jeudi 24 avril 2008

le kamma de la Méditation



Par le vénérable Ajahn Sucitto (extraits)



Les deux "fonctions" de la méditation

(...) La fonction première de la méditation est une sorte de remède. On l’appelle « calmant », (samatha) : l’installation et le confort des énergies corporelles et mentales.

La seconde fonction est la vue profonde (vipassana) qui est plutôt une manière de regarder dans le corps et le mental devenus calmes et de voir ce qu’ils sont réellement. Les deux fonctions marchent ensemble : quand vous vous calmez, votre regard devient plus clair et comme vous voyez les choses plus clairement, l’agitation diminue ainsi que la confusion et les choses à régler. Et au moment où les deux processus prennent fin, le kamma cesse : l’expérience de nos forces intérieures – nos sensations et nos humeurs, nos attitudes et les souvenirs qui nous font vivre – peuvent trouver un endroit de résolution. L’agitation et la confusion peuvent s’arrêter.


Élargir la pratique de la méditation

Nous pouvons élargir la pratique de la méditation en agrandissant la conscience du corps quand il est assis, en marche, debout ou couché et également dans l’acte continu d’inspirer et d’expirer. Nous nous occupons ainsi des réalités fondamentales de la vie du corps.

Nous nous occupons ainsi des réalités fondamentales de la vie du corps. Cela nous donne l’opportunité de mettre de côté des questions plus personnelles, spécifiques ou d’actualité et de nous pencher sur quelque chose qui nous accompagne toute notre vie. (...)


Un mouvement dynamique de sensations, d’humeurs et d’impulsions

Ce qui est attaché ensemble comme « mon corps » et « mon mental » est en réalité un mouvement dynamique de sensations, d’humeurs et d’impulsions qui ralentissent, accélèrent et changent sans arrêt. Ces mouvements agissent mutuellement les uns sur les autres, les humeurs mentales émettent des éclairs et même des chocs dans le système d’énergies corporelles et vice versa.(...)

La dynamique des pulsions qui sous tendent nos comportements et les tendances qui en résultent sont appelées sankhara (en pali) « formations ou schémas » (...)


Moins de confusion grâce à la Méditation

Dans la méditation, les schémas deviennent plus clairs. Comme on stabilise l’énergie, il y a moins de confusion (...)

La plus grande partie de ce qui se passe n’est pas dans l’objet de méditation mais dans les énergies du mental qui médite. C’est là que l’agitation, l’intérêt ou la pesanteur du mental se font jour (...)


« Il y a trois canaux pour ces schémas actifs ou aboutissants ».

1- Celui pour le kamma mental ou émotif est citta-sankhara,

Il se réfère à citta notre sens affectif qui expérimente la signification et les sentiments et amène des réponses et des attitudes (..)

A cause de Citta, Nous sommes émus en termes de bonheur ou de tristesse. (..)
Nous décidons d’agir sur une pensée ou une impulsion. Tout ceci revient à former des schémas.
Nous décidons, nous sommes impliqués, nous agissons – ainsi, produisons du nouveau kamma, et des schémas qui en découlent – nous favorisons et développons des goûts qui deviennent « mon style, mes attitudes, ma manière de prendre les choses » (...)

Le sens du moi arrive très fortement quand nos sentiments sont déclenchés
Il y a une confusion, une accélération, une réaction si quelqu’un a dit ou fait quelque chose que je ne comprends pas vraiment.(..)
Tout cela est du kamma mental. Il peut être bon, mauvais ou moyen,

2- Le schéma pour le kamma verbal est vaci-sankhara qui engendre les pensées

Il y a dans cette dynamique, deux aspects : l’intellect examine un objet, puis formule un concept pour le nommer, c’est vitakka. (...)

Tout ce mécanisme est propulsé par une volonté de définir, de clarifier et de planifier. Ces résidus signifient que le mental est souvent surchargé de mouvements d’évaluation, de conception, de planification et de réflexion…

Nous pouvons être agités, absorbés par notre bavardage intérieur sans voir les choses en face, telles qu’elles sont. Ainsi, les formes verbales et leur dynamisme affectent le mental : nous sommes contents de nos pensées qui nous fascinent ou nous dépriment et par notre capacité de penser.

C’est ainsi que le kamma verbal nourrit le kamma mental et devient une source d’actions.

3- Pour finir, le schéma pour le kamma corporel est kaya-sankhara

le schéma de l’énergie corporelle qui s’appuie sur l’inspiration et l’expiration comme condition de base nécessaire

A cause de la respiration le corps, tout à son énergie (ou au repos), est un processus dynamique. Et sa vitalité (ou son manque de vitalité) nous enchante (ou nous déçoit). Ainsi, tout cela affecte citta, le mental affectif.

Par-dessus tout, c’est avec ce schéma que nous devons travailler le plus dans la méditation

Avec samatha, nous calmons et affermissons le cœur (...)
Quand nous soignons ces schémas, nous les contemplons avec la vue pénétrante : ce processus mental quand je le considère comme moi-même ou mien, cela me mène-t-il à la tension ou au stress ? Et comment cela est-il ressenti comme mien ? Parce que cette vue du moi est ce à partir de quoi nous agissons, c’est la base du kamma, et les résidus qui en résultent qui vont déterminer notre vie. (...)



Source : Lire cet enseignement en entier : Forestsangha
- Les titres des paragraphes ne sont pas dans le texte initial, je les ai ajouté pour en facilité la lecture

Aucun commentaire: