dimanche 5 août 2007

Le doute






Qui d'entre nous n'a pas douté en empruntant le chemin, qui d'entre nous ne doutera pas encore...


Suis-je sur le bon chemin?
Ce chemin est-il le seul qui conduise à l'Eveil?
L'enseignement de Bouddha est-il vrai?
Qui était vraiment Bouddha?
Aurais-je la force de franchir tous les obstacles?
Que ce passe t'il vraiment après la mort?


Tout cela s'est passé il y a 2500 ans, et depuis, le chemin emprunté par Bouddha, seul et sans aide, a été emprunté par des milliers de personnes, qui ont douté avant nous et qui pourtant ont continué d'avancer.

En réalité, la seule chose qui compte c'est : AVANCER. Il y aura des périodes avec des doutes, d'autres périodes sans. Parfois le doute nous ralentira, d'autre fois pas.

Finalement, nous doutons davantage de nous même que du dhamma.



Remarques préalables :
Le doute ne fait pas partie des "3 poisons" qui sont
1 - Avidité, convoitise, désir - Lobha
2 - Haine, Colère, jalousie - Dosa
3 - Ignorance, illusion, égarement - Avidya

Mais il peut-être un empêchement, un obstacle à la méditation. C'est pour cela qu'il fait partie de ce que l'on appelle "les 5 empêchements" ou "les 5 obstacles."

Les 5 empêchements sont :
1- Le désir pour les plaisirs des sens : kamacchanda en pali
2- L'aversion, la haine : vyapada
3- La paresse, la somnolence : thina-middha
4- L'agitation et les remords : uddhacca-kukkucca
5- le doute

Les 4 premiers empêchements sont développés ICI


Vous trouverez ci après :

1 Le doute fait partie des 5 empêchements à la méditation

2 Enseignement sur la pureté de l'affranchissement du doute



1 Le cinquième obstacle


Le cinquième empêchement à la méditation : le doute : vicikiccha en pali.

Lorsque l'on pratique le dhamma, des obstacles apparaissent. Ce sont des empêchements ou nivaranas en pali. Ils sont au nombre de cinq :

Je n'aborderai que le doute dans ce chapitre, mais pour rappel, Les 4 autres empêchements sont :
- Le premier empêchement est le désir pour le plaisir des sens : kamacchanda
-Le deuxième empêchement est l'aversion, la haine : vyapada
-Le troisième empêchement est la paresse, la somnolence : thina-middha
-Le quatrième empêchement est l’agitation et les remords : uddhacca-kukkucca


Le doute:
C'est comme l'eau trouble, ce n'est pas clair, l'homme ne peut y voir son reflet. Le doute est quelque chose qui parvient avec succès à nous empêcher de nous concentrer.

Le doute n'est pas intellectuel, c'est une émotion. En général nous ne reconnaissons pas le doute comme une émotion. Nous considérons le doute comme quelque chose que nous ne savons pas, mais en fait il y a beaucoup de choses que nous ne savons pas et qui ne sont pas des doutes. Par exemple je ne sais pas s'il pleuvra demain, et cela ne me travaille pas du tout.

Le dénouement d'une émotion se passe au niveau du cœur et ne peut se passer au niveau du mental. La pensée ne peut nous aider en face d'une émotion forte. Les émotions ne se pacifient pas avec les pensées. Nous pouvons penser vite pour couvrir l'émotion, mais plutôt que de résoudre l'émotion, nous la figeons, nous la recouvrons parce que l'activité mentale est parfois plus convaincante et plus rapide que l'émotion.

Nous arrivons ainsi à détourner l'attention d'une émotion et à nous convaincre que ce que nous pensons est vrai. En fait l'émotion continue et remonte dès que la pensée diminue. Nous n'arrivons pas vraiment à résoudre ou à dénouer un état émotionnel par la pensée, et le doute en est un très bon exemple. Tout essai pour résoudre le doute par l'intellect est voué à l'échec.

Le doute peut être à propos de soi-même, à propos de la méthode ou de la pratique ou encore en ce qui concerne l'enseignant. Nous nous mettons à douter du moindre aspect de la pratique. C’est plus qu'un simple doute, cela devient de l'épuisement mental dû à la spéculation, à la confusion.

Lorsque ces empêchements apparaissent, il faut commencer par les identifier, les reconnaître et c'est l'attention qui permettra de les éradiquer.

Source : vipassanasangha


Extrait de "La vigilance, chemin vers le nibbanà", à propos du doute:

Le doute est le cinquième obstacle.
Parfois nos doutes peuvent paraître très importants et nous aimons leur donner un maximum d’attention. Nous sommes trompés par sa qualité, parce qu’il paraît tellement substantiel : « Certains doutes sont banals, oui mais ceci est un Doute Important. J’ai besoin de connaître la réponse. J’ai besoin d’être sûr. J’ai besoin de savoir définitivement, dois-je faire ceci ou cela ? Est-ce que je fais bien ceci ? Dois-je aller là-bas ou dois-je rester ici encore un moment ? Est-ce que je perds mon temps ? Ai-je gaspillé ma vie ? Est-ce que le bouddhisme est la voie à suivre ou bien pas ? Peut-être que ce n’est pas la bonne religion ! ». Ça c’est le doute.
Vous pouvez passer le reste de votre vie à vous demander si vous devez faire ceci ou cela, mais une chose que vous pouvez savoir c’est que le doute est une condition du mental. Parfois c’est très subtil et déroutant. Dans notre position de « celui qui sait », nous savons que le doute est le doute. Que cela soit un doute important ou banal, c’est juste le doute, c’est tout. « Dois-je rester ici ou m’en aller ailleurs ? ». C’est le doute. Ce n’est pas très important mais il y aussi les doutes importants. « Suis-je déjà au stade de celui qui est entré dans le Courant ? [1] Est-ce qu’Ajahn Sumedho est un Arahanta (quelqu’un d’Éveillé) ? Y-a-t-il des Arahanta de nos jours ? ».

Ensuite il y a les gens qui appartiennent à d’autres religions qui viennent et disent : « Vous êtes dans l’erreur, nous sommes dans le vrai ». Puis vous pensez :
« Peut-être qu’ils ont raison ! Peut-être que c’est nous qui sommes dans l’erreur. ». La chose que nous pouvons savoir, c’est qu’il y a le doute. Ça c’est être la connaissance, connaître ce que nous pouvons connaître, savoir que nous ne savons pas. Même si vous ignorez quelque chose, si vous êtes conscient du fait que vous ne savez pas, ce genre de conscience est la connaissance.

source : buddhaline


L'obstacle le plus difficile à surmonter :
le Bouddha dit que c'est l'obstacle le plus difficile à surmonter. Pourquoi ?
Parce ce qu'il est possible de prendre conscience de chacun des autres obstacles et, peut être, de continuer la méditation en étant attentif au désir, à l'aversion, à l'agitation, à la torpeur. Mais, le doute nous fait quitter la méditation. Lorsqu'il surgit, au lieu de chercher à lui trouver une solution, nous nous arrêtons de méditer. En général, il apparaît sous un déguisement, comme une manière intelligente de réfléchir, avec un élément présomptueux. Fondé sur la réflexion mentale, le doute s'auto-justifie : " de toute façon, cette technique ne marche pas. Cela ne sert à rien ! ". A l'évidence, lorsque le doute tourne dans la tête, nous ne sommes pas en contact avec l'instant présent, avec les sensations corporelles. Son bruit empêche le contact. Et le doute paraît avoir raison : il est clair que cela ne marche pas tant qu'il est là ! C'est donc bien le plus difficile des obstacles, car il prend l'aspect d'une pseudo-sagesse et s'auto-justifie.
Source : Charles Genoud.


Extrait de "A propos des 5 empêchements" par Ajahn Akincano

Cinquième empêchement : le doute

Ce n'est pas clair, on ne peut voir son reflet. Le doute, c'est quelque chose qui parvient, avec succès, à nous empêcher de nous concentrer, d'unifier notre esprit. Donc la cinquième analogie, c'est l'eau troublée.

