mercredi 20 février 2008

Journal d'un moine , part 5



Une Journée au Wat Paa Mahanikhai

Wat Paa (part 5) : Balayage

Extraits:

Seul dans la nuit, mon balai à la main, devant moi des feuilles mortes que je ne vois pas et qu’il faut pourtant rassembler pour les brûler, encore trois heures avant des pouvoir aller manger, ce vent qui ne cesse de souffler sur le plateau où est bâti le monastère, le bruit des feuilles qui tombent dans mon dos, là où je viens de passer le balai, la robe qui glisse sans cesse sur mon bras que je dois remonter ans cesse, les centaines de mètres carrés du Lann Dhamm que je ne suis pas près d’avoir fini de nettoyer, l’écharde de bambou dans le creux de la main qui a provoqué une inflammation, après le repas il faut que j’aille débroussailler le sous-bois dans la partie basse du monastère, et pourquoi m’a-t-il appelé par mon nom de moine « Pra Jakawaro » et non pas « Pra Hervé », lorsqu’il m’appelle Jakawaro, c’est qu’il a quelque chose à me reprocher, et pourquoi ce balai, qu’est-ce que j’ai pu bien faire encore, je ne connais pas le dixième des règles que je dois respecter alors bien sûr que je dois me planter, d’ailleurs dans le Vinaya il est dit que les moines ne doivent pas faire de feu, ni creuser la terre, ni couper des arbres : pourquoi ici tout cela est-il autorisé, ces textes à retenir : sûr que ce n’est pas demain la veille que je vais y parvenir, il n’arrive pas à balayer correctement ce balai, Luang Por prend toujours les neufs, moi j’ai les vieux qui laissent la moitié des feuilles encours de route, le vent redouble encore… merde, je crois que je suis en train de me mettre en colère !!!…

Vous reconnaissez sans doute là les idées qui me passent par la tête pendant que j’essaie tant bien que mal de rassembler les feuilles en tas. Il y a là écrit ci-dessus l’équivalent de cinq minutes de divagation de mon esprit… douze fois cinq minutes multiplié par trois heures de balayage : de quoi en noircir des pages !

Je suis dans ce wat où je n’ai aucune préoccupation particulière et pourtant, j’ai l’impression de penser mille fois plus que dehors, quand j’étais dans le monde !

Avant j’avais un poste de cadre supérieur dans une multinationale de la grande distribution, je devais manager une équipe de cent cinquante personnes, il y avait pour des millions de bath qui transitait par l’entrepôt que je dirigeais, j’avais mes objectifs à atteindre, il fallait faire le chiffre… pourtant, je n’avais pas l’impression de penser autant que maintenant où je n’ai rien d’autre à faire que de me servir de mon balai ! (...)


LIRE : part 5 en entier ( et part 1 à 4) : blog d'isara: ICI

Encore merci à isara pour ce récit remarquable, comme pour les autres parties, j'attends la suite avec impatience....

Aucun commentaire: