mardi 10 juillet 2007

Théorie et Pratique, trouver un juste équilibre



"Le Bouddha voulait que nous entrions en contact avec le Dhamma mais les gens ne sont en contact qu'avec les mots, les livres et les écritures. "

"Il n’y a aucun endroit dans les livres où sont décrits les détails complexes de votre souffrance et ses causes."
(Ajahn Chah)



J'ai commencé ce blog en faisant le récit de ma retraite, mais j'ai décidé ensuite, de consacrer quelques messages au bouddhisme théravada et à la méditation vipassana, donc à la théorie.

J'ai pris l'habitude, comme beaucoup, de citer des textes, d'auteurs connus ou moins connus, extrait de livres ou d'articles.


Mais, à partir du moment où l'on désire pratiquer; connaître les enseignements du Bouddha est indispensable. Toutefois, il ne faut pas que par la suite, la théorie prenne le dessus sur la pratique, c'est une question d'équilibre. En réalité, tout est question d'équilibre dans le Bouddhisme

Et puis c'est important de partager avec les autres des textes que l'on a aimé.

Pour moi, celui qui parle le mieux de la pratique c'est Ajahn Chah.
Lire ces enseignements sur ce blog
: ICI

A propos d'équilibre, Voici un texte que j'apprécie particulièrement, de Ajahn Chah :

"Apprendre à découvrir l'équilibre"

Le Bouddha donnait son enseignement de façon très simple. Mais souvent les gens n'écoutaient pas ou ne comprenaient pas. Ce qu'enseigne le Bouddha, c'est la voie du milieu : apprendre à découvrir l'équilibre, l'harmonie qui nous rapproche du Dhamma. La voie du milieu consiste à éviter en toutes circonstances de se figer dans les extrêmes.

Nombreux sont ceux qui viennent me voir avec des questions du genre : « Telle manière de pratiquer est-elle valable ? » ; « Dois-je aller dans tel ashram ou plutôt dans tel centre ? », « On y suit telle pratique; est-elle bonne ? ». Vous aurez beau poser de telles questions à l'infini, aucune réponse jamais ne vous rapprochera du Dhamma. En effet, toutes ces questions n'aident pas à comprendre où trouver le Dhamma et à voir les choses telles qu'elles sont. Le Dhamma ne se trouve qu'en cherchant en soi-même, au fond de son propre coeur, pour y distinguer ce qui est vrai et ce qui ne l'est pas, ce qui est en équilibre et ce qui ne l'est pas.

Que se passe-t-il dans votre esprit quand vous interrogez quelqu'un d'autre ? Cherchez-vous à saisir vraiment quelque chose, ou bien exprimez-vous un doute, ou ne s'agit-il que d'une simple curiosité ? Apprenez à observer le fonctionnement de votre esprit quand il pose des questions plutôt que de vous laisser absorber par les questions elles-mêmes comme si elles exprimaient une réalité. Si seulement vous compreniez que le Bouddha est toujours présent et ne cesse de dispenser son enseignement ! Le bonheur existe et le malheur aussi ; le plaisir et la peine sont là en permanence. Au moment où vous comprendrez la nature du plaisir et de la peine, leur essence, vous verrez le Bouddha, vous verrez le Dhamma. Le Bouddha n'est pas autre chose que cette compréhension.

Quand on en prend pleinement conscience, nos expériences de chaque instant, agréables ou désagréables, renferment le Bouddha et le Dhamma. Mais la plupart des gens réagissent en aveugles aux choses agréables : "J'aime ça. j'en veux encore!" et aux choses désagréables : « Allez-vous en, je n'aime pas ça, je n'en veux plus ! ». Si vous parvenez à vous ouvrir complètement et en toute simplicité à la nature de votre expérience, alors vous rendez pleinement hommage au Bouddha. C'est cela, voir ici et maintenant le Dhamma et le Bouddha et donc devenir Bouddha soi-même.

C'est si facile, si seulement vous compreniez cela. C'est si simple et si direct. En présence de choses agréables, comprenez qu'elles sont vides, dépourvues de substance. Quant aux choses pénibles, ne vous identifiez pas à elles, ne les faites pas vôtres, elles passent et disparaissent. Au moment où ceci devient clair, votre esprit trouve son équilibre ; et alors, quand il l'a trouvé, vous êtes sur la bonne voie, vous suivez l'enseignement authentique du Bouddha, l'enseignement qui conduit à la libération.

Souvent des gens se tourmentent à vouloir savoir : « Puis-je atteindre ce niveau de samâdhi, ou celui-là ? », « Quels pouvoirs puis-je développer ? », « Que peut-on voir en état de samâdhi ? ». Ces gens passent complètement à côté de l'enseignement du Bouddha et s'égarent dans des voies qui ne les mènent nulle part. Le Bouddha se révèle dans les choses les plus simples, juste sous vos yeux, à condition que vous ayez la volonté de regarder vraiment. Pour cela, l'essentiel est de trouver l'équilibre juste, l'équilibre qui ne retient rien et qui ne repousse rien.

Extrait d'une interview de Bhikkhu Bodhi

Q : Est-ce que vous recommandez l'étude du Dhamma à tous les méditants ?

R : Je ne dirais pas qu'on a besoin d'une connaissance des textes avant de commencer la pratique de la méditation. Comme la plupart des pratiquants bouddhistes aujourd'hui, je suis entré sur le sentier bouddhique par la méditation. Mais je pense que pour que la pratique de la méditation remplisse les objectifs que le Bouddha avait en vue, elle doit être fortement aidée par d'autres facteurs qui nourrissent la pratique et le dirige vers son but véritable. Ces facteurs sont :
1) La foi - au sens de confiance totale dans le Triple Joyau - Le Bouddha, le Dhamma, et le Sangha.
2) la Vue juste, compréhension très claire des principes de base de l'enseignement.
3) La vertu, pratique de l'éthique bouddhiste - non pas comme un simple code de règles, mais comme un effort orienté vers une transformation radicale de la conduite et du caractère.

Les divers individus vont naturellement diverger sur le poids qu'ils donnent aux facteurs complémentaires de l'étude et de la pratique. Certains vont rechercher une connaissance étendue des écritures, poussés qu'ils sont par le besoin de comprendre les principes exprimés par les textes. Pour ceux-là, la pratique de la méditation peut avoir un rôle relativement subordonné dans cette période de leur croissance spirituelle. Ils mettront l'accent plutôt sur une investigation profonde et une compréhension claire du Dhamma. D'autres, au contraire, pourront avoir peu d'intérêt pour l'étude des textes ou la compréhension philosophique mais seront, en revanche, disposés à la pratique de la méditation. Personnellement, je pense que la forme la plus saine est celle d'un développement équilibré.

Dans mon cas, sous l'influence de mes premiers Maîtres bouddhistes, je désirais comprendre le Bouddhisme en détails, dans sa dimension horizontale aussi bien que dans ses profondeurs verticales. Malgré mes premières ambitions de plonger directement dans la méditation, ma destinée semble m'avoir mené auprès de Maîtres qui ne mettaient pas exclusivement l'accent sur la méditation mais orientaient plutôt vers une intégration de l'étude, de la méditation et du développement du caractère.
Sans cesse, ils me guidaient vers une pratique lente, graduelle et patiente, en utilisant pour cela une approche large vers la recherche spirituelle et tout cela convenait très bien à mes dispositions d'esprit personnelles.

Source : dhammasukha



Voici une autre vision de la pratique, celle du Vénérable dhamma sami, pour qui l'essentiel du dhamma ne se comprend que par la pratique:

Qu'est-ce que la pratique ?
Dans le contexte du dhamma, ce qui est entendu par "pratique" n'est non pas un exercice ou un rituel qu'il s'agirait de faire à des moments particuliers, mais simplement un entraînement de la vie, un mode d'existence, durant lequel on habitue peu à peu son esprit à réduire ses impuretés, jusqu'à développer une connaissance juste de la réalité.
Quand nous parlons de Bouddha, nous parlons par conséquent, de "pratique bouddhique". Celui qui adopte un mode de vie qui concorde avec les enseignements du dhamma sera donc un "bouddhiste". Il convient de bien définir ce mot.
Qu'est-ce qu'un bouddhiste ?
Un "bouddhiste" n'est aucunement l'adepte d'un rite mystique ou de quelconque mouvement en marge de la société, qui nécessite une conversion. Même si, de nos jours, beaucoup de personnes qui se prétendent bouddhistes ont des modes d'existences et adoptent des coutumes qui s'éloignent radicalement de tout ce qui défini originellement ce terme, le "bouddhiste" est seulement une personne qui vit en accord avec les enseignements du dhamma. Si notre père se prénomme Pierre, qu'il nous donne des conseils et que nous appliquons ces conseils, à ce moment nous serons "pierristes". Également, nous serons "paulinistes" lorsque nous suivrons les conseils de notre mère Pauline. De la même manière, un "bouddhiste" n'est autre que celui qui applique un mode d'existence en accord avec les enseignements de Bouddha.
Il ne s'agit pas d'une pratique que nous intégrons de temps à autre dans notre existence, que nous intégrons quand nous avons un peu de "temps libre" à y consacrer. Il ne s'agit pas non plus d'une activité qui prendrait place dans nos loisirs, au même titre que la danse classique ou le tir à l'arc. C'est notre vie toute entière, jusqu'aux détails les plus reculés de notre quotidien, dont nous faisons notre pratique. Ainsi, la pratique "bouddhique" se traduit essentiellement par un mode de vie que l'on applique ou plutôt que l'on essaie d'appliquer, car cet entraînement est en définitive un essai permanent. Nous essayons chaque jour, chaque moment, selon l'effort que nous voulons bien y mettre, de parfaire cet entraînement de la vie, en s'appliquant à réduire et éviter ce qui est impur, malsain, inutile et défavorable, et en s'appliquant à développer et maintenir ce qui est pur, sain, utile et bénéfique.
De ce fait, il est .... absurde d'affirmer : " Je suis bouddhiste mais pas pratiquant ".....

Source : dhammadana



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