On distingue, dans la psychologie du Bouddha, plusieurs formes de doute mais il faut d'abord comprendre que le doute n'est pas une question intellectuelle et a peu à voir avec la tête. Le doute, c'est une émotion. Le problème, c'est qu'on ne reconnaît pas que le doute est une émotion. On considère le doute comme quelque chose que l'on ne sait pas, mais, en fait, vous voyez bien qu'il y a beaucoup de choses que vous ne savez pas et qui ne sont pas des doutes : je ne sais pas s'il y a du lait chaud ou du lait froid demain matin et ça ne me travaille pas du tout… De ne pas savoir s'il y a encore ou non du muesli demain matin, c'est une question à laquelle je ne peux pas répondre maintenant, mais ce n'est pas un doute, ça ne me perturbe pas, il n'y a aucune charge là dedans. Il y a donc des questions qui nous laissent calmes, beaucoup de choses que nous ne savons pas et qui ne nous travaillent pas.

Le doute, ce n'est pas vraiment un simple manque d'information. Un doute, c'est une question et aussi le sentiment que ça ne devrait pas être comme cela, qu'il nous faudrait savoir : « Ce n'est pas possible que je ne sache pas !… » C'est la combinaison d'une question avec l'impression que ça ne devrait pas être comme ça. Il faut faire quelque chose maintenant. Et que fait-on normalement ? On pense, on pense, on repense… on développe des hypothèses, des plans de catastrophes, toutes sortes de choses.

Normalement, ça se gonfle et on essaie de pacifier avec des pensées ce qui est, en fait, une émotion. C'est quelque chose de très inutile. Il n'y a aucune émotion que je connaisse qui puisse se pacifier par des pensées. Avez-vous déjà pacifié votre colère avec une pensée ? Ça ne m'est jamais arrivé ! ! !… Donc, une émotion c'est quelque chose qui se passe sur un autre niveau, dans un autre endroit de notre cerveau. Si vous avez une vue du développement de l'évolution humaine, les émotions c'est plus vieux que les pensées. Vous avez eu des émotions avant d'avoir des pensées. Pacifier quelque chose qui est lié à une couche antérieure de votre développement de conscience avec une pensée, est très inutile. Les pensées ne savent pas vraiment s'occuper très bien des émotions de notre coeur. Le dénouement d'une émotion se passe toujours au niveau du coeur et ne peut pas se passer au niveau du mental. N'importe quelle construction mentale ne peut vous aider en face d'une émotion forte. Il faut vraiment comprendre cela car l'habitude, le conditionnement font que, lorsqu'une émotion nous travaille, nous remontons avec notre attention dans le cerveau, ou dans un domaine où nous avons une pensée conceptuelle.

Les émotions, ça ne va pas avec les pensées, elles ne se pacifient pas avec des pensées. On peut penser vite, vite, vite, pour couvrir l'émotion, mais plutôt que de résoudre l'émotion, on la fige, on la recouvre, parce que l'activité mentale est parfois plus convaincante et plus rapide que l'émotion. Nous arrivons ainsi à détourner l'attention d'une émotion et à nous convaincre que ce que nous pensons est vrai. En fait, l'émotion continue et remonte dès que la complexité de la pensée diminue un peu. De ce fait, on n'arrive pas vraiment à résoudre ou à dénouer un état émotionnel à travers une pensée et il faut bien comprendre que le doute en est un très bon exemple. En conséquence, tout essai de résoudre le doute sur un niveau intellectuel est voué à l'échec.

La deuxième forme du doute, dans l'enseignement du Bouddha, c'est le doute éthique, un doute qui est lié à une bonne question : faut-il faire cela ? Est-ce quelque chose de sain, d'utile, de favorable ?… kusala.

.......Il y a une possibilité dans le domaine de la quatrième forme de satipatthàna, dans laquelle on s'occupe du contenu des pensées, des images, de vérifier s'il y a des empêchements : une des réflexions dans les suttas du satipatthâna, c'est la contemplation des empêchements, la contemplation des agrégats des attachements, la contemplation des quatre vérités, des facteurs de l'éveil, etc.

C'est très intéressant, parce qu'on y parle aussi des problèmes et pas seulement des choses inspirantes parmi ces contemplations. Donc c'est très important aussi de faire une recherche des empêchements, des obstacles et pas uniquement des qualités inspirantes de l'enseignement. Qu'est-ce qui vous empêche de pouvoir unifier votre esprit ? Il est très intéressant de comprendre la dynamique de vos empêchements. A travers une telle compréhension, vous êtes capables d'enlever les points d'appui de ces empêchements.

Le doute; c'est très simple, ça provient d'un examen non sage. Les écritures sont très claires et disent que les conditions qui font apparaître le doute, c'est ayoniso manasikàra -ne pas examiner ce qui passe d'une manière sage. C'est un manque de sagesse, de compréhension, un manque d'application de nos capacités de réflexion sur ce qui se passe. C'est vraiment cette raison : ne pas utiliser notre intelligence de manière percutante.

source : dhammasukha




2- Enseignement sur la pureté de l'affranchissement du doute, appelé kaýkhávitaraša visuddhi en pali.

De nombreux doutes peuvent apparaître, comme à propos des trois temps, des renaissances, etc. Ces doutes peuvent être écartés grâce à la vue juste paccaya pariggaha ñáša, la connaissance percevant le processus des causes et effets. Selon le visuddhi magga, la réalisation de cette connaissance confère le statut de cúta sotápana, ce qui procure la certitude de rennaître dans les mondes supérieurs à l'issue de l'existence présente.
Un yogí ne devrait toutefois pas se contenter de cela ; il devrait continuer son entraînement. Ainsi, afin que chacun puisse être écarté de tout doute et tout scepticisme, je vais vous livrer cet enseignement sur la pureté de l'affranchissement du doute.


Un puthujjana peut adopter huit sortes de doutes à propos du dhamma :

1-Bouddha a-t-il existé ?
2-L'enseignement de Bouddha est-il juste ?
3-Les moines sont-ils de nobles êtres qui mettent en application l'enseignement de Bouddha ?
4-Est-ce que síla, samádhi et pañña constituent vraiment un entraînement important ?
5-Y a-t-il des existences passées ?
6-Y a-t-il des existences futures ?
7-Y a-t-il à la fois des existences passées et des existences futures ?
8-Est-ce que le paticcasamuppáda (le processus des 12 causes interdépendantes) enseigné par Bouddha est vrai ou n'est-ce qu'un simple concept ?



Un puthujjana peut adopter seize sortes de doutes à propos de soi :
les cinq doutes à propos du passé
1-Ai-je existé dans le passé ?
2-N'ai-je pas existé dans le passé ?
3-Qu'ai-je été dans le passé ?
4-Comment étais-je dans le passé ?
5-De là, dans quelle vie ai-je abouti ?

les cinq doutes à propos du futur
1-Existerai-je dans le futur ?
2-N'existerai-je plus dans le futur ?
3-Que serai-je dans le futur ?
4-Comment serai-je dans le futur ?
5-De là, dans quelle vie aboutirai-je ?

les six doutes à propos du présent
1-Suis-je réel ?
2-Ne suis-je pas réel ?
3-Que suis-je ?
4-Comment suis-je ?
5-D'où viens-je ?
6-Où vais-je ?


Les doutes sont nombreux à propos du cycle des renaissances.
Certains se demandent pourquoi ils sont actuellement dans le monde humain. Beaucoup croient qu'ils ont tous été créés par un Dieu. Certains croient que les êtres surgissent par une loi naturelle de prédestination. Certains croient qu'ils surgissent à travers leurs parents. Certains croient qu'après la mort du corps, il y a une âme qui se déplace vers un nouveau corps. Tous ces doutes peuvent être écartés par paccayapariggaha ñáša, la connaissance du processus des causes et effets. Cette connaissance, qui peut être réalisée grâce à un entraînement soutenu à satipatthána, correspond à kaýkhávitaraša (la pureté de l'affranchissement du doute).


