.

Le monastère n'est pas un endroit social. Il y des moments où l'on s'adonne à la convivialité, mais, la plupart du temps, c'est un endroit où l'on essaie de gagner une plus grande perspective sur sa vie intérieure. Pour gagner cette perspective, on réduit l'influence de l'extérieur en essayant de ne pas se divertir.

Pour que la qualité intérieure de notre expérience puisse se magnifier, que l'on se trouve comme sous une loupe, il faut réduire l'impact des sens. C'est pour cela qu'on parle peu, qu'on ne regarde pas la télévision, qu'on ne s'adonne pas à la lecture.

Il faut donner un cadre au rôle des sens dans notre vie, non parce qu'il est immoral de se servir de ses sens, mais parce que le monde extérieur a tellement d'influence dans notre vie en général, que l'on perd contact avec ce qui se passe à l'intérieur, que l'on perd la perspective.

C'est un processus interne fort intéressant et fort révélateur, mais on a souvent tendance à le perdre ou à ne pas lui donner d'importance, simplement parce qu'il y a trop d'autres choses qui se produisent dans notre vie.

Parfois, ce qui se passe en nous n'est pas agréable et bien que ce soit vrai, essentiel, urgent de comprendre, nous préférons ne pas donner notre attention à ce processus. Nous préférons donner notre attention à notre travail, à nos relations, à un divertissement, ou parfois à n'importe quoi, tout simplement pour ne pas voir ce qui se passe à l'intérieur.
Donc, il y a plusieurs niveaux de cette dynamique.

Un monastère est un endroit où l'on essaie de retourner la lumière vers l'intérieur, de magnifier qui se passe au sein de notre coeur pour pouvoir mieux comprendre.



Une notion intellectuelle de ce qui passe pendant la pratique de la méditation.

Bouddha a enseigné aussi qu'on ne peut pas comprendre la vérité, ni réaliser le but ultime – le Nibbāna – uniquement à travers la réflexion.
Normalement, il est plus facile de faire ressembler l'esprit au corps, car le corps est beaucoup plus facile à maîtriser ; par exemple on dit à son corps : « Tu t'assois, tu croises les jambes, tu fermes les yeux et tu arrêtes de te tourner les pouces ».

C'est plus facile de dire cela au corps. Si vous dites cela à l'esprit, il continue à se tourner les pouces encore plus longtemps !…

Etant donné qu'il est plus facile de maîtriser le corps, on commence par lui donner une stabilité, un centre, un équilibre en espérant que l'esprit donne systématiquement son attention à l'expérience du corps et commence à faire ce mimétisme avec lui.

Un corps calme qui ne bouge pas va avoir une respiration qui se pacifie, et quand on porte
l'attention sur la respiration, elle va devenir plus calme, plus lente, plus profonde et l'esprit
commence à faire son petit mimétisme, à devenir plus calme, à s'approfondir : il trouve une certaine verticalité.

Vous pouvez vérifier par vous-mêmes qu'il existe un bonheur qui ne réside pas dans le frigidaire, dans le téléphone, dans vos relations, votre porte-monnaie, vos trésors… dans tout ce que vous pouvez imaginer d'agréable et de désirable. Mais c'est très clair, si vous n'êtes pas prêts à vérifier cela dans votre propre vie, ça reste une fantaisie, une théorie et il faut bien voir que pour vérifier cette théorie, il vous faut faire face à l'intensité du conditionnement qui vous pousse à chercher le bonheur, l'épanouissement dans la direction des sens.



Lire cet enseignement en entier : dhammasukha

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2) Extraits de l'enseignement de Ajahn Sucitto



Ajahn Sucitto est né à Londres en 1949. Sa première rencontre avec le Bouddhisme se produit à travers la littérature japonaise. La recherche d'un sens à la vie lui fait entreprendre un long périple vers l'Est. Il passe quelque temps en Inde puis, en 1975, il arrive en Thaïlande dans la région de Chiang Mai. Très vite, il décide de s'engager dans la vie monastique et passe trois années en Thaïlande où il rencontre Ajahn Sumedho qu'il retrouve en rentrant au pays, en 1978 et auprès de qui il décide de rester, assumant la responsabilité de l'édition et la publication de ses enseignements ainsi que d'autres publications du Sangha. Lui-même publie de nombreux ouvrages.
Cela fait une vingtaine d'années qu'Ajahn Sucitto Bhikkhu enseigne et dirige des retraites en Europe, Etats-Unis, Afrique du Sud, Australie. Depuis 1992, il assume la responsabilité du monastère de Chithurst


La méditation est une profonde activité de transformation.

La méditation est une profonde activité de transformation. Cela peut paraître étrange car la méditation se présente souvent comme une position assise en toute tranquillité – et en silence. En ce qui concerne une activité quelconque…cela se borne apparemment à quelques actions qui semblent sans importance, comme porter son attention sur les sensations liées à la respiration, ou sur les pensées qui se déroulent dans le mental. La méditation ne semble pas être un processus très significatif. Des gens peuvent demander : « Que sommes nous supposés faire quand nous sommes assis ? » « Qu’est-ce que je dois faire de mon mental pour l’améliorer »

En fait, ce qui caractérise la méditation est le fait que c’est un processus de modération de l’énergie en calmant l’attention, ce qui lui permet d’être plus réceptive, plus ouverte.

Une action importante dans la méditation consiste à soigner notre « énergie de faire » afin que la volition ne soit pas agitée, ni indocile, angoissée ou violente, mais devienne claire et tranquille et entièrement attentive au moment présent.

Ainsi, plus nous arrivons à modérer notre énergie de cette manière, plus nous arrivons à un résultat brillant, à la confiance et à la clarté ; et plus ces qualités du mental se font jour en nous-mêmes, moins nous nous sentons obtus, agités et confus. Alors, l’agitation, le souci et les tentations de nous distraire disparaissent.

Par conséquent, en plus d’un bien-être immédiat et d’une plus grande clarté, la méditation apporte d’autres bienfaits importants dans notre vie : nous apprécions la valeur de la tranquillité et de la simplicité, ce qui nous encourage à laisser les choses se faire. Cela représente un changement important de perspective.

La fonction première de la méditation est une sorte de remède. On l’appelle « calmant », (samatha) : l’installation et le confort des énergies corporelles et mentales.

La seconde fonction est la vue profonde (vipassana) qui est plutôt une manière de regarder dans le corps et le mental devenus calmes et de voir ce qu’ils sont réellement.

Les deux fonctions marchent ensemble : quand vous vous calmez, votre regard devient plus clair et comme vous voyez les choses plus clairement, l’agitation diminue ainsi que la confusion et les choses à régler.

Et au moment où les deux processus prennent fin, le kamma cesse : l’expérience de nos forces intérieures – nos sensations et nos humeurs, nos attitudes et les souvenirs qui nous font vivre – peuvent trouver un endroit de résolution. L’agitation et la confusion peuvent s’arrêter.


Elargir la pratique de la Méditation :

Nous pouvons élargir la pratique de la méditation en agrandissant la conscience du corps quand il est assis, en marche, debout ou couché et également dans l’acte continu d’inspirer et d’expirer.

Nous nous occupons ainsi des réalités fondamentales de la vie du corps. Cela nous donne l’opportunité de mettre de côté des questions plus personnelles, spécifiques ou d’actualité et de nous pencher sur quelque chose qui nous accompagne toute notre vie.

Ce qui est attaché ensemble comme « mon corps » et « mon mental » est en réalité un mouvement dynamique de sensations, d’humeurs et d'impulsions qui ralentissent, accélèrent et changent sans arrêt.

Ces mouvements agissent mutuellement les uns sur les autres, les humeurs mentales émettent des éclairs et même des chocs dans le système d’énergies corporelles et vice versa.
Parfois, un mouvement d’irritation ou de peur, peut causer une crispation, ou le sentiment d’avoir beaucoup de choses à f aire engendre un tourbillon qui "me met hors de moi".
Et, bien que ces sensations semblent être « moi », elles n’ont aucune substance durable. La substantialité est ici seulement produite par le jeu confus des énergies physiques et mentales, comme un disque apparemment solide créé par les lames d’un ventilateur en marche.

(...)

Dans la méditation, les schémas deviennent plus clairs, comme on stabilise l’énergie il y a moins de confusion(...)


Il y a trois canaux pour ces schémas actifs ou aboutissants :

- Celui pour le kamma mental ou émotif est citta-sankhara, il se réfère à citta notre sens affectif qui expérimente la signification et les sentiments et amène des réponses et des attitudes

-Le schéma pour le kamma verbal est vaci-sankhara qui engendre les pensées.
Il y a dans cette dynamique, deux aspects : l’intellect examine un objet, puis formule un concept pour le nommer, c’est vitakka. En même temps, il vérifie si ce concept correspond vraiment à l’objet, il le raffine, il l’évalue, créant ainsi de nouveaux concepts. C’est l’évaluation, vicara

-Pour finir, le schéma pour le kamma corporel est kaya-sankhara, le schéma de l’énergie corporelle qui s’appuie sur l’inspiration et l’expiration comme condition de base nécessaire.
A cause de la respiration le corps, tout à son énergie (ou au repos), est un processus dynamique. Et sa vitalité (ou son manque de vitalité) nous enchante (ou nous déçoit). Ainsi, tout cela affecte citta, le mental affectif.

(...)

La suite de cet enseignement : La Respiration pendant la Méditation : ICI

Source: lerefuge


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