jeudi 6 décembre 2007
Méditation sur la Respiration
Plan de ce message:
1) Méditation sur la respiration par Ajahn Akincano
Les enseignements ci après, sont Extraits d'une retraite de Novembre 2002, dirigée par Ajahn Akincano, au centre "le Refuge"
J'ai choisi différents extraits de plusieurs enseignements.
2) Suivre la Respiration, par Ajahn Sumedho
3) anapanassati sutta : L'attention sur la respiration.
Ce sutta est très important, il complète en quelque sorte le "satipatthana sutta".
Le lire ou le relire, très attentivement est vraiment très utile.
1) enseignements sur la méditation
Bhavana
(...) Un des piliers de l’enseignement bouddhiste s’appelle bhavana, le développement spirituel.
Il y a plusieurs sortes de bhavana. La tradition contemplative s’intéresse particulièrement à la méditation, à la pratique formelle de la méditation : rassembler l’esprit, affiner l’esprit, le calmer, le comprendre, le libérer.
La Position :
Colonne vertébrale assez droite, cherchez à vous équilibrer, mettez le poids de votre corps sur le plus de surface possible. Et cherchez à faire cela d’une manière relâchée. Je vous prie de fermer les yeux : cela vous aide à amplifier l’expérience intérieure, l’expérience du corps de votre état énergétique.
Ce qu’on va faire, c’est très facile, très simple. Garder l’esprit dans le moment présent à travers ce que nous ressentons de nous-mêmes. J’aimerais bien vous proposer de prêter votre attention plutôt que de concentrer votre attention. Il y a une place pour la discipline dans cette pratique spirituelle, mais il y a aussi une place pour le relâchement, et trouver le chemin moyen sera le résultat d’une longue recherche.
D’abord, on se met dans une posture qui permet au corps de respirer calmement, qui permet aux organes intérieurs de trouver leur place, au diaphragme de pouvoir bouger facilement. Peut-être faudra-t-il relâcher un peu la ceinture. Faites ce qu’il faut pour respirer facilement.
Entrer dans le moment présent
Entrer dans le moment présent signifie quitter tout ce que l’on pense, quitter toutes les situations que vous avez vécues aujourd’hui. Je vous prie de consciemment quitter, laisser derrière vous les endroits d’où vous venez, laisser derrière vous votre travail, votre famille, vos amis, le chemin, les dialogues, les pensées, les images qui vous viennent quand vous pensez à aujourd’hui. Je vous prie d’entrer consciemment dans la situation présente. Non parce que le reste n’est pas bon ou pas utile, mais tout simplement parce que le moment présent est le seul moment où vous pouvez changer quelque chose. Le seul moment de liberté, c’est le moment présent (...)
Méditation sur la respiration
L’attention au souffle: chercher le mouvement de toute la respiration, peut être sentant comment le souffle touche tous nos organes, touche l’espace intérieur.
Appréciez votre bien-être.
(...) Quand nous nous libérons volontairement et délibérément du connu, c’est à dire des images que nous avons d’aujourd’hui, des recueils de nos états, des rencontres, peut- être de quelques idées, précieuses bien sûr, cela nous permet d’entrer plus consciemment dans ce qui est maintenant. Permettez que cela s’en aille pour le moment. Si c’est tellement précieux, cela reviendra, ne craignez pas.
Et en vous libérant de tout ça, vous allez entrer plus consciemment dans cette situation, ici, maintenant.
Prenez note du fonctionnement de vos sens : ce que vous sentez, ce que vous ressentez, ce que vous écoutez, vos expériences tactiles. Constatez le climat général : énergétisé, somnolent, ennuyé, anxieux, quoique que ce soit, notez le sans tellement d’analyse, sans vous y mêler.
Et puis reprenez le souffle comme objet, reprenez le va et le vient des sensations dans le ventre, la dilatation, la contraction de la poitrine, peut être le sens du toucher quand l’inspiration commence dans les narines.
Choisissez comme région de votre attention, l’endroit, quel qu’il soit, - nez, poitrine, ventre - où la sensation est la plus concrète, la plus tangible. Vous permettez à l’esprit de s’y placer. Votre attention reste accueillante et les sensations viennent, les sensations s’en vont, vous restez, vous constatez leur apparition, leur changement, leur petit climat et puis leur disparition. Constatez leur profondeur, leur rythme, leur texture, la vitalité qui s’y cache. Une immense simplicité dans tout ça !
Permettez à l’esprit de se réunifier, protégez le contre toute distraction, contre tout ce qui l’éloigne du présent, de votre accueil des sensations corporelles liées à la respiration. Soyez clair, soyez déterminé à le garder, à le protéger, permettez-lui de se rassembler. Notez bien que ce n’est pas nous qui le rassemblons, l’esprit comprend ce qu’il doit faire. Quand nous le protégeons, quand nous l’empêchons de se noyer dans les sens, dans les pensées, dans les images, quand nous le protégeons de telle manière, il sait très bien quoi faire pour s’unifier, il sait très bien devenir calme, devenir paisible, devenir transparent.
Ce simple mouvement d’une inspiration, de s’ouvrir à cette inspiration, et dans une expiration, de permettre que l’air qui nous nourrit nous quitte, démontre de grands mouvements universels.
Ouvrir, accepter, puis redonner, laisser, lâcher prise.
Si vous regardez un peu autour de vous, vous voyez que toute forme d’expérience dans votre vie demande une telle attitude, demande que vous soyez prêt à vous ouvrir, à risquer quelque chose, à devenir vulnérable, pour qu’autre chose puisse se présenter, puisse se manifester, puisse vous toucher. Et puis normalement, sans que vous ayez beaucoup à dire à ce sujet, il y a un moment où il vous faut lâcher prise, quoique bien, quoique heureuse que soit l’expérience, il y a un moment où cette expérience passe Il y a quelque chose qui change, il vous faut lâcher prise ! Vous pouvez lutter un peu mais, même si vous luttez beaucoup, on va quand même vous l’enlever ! On apprend à lâcher prise avant que les choses ne nous soient arrachées.
Les mouvements de l’inspiration et de l’expiration symbolisent l’expérience fondamentale de notre vie. Egalement, dans notre dépendance à la respiration, nous pouvons reconnaître la caractéristique de la conditionnalité. Nous dépendons des choses, nous dépendons de cette respiration. Les choses ne sont pas stables, ce sont des données et des conditions qui changent et dont nous dépendons fortement. Cet aspect peut se voir dans la respiration : l’air que nous respirons, en tant qu’élément, nous démontre l’impersonnalité de ce processus. Ce n’est pas mon air que j’inspire et que j’expire, je partage ce que j’inspire et ce que j’expire, je partage cet oxygène avec tout le monde, même avec ceux que je n’aime pas !
Presque tous les êtres, presque toutes les formes de vie sur cette planète échangent un peu de gaz avec leur environnement ; Nous ne sommes pas du tout seul. Nous pouvons reconnaître là, l’élément de l’impersonnalité.
Et finalement, dans le va et le vient de la respiration, du souffle, nous reconnaissons l’impermanence, le fait que nous sommes dans un échange continuel. Quoique parfaite soit votre inspiration, vous ne pouvez pas arrêter ce moment là, le processus continue, avec une expiration inévitable. Nous pouvons aussi reconnaître qu’au degré où nous bloquons notre respiration, où nous faisons des interventions, c’est plus ou moins corrélant avec le degré où nous bloquons le courant de notre vie. Nous pouvons reconnaître les blocages qui se présentent dans notre vie à peu près dans les blocages qui se présentent dans notre respiration. Il y a de forts liens entre les deux.
Nous prenons note de ce mouvement, ce mouvement primordial, ce mouvement universel et le prenons pour Refuge. Prenons le comme base de notre exercice, de notre pratique, pour nous mettre en contact avec nous même, pour prendre soin de nous. Nous prenons contact avec notre respiration, elle va nous dire si nous sommes excités, si nous sommes anxieux, si nous sommes stressés.
Si nous sommes calmes, notre respiration va nous le raconter. Et puis elle nous donne les moyens de transformer, quoi que ce soit que nous expérimentions. Il nous est possible de devenir plus calme, plus transparent, plus relâché, plus clair, à travers la respiration, par le simple mimétisme que, lorsque nous restons assis, calme, la respiration se calme. Quand nous prêtons notre attention à ce mouvement calmant, l’esprit va se calmer de même.
Nous prenons cette respiration comme une corde, et puis nous nous permettons de nous pacifier, de glisser et doucement, sans pousser, sans forcer, d’aller vraiment avec cette corde, jusqu’au fond de la nature vraie des choses.