Les causes et effets sont de trois types :
  • paccaya samudaya ou paticcasamuppáda, apparition dépendant d'une origine
  • kamma samudaya, apparition dépendant d'une action
  • khašika samudaya, apparition d'instant en instant
1. Dans le paticcasamuppáda, l'ignorance des quatre nobles vérités est la première liaison du processus de la vie. Voici tout le processus :

En raison de l'ignorance apparaissent les formations mentales ;
En raison des formations mentales apparaît la conscience ;
En raison de la conscience apparaissent les phénomènes physiques et mentaux ;
En raison des phénomènes physiques et mentaux apparaissent les six sphères des sens ;
En raison des six sphères des sens apparaît le contact ;
En raison du contact apparaît la sensation ;
En raison de la sensation apparaît le désir passionné ;
En raison du désir passionné apparaît l'attachement ;
En raison de l'attachement apparaît le devenir ;
En raison du devenir apparaît la naissance ;
En raison de la naissance apparaissent la décrépitude, la mort, les lamentations, les peines, les douleurs, les chagrins, les désespoirs.

2. Dans le kamma samudaya:

Il y a l'acte et le résultat ; un acte sain produira un résultat favorable et un acte malsain produira un résultat défavorable. À ce propos, un jeune homme du nom de Subha s'approcha de Bouddha pour lui demander : « Vénérable Bouddha, parmi les êtres, pourquoi certains naissent-ils dans des conditions supérieures alors que d'autres naissent dans des conditions inférieures ? Pourquoi certains naissent-ils en bonne santé alors que d'autres naissent en mauvaise santé ? Pourquoi certains naissent-ils beaux alors que d'autres naissent laids ? Pourquoi certains naissent-ils dans des conditions riches alors que d'autres naissent dans des conditions pauvres ? Pourquoi certains naissent-ils intelligents alors que d'autres naissent stupides ? Pourquoi certains ont-ils une vie longue alors que d'autres ont une vie courte ? »
Bouddha répondit très brièvement : « Ces différences sont dues au résultat du kamma. Ce sont les actions des êtres qui les font rennaître dans des conditions différentes. »
La réponse étant trop courte pour l'éclairer, le jeune Subha sollicita une explication plus précise auprès de Bouddha. Le Bienheureux développa alors sa réponse de manière plus détaillée :
« Subha, la condition des êtres dépend des actions commises précédemment. Commettre un meurtre est la cause, l'existence courte est l'effet ; s'abstenir de nuire à la vie des êtres est la cause, la longue existence est l'effet ; se livrer à toutes sortes d'oppressions à l'égard des autres est la cause, la mauvaise santé est l'effet ; faire preuve de bienveillance à l'égard des autres est la cause, la bonne santé est l'effet ; se mettre toujours en colère est la cause, rennaître dans les apáya est l'effet ; être patient et aimable est la cause, bénéficier d'une belle apparence est l'effet ; la jalousie du succès ou de la richesse d'autrui est la cause, avoir peu d'amis est l'effet ; se réjouir avec bonté du succès et de la richesse d'autrui est la cause, avoir de nombreux amis est l'effet ; la pratique généreuse du don est la cause, le succès et la richesse sont l'effet ; l'avarice est la cause, la pauvreté est l'effet ; le fait de refuser d'enseigner son savoir aux autres est la cause, l'inintelligence est l'effet ; le fait d'enseigner généreusement son savoir aux autres est la cause, l'intelligence est l'effet. »

