Mise à jour de ce message au 17/12/07
Livres conseillés (pour mieux comprendre vipassana) :
- Dans cette même vie de Sayadaw U Pandita- Extraits: ICI
- Dharma vivant de Jack Kornfield- Extraits: ICI + LA
- La voie du non attachement de VR Dhiravamsa- Extraits: ICI
- Méditer au quotidien de Hénépola Gunaratana- Extraits ICI
- Satipatthàna, le coeur de la méditation bouddhiste- Extraits: ICI
Voir liste de livre : ICI
Plan de ce message
1) Définition de vipassana et reflexions
- vipassana ce n'est pas la même chose que Theravada + reflexions
2) Quelques définitions
3)Extrait des questions réponses , par Walopla Rahula
4) "Pourquoi doit on pratiquer la méditation" par MAHASI Sayadaw
5)Le développement de la vision intérieure , par Achaan Naeb
6) LA MÉDITATION VIPASSANÀ DANS L'ABHIDHAMMA
Vipassana, définitions et réflexions
Etymologiquement, vipassanà, un terme pali , signifie voir en profondeur.
Le terme vipassana est actuellement utilisé à mauvais escient, comme si il s'agissait d'une méthode ou d'une méditation.
Or vipassana c'est finalement un état d'esprit, une manière de voir les choses, de voir les choses comme elles sont réellement.
C'est grâce à la méditation bouddhique (formelle et aussi dans la vie de tous les jours) que l'on peut arriver à vipassana.
En occident on utilise le terme vipassana en l'accolant au mot "méditation" mais c'est une erreur.
Si le Bouddhisme Théravada ne se réduit pas à "Vipassana", il n'en demeure pas moins que "vipassana" ou la vision profonde de la réalité, occupe une place très importante au sein du Bouddhisme Théravada.
Il occupe d'ailleurs une place importante ( même si moindre), au sein du Bouddhisme en général
Mais bien évidemment "Vipassana ce n'est pas la même chose que Théravada".
Réduire le "Bouddhisme théravada" à "vipassana" serait aussi réducteur que dire : le bouddhisme c'est "samatha"
Mais aucun auteur et pratiquant "sérieux" ( moine ou laïc) n'a jamais prétendu cela
Est-ce que Vipassana c'est la même chose que Theravada?
(extraits des questions réponses données par John Bullit dans sa foire aux questions, du site canonpali)
Le mot Pâli vipassana -- souvent traduit comme "pénétration" -- a plusieurs sens.
- D'abord, il renvoie à l'éclair d'entendement intuitif libératoire qui marque le point culminant de la pratique de la méditation bouddhiste.
- Dans les discours Pâli vipassana renvoie aussi à la capacité de l'esprit à clairement observer comment se déroulent les évènements au moment présent. En ce sens il s'agit d'une adresse qu'un méditant développe en se servant d'un large arsenal d'outils et de techniques méditatifs.
Avec la pratique, cette adresse peut amener le méditant au seuil de la pénétration libératoire.
- Dans son troisième sens, sens devenu particulièrement populaire en Occident au cours des dernières années, "Vipassana" (généralement écrit avec un "V" majuscule) renvoie à un système de méditation -- vipassana bhavana, ou "Méditation pénétrante" -- fondé sur une interprétation du Satipatthana Sutta le "guide pratique" concis du Bouddha au développement de l'attention (sati).
Ceux qui suivent le populaire mouvement Vipassana citent souvent le Satipatthana Sutta comme l'essence des enseignements du Bouddha; certains prétendent même que les instructions qu'il contient sont les seuls qui soient nécessaires pour arriver à la pénétration libératoire.
Le Bouddhisme Theravada, par contraste, saisit les milliers de discours du Canon pâli, chacun mettant en relief un aspect différent des enseignements du Bouddha. Dans le Theravada chacun des discours soutient, dépend de, reflète, et informe tous les autres; même un discours aussi important que le Satipatthana Sutta est considéré comme un simple fil dans la complexe tapisserie des enseignements du Bouddha.
Quoique de nombreux étudiants trouvent effectivement tout ce qu'ils veulent dans le Vipassana, certains ont l'impression agaçante qu'il manque quelque chose de fondamental.
Cette réaction est à peine surprenante, puisque le Satipatthana Sutta lui-même a été prononcé devant un groupe de étudiants relativement avancés qui étaient déjà tout à fait expérimentés et bien établis dans la voie de la pratique du Dhamma.
Heureusement, toutes ces pièces manquantes se trouvent dans le Canon pâli. Dans le Canon on trouve les enseignements du Bouddha sur la générosité et la vertu, les piliers jumelés sur lesquels toute pratique spirituelle est construite. Ses enseignements sur le souvenir du Bouddha, du Dhamma, et du Sangha servent à renforcer le développement de saddha (foi, confiance), qui fournit un carburant puissant pour soutenir la pratique du Dhamma longtemps après que nous soyons revenus de cette retraite de méditation.
Dans le Canon on trouve aussi ses enseignements sur les inconvénients de la sensualité et la valeur du renoncement; sur le développement de tous les facteurs dans le Octuple Sentier, y-compris ceux qui sont rarement explorés au cours des retraites organisées de Vipassana: parole correcte, moyens de vie corrects, effort correct, et concentration correcte (au sens de jhana). Et il y a, beaucoup plus.
Dans le Theravada, la voie de la pénétration libératoire ne se résume pas à une seule technique de méditation ou à être continuellement attentif. La voie de l'Eveil est pleine de retournements étonnants mais, fort heureusement, le Bouddha nous a laissé an assortiment d'outils à utiliser et de techniques à apprendre pour nous aider à accomplir le périple en toute sécurité.
