jeudi 27 décembre 2007

Etre libre de désir, d'aversion et d'ignorance






Ci après des enseignements de Ajahn Khemasiri





Ajahn Khemasiri appartient à l’École des Moines de la Forêt, de la Tradition Theravāda.
Son premier contact avec le bouddhisme en 1977 fut à travers la Tradition Tibétaine. Mais en 1978 il rencontra, en Angleterre, Ajahn Chah et Ajahn Sumedho, deux Maîtres Theravāda de l’École des Moines de la Forêt et commença alors les premières retraites et séjours dans les monastères. En 1984, il entra comme novice au Monastère d’Amaravati au nord de Londres et c’est en 1986 à Chitthurst, qu’il reçut l’ordination de Bhikkhu. De 1995 à 1999 séjours en Thaïlande et en Birmanie : période de pratique individuelle intensive dans différents monastères et ermitages. Depuis 2000, il réside au Monastère Dhammapala en Suisse, dont il vient de prendre la direction.




La pratique de la méditation

Dans la pratique de la méditation, il est bon de garder une attitude de débutant.

(...)Nous avons tous besoin d’instructions différentes, de formes d’aide différentes, selon notre niveau de développement, tout au long de notre vie. Nous n’avons pas tous la même progression.
Nous arrivons dans cette vie avec un bagage différent — c’est ce que l’on appelle « l’héritage karmique » dans le Bouddhisme.(...)

Nous avons tous des points forts et des points faibles différents et il est très important de pouvoir les reconnaître.

Donc nous ne pouvons pas nous attendre à ce qu’une pratique de méditation, ou même toutes les pratiques de méditation appliquées aveuglément, nous aide à résoudre toutes nos faiblesses.
Nous devons utiliser notre propre intelligence intérieure dès le départ. C’est pourquoi j’ai dit qu’il est important d’avoir la vue globale du débutant sur les enseignements mais aussi sur sa propre personnalité.(...)

Les gens ont parfois une approche opposée : ils se limitent à une seule méthode de méditation et ils espèrent que s’ils la pratiquent intensément, ils parviendront à une ouverture — bang ! — et ce sera le nirvana.
Je ne dis pas cela pour dénigrer la pratique intensive ou la pratique de la concentration profonde, mais il est très important de savoir utiliser ces outils.(...)


Avons-nous accès à nos qualités d’attention et en faisons-nous bon usage ?

(...) dans la pratique de la méditation bouddhiste, nous utilisons d’abord l’attention et la présence en relation avec un objet.

Le Bouddha a recommandé différents objets de méditation qui sont des fondements sur lesquels baser notre méditation.
Globalement ce sont : le corps, les sensations, les états mentaux et émotionnels, et les dhamma, c’est-à-dire des objets de contemplation, de réflexion.



Méditation guidée

Prenez une posture confortable qui vous permette de rester trente ou quarante minutes assis sans bouger. Le corps est droit mais détendu, pas rigide.
Dans la pratique du Bouddhisme, on parle beaucoup d’avoir un sentiment de juste équilibre.
Simplement à la façon dont nous tenons notre corps, nous pouvons très rapidement prendre conscience de l’effort et de l’énergie que nous y investissons.
Vous trouverez certainement plus facile d’avoir les yeux fermés pendant cette pratique.

Au lieu d’utiliser un objet de méditation particulier comme la respiration, le corps ou un
objet mental, nous allons observer ce qui se passe si nous laissons simplement l’attention se déplacer d’elle-même. Vers quoi va-t-elle se diriger si nous commençons, par exemple, par écouter les sons, utiliser nos sens ?

Voyez ce que vous ressentez au niveau du coeur. Que se passe-t-il quand votre attention est aussi libre, aussi ouverte ? Peut-être y aura-t-il une résonance au niveau des sensations.

Prenez conscience du moment où l’attention passe dans le domaine de la pensée sans, bien sûr, vous laisser piéger par les pensées. Vous remarquez simplement que l’esprit a tendance à prendre cette direction.

Peut-être une chose que vous n’avez pas pu terminer vous revient à l’esprit et votre attention va être sollicitée dans ce sens.

Mais qu’il s’agisse de pensées ou de sensations physiques ou sensorielles, laissez votre attention évoluer librement, n’essayez pas de la stabiliser ou de la manipuler d’une manière ou d’une autre.

Vous restez très ouvert, pas contracté, à l’écoute de cette force très subtile à l’intérieur de votre esprit.

Bien sûr, nous utilisons notre esprit toute la journée, mais généralement cela se fait de manière inconsciente, non observée.
Ce soir, par contre, nous observons comment l’attention de notre esprit se déplace et nous restons présents à ses mouvements.

Quand vous remarquez que vous êtes perdus dans une pensée ou dans des impressions physiques ou sensorielles, ne vous laissez pas piéger ! Elargissez simplement l’angle de votre attention, restez dans un état d’ouverture et de curiosité par rapport à ce que le moment suivant va apporter.

Vous voyez, il n’y a vraiment pas grand-chose à faire. En fait, il est bien mieux de se libérer de toute idée de « faire quelque chose » et de s’orienter simplement vers « la présence à ce qui est ». Cela paraît facile quand on le dit, mais c’est certainement plus facile à dire qu’à faire.

Prenez également conscience de ce que vous ressentez.
Peut-être y a-t-il un certain malaise ou une insécurité.
Peut-être, au contraire, vous sentez-vous très bien, très ouverts, très présents.
Laissez simplement votre attention être consciente de ces ressentis.

Voyez si vous avez une claire conscience des objets de votre attention mais aussi de votre attention elle-même.
En temps normal, nous sommes seulement conscients des objets de notre attention. C’est ainsi que cela fonctionne dans le monde. Mais ici, à travers cet exercice, nous essayons de prendre conscience, de ressentir ce qu’est l’attention en elle-même.
A-t-elle une forme ? Une couleur ? Une odeur ? Comment la ressentez-vous ?

Le but de cet exercice

le but de cet exercice était de vous donner le sentiment, la sensation de ce qu’est cette subtile qualité d’attention avec laquelle nous travaillons.

Comme vous avez pu le voir et le ressentir, elle n’offre rien de tangible, rien dont nous puissions nous saisir, alors que la tendance de notre esprit est de vouloir quelque chose de solide, de concret.

Même quand il s’agit du domaine de l’esprit, nous voulons avoir un objet stable sur lequel fixer notre attention et il existe effectivement une approche de la méditation qui propose cela.
Je ne rejette pas du tout cette approche mais il arrive parfois que nous oubliions l’outil même qui nous permet d’être attentifs à quoi que ce soit — cette qualité d’attention elle-même — parce que notre attention s’attache toujours à un objet.

C’est pourquoi il est bon parfois de se détacher, de s’éloigner de cette tendance de façon à observer et ressentir ce mouvement de l’attention, voir comment nous le vivons de l’intérieur, comment il fonctionne. Et nous établissons ainsi une relation avec l’attention.


Questions Réponses


Question : à un certain moment mon attention s’est posée dans la région du coeur et j’ai ressenti des picotements désagréables. Comment interpréter cela ?


Réponse: C’est la réalité de ce moment pour vous aujourd’hui.

Quand on pratique dans le contexte de l’attention présente, comme nous l’avons fait ce soir, le but est justement d’observer cette chose qui est consciente des picotements au niveau du coeur.
Au-delà de l’attention aux picotements, c’est l’attention à cette qualité de perception.
Quand l’impression sensorielle est forte, comme c’était le cas ici pour vous, l’attention est attirée par la sensation et elle se laisse absorber, de sorte que le mental prend le dessus et on commence à se poser des questions : « Quelle est cette sensation ? Je n’aime pas cela », etc.
Cela se produit souvent quand les sensations sont désagréables ou que l’on a un rejet par rapport à une situation. Et dès que l’on exprime cette impression intérieurement : « Oh ! Je n’aime pas cela du tout ! », celle-ci s’intensifie encore.
La façon juste d’agir dans cette situation est de se « désengager » de la sensation et des sentiments qu’elle provoque, sans pour autant perdre le fil de l’attention; ouvrir délicatement l’espace autour de la sensation au lieu de se focaliser dessus.



Question : Quand on pratique cette attention panoramique sans se fixer sur un objet particulier, peut-on dire que l’on est établi dans un état de conscience pure, au-delà de l’activité mentale ?

Réponse: Certains enseignants de méditation utilisent effectivement le terme « pure conscience » ou « attention pure » pour parler d’une attention non orientée vers un objet particulier.

Mais pour que l’attention soit vraiment pure, il faut qu’elle ne se laisse à aucun moment capter par un objet.
On peut être conscient de l’apparition d’un objet, bien sûr, si quelque chose se produit au niveau du mental ou du coeur — une émotion ou un état mental — mais l’attention ne se laisse pas absorber par lui.