3. Dans le khašika samudaya:

Chaque effet apparaît simultanément après chaque cause. C'est ce type de causes et effets que tout yogí expérimente chaque fois qu'il note les perceptions qui apparaissent les unes après les autres.
Lorsque le yogí note durant la marche, il s'aperçoit que l'intention d'effectuer un pas apparaît avant le pas. Il comprend alors que l'intention d'effectuer le pas est la cause, et le pas est l'effet. À l'identique, il comprend que le mouvement du pas est la cause, et le fait de noter ce mouvement est l'effet.
En notant « lever, avancer, poser », les intentions de lever, d'avancer et de poser le pied sont les causes, et les mouvements de levée, d'avancée et de poser du pied sont les effets ; ces mouvements sont les causes et le fait de les noter est les effets.
Dans les changements de posture, l'intention de se mettre debout ou assis est l'intention, le fait d'être debout ou assis est l'effet ; le fait d'être debout ou assis est la cause, le fait de noter ces postures est l'effet. En notant le mouvement de l'abdomen, ce mouvement est la cause, le fait de le noter est l'effet.
Ainsi, en notant les perceptions apparaissant par les six portes sensorielles, le yogí s'aperçoit qu'il n'y a que des causes et des effets qui se succèdent les uns après les autres.

..... les effets ne se produisent que s'il y a une cause ; s'il n'y a pas de cause, il ne peut pas y avoir d'effet. Dès lors que le yogí voit que tout est seulement une suite de causes et d'effets, il est libre de doutes. De ce fait, il comprend que le processus des causes qui engendrent de nouvelles existences. Quelle est la cause d'une nouvelle existence ? Ce sont les formations mentales, enracinées dans l'ignorance et le désir, qui causent la renaissance. Les actions passées conditionnent le devenir présent ; les actions présentes conditionnent le devenir futur.
Si le yogí n'est pas capable de noter tous les phénomènes physiques et mentaux qui apparaissent, cela est en partie dû à l'ignorance qui masque la compréhension juste. L'ignorance provoque l'attachement, et l'attachement mène au désir. En raison de ce dernier, le yogí ne peut pas demeurer immobile sans se laisser aller, sans suivre ses envies. Nous constatons ainsi que l'ignorance, le désir et l'attachement sont les causes du kamma, c'est-à-dire de l'action. Néanmoins, les actes méritoires accomplis par les arahanta sont purs, car ces êtres n'ont plus aucune souillure mentale – kilesá. Les autres êtres étant pourvus de souillures mentales, leurs actions en sont imprégnées ; ce qui leur procure inéluctablement une nouvelle naissance. La potentialité d'une action à produire son effet lui est inhérente. Une nouvelle existence ne surgit jamais spontanément. L'action dans la vie présente est une cause dont une nouvelle vie est l'effet.
À propos des causes et effets, les atthakathá délivrent des analogies :
Un son émis en montagne est la cause et l'écho qui répond est l'effet. L'écho est une réflexion de son, produite par l'impact des ondes sonores sur une matière dure. Il n'est pas le transfert du son original à un endroit éloigné.
Une personne devant un miroir est la cause et l'image reflétée dans le miroir est l'effet. L'image reflétée n'est pas la personne.
Une bougie allumée donne sa flamme à une autre bougie : la flamme de la première est la cause et la flamme de la deuxième est l'effet. La flamme de la nouvelle bougie n'est évidemment pas celle de la première.
Un tampon est la cause et l'impression sur le papier est l'effet. L'impression laissée est comme le tampon, mais elle n'est pas le tampon lui-même, même si elle ne peut pas se faire sans lui.
Ainsi, la cause produit l'effet ; l'effet explique la cause. De bons kusala produisent de bons résultats, et des akusala produisent de mauvais résultats. C'est en raison des causes que se produisent les effets.

Quand le yogí prend conscience que tout ce qui se produit est l'effet engendré par une cause, il est débarrassé des huit doutes sur le dhamma et des huit doutes sur soi, il s'affranchi alors du doute. Cela est kaýkhávitaraša visuddhi, la pureté de l'affranchissement du doute.

Pour conclure cet enseignement, je souhaiterai à tous les yogí d'être capables de remplir les sept visuddhi et de progresser dans le développement de vipassaná. Puissiez-vous tous réaliser la connaissance du processus des causes et effets, et parvenir le plus rapidement possible à nibbána, la cessation définitive de toute souffrance !
sádhu ! sádhu ! sádhu !

Source : dhammadana

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