Je ne pense pas que l'on puisse arriver à vipassana sans être bouddhiste et, contrairement à la méditation du "calme mental", qui peut être pratiquée par tout le monde, pour aller plus loin et avancer vers vipassana, la simple attention et la concentration ne suffisent pas à acquérir la sagesse.
Pour arriver à voir les choses comme elles sont:
- -ce qui conduit un jour où l'autre, à prendre refuge dans les 3 joyaux (Bouddha, dhamma et sangha);
- - pratiquer régulièrement la méditation formelle mais aussi dans la vie de tous les jours: vipassana devient alors un état d'esprit.
- - avoir développé sila et respecter les préceptes.
Prétendre, comme le font certaines personnes, que l'on peut développer vipassana sans être bouddhiste, entraine beaucoup de confusions dans les esprits.
Si la "méditation vipassana" ne se déroule pas dans le contexte des quatre nobles vérités, c'est de la "méditation" tout court, ce n'est pas la pratique réelle du dhamma. Ce n'est pas réellement vipassana, qui est en réalité un aboutissement et non un point de départ
Dans le Bouddhisme Theravada classique (et plus largement dans toute la pratique bouddhiste classique), la pratique de satipatthana ( plus exact que de dire "la pratique de vipassana"), pour devenir samma-sati c'est à dire l’attention juste, doit se dérouler dans le contexte des Quatre Nobles Vérités, c'est-à-dire qu’elle doit être précédée et guidée par la vue juste, et motivée par les intentions justes, sans même mentionner qu’elle doit être associée avec les trois facteurs éthiques de la Voie.
Le Bouddha nous explique comment on doit pratiquer. En suivant les instructions du satipatthána Sutta, le méditant va pouvoir observer les choses telles qu'elles sont.
Vipassanà, pour tous les auteurs, c'est la vision profonde de la réalité ou vision directe. Ce n'est donc pas une méditation proprement dites. On ne devrait donc pas parler, effectivement, de "méditation Vipassanà". Mais, si de nombreux auteurs ont accolé ces deux mots: "méditation" et "vipassanà", ce n'est par ignorance, vous vous en doutez, mais sans doute par souci de simplification. Et puis c'est plus court que d'écrire à chaque fois : L'entraînement, en suivant les instructions du satipatthána Sutta, qui va nous permettre de développer la vision directe de la réalité.
Nous parlerons donc de "méditation vipassanà" tout en gardant à l'esprit la véritable signification de vipassanà.
Quelques définitions:
- Si on veut comprendre ce qu'est vipassana, il faut avant toute chose, lire:
Pour le moine dhamma sami
Vipassaná n'est pas une pratique en soi. C'est simplement la vision directe de ce qui est perçu par la conscience au moment où les objets observés apparaissent. Cette vision se produit dès l'instant où la conscience connaît l'objet perçu, par une observation attentive, en évitant toute autre action.
Il s'agit là de l'action minimale qu'il est possible d'exercer. Cette connaissance, qu'est vipassaná, se développe par un entraînement appelé satipatthána (l'établissement de l'attention). Il n'est donc pas juste de dire : "Nous pratiquons vipassaná". Il convient plutôt de dire : "Nous suivons l'entraînement permettant de développer vipassaná. (Moine Dhamma Sami.)
Pour L'Association Bouddhique Theravada:
VipassanâEnfin, pour Dhiravamsa, dans son livre: "La voie du non-attachement"
Aspect «vision pénétrante» des résultats de la pratique de la méditation, distinct de la simple tranquillité mentale, samatha.
Vision intérieure profonde de la nature réelle de tous les phénomènes, physiques et mentaux.
Naît de samâdhi.
Vipassanâ est une qualité de l'esprit pouvant s'acquérir par la pratique de satipatthâna, ce n'est pas une technique, encore moins une «école» du bouddhisme.
La méditation vipassana, ou méditation de la vision intuitive (ou éclairée) est tout à fait unique. Elle ne comporte pas de techniques, l’objet pouvant être n’importe quelle chose évidente et distincte à un momentdonné. Il suffit au pratiquant d’être attentif à toutes
choses se levant dans le champ de sa conscience ou le traversant, et de les voir telles qu’elles sont sans vouloir ni conceptualiser ni analyser. Cela exige réceptivité, alacrité et clarté d’esprit. Il est hors de question d’exclure,de maîtriser quoi que ce soit, ou de se figer dans quoi
que ce soit. Tout est accueilli par le mouvement constant d’une attention simple, claire et nue. Si vous cherchez un but à cette pratique, dites-vous qu’elle consiste à voir les choses telles qu’elles sont, hors de toute tentative de fuite, de suppression, de répression ou de désir de
réussite. Dans la méditation vipassana, vision intuitive et acceptation sont indissociables. En suite de quoi, la totale liberté d’être est son but ultime.
Observer les choses comme elles sont, si on est livré à soi-même, il y a très peu de chance qu'on y arrive de manière profonde.
A ce jour, seul le Bouddha a réussi cet exploit : il a trouvé seul; après avoir essayé de nombreuses méthodes; ce qu'il fallait faire ou ne pas faire pour y arriver.
Le Bouddha a décrit très précisément dans le satipatthana suta, ce que nous devions faire ou ne pas faire, pour pouvoir observer les choses telles qu'elles sont.
Le Bouddha a enseigné durant 40 ans à des personnes très différentes. Il adaptait sa manière d'enseigner en fonction des personnes qu'il rencontrait.
En fonction de notre personnalité, nous ne pratiquerons pas de la même manière.
On peut aussi soutenir que la pratique ne nécessite aucune technique, on peut citer les réponses de Walopla Rahula qui vont dans ce sens; mais en réalité, "les personnes qui ne peuvent pas faire autrement "que suivre une méthode sont majoritaires. Il est même exceptionnel qu'une personne puisse arriver à la vision profonde sans avoir au préalable suivi une méthode.
Extrait des questions réponses , par Walopla Rahula
Mais que pensez-vous des moyens enseignés pour guider vers cette réalisation, comme vipassana ou samatha ? Il s'agit bien de techniques qui incorporent des postures physiques et des exercices mentaux...
Tout cela est surtout intéressant pour les gens qui ne peuvent pas faire autrement
Alors, quelle voie conseillez-vous ?
Aucune. Si vous conseillez une voie, une technique, c'est fini. Dans la méditation vipassana, il n'y a pas de technique. Vous êtes conscient de toutes vos actions. Non pas une heure ou deux, mais toute la vie, en toute circonstance.
Votre réponse laisserait penser que tous ceux qui s'engagent dans une pratique bouddhiste sont dans l'erreur...
L'erreur est de s'attacher à la forme. Si vous avez la vérité dans votre main, c'est fini. Je pense que cela renvoie à l'essence de la vérité. La vérité n'est pas quelque chose que l'on peut trouver. Elle n'est pas exprimable par le langage.
Pourtant, il faut des étapes pour conduire la conscience à cette réalisation...
Quelles vies, quelles étapes ? Le Bouddha l'a dit : il n'y a pas de chemin. Un brahmane avait une fille très belle et il vint proposer au Bouddha de l'épouser. Celui-ci refusa, déclarant qu'il ne voudrait pas même lui toucher le pied. Le brahmane lui demanda alors par quel moyen il avait obtenu ce degré de compréhension. Il a dit: non par une pratique ni par quelque manière ou chose, mais sans ces choses. C'est-à-dire: vous pratiquez, mais vous n'êtes pas esclave de la pratique.
source : vipassana.fr
Mais il faut être réaliste, cette vision des choses ne concerne que très peu de personnes et "les gens qui ne peuvent pas faire autrement", pour reprendre l'expression de Walopla Rahula, ce sont en réalité la très grande majorité des pratiquants.
Les personnes qui enseignent le bouddhisme théravada de manière sérieuse ( des moines ou des laïcs reliés à une sangha ) sont des pratiquants qui ont suivis eux même une méthode et qui ont fait de nombreuses retraites.
Je ne parle pas ici des "pseudo" enseignants où ceux qui écrivent des livres sur la méditation alors qu'ils ne pratiquent pas réellement ou si peu.
Il est important de rappeler ici que, toute méthode, si elle n'est pas accompagnée de saddha ( la foi) , sila ( la moralité : respect des préceptes) et de la compréhension du dhamma, n'est effectivement qu'une méthode qui ne conduit à rien, en tout cas pas au bouddhisme.
Les bénéfices de la méditation vipassana par le Vénérable U Kundala
Les bénéfices de la méditation vipassanā ne vont pas se manifester très clairement au début. Mais lorsque le méditant sera arrivé à la moitié du parcours, de même que dans les stades plus avancés, ils deviendront très évidents. Dès que sa concentration (samādhi) et ses connaissances (ñāna) auront atteint un certain niveau, le méditant obtiendra les bénéfices suivants : un esprit clair et calme, un esprit fort et déterminé, la guérison des maladies, le renforcement de sa faculté de compréhension et enfin, le bénéfice le plus élevé, la réalisation du Noble Dhamma, à commencer par la fermeture des portes des quatre mondes inférieurs, les apāya, ce que tout méditant espère et s’efforce de réaliser.
"Pourquoi doit on pratiquer la méditation" par MAHASI Sayadaw
Pourquoi pratiquer la méditation ?
La méditation doit être pratiquée pour atteindre Nibbana, c’est-à-dire pour se libérer de toutes sortes de souffrances, telles que la vieillesse, la mort…
En fait, tous les êtres désirent le bonheur et ne pas devenir vieux, malades, avoir à souffrir de la mort, ainsi que d’autres souffrances comme des douleurs, du chagrin, de la misère.
Néanmoins, bien qu’on le souhaite, la vie n’est pas comme cela. Dans chaque existence la maladie et la vieillesse sont inévitables. Parce que de nombreuses épreuves et dangers sont susceptibles d’être rencontrés au cours d’une existence, l’angoisse, la tristesse, les lamentations apparaissent et nous pleurons. Les douleurs physiques, l’inconfort, les douleurs mentales seront certainement souvent rencontrés.
Finalement une des pires souffrances arrive et après être devenue insupportable, la mort s’ensuit. Quoi qu’il en soit, la mort n’est pas une fin. Les personnes qui ne sont pas encore libres du désir de vivre reprendront naissance dans une prochaine existence. La nouvelle existence conduira également à la vieillesse, à la maladie et à la mort. Ainsi les êtres connaissent invariablement le même sort : la misère et la souffrance une existence après l’autre.
Pour ces êtres, si on analyse la cause originelle de cette situation, on découvre que c’est parce qu’il y a un continuum d’existences, que la souffrance, la vieillesse et la mort existent, sinon ils ne seraient pas confrontés à ces souffrances.
Donc si l’on veut complètement éviter la vieillesse, la mort et autres souffrances, il faut pratiquer la méditation, car elle empêche de renaître.
La nouvelle existence est le résultat de tanha : le désir pour l’existence présente. L’état d’esprit au moment de la mort entraîne la conscience du nouvel esprit conditionnant ainsi un nouvel esprit dans une prochaine renaissance.
S’il n’en était pas ainsi il n’y aurait pas de renaissance. Si on ne désire pas de nouvelle existence, on doit méditer avec application dans le but de mettre fin à bhava tanha : l’attachement à l’existence. L’attachement à l’existence est tout simplement causée par l’ignorance ou par un manque de connaissance des fautes ou imperfections de rupa : le corps et nama : l’esprit, concernant l’existence, ainsi que de la méconnaissance que Nibbana surpasse de loin cette vie même composée d’esprit et de matière. Si Nibbana est réellement appréhendé par une perception claire de l’esprit et de la matière, l’attachement à l’existence n’est plus possible.
C’est comme par exemple un homme pauvre qui est très attaché à son village natal qu’il porte en haute estime, ignorant les dangers et la pauvreté dont il est victime et pensant que s’il va dans un endroit prospère et sans danger il sera riche et heureux.
Ainsi, si on désire s’émanciper de l’attachement à l’existence, il est essentiel d’atteindre Nibbana. Une telle réalisation ne peut s’accomplir qu’en pratiquant la méditation. Si on désire donc être libre de la souffrance due à la vieillesse, à la maladie et à la mort, la méditation doit être pratiquée pour atteindre Nibbana.
Il y a deux sortes de méditation :
- la méditation Samatha
- la méditation Vipassana
La méditation Samatha ou la concentration développe des facultés surnaturelles. Cependant, ceux en possession de ces pouvoirs ne sont pas pour autant libres de la misère et de la souffrance dues à la vieillesse et la mort.
A leur mort, malgré leurs facultés surnaturelles, ils reprendront naissance dans un des plans d’existence des Brahmas ou des Devas, en fonction du degré de jhana atteint. Lorsque la durée de vie de ces plans d’existence sera terminée, ils mourront et reviendront dans le monde humain ou celui des devas pour une nouvelle existence et devront subir à nouveau la vieillesse, la mort… Comme tous les êtres humains, si leur kamma ne leur permet pas une renaissance dans des plans supérieurs, ils pourront aussi renaître dans les plans inférieurs d’existence comme l’enfer, le monde animal, le monde des petas et des démons et souffrir.
Par conséquent, en pratiquant la méditation Samatha, c’est-à-dire la concentration pure et simple, on ne se libère pas de la misère et de la souffrance. Ce n’est qu’en pratiquant la méditation Vipassana que l’on peut atteindre Nibbana et être complètement libre de toutes formes de misères et de souffrances comme entre autres la vieillesse, la maladie et la mort.
Dans la méditation Vipassana on observe tous les phénomènes physiques et mentaux qui apparaissent aux six portes de nos sens, ainsi que les nivaranas : les obstacles comme les désirs, l’avidité, les sensations agréables, les pensées…
Si tout cela n’est pas contemplé, l’esprit s’attache à ces nivaranas avec la vue erronée qu’ils sont permanents, bonheur et ont un soi. Par conséquent, lorsque ces formations se produisent, elles doivent être notées pour connaître leur réelle nature, ainsi que leurs caractéristiques propres afin de s’en détacher.
A force d’observer la tendance de l’esprit à vagabonder, cette tendance disparaît et l’esprit est libre d’obstacles.
La réponse à la question : Pourquoi pratiquer la méditation ? est donc :
Il faut méditer pour atteindre Nibbana, c’est-à-dire pour se libérer de toutes sortes de souffrances telles que la vieillesse, la mort….
Le développement de la vision intérieure , par Achaan Naeb
Le bouddhisme comprend deux méthodes de développement mental. L'une est le développement de la vision intérieure (Vipassana), et l'autre celui de la tranquillité (Samatha). Cette dernière ne vise que la concentration. Le méditant est en permanence attentif à un seul objet, concentré sur un seul point jusqu'à atteindre la tranquillité parfaite. Ce type de développement mental n'amène pas à comprendre la réalité, ni ses causes et ses effets. Il n'apporte que la tranquillité. Le développement de la vision intérieure, en revanche, tend à la compréhension de la « vérité de l'existence » ou, en d'autres termes, la connaissance de la matière et de l'esprit ou des états mentaux.
Pour commencer, j'expliquerai en quoi consiste le travail sur la concentration dans le développement de la tranquillité, car l'établissement de la concentration suivant cette méthode ne peut être utilisé simultanément avec le développement de la vision intérieure, et vice-versa.
Je vous signale que cela est extrêmement important car, si l'on se lance dans le développement de la tranquillité, une fois que l'on a atteint la concentration, il est possible de passer au développement de la vision intérieure. Mais il est impossible d'atteindre la vision intérieure en pratiquant les deux méthodes à la fois.
La méditation tendant à la tranquillité s'obtient en concentrant l'esprit sur un objet particulier. Il existe quarante objets sur lesquels, selon la tradition, on peut fixer son esprit pour aboutir à ce type de concentration. Les dix couleurs et éléments, les dix états mentaux négatifs ou souillures, les dix souvenirs, les quatre demeures sublimes, les quatre méditations sans fin, la réflexion sur le caractère répugnant de la nourriture et l'analyse des quatre qualités primaires : solidité, cohésion, chaleur et vibration. Chacun de ces objets peut être pris comme thème de méditation pour pratiquer le développement de la tranquillité. Mais la concentration sur ces objets ne peut mener à la vision intérieure car l'objet de la méditation doit être le changement des états de l'esprit et de la matière. Et si la concentration peut susciter de grands pouvoirs spirituels et un plaisir extraordinaire, celui-ci demeure temporaire et aux antipodes de l'établissement de l'attention qui conduit au nirvana. Seule la pratique de la vision intérieure peut définitivement mettre fin à la tristesse.
Avant d'en dire plus long sur le développement de la vision intérieure, il me semble que je devrais d'abord vous faire comprendre ce qu'est la vision intérieure, sa fonction et son utilité. En bref, la vision intérieure est la sagesse qui nous permet de constater que les états de l'esprit et de la matière sont impermanents ou transitoires, insatisfaisants ou douloureux, impersonnels et sans « ego ». Ce que nous considérons comme le « soi », ou « l'âme », sont des notions erronées issues du fait que nous ne connaissons pas la vérité absolue. En réalité, le « soi » n'est qu'une succession extrêmement rapide d'émergences et de disparitions d'états de l'esprit et de la matière.
Maintenant que nous savons que la vision intérieure représente ce type de sagesse, quelle est donc sa fonction ? Elle consiste à détruire tous les états mentaux négatifs cachés, les désirs et les opinions erronées. Pour ce qui est de son utilité, la vision intérieure nous apprend la véri table nature des états de l'esprit et de la matière. Mais qu'est-ce donc que cette vraie nature ?
Il s'agit de comprendre que les états de l'esprit et de la matière ne durent pas, qu'ils sont envahis par la souffrance et qu'ils ne constituent pas en soi une personnalité ou une âme. En d'autres termes, le développement de la vie intérieure ne crée pas les trois caractéristiques de l'existence que sont l'impermanence, la souffrance et l'impersonnalité, et ne vous donnent pas non plus l'illusion que vous les percevez.
Non. Ces trois caractéristiques de l'existence sont là, dans la nature même. Mais qu'on les voie ou qu'on les comprenne ou non, elles sont toujours là. La raison pour laquelle nous ne les voyons ou ne les comprenons pas est que nous n'utilisons pas les méthodes qui nous permettraient de les percevoir ou de les analyser. Ce n'est qu'en pratiquant les bonnes méthodes de développement de la vision intérieure que nous pouvons percevoir l'existence telle qu'elle est réellement.
Lire la suite : anussati
LA MÉDITATION VIPASSANÀ DANS L'ABHIDHAMMA
Par le Vénérable Balangoda Anandamaitreya Maha Nayaka Thero
A l'instar de tous les grands maîtres, le seigneur Bouddha enseigna de deux manières différentes : l'une conventionnelle et l'autre scientifique.
Pour illustrer cela, donnons l'exemple suivant : un professeur de sciences, enseignant à des élèves d'un niveau élémentaire, parle du lever et du coucher du soleil. A des élèves d'un niveau supérieur, il peut expliquer comment il n'y a pas en réalité ni « lever » ni « coucher » du soleil, mais que c'est le globe terrestre qui tourne autour de lui-même, qui manifeste ce que l'on appelle ainsi. Voilà pourquoi donc deux manières d'enseigner s'avèrent nécessaires.
A des gens simples, Bouddha enseigna de manière simplifiée, mais à d'autres d'un niveau de pensée plus élevé, il donna un enseignement plus ésotérique nommé la méditation vipassanâ.
Considérons une table en bois : ce bois est-il une table en soi ? Ce bois avec les autres éléments qui lui sont joints sont-ils véritablement la table ? Autrement dit, séparés, peut-on les appeler « table » ? Non, car ces mêmes éléments peuvent être joints d'une autre façon pour donner une autre forme : celle d'une caisse ou d'une chaise. Ces noms donc : table, caisse, chaise...ne révèlent que d'une forme quelconque façonnée. Ceci dit, quand ces éléments sont joints dans une forme de table nous pouvons parler de « table » . Un menuisier conçoit une forme précise, celle d'une table par exemple. Il la dessine sur papier, puis fait la « table » suivant le dessin, le plan. En fait, la table est un concept et non une substance ; elle est une apparition, création d'imagination. Ainsi, toutes les choses de ce monde portent des noms différents, mais ceux-ci ne sont que les noms de formes dépourvues de substance, crées par un quelconque assemblage d'éléments matériels. En effet, leur « vérité » est conventionnelle.
Revenons à l'exemple du bois : celui-ci peut être coupé en morceaux ; chacun de ces derniers peut être broyé et rendu en tout petits morceaux ; ceux-ci peuvent être rendus en atomes... En réalité comme tout autre élément, le bois n'est qu'un agrégat d'éléments atomiques. Voilà l'enseignement de l'Abhidhamma. La vérité absolue est immuable, mais la vérité conventionnelle change suivant la forme qu'elle revêt. C'est une nature soumise au changement. Le monde matériel tout entier n' est qu'une masse d'agrégats d'atomes ; mais les formes diverses qui en sont façonnées reçoivent de multiples noms.
