samedi 19 avril 2008

Le Corps dans le Bouddhisme



Le corps qu'on est, le corps qu'on a

En tant que pratiquantes bouddhistes, quel regard portons-nous sur le corps, sur notre corps. Qu'est que le Bouddha nous enseigne, et de quelle façon cet enseignement influe-t-il sur nos vies ? Ce sont ces quelques réflexions sur un sujet très vaste que nous nous proposons de partager avec vous.

Ce corps est le lieu de mon expérience, de toute expérience dans ce monde, et c'est dans ce corps et grâce à lui que je peux comprendre les quatre nobles vérités de la souffrance, de l'origine de la souffrance, de la cessation de la souffrance et du chemin qui mène à la cessation de la souffrance.

Ce corps est tout à la fois le lieu de mon enchainement au samsara et celui de la possibilité de m'en libérer, quel paradoxe apparent.

La souffrance, mon corps la connait, il en a peur, la satisfaction sensorielle, il la connait et il la cherche, désir et peur, voilà l'origine de la souffrance.
Ce corps c'est le point de contact avec le monde, avec le regard de l'autre, c'est l'image qu'on a de soi, et l'attachement à cette image de soi-même.
En même temps, le corps est un support indispensable à la pratique. Toute expérience dans ce corps, expérience de sa fragilité, de son impermanence, de la maladie, voire du handicap, peut devenir une occasion de pratique, peut devenir pratique. Et c'est grâce au développement de la vigilance sur ce corps et sur ses manifestations que nous pouvons appréhender de façon expérimentale la vérité de l'impermanence du moi.

Dans le célèbre sutra sur l'établissement de l'attention, le Bouddha expose la pratique de l'observation de la respiration, des mouvements du corps, du contenu du corps, des éléments composant le corps, de la désagrégation du corps, et des sensations du corps.

C'est dans son corps, en dépit de la douleur, de l'inconfort, de la chaleur, que Gerta Ital que nous célébrons dans ce numéro a pu atteindre la plus haute réalisation.

En résumé, sans corps pas d'obstacle à l'Eveil, mais sans corps, pas d'Eveil !

Ainsi, le Bouddha nous propose-t-il une perspective spirituelle qui nous permet de regarder le corps d'une façon toute différente de celle que nous propose notre société matérialiste où le corps n'est vu que comme un instrument de plaisir parce que la dimension spirituelle de l'être a totalement disparu.

Dans notre société d'opulence consumériste, le corps devient un enjeu économique. Il faut entretenir constamment le désir d'acheter, célébrer la gourmandise, créer des besoins, y répondre par une multitude d'objets inutiles, rendre les gens toujours plus esclaves de leurs désirs.
Susciter encore et encore chez les femmes le désir d'être belle, d'être désirable, d'acheter des parures, des ornements ; proposer sans cesse un modèle de beauté éphémère et inatteignable. Tout cela, les femmes en sont abreuvées dès leur enfance, et maintenant plus que jamais ! On propose même des vêtements "sexy" à des fillettes !
Et en plus, ces messages publicitaires véhiculent une vision de la femme qui n'existe pas en tant qu'individu autonome, mais n'a de valeur que comme objet sexuel.

Tout est fait pour nourrir sans fin les poisons de l'avidité et de l'ignorance et entretenir la souffrance du samsara. (...)

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