mardi 7 août 2007

De la renaissance dans le samsara







Pour en savoir plus, cliqués sur les mots surlignés


Ce chapitre ne peut pas être dissocié de celui sur le kamma puisque le samsara est régit par la loi du Kamma


En réalité, tous les principes essentiels du bouddhisme sont liées :

La naissance a pour cause l'acte (kamma), lui même conditionné par la passion.

La pratique doit mener à un état de cessation de la souffrance, la cessation de
dukkha qui est le nibbana. C'est uniquement lorsque l'on a atteint le nibbana que l'on peut se libérer du samsara.


Par ailleurs, Trois caractéristiques conditionnent tous les phénomènes ainsi que nous même dans le cycle de la vie ou "cycle des évènements" (=samsara)
Anicca:
Dukkha
Anatta:






À cause des trois poisons d'une part, et de la coproduction conditionnée d'autre part, les hommes sont amenés à renaître dans le Samsāra (le cycle des renaissances). Le "monde" (Loka) dans lequel ils renaîtront dépendra de leur kamma, c'est-à-dire de leurs actions.


Cette renaissance ne fait donc que prolonger indéfiniment la souffrance (Dukkha).


Les hommes naissent, meurent et renaissent sans cesse dans ce cycle infini. Enchaîné au samsara, auquel il ne peut s'échapper, l'homme souffre en vain.
La condition dans laquelle on rennait dépend de nos vies passées et de nos actes présents.


Le samsara est très fréquemment comparé à un fleuve, qui entraîne les êtres dans le tourbillon des renaissances perpétuelles, dont il est difficile de "s'extirper". Les maîtres religieux sont appelés "passeurs de gué", car il conduisent "au-delà du fleuve du samsâra".


Dans le Bouddhisme la renaissance n'est pas présentée comme un élément de croyance, mais comme un fait vérifiable par une capacité extra-sensorielle obtenue par la progression de la concentration mentale.


Le bouddhisme se distingue de toutes les religions indiennes admettant la transmigration en ce qu'il nie l'existence de tout élément transmigrant comme l'âme (Atma).


"Les profanes imaginent, en général, que les bouddhistes croient à la réincarnation de l'âme, voire même à la métempsychose. C'est là une erreur. Ce que le bouddhisme enseigne, c'est que l'énergie produite par l'activité mentale et physique d'un être, cause l'apparition de nouveaux phénomènes mentaux et physiques après que cet être a été dissous par la mort."
A. David-Néel




Sortir de Dukkha est synonyme de sortir de ce cycle des évènements. Cela constitue le but ultime de l'enseignement du Bouddha. Pourtant on souhaite implicitement et explicitement renaître quelque part, et par conséquent on est toujours dans le cycles des événements, c'est à dire dans le samsara.




Vous trouverez ci après :




- Les mécanismes de la renaissance
-Le Bouddhisme Theravada ne reconnaît pas la réincarnation telle que nous la comprenons en occident.
- Extrait de "
Réincarnation, rennaissance, résurection.." par par Thich Nhat Hanh
- Y a-t-il une vie après la mort ? Si oui, comment l'expliquer ?
- Le samsara est décrit tel une errance à travers les temps, sans début ni fin apparente.
- de la notion du samsara
- Les 6 mondes du samsara
- Un peu d'histoire.
- D'autres noms pour nommer ce concept:
- La position particulière de Stepen Batchelor







Les 10 liens qui attachent les êtres à la roue de l’existence, Samsara:

L’illusion du moi
Le doute (scepticisme à l’égard de la Loi)
L’attachement aux rites et cérémonies
Le désir sensuel
Le mauvais vouloir/ la méchanceté
Le désir du monde des formes/ désir de l’existence matérielle
Le désir du monde sans formes : désir de l’existence immatérielle
L’orgueil/ l’estime inconsidérée de son ego
L’agitation/ l’inquiétude mentale
L’ignorance



Les mécanismes de la renaissance:
Quant aux mécanismes de la renaissance, fruit du kamma, le bouddhisme enseigne, que tout être est un agrégat d'énergies matérielles et mentales. Après la mort, à savoir après l'arrêt du fonctionnement de l'organisme physique, les énergies demeurent vives : ce sont la volonté et le désir ardent d'exister, de progresser dans son existence... Ils sont si puissants qu'ils se manifestent de nouveau avec un autre corps en fonction, chargé du bien, du mal et de toutes les transformations opérées et « préparées » dans les vies antérieures. Tout cela s'accumule dans le corps d'autant plus qu'il est le « créateur » de celui-ci.
Voilà le processus de la réexistence, la « renaissance » . Dans le cours d'une même vie nous naissons, mourons et renaissons chaque instant, tout en continuant à exister, et ce, sans nécessité d'un atman ou d'une âme immuable.

La renaissance ne suppose pas l'existence d'une âme inchangée voire figée indépendamment du corps et du mental, qui « recevrait » un nouveau corps, châtiée ou récompensée par celui-ci, une âme déchue tombée du monde spirituel dans le « gouffre » de la matière. De plus, suivant le bouddhisme il n'est pas question de rétribution ou de punition accordée ou infligée à l'être vivant par une divinité gouvernante ; mais il s'agit d'un processus de causes et effets, d'actions et de réactions ; autrement dit : c'est une loi inchangeable.

Les agrégats d'énergies physiques et mentales qui composent la « vie » , changent incessamment et à tout instant ; ils meurent et sont ravivés. La vie est un flux ininterrompu sans qu'il ait besoin d'une substance transmigrant d'un corps à un autre, ni d'une étape à une autre.
Source : CBI





Le Bouddhisme Theravada ne reconnaît pas la réincarnation telle que nous la comprenons en occident:


Pour le Bouddhisme, il n'y a pas d'âme (Atma).
S'il n'y a pas d'âme, il ne peut y avoir de réincarnation et Il ne peut y avoir d'âme éternelle qui se réincarne de vie en vie car rien d'éternel n'existe.
C'est un des principes fondamentaux du Bouddhisme basé en outre sur le fait que rien ne peut être éternel dans tous les univers, car toute chose conditionnée est appelée à se transformer, à disparaître.
La réincarnation de corps en corps d'une même entité pensante telle que nous l'imaginons en Occident n'est pas possible et ne fait pas partie de la théorie de la réincarnation du Bouddhisme. On parle alors de renaissance et non de réincarnation.
Néanmoins, chaque nouvelle vie va être fortement (mais pas totalement) influencée par son Khamma, la somme des actions des vies précédentes. Le Bouddhisme est donc une école de la responsabilité, car vos actes actuels décideront en grande partie de la forme de vie future qui apparaîtra.