Cette définition de l'existence matérielle est une vérité absolue. Bouddha expliqua comment selon le kamma, l'homme prend et reprend naissance. Toutefois, les nominations : homme, chat, chien... relèvent d'une vérité conventionnelle. A titre d'exemple, considérons l'homme, d'après l'Abhidhamma. Disons tout d'abord que Bouddha nous avertit de ne pas admettre une donnée quelconque parce qu'elle est simplement énoncée par un maître, ou figurant dans un écrit, sans en avoir personnellement expérimenté l'authenticité. Seule l'expérience permet de percevoir la réalité. Par l'expérience, et non par ouïe-dire, je sais que je possède un corps ; vous aussi. Quant à la différence entre un corps vivant et un corps mort, disons : le corps vivant est pourvu des facultés olfactive, gustative, tactile, visuelle et auditive ; il agit par le biais du mental. Le corps mort en est dépourvu.
Bouddha explique la nature du corps, et celle du mental. Nous voyons que notre corps est enveloppé d'une peau ; a l'intérieur, se trouvent chair, veines, artères, sang, os, etc., éléments tous matériels, ainsi que nous le savons bien. Après la mort, ces éléments se transforment en poussières. Nous savons tous que le corps est en réalité composé d'une masse d'éléments divers. A vrai dire, le corps est un agrégat d'éléments atomiques. Chacun de nous était un enfant ; autrement dit, le corps de chacun de nous était petit. Ce corps grandit petit à petit ; sa croissance, vous ne pouvez la constater que par l'expérience. Vous ne l'avez pas « vue » en train de se produire. Il est évident que tous les éléments apparaissent puis s'évanouissent. Ils sont d'ailleurs, inévitablement sujets au changement ; rien n'échappe au changement, ni n'est permanent. Des éléments atomiques se joignent pour former un corps ; celui-ci change suivant le kamma : un corps humain, un corps de chien, de chat... Bouddha dit que tout atome est divisible. Si l'on divise un atome, ce que l'on trouve est vibration, vague, énergie, courant, etc.. Le tout est changement et impermanent.Cela est appelé « rupa » dans l'Abhidhamma. Chaque « rupa » (forme) est sujette au changement. Supposons qu'une forme est perçue par notre par notre organe de la vue, la sensation de la vue (appelée « conscience de l'œil » dans l'Abhidhamma), prendra place. Si la forme était imperceptible par l'œil, ou si celui-ci était aveugle, la « conscience de l'œil » ne peut avoir lieu. Supposons qu'un son touche l'organe auditif, la sensation auditive se produit, (cela l'Abhidhamma le nomme la « conscience de l'oreille » . Si un objet ayant une odeur a contact avec la faculté olfactive, la sensation d'odorat a lieu ; (cela l'Abhidhamma le nomme la « conscience de l'odorat » ou « du nez »). Si quelque chose ayant un goût, a contact avec l'organe gustatif, la sensation du goût a lieu ; (cela est appelé « la conscience de la langue » ou « du goût » ,dans l'Abhidhamma). Si une matière dense touche le corps, la sensation tactile se produit ; (cela l'Abhidhamma le nomme la « conscience du toucher »). Si vous réfléchissez à une expérience passée..., vous avez la « conscience du mental » qui se met en action... A chaque instant, nous remarquons que différents types de conscience surgissent.
Par moments, nous avons des sensations de bonheur, mélancoliques ou neutres. Voilà des symptômes de la conscience. Dans toutes ces différentes consciences, il y a des états ; il y a connaissance ou souvenir de choses et d'états mentaux multiples. Il y a tellement d'états qui nous submergent : peur, angoisse, plaisir, amour, compassion, jalousie...Si nous examinons scrupuleusement le mental, nous trouvons que nous sommes sujets à différentes attitudes mentales qui apparaissent et disparaissent. Nous pouvons voire en outre que le mental ou l'esprit n'est pas une chose en soi, mais un flux ou courant d'états de conscience différents. Dans ce flux mental, il y a des états qui surgissent et d'autres qui s'effacent ; mais ils sont tous sujets au changement. Ce que nous appelons esprit ou mental est un courant d'états mentaux subissant l'altération. Ce courant mental, lorsqu'il quitte le corps, passe dans un autre corps qu'il reçoit... ; ce processus se prolonge des millions d'années durant. Chaque pensée composant ce flux mental est munie d'une force vive qui pousse à vouloir vivre, et à s'attacher à l'existence. Ainsi, la vie flotte dans ce monde. L'Abhidhamma explique ces vérités. Bouddha dit que ce que l'on appelle « homme » est composé de deux courants, l'un matériel et l'autre immatériel (nama-rupa-santati) ou (nama-rupa-parampara). Nama signifie états mentaux ; rupa désigne les états matériels. Bouddha a précisé que l'homme est un agrégat des trois cas suivant : anicca (impermanence),dukkha (souffrance), anatta (sans substance). C'est le côté opposé de cette nature triple qui porte une réalité. Quand on accède à celle-ci, on atteint la parfaite sérénité, voire l'état qui n'est pas sujet au changement ; c'est nibbâna, le but de notre vie. Tant que nous ne savons pas ce que nous sommes, il y a persistance de l'attachement et entrave à l'état d'immuabilité. L'attachement aux choses est appelé « avidya » (ignorance). Il ne suffit pas de savoir cette vérité pour prétendre avoir éliminé son ignorance, car il ne s'agit jusque là que d'une connaissance acquise sans être expérimentée. Par votre expérience, vous devez voir grâce à l'œil de l'esprit ce que vous êtes. Voilà une connaissance qui n'est pas empruntée. Car, avec l'œil de l'esprit, vous expérimentez personnellement les choses. C'est par la pratique de la méditation Vipassana que l'on peut accéder à ce niveau. C'est cela le but de la méditation Vipassana, elle est faîte pour cela.
Supposons que vous vous tenez face a un écran, en train de regarder un film de cinéma. La réflexion du film tombe sur l'écran ; vous voyez des images : un homme courant ; l'image de cet homme qui court. Evidemment, il ne s'agit pas là d'un véritable homme, mais d'une série d'images de celui-ci qui apparaissent successivement. Vous n'êtes pas capable de repérer les images distinctement à cause de la rapidité de leurs apparition et disparition. Ainsi est le flux de pensées ; en une seconde, il se peut qu' une centaine apparaissent et disparaissent. Nous ne pouvons pas discriminer toutes les pensées apparaissant et disparaissant. Car c'est avec une extrême vitesse que la pensée ainsi que l'état de conscience surgissent et s'évanouissent. Quant aux éléments matériels, c'est le même cas parce que nous ne pouvons pas discriminer les états, les délimiter, nous croyons qu'il s'agit d'une image en soi, plénière et substantielle. Ainsi, quand nous voyons l'homme du cinéma suscité, nous dirons : voici un homme, en attribuant à tord une substantialité à l'image en question. Si nous examinons scrupuleusement les phénomènes, nous constatons qu'en fonction d'un autre objet, un autre type de pensées se produit. Si nous pratiquons la méditation Vipassana, notre esprit devient très sensible. Plus nous la pratiquons, plus notre pouvoir de perception s'accroît et plus nous serons en mesure de capter et discriminer les différents états mentaux en nous.
Je vous ai expliqué très brièvement la nature du mental et celle du corps. Je reviens au mental et en particulier, à ce que l'on appelle états mentaux. Ceux-ci on peut les discriminer en les classant en quatre niveaux. Le premier est celui des pensées qui surgissent lorsqu'on voit, qu'on touche, qu' on entend, et lorsqu'on se souvient de quelque chose... ; c'est le niveau le plus bas. Dans la vie ordinaire, ces états apparaissent et disparaissent à tout moment. Nous considérons ces pensées comme étant liées au plan des sens. Habitués à réfléchir profondément, certains trouvent que de l'attachement à quelque chose découle un un certain plaisir. A partir de là, on se sent heureux. Lorsque l'on écoute un beau chant, on s'y attache ; en désirant écouter, on s'attache au plaisir qui s'ensuit ; ce plaisir à son tour, accroît l'attachement. Ainsi en est-on des pensées plaisantes. Lorsque l'on goûte un met savoureux, on en éprouve un plaisir entraînant un attachement. C'est de ce même plan, d'ailleurs, que relève la colère. De même, à ce niveau, il y a un déferlement de diverses sortes de pensées. Ce niveau est appelé le niveau sensuel. Certaines personnes l'ont discerné en tentant d'analyser le plaisir qu'il procure.
Autrement dit, quand un homme voit une belle femme, ou une femme un bel homme, une attraction et un attachement se produisent, et il prennent plaisir à être ensemble. Qu'est-ce cela ? Le corps, beau ou non, est enveloppé d'une peau. C'est la forme ainsi que la couleur de la peau qui crée l'attachement. Ce sont cette couleur et cette forme (ou traits) que l'on appelle choses belles. Car si la peau est dégagée du corps, la personne attachée à celui-ci le restera-t-elle ? Elle n'aura même plus envie de le toucher, la chair et le sang étant repoussants. Ce squelette est couvert de chair et de sang..., et ces derniers sont couverts de la peau. Celle-ci en fait provoque l'attachement ; c'est un agrégat d'impuretés. Comment peut-on aimer cela, si ce n'est sous l'effet de l'illusion qui nous dissimule la réalité ? Ce sont les traits extérieurs ou la forme qui illusionnent : cela est un rêve ! Quiconque est véritablement voyant et capable d'analyser, constate que tous les plaisirs sensoriels sont illusion ; ce fait le rend las, il aspire à une joie plus réelle. En effet, il renonce aux plaisirs des sens, et s'adonne à la méditation afin de s'en libérer. Il se livre à la pratique d'une concentration susceptible de lui réaliser la transcendance de ces plaisirs, et l'établir dans ce qui est sublime telle que la compassion de Bouddha par exemple.
Il existe quarante méthodes pour la pratique de cette méditation. L'un consiste à fixer le mental et les yeux sur un point précis, une tasse d'eau par exemple. On ferme les yeux, puis on en fait une représentation dans le mental. Lorsque l'on ferme les yeux, il faut essayer de se souvenir de la forme de la tasse. Au départ, bien sûr, on ne parvient pas à l'accomplir. C'est pourquoi, il convient de regarder longuement la tasse, avant d'en faire l'image dans le mental. Après avoir fermé les yeux, il faut essayer de se souvenir de la forme. Dans les premières tentatives, cela paraît impossible. Il faut persister à regarder l'objet, puis fermer les yeux ; ne pas forcer le regard ; regarder simplement, fermer les yeux puis s'en souvenir. Après une pratique assidue, on parvient à s'en souvenir sans difficulté et de plus en plus nettement. On n'aura plu besoin de la tasse, et on l'écarte. Ensuite, il faut essayer de voir mentalement la tasse en fixant le mental dessus. Ainsi peut-on développer la faculté de se concentrer avec de moins en moins de risque de distraction.
Lorsqu'on pratique la méditation, il se peut que le mental erre ici et là. Il faut être très vigilant de le ramener à son point de concentration. Ainsi peut-on devenir capable de se concentrer de mieux en mieux. Si l'on pratique assidûment cette technique pendant quelques mois, plus rien ne pourra troubler le mental lors de la méditation. La concupiscence, l'avidité et la colère n'auront plus accès au méditant ; celui-ci sera libéré et son mental deviendra en mesure de se fixer sans problème, sur un point précis. Après un mois de pratique continue ou plus, ces choses deviendront de plus en plus étrangères au mental : plus de colère, de concupiscence, de jalousie...
Dans sa limpidité, son mental fait voir au méditant une lumière. Celle-ci n'est que le reflet de la pureté du mental ; elle apparaît à des moments intermittents. Lorsqu'elle est perçue, il convient d'y fixer le mental ; ainsi, elle apparaît de plus en plus luisante. A ce niveau se développe le pouvoir créatif de l'esprit. Mentalement, on doit voire s'élargir la lumière sans cesse. Et, par conséquent on devient capable de l'envoyer dans l'espace vers le monde entier. Lorsque le mental se concentre sur cette lumière infinie, on acquiert la possibilité de rendre puissante la concentration, outre la sérénité et la joie véritables. En effet, on se sent être dans une sphère supérieure.
Arrivé à ce niveau élevé de concentration, le mental ne sera plus souillé par les émotions et la sensualité. Cela est le second niveau de l'esprit. Ceux qui atteignent ce niveau se posent des questions sur leur corps, et se disent que celui-ci est source de tracas pour être maintenu. Ils décident de finir avec tous les problèmes crées par ce corps matériel, et cherchent à vivre uniquement sur un plan mental, décidant de se libérer au niveau mental par le biais de leur technique de méditation. Cela est un haut développement du mental.
Lorsque l'on accède à cet état, on devient très loin des affaires de ce monde. Ce niveau s'appelle « arupa » . Mais cela n'est pas la fin, car après un certain temps, quand le flux de la concentration sera épuisé, on retombe dans cette nature humaine. En d'autre termes, après la mort, on prend naissance dans une sphère mentale où l'on vivrait des millions d'années dans cet état. Mais un jour, on sera obligé de retomber ici bas, de renaître comme un être ordinaire et ce, longtemps durant... Ainsi reste-t-on à l'intérieur de ce monde, dans le flot des souffrances. Dans le monde de l'esprit ou du mental, il y a trois niveaux : la sensualité (Kamavacara), la forme raffinée (Rupavacara), l'esprit immatériel (Arupavacara). Mais dans tous ces niveaux résident l'ignorance et l'agitation, car ce n'est pas encore le plan immuable (Atta). En effet, ceux qui atteignent le degré le plus élevé de ces niveaux, sont toujours obligés de retourner en arrière pour renaître ici bas. Voilà ce que l'on appelle « samsâra » ou « roue » (de la vie).
Toutefois, ceux qui accèdent à cet état, recherchent un moyen de gagner la félicité éternelle. Il s'adonnent à la pratique de la méditation Vipassana. Ceux qui la pratiquent, en outre analysent leur corps ainsi que leur mental, comme nous l'avons dit.
En poursuivant la pratique de la méditation Vipassana, on perçoit la nature réelle de l'esprit et du corps. Quand on sera capable de voir sans cesse la nature impermanence du corps et de l'esprit (ou du mental), on deviendra lassé, éprouvera la nécessité de mettre terme à ce phénomène. Peu à peu, l'attachement à l'existence se réduit. Car l'œil du mental est en développement. De même, plus on peut voir les choses en leur propre perspective, moins on s'y attache, se libérant des désirs du corps et du mental. Au terme de sa pratique de la méditation Vipassana, son œil intérieur s'ouvre un certain moment. Par conséquent, on s'aperçoit que la nature du monde est agitation, impermanence et non-substance. Par la suite, l'image de nibbâna apparaîtra à l'esprit ; on expérimentera pour la première fois la félicité. Cette étape préliminaire de l'expérience s'appelle « Sotapati » (entrée dans le courant).
Quiconque expérimente cette félicité devient attiré par nibbâna. S'il poursuit sa pratique, son attachement se réduit graduellement, jusqu'à ce qu'il parvienne à voir nibbâna. Ainsi donc,le désir du monde devient si amenuisé au point que le sujet ne prend naissance ici-bas, qu'une dernière fois peut-être. Cet état s'appelle « Sakadagami » . Il convient tout de même d'être sûr d'avoir été purifié de tout attachement au monde.
Le sujet continue son examen par une pratique assidue de la méditation Vipassana. A la fin, il sera apte à déraciner de lui tout attachement, pour enfin se libérer totalement. Lorsqu'il sera affermi dans ce troisième niveau, il atteint nibbâna ; il est appelé « anagami » (celui qui ne retourne pas). Il ne retournera plus dans ce monde, ayant atteint une sphère infiniment supérieure qu'il ne tiendra jamais à abandonner. Il constate la faiblesse de son esprit, et éprouve la nécessité de continuer sa pratique de la méditation Vipassana. Il découvre la véritable nature du monde, et celle de son propre état intérieur. Il ne subit plus aucun attachement au monde, car la parfaite sagesse est éveillée en lui. Dans nibbâna, il est illuminé, resplendissant comme un soleil. C'est cela le but de notre vie, et c'est la perfection. Celui qui atteint ce stade est nommé « arahat » , c'est à dire parfaitement saint.
Voilà la libération de la vie, de la renaissance, de la mort et de tous les troubles qui les accompagnent. Voilà pourquoi on doit pratiquer la méditation vipassanâ.
NAMO TASSA BHAGAVATO ARAHATO SAMMA SAMBUDDHASSA
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