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samedi 27 juin 2009

Les empêchements à la méditation

Depuis quelques temps déjà je ne médite plus tous les jours et comme par hasard les douleurs liées à une ancienne sciatique sont revenues. Et j'ai même craqué cette nuit en prenant des antalgiques.

L'esprit nous joue des tours et le corps en paye les conséquences.

Cette nuit je me suis laissée emporter et même dépasser par la douleur car je n'ai pas réussi à l'observer sereinement.

Je désirais tellement que la douleur s'en aille qu'elle est restée.

Si le retour de la douleur est liée à la Non médiation, je suis dans l'impasse car si je médite de nouveau, ce sera indirectement Pour que la douleur disparaisse et bien sûr, dans ces conditions, elle ne disparaîtra pas.

Et surtout méditer pour obtenir quelque chose c'est faire fausse route.

Méditer ce n'est pas seulement s'assoir sur son tapis de méditation, méditer c'est reprendre le chemin emprunté par le Bouddha.

Si s'assoir les yeux fermés pour pouvoir mieux observer mon corps et mon esprit est indispensable à la débutante que je suis, cela ne me suffit plus, peut-être est-ce pour cela que je m'en suis éloignée?

Je réalise que les années les plus faciles sont les premières années car on est porté par l'ivresse du débutant, pour ne pas dire l'ignorance du débutant.

Plus les années passent plus les obstacles sont subtiles et plus on trouve de raison pour s'éloigner du chemin.

L'esprit nous emprisonne.

Lorsque des empêchements s'installent il faut les observer et s'en servir pour franchir une nouvelle étape. Etre conscient de la présence des ces obstacles c'est très important car comment lutter contre quelque chose qu'on ignore.

Les empêchements à la méditation portent bien leur nom....


Kathy, le 27 juin 2009





mardi 7 avril 2009

Douleur

La douleur l'empêchait de dormir tellement elle était forte et elle pouvait dire,  "Il y a de la douleur en moi". Mais elle ne voulait pas prendre d'antalgique, endormir la douleur pour pouvoir s'endormir à son tour et ne pas comprendre pourquoi la douleur était revenue.

Prendre des antalgiques, c'était comme nier la douleur, la fuir. Mais si on fuit la douleur on fuit la vie puisque qu'il y a de la douleur dans la vie. 

Pourtant elle avait comprit que douleur et souffrance ce n'était pas la même chose. La douleur était physique, la souffrance surtout mentale. Elle essayait tout simplement de ne pas ajouter de la souffrance à sa douleur, non, pas à "sa" douleur mais à "la" douleur.  Et elle répêtait mentalement pour ne pas devenir la douleur , "il y a de la douleur en moi, mais je ne suis pas la douleur, ce n'est pas "ma" douleur, c'est juste une douleur qui passe dans ce corps et qui en sortira tôt ou tard puisque rien n'est permanent"

Si on observe sans cesse la douleur on verra que par moment elle augmente tellement, qu'on ne peut plus respirer, puis, elle diminue de nouveau pour devenir supportable... ensuite elle augmente de nouveau et on crie intérieurement. La douleur est en mouvement et change d'endroit et d'intensité. 

Penser que la douleur est la nôtre c'est créé de la souffrance justement.. 

la position en demi-lotus qu'elle prenait pour méditer devenait de plus en plus difficile à maintenir et elle devait s'allonger pour méditer, ou marcher, rester debout ou couché mais surtout pas assise.


Observer la douleur, mais il n'y avait plus que la douleur à observer. Son principal objet de méditation c'était la douleur. C'est la douleur qui était devenue le centre, le centre de la vie, le début de sa renaissance.

Pourtant en observant davantage elle pouvait voir qu'il y avait d'autres objets à observer mais la douleur les cachait. c'est ainsi qu'il  y avait aussi  "la colère" mais surtout "la peur". 

tant qu'il y aura de la peur en elle, elle ne sera pas guéri, guéri de l'avidité et du désir, du terrible désir de vivre qui est la cause de toute souffrance.

Ne plus désirer vivre ne veut pas dire désirer mourir, car il s'agit là encore d'un désir. Ne plus désirer vivre,  c'est vivre enfin sereinement, paisiblement sans peur, sans souffrance. 

Quand il n'y aura plus de désir de vivre en elle, elle sera enfin arrivé sur l'autre rive, elle sera guérie.

Kathy- avril 2009

jeudi 21 août 2008

Besoin de sagesse dans le Monde

Réflexions d'Ajahn Sumedho


Les guerres se déclenchent parce que les gens voient les choses différemment

(...) tant de querelles et de guerres se déclenchent parce que les gens sont incapables de se mettre d’accord sur quoi que ce soit. Le communisme contre le capitalisme, une religion contre une autre, et ainsi de suite.

Pourquoi ? Pour quelle raison se battent-ils ? Parce qu’ils voient les choses différemment. « C’est mon pays et c’est comme ça que je le veux. Je veux ce type de gouvernement et ce type de système économique et politique » et cela continue inlassablement. Cela continue jusqu’à la tuerie et la torture, jusqu’à détruire un pays et réduire à l’esclavage ses habitants que l’on voulait libérer. Pourquoi ?Parce que la réalité des choses telles qu’elles sont n’a pas été comprise.


La voie du Dhamma consiste à observer la nature et à mettre nos vies en harmonie avec ses énergies.

La civilisation européenne n’a jamais considéré le monde de ce point de vue ; nous l’avons idéalisé. Si tout était idéal, les choses devraient être d’une certaine manière. Mais quand nous nous attachons à un idéal, nous finissons par faire ce que nous avons fait à cette planète : nous l’avons polluée au point de risquer de la détruire parce que nous ne comprenons pas les limites que les conditions terrestres nous ont imposées.

Pour beaucoup de choses dans cette nature, il faut apprendre nos leçons comme cela, «à la dure», après avoir commis beaucoup d’erreurs et créé une grande confusion. Espérons seulement que la situation n’est pas inextricable. (...)


Abandonner les désirs

Abandonner les désirs immoraux, égoïstes ou mauvais pour être quelqu’un qui avance sur la voie de l’honnêteté, la générosité, la moralité et la compassion dans l’action. Si nous ne nous engageons pas sur cette voie, la situation est désespérée. A quoi bon continuer si personne n’est disposé à faire de sa vie autre chose qu’une poursuite éperdue de plaisirs égoïstes ? (...)

Il est fréquent de nos jours de rencontrer des personnes qui vivent leur vie selon leurs propres règles, sans sagesse ni réflexion, sans chercher à apporter leur contribution à la société.

En tant qu’êtres humains, nous pouvons apporter beaucoup mais nous pouvons aussi devenir une véritable plaie pour le monde en exploitant égoïstement les ressources de la terre pour notre bénéfice personnel.

Dans la pratique du Dhamma, le sentiment de « moi » et « mien » disparaît progressivement — l’impression que cette petite créature assise là avec sa bouche et son désir de manger est « moi ».

Si je me contente de suivre les impulsions de mon corps et de mes émotions, je deviens une petite créature avide et égoïste. Par contre, si je réfléchis à la nature de ma condition physique et comment je pourrais l’utiliser judicieusement dans cette vie pour le bien de tous les êtres, cela devient une bénédiction. (Bien sûr, il ne s’agit pas de s’imaginer que l’on est une bénédiction pour le monde, ce serait une autre forme d’orgueil !)


Le moins que nous puissions faire est de vivre selon les Cinq Préceptes

Nous vivons alors chaque jour pour faire de notre vie une source de joie, de compassion, de bonté ou au moins pour éviter de causer du chagrin et des problèmes inutiles. Le moins que nous puissions faire est de vivre selon les Cinq Préceptes pour que notre corps et nos paroles ne soient pas sources de problème, de cruauté ou d’exploitation sur cette planète. Est-ce trop demander?

Est-ce si terrible d’abandonner cette tendance à ne faire que ce qui nous plaît pour être un peu plus attentifs et responsables de nos actes et de nos paroles ?

Nous pouvons tous essayer d’apporter de l’aide, d’être bons, généreux et attentifs aux personnes avec lesquelles nous partageons cette planète. Nous pouvons tous apprendre à connaître nos limites et les comprendre avec sagesse, de façon à ne plus nous laisser berner par le monde des sens. C’est pour cela que nous méditons. (...)

Nous sommes impuissants à créer une démocratie, un véritable communisme ou un véritable socialisme ; nous n’y parvenons pas parce que nous sommes toujours fourvoyés par le sentiment d’un moi personnel.


La situation actuelle du monde résulte du fait que nous ne comprenons pas les choses telles qu’elles sont.

Ainsi ces entreprises se terminent dans la tyrannie, l’égoïsme, la peur et la méfiance. La situation actuelle du monde résulte du fait que nous ne comprenons pas les choses telles qu’elles sont.
Alors, si nous voulons réellement faire quelque chose, c’est le moment pour chacun d’entre nous de donner toute sa valeur à notre vie. Comment s’y prendre ?

Tout d’abord, il faudra reconnaître la véritable nature de vos motivations, vos tendances égoïstes et l’immaturité émotionnelle qui les sous-tend, de façon à pouvoir vous en défaire. Et puis ouvrir votre esprit à la nature réelle des choses, faire preuve d’un sens de l’observation très vif. (...)

Cette capacité à réfléchir et à observer a été enseignée par le Bouddha pour nous libérer des habitudes et des conventions suivies aveuglément. C’est une façon de libérer l’être du monde illusoire des sens grâce à une sage réflexion sur la véritable nature des choses.

Nous commençons par nous observer, observer nos attirances et nos aversions, la lourdeur et la stupidité de notre esprit.

