lundi 9 juillet 2007

Retraite vipassanà, présentation




J'ai essayé de raconter, le plus sincèrement possible, ce que j'ai pu expérimenter au cours d'une retraite intensive. Au cours d'une telle retraite, Nous pratiquons suivant les instructions du Bouddha, dans le Satipattàna sutta.


Remarques préalables:

1- Faire le récit de sa retraite, c'est finalement une bonne manière de faire le point, avec du recul, sur ce que l'on a expérimenté.
Mais c'est aussi une bonne manière, hélas, d'alimenter son "égo"...
Cette expérience unique est ressentie et vécue de manière différente en fonction des personnes.

2- Malgré mon hernie discale lombaire ( opérée en 1999) et mon hernie discale cervicale, j'ai pu pratiquer comme les autres.
Et même, depuis que je pratique,
les douleurs liées à mon hernie discale cervicale ont complètement disparu, de telle sorte que l'opération qui était prévue, a été annulée.

3-Toute "méthode", que ce soit la méthode "Mahasi" ou une autre, peu importe; si elle n'est pas accompagnée de saddha (la foi) , sila (la moralité : respect des préceptes) et de la compréhension du dhamma, n'est qu'une "méthode" qui ne conduit à rien, en tout cas certainement pas au "bouddhisme".

- Dans le Bouddhisme Theravada classique (et plus largement dans toute la pratique bouddhiste classique), la pratique de satipatthana ( plus exact que de dire "la pratique de vipassana"), pour devenir samma-sati, l’attention juste, doit se dérouler dans le contexte des Quatre Nobles Vérités, c'est-à-dire qu’elle doit être précédée et guidée par la vue juste, et motivée par les intentions justes, sans même mentionner qu’elle doit être associée avec les trois facteurs éthiques de la Voie.

C'est pour ces raisons que j'ai choisi une retraite dirigée par un moine; l'enseignement du dhamma et la prise de refuge quotidienne, font partie intégrante de notre pratique.

Si vous effectuez une retraite avec une personne laïque, si celle ci n'est pas reliée à un
sangha monastique, il n'y aura pas de prise de refuge.

4- Retraite "intensive" ,ne veut en aucun cas dire pratique "rapide" ou "miraculeuse" : Il n'y a rien de miraculeux dans le Bouddhisme : il y a de la compassion, de la bienveillance, de la sagesse, mais pas de miracle...
Ce serait une erreur de penser que seule une seule pratique permet d'avancer sur le chemin. Il existe d'autres formes de Retraite et ce qui compte c'est la Foi, la confiance.

Chacun choisi sa "voie", son "chemin", sa "méthode" ou sa "manière" de pratiquer le dhamma. Aucun chemin n'est plus rapide qu'un autre, mais chaque personne étant différente, certains chemins sont mieux adaptés à notre personnalité. Mais ils conduisent tous au même endroit, même si ils sont différents.

Marcher sur le chemin prend du temps, des années et souvent une seule vie ne suffit pas, alors 10 jours, c'est une goutte d'eau.
Pourtant,
se mettre temporairement à l'écart en faisant une retraite, (peu importe le type de retraite) permet ensuite de mieux pratiquer le dhamma dans la vie de tous les jours, de mieux intégrer la pratique dans les situations de la vie quotidienne.

5 : (cette remarque n° 5 a été ajouté le 14/01/08)  Aujourd'hui, je ne fais plus aucune note mentale durant la méditation assise ou en marche, à moins que je ne sois agitée, dans ce cas la note mentale me permet de me recentrer 
 Lire : Méditation et transformation : ICI


Présentation de la retraite

Cette retraite vipassanà ou entraînement à Satipatthana, a eu lieu du 7 au 17 juin 2007, au centre de méditation SAKYAMUNI, situé à MONTBÈON, sous la direction de Sayadaw U Pannathami, moine Birman.

Biographie de Sayadaw U Pannathami (en pali: Pañña Sámi) : Il été l’élève de Sayadaw U Pandita depuis son noviciat.
Il fut le premier à être envoyé à l’étranger pour y enseigner la méditation : d’abord deux ans au Sri Lanka, puis en Malaisie et en Angleterre pendant dix ans. Il fut ensuite choisi pour diriger le centre de méditation “ Blue Montain” qui venait d’être créé à l’initiative des élèves australiens de Sayadaw U Pandita, à l’ouest de Sydney.
Sayadaw U Pannathami passa ensuite deux ans à Singapour pour revenir en Australie où il dirige le centre Panditarama de Sydney fondé en 2000.

Le site du centre Panditarama de Sydney = VOIR

Sayadaw U Pannathami enseigne la méditation aux Occidentaux depuis plus de vingt ans, ce qui est très rare pour un moine birman.

Lors d’une retraite intensive de 10 jours, on doit respecter le Noble silence (ne pas parler, hormis durant les entretiens avec le Moine) et avoir son regard dirigé vers le bas, afin de rester attentif (si on regarde de tous côtés, on ne peut absolument pas rester concentré)
La vraie pratique n'est pas limitée aux périodes de méditation formelle ( méditation assise et en marche) mais concerne toutes les activités de la journée. On se comporte comme un invalide: Ralentir physiquement nous aide à rester concentré et à observer ce qui se passe dans le corps et dans l'esprit.
"un véritable yogí en vipassaná est comme un vieillard en convalescence."

A propos du Noble Silence:

"La pratique du silence fait partie intégrante d'une session vipassanà ; c'est même un élément essentiel. C'est par le silence, "extérieur" et "intérieur", qu'on parvient à une plus grande clarté de l'esprit. Rompre le silence peut constituer un manque de respect à l'égard de celui ou de celle à qui on s'adresse. La parole est bien sûre autorisée pour poser une question et lors d'un entretien individuel avec le moine.
Les retraites ne sont pas conçues pour nouer des liens sociaux. Toutefois, les personnes régulières finissent par se connaître et on peut parler le dernier jour de la retraite, pendant les pauses. Mais La parole n'est pas le seul moyen de communiquer : beaucoup de "choses" passent entre les participants par un autre canal que la parole."

  • Ce qu'un yogi doit faire et ne pas faire : Lire LA

C'est la méthode « MAHASI »(nom du moine qui a popularisé cette méthode) qui est enseignée par le Vénérable U PANNATHAMMI:

  • La Biographie de Mahasi Sayadaw ICI
  • La méthode Mahásí du développement de vipassaná : Lire LA


Programme journalier de cette retraite

4h Méditation en Marche
5h Méditation assise
6h Chants Pali
6h15 Petit déjeuner
7h Méditation en Marche
8h Méditation Assise
9h Méditation en marche et entrevue avec le Vénérable U Pannathami.
10h Méditation assise
11h15 Repas
13h Méditation en marche
14h Méditation assise
15h Méditation en marche (et entrevue avec le Vénérable pour ceux qui ne sont pas passés le matin)
16h Méditation assise
17h Pause thé
17h15 Méditation en marche
18h Dhamma talk (enseignements donnés par U Pannathami) et chants Pali
19h30 Méditation en marche
20H30 Méditation Assise
21H30 Repos



Les photos : elles ont été prises au centre, le dernier jour, par une des nonnes.





A propos de la faim :

Q : Pourquoi doit-on s'abstenir de repas le soir, pendant une retraite méditative ?

Réponse du moine Dhamma Sami: Comment faire une bonne retraite en mangeant trois fois par jour ? Cela briserait le rythme. Même si l'on n'est pas tenu d'aller soi-même acheter les provisions, de les préparer, de les cuisiner, de faire la vaisselle..., il faut tout de même se disperser dans la vision des aliments, la préparation des bouchées, mâcher, manger, ingérer, se brosser les dents, subir la digestion, aller aux toilettes, etc. Lorsque l'estomac est lourd, l'esprit également.

Dans la méditation, un repas est un obstacle bien plus grand que la faim. La faim est une simple sensation (aussi forte soit-elle) qui s'observe au même titre qu'une démangeaison ou qu'une douleur. Tant que l'on mange normalement avant midi, il n'y a pas d'inquiétude à avoir. La sensation de (soi-disant) faim est simplement dûe à une habitude qui soudainement n'est plus comblée. C'est plus un manque psychologique qu'une véritable faim.

Moins l'estomac est sollicité, plus la concentration se développe aisément.

L'abstention d'alimentation solide après midi est une excellente habitude qui se prend rapidement. Il ne faut pas hésiter à se mettre d'un seul coup dans le bain. Si on a peur, on risque de s'inventer la difficulté d'y parvenir. Pendant une retraite, on ne se soucie que d'une seule chose : observer tout ce qui se passe, tel que ça se passe (dans le cas de vipassaná) ou fixer son objet de méditation (dans le cas de samatha). Oublions tout le reste et faisons confiance au dhamma !

N'oublions pas, qu'en accord avec le 6e précepte, certains aliments énergétiques sont autorisés en cas de besoin, tels que le miel, la melasse, le beurre, le sucre, certains bonbons, le jus de fruits (sans pulpe), les infusions..."


Une retraite intensive vipassanà est une expérience exceptionnelle et difficile en même temps, surtout les trois premiers jours, ensuite, on expérimente vraiment l'apparition et la disparition des phénomènes.

Depuis mon retour de retraite, j'essaie, en plus des deux heures de pratique quotidienne, de faire une journée entière de méditation par semaine, dans les mêmes conditions que durant la retraite : se lever à 4h et alterner les heures de méditation assise avec la méditation en marche.


Voici une définition de
Vipassanà, par le Vénérable Dhamma Sàmi :
Vipassaná n'est pas une pratique en soi. C'est simplement la vision directe de ce qui est perçu par la conscience au moment où les objets observés apparaissent. Cette vision se produit dès l'instant où la conscience connaît l'objet perçu, par une observation attentive, en évitant toute autre action.
Il s'agit là de l'action minimale qu'il est possible d'exercer. Cette connaissance, qu'est vipassaná, se développe par un entraînement appelé satipatthána (l'établissement de l'attention). Il n'est donc pas juste de dire : "Nous pratiquons vipassaná". Il convient plutôt de dire : "Nous suivons l'entraînement permettant de développer vipassaná.

Dans son livre "Vipassaná – Instructions de base", Le Vénérable Dhamma sami précise:
La réalité, c'est ce que nous percevons à chaque instant à travers nos six sens, c'est-à-dire les cinq sens physiques (les visions, les sons, les sensations tactiles, les goûts et les odeurs) + le sens mental (les états mentaux, les émotions).La réalité n'est pas : les pensées, les réflexions, les analyses, les jugements ou les rêves. Parce que ces choses ne sont que des concepts ; des créations artificielles du mental.La vision directe, c'est le fait, pour la conscience, de connaître clairement et directement le processus d'apparition et de disparition des objets physiques et mentaux.Les objets physiques sont ceux que nous expérimentons à travers nos facultés physiques.
Les objets mentaux sont :
ceux que nous expérimentons à travers notre faculté mentale (par exemple : un sentiment de frustration)
les instants de conscience générés par le contact avec les objets physiques (conscience visuelle, conscience auditive, conscience tactile, conscience gustative et conscience olfactive)
C'est le fait de porter son attention sur ces objets qui permet à la conscience de les connaître pour ce qu'ils sont ; depuis leur apparition jusqu'à leur disparition"
Ce livre,"Vipassaná – Instructions de base" se trouve en libre téléchargement ICI


La méditation Vipassana est le coeur de la tradition Theravada. Il ne s'agit pas d'une pratique dévotionnelle, mais d’une technique d’investigation de notre propre corps et de notre propre esprit, dans le but de nous libérer d’une vision erronée de la réalité : nous pensons qu’il y a un « je », solide, qui vit de toute éternité, auquel nous nous identifions, et qui continuera après la mort. Mais la vie est changement, rien ne dure, rien ne persiste ; tout est en état de flux, il n’y a pas d’élément stable en nous. Comprendre et réaliser ce fait, signifie simplement que nous nous libérons d’une vision fausse de la réalité.

Pour atteindre ce but, le Bouddha nous offre une méthode qu’il a appelée le Noble Octuple Sentier. Comme son nom l’indique, ce sentier comporte huit embranchements regroupés en trois sections :

SILA, la conduite éthique. Il s’agit des cinq préceptes de base: ne pas tuer, ne pas voler, ne pas avoir de relations sexuelles illégitimes, ne pas mentir, ne pas prendre d’intoxicants .
SAMADHI, la concentration. C'est contrôler l'esprit par l'attention. Tant que l’esprit est concentré, aucune perturbation ne peut l’affecter.
PAÑÑA, la sagesse, déracine les "dispositions latentes " et nous libère des ces habitudes accumulées depuis des temps immémoriaux dans les couches profondes de l’esprit.

Source :
dhammagroupbrussels


Pour en savoir davantage :

Comment noter : Lire

VIPASSANA, LA MEDITATION DE L'ATTENTION
EXERCICES DE BASE par Sayadaw U Kundalabhivamsa
: Lire




IMPORTANT
: SUR LES "NOTES MENTALES"
N.B. ( NOTEZ BIEN)
Pour porter correctement son attention sur les phénomènes physiques et mentaux, il convient tout d’abord de faire correctement attention à la notion de “noter”, qui est à l’origine d’une grande confusion chez la plupart des yogis. L’acte permettant le développement de la vision directe (vipassaná) est simplement l’observation de l’objet qui apparaît dans l’instant à la conscience, dès son apparition, pendant toute sa durée, jusqu’à sa disparition, en laissant la conscience observatrice exclusivement sur cet objet, sans aucune analyse ou réflexion, pendant toute l’évolution de ce dernier (qui peut lui-même se composer d’une succession de nombreux phénomènes).
Il y a deux origines à cette confusion dans la notion de “noter”, qui est un verbe employé pour signifier “observer de façon directe et dans l’instant”, car dans ce contexte, noter revient à “prendre note directement (mentalement mais sans mot) de l’apparition à la conscience d’un phénomène physique ou mental”.
Premièrement, le mot “noter” inclus généralement le fait de “prendre note de”, dans le sens de nommer ou d’étiqueter, donc de se dire les mots qui correspondent aux objets perçus, tels que : “lever”, “baisser”, “chaleur”, “légèreté”, “colère”, etc.
Secondement, il arrive que les instructeurs vipassaná recommandent à certains yogis de nommer les objets observés, si ces derniers, ayant du mal à saisir la grande simplicité de l’observation directe, nécessitent des repaires, à l’instar d’un enfant apprenant à pédaler qui utilise un vélo équipé de petites roues fixées de chaque côté de la roue arrière. Si cette manière d’étiqueter les phénomènes observés peuvent parfois aider dans les tous les premiers jours d’une retraite, à l’image des petites roues fixées au vélo, cela constitue vite une gêne importante, une mauvaise habitude dont il faut se défaire rapidement. (V. Dhama Sami)




Le Récit (suite) :




2 anciens commentaires ( recopié ici car ancienne page supprimée )

Olivier a dit…
Concernant les chants pali: Cela correspond-il à la récitation orale de courts suttra ? Généralement l'optique de la répétition des suttra est de "vraiment" en prendre conscient (comme pour la prise du refuge); quel est ton retour d'expérience sur ce point Olivier
Catherine a dit…
Pour le chant Metta, il remplace une méditation. Il est donc important d'en comprendre les paroles et de le chanter, en étant attentif. Les moines ont l'habitude de chanter des sutta. En ce qui concerne la prise de refuge, nous chantions également tous les soirs, les Refuges et préceptes. Il faut vraiment le vivre pour comprendre l'émotion que l'on ressent, lorsque l'on se prosterne, après avoir chanté : "Buddham pujemi, Dhammam pujemi et Sanghma pujemi." Il faut continuer de pratiquer l'attention.




3 commentaires:

Anonyme a dit…

Pour les notations: Sayadaw U Pannathami ne me demande pas de tout noter. On note simplement les objets primaires de l'attention. Parce que quand tu te détournes de l'objet primaire, ton attention n'est plus soutenue de la même façon.

On demande aux méditants débutants de tout noter mais pas à ceux qui sont avancés.

Catherine a dit…

Tout à fait , j'ai d'ailleurs publié un NB à propos des Notes, dans le chapitre" Conclusion" de la retraite.

Plus on avance dans la pratique plus la note mentale est effacée.

Unknown a dit…

Vipassana meditation is something good and help us be mindful all day as well increase our wisdom. I met a guru who practice for over 30years, he is Venerable Vimokkha and did share his teaching in MP3 files in my blog. Free download and learn the vipassana meditation technique at:
http://www.kidbuxblog.com/ajahn-wimoak/