Réincarnation, renaissance, résurection, remanifestation - par Thich Nhat Hanh


1- La notion de réincarnation est populaire pour plusieurs raisons :
D'abord il semble que certains individus qui nuisent aux autres par leur comportement ne souffrent pas du tout ; c'est une forme d'injustice, il faudrait donc qu'il y ait une vie future pour que ces gens puissent en quelque sorte payer en échange du mal qu'ils ont commis.

Une autre raison, c'est que la durée de la vie terrestre est trop courte pour à elle seule décider de l'éternité. Nous vivons 50, 60, 70 ans seulement et nous voudrions avoir d'autres possibilités pour réussir à être en harmonie avec Dieu, pour prouver que nous sommes capables de vivre mieux.

La troisième raison c'est la peur du néant. Si ce corps disparaissait, recommencer dans un autre corps plus sain, ce serait comme de changer de vêtement. Il faut donc qu'il y ait d'autres vies pour continuer et ainsi la notion de réincarnation est très réconfortante et elle prend racine en Occident.

Enfin, nous voulons tous savoir ce qui va arriver après notre mort et nous nous révoltons tous contre l'idée que nous devons mourir. C'est pourquoi l'idée de réincarnation est très importante pour nous. Devons-nous continuer ou pas après la mort ? Et où ? et quand ?


2- Une chose amusante est qu'en Asie on n'aime pas tellement l'idée de réincarnation parce qu'on voudrait plutôt que la roue de l'existence cesse et avec elle le cycle des souffrances. Mais en Occident, il semble que l'on aime cette idée. Il y a donc une différence de mentalité entre l'Occident et l'Orient. C'est un fait que l'idée de réincarnation, avec la notion de continuation qu'elle implique, est actuellement très populaire.

La notion de résurrection est proche de celle de réincarnation.
Qu'est-ce qui doit être ressuscité sinon le corps ? Donc nous pouvons utiliser la notion de réincarnation. Lorsque le corps est restauré, l'âme entrera à nouveau dans le corps. D'après les enseignements du Jugement Dernier chacun doit retrouver son corps ressuscité et c'est bien une réincarnation. Il est difficile de dire qu'il n'y a pas de réincarnation dans le christianisme.

Nous savons que les humains ne peuvent pas être heureux s'ils ne croient pas en quelque chose. La foi est importante, mais la foi c'est quelque chose de vivant, c'est comme l'amour, la haine, le désespoir, c'est une formation mentale. C'est une chose vivante et tout ce qui est vivant change. Votre foi c'est quelque chose de vivant qui doit changer au cours du temps, qui doit grandir comme un arbre. La foi qui était la vôtre quand vous aviez dix ans n'est plus là. Que vous soyez chrétien, musulman, marxiste, bouddhiste ; la foi est quelque chose qui doit changer tout le temps : il faut accepter ce fait.

L'avantage de l'étude et de la pratique du bouddhisme, c'est qu'on nous rappelle constamment que tout change y compris notre foi, la foi est une chose vivante.



3-Alors que vous continuez à vivre, votre foi grandit. C'est la même chose dans toutes les traditions spirituelles et nous ne devons pas craindre l'arrivée d'un changement dans notre façon de croire. En fait, lorsque les choses arrêtent de se développer, la vie devient impossible. D'une part, nous savons que sans foi nous ne pouvons pas vivre, nous ne pouvons pas être heureux. D'autre part, nous savons que la foi est quelque chose qui change. Il y a donc le risque de perdre votre foi et dans ce cas vous devenez une sorte de fantôme affamé.

C'est pourquoi notre attitude vis-à-vis de la foi est très importante. Nous devons prendre soin de notre croyance, de notre foi, d'une façon très sage, de sorte que notre foi se développe dans la direction qui nous apportera plus de paix et de joie.

Il y a plusieurs années vous aviez une idée à propos du Bouddha, cette idée était en rapport avec votre foi dans le bouddhisme. Maintenant après plusieurs années de pratique vos notions à propos du Bouddha ont beaucoup changé et bien sûr votre foi a aussi changé. Donc votre foi dépend de vos notions, de votre perception, de vos études, de votre pratique. Nous devons abandonner nos perceptions, nos notions, de façon à avoir une perception meilleure, une foi meilleure. Nous ne pouvons pas nous associer une seule notion à un objet unique de notre foi.

D'abord il se peut que nous croyions que la réincarnation correspond à l'idée que l'âme entre dans le corps. Nous pouvons dire que l'âme est permanente et le corps impermanent. Lorsque nous nous débarrassons d'un corps nous pouvons entrer à nouveau dans un autre corps. L'immortalité de l'âme et l'impermanence du corps, c'est peut-être une première notion de réincarnation


4- Il se peut que nous commencions comme cela et que nous nous appelions bouddhistes, c'est accepté pour un débutant. Mais si vous continuez à être un bouddhiste vous devez pratiquer plus et l'idée de l'immortalité de l'âme doit faire place à une autre idée plus proche de la réalité.

Si vous étudiez les soutras, si vous pratiquez l'observation de votre esprit ; vous verrez qu'il n'y a rien de permanent dans l'ensemble des cinq agrégats (skandas) : le corps, les sensations, les perceptions, les formations mentales et la conscience. Tout change constamment. Il n'y a pas une seule chose qui reste identique pendant deux moments consécutifs. Vous voyez que non seulement le corps, mais aussi l'âme est impermanente, parce que l'âme est faite d'éléments tels que les sensations, les perceptions, les formations mentales et la conscience. En dehors de ces éléments il n'y a rien que vous puissiez appeler une âme. L'idée d'immortalité de l'âme doit être remplacée et votre compréhension de la réincarnation sera plus proche de la réalité.

On appelle bouddhisme populaire le bouddhisme des masses. Mais si vous continuez, vous entrez dans un autre bouddhisme : le bouddhisme profond ; et c'est un domaine que nous explorons. A cause de cette exploration nous sommes plus proches de la réalité de nous-même et du Dharma. L'idée de réincarnation est encore là mais notre compréhension est différente.

Ré-in-carnation : "carn", c'est la chair. L'idée consiste en ce qu'il y ait une âme, un corps et l'âme pénètre dans le corps. Dans le bouddhisme on n'utilise pas le mot réincarnation mais le mot renaissance, parce que la notion de réincarnation implique l'existence d'une âme immortelle qui entre et sort du corps et entre à nouveau dans un autre corps. Il n'existe rien de tel que cette âme immortelle qui sort d'un corps pour entrer dans un autre. L'utilisation du mot renaissance est perçue comme quelque chose d'inadéquat parce que le mot naissance représente quelque chose qui n'existe pas vraiment si nous sommes capables de toucher la réalité de la non-naissance et de la non-mort.

Etre né veut dire qu'à partir de rien on devient quelque chose et que de quelque chose on devient rien lorsque l'on meurt. J'existe pendant tant d'années et tout d'un coup je cesse d'exister. C'est la notion habituelle de mort et de naissance. Observant ce qui nous entoure nous voyons que rien ne fonctionne ainsi.

Il y a une fleur et nous pensions que c'est quelque chose qui vient de rien. Mais avant sa naissance la fleur existe sous une autre forme. Dans le bouddhisme nous pouvons transcender la notion de naissance et de mort et nous utilisons le mot de re-manifestation. La naissance de la fleur c'est un jour de re-manifestation. La fleur était donc déjà là sous une certaine forme mais nous n'étions pas capable de la reconnaître. Vishnapti veut dire se manifester de façon à ce que les gens reconnaissent et perçoivent. L'idée de manifestation implique l'idée d'une manifestation antérieure. Cette chose est toujours là. Si les conditions sont suffisantes cette chose peut à nouveau se manifester. Et, lorsque nous voyons les choses se manifester, nous disons qu'elles sont nées mais en fait elles ne sont pas nées, elles se manifestent. Parce qu'être né c'est à partir de rien. Donc il y a eu quelque chose avant qu'il y ait manifestation.


5- Les notions de naissance, d'existence, de venir, de paraître sont des notions que nous appliquons à une chose après qu'elle se soit manifestée. Avant la manifestation de cette fleur nous ne la voyons pas. Nous disons : la fleur n'est pas encore née. Lorsqu'elle se manifeste nous disons : la fleur est née, elle est arrivée. Etre né, être arrivé, c'est s'être manifesté et lorsque la fleur à cause d'un manque de conditions nécessaires arrête de se manifester nous disons qu'elle n'est plus. Donc toutes nos notions comme la naissance, la mort, l'être, le non-être, venir, partir, toutes ces notions doivent être transcendées. La réalité est en dehors de ces notions. Lorsque nous étudions le bouddhisme et pratiquons le regard profond nous nous libérons de toutes ces idées. Nous avons toujours une croyance et elle est de plus en plus solide et personne ne peut nous l'enlever, parce que notre croyance n'est pas faite de notions mais de la réalité.

Au début on peut croire à la réincarnation et grâce à cette croyance vous avez l'impression d'être sur un chemin, mais lorsque vous commencez à pratiquer votre idée sur la réincarnation change. Au début vous avez l'idée de cette âme immortelle qui entre dans un corps et qui en sort pour entrer dans un autre. Mais, comme vous observez profondément à l'intérieur et à l'extérieur vous comprenez que cette notion est un peu naïve. Donc vous transcendez cette notion et ainsi votre foi se développe. Comme la croissance de votre foi est basée sur l'observation véritable, vous avez toujours votre croyance et elle continue à vous apporter de la joie, vous savez que même si votre croyance change demain, vous n'aurez pas peur parce que vous approchez de plus en plus la réalité. Il n'y a aucun risque de ne plus avoir de croyance parce que vous avez décidé d'être un avec la réalité.


6- Si vous décidez de vous attacher à un concept vous risquez de douter et alors, vous allez plonger dans la nuit de la non croyance et c'est un moment très difficile dans une vie.

Au début de votre pratique du bouddhisme vous avez une notion du Bouddha, du Dharma et de la Sangha. Vous exprimez votre désir de prendre refuge dans le Bouddha, le Dharma et la Sangha. Votre croyance dans le Bouddha, le Dharma et la Sangha est basée sur votre compréhension des trois joyaux à ce moment. Mais alors que vous pratiquez, vos notions de Bouddha, de Dharma et de Sangha ont changé et c'est une bonne chose. Parce que si dix années passent sans que votre croyance évolue vous risquez de vous réveiller et de ne plus croire en ce que vous croyiez. Il semble que cette notion n'est plus valable et vous êtes plongé dans l'obscurité de la non croyance. Nous ne devons pas accepter une chose comme la vérité et la garder comme une notion en nous. Nous devons observer cette chose chaque jour nous devons toucher la réalité de notre vie spirituelle chaque jour et c'est une façon très sûre de nous occuper de notre croyance.


7- En pratiquant vous remarquez que l'enseignement est vrai parce que votre compréhension, votre tolérance et votre compassion se développent chaque jour. A cause de cela (l'expérience directe de la pratique) vous croyez dans la pratique de la pleine conscience et personne ne peut retirer cette croyance de vous. On vous dit que l'essence de Bouddha c'est I énergie de la pleine conscience en lui ou en elle. On vous dit que vous avez cette semence de Pleine conscience et que vous avez la capacité d'un Bodhisattva. Et comme l'énergie de la Pleine conscience c'est l'essence d'un Bouddha ou d'un Bodhisattva, vous savez que le Bouddha et le Bodhisattva sont là. Parce que chaque fois que vous êtes soutenu, que vous êtes motivé, que vous êtes éveillé par l'énergie de la pleine conscience vous vous sentez bien, joyeux, vivant vous sentez la force en vous et donc l'énergie de la pleine conscience est l'objet de votre croyance. Si vous croyez en la pleine conscience en vous-même ; votre croyance dans le Bouddha sera identique à cela. Donc vous n'avez pas besoin d'aller en Inde pour rencontrer le Bouddha. Vous n'avez pas besoin de retourner 2600 ans en arrière pour rencontrer le Bouddha. Vous savez que vous pouvez rencontrer le Bouddha dans l'ici et le maintenant chaque fois et où vous -le voulez.


8- C'est quelque chose de plus substantiel que l'on peut toucher à chaque moment et si vous avez ce genre de foi vous êtes réconforté, personne ne peut vous enlever cela et au moment de mourir vous serez fort parce que vous savez qu'il n'y a ni mort ni naissance mais seulement des manifestations et des cessations de manifestation.


9- Dans le bouddhisme nous parlons en termes de dimension historique et de dimension ultime. Dans la première nous voyons plusieurs signes comme la naissance, la mort, l'être, le non-être, l'aller, le venir.

Dans la dimension historique vous pouvez penser que le Bouddha vivait il y a 2600 ans et qu'il vous faudra peut être attendre de très nombreuses années avant qu'un autre Bouddha apparaisse. Il se peut que vous planifiiez votre vie d'après cette opinion, mais si vous choisissez la dimension ultime vous verrez que vous pouvez tenir la main du Bouddha pour partir en méditation marchée immédiatement.

Les deux dimensions sont une. Vous ne pouvez pas imaginer la dimension ultime distincte de la dimension historique. C'est comme les vagues et l'eau. Les vagues vues à la surface de l'océan représentent la dimension historique mais la substance qui crée la vague, c'est l'eau et bien que les vagues semblent avoir un début, une fin, un haut et un bas, l'eau dans les vagues ne peut pas être décrite par ces caractéristiques.

La dimension ultime ne dépend pas des signes, des notions d'existence, de non-existence, de l'aller et du venir. Nous savons que l'eau et les vagues sont unes et nous ne pouvons pas séparer l'une de l'autre. La dimension historique est une avec la dimension ultime. Si vous savez toucher les vagues profondément, vous pouvez toucher l'eau. Si vous savez toucher profondément le monde de la naissance et de la mort, de l'aller et du venir, vous pouvez toucher le monde de la non-naissance et de la non- mort, du non-aller et venir. C'est cela, notre pratique de chaque jour.


10- II faut vivre votre vie de telle façon que vous puissiez toucher la dimension ultime plusieurs fois par jour, sinon tout le temps.


11- ..... Si nous pouvons toucher la dimension ultime une transformation se passe en nous. La peur, la douleur commencent à se transformer. La joie, la liberté, la paix vont se développer en nous, nous nous sentons bien en nous-mêmes. Nous sentons que l'amour et la compréhension nous habitent et les gens, les arbres, l'eau et l'air autour de nous vont sentir la même chose.

source : vipassana.fr






Y a-t-il une vie après la mort ? Si oui, comment l'expliquer ?


D'après l'enseignement du dhamma, chaque être renaît sans cesse depuis des temps incalculables et ne peut s'émanciper de cycle sans fin qu'en s'entraînant à une pratique juste jusqu'à expérimenter nibbána. La mort n'est pas un état mais seulement un nom qui désigne le passage d'une existence à la suivante. De la même manière que la frontière entre deux pays est sans superficie.
De la même manière qu'il est impossible de prouver qu'il n'y a pas de vie après la mort, on ne peut prouver qu'il y en a une. Toutefois, plus on avance sur la pratique du dhamma, plus on développe une compréhension juste de la réalité, moins on a de doutes quant à la véracité de la parole de Bouddha et plus cette notion nous apparaît évidente.
Si les être ne vivaient qu'une seule fois, comment expliquer que des enfants emplis de gentillesse meurent atrocement sous des tortures abominables et que des malfrats jouissent des plus grands plaisirs et du plus grand luxe toute une vie alors qu'ils passent leur temps à tuer, à voler et semer le mal par d'autres moyens.
Cette Nature qui fait si bien les choses, pourquoi donnerait-elle de la chance à certains et de la malchance à d'autres ?
source ; dhammadana



Le samsara est décrit tel une errance à travers les temps, sans début ni fin apparente.

L'errance, toujours, est associée au samsâra, à la transmigration, au cycle infini et douloureux des renaissances, ce à quoi il faut mettre un terme. Quelques instants après son Eveil, le Bouddha ne s'est-il pas exclamé - selon les termes que rapporte le "Dhammapada" - "Longtemps j'ai erré dans le cycle sans fin des renaissances. Que de douleurs !", pour aussitôt préciser "cherchant en vain le bâtisseur de la maison".
L'errance samsârique est ainsi nettement marquée d'un caractère de vanité : vanité d'une recherche, d'un but, comme aussi vanité de l'espoir d'une sédentarisation définitive, d'une "maison calme" et d'un architecte, à l'instar de Dieu et de sa Cité que l'"homo viator" chrétien peut chercher sur cette terre ou au-delà ! Mais peut-être faudrait-il d'abord ici distinguer la pérégrination de l'errance, malgré l'emploi que les traducteurs de textes bouddhiques ont fait de ce dernier terme - bien mal à propos semble-t-il. (source UBE)



De la notion du samsara:

Il s'agit là, pourtant, d'une notion de première importance. Le samsâra n'est pas un concept philosophique en tant que tel, mais l'expression d'un mécanisme. Le samsâra, dont le principe est admis dans toute l'Inde et dans presque tous les pays d'Asie (même dans ceux qui ne sont plus bouddhistes, mais qui l'ont été dans le passé), c'est l'idée d'un retour, d'une répétition, d'une réitération perpétuelle et continue des événements que nous vivons.

Les textes et commentaires bouddhiques admettent généralement pour définition que le samsâra est le cycle de renaissances successives dont l'entraînement est l'ignorance et le désir. La simple connaissance de ce qui met en branle le samasâra est de nature à dominer cette dynamique du samsâra jusqu'à sa neutralisation.

En Asie, cette notion est tellement admise, qu'elle ne pose pas question et qu'elle ne pose pas problème. Il n'y a pas cette vision linéaire, où les événements du vécu restent indifférents les uns aux autres et s'ajoutent d'une façon aléatoire au présent, indifférents aux éléments du passé et du futur, et où les éléments du passé sont irrévocablement perdus et où l'avenir apparaît comme totalement vierge. Il y a au contraire une imbrication complète des éléments du passé dans le présent, une relation étroite entre ces événements à la manière d'une causalité, ou à la manière d'un développement dans le présent d'évènements passés, ou d'une antériorité du présent dans les éléments du passé (et du présent dans le futur), de telle sorte que le passé n'est pas complètement perdu et que le futur n'est pas complètement méconnu. Ce mécanisme est d'ailleurs décomposé en douze étapes d'implications successives : la production condtionnée.

Vous indiquez que certains sites font abondamment référence à la notion de samsâra. Je pense que cette notion peut parfois subjuguer tant elle est différente du mode pensé européen. Toutefois, il ne faut pas faire jouer à cette notion un rôle central qui expliquerait tout et qui réglerait tout d'une manière arbitraire et prédominante. Comme toutes les notions, elle est une manière de lire les événements qui se produisent et elle est une manière de comprendre et de maîtriser sa vie. Pour ma part, je pense qu'il ne faut pas entériner certains types de discours qui réintroduisent par cette notion (ou par celle de karma) un déterminisme absolu face auquel l'homme n'aurait aucun pouvoir et serait condamné à une certaine soumission (fatalisme de la condition humaine, domination absolue d'une règle incontournable, etc ...).

Rappelons le, si cela est encore nécessaire, le bouddhisme est le courant de pensée conduisant à la libération totale.

Le bouddhisme a une vision du monde qu'il expose et qui repose globalement sur une vision qui trouve sa source dans les grands courants de pensée de l'Inde pré-bouddhique, le bouddhisme a une spécificité qui est exposée notamment dans le Dhamma Cakkappavattana Sutta et qui suppose une liberté de pensée totale et une liberté d'être totale. Il y a certes la possibilité d'expliquer le monde au travers de lois générales, non pas comme des dogmes, mais comme des lois de la physique quand Newton explique la gravité universelle. Ces lois donnent alors seulement une explication, mais ne doivent pas servir à aliéner les hommes, mais au contraire à aider à les libérer de la part de containtes qu'elles peuvent induire.
Source : geocities.com



Les 6 mondes du samsara



1. Le Monde des Dieux (Deva Loka) : trop beau pour être vrai, on reste hypnotisé par la beauté. Il s’autohypnose, parvient à éviter ce qui lui cause de la peine, les problèmes, etc. Tous leurs désirs sont rapidement satisfaits. C’est le royaume d’utopie que les humains s’imaginent. L’ultime raffinement : le Mondes des Dieux sans Forme (dhyana) : jouissance purement mentale, la plus totale et la plus durable. Il se crée un monde infini, le contemple, le fixe, le solidifie, se nourrit de son expérience. Son ego devient une bête immense et gigantesque.
2. Le Monde des Dieux Jaloux : on détient un trésor mais on ne le partage pas ; jalousie et orgueil alternent. C’est un combat pour être meilleur que les autres (sur un point ou un autre). Angoisse, recherche de maîtrise. Monde d’idéaux inaccessibles, d’autocritique et de peur de l’échec.
3. Le Monde Humain : la vie normale et prosaïque, mais ennuyeuse. C’est le monde où l’on discrimine le bien du mal, où on catégorifie, où on divise et où on rejette le mal pour aller vers le bien.
4. Le Monde Animal : les hallucinations de la Vie, encore plus solide, solidifie l’individu qui n’a plus à se torturer la tête : il agit de manière instinctive, il oblitère sa conscience. Ni orgueil ni désir. Cependant : la simplicité peut aussi être stupidité. Il se créer une destinée pour avancer tout droit et éviter les choix (la conscience des choix).
5. Le Monde des Fantômes Affamés ou Royaume des Pretas : il est désespéré, il ne souhaitait pas descendre si bas, il se souvient avec nostalgie du monde des dieux, il en a faim et soif. Le Preta est fasciné par le fait d’avoir faim, plutôt que par l’assouvissement de son désir : cela l’occupe, lui donne l’impression d’exister.
6. Le Monde Infernal : quand il perd conscience, il devient violent, et le monde, à son tour, se fait violent. En réalisant que ce monde ne peut pas être réel, il se haït lui-même d’avoir créé ce cauchemar. Cycle infernal. Monde claustrophobique.
source :sangharime




L'Extinction complète (parinirvana), c'est-à-dire « sans reste de conditionnement », qui scella, pour le Bouddha, l'arrêt de la servitude transmigratoire (samsara) - au terme de 547 existences successives, selon la tradition - et son entrée dans un état de paix éternelle et ineffable, est le point de départ de toute la chronologie du bouddhisme.



Un peu d'histoire:

La croyance en la transmigration apparaît dans l'Inde vers le début du VIe siècle avant notre ère, soit juste avant le bouddhisme, le jainisme et les premières Upanisad du brahmanisme, qui reposent tous sur elle. Dès cette époque, elle semble avoir été adoptée par la grande majorité des Indiens, bien que les anciens sutras bouddhiques signalent quelques sectes hétérodoxes qui la rejetaient. Pour ce qui est de l'origine et de la formation de cette croyance, on est réduit aux hypothèses construites à partir de rares données trouvées dans les Brâhmana, textes antérieurs aux Upanisad.

Tout en étant d'accord sur le principe général de la transmigration, brahmanistes des Upanisad, hindous, bouddhistes et jainas en fournissent cependant des interprétations différentes. Les diverses sectes de chacune de ces religions proposent des solutions variées, parfois opposées, aux deux problèmes fondamentaux que soulève la notion même de samsara : quel est le mécanisme de cette transmigration, autrement dit quelles sont les causes qui expliquent les différences entre les conditions d'existence, de renaissance, et quel est l'élément de l'être qui passe ainsi d'une vie à l'autre ?

Les Upanisad et l'hindouisme à leur suite, le bouddhisme et le jainisme s'accordent en gros sur la réponse à la question du mécanisme de la transmigration : c'est la valeur morale des actes (karman) accomplis dans une existence qui détermine les conditions de la renaissance, comme elle détermine le bonheur ou le malheur qu'on connaîtra dans cette nouvelle vie.

Les êtres qui commettent le mal renaîtront dans les enfers, dans des corps d'animaux ou d'hommes misérables, souffrant de pauvreté, de maladie, de mépris, d'oppression sociale, etc., tandis que ceux qui font le bien renaîtront parmi les dieux ou dans des corps d'hommes jouissant de richesse, de santé, de considération, de puissance sociale. En somme, le phénomène de la transmigration, auquel sont soumis tous les êtres vivants, est régi par ce que le bouddhisme appelle « maturation » (vipaka) des actes, sorte de justice immanente qui oblige l'auteur d'un acte à recevoir, automatiquement et inéluctablement, au bout d'un temps plus ou moins long, le châtiment ou la récompense de l'action qu'il a accomplie. Cependant, tel n'était pas l'avis de toutes les sectes antiques, si l'on en croit notamment les textes bouddhiques qui les combattent. Pour certaines, seul le hasard conditionne la renaissance, et la valeur morale des actes n'explique nullement le bonheur ou le malheur des conditions de l'existence. Selon d'autres, composées de brahmanes obnubilés par leurs préoccupations religieuses et par l'orgueil de leur position sociale, c'est uniquement l'accomplissement correct des actes rituels, nombreux et variés, accomplissement dont ils se réservaient jalousement le privilège, qui détermine le bonheur dans les vies futures, et non la valeur morale des actions ordinaires.


Les solutions proposées au problème de savoir quel est l'élément transmigrant n'étaient pas moins multiples. D'après les Upanisad, suivies en cela par le Vedanta qui a dominé la pensée hindoue jusqu'à nos jours, c'est le « soi » (atman), principe impersonnel de la personnalité, qui transmigre, cet atman qui est reconnu identique au brahman universel. Pour d'autres écoles brahmaniques, il s'agit d'un élément désigné sous des noms divers - « homme » (purusa), « principe vital » (jiva), etc. - et conçu également de façon variée comme pourvu de connaissance, de volition et même de sensation, parfois aussi sous l'aspect d'un homuncule invisible en raison de sa taille exiguë. C'est à de telles conceptions que se rattache le jainisme, lequel désigne l'élément transmigrant des noms de jiva et d'atman et lui prête différents attributs.


Cette négation entraîna du reste de graves difficultés pour expliquer le dogme, essentiel au bouddhisme, de la maturation des actes et le phénomène de la connaissance. Certaines écoles importantes, vivement combattues par les autres tradutions bouddhiques, soutinrent l'existence d'une « personne » (pudgala) qui transmigrait et même subsistait au sein de la béatitude définitive du nibannna ; mais elles ne surent jamais définir nettement les relations entre cette « personne » et les cinq « agrégats » (kandha) de phénomènes physiques et mentaux qui composent tout être selon l'orthodoxie bouddhique. Les explications fournies par cette dernière pour résoudre les difficultés nées de la contradiction entre l'affirmation de la transmigration et la négation de tout élément transmigrant sont trop diverses et trop subtiles, voire sophistiques, pour qu'on puisse les exposer ici.

La doctrine de la transmigration posait encore un problème important, que les bouddhistes ont bien vu et sur lequel leurs sectes anciennes se sont vivement et longuement opposées. S'il est évident, en effet, que l'être ne rennaît pas à l'endroit exact où il est mort mais à un autre, souvent fort éloigné, rien ne prouve que cette renaissance ait lieu plus ou moins longtemps après le décès. Pour nombre de bouddhistes, jadis surtout, la renaissance suit immédiatement la mort, puisque le Buddha n'a parlé nulle part, dans les milliers de sermons qui lui sont attribués, d'un intervalle de temps entre les deux. Selon d'autres, au contraire, cet intervalle de temps est nécessaire pour parcourir l'intervalle d'espace séparant le lieu du décès de celui de la renaissance. Telle est aujourd'hui la croyance générale chez les bouddhistes, qui utilisent cette « existence intermédiaire » (antarabhava) - dont la durée ne dépasse pas quelques semaines - pour diriger les défunts vers une renaissance agréable et les détourner des enfers en leur transmettant leurs propres « mérites » produits par l'accomplissement de pieuses actions et de cérémonies spéciales.

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D'autres noms pour nommer ce concept:

Il y a d’autres noms pour nommer ce concept : «L’océan de la vie avec ses marées», dans lequel une vie ne constitue qu’une minuscule vague, une infime poussière.
Le Bouddha dit que, pour comprendre la vérité de la souffrance, on doit laisser reposer son regard sur l’ensemble du Samsâra et non pas sur une seule vie, qui peut être heureuse ou pénible ou même parfois épouvantable. Les vagues de vie de cet océan, selon leur nature ou leur activité, se manifestent comme des êtres humains ou des animaux. Le Bouddha parle même «d’êtres invisibles».
Le Samsâra est une ronde sans fin, qu’on appelle aussi «le piège des existences cycliques», où chaque individu, par la création d’un ego illusoire, individuel, ne percevant pas l’ensemble de ce Samsâra, tourne en rond, séparé de son origine et donc sujet à la souffrance.
«La transmigration» est un autre nom du Samsâra : les caractéristiques et le karma passent d’une vie à l’autre et d’un monde à l’autre.
Maître Dogen appelle le Samsâra : «vie – mort», tout simplement.
La roue de la vie :
Cet univers cyclique est représenté par une roue, la roue de la vie. Pour vous en montrer une image, j’ai trouvé une représentation tibétaine, mais l’origine de cette roue remonte à plus loin que le bouddhisme tibétain puisqu’on en attribue la conception au Bouddha lui-même.
A cette époque, la famille des Shakya régnait sur une province du nord de l’Inde. Le Bouddha était l’ami de Bimbisâra, roi de Magada, province ou royaume voisin de celui des Shakya. C’est dans le royaume de Magada, (Bussho Kapila, Jodo Makada) que le Bouddha s’éveilla sous l’arbre de la bodhi. Le roi Bimbisâra avait un ami immensément riche, qui lui avait fait un très beau cadeau, et il souhaitait lui rendre la politesse. Ne sachant pas trop quel cadeau faire à un homme si riche, Bimbisâra alla trouver le Bouddha et lui demanda : « Que pourrais-je offrir comme cadeau à mon ami ? » Le Bouddha lui proposa de peindre un mandala.
Sous la direction du Bouddha, ils se mirent à peindre ensemble ce mandala. Il représente le processus de la vie, c’est à dire le mécanisme du karma selon lequel sont connditionnés et fonctionnent les 5 skandhas (kanda en pali) et donc l’ego. L’histoire raconte qu’à la vue de ce mandala, le roi Bimbisâra s’éveilla ainsi que celui à qui il l’offrit. Bien sûr, tous deux gouvernèrent par la suite leur pays et leur peuple selon les grands principes de paix et de non-violence du bouddhisme.
Le Bouddha utilisait souvent ce mandala, cette roue, pour enseigner ses disciples. II les questionnait :
«Comment voyez-vous les choses ? Avez-vous compris la loi du karma ?»
La roue de la vie est donc très connue en orient, et c’est la raison aussi pour laquelle on la voit souvent à l’entrée des temples en Inde et en Chine, et peut-être un peu moins au Japon.
Pour tout pratiquant bouddhiste, la compréhension du mécanisme du Samsâra est une grande aide pour comprendre sa souffrance et le chemin qui mène à sa cessation.
Dans un sutra (sutta en pali) on trouve cette phrase :
«Celui qui connaît l’émergence des conditions», c’est-à-dire comment la vie se met en place, comment elle émerge, «celui qui, donc, connaît ces conditions, connaît le Dharma. Et celui qui connaît le Dharma, connaît le Tathagata».
En étudiant la roue de la vie, on peut saisir comment naît, apparaît et fonctionne le monde, et à quels principes l’être humain est assujetti. Et cela permet, non seulement de clarifier compréhension du karma, mais aussi de s’éveiller au Tathagata, notre vraie nature. Rapidement décrite : la roue présente un centre où figurent les trois poisons, entouré d’une autre zone de deux couleurs (noir et blanc) qu’on appelle les états intermédiaires (types d’actions produites durant l’existence). Ensuite sont représentés les cinq (parfois six) domaines ou royaumes de renaissance (où sont produites ces actions (karma) méritoires ou déméritoires) . Le cercle extérieur explique et met en liaison «les douze causes interdépendantes de la production», (les douze innen dans le langage zen japonais, nen signifiant «interdépendance»). Ce sont ces 12 causes (ou liens) qui conditionnent le groupe des cinq skandhas, de son apparition à sa disparition dans le monde phénoménal. Tenant la roue entre ses pattes et entre ses dents, vous voyez un énorme monstre. Son nom est Mara.
Les six royaumes de renaissance :
En haut, il y a les royaumes de renaissance heureuse.
D’abord celui des «devas»ou demi-dieux, qui habitent le parfum des racines. Ils sont beaux, ils jouissent d’une longue vie et ils sont riches en bonheur. Cependant, à cause de ce bonheur permanent, ils portent en eux les conditions de la paresse et de la défaite. Leur présence dans ce monde est due à leur bon karma antérieur, mais cela ne constitue qu’une étape vers la libération finale. Ils sont toujours dans le Samsâra et donc sujets à réapparaître de nouveau et même dans un monde moins favorable.
Ensuite c’est le deuxième monde, celui des «Asuras».
Les Asuras sont des demi- dieux, eux aussi, mais ils sont aveuglés par la jalousie, dominés par l’orgueil et la convoitise et ils n’admettent pas la supériorité des Devas. Pour cela, ils sont toujours prêts à combattre afin d’obtenir une meilleure place ou la satisfaction de leurs désirs. Ils sont représentés sous les traits de combattants armés d’arc et de flèches, parfois le corps ensanglanté ou même mutilé. La symbolique de ce monde violent est celle du combat pour la satisfaction des désirs, mais aussi de celui qu’il faut mener contre les énergies contraires et des impulsions perturbatrices, celles du mental, celles du corps qui ne parvient pas satisfaire ses besoins, qui n’arrive pas «à tenir la posture»… Les Asuras détiennent l’énergie qui, un jour, permet de dépasser l’ego.
Le troisième monde, c’est le nôtre, celui des «Humains».
Les Humains ne comprennent rien à ce qui se passe, ni, bien sûr, au sens de la vie, du Samsâra et du karma, raison pour laquelle ils sont toujours en train de chercher à attraper quelque chose, et cela, bien entendu, à l’extérieur d’eux-mêmes. Les Humains sont fascinés par les milliards de reflets du monde de Mara et passent leur temps à courir après et à errer.
Dans les trois autres royaumes, les naissances sont plus douloureuses. Ce sont les royaumes inférieurs.
D’abord, il y a les «Enfers» qui renferment les êtres qui commettent des actes vraiment nuisibles à l’humanité. Ce sont vraiment des démons et leur renaissance est une des pires. On dit même qu’ils ne sortiront jamais de cet enfer. Sur les tangka qui représentent la roue, on voit toujours ces êtres se battant ou se torturant les uns les autres, cernés par les flammes. On retrouve aussi ce monde et ses images terrifiantes dans la religion chrétienne.
Ensuite, il y a les «animaux», le monde des animaux. C’est celui des êtres qui sont dominés par la sexualité ou par norance et réduits à leurs instincts primaires. intéressant. Bref, on dit que dans ce monde renaissent aussi les êtres qui contrecarrent la spiritualité ou qui s’en moquent.
Le dernier monde de mauvaise renaissance est celui des «Pretas».
Les Pretas, on les appelle aussi les gakis. Ce sont des êtres privés des jouissances matérielles et physiques, car, dans des vies antérieures, ils ont été d’impardonnables jouisseurs égoïstes. Ils sont sans cesse à la recherche de nourriture et sont donc représentés avec de toutes petites bouches, de la taille du chas d’une aiguille, et donc condamnés à ne rien pouvoir ingurgiter de solide. Leur oesophage est complètement contracté, mais par contre, ils ont un gros ventre et donc un gros appétit. Ils sont par conséquents toujours insatisfaits et frustrés. Et ils sont tellement brûlés par cette faim que, parfois, sur les images, on les voit cracher du feu : ils sont enflammés de l’intérieur. Dans leurs pires moments, les gakis sont tellement hallucinés qu’ils confondent les ordures avec des plats succulents et se jettent dessus. C’est donc à ces êtres-là que nous offrons notre thé avec quelques bribes de nourriture, en espérant qu’ils arriveront à s’en satisfaire.
Ces royaumes de renaissance ne sont pas seulement symboliques : ils sont aussi notre quotidien.
source ( format PDF) = zentours.free





Pour avoir un vue complète sur le samsara, je terminerais ce chapitre (qui ne devrait pas avoir de fin..) par la position très particulière de Stephen Batchelor. Cet auteur se qualifie lui même de "bouddhiste agnostique":

Entretien avec Stephen Batchelor:


Q: Vous avez une approche très pragmatique, voire scientifique, du Dharma. Comment vous positionnez-vous par rapport aux idées sur la réincarnation ?

R Stephen Batchelor: C'est un débat très embrouillé, un véritable sac de nœuds ! Je préfère en parler dans le contexte de mon propre vécu. Quand je poursuivais des études pour devenir Geshé , la croyance en la réincarnation était indispensable pour enseigner avec un minimum d'honnêteté dans cette tradition. On nous répétait que l'acceptation de la doctrine des renaissances était une étape nécessaire pour pouvoir se considérer comme Bouddhiste.

Q: Comment avez-vous pu résoudre ce dilemme?

Stephen Batchelor: Au début, je me réveillais au milieu de la nuit, en sueur, rongé par mes doutes sur la réincarnation. J'ai vraiment essayé d'y croire. J'ai cherché toutes sortes de confirmations à son existence, j'ai lu des études sur les enfants, entendu des adultes clamant leurs visions de vies passées, mais, finalement, rien de tout cela ne m'a convaincu. Un beau matin, je me suis rendu compte que je luttais pour m'approprier une croyance qu'au plus profond de moi-même je savais ne pouvoir accepter sincèrement. Puis l'idée me vint que, même si j'obtenais la preuve indubitable que tout s'arrête avec la mort, cela n'aurait pas d'incidence sur ma pratique du Dharma ici et maintenant.

Q: Pouvez-vous préciser cette idée?

Stephen Batchelor: L'argumentation traditionnelle pose que, si vous ne croyez pas à la réincarnation, votre motivation se limite à cette vie et à rien d'autre. Mais je ne crois pas que cela soit vrai. Nul n'est besoin de croire à la réincarnation pour comprendre que l'impact de nos actions perdure au-delà de notre présente existence et que leurs effets perdurent bien au-delà de notre être comme de notre existence. J'ai compris que mon engagement dans le Bouddhisme ne dépendait pas de cette croyance et qu'il était possible de pratiquer sans s'embarrasser de tout un appareil métaphysique.

Q: Quelle est votre position aujourd'hui ?

Stephen Batchelor: J'ai adopté une position agnostique. Je ne nie pas les renaissances de façon dogmatique, parce que cela témoignerait d'une attitude aussi bornée que la position inverse. Je ne rejette pas la possibilité de la réincarnation et suspends mon jugement. Je m'autorise à m'ouvrir au mystère de la mort, à accepter que nous ignorions ce qui se passera après la mort. Il me semble qu'une croyance absolue dans les renaissances équivaut à un déni de la mort. D'un point de vue existentiel, c'est une théorie sophistiquée, mais qui annule la réalité concrète de la mort.

Q: En quoi était-ce différent pendant vos études Zen ?

Stephen Batchelor: Les renaissances jouent un rôle mineur dans l'enseignement du Zen, si bien que leur impact sur la pratique est négligeable. Dans les textes en Pali, j'ai trouvé des passages affirmant que la croyance aux renaissances est sans conséquence sur la validité et l'utilité de la pratique. Il semble bien que le Bouddha hérita d'une conception indienne du monde la croyance en la réincarnation. La théorie s'est ensuite développée et affinée, mais il s'agirait au fond d'une relique de l'Inde ancienne qui s'est attachée au Bouddhisme au cours de son histoire, et qui n'est peut-être plus pertinente aujourd'hui.

Q : Bien que vous professiez une position agnostique, ne penchez-vous quand même pas vers le doute?

Stephen Batchelor: Ce que je trouve difficile à accepter, c'est de concilier les renaissances avec ce que la science nous dit de l'évolution de l'organisme humain et de la nature du cerveau. Il ne semble pas qu'il y ait de place pour une conscience incorporelle et fantomatique qui habiterait ce corps-cerveau et qui, au moment de la mort de ce corps-cerveau, continuerait à exister en tant qu'entité immatérielle, en se propulsant vers une nouvelle naissance. J'éprouve une grande difficulté à accepter cela. Pas tant parce que je désapprouve cette manière de voir, que parce que cela contredit ma compréhension des sciences naturelles. Mais, là encore, le paradigme scientifique actuel pourrait évoluer d'une manière imprévisible. C'est pourquoi je préfère rester ouvert à toute possibilité nouvelle.

Source : vipassana.fr

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Question de foi? je pense de conscience et d'éveil......