Nous ne choisissons pas des conditions idéales pour créer une situation qui nous procure un
plaisir personnel, nous sommes au contraire prêts à supporter toutes les conditions, mêmes les plus désagréables pour les comprendre exactement telles qu’elles sont et être en mesure, ensuite, de les laisser aller.


Quand nous ouvrons notre esprit à la vérité, nous voyons clairement qu’il n’y a rien à craindre.

Nous commençons à nous libérer de la tendance qui consiste à fuir ce qui est déplaisant et nous commençons également à être beaucoup plus attentifs à la façon dont nous vivons. Une fois que nous comprenons comment fonctionnent les choses, nous souhaitons être très, très attentifs à ce que nous faisons et disons. Nous ne pouvons plus avoir envie de vivre aux dépens des autres. Nous ne croyons plus que notre vie est beaucoup plus importante que celle des autres.

Nous commençons à ressentir la liberté et la légèreté dans cette harmonie avec la nature au lieu du poids qui pèse lorsque l’on exploite la nature pour un retirer un gain personnel.

Quand nous ouvrons notre esprit à la vérité, nous voyons clairement qu’il n’y a rien à craindre. Ce qui apparaît finit toujours par disparaître, ce qui est né finit par mourir et n’a aucune identité
propre.

Ainsi notre sentiment d’être piégé dans une identification avec ce corps humain disparaît. Nous ne nous percevons pas comme une entité isolée, coupée du reste, perdue dans un univers mystérieux et effrayant. Nous ne nous sentons pas dominés par lui, nous n’éprouvons pas le besoin de nous accrocher à une parcelle de sécurité parce que nous sommes en paix avec cet univers. Nous avons fusionné avec la vérité.

mardi 12 août 2008

BOUDDHISME : LA CONFUSION


Par Tinh'y


« J’y comprends plus rien »

La « cause Tibétaine » et l’ambiguïté du Dalai Lama ne sont pas sans semer la confusion dans le bouddhisme occidental...

Les enseignements, la pratique disparaissent sous la cause. La hargne, la revendication, la haine de la Chine, le refus d’une analyse politique saine envahissent les esprits... les drapeaux flottent au vent et le Dhamma s’évapore avec eux...

Le Dalai Lama est à Nantes...là où j’habite et quelle ne fut pas ma surprise de m’entendre dire : « vous allez voir le Dalai Lama ? ». J’avoue que l’idée ne m’avait même pas effleurée... Le Bouddhisme du Dalai Lama n’est pas le bouddhisme que je pratique... mais voilà le problème, cet homme à la fois roi en exil et « chef » spirituel est présenté comme le chef des bouddhistes... Et lui-même se garde bien de démentir...

Les bouddhistes occidentaux eux mêmes sont ambivalents et n’hésitent pas à renier les enseignements en courbant l’échine... Cela est sans doute dû à la peur de n’être pas reconnu...

Personnellement je ne peux pas faire cette démarche, les enseignements du Bouddha me sont précieux et ils contredisent bien des propos du Dalai Lama.

Je ne confonds pas le bouddhisme tibétain avec ce qu’en dit le Dalai Lama ou Mathieu Ricard... Le Bouddhisme tibétain est lui même victime de cette politique et l’absorption des différentes lignées sous la houlette du Dalai Lama est déjà une trahison.. A force de refaire l’histoire, de l’embellir, de l’enjoliver, on finit par dire n’importe quoi et la vérité disparait... Les Karmapas de la lignée Kagyu ont eu à souffrir pendant des siècles de la domination Guélougpa, et ce de manière parfois très violente...

La non reconnaissance du XVIIéme Karmapa par le Dalai Lama n’en est qu’un signe...(1)

Peu importe toutes ces polémiques, ce qui importe c’est que tout cela contribue largement à la dégénérescence du Dhamma... Les bouddhistes tibétains s’en défendent puisque d’après leur doctrine le Dharma est éternel ... ce n’est pas l’enseignement du Bouddha...

Le refus d’aborder les divergences entre les différentes écoles bouddhistes mène tout droit à un bouddhisme confus, fer de lance de l’impérialisme américain... c’est bien dommage.

Un bouddhisme dont l’unique but deviendra la défense du Tibet et le soutien au Dalai Lama...

A mon avis, si le Dalai Lama est reconnu comme un sage c’est parce que souvent il ne fait que dire ce que les gens ont envie d’entendre, d’où des propos très contradictoires où tout le monde peut retrouver son compte...

Un chef mondial du bouddhisme cela n’existe pas... Il n’existe qu’une seule chose : le Dhamma.

« En conséquence, Ananda, soyez des îles pour vous-mêmes, des refuges pour vous-mêmes, et ne cherchez aucun refuge extérieur ; avec le Dhamma pour votre île, le Dhamma pour votre refuge, ne cherchez aucun autre refuge. »Et comment, Ananda, un bhikkhu est-il une île pour lui-même, un refuge pour lui-même, et ne cherche-t-il aucun autre refuge ; avec le Dhamma pour son île, le Dhamma pour son refuge, ne cherche—t-il aucun autre refuge ?

34. "Lorsqu’il demeure dans la contemplation du corps dans le corps, sincèrement, en état de comprendre clairement, et attentif, après avoir surmonté le désir et le chagrin par rapport au monde ; quand il demeure dans la contemplation des sensations dans les sensations, de l’esprit dans l’esprit, des objets mentaux dans les objets mentaux, sincèrement, en état de comprendre clairement, et attentif, après avoir surmonté le désir et le chagrin par rapport au monde, alors, en vérité, il est une île pour lui-même, un refuge pour lui-même, ne cherchant pas de refuge extérieur ; ayant le Dhamma pour son île, le Dhamma pour son refuge, il ne cherche aucun autre refuge.

35. « Ces miens bhikkhus, Ananda, qui maintenant ou après mon départ, seront ainsi une île pour eux-mêmes, un refuge pour eux-mêmes, ne chercheront aucun autre refuge ; qui, ayant le Dhamma pour leur île et refuge, ne chercheront aucun autre refuge : ce sont eux qui deviendront les plus hauts, s’ils ont le désir d’apprendre.
» (Mahaparinibbana sutta)



lundi 28 juillet 2008

Quelle Voie Bouddhiste ?

Par Thich Tri Siêu Traduit du vietnamien par Corinne Segers


Extrait de : Avant Propos

(...) A 23 ans, j’entrai à la pagode et me fis moine, me fixant secrètement pour objectif l’Eveil, la libération dans cette vie même, à l’exemple des patriarches d’autrefois. Ah, la naïveté touchante des premiers pas sur la Voie! (...) Voyageant d’un lieu à l’autre, ma vie de moine errant à la recherche de la Voie me fit découvrir bien des contradictions et des absurdités dans les communautés religieuses, (...)

Deux sortes d’individus peuplent ce monde : les premiers sont en quête permanente du sens de la vie et s’efforcent de comprendre; les seconds n’ont pas la moindre envie de réfléchir et sont parfaitement satisfaits de vivre comme des moutons, de travailler, de bien manger, de bien dormir et de s’amuser comme tout le monde en se conformant au style de vie à la mode.

Les premiers sont peu nombreux, ce sont des révolutionnaires, des visionnaires, des prophètes et des fondateurs de religions, des savants et des inventeurs…

Les seconds constituent la grande majorité, des riches milliardaires aux mendiants les plus pauvres, des dirigeants d’entreprises aux employés et aux ouvriers. Tous ces gens, avides et égoïstes, courent après l’argent, les plaisirs, la beauté et la gloire, sans jamais se demander pourquoi et dans quel but ils sont en vie.

Le Bouddha fut un révolutionnaire qui, insatisfait des doctrines brahmaniques qui prévalaient de son temps, partit en quête d’une nouvelle Voie. Son rejet du système de castes qui dominait la société indienne de l’époque est un des signes de son anticonformisme novateur.

L’histoire nous montre qu’une révolution succède toujours à une période où l’humanité s’assoupit et sombre dans l’obscurantisme. Mais ces révolutions successives n’échappent pas non plus à la loi de l’impermanence : elles réveillent l’homme, changent sa façon de penser et sa manière de vivre pour un temps, puis, petit à petit, elles se figent en structures qui enferment les générations suivantes dans un carcan de traditions conservatrices et dépassées.(...)


Eveil et Libération

La Voie du Bouddha est une voie d’Eveil, de Libération, mais s’éveiller à quoi? Libérer qui?
Les termes " éveil " et " libération " se traduisent en vietnamien par deux mots composés: " giac ngô " et " giai thoat " respectivement.

" Giac " signifie savoir, mais que sommes-nous sensés savoir?
" Ngô " signifie reconnaître, mais qu’est-ce donc qui est reconnu dans l’Eveil?
" Giai " signifie ouvrir, mais qu’ouvrons-nous?
" Thoat " signifie échapper aux entraves, mais quelles sont ces entraves et qui lient-elles?

Ces mots que nous utilisons par habitude, nous sommes-nous jamais arrêtés sur leur véritable signification?

(...) ce que le Bouddha a réalisé n’est autre que les " Quatre Nobles Vérités " (...). Si vous les connaissez déjà, que voulez-vous comprendre de plus?

Les Quatre Nobles Vérités sont la doctrine de base du Bouddhisme que nous connaissons presque tous. Avons-nous pour autant réalisé l’Eveil? Non, bien sûr, me répondrez-vous. Dans ce cas, que nous manque-t-il donc de plus pour y parvenir?

(...)Le Bouddha nous a enseigné tout ce qu’il savait dans les soutras , il ne nous a rien caché. Il devrait donc nous suffir de suivre ces enseignements et de les pratiquer correctement pour devenir nous-mêmes des Bouddhas. Hélas, l’étude des soutras n’est pas chose facile. Nous voilà confrontés aux Soutras du Theravada, à ceux du Mahayana, aux enseignements exotériques du Soutrayana et aux enseignements ésotériques des Tantras, aux enseignements de la voie progressive, à ceux de la voie immédiate, etc.

(...) la plupart des gens étudient et récitent les " grands " soutras, (...) Mais récitent-ils les soutras pour accumuler des mérites ou pour réaliser l’Eveil? Et s’éveiller à quoi? Accumuler des mérites pour qui? Pour notre " moi " égoïste et confus? Ou pour tous les êtres sensibles? Et qui sont ces " êtres sensibles "? Le savons-nous ou ne nous préoccupons-nous que notre moi, ce qui est à moi, ma femme, ma maison, mon temple, mes fidèles?

Pourtant, cela n’est pas encore trop grave. Il y a pire. Il y a ceux qui, plus sages et plus intelligents, vont écouter les maîtres qui expliquent les soutras. Ils collectionnent les cassettes de ce maître-ci ou de ce maître-là, puis, convaincus d’avoir compris le sens des grands soutras, ils ne regardent plus les autres qu’avec mépris.

Le Bouddha nous a pourtant mis en garde, précisant que ses enseignements n’étaient qu’un moyen et non la vérité elle-même, qu’ils étaient comparables au doigt qui montre la lune mais qui n’est pas la lune. A quoi rime donc l’orgueil que certains tirent de leur présumée connaissance supérieure des soutras et leur mépris des autres? Est-ce qu’étudier et réciter les soutras de la sorte mène à l’Eveil et à la Libération ou à développer encore davantage d’ignorance et d’émotions négatives?

A quoi s’éveille-t-on? L’objet que vous poursuivez dépendra entièrement de votre niveau, de vos acquis et de vos aspirations. (...)

(...)Mais que vous suiviez le Zen, le tantrisme ou la Terre Pure, que voulez-vous réaliser? La doctrine bouddhiste est infiniment vaste et ne se limite pas à des termes comme " nature de Bouddha ", " visage originel ", " Zen ", " Terre Pure ", " tantrisme ". Il en va de même de l’Eveil ou, pour être plus précis, de l’objet de l’Eveil qui est, lui aussi, infiniment vaste. Pour le connaître, il ne faut pas nécessairement entrer au monastère et se faire moine! Peut-on trouver l’Eveil dans tel ou tel soutra? Ou devons-nous le chercher directement dans la vie de tous les jours?

Je suis sûr que vous avez déjà rencontré de ces gens qui fréquentent les temples depuis tant d’années, qui connaissent et ont récité un nombre impressionnant de soutras et qui pourtant se comportent encore plus mal que bien des gens qui ne connaissent rien au Bouddhisme.

Si c’est l’Eveil que vous cherchez, essayez de déterminer et de définir l’objet de votre quête. A quoi voulez-vous vous éveiller? Ce que vous cherchez va-t-il vous permettre de mieux vivre avec les gens qui vous entourent, dans l’harmonie, la paix et le bonheur? (...)


Parlons maintenant de la libération.

Supposons que quelqu’un me capture, me lie pieds et mains et m’enferme à double tour. Ensuite, j’essaye de me débarrasser de mes liens et de m’enfuir de ma cellule. Lorsque je suis parvenu à m’échapper, je peux dire que je me suis libéré.

Les soutras comparent les trois mondes à une maison en feu où l’on ne peut nulle part trouver le repos et la paix. Notre seule issue est de pratiquer pour nous échapper. Mais si nous y regardons de plus près, qui nous a capturés? Qui nous a enchaînés? De quoi sont faits les liens qui nous entravent? Où sommes-nous enfermés?

(...) En résumé, nous sommes les artisans de notre propre souffrance, il n’y a personne d’autre qui nous fasse souffrir.

Les ennemis du Bouddha l’insultèrent et usèrent de tous les moyens possibles pour lui nuire, sans parvenir à altérer sa sérénité heureuse. La pluie, le soleil, les louanges ou les blâmes ne sont que des circonstances extérieures. Si nous ne maîtrisons pas notre esprit et nous laissons emporter par des émotions qui nous font souffrir, c’est notre propre faute et non celle des autres.

Alors pourquoi pleurer lorsque nous entendons certains nous critiquer et médire de nous dans le monastère? Qu’avons-nous fait de la leçon sur la libération? Si d’autres s’empoisonnent l’esprit de mauvaises pensées et se salissent la bouche de méchantes paroles, ce n’est que le résultat de leur ignorance. En quoi cela nous concerne-t-il donc? Pourquoi nous sentir si malheureux? N’est-ce pas notre ego qui se sent blessé?

Et si nous partions à la chasse ? Si nous partions chasser cet ego…

Source : Quelle voie Bouddhiste (Lire le Texte intégral)

dimanche 27 juillet 2008

En nous est la lumière du Dhamma

Par TinhÝ

"Et la lumière fut, et dieu vit que cela était bon….". (genése ch1)″ la lumière du dhamma n’est pas celle d’une révélation divine, on pourrait la croire révélée par le Bouddha, ce qui reviendrait à peu près au même…

Tant que les choses nous viennent de l’extérieur elles ne sont pas vraiment le Dhamma… Nous nous reposons sur quelqu’un d’autre, par fainéantise nous croyons dans le dire de l’autre mais nous n’expérimentons pas… Ce n’est pas le Dhamma. Cette vérité qui vient d’ailleurs n’est pas libératrice, elle ne nous libère pas de la naissance, la vieillesse et la mort… La naissance et la mort sont miennes, personne d’autre que moi ne mourra à ma place…. personne d’autre que moi ne portera les conséquences de mes actes… personne d’autre que moi ne peut manger, marcher, respirer etc… à ma place…

La vérité sur les choses telles qu’elles sont, ne sont pas à l’extérieur de nous… ce n’est pas à l’extérieur de nous que vivent et meurent nos cellules….

Le Bouddha nous enseigne une voie, et cette voie est en nous même… C’est cela la ” révélation ” : ne cherchez pas à l’extérieur de vous ce qui est en vous… en vous même, vous trouverez l’impermanence, l’absence de soi et la cessation… la lumière du Dhamma est en nous….

Ce n’est pas une petite flamme divine, une petite lumière dans notre coeur… La lumière du Dhamma est la vision de la pure réalité… elle ne réside nulle part, elle est action, vision, concentration, sagesse, attention, vigilance, courage…. L’enseignement du Bouddha est cherchez en vous même votre Voie… Libérez vous des idées toutes faites, de vos croyances, de vos habitudes… Soyez conscients de vos constructions mentales, voyez leur vanité, leur prétention à la vérité… voyez leur aveuglement… ne mettez pas votre refuge dans vos pensées où vos opinions…

” Le Béni du Ciel souvent donnait conseil aux bhikkhus ainsi : “Telle et telle est la vertu ; telle et telle est la concentration ; et telle et telle est la sagesse.

Grand devient le fruit, grand est le gain de la concentration lorsqu’elle est pleinement développée par la conduite vertueuse ;

grand devient le fruit, grand est le gain de la sagesse lorsqu’elle est pleinement développée par la concentration ;

l’esprit qui est pleinement développé dans la sagesse est complètement libéré des pollutions de la luxure, du devenir, et de l’ignorance… ( Mahaparinibbana sutta)


Source : Vivre le Dhamma Aujourd'hui

samedi 28 juin 2008

Un an déjà !

ça fait un an que j'ai créé ce blog.

Un an passé en votre compagnie. Encore merci à tous ceux qui ont laissé des commentaires ou qui m'ont envoyé des mels. Vous êtes nombreux à m'écrire pour me remercier, mais aujourd'hui c'est à mon tour de vous remercier, sans vous, ce blog n'existerait pas.  Sans vos encouragements et vos remerciements je n'aurai peut-être pas eu le courage de continuer.

J'avoue que lorsque j'ai créé ce blog pour faire le récit de ma première retraite intensive, je ne pensais pas que ce blog aurait autant de visiteurs et surtout, je ne pensais pas que je continuerai de publier des messages, une fois le récit terminé.

En un an, il y a eu environ 28.000 visiteurs.

Les chiffres : 

Pour être plus précis, Selon Google analytics il y a eu, du 28 juin 2007 eu 28 juin 2008 : 
35.000 visites
27.975 visiteurs 
15.324 visiteurs absolus uniques
107.487 pages vues 
Soit 3,84 pages vues en moyenne par visite.

Je ne sais pas si c'est beaucoup ou peu pour un blog sur le bouddhisme et plus particulièrement sur  le Bouddhisme Théravada mais peu importe, car si ce blog a été utile ne serait-ce qu'à une seule personne c'est déjà bien. 


Si les retraites ( intensives ou non ) me paraissent vraiment utiles pour avancer sur le chemin, c'est parce qu'elles permettent en général, de retour dans la vie de tous les jours, d'être plus attentif, plus vigilant, moins ignorant.  

En ce qui concerne le récit, comme je l'ai écris récemment dans mon message du 16 juin : Chers Lecteurs(trices) et ami(e)s : 

Certains d'entre vous m'ont demandé pourquoi je ne faisais par le récit de mes autres retraites.

Mais si j'ai écris le récit de ma retraite, c'est justement car c'était la première retraite intensive de 10 jours que j'effectuais et j'ai eu envie de partager cette expérience.

Rien n'est permanent et aujourd'hui je n'ai aucunement l'intention ni l'envie de faire le récit des autres retraites que j'ai suivi depuis.

Je pense que cela n'aurait plus d'intérêt et cela ne ferait qu'alimenter mon ego, ce "je" dont on a déjà tant de mal à se débarrasser.

Partager des enseignements, des suttas et des expériences plus ponctuelles c'est bien aussi.

Je ne vais pas revenir ici sur les changements qui se sont opérés depuis les débuts de ce blog, j'en parle déjà dans mon message du 31 décembre 2007 : Méditation et transformation 

Surtout que depuis ce message du 31 décembre, tout est de nouveau différent, l'impermanence a fait son travail.. 

Rester sur le chemin c'est l'essentiel. Je suis  incapable de vous dire si j'ai avancé ou reculé sur ce chemin et à quelle vitesse car ce serait déjà très présomptueux de ma part mais surtout je n'en ai aucune idée. De toute manière cela n'est pas important, ce qui m'importe c'est d'être sur le chemin, de l'avoir trouvé. Ensuite si vous reculez un peu, ou si vous restez à la même place, ce n'est pas grave car le plus difficile c'était de le trouver.

Vouloir progresser à tout prix serait une erreur et source de souffrance. Ne rien vouloir, ne rien attendre, juste être dans le moment présent et respecter les préceptes.

Il faut cependant faire des efforts suffisant pour  rester dans la bonne direction (l'effort juste) mais c'est un effort sans effort, je veux dire par là que l'on a pas le sentiment d'effort. On y est, on est bien et on n'a aucunement envie d'aller voir ailleurs.. 

Plus le temps passe et moins j'ai de certitude, plus le temps passe et moins j'ai de réponse à donner.
Il y a à peine 3 ans, je découvrais le Bouddhisme théravada et comme j'ai lu beaucoup de livres et de sutta  j'avais plein de choses à dire, plein d'explications à donner, j'avais même parfois, dans les forums bouddhistes, des "leçons de bouddhisme" à donner aux autres. 

Aujourd'hui je n'ai plus aucune leçon à donner, aucun conseil précis, j'ai juste envie de partager certains enseignements, certaines réflexions personnelles car je réalise à quel point c'est facile de se tromper.

Et quand je relis certains de mes messages, ici où sur des forums, je réalise à quel point je manquais parfois d'humilité.

Lorsque je m'assois sur mon coussin de méditation je le fais sans attente, sans but  et je me contente d'observer ce corps et cet esprit qui ne  sont ni "mon" corps ni "mon" esprit. 

L'ignorance est notre pire ennemi et nous ignorons à quel point nous sommes ignorant. Nous pensons, nous affirmons, nous revendiquons, nous voulons, nous jugeons mais nous sommes dans l'erreur la plus part du temps. 
Parfois, durant un court instant, alors que nous étions juste présent, à l'écoute de notre respiration, sans rien vouloir ni désirer, nous voyons  réellement qu'il n'y a rien que nous puissions contrôler, rien qui ne soit à "Nous",  pas même ce corps; rien qui ne soit permanent; rien qui ne soit pas "souffrance", même ce que nous pensions être le bonheur. Juste un sentiment de Paix, puis ce sentiment de Paix disparaît à son tour.  Les choses naissent et disparaissent sans notre intervention.. et de nouveau nous ne voyons plus rien... jusqu'à la prochaine fois.. 


J'ai rencontré le dhamma alors que je ne le cherchais pas.. 


lundi 16 juin 2008

Chers Lecteurs(trices) et ami(e)s






Tout d'abord je voudrais remercier toutes les personnes qui m'encouragent régulièrement à continuer ce blog.

Vous êtes nombreux à m'écrire et certains d'entre vous
m'ont demandé pourquoi je ne faisais par le récit de mes autres retraites.

Mais si j'ai écris le récit de ma retraite, c'est justement car c'était la première retraite intensive de 10 jours que j'effectuais et j'ai eu envie de partager cette expérience.

Rien n'est permanent et aujourd'hui je n'ai aucunement l'intention ni l'envie de faire le récit des autres retraites que j'ai pu suivre depuis, intensive ou non intensive d'ailleurs.

Je pense que cela n'aurait plus d'intérêt et que cela ne ferait qu'alimenter mon ego.

Partager des enseignements, des suttas et des expériences plus ponctuelles c'est bien aussi.

Dans le message "méditation et transformation" je parle justement du changement qui s'est opéré en moi. Je n'ai plus de "méthode" à partager, plus d'attente, plus de but, plus rien de précis juste des expériences au jour le jour.

La pratique du Bouddhisme n'est pas linéaire.

Il ne faut surtout pas s'attacher à la méditation en elle même car comme tout le reste, elle est changeante, a un début et une fin. Ce serait le comble de souffrir parce que l'on arrive pas à méditer.

J'essaye tant bien que mal de continuer ma pratique tout au long de la journée et pas seulement en méditant sur mon coussin.

J'essaye d'observer mon corps et mon esprit sans juger.

Il y a quelques jours, je croyais que mon chat était mort car il n'était par revenu à la maison durant 24 heures

J'ai réussi à observer mes pensées, à en être consciente:

Mes pensées et seulement mes pensées m'ont fait souffrir: c'est ainsi que durant plusieurs heures j'ai imaginé le pire : "Il doit-être mort" ou "il doit-être blessé et ne peut plus marcher" "il a dû se faire écraser, quelle horreur je ne le reverrai plus" ect.. j'ai imaginé les pires sénarios.

Mais l'aspect positif de cette expérience c'est que durant cette période, tout en "souffrant" à cause de mon esprit, j'étais consciente de cela et j'ai pu observer mes pensées. J'étais triste mais pas ignorante, en ce sens que je me rendais parfaitement compte que c'est la pensée qui me faisait souffrir et rien d'autre.

Lorsque le chat est revenu j'ai compris à quel point nous étions esclave de nos pensées.

Durant toute la période ou j'ai attendu mon chat, tout en pleurant sur sa mort éventuelle, j'avais à l'esprit l'histoire de la seconde flèche.
Pour rappel lire : Ressentir la douleur et la colère (Sallatha Sutta: La flèche)

La pratique c'est aussi cela, Vipassana c'est aussi cela: Voir les choses comme elles sont. Etre conscient de ce genre de pensées, pouvoir les observer, même si on arrive pas encore à ne pas souffrir à cause d'elles, c'est déjà un grand pas de plus sur le chemin.

Kathy




Je viens de me souvenir d'un enseignement du vénérable U Jokita à propos notamment de la pensée. C'est pourquoi je l'ajoute à ce message car je trouve qu'il illustre et complète mes propos ci dessus

En voici des extraits

La meilleure chose à faire est d’être attentif, d’observer son esprit et sa vie, de voir par exemple comme on est dépendant ou que l’on s’ennuie facilement.(...)

Les pensées n’apportent pas le bonheur. Observez les pensées sans vous y attacher, sans vouloir les rejeter ou les contrôler. Quand on les voit clairement, elles cessent.

La chose la plus importante est d’être conscient de nos intentions et de notre propre esprit.La méditation est l’attention continue à chaque chose qui apparaît par rapport aux six sens, du lever au coucher, et pas uniquement pendant la méditation assise. C’est le plus grand kusala (action méritoire). Il faut être toujours attentif.

Lorsqu’on observe son esprit de près, sans vouloir être différent, cela résout les nœuds, mais il ne faut pas observer son esprit en voulant résoudre les nœuds, cela créerait un conflit.

Il faut lire dans l’esprit. On ne peut pas apprendre en profondeur des livres. C’est seulement en voyant l’esprit que nous apprenons en profondeur.(...)

Il est impossible de contrôler l’esprit, c’est anatta (le non soi). Il faut simplement être attentif au monologue dans l’esprit avec les commentaires, les jugements….. sans se blâmer ou se juger.

L’attention est une façon de vivre. Où que l’on soit et quoi que l’on fasse, nous devrions le faire avec attention, sinon nous ne comprendrons pas la vie, ni le Dhamma. (...)

C’est uniquement quand on observe l’esprit sans se sentir coupable, sans vouloir le changer qu’on le verra clairement. Il ne faut pas condamner l’avidité, la fierté, la colère… mais apprendre à travers elles.

Nous souffrons car nous nous identifions à notre corps et à notre esprit.

Si le désir, la frustration, la colère ou l’attachement apparaissent, il faut les observer comme des phénomènes naturels, sans les considérer comme personnels, ni essayer des les contrôler. L’identification aux phénomènes les rend plus forts. Sans identification, ils ne sont pas puissants.(...)

Lire cet enseignement dans son intégralité : vipassanasangha



vendredi 14 mars 2008

Ne pas confondre le desir de bien-etre et la Foi dans le dhamma




Cette réflexion personnelle risque de contrarier, voire de choquer certaines personnes. Loin de moi l’idée de critiquer. Il s’agit juste d’essayer de comprendre la démarche de certaines personnes, dont je peux très bien faire partie. Il ne s’agit pas de montrer du doigt mais juste de faire prendre conscience. Nous nous mentons trop souvent à nous mêmes. Nous sommes tous remplis de « bonnes intentions » mais ces « bonnes intentions » sont souvent trompeuses. Nous devons nous interroger. Cet article n’est finalement qu’un questionnement et en aucun cas une critique et surtout pas un enseignement.

Kathy



Sommaire de cet article :

  • La souffrance dont parle le Bouddha n’est pas une souffrance « mondaine. »
  • Le Bouddha n’était pas « malheureux »
  • Il faut beaucoup de force, d’énergie, de courage et de Foi, pour avancer sur le chemin.
  • Voir « les choses comme elles sont » provoque de la souffrance...
  • Nous devons apprendre à vivre
  • Et si La fin de la souffrance c’était la conséquence et non le but?
  • Nous interroger pour comprendre les véritables raisons qui nous ont conduit à emprunter le chemin.



La souffrance dont parle le Bouddha n’est pas une souffrance « mondaine »

Trop de personnes se tournent vers le Bouddhisme à cause d’un “mal de vivre”. Elles confondent alors « Foi » dans le Bouddhisme et envie de quitter ce monde dans lequel elles n’arrivent pas à trouver de place, « leur » place.

Le mot « bouddhisme » est trop souvent associé au mot « Bien être », ce qui entretien la confusion.

Certains d’occidentaux qui, parce qu’ils n’arrivaient pas à vivre dans le monde actuel, ont préféré tout quitter et devenir moine ou nones pensant que, comme le Bouddha qui a quitté sa femme et son enfant, ils allaient connaitre la fin de la « souffrance ».

Le « hic » c’est que la souffrance (dukkha) dont parle le Bouddha n’est pas une souffrance « mondaine » mais une souffrance bien plus profonde.

Ces personnes «mal dans leur peau» se tournent vers le Bouddhisme qui devient une bouée au lieu de devenir une raison de vivre. Certains vont plus loin encore et se «cachent» dans un monastère pour un tas de «mauvaises raisons» et non par Foi véritable.

J’admire les personnes qui sont devenus moines ou nones alors que tout allait bien dans leur vie. Les personnes qui étaient parfaitement intégrées dans la société et qui, par foi véritable, ont tout quitté pour
devenir moine .


Le Bouddha n’était pas « malheureux »

Le Bouddha n’était pas malheureux ni « mal dans sa peau », il n’était pas satisfait de sa vie, ce qui est différent. Il voulait comprendre pourquoi cette « insatisfaction ».

Certains moines occidentaux ont quitté une vie de misère où ils n’avaient ni travail ni statut social.

D'autres, au contraire ont décidé de devenir moine alors que leur vie était harmonieuse:

Le bouddhisme théravada comporte de nombreux exemples de moines qui avait une profession avant leur entrée au monastère... Ajahn Sumedho par exemple.

Bikkhu Bodhi a étudié la philosophie occidentale, Ajahn Sundara a eu une carrière de danseuse... etc...

De plus il est habituel dans les pays bouddhisme qu’un homme ou une femme quitte sa famille pour entrer dans un monastère mais seulement quand ses enfants sont indépendants et qu’ils sont hors du besoin.

L’exemple du Bouddha est un exemple qui prête à confusion... Shakyamuni quitte sa femme avec le plein accord et la pleine compréhension de celle ci... il ne la laisse pas dans le besoin ... quand le bouddha revient il éduque son enfant... la vie n’était pas ce qu’elle est aujourd’hui... et tout le monde n’est pas le Bouddha

Le Bouddha a souvent donné comme première règle de conduite à ses disciples d’être un bon père de famille...



D'autres, que j’ai pu rencontrer dans la vraie vie ou sur des forums bouddhistes qui sont si malheureux dans leur vie : alcooliques, toxicomanes, dépressifs ; bref des personnes dépendantes qui passent d’une dépendance à une autre.

Il ne s’agit aucunement de leur jeter la pierre, au contraire. Mieux vaut méditer que de prendre des substances toxiques.

Mais dans ce cas il faut en être conscient.

Justement, les personnes qui ont réussi à se sortir d’une situation difficile (toxicomanie, alcoolisme, maladies, drames..) mais, avant de s’engager sur le chemin, auront de la force, de la détermination et du courage pour surmonter tous les obstacles.

C’est donc presque un « avantage » d’avoir beaucoup souffert, mais à la condition d’avoir réussi à s’en sortir avant d’emprunter le chemin.

La démarche est très différente si votre dépendance ou votre « dépression » est encore actuelle

Finalement, nous sommes tous dépendant de quelque chose mais en sommes nous conscient ?

Je reste persuadée, mais cela n’engage que moi, que pour comprendre le dhamma, il faut avoir atteint un certain « équilibre » dans la vie de tous les jours, afin de ne pas être aveuglé par sa propre souffrance existentielle.

La « compréhension juste » est essentielle.

Lorsque je parle de « souffrance existentielle », c’est par opposition à la « Souffrance » (dukkha) plus profonde dont parle le Bouddha dans les quatre Nobles Vérité. Il y a plusieurs niveaux dans la souffrance.


Il faut beaucoup de force, d’énergie, de courage et de Foi, pour avancer sur le chemin.

Le simple « mal de vivre » ne suffira pas pour nous faire avancer. Nous devrons trouver des forces cachées, des qualités que nous ne nous connaissions pas pour continuer d’avancer malgré les nombreux obstacles que nous rencontrerons inévitablement.

Si l’on est submergé par la « souffrance existentielle » on ne verra pas le dhamma pour ce qu’il est, mais comme une simple sortie de secours.

Toutes ces personnes qui pensent que le dhamma va leur permettre de mieux vivre, c’est vrai et c’est faux en même temps.

C’est vrai, mais après combien d’années de pratique ? combien de vies de pratique ; c’est vrai si on arrive à respecter la moralité (sila) et les préceptes, c’est vrai si on arrive a emprunter le Noble sentier Octuple.

C’est faux, car voir « les choses comme elles sont » aggrave la souffrance, surtout au début.


Voir « les choses comme elles sont » provoque de la souffrance...

La Fin de la souffrance c’est la Fin du chemin ; la Fin de la souffrance c’est nibana. Au début et pendant tout le chemin, non seulement la souffrance est toujours présente, mais elle est même souvent amplifiée, exacerbée.

Comment feront nous pour supporter cette souffrance exacerbée ; qui n’est plus une souffrance « Mondaine » mais qui est une souffrance bien plus profonde ; si nous avions déjà dû mal à supporter notre « petite » souffrance liée à la vie de tous les jours.

Réaliser que l’on vit dans l’illusion depuis notre naissance, ça fait mal...

Perdre son ignorance c’est douloureux...

Lorsque l’on a trop de problèmes existentiels, on ne peut pas comprendre le dhamma. On est aveuglé par sa propre souffrance. « J’ai » mal, « Je » souffre, « je » suis malheureux ect.. Tous ces « Je » nous empêchent de comprendre la véritable nature de la souffrance.

Nous allons devoir nous débarrasser de toutes ces choses que nous pensions être « nous ». Ce « Moi » qui nous fait croire que nous sommes la même personne depuis notre naissance jusqu’à notre mort.

Nous allons devoir nous tuer pour rennaître.


Nous devons apprendre à vivre

Nous allons devoir apprendre à vivre avec l’impermanence au lieu de lutter contre elle.

Nous allons devoir apprendre à accepter l’inacceptable...

Il nous faut comprendre le dhamma pour ce qu’il est et non s’en servir pour « aller mieux »

Nous, les occidentaux, nous avons trop souvent besoin de prendre « quelque chose » pour aller mieux : anti-dépresseur, alcool, barbiturique, drogue, bouddhisme...

Le « Bouddhisme » devient un alors un simple « refuge », ce qui n’a rien à voir avec la véritable signification de « prendre refuge ».

On prend refuge dans le Bouddha, le Dhamma et le Sangha, par foi et non par peur de vivre.

Lorsque le Bouddhisme devient un simple remède psychologique, voire « psychiatrique », cela peut-être dangereux.

Le seul véritable « but », si tant est qu’il doit y avoir un, doit-être la « Libération », se libèrer des trois poisons, et non avoir moins de souffrance.



Et si la fin de la souffrance c’était la conséquence et non le but?

On dit toujours que le but final, l’ultime but c’est nibbana, c’est la fin de la souffrance.

Vouloir moins souffrir est une démarche « égoïste » lorsque La souffrance est comprise comme « avoir moins mal » ou comme « mieux réussir dans la vie »

Mais la « Fin » de la souffrance ce n’est pas cela. La « fin » de la souffrance c’est la fin du désir, de la soif. La « Fin » de la souffrance c’est la fin de l’attachement, la fin des impuretés mentales (
kilesas). La fin de la souffrance c’est la fin de l’ignorance, la fin de la haine, de la rancœur et des illusions.

Vouloir la « fin de la souffrance » est une démarche différente que celle de vouloir « aller mieux ».

La fin de la souffrance c’est la fin du « moi je », c’est la fin du « moi ».

Pourtant, pour beaucoup de personnes qui ont emprunté le chemin, ou plutôt qui pensent avoir emprunté le chemin, la fin de la souffrance c’est le bonheur. Or dans l’enseignement du Bouddha la notion de bonheur n’a rien à voir avec le bonheur mondain.

Et puis, la fin de la souffrance est voulu pour soi même, mais aussi pour les autres. Les autres comptent beaucoup dans le Bouddhisme. Il faut être capable de ressentir Compassion (karuna) et Amour Universel (metta).

Or, si on est aveuglé par sa « dépression » ou son« mal être », on ne pourra que difficilement éprouver compassion et amour pour soi même et donc encore moins pour les autres.

Et le Bouddhisme sans karuna et sans metta c’est du vide, de l’illusion.

Le Bouddha a atteint l’autre rive, celle de la fin définitive de la souffrance mais le chemin n’était pas terminé pour autant. Sa « libération » ne pouvait pas être complète tant qu’il n’avait pas enseigné aux autres hommes comment faire pour y arriver.

Certes on aime comparer le Bouddha a un médecin qui a trouvé le remède pour mettre fin à la souffrance. Mais il ne s’agit pas de mettre fin à ses problèmes existentiels, c’est beaucoup plus subtil que cela.


Le « Bouddhisme » est un changement radical et non un simple remède.


Nous interroger pour comprendre les véritables raisons qui nous ont conduit à emprunter le chemin.

Loin de moi l’idée de juger ou de critiquer. Nous devons juste nous interroger pour comprendre quelles peuvent être les véritables raisons qui nous ont conduit à emprunter le chemin.

Nous devons être sincère avec nous même si nous voulons être sincère avec les autres.

Comme la grande majorité d’entre nous, je n’échappe pas à cette problématique.

Mais le plus important finalement, c’est que nous pouvons très bien changer de direction en cours de route et peu importe alors les raisons initiales qui nous ont poussé à nous intéresser au Bouddhisme. Même si au départ nous sommes venus au Bouddhisme pour un tas de mauvaises raisons, à partir du moment où nous en prenons conscience ; nous allons justement pouvoir changer notre manière de voir les choses.

Mieux vaut approcher le dhamma pour des « mauvaises raisons » que de ne pas l’approcher du tout. A partir du moment ou nous avons mis ne serait-ce qu’un pied sur le chemin, même si c’est par la mauvaise porte, nous avons la possibilité de continuer dans la bonne direction.

A un moment donné, j’ai cru que la méditation allait me permettre de changer.

Mais je n’ai pas changé, c’est ma façon de voir les choses qui a changé. 

Le Bouddhisme n’a pas vocation à changer votre "personnalité" mais votre manière de voir les choses. ( Attention, "personnalité" à ici une signification "conventionnelle" puisque en réalité il n'y a pas de "personnalité")

« Voir les choses comme elles sont » ne rend pas heureux, au contraire car, avant d’arriver à l’état d’
arahat, votre souffrance va s’aggraver, se renforcer.

Avant d’arriver au véritable détachement qui permet de se libérer du désir, il faut des années, que dis-je, une vie entière, et même de nombreuses vies.

Le Bouddha lui même a dû rennaître des dizaines de fois pour arriver à la Fin de la souffrance.


Le Dhamma est un tout, "parfait en son début, parfait en son milieu, parfait en sa fin"

D’ailleurs, si on ne « crois » pas au kamma et à la renaissance, il n’y a pas de véritable compréhension du dhamma.

Et c’est là que la Foi (saddha) intervient. On a pas de preuve scientifique de la renaissance. Sans la Foi dans l’enseignement du Bouddha comment accepter cela ? Or si vous ne croyez pas à la théorie du kamma, au sansara, vous ne pouvez pas « croire » à la Fin de la souffrance.

Beaucoup d’occidentaux limitent leur pratique du bouddhisme à la méditation formelle, sans même respecter sila, et en dehors du contexte des quatre Nobles Vérités. Vu sous cet angle on peut parler de « Méditation » mais aucunement de Bouddhisme.

De la même manière, les personnes qui limitent leur pratique à la « dévotion » ne suivent pas les enseignements du Bouddha.

Le Dhamma est un tout, pensez que l’on peut se « servir » et prendre uniquement ce qui nous arrange est une erreur de compréhension et ne mènera nul part, en tout cas pas au Bouddhisme et encore moins à la fin de la souffrance.


Kathy (Janvier 2008)


Philosophie d'un Fermier : comment appliquer le Bouddhisme au monde du travail actuel



Remarques préalables:

Je publie ce texte bien que je le trouve "contestable" sur certains aspects, mais pas tous.
Il faut aussi le replacer dans son contexte et surtout, avoir à l'esprit que son auteur est un "prince" et non un "ouvrier" ou un simple "fermier".

Ensuite tout dépend comment on interprète le texte:
- On peut se dire que si les "grands patrons" respectent autant les préceptes que leurs "employés" et partagent donc les profits de l'entreprise avec leurs salariés, tout ira bien dans le meilleur des mondes..
- Mais si les "ouvriers" ou "fermiers" sont les seuls à respecter les préceptes, comme le laisse entendre isara dans son commentaire : quel aubaine pour des employeurs peu scrupuleux d'avoir de gentils employés qui ne se révoltent jamais et acceptent ainsi leur sort sans rien dire.. ( et surtout sans jamais faire grève..)

Il s'agit d'une interprétation du dhamma.

Par exemple sur le kamma je vous invite à lire où à relire le message de ce blog "Le kamma est-il inévitable ?" histoire de remettre les pendules à l'heure si je puis dire..

Je vous laisse juge d'interpréter ce texte comme bon vous semble ...

Kathy



Nombreux sont ceux qui s'interrogent sur le message que le bouddhisme peut apporter dans notre monde occidental moderne sur des problèmes qui n'étaient guère d'actualité dans l'Inde du Ve siècle avant Jésus-Christ : l'économie, la politique, les Droits de l'Homme, l'éthique scientifique, l'écologie...

Si les textes canoniques ne peuvent guère apporter de réponses précises (hormis quelques principes de base toujours utilisables, cela va de soi !), certains auteurs contemporains ont tenté, sinon de répondre, au moins de réfléchir "en bouddhistes" à de telles questions.

Nous vous proposons de prendre connaissance d'un texte déjà relativement "ancien" (il date des années 60...) qui propose une application pratique des principes bouddhiques dans le monde du travail.
Ce texte a été rédigé par un prince de la famille royale Thaïlandaise, Subha Svasti, responsable d'une vaste exploitation agricole. Il offre un témoignage fort intéressant de la lecture "traditionnelle" des enseignements bouddhiques appliqués au monde économique moderne ! ( UBE: Union Bouddhiste Européenne)


Extraits



En étudiant et en analysant les enseignements du Bouddha et les vies des grands hommes, je suis arrivé à la conclusion que la première condition essentielle pour réussir dans ce que l’on entreprend, c’est de rester impersonnel et de ne pas être égoïste.

Ensuite puisqu’aucun être humain ne peut décider quelles seront les conséquences de son action, il faut accepter sans condition et sans y opposer de résistance les circonstances déterminées par la force karmique.

Pour ces raisons, il ne faut pas faire de projets trop rigides, mais prévoir des réserves matérielles et spirituelles suffisantes pour faire face aux nouvelles circonstances que pourra faire naître la force karmique.

Or, le Bouddha a énuméré dix conditions qu’il est essentiel d’observer pour se débarrasser de tout égoïsme et pour réussir dans le monde. Nous allons les examiner en détail.


Première condition - cultiver la croyance en anatta*

Pour commencer, il faut réfléchir cinq minutes chaque jour sur le fait que, depuis notre conception, notre croissance et notre bien-être ont toujours dépendu de notre entourage, de la bonne volonté et de l’amour de notre prochain, et même, indirectement, de tous les êtres qui vivent dans l’univers.

Vu dans cette perspective, l’ego devient insignifiant. Si nous analysons notre « moi », nous constatons qu’il fait partie des autres « moi » et qu’il est formé par eux ; il n’existe pas de « moi » séparé des autres « moi ». Or on a soutenu que, pour progresser dans un travail quelconque, nous devons fournir un stimulant à notre ego. Qu’arrive-t-il donc si notre ego n’existe pas ?

La réponse, c’est qu’il faut travailler pour notre vrai Moi et faire ce que nous a attribué la loi du karma, pour le bien de tous, en d’autres termes pour le Moi universel.

Dans ces conditions notre travail devient le centre de notre existence. Lorsque nous n’avons consciemment aucun désir de gain personnel, notre mental est invariablement aidé par la Sagesse universelle, paññâ qui fait des miracles. Nous acquérons aussi la faculté de voir nos problèmes dans leur véritable perspective, et nous avons la force de tous les résoudre, ce que nous ne pourrions jamais faire - de façon durable tout au moins - si nous nous laissions arrêter par les trois feux de l’avidité, de la passion et de l’ignorance. Et nous travaillons dans la joie, à la fois détendus et concentrés sur notre travail. Rappelons-nous que du bon travail apporte de gros profits, et que le désir de gros profits n’améliore pas le travail.



Deuxième condition - se rappeler que nous ne pouvons pas créer des résultats mais seulement des causes

Il faut d’abord développer en nous la capacité mentale qui pousse l’esprit et le corps à rechercher la perfection dans notre travail et ensuite parvenir à cette perfection. Un bon résultat suivra automatiquement. Tandis que si nous nous concentrons sur les résultats, notre capacité mentale faiblira et les résultats ne seront pas bons. C’est une des raisons pour lesquelles la plupart des imitateurs, généralement poussés par un esprit de lucre, ne réussissent guère.



Troisième condition - prendre refuge en notre propre moi

Pour pouvoir profiter de toutes nos potentialités, il nous faut cultiver la confiance en nous-même et cesser d’imiter autrui. En face de difficultés, nous devons chercher à les résoudre nous-même sans nous faire aider ; c’est ainsi que notre caractère se renforcera. Le Bouddha nous enseigne qu’il ne faut pas solliciter d’aide extérieure, car nul ne peut véritablement aider son prochain à parvenir au succès.



Quatrième condition - accepter les lois de la nature et coopérer avec elle

Dans tous les domaines, nous sommes soumis aux diverses lois de la Nature, mais la loi suprême, dont dépendent toutes les autres, est la loi de causalité, le karma. Si nous acceptons les autres lois et travaillons avec elles, ce doit être le cas bien plus encore pour le karma. Le Bouddha nous enjoint d’appliquer sans restriction aucune les Cinq Préceptes [note], parce qu’il ne veut pas que nous enfreignions la Loi suprême de la Nature et que nous subissions les conséquences de nos transgressions. Dans nos entreprises, la coopération avec cette loi réduit nos frais de construction et de production, et aussi les efforts que nous avons à déployer. Quand notre vanité nous fait croire que nous pouvons lutter contre la Nature, nous courons à un échec certain.


Cinquième condition - triompher de la colère et de la mauvaise volonté

Colère et mauvaise volonté sont deux forces néfastes qui nous retardent sur le chemin du salut et entravent nos progrès dans nos activités quotidiennes. En général elles ont pour cause notre égoïsme, notre impatience, notre intolérance et la croyance que ce qui nous irrite a été intentionnellement provoqué par autrui - alors que c’est une conséquence de notre propre karma. Pour en triompher, il faut cultiver :

a) Les quatre Brahma-vihâras, c’est-à-dire l’amour, la compassion, la joie de voir les succès d’autrui et l’équanimité. Nous verrons alors que ce que nous appelons notre « moi » n’est que la somme de conséquences karmiques chez nous-même et chez les autres, ces « autres » grâce à qui nous existons et à qui nous devons donc être reconnaissants. S’irriter contre quelqu’un, c’est en réalité s’irriter contre soi-même.

b) La patience et la force d’âme (kshânti). Nous devons nous comporter dans la vie comme à un banquet : attendre que l’on nous serve à notre tour et ne rien demander. Entraînons-nous à savoir que n’arrive que ce qui doit arriver. Nous devons cultiver la patience pour ne pas nous apitoyer sur nous-même, car nous réduirions notre pouvoir de concentration et tout notre travail en souffrirait.


Sixième condition - ne jamais essayer d’être ce que nous ne sommes pas

Si nous essayons d’être autre chose que ce que veut la force karmique, nous allons tout droit au désastre, car nous ne sommes pas de taille à lutter contre la Loi suprême du karma. Nous n’avons pas à envier ceux qui sont mieux placés que nous, puisque c’est le résultat de leur propre karma ; nous devons plutôt leur offrir notre coopération. Une telle coopération devrait régner en permanence au sein de chaque métier ou profession. Et, accessoirement, nous ne devrions pas nous mêler des affaires d’autrui.



Septième condition - Ne jamais nous vanter de ce que nous avons fait ; ne jamais nous donner pour but de rechercher les louanges ou d’éviter les critiques

Travaillons uniquement par amour pour notre travail. Si nous aspirons à des louanges ou craignons des critiques, cela signifie que nous sommes encore très attachés aux résultats, que nous tenons à la façade plus qu’à l’essentiel, que nous hésitons à courir des risques, que notre ego prend le dessus.
Travaillons tranquillement, humblement, sans nous vanter, car celui qui se vante est la risée de tous, et son succès ne peut être qu’éphémère. A celui qui évite ce piège viendront honneurs et richesses.



Huitième condition - triompher des soucis ; ne pas rendre autrui responsable de nos insuffisances ; assumer nos responsabilités, etc

Ne cherchons pas à nous justifier pour nos erreurs, à les dissimuler, à en rejeter la faute sur autrui - d’autant plus qu’en général on ne nous croira pas, que des accusations injustifiées provoquent de violentes oppositions et que de toute façon ces erreurs sont le résultat de notre karma. Ne passons pas notre temps à nous lamenter sur les difficultés que nous rencontrons, mais faisons immédiatement ce qu’il faut faire. Ne soyons pas jaloux des succès de nos subordonnés et n’en revendiquons pas le mérite, mais récompensons-les. Ne mendions pas la faveur de nos supérieurs. N’encourageons pas les gens à chanter nos louanges. Si quelqu’un nous fait du mal, ne laissons pas voir que nous en avons souffert, mais pardonnons et donnons en retour de l’amour, sachant que tout ce que nous subissons n’est pas provoqué par autrui, mais est l’effet de notre karma.



Neuvième condition - triompher de l’orgueil et du pharisaïsme

Essayons de comprendre la vertu d’humilité. L’eau, qui peut éroder les roches les plus dures, creuser des vallées, porter les plus grands bateaux sans se soucier des frontières, fait preuve d’une parfaite humilité en cherchant toujours les lieux les plus bas. L’homme doit en faire autant, et, au lieu de se mettre en avant, respecter les autres et leurs opinions, s’avouer vaincu lorsqu’il l’est, être généreux et modeste lorsqu’il est vainqueur, car ainsi il se laisse porter par le courant du karma, et il apporte à tous sans discrimination la paix, la fraîcheur, la pureté, comme le fait la rivière.


Dixième condition - triompher de la peur et en particulier de la peur de la mort

N’ayons jamais peur de rien, excepté du mal. Dans notre travail et dans l’accomplissement de notre devoir, soyons prêt à prendre les risques nécessaires. Dégageons-nous de l’illusion que les cinq fourreaux [agrégats] (skandhas) qui constituent notre corps forment un « moi », une entité distincte des autres « moi » . En fait notre corps n’est qu’un outil dont se sert la Loi du karma pour assurer l’équilibre de la Vie dans son ensemble, et sa tâche est précise et limitée.

Nous devrions donc nous réjouir de notre mort, car elle est un sacrifice suprême dont a besoin la Loi du karma et qui profitera à toute l’humanité dans sa lutte contre les forces du mal. Sans la Mort la race humaine se multiplierait à l’infini et nul progrès ne serait possible. Si j’étais moi-même immortel, à la tête de mon exploitation, je ne laisserais jamais personne me remplacer et faire mieux que moi. Lorsque l’heure arrivera, la Nature m’ordonnera de mourir pour sauver la situation et poursuivre l’évolution. Aussi n’ai-je qu’à m’incliner sans le moindre regret.

Et il se peut fort bien que l’accueil qui nous attend après la mort soit plus agréable que celui que nous avons eu en naissant. Tout comme la naissance, la mort est donc une aventure excitante et anodine.

Pour le Sage, l’action plonge ses racines dans l’inaction, c’est-à-dire qu’il agit sans aucun attachement à son ego. Il se met à l’arrière-plan, mais il est toujours à l’avant-garde. Et il atteint toujours à ce qu’il veut parce qu’il ne cherche jamais rien pour lui-même.

Dans la pratique, c’est à peu près la même méthode que nous suivons si nous remplissons les dix conditions énumérées ci-dessus. Prenons donc l’habitude bouddhique de la méditation, car elle nous permettra de nous concentrer sur toutes ces qualités et de les assimiler dans notre subconscient, d’où elles s’enracineront solidement dans notre caractère. Dans un sens, c’est un genre d’autosuggestion, mais, nous a dit le Bouddha, nous sommes ce que nous pensons que nous sommes, notre « moi » d’aujourd’hui n’est qu’un composé de toutes les idées qui se sont installées dans notre esprit depuis notre naissance.

Et si nous voulons créer dans notre subconscient ces Dix Conditions essentielles pour parvenir au succès, il n’y a pas d’autre moyen scientifique que celui indiqué par le Bouddha : concentration et méditation - dont la forme élémentaire est l’auto suggestion.

Essayons de méditer chaque jour sur l’une de ces Conditions essentielles et un jour ou l’autre nous verrons soudain qu’elles se sont remplies en nous et qu’elles nous aident à résoudre tous les problèmes dans la force, la paix et la joie. Si nous remplissons ces Dix Conditions, nous serons comme le boucher dont le couteau en vingt ans ne s’était pas émoussé parce qu’au lieu de couper des os il glissait le couteau dans l’espace vide qui toujours les sépare : nous trouverons l’espace que prévoit toujours secrètement la Nature et nous y passerons sans difficulté. C’est ce qu’enseigne le Bouddha.

Prince Subha Svasti


Rappel
Les cinq préceptes sont :
"Je m'engage à m'exercer [spirituellement] en m'abstenant de
1) toute violence à l'égard des êtres sensibles
2) prendre ce qui n'a pas été donné
3) tout excès dans la satisfaction des désirs sensuels
4) toute parole inappropriée : mensongère, blessante, inutile ou frivole
5) tout intoxicant qui fait perdre la maîtrise de soi"


Source : Extraits du texte du Prince Subha Svasti : "Philosophy of a Farmer - Seing Buddhism Applied to Modern Working Life" (Bangkok, Prachandra Press, 1962).

Texte traduit par Jean Herbert (titre original : "Une exploitation agricole") publié dans
"Bouddhas et bouddhisme - Panorama du bouddhisme en Asie au XXe siècle"
(éd. Rombaldi - Pierre de Tartas, Paris-Bièvres, 1973).- UBE


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jeudi 21 février 2008

Le danger des "jhana" ou "absorption"




1- Remarques préalables :

Samadhi en pali signifie "concentration", mais il y a plusieurs niveaux de concentration.

De nombreux enseignants du théravada ont mis en garde le méditant contre cet état de "concentration" intense qui conduit à l'absorption ou "Jhana"

Pourquoi cette mise en garde? Parce cet état procure un sentiment de "bonheur", de "bien -être" ou de "paix". De nombreux méditants ( et je n'échappe pas à cette règle) lorsqu'ils atteignent ce "calme mental parfait" n'ont alors plus qu'une seule idée en tête : Retrouver cette "merveilleuse" sensation.

Le risque est grand de s'attacher à cette sensation et de ne plus vouloir avancer sur le chemin.

Combien de fois me suis-je "faites avoir"( pardonnez moi l'expression..) lorsque, après une séance de méditation, j'avais l'impression d'avoir atteint quelque chose ( mais quoi ??), parce que je m'étais sentie tellement en "paix", tellement "lègère", j'avais eu l'impression de ne plus avoir de corps et que je pouvais rester assise pendant des heures et des heures...
Lorsque l'on atteint cet état on a plus envie de "revenir" dans la dure réalité de la vie..

Le voilà le danger : vouloir, à la prochaine méditation assise "retrouver" cet état...L'attachement est né et c'est difficile ensuite de s'en débarrasser.
Mais être conscient de cela c'est déjà avoir franchi un cape.
Ce qui est dangereux finalement c'est de ne pas avoir conscience que l'on s'égare...

Lorsque cela m'arrive durant une séance de méditation assise, si je le peux, j'essaye d'observer qui se passe en observant mon esprit qui "se pense en paix".
C'est l'observation pure qui me "sauve" si je puis dire, c'est l'observation qui me permet de voir que ce n'est qu'une sensation comme une autre, une illusion de paix car je n'ai pas encore assez de sagesse.


Nous devons avoir à l'esprit que nous ne sommes que des « puthujjana » c'est à dire des "êtres ordinaires", des "êtres non illuminés". Nous avons encore en nous « lobha » ; l’avidité ; et nos esprits sont confus. Nous avons des vues fausses.....(Vénérable U panathami )


Nous devons avoir à l'esprit que nous ne sommes que des "êtres ordinaires" avec parfois des sensations qui nous paraissent "extraordinaires".
Mais c'est justement parce que nous ne sommes que des
puthujjana que nous avons cette impression..


Le Bouddha, après avoir atteint les plus hauts niveaux de jhana, a comprit que ce n'était pas la fin du chemin car après il y a
vipassana (attention : "vipassana" prend ici sa véritable signification, ce n'est une technique de méditation mais c'est : Voir les choses comme elles sont ou la vision directe de la réalité )



"..
.Il y a le cas où un bikkhu -- tout à fait retiré de la sensualité, retiré des qualités (mentales) maladroites -- entre et demeure dans le premier jhana: ravissement et plaisir nés de la retraite, accompagnés par la pensée dirigée et de l'évaluation.

Avec l'apaisement de la pensée dirigée et de l'évaluation, il entre et demeure dans le second jhana: ravissement et plaisir nés du sang-froid, unification de la conscience libre de la pensée dirigée et de l'évaluation -- assurance intérieure.

Avec l'estompement du ravissement il demeure dans l'équanimité, attentif, pleinement vigilant, et physiquement sensible au plaisir. Il entre et demeure dans le troisième jhana, et de lui les Nobles Personnes déclarent, 'Equanime et attentif, il a une attitude agréable.'

Avec l'abandon du plaisir et de la douleur -- comme dans la précédente disparition de l'euphorie et de l'abattement -- il entre et demeure dans le quatrième jhana: pureté de l'équanimité et de l'attention, ni plaisir ni douleur. C'est là ce qu'on appelle la concentration correcte...
" (Magga-vibhanga Sutta: qu'est-ce que la concentration correcte: )


Bien sur le Bouddha a venté les mérites des jhana, mais il faut avoir à l'esprit que ce n'est qu'une étape sur le chemin et qu'il est parfois difficile de revenir à la réalité... cet état au lieu d'être bénéfique devient alors dangereux pour le Méditant..
C'est ce qu'explique Ajahn Chah dans l'extrait de l'enseignement ci après.

Une dernière remarque : Dans la tradition dite "Mahasi" on pratique "vipassana " directement sans passer au préalable pas samatha ou le calme mental.
Vipassana conduit lui aussi à des états de concentration intense : Les jhanas de vipassana.
  • Lire à ce sujet : "Les jhana de vipassana" présentés par Sayadaw U Pandita : ICI

Pour en savoir plus sur les jhana, lire aussi :


Ci après, des extrait d'un enseignement donné par Ajahn Chah en Angleterre, en 1977. ( Traduction par Isara) : "Les dangers de samadhi"

Remarque : Pour une lecture plus claire, La "mise en page" est différente du texte initial


2- Enseignement d' Ajahn Chah : Les dangers de samadhi


Samadhi est capable d’apporter au méditant beaucoup de bénéfices, mais aussi beaucoup de périls.

On ne peut pas dire que samadhi (la concentration) n’apporte que l’un ou que l’autre. Pour quelqu’un qui ne possède pas de sagesse, samadhi est plein(e) de périls ; mais pour celui qui possède la sagesse, samadhi peut apporter de grands bienfaits, elle(il) peut conduire à la vision pénétrante («insight»).


Ce qui peut être dangereux pour le méditant, c’est l’absorption (jhana),

La concentration avec un calme profond et soutenu.

Ce type de samadhi apporte une grande paix. Là où il y a paix, il y a la joie. Quand la joie est présente, apparaîssent l’attachement et le désir de s’accrocher. Le méditant ne veut plus contempler autre chose, il se complait dans cette sensation plaisante.

Quand nous pratiquons de longue date, nous avons la capacité d’entrer très facilement dans ce type de samadhi. Aussitôt que nous commençons à nous recentrer sur l’objet de notre concentration, l’esprit entre dans un état de calme, et nous ne voulons plus ressortir de cette sensation de calme pour aller étudier autre chose. Nous restons soudés à ce sentiment de bonheur. C’est un danger pour quiconque pratique la méditation.

Nous devons utiliser « upacara samadhi » (la concentration d’approche) : là, nous entrons dans le calme et lorsque l’esprit a atteint un niveau de calme suffisant, nous « sortons » et observons les activités extérieures (par « activités extérieures », nous entendons toutes les impressions sensitives ; en opposition à « l’inactivité intérieure » de l’absorption – jhana – où l’esprit ne doit pas regarder les sensations extérieures).

Regarder les sensations extérieures avec un esprit apaisé peut nous ouvrir à la sagesse. C’est très difficile à expliquer et à comprendre, parce que cela ressemble presque à la pensée et à l’imagination ordinaires.

On pourrait penser que si une pensée est présente, c'est que l’esprit n’est pas en paix, mais dans ce cas, la pensée prend place dans le calme.

La contemplation est présente, mais elle ne perturbe pas la paix de l’esprit. Nous pouvons évoquer une pensée afin de la contempler.

Nous apportons la pensée à la conscience afin de pouvoir la détailler ; ce n’est pas une idée qui arrive au hasard ou qui s’invite à notre esprit, c’est quelque chose qui émerge dans un esprit en paix. Cela s’appelle "la conscience dans le calme et le calme dans la conscience".

S’il s’agissait de pensées ordinaires, l’esprit ne resterait pas calme, il serait perturbé. Mais je ne suis pas en train de vous parler d’une pensée ordinaire, je parle d’une sensation qui émerge d’un esprit en paix. C’est ce qu’on appelle : "contemplation".
La sagesse naît de là.


En fait, il existe deux types de samadhi

1-Dans le "faux" samadhi l’esprit entre dans un état de calme, mais il n’y a pas de conscience.

On peut s’asseoir pendant deux heures, ou même un jour entier, mais l’esprit ne sait pas où il se trouve, ni ce qui se passe. Il ne sait rien. Il y a le calme et rien d’autre.

Ce serait comme un couteau bien aiguisé qui serait à votre disposition et dont vous ne vous serviriez pas. Ce type de calme est trompeur parce qu’il n’y a pas d’attention. Le méditant peut penser qu’il a atteint le niveau ultime de la méditation, alors il ne se soucie plus d’aller chercher plus loin.

A ce niveau, samadhi peut devenir un ennemi. La sagesse ne peut survenir parce qu’il n’y a aucune conscience de ce qui est bon ou néfaste.


2- Avec le samadhi "correct", peu importe le niveau de calme atteint, il y a toujours l’attention. Il y a la pleine conscience et la compréhension.

C’est cette forme de samadhi qui peut conduire à la sagesse, on ne peut s’y égarer.

Les pratiquants doivent bien comprendre cela. Nous ne pouvons pas nous passer de cette attention, elle doit être présente du début à la fin. Ce type de samadhi est sans danger.

Vous pouvez vous demander : « Où apparaît le bienfait ? Comment se produit la sagesse ? »


Lorsque le type correct de samadhi a été développé, la sagesse peut émerger à tout moment.

Quand l’œil voit une forme, quand l’oreille entend un son, le nez sent une odeur, la langue expérimente un goût, que le corps expérimente le toucher ou l’esprit fasse l’expérience des sensations mentales – et quelle que soit la posture – l’esprit reste avec la pleine connaissance de la vraie nature de ces impressions des sens, la pleine connaissance des phénomènes.

Quand l’esprit est baigné par la sagesse, il ne vagabonde pas.

En toute circonstance, nous sommes pleinement conscient de l’apparition de la joie et de l’insatisfaction (dukka).

Nous laissons aller ces deux sensations, nous ne nous y agrippons pas. On appelle cela "la bonne pratique" qui est présente dans toutes les postures.

Ici, l’expression "toutes les postures" ne fait pas référence aux positions corporelles seulement, mais à l’esprit aussi, qui est en permanence dans la pleine conscience et la claire compréhension de la vérité.

C’est ce que nous nommons "la vision pénétrante" (insight), la connaissance de la vérité.


Il y a deux sortes de paix : l’une est grossière, l’autre plus subtile.

1-La paix qui vient de samadhi est d’une forme grossière.

Quand l’esprit est en paix, il y a de la joie. L’esprit prend alors cette joie pour de la paix.

Mais la joie et l’insatisfaction naissent et se transforment. Nous sommes toujours dans le domaine du "samsara" (le cercle de la naissance et de la mort), parce que nous continuons à nous accrocher à ses sensations. La joie n’est pas la paix, la paix n’est pas la joie.

2- L’autre forme de paix est celle qui vient de la sagesse.

Ici, nous ne confondons pas la paix avec la joie. La paix qui naît de la sagesse n’est pas la joie, mais elle est celle qui voit la vraie nature de la joie et de l’insatisfaction. L’esprit ne s’accroche pas à ces notions, l’esprit s’ouvre au-delà de la joie et de l’insatisfaction.

Ceci est le vrai but de la pratique bouddhiste.


( Notes du traducteur : Dans la version anglaise de ce texte, les termes employés sont “happiness” et “unhappiness”. On pourrait normalement les traduire par “bonheur” et “malheur”.J'ai préféré les traduire par “joie” et “insatisfaction”, qui me semblent plus appropriés dans ce contexte.)


Source : Ajahn CHAH, “On Danger of Samadhi” extrait de “Teachings of Ajahn Chah”
traduction par
Isara