L'attention
(...) Notez bien, l’attention n’est pas ce que nous voyons, n’est pas ce que nous écoutons. L’attention est plutôt ce qui nous permet de percevoir, de voir, ce qui nous permet d’écouter.
Il nous faut discerner les énergies qui nous permettent de vivre. L’attention me paraît l’énergie la plus précieuse. Elle nous permet d’être présent. Elle nous permet la participation à ce que nous expérimentons à travers nos sens. Et habituellement nous identifions cette attention avec le contenu de nos sens. Tout ce qui prend place dans votre esprit, prend place dans l’attention.
Quels sont les moyens qui nous permettent de nous rendre compte de la qualité de notre attention:
(...) Une des choses qu’il nous faut faire, avant de pouvoir pratiquer n’importe quoi, c’est de vérifier quelle est la somme d’énergie d’attention disponible dans notre système. Est-ce que nous sommes vigilant ? Est-ce que nous sommes alerte ? Nous devons être capable de connaître le degré de notre attention dans un moment particulier.
Parfois, il est crucial que nous dirigions cette attention, que nous soyons capable de la focaliser, de lui donner un objet, de former cette attention à travers un objet. Mais parfois, il n’y a pas assez d’attention. Donc, au lieu de la diriger, on essaye d’en générer, d’en produire, de la cultiver.
Ça se fait par exemple à travers la respiration. Notre souffle voyage entre esprit et corps, d’une manière assez simple, vous avez fait ça de nombreuses fois. Vous approfondissez votre respiration, vous allez vitaliser votre corps, apporter plus d’oxygène à votre cerveau, vous permettez à votre poitrine de s’élargir, vous permettez à vos poumons de se remplir plus profondément, de se vider plus profondément. Conséquence : il y a tout un enchaînement physiologique qui vitalise votre système, qui l’alimente. Un des effets de cette vitalisation est une plus grande clarté, une plus grande mobilité de l’esprit, et aussi une plus grande quantité d’énergie disponible.
source : Le REFUGE
2) Suivre la Respiration, par Ajahn Sumedho
anapanassati est une manière de concentrer le mental sur votre respiration ; ainsi, que vous soyez déjà un expert ou que vous teniez cette cause pour perdue, il y a toujours un moment où l’on peut suivre sa respiration. C’est une occasion de développer le « samadhi » (la concentration) en rassemblant toute votre attention juste sur la sensation de la respiration.
À ce moment-là, mettez-vous totalement dans ce point pour la durée d’une inspiration et la durée d’une expiration. Inutile d’essayer de le faire, mettons quinze minutes, parce que vous ne réussirez pas si c’était le temps que vous vouliez consacrer à la concentration en un point. Utilisez plutôt le temps d’une inspiration et le temps d’une expiration.
Maintenant tout le succès de l’opération va dépendre de votre patience plutôt que de votre volonté, parce que le mental vagabonde et nous avons toujours à revenir patiemment à la respiration.
Quand nous sommes conscients que le mental vagabonde, nous notons ce que c’est : c’est peut-être parce que nous avons tendance à y mettre beaucoup d’énergie au début et ensuite de ne pas pouvoir la soutenir en faisant trop d’effort, sans que cet effort soit soutenu. Ainsi nous utilisons la longueur d’une inspiration et la longueur d’une expiration afin de limiter l’effort à juste cette longueur-là pour soutenir l’attention. Mettez votre effort au- début de l’expiration pour la soutenir pendant toute sa durée jusqu’à la fin de l’expiration et ensuite faites de même avec l’inspiration. Par la suite, la respiration deviendra égale et l’on dit alors que l’on est en « samadhi » quand celle-ci semble se faire sans effort.
Au début, il nous semble qu’il nous faut faire beaucoup d’efforts ou que nous ne pouvons pas suivre notre respiration parce ce que nous ne sommes pas habitué à faire cela. La plupart de nos mentaux ont été entraînés à utiliser la pensée associative. Le mental a été entraîné à lire des livres, à aller d’un mot à l’autre, à avoir des pensées et des concepts basés sur la logique et la raison.
