Tout d'abord je voudrais remercier toutes les personnes qui m'encouragent régulièrement à continuer ce blog.
Vous êtes nombreux à m'écrire et certains d'entre vous m'ont demandé pourquoi je ne faisais par le récit de mes autres retraites.
Mais si j'ai écris le récit de ma retraite, c'est justement car c'était la première retraite intensive de 10 jours que j'effectuais et j'ai eu envie de partager cette expérience.
Rien n'est permanent et aujourd'hui je n'ai aucunement l'intention ni l'envie de faire le récit des autres retraites que j'ai pu suivre depuis, intensive ou non intensive d'ailleurs.
Je pense que cela n'aurait plus d'intérêt et que cela ne ferait qu'alimenter mon ego.
Partager des enseignements, des suttas et des expériences plus ponctuelles c'est bien aussi.
Dans le message "méditation et transformation" je parle justement du changement qui s'est opéré en moi. Je n'ai plus de "méthode" à partager, plus d'attente, plus de but, plus rien de précis juste des expériences au jour le jour.
La pratique du Bouddhisme n'est pas linéaire.
Il ne faut surtout pas s'attacher à la méditation en elle même car comme tout le reste, elle est changeante, a un début et une fin. Ce serait le comble de souffrir parce que l'on arrive pas à méditer.
J'essaye tant bien que mal de continuer ma pratique tout au long de la journée et pas seulement en méditant sur mon coussin.
J'essaye d'observer mon corps et mon esprit sans juger.
Il y a quelques jours, je croyais que mon chat était mort car il n'était par revenu à la maison durant 24 heures
J'ai réussi à observer mes pensées, à en être consciente:
Mes pensées et seulement mes pensées m'ont fait souffrir: c'est ainsi que durant plusieurs heures j'ai imaginé le pire : "Il doit-être mort" ou "il doit-être blessé et ne peut plus marcher" "il a dû se faire écraser, quelle horreur je ne le reverrai plus" ect.. j'ai imaginé les pires sénarios.
Mais l'aspect positif de cette expérience c'est que durant cette période, tout en "souffrant" à cause de mon esprit, j'étais consciente de cela et j'ai pu observer mes pensées. J'étais triste mais pas ignorante, en ce sens que je me rendais parfaitement compte que c'est la pensée qui me faisait souffrir et rien d'autre.
Lorsque le chat est revenu j'ai compris à quel point nous étions esclave de nos pensées.
Durant toute la période ou j'ai attendu mon chat, tout en pleurant sur sa mort éventuelle, j'avais à l'esprit l'histoire de la seconde flèche.
Pour rappel lire : Ressentir la douleur et la colère (Sallatha Sutta: La flèche)
La pratique c'est aussi cela, Vipassana c'est aussi cela: Voir les choses comme elles sont. Etre conscient de ce genre de pensées, pouvoir les observer, même si on arrive pas encore à ne pas souffrir à cause d'elles, c'est déjà un grand pas de plus sur le chemin.
Kathy
Je viens de me souvenir d'un enseignement du vénérable U Jokita à propos notamment de la pensée. C'est pourquoi je l'ajoute à ce message car je trouve qu'il illustre et complète mes propos ci dessus
En voici des extraits
La meilleure chose à faire est d’être attentif, d’observer son esprit et sa vie, de voir par exemple comme on est dépendant ou que l’on s’ennuie facilement.(...)
Les pensées n’apportent pas le bonheur. Observez les pensées sans vous y attacher, sans vouloir les rejeter ou les contrôler. Quand on les voit clairement, elles cessent.
La chose la plus importante est d’être conscient de nos intentions et de notre propre esprit.La méditation est l’attention continue à chaque chose qui apparaît par rapport aux six sens, du lever au coucher, et pas uniquement pendant la méditation assise. C’est le plus grand kusala (action méritoire). Il faut être toujours attentif.
Lorsqu’on observe son esprit de près, sans vouloir être différent, cela résout les nœuds, mais il ne faut pas observer son esprit en voulant résoudre les nœuds, cela créerait un conflit.
Il faut lire dans l’esprit. On ne peut pas apprendre en profondeur des livres. C’est seulement en voyant l’esprit que nous apprenons en profondeur.(...)
Il est impossible de contrôler l’esprit, c’est anatta (le non soi). Il faut simplement être attentif au monologue dans l’esprit avec les commentaires, les jugements….. sans se blâmer ou se juger.
L’attention est une façon de vivre. Où que l’on soit et quoi que l’on fasse, nous devrions le faire avec attention, sinon nous ne comprendrons pas la vie, ni le Dhamma. (...)
C’est uniquement quand on observe l’esprit sans se sentir coupable, sans vouloir le changer qu’on le verra clairement. Il ne faut pas condamner l’avidité, la fierté, la colère… mais apprendre à travers elles.
Nous souffrons car nous nous identifions à notre corps et à notre esprit.
Si le désir, la frustration, la colère ou l’attachement apparaissent, il faut les observer comme des phénomènes naturels, sans les considérer comme personnels, ni essayer des les contrôler. L’identification aux phénomènes les rend plus forts. Sans identification, ils ne sont pas puissants.(...)
Lire cet enseignement dans son intégralité : vipassanasangha
2 commentaires:
Merci kathy pour ce texte émouvant et qui va au plus profond des choses…
Je suis d’accord avec toi : il ne sert pas grand-chose de décrire encore et encore les séminaires de méditation et les expérience que l’on peut y faire. Le récit d’une expérience de méditation est utile, parce qu’elle permet de donner à voir à ceux qui n’ont aucune expérience, ce qu’est et n’est pas la méditation. Aller plus avant n’est pas nécessaire.
C’est d’ailleurs une constante que j’ai trouvé en Thaïlande : les moines et les instructeurs ne font jamais allusion de manière directe aux expériences qu’ils peuvent vivre lors de leurs méditations. D’ailleurs, dire que l’on a atteint tel ou tel stade dans la méditation est une faute du vinaya (le code de discipline des moines).
On ne peut méditer à la place des autres. La méditation est une affaire de soi avec soi ; même si en méditant pour soi, on médite aussi pour le monde. Ce n’est pas tant les bienfaits de la méditations qu’il importe d’expliquer, que les empêchements (les désirs, l’aversion, la paresse, l’agitation et le doute) auxquels nous devons faire face, jour après jour, assis su notre coussin.
Les changements qui se produisent en nous, imperceptiblement, chaque jour, méditation après méditation, cela ne se raconte pas. Voir que l’on ne réagit plus de la même manière, que la colère ne jaillit plus aussi subitement, que l’on parvient à comprendre différemment le changement, le vieillissement, la maladie et la mort… ceci est quelque chose qui se vit à l’intérieur et que les mots auraient du mal à traduire.
Merci encore pour ce texte, pour ce site, ainsi que le travail fourni pour la Birmanie ne retombe pas dans la nuit.
hervé
merci à toi hervé (isara) pour ta "fidélité" à ce blog :)
merci aussi pour tes traductions, ton récit et les textes publiés sur "ehi passiko"
Mais tout est amené à disparaître un jour, et c'est de l'attachement à toutes choses et à tout être vivant que nous devons nous libérer et c'est bien l'aspect le plus difficile sur le chemin.
Enregistrer un commentaire