samedi 15 mars 2008

La Non-Violence est dans l'intention et non dans l'acte





La non violence bouddhiste n’est pas celle du Jainisme... Le bouddhisme n’exclut pas la violence et la force, mais en dernier recours bien sur, et à condition qu’elle puisse donner de bons résultats et qu’on en fasse usage sans haine...
(Dagpo Rimpoche)



Dans le bouddhisme il n’y a pas de commandements

Les enseignements du Bouddha sont pragmatiques et toujours adaptés à la réalité (...)

Dans le bouddhisme il n’y a pas de commandements moraux, pas de « il faut », pas de « on doit »... Le pratiquant bouddhiste ajuste sans cesse son attitude à la situation concrète... Il pratique la vue juste et l’action juste ce qui exclue tout à priori sur ce que l’on peut faire ou ne pas faire...

Baigné dans une civilisation d’origine chrétienne et monothéiste, le bouddhiste occidental a parfois de la difficulté à concevoir cette forme d’action et de pensée. Il s’accroche aux préceptes comme à des commandements et non comme à des conseils.

Un acte apparemment juste peut être pervers, un acte violent et jugé comme néfaste par le commun, peut être un acte méritoire et juste...

Le disciple du Bouddha ne juge pas des choses à la seule lumière des ses sentiments ou de la température ambiante... Il purifie son esprit et sa vision intérieure...

Une seule parole du Bouddha n’est pas juste en elle même, elle n’est pas non plus une vérité absolue... c’est en étudiant l’ensemble des enseignements que le bouddhiste éclaire peu à peu son jugement... Une voie difficile certes mais qui est la voie de la libération... Car le bouddhisme n’est pas une voie de salut mais de libération où l’acteur de cette libération n’est autre que le pratiquant lui-même... (bien qu’en dernier recours ce soit finalement une action sans acteur)

(...)



Un extrait d’entretien avec le professeur Samdhong Rinpoche Premier ministre du gouvernement tibétain en exil

Question :Quand le Dharma lui-même est attaqué, la violence ne doit-elle pas être utilisée pour défendre les plus hautes valeurs de l’humanité ?

Réponse : Je ne le pense pas. Cela dépend aussi de la façon dont vous définissez la violence. Les bouddhistes la définissent par l’attitude, la motivation et l’intention.

L’acte de tuer, de blesser ou d’infliger la douleur peut être non-violents. Le chirurgien peut avoir à amputer une jambe, ce n’est pas pour autant un acte violent. Sa motivation est de vous sauver, c’est donc un acte de compassion.

(...) Si vous êtes absolument libre de toute colère et de toute haine, certains actes tels que tuer ou blesser des gens commis dans la défense de valeurs supérieures peuvent ne pas être des actes de violence. La question est de savoir si vous êtes réellement libre de la colère et de la haine. S’il y a la moindre colère, cela ne peut pas être un acte de non-violence. Si vous voulez défendre vos valeurs, vous devez les pratiquer, c’est seulement ainsi que vous pouvez les défendre.

(...)

Si votre amour pour votre pays n’est pas contaminé par l’égoïsme ou l’intérêt personnel, alors le défendre peut être acceptable. Un amour pur est difficile à trouver de nos jours. Prenez l’amour pour l’épouse : bien souvent la base de l’amour n’est pas « l’épouse », mais soi-même. Si le « moi » vient en premier et l’amour ne vient qu’en second, cet amour n’est pas non-égoïste,.vous aimez votre femme parce qu’elle a besoin de vous, qu’elle vous donne du plaisir ou qu’elle vous sert. La cause de l’amour n’est pas la personne aimée, c’est un amour utilitaire. Si elle vous devient inutile, votre amour diminue.

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question : Peut-on faire un parallèle entre la perte de l’identité tibétaine et le recours à la violence ?

Réponse : A mon avis, sûrement pas. Tout d’abord, il ne faut pas amalgamer le bouddhisme et l’identité tibétaine. Les Tibétains ont maintes fois recouru à des moyens violents au cours de l’histoire. Les guerres ont été fréquentes, avec des pays frontaliers mais aussi parfois entre régions ou entre groupes de population. La différence est qu’à l’époque, les belligérants pouvaient espérer vaincre… De plus, même le bouddhisme n’exclut pas la violence et la force, mais en dernier recours bien sur, et à condition qu’elle puisse donner de bons résultats et qu’on en fasse usage sans haine.

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La non-violence résulte d’une pratique

Il s’agit donc bien bien d’un état d’esprit, de bienveillance envers qui que ce soit et l’on peut comprendre comme dit Jean Paul Ribes que tout cela est bien le fruit de la pratique :

« Il est clair que si nous sommes devenus aptes à supporter une certaine douleur, émotionnelle aussi bien que physique, et en échange à trouver vraiment de la joie, une joie sensible mais sereine à pratiquer la bienveillance, alors nous sommes évidemment capables de pratiquer ahimsa, l’altruisme non-violent, d’une manière naturelle.

(...)Le bouddhisme, en effet, ressemble à de l’eau tiède si l’on se limite à le considérer comme l’exposé d’une philosophie ou d’une religion. Il devient en revanche un formidable terrain d’aventure, dès qu’on en fait une pratique, contrôlée par la méditation, l’étude et la transmission. N’en est-il pas de même de la paix et de la non-violence ?

(...)

Une culture de la paix et de la non-violence ne se crée ni ne s’acquiert en un jour. Le bouddhisme, s’il a réussi, dans son ensemble, à maintenir les éléments d’une telle culture et à les régénérer périodiquement, a connu lui aussi ses échecs et ses faces obscures (...)



Ne pas confondre violence nécessaire et légitime défense

La légitime défense vient pour me sauver moi-même, préserver ma propre vie. La légitime défense est tourné vers moi... On peut noter toutefois qu’il est dit dans les textes bouddhistes qu’il est aussi important de préserver toute vie y compris la sienne. Là encore nous ne pouvons pas juger... Il peut arriver que préserver sa vie soit la chose importante ...

La violence nécessaire est entièrement tournée vers le bien d’autrui sans aucune considération pour son bien propre... Elle est le fruit de la vue juste, de l’acte juste et ses conséquences doivent être positives à plus ou moins long terme. Plus ou moins long terme car les fruits peuvent mettre du temps à murir. Cette lenteur de maturation est aussi un enseignement que nous devons apprendre à mettre en pratique.


Il n’y a pas d’être bouddhiste...

Il est vrai que nous avons l’habitude de dire je suis bouddhiste, ou en tant que bouddhiste je pense que, ou un bouddhiste ne peut admettre que, etc... comme s’il y avait une étiquette bouddhiste...

C’est une manière courante de parler mais qui finit par nous induire en erreur et nous enfermer dans une démarche qui devient le contraire de ce que sont les enseignements du Bouddha.

La voie de la libération n’enferme personne dans être quelque chose ou quelqu’un... « Il n’y a personne ici » nous dit Ajahn Chah...

Il n’y a ni moine ni laïc, ni quoique ce soit d’autre seulement des être qui viennent écouter les enseignements et qui verront bien quoi en faire par la suite.

Dés que nous utilisons le bouddhisme comme alibi à la pensée ou à la parole nous avons quitté la démarche vers la libération.

Il reste notre étude du dhamma : Dhamma Vicchayaqui est un facteur d’éveil, notre pratique assidue et patiente qui nous mènera jusqu’à la sagesse de l’équanimité, notre assiduité dans la pratique de metta : la bienveillance... Il reste notre incapacité radicale à juger des intentions d’autrui.

IL arrive que préserver la vie amène à supprimer d’autres vies... Nous devons quitter notre vision idyllique d’un monde angélique de pureté d’où le mal serait exclu... le Bouddha ne nous a jamais promis cela... Le Bouddha n’est pas celui qui nous guide vers un monde meilleur.

Le bien et le mal se côtoient sans cesse, c’est ainsi et il en sera toujours ainsi...

Le Bouddha ne nous a rien promis du tout. Il a enseigné un chemin, une voie que chacun peut prendre s’il le souhaite mais personne n’est obligé de le faire. Une voie de libération personnelle qui peut profiter aux autres par notre capacité de rayonner la paix, la tolérance et la compréhension.

Le disciple du bouddha comprend peu à peu que la vie est précieuse, au delà de ce qu’il imagine, il tente d’en persuader les autres... Il comprend que le mensonge est souvent la plus perverse des violences, que le mensonge est probablement mille fois plus difficile à vaincre que la violence physique, il s’en protège et tente d’en protéger les autres...

Mais il sait qu’il n’est en rien ni plus sage ni meilleur que les autres...

Il n’est qu’un être humain cheminant sur la voie...

Tinh Ý le 10 mars 2008

Source : Lire l'article en entier sur : vivre le dhamma aujourd'hui

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