Cependant, anapanassati est un autre type d’entraînement où l’objet sur lequel on se concentre est tellement simple qu’il n’est pas du tout intéressant du point de vue intellectuel. Ainsi ce n’est pas la question d’être intéressé à cela mais celle de faire un effort et d’utiliser cette fonction naturelle du corps humain comme point de concentration. Le corps respire, que l’on en soit conscient ou pas. Ce n’est pas comme le pranayama où l’on développe des capacités à travers la respiration. Ici c’est plutôt développer le samædhi, la concentration et l’attention à travers l’observation de la respiration, la respiration normale, telle qu’elle est juste en ce moment.
Comme pour tout, il faut pratiquer pour y arriver ; personne n’a de problème à comprendre la théorie ; c’est le fait que cela soit une pratique continue qui décourage les gens. Mais prenez note de ce découragement même qui vient de ne pas pouvoir obtenir le résultat désiré, parce que c’est cela l’obstacle à la pratique. Notez cette sensation même, reconnaissez la et ensuite laissez la s’en aller. Revenez de nouveau à la respiration. Soyez conscient de ce point où vous en avez marre ou bien lorsque vous éprouvez de l’aversion ou de l’impatience, en faisant anapanassati, reconnaissez cela et ensuite lâchez prise et revenez de nouveau à la respiration.
3) anapanassati sutta: L'attention sur la respiration :
Dans ce sutta, le Bouddha expose l'attention à l'inspiration et à l'expiration ; Les Quatre Cadres de Référence ; les 7 facteurs d'Eveil, pour terminer avec les Claires Connaissances et Libération
Pour Lire ce sutta en entier, aller dans : "Quelques sutta" (avant dernier sutta)
Ci après : Extraits de ce sutta, à propos de l'Attention à l'Inspiration et à l'Expiration:
(...)Comment développer et pratiquer régulièrement la méthode de la Pleine conscience de la respiration afin que la pratique porte ses fruits et soit source de grands bienfaits ? Cela se passe ainsi, moines : le pratiquant va dans la forêt ou au pied d’un arbre dans un endroit désert : il s’assied dans la posture du lotus, le corps stable et droit, la Pleine conscience établie devant lui. Lorsqu’il inspire, il sait qu’il inspire ; lorsqu’il expire, il sait qu’il expire.
1-En inspirant longuement, il sait ‘j’inspire longuement’. En expirant longuement, il sait ‘J’expire longuement’.
2-En inspirant brièvement, il sait ‘j’inspire brièvement’. En expirant brièvement, il sait ‘J’expire brièvement’.
3-‘J’inspire et je suis conscient de tout mon corps. J’expire et je suis conscient de tout mon corps’. C’est ainsi qu'il pratique.
4-‘J’inspire et j'apaise mon corps tout entier. J’expire et j'apaise mon corps tout entier’. Ainsi pratique-t-il.
5-‘J’inspire et je me sens joyeux. J’expire et je me sens joyeux’. Ainsi pratique-t-il.
6-‘J’inspire et je me sens heureux. J’expire et je me sens heureux’. Ainsi pratique-t-il.
7- ‘J’inspire et je suis conscient de mes formations mentales. J’expire et je suis conscient de mes formations mentales’. Ainsi pratique-t-il.
8-‘J’inspire et je calme mes formations mentales. J’expire et je calme mes formations mentales’. Ainsi pratique-t-il.
9-‘J’inspire et je suis conscient de mon mental. J’expire et je suis conscient de mon mental’. Ainsi pratique-t-il.
10-‘J’inspire et je rends mon esprit heureux. J’expire et je rends mon esprit heureux’. Ainsi pratique-t-il.
11-‘J’inspire et je concentre mon mental. J’expire et je concentre mon mental’. Ainsi pratique-t-il.
12-‘J’inspire et je libère mon mental. J’expire et je libère mon mental’. Ainsi pratique-t-il.
13-‘J’inspire et j’observe la nature impermanente de tous les phénomènes. J’expire et j’observe la nature impermanente de tous les phénomènes’. Ainsi pratique-t-il.
14-‘J’inspire et j’observe la disparition progressive du désir. J’expire et j’observe la disparition progressive du désir’. Ainsi pratique-t-il.
15-‘J’inspire et je contemple la nature non née et non morte de tout phénomène. J’expire et je contemple la nature non née et non morte de tout phénomène’. Ainsi pratique-t-il.
16-‘J’inspire et je contemple le lâcher-prise. J’expire et je contemple le lâcher-prise’. Ainsi pratique-t-il.
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