Cela peut paraître facile mais en fait c’est tellement subtil qu’il est très difficile de ne pas se laisser prendre au piège. D’autant que nous sommes conditionnés par une vie entière d’habitudes, l’habitude de poser notre attention sur tous les objets qui se présentent.


Il faut donc avancer lentement dans cette voie pour se défaire de cette habitude, sans non plus tomber dans l’extrême opposé qui consisterait à se perdre dans un vaste espace sans plus savoir où l’on en est.

Cette approche engendre la confusion mentale, la personne sent qu’elle est désorientée et qu’elle n’est pas sur une voie correcte.

Reste encore à relier cette pratique à l’enseignement de base du Bouddha qui consiste à prendre conscience de quand, où et comment apparaît la souffrance.

La façon dont nous utilisons l’attention est très liée à notre expérience de la souffrance.
Alors, quand l’attention est pure, comme vous l’avez dit, on ne ressent pas la souffrance parce que l’on se détend, on s’en remet à cette qualité d’attention.

Il s’agit là d’une capacité que nous avons tous mais qui est dissimulée par l’habitude très ancrée de faire exactement le contraire, c’est-à-dire de nous fixer, de nous agripper à tout ce qui se produit au niveau du mental comme des stimulations sensorielles.

Dans le Bouddhisme, on parle d’un « entraînement » des facultés du coeur-esprit car ce n’est pas quelque chose qui se produit automatiquement ou par la volonté. Il ne suffit pas de se dire : « Oh ! J’aimerais beaucoup avoir cette attention pure ! Etre tout le temps dans cet état-là » pour que cela se produise.


Nous devons donc être très honnêtes vis-à-vis de nous-mêmes dans cette pratique; prendre conscience de notre mode de fonctionnement, voir si nous avons l’habitude de nous focaliser sur des pensées, si nous avons tendance à partir dans des états vagues de confusion mentale ou si nous avons besoin de suivre une démarche étape par étape qui nous sécurise.


Dans ce que le Bouddha a appelé « les fondements de l’attention »
, nous passons par tous les différents aspects de notre expérience en appliquant notre attention à des objets de méditation très précis. On travaille avec la respiration. On apprend à calmer l’esprit, à le concentrer. On apprend à se maintenir dans l’instant présent en fixant son attention sur un objet. (...)

Question : Quelle est la différence entre l’attention et la conscience de l’attention ?


Réponse: En fait, les termes « attention » et « conscience » sont quasiment interchangeables. Ils se distinguent quand ils pointent vers un objet. Ainsi on parle de l’attention au corps, l’attention aux sensations, l’attention aux états mentaux, etc., mais il y a aussi une forme d’attention, que l’on peut appeler conscience » — pour la distinguer de l’autre — qui a pour particularité de ne pas avoir d’objet. (...)

On peut même dire que la véritable attention c’est la vacuité car elle est vide de l’impulsion habituelle de saisie que peut avoir l’esprit. Quand on réalise cette expérience, le coeur est réellement plein mais certains diraient que c’est l’expérience de la vacuité.(...)




Entrer dans une nouvelle réalité


Cette « nouvelle réalité » est libre de désir, d’aversion et d’ignorance.

Dans le contexte bouddhiste, je précise tout de suite que cette « nouvelle réalité » est libre de désir, d’aversion et d’ignorance. Parce que tous ici, nous serions d’accord pour reconnaître que notre façon normale d’appréhender la réalité est toujours assez problématique, toujours « défectueuse », pour ainsi dire.

Dans le contexte du Bouddhisme, nous disons qu’il s’agit là de l’expérience de dukkha. Dukkha est généralement traduit par le mot « souffrance » mais en réalité le sens de ce mot est plus vaste et plus profond que ne le laisse supposer le simple mot de « souffrance ».

Il représente le sentiment d’insatisfaction enfoui au plus profond de l’existence conditionnée. Bien entendu, l’existence conditionnée n’est pas nécessairement associée à la souffrance mais dès que l’on naît dans ce monde sous la forme d’un être humain, on peut supposer que cela implique un minimum d’insatisfaction.

En fait, pour la plupart d’entre nous, c’est un peu plus qu’un « minimum ». Nous ressentons parfois, au quotidien, des formes extrêmes de souffrance.

La façon bouddhiste d’expliquer cela est que nous sommes nés dans ce monde en conséquence de choses que nous avons créées ou fabriquées avant cette vie elle-même.

On peut alors se dire : « Quelle catastrophe ! Parce que j’étais ignorant, j’ai créé des conditions qui m’ont amené à cette vie-ci, je me retrouve dans exactement les mêmes conditions que celles qui m’ont amené là. »

Pourtant, nous devons nous souvenir que naître en tant qu’être humain, sous la forme d’un homme ou d’une femme, est en fait une grande chance.(...)


La différence entre un esprit éveillé et un esprit non encore éveillé, est que les sentiments éprouvés — l’amour, la compassion, la joie — sont encore conditionnés par les circonstances.

Les circonstances peuvent être liées à une autre personne ou à une certaine humeur, un état d’esprit du moment.

Parfois nous sommes tellement pris par nos propres soucis que nous ne sommes même plus capables de nous ouvrir aux nombreuses sources de joie et de compassion, même dans le monde conditionné.

Nous pouvons être déprimés au coeur même du plus beau des paysages, du plus beau des couchers de soleil, sans en être conscients.

En général, nous ne sommes pas dans des états extrêmes de dépression comme cela, mais nous fonctionnons sur un mode « médiocre », pourrait-on dire.

Nous nous perdons dans nos pensées, dans nos processus mentaux, nous remâchons des expériences passées, ou encore nous planifions l’avenir.

Nous avons tous beaucoup d’habitudes, de stratégies, pour éviter le moment présent. Cette habitude d’éviter le moment tel qu’il est, est à la racine d’une grande partie de notre souffrance existentielle. Et comme c’est une habitude très profondément ancrée en nous, nous n’en sommes quasiment pas conscients;

c’est devenu la réalité « normale », dans laquelle nous vivons la plupart du temps.
Alors quand quelque chose de spécial se produit, quand nous rencontrons quelqu’un de spécial, nous sortons de ces schémas et soudain toutes les qualités positives émergent : l’affection, la compassion, la joie.(...)


Le Bouddha nous a assurés que toutes ces sublimes qualités que sont l’amour, la compassion et la joie altruiste, font partie du coeur humain et n’ont pas besoin d’être stimulées par quelque chose d’extérieur.

Il a passé beaucoup de temps et d’énergie à nous expliquer comment nous pouvons nous ouvrir à cette autre réalité par nous-mêmes.


sīla, samādhi et pañña.

Etant très réaliste, le Bouddha a établi de solides fondations et, sur ces fondations, il a construit l’édifice de son enseignement.
Traditionnellement on les appelle : sīla, samādhi et pañña.

La première des trois fondations de la pratique, comme les racines profondes d’un gros arbre, est donc sīla, l’éthique, le comportement moral, que parfois les gens n’estiment pas forcément nécessaire ou important. En Occident, en particulier, il y a beaucoup de confusion dans le domaine de l’éthique. (...)

Dans l’éthique bouddhiste, sīla est toujours lié aux deux autres fondements de l’enseignement : samādhi, le développement de la concentration mentale, et pañña, la sagesse.

Nous devons donc toujours évaluer par nous-mêmes comment nos actions, nos paroles et nos pensées sont liées au développement du calme intérieur et de la clarté ou de la sagesse. Et quand on y est attentif, on constate qu’il y a effectivement un lien direct entre l’éthique — la façon dont nous nous comportons dans le monde, dans notre vie — et ce que nous vivons à l’intérieur, en particulier quand nous méditons.

Nous réalisons que, dès lors, ces racines dont nous parlions, s’enfoncent plus profondément dans le sol, ce qui signifie que tout cet édifice spirituel devient plus stable.

(...) la profondeur des racines de l’éthique bouddhique signifie qu’il y a de la place pour la flexibilité. Pour les Préceptes, par exemple, il y a une certaine souplesse qui nous permet d’y réfléchir et de voir comment ils s’appliquent à notre vie personnelle (...)

(...) Il y a la réalité « normale », celle que nous vivons au quotidien, mais les enseignements bouddhistes nous présentent une réalité qui n’est pas dominée par ce que nous appelons normalement, conventionnellement, « un sentiment de soi » (...)

Le Bouddha a commencé par dire : « Voyez-vous, la forme — le corps, mais aussi les formes en général — n’est pas un ‘soi’. En effet, si la forme était soi, nous pourrions dire à juste titre : ‘Que ma forme soit ainsi ! Que ma forme ne soit pas ainsi ! ’ » — on pourrait imposer à notre corps de ne pas vieillir ou de ne pas tomber malade, d’être plus beau ou plus fort. « Mais c’est précisément parce que la forme n’est pas soi que nous ne pouvons pas agir ainsi sur elle. Et c’est parce qu’elle n’est pas soi qu’elle est cause de souffrance. »

Et puis le Bouddha continue son exposé en prenant les quatre autres agrégats, un par un :
« Si les sensations étaient soi, nous pourrions dire : ‘Que mes sensations soient seulement comme ceci ! Que mes sensations ne soient pas comme cela ! ’ Mais c’est précisément parce que les sensations ne sont pas non plus ‘soi’ que nous ne pouvons pas dire cela. »

La même démonstration s’applique aux perceptions, souvent liées à la mémoire. Quelle influence avons-nous sur ce processus de mémoire, sur ce qui émerge de la mémoire à cet instant ou sur ce qui « devrait » émerger dans le futur ? Même chose avec les formations mentales, ce qui se passe dans le processus de la pensée, et aussi la façon dont nous gérons les impulsions qui nous parviennent des sens.

Et puis le Bouddha continue à mener ses disciples dans une investigation plus profonde, toujours basée sur les cinq khandha mais dans un autre domaine, celui de l’impermanence :

«La forme est impermanente. Ce qui est impermanent est-il satisfaisant ou insatisfaisant ? » A quoi les moines répondent : « C’est insatisfaisant, Vénérable. » Alors le Bouddha demande : « Que dites-vous de cette insatisfaction, de cette impermanence, du fait que tout est sujet au changement ? Pouvez-vous dire que c’est ‘vous’, que c’est ‘à vous’ ou que c’est qui vous êtes ? » Et les moines répondent : « Non, Vénérable. Nous ne pouvons pas dire cela. »

Dans la dernière séquence du sutta, le Bouddha interroge à nouveau ses moines, cette fois à propos de la forme physique : son aspect dans le passé, dans le présent et dans l’avenir; ses aspects grossiers et ses aspects plus subtils, le fait qu’elle soit proche ou éloignée, appartenant à quelqu’un d’autre ou à soi. Quand on contemple ainsi avec la Compréhension Juste ou la Vue Juste, on voit que cela ne peut pas appartenir à « soi », ne peut pas être possédé.

Le Bouddha fait appel ici à une forme plus conventionnelle de compréhension juste ou de vision juste des choses. Il utilise des concepts, le concept des cinq khandha — le corps, les sensations, les perceptions, les formations mentales et la conscience sensorielle — en relation avec la « propriété », la permanence ou l’impermanence, et un sentiment de soi ou de non-soi.

Il est vrai qu’il est important de comprendre le concept parce que nous pouvons, dans un premier temps, l’accepter par foi, par confiance, il s’agit d’une « vision juste conventionnelle ».


Parvenir à la compréhension juste grâce à la pratique de la méditation

C’est quand on l’aura redécouvert par soi-même, grâce à la pratique méditative, que l’on parviendra à une véritable Compréhension Juste : la réalisation du non-soi de ces différents aspects des cinq khandha.

Mais les cinq disciples du Bouddha ont eu cette pleine réalisation directement, simplement en
entendant les paroles du Bouddha. Ainsi la compréhension juste conventionnelle a mené à une
Compréhension Juste dite « supra-mondaine », pénétrante, immédiate. On dit que le coeur des cinq disciples s’affranchit aussitôt de toute passion, qu’il était totalement libéré, et qu’ensuite a émergé la claire prise de conscience du fait : « Le coeur est totalement libéré. »

Ce discours du Bouddha peut vous paraître un peu « technique » et il est vrai que l’accepter tel quel implique un élément de foi ou de confiance, parce que le concept d’anattā n’est pas quelque chose que nous pouvons accepter d’emblée.

Heureusement, dans le Bouddhisme on ne vous demande jamais d’accepter quoi que ce soit par foi aveugle. On vous propose plutôt de vous poser des questions, tout comme le Bouddha a posé des questions à ses disciples.

Au départ, vous aurez une forme de compréhension intellectuelle qu’il faudra ensuite soumettre à l’investigation approfondie de la méditation.(...)


- Vous pouvez lire ou télécharger cet enseignement en entier : lerefuge




Aucun commentaire: