Etre Bouddhiste, toutes
traditions confondues, c’est tout d’abord prendre refuge dans ce que l’on
appelle les trois joyaux : Le Bouddha, le Dhamma (ou Dharma en sanscrit) et la Sangha.
Bouddha
n'est pas un nom propre, c'est une épithète, qui signifie « Èveillé ».
Le Bouddha est un Homme qui s’est éveillé « du profond sommeil de
l'illusion ».
Le « dhamma » ou
dharma, ce sont les enseignements qu’il a dispensé.
Les hommes a
dit le Boudha, « sont comme des lotus dans un étang. Quelques-uns sont en pleine
floraison quand d’autres qui ont la tige trop courte restent au fond de l’eau ;
et puis il y a ceux qui flottent entre deux eaux, n’attendant qu’un rayon de
soleil pour émerger » C’est pour ces derniers qu’il a décidé d’enseigner
sa doctrine car il savait que tous les hommes ne seraient pas capable
d’entendre et de comprendre son enseignement. Le dhamma est le rayon de soleil
qui nous aide à émerger de l’illusion.
La Sangha ou la
quadruple communauté, rassemble des religieux et laïcs, hommes et femmes.
Pour cela, il faut
pratiquer, méditer, et petit à petit apprendre à vaincre les trois poisons de
l’esprit que sont l’ignorance, la colère, et l’attachement.
· Commençons par la colère, la haine.
Je suis devenue végan parce
que je ne supportais pas la souffrance infligée aux animaux.
Les images sur la barbarie
envers les animaux que l'on peut voir ici et là sont d'une telle violence,
qu'elles suscitent beaucoup de colère. Certains "défenseurs" de la
cause animale éprouvent parfois une haine incontrôlable à l'encontre de ceux
qui les font souffrir. J’avoue également que c’est un exercice permanent et
difficile.
Cette haine est certes le
chemin le plus immédiat, le plus humain, le plus légitime presque. Elle est
parfois si dense, si immense, si douloureuse que le seul exutoire possible, la
seule solution pour faire cesser cette foudre qui s’est abattue sur nous parait
être le passage à l’acte, ou si on la refoule, une intense « auto-douleur ».
Quel acte cependant ? Quelle solution si elle signifie devenir en miroir
exactement semblable au bourreau ?
Etre aveuglée par la haine
ne m’a jamais permis de faire avancer les choses, de trouver une
solution juste.
La méditation m’aide à
observer ce qui se passe en moi, elle me permet de garder un espace, une lueur
même infime pour ne pas laisser la haine salir ma vie. Et si jamais la haine
m’envahit quand même, je veux en être consciente afin de ne surtout pas
m’identifier à elle, ni être dominée par elle.
Ainsi, ce qui m’empêche de
sombrer dans la haine envers mes semblables, c’est la pratique de la méditation
bouddhique et l’enseignement du Bouddha. Même si je ne l’admets pas, je peux comprendre que des personnes qui
n’ont
pas eu l’outil pour développer cet espace, tiennent
des propos haineux à l’encontre des mangeurs de viande et de protéines animales,
et finissent par déraper en souhaitant aux humains tout le malheur du monde.
Je ne veux pas être remplie de
haine mais remplie d’amour bienveillant et de compassion. La haine nous emporte
dans des tourbillons de souffrance et nous ne sommes alors plus capables d’agir
efficacement.
Si nous véhiculons la haine
autour de nous alors, nous sommes comme les bourreaux, comme les personnes qui
maltraitent les animaux. Nous devons nous efforcer d’être
meilleur qu'eux, nous devons nous efforcer de leur montrer qu’ils se
trompent.
J’essaye de ne jamais souhaiter
de mal à personne, même à ceux qui ont fait le mal autour d'eux, car plus ils
seront en souffrance, plus ils continueront dans cette direction. Je souhaite en
revanche, qu'ils soient jugés plus
sévèrement par la Justice, que les sanctions qu’ils encourent actuellement.
En résumé, j’essaie de ne jamais confondre
vengeance et justice, et je suis persuadée que seul l’amour peut vaincre la
haine.
· L’ignorance.
L’ignorance dans le
Bouddhisme n’est pas une « non-connaissance ». Il ne s’agit pas ici
d’un savoir intellectuel. L’ignorance consiste à ne pas voir les choses comme
elles sont réellement parce que notre esprit est recouvert d’un voile.
Je prendrai l’exemple
suivant. Amoureuse de la liberté et respectueuse d’autrui, je pourrai me dire à
propos du fait de manger du cadavre ou non, que chacun fait comme il le veut.
Mais en m’interrogeant plus loin, en cherchant à dépasser cette limite, et
motivée par l’amour que j’ai pour les animaux comme pour les humains, je peux
comprendre qu’une liberté basée sur le meurtre et la torture n’est pas une
liberté, et n’a aucun droit d’être invoquée pour se justifier. La liberté basée
sur un conditionnement erroné n’en est pas une non plus. C’est pour cela
qu’en toute conscience je me permets de militer pour le « Véganisme »,
et de manière non violente.
Ce sont ces voiles qui, peu
à peu, de méditation en questionnements, tombent, et « pèlent
l’oignon » jusqu’à sa pureté. C’est ainsi que l’on reconnait les grands
enseignants bouddhistes : ils sont humbles, parce qu’ils ont affronté
beaucoup de leurs limites, beaucoup de leurs erreurs, beaucoup de leurs
conditionnements.
· L’attachement : Le Bouddha a enseigné le
détachement, pas l’indifférence,
L’attachement dans le
Bouddhisme n’est pas une qualité, mais un poison. C’est
une
saisie de soi-même
obstruant la réalité.
Une étude récente de
l'école de médecine de l'Université du Massachusetts, a montré que les
personnes pratiquant la méditation souffraient moins de la solitude.
En effet, L’Homme,
lorsqu’il se coupe de la réalité par une saisie trop forte de lui- même,
devient pour lui-même et les autres une source de souffrance. A titre
d’exemple, celui qui refuse de voir que le feu est rouge risque une collision
pour lui- même, et celui qui passerait à ce même moment.
C’est ainsi que comme
source de bonheur, le Bouddha a enseigné l’altruisme,
pas le chacun pour soi. Un acte généreux
nous éduque à nous dessaisir de notre attachement.
De la même façon, puisque la Vieillesse et la mort sont inévitables, nous
devons apprendre à les accepter. Rien n’est permanent, nous
ne pouvons pas nous attacher à une illusion, à tenter de saisir un arc en ciel.
En
revanche, il est erroné d’accepter comme fait établi, qu’à notre époque des humains meurent de faim ou de
soif ou de maladies liées à la pauvreté alors même qu’il existe des moyens pour
les éviter. Il est erroné d’accepter comme fait établi que des
animaux soient torturés par milliers pour notre simple plaisir.
Le
Bouddhisme nous enseigne aussi la compassion (Karuna)
et l'amour universel (metta)
Souhaiter
le bonheur des autres, de tous les autres y compris de ses ennemis c'est déjà
magnifique, mais agir pour cela, tout en respectant les enseignements du
Bouddha, c'est encore mieux. On passe alors de la compassion à la compassion
active.
Notre libération de la
souffrance est indissociable de celle de tous les êtres vivants.
A suivre....
Catherine - novembre 2012