mercredi 16 janvier 2008

Le mantra "BOUDDHO"




Le mantra BOUDDHO , Par Ajahn Sumedho ( disciple de Ajahn Chah)


D'autres enseignements de Ajahn sumedho, (et sa biographie) sur ce blog :



Si votre mental est très agité, vous pouvez vous aider du mantra « Bouddho ».

Inspirez sur la syllabe « Boud » et expirez sur « dho », de sorte que vous ne pensiez finalement qu’à cela à chaque respiration.

C’est un moyen de maintenir son attention.

Je vous propose donc, pendant les quinze minutes qui suivent, de faire anapanasati en portant toute votre attention, en emplissant tout votre esprit du son du mantra « Boud-dho ».

Apprenez à entraîner votre esprit jusqu’à atteindre ce point de clarté et de vivacité, ne le laissez pas sombrer dans la passivité. Cela requiert un effort soutenu : une inspiration sur « Boud- » bien claire et lumineuse, la pensée elle-même étant élevée et illuminée du début jusqu’à la fin de l’inspiration ; et puis « dho » sur l’expiration.
Oubliez tout le reste. L’occasion se présente à cet instant précis de n’avoir que cela à faire, vous pourrez toujours solutionner vos problèmes et ceux du monde plus tard. Pour l’instant, c’est tout ce que vous avez à faire.

Amenez le mantra jusqu’à votre conscience, rendez-le pleinement conscient. Il ne s’agit pas de le dire d’une façon passive et mécanique qui abêtit l’esprit. Envoyez de l’énergie à l’esprit de sorte que l’inspiration sur « Boud » soit une inspiration lumineuse et pas un son que vous faites parce qu’il faut le faire et qui s’éteint, faute d’avoir été éclairé ou rafraîchi par votre esprit.

Vous pouvez visualiser l’orthographe du son pour être en parfaite harmonie avec la syllabe tout au long de l’inspiration, du début jusqu’à la fin. Et puis faites « dho » sur l’expiration de la même façon ; ainsi l’effort est continu, soutenu plutôt que sporadique et entrecoupé de sursauts et d’échecs.

Soyez attentifs aux pensées obsessionnelles qui peuvent vous venir à l’esprit, aux choses insignifiantes qui vous passent par la tête. Si vous sombrez dans un état passif, les pensées obsessionnelles vont prendre le dessus.

Par contre quand vous apprenez comment fonctionne le mental et comment l’utiliser intelligemment, vous prenez cette pensée particulière qu’est le concept de Bouddho (le Bouddha, Celui Qui Sait) et vous la gardez en esprit comme une pensée. Non pas comme ces pensées obsessionnelles habituelles mais comme une manière habile d’utiliser la pensée pour maintenir la concentration sur toute la durée d’une inspiration et d’une expiration pendant quinze minutes.

Toute la pratique est là. Peu importe le nombre de fois où vous échouerez et où votre mental se mettra à vagabonder.

Prenez simplement conscience que vous avez été distrait, que vous avez pensé à quelque chose ou que vous en avez assez de vous concentrer sur Bouddho — « Je ne veux pas faire ça. J’aimerais mieux m’asseoir tranquillement et me détendre sans avoir à faire d’efforts. Je n’ai pas envie de faire cela. » Ou bien peut-être avez-vous des soucis qui remontent à la conscience à ce moment-là ; contentez-vous d’en prendre note mentalement.

Soyez conscient de l’humeur qui vous habite en cet instant, non pour vous critiquer ou vous décourager mais calmement, simplement. Voyez si cette pratique vous calme ou vous endort, si vous n’avez pas arrêté de penser tout le temps ou si vous étiez concentré. Juste pour savoir.

L’obstacle à la pratique de la concentration est notre horreur de l’échec et notre besoin incroyable de réussite. La pratique n’est pas une question de volonté mais de sagesse, de prise de conscience de la sagesse.

Cette pratique vous permet de connaître vos points faibles, là où vous perdez le fil. Vous devenez conscient des traits de caractère que vous avez développés tout au long de votre vie, non pour les critiquer mais pour savoir comment vivre avec sans en être esclave. Ceci sous entend une réflexion sage et attentive sur les choses telles qu’elles sont. Ainsi, au lieu d’éviter à tout prix de voir nos pires aspects, nous les observons et les reconnaissons. C’est une forme de persévérance.

(...)

Le mot « Bouddho » peut vous aider, au fil de votre vie, à remplacer dans votre esprit les pensées d’inquiétude et toutes les mauvaises habitudes mentales. Etudiez bien ce mot, regardez-le, écoutez-le. « Bouddho ». Cela signifie « celui qui sait », le Bouddha, l’Eveillé, ce qui est éveillé. Vous pouvez le visualiser mentalement.

Ecoutez donc ce qui se passe constamment dans votre tête : bla-bla-bla-bla … C’est un flot interminable auquel se mêlent des relents de peurs refoulées et de résistances. A ce stade, nous reconnaissons qu’il en est effectivement ainsi. Nous n’allons pas nous servir de « Bouddho » comme d’un bâton pour taper sur les choses ou les refouler mais comme d’un moyen habile.

Nous savons utiliser les outils les plus raffinés pour tuer et pour faire du mal autres, n’est-ce pas ? Nous pouvons même prendre une superbe statue de Bouddha et nous en servir pour taper sur la tête de quelqu’un, si cela nous chante ! Mais ce n’est pas exactement ce que l’on appelle buddhanussati, c’est-à-dire « réflexion sur le Bouddha » ! Nous pourrions en faire autant avec le mot « Bouddho » : l’utiliser pour supprimer nos pensées et nos sentiments mais ce serait faire mauvais usage du mantra.

Souvenez-vous que nous ne souhaitons pas étouffer les choses mais leur permettre de disparaître d’elles-mêmes. C’est une pratique qui exige de la patience : nous imposons le mot Bouddho à notre esprit de façon ferme et délibérée pour qu’il prenne la place de nos pensées habituelles.

Le monde a besoin d’apprendre à pratiquer ainsi, vous ne croyez pas ? Ce serait mieux que de prendre des mitraillettes et des armes nucléaires pour exterminer tout ce qui nous gêne ou de se dire des horreurs. Nous en faisons autant dans notre vie, d’ailleurs. Combien d’entre nous ont dit des choses désagréables à quelqu’un récemment, des paroles blessantes, des critiques virulentes, juste parce que cette personne nous agaçait, nous gênait ou nous faisait peur ? Nous pouvons pratiquer comme cela, dans les petites choses stupides qui nous agacent dans la vie.

Nous dirons « Bouddho » pour nous donner l’espace de voir et de laisser tomber ces obstacles. Pendant les quinze minutes qui vont suivre, reprenez l’attention à la respiration au bout de votre nez avec le mantra « Bouddho ».
Voyez comment il peut vous aider dans votre observation.



Aucun commentaire: