samedi 31 mai 2008

Birmanie, la colère des moines



Depuis un mois, ils consignent tout sur des feuilles blanchâtres, gondolées par l'humidité : le nom des donateurs, ce qu'ils ont déposé, la quantité, la date. Parfois, ils comptent les sacs de riz, plus souvent les kyats - la monnaie locale.

Dans la touffeur de leur monastère, Ashin Mibaya, aux traits émaciés, et Ashin Yadana, le visage surmonté de fines lunettes sur ses joues rondes, collectent, comme des milliers d'autres moines en Birmanie, les dons pour les victimes du typhon Nargis. Calmes, en apparence, ils organisent méticuleusement l'acheminement de l'aide dans les zones sinistrées.

Pourtant, la colère gronde. Au visiteur pressé, la langueur des prières ressassées à haute voix, le bruissement perpétuel des pieds nus sur les parquets en teck ne laissent rien deviner. Mais derrière les étoffes pourpres qui tentent de sécher au soleil de la mousson, à l'ombre des Bouddhas dorés, le mot finit presque toujours par être murmuré : "colère". Colère de devoir compenser une aide humanitaire bloquée, contingentée, par la junte militaire au pouvoir.

Dans ce monastère, on le dit juste un peu plus fort qu'ailleurs. En septembre 2007, c'est déjà de leurs dortoirs, à Mandalay, la deuxième ville du pays, à 700 km au nord de Rangoun, et à Pakokku, une ville voisine, que sont parties les premières manifestations de moines contre la montée des prix et la politique économique archaïque de la dictature.(...)

A Rangoun, la plupart des moines mêlent le religieux et le politique. Ils déplorent le manque de "compassion" du gouvernement. Pas eux. Eux sont scandalisés. A 39 ans, les dents rouges du bétel mâché toute la journée, ils sont "scandalisés" par l'attitude de la junte. Ebahis devant sa "cruauté". Jamais, disent-ils, entourés de leurs jeunes élèves, même après que l'armée ait tiré sur eux en septembre dernier, jamais ils n'auraient imaginé que le pouvoir puisse "laisser mourir de faim son peuple".

Face au blocus de la junte, tout un "système D" humanitaire s'est mis en place, en Birmanie. Les moines en sont devenus l'un des piliers. Car, si au fil des semaines, le gouvernement a encouragé les donations, il a de plus en plus contraint les civils à les lui déposer, pour les distribuer lui-même, via l'armée.

Profondément choqués par les rétentions du gouvernement - notamment vis-à-vis des humanitaires occidentaux coincés à Rangoun -, beaucoup de Birmans préfèrent donner aux "robes" plutôt qu'aux fusils. Elles seules pouvant s'affranchir de l'obligation de déposer les dons à l'armée.

Dans un bidonville de Rangoun, un acteur et réalisateur birman célèbre - Zaganar -, empêché de distribuer du riz, a préféré confier ses stocks au monastère le plus proche.

Ces dernières semaines, les week-ends, à Rangoun, des files de voitures de particuliers, de camions affrétés par des chefs d'entreprise en tous genres, chargés de vivres, prenaient la route du delta de l'Irrawaddy, la zone la plus touchée par le typhon. Mais ces volontaires ont été contraints d'interrompre la noria. Et les moines ont pris la relève.

Au monastère de Mibaya et Yadana, à trois reprises, c'est le vénérable en chef qui a fait le voyage jusqu'au delta. Car seules les figures charismatiques du bouddhisme birman peuvent avoir la garantie de distribuer elles-mêmes les dons aux victimes. L'armée refuse de laisser passer des moines moins en vue.

La première fois, le vénérable est parti avec trois camions. La deuxième, il a voyagé en train avec deux énormes malles. Mais la dernière fois, il n'a pu emmener que 100 000 kyats (environ 65 euros), calés dans un coin de portefeuille. Avec les semaines, les dons se sont raréfiés. Les moines ont eu beau battre le rappel en distribuant des tracts ; exceptés les riches donateurs, les classes moyennes ont peu répondu à l'appel - elles avaient déjà donné tout ce qu'elles pouvaient.

Aussi, lorsque la nuit descend et que passe le temps de méditer, Mibaya et Yadana ne s'en cachent pas : ils discutent politique. Révolution, éducation et électricité pour tous. Des conciliabules qu'ils ont aussi parfois "secrètement" avec leurs frères de Pakokku. Malgré les tirs, malgré les arrestations, malgré les listes noires et "l'espionnage" quotidien par les services du gouvernement, la nostalgie des manifestations de 2007 les taraude. Un mois après le passage de Nargis, ils en sont persuadés : s'ils manifestent à nouveau, cette fois, les Birmans les suivront dans leur mouvement. Ils rêvent d'un soutien diplomatique extérieur.

En ville, nombreux sont ceux qui prennent pour des utopies un tel soulèvement. Mais dans un sourire anxieux, Mibaya et Yadana le jurent, ils guettent "l'opportunité". Le cyclone en est une. Pour l'heure, ils ne sont pas assez nombreux, beaucoup de moines ayant fui après les manifestations de septembre. Mais "quand ils seront tous revenus", "tôt ou tard", ils retourneront dans les rues. Dans le delta sinistré, les Birmans estiment qu'il leur faudra deux ans avant de retrouver une vie normale. Mibaya et Yadana, eux, pensent qu'il ne leur faudrait que "quelques mois" pour se mobiliser. Peut-être.

Source : lemonde

jeudi 22 mai 2008

La méditation quotidienne



Là est mon refuge, en méditation.
Quand la journée accomplie, je me regagne,
Là est le refuge, sans aucune action,
Dans le silence du foyer intérieur.

Que ce soit la respiration,
La sensation d’assise du corps,
Ou l’état d’esprit du moment,
Chacun est un support stable d’observation,

Le cœur accueille la souffrance,
Tant qu’il le peut et se réjouit,
D’avoir un compagnon de route fidèle,
Pour l’aider à considérer le corps et l’esprit.

Tels qu’ils sont, ainsi sont vus les phénomènes,
Distinguant ceux physiques, et ceux mentaux,
Constamment vigilant au ressenti,
Le yogi doit demeurer sans s’attacher.

Démasquer les sankhara,
Laisser venir les angoisses,
Repérer les égarements, revenir au centre,
Là est l’œuvre de l’attention.

Rien à attendre, juste connaître,
Dénouer l’enchevêtrement de l’être,
Percevoir la vibration constante du changement,
Comprendre qu’aucune stabilité n’est possible.

Rien de permanent ne comble ce monde,
Car tout ce qui semble réel est futile et vide,
Comparé au suprême nibbâna, où l’abondance de paix règne,
Ce royaume auquel j’aspire, la fin des souffrances !

“Buddham saranam gacchami
Dhammam saranam gacchami
Sangham saranam gacchami.”
"Namo tassa bhagavato arahanto sammasambudhassa”.


Poème de Pierre : dhammapiti

mardi 13 mai 2008

Birmanie : Comment aider les sinistrés




  • Des français se mobilisent pour les victimes de Nargis

Alors que l’aide aux victimes birmanes du cyclone Nargis peine à atteindre les bénéficiaires, un Français résident à Rangoun a pris les devants avec les moyens du bord et quelques amis. Depuis Paris, un blog relaye son action et récolte des fonds tandis qu’à Bangkok un collectif s’organise pour acheminer matériel et produits de première nécessité

"Les actions humanitaires sont face à un bloc. Seule une action directe orchestrée par des Birmans sur place peut être utile à ce jour", résume Murielle Blanc qui anime depuis la semaine dernière le blog aidebirmanie.

Ce blog, en ligne depuis jeudi dernier, soutien l’initiative de Hervé Fléjo, un Français résident à Rangoun qui vient en aide aux victimes du cyclone Nargis qui s’est abattu le 3 mai sur le sud de la Birmanie. Le bilan de la catastrophe fait pour le moment état de plus de 60.000 victimes et de plusieurs centaines de milliers de sans abris.



Rangoun, Bangkok, Paris, une organisation de l'aide triangulaire

Face à l’étendue de la catastrophe et aux besoins urgents de la population, Hervé Fléjo, professionnel du tourisme résident à Rangoun depuis plus de quinze ans, a su mobiliser en quelques jours, via Internet et des amis, une chaîne de solidarité triangulaire entre Rangoun, Paris et Bangkok, qui ne cesse de croître.

Depuis Paris, le blog de Murielle Blanc relaye son action et récolte des fonds via une association caritative déjà existante , tandis qu’à Bangkok, un collectif s’organise autour d’un ami proche d’Hervé Fléjo, Olivier Gaiemet, pour collecter et acheminer du matériel et des produits de première nécessité.

Leur objectif : apporter une action immédiate, directe et efficace qui ne tombe pas dans de mauvaises mains.

Sur place, Hervé Fléjo œuvre avec le chanteur Zaw Win Thut, (le Johnny Hallyday local), qu’il présente comme la clé de son dispositif pour atteindre les bénéficiaires. "Mon action est rendue plus facile notamment grâce à Zaw Win Thut car, il peut accéder partout et donner en direct aux gens dans les villages, à 3 heures de routes de Yangon (Rangoun)", dit-il sur le blog.

Les deux hommes sont épaulés par une quinzaine de personnes, parmi lesquelles des collègues et amis birmans, ainsi qu’un employé de l’Alliance Française et un agent de la société Total qui aide pour la logistique.

Nous n’avons pu joindre directement Hervé Fléjo, mais Olivier Gaiemet nous a donné de ses nouvelles hier depuis Bangkok. "Chaque jour, ils assurent un trajet en camion pour apporter des produits de première nécessité dans la banlieue de Rangoun, là ou les besoins sont les plus urgents, nous a-t-il expliqué par téléphone. Ils œuvrent sur un rayon de 50 à 100 kilomètres autour de Rangoun. Pour s’assurer que rien ne passe par de mauvaises mains, ils s’appuient sur des relais locaux de confiance".

Sur le blog, de nombreux messages d’encouragement venant d’amis, d’anonymes mais également de célébrités ont déjà été adressés à Hervé et son équipe qui entendent aider un millier de personnes dans les dix prochaines semaines. "Il faut faire vite car la météo s’annonce très mauvaise", prévient Hervé Fléjo dans un message posté hier sur le blog.
(P.Q. et A.B. pour lepetitjournal-bangkok du lundi 12 mai 2008)

Récolte de fonds en ligne depuis Paris

Depuis Paris, Murielle Blanc anime et modère le blog qu’elle a créé à la demande d’Hervé Fléjo. "[Pour venir en aide aux victimes], Hervé a puisé dans ses ressources, cela reste insuffisant, nous a-t-elle expliqué vendredi par e-mail.

Il nous a lancé un SOS par mail pour collecter des fonds. Je lui ai proposé de relayer son action via un blog. Je l'ai fait dans la nuit de mercredi à jeudi (8 mai)". Cette jeune consultante commerciale multicarte versée dans l’Internet, s’est donnée pour mission de sensibiliser et collecter des fonds en se faisant "l’un des porte-voix d'Hervé". " [Il faut] mobiliser, faire du bruit, dit-elle, car dans 10 jours l'actu sera passée à autre chose et là, ce sera encore plus vital de faire vivre l'action d'Hervé". Plusieurs dizaines de personnes ont déjà contacté Murielle Blanc, et cela va croissant selon elle. Le lendemain de la mise en ligne du blog, la jeune femme affirmait avoir déjà reçu une cinquantaine de messages de soutien et de dons dans la seule matinée.

Les dons sont versés à une association française, Isha Tanaka, créée en 2005 pour venir en aide aux enfants d'Inde et de Birmanie, et présidée par une amie d'Hervé Fléjo, Corinne Kortchinsky. "Les dons transitent sur un compte basé en France, puis ils sont acheminés à Hervé qui est le gestionnaire final des ressources, explique Murielle Blanc.

De son côté Hervé liste tous ses achats, collecte les factures, nous rend des comptes, etc". Murielle Blanc, qui a pris contact vendredi avec la direction des impôts et le ministère de l'Intérieur, affirme que le collectif devrait pouvoir produire rapidement des reçus fiscaux. Attention, les amis d’Hervé et Thuzar préviennent : pas de politique sur le blog. "Il ne faut pas mettre Hervé et sa famille en danger. Il faut lui laisser de l'air pour agir efficacement", conclut Murielle Blanc. Pour écrire directement à Murielle Blanc bmurielle@gmail.com ou blog aidebirmanie (LPJ 12/05)

Collecte de vivres et d’équipement à Bangkok

A Bangkok, Olivier Gaiemet, cadre pour la société RM Asia, se charge avec une dizaine de personnes d’organiser la récolte et l’acheminement d’équipement et de produits de première nécessité. Il va stocker dans un premier temps les marchandises dans sa propre maison mais envisage de trouver un endroit plus adéquat d’ici deux semaines. "Il nous faut leur apporter d’urgence du riz, des nouilles, des médicaments, des tablettes de purification d’eau, des bâches plastiques pour couvrir les toits, des bougies, des allumettes et des briquets", estime Olivier Gaiemet. "

Par ailleurs, poursuit-il, le meilleur moyen pour accéder à certains endroits reste le bateau, mais il semblerait que les trois quarts des bateaux dans la zone aient coulé. (…)Nous nous sommes d’ores et déjà procurés 6 zodiacs équipés de moteurs et nous espérons les acheminer en Birmanie dans la semaine, annonce le Français, un professionnel de l’assemblage de véhicules d’assistance".

Pour assurer le transport de l’aide, le collectif travaille à nouer des partenariats avec des institutions présentes en Birmanie. Ils ont déjà obtenu de la part des compagnies aériennes Bagan Airlines et Air Asia, le transport gratuit de 2 à 3 mètres cubes de fret sur leurs vols commerciaux quotidiens. "La question reste de savoir si Hervé va pouvoir récupérer la marchandise", s’inquiète Olivier Gaiemet. "Dans les jours qui viennent, une ONG partenaire va essayer de faire passer un chargement de nourriture et d’équipement : si ça passe, nous tenterons le coup. On se veut néanmoins confiant car les autorités birmanes donnent l’impression de s’assouplir", affirme-t-il. Quoiqu’il en soit, le collectif d’Olivier Gaiemet est en discussion avec d’autres organisations qui pourraient leur offrir d’assurer le transport de marchandises dans leur propre convoi. (LPJ 12/05)

Source : lepetitjournal-Bangkok


Pour tout contact à Bangkok ou pour envoyer vos dons de produits de première nécessité:
Olivier et Panida Gaiemet
City Plus ( house no C3 ) no 58/7
Sukhumvit 63, Ekamai Soi 10, Yeak 4
Prakanong - Wattana
Bangkok 10110 - Thailand
Tel/fax : (66) 2 714 35 33 / 34
Panida hp : (66) (0)81 804 58 28
Olivier hp : (66) (0)8 1 916 31 54
Email:Olivier@rmasia.net

Envoi de chèque / Postal address
Association ISHA TANAKA
Opération Birmanie
Corinne Kortchinsky
67, rue du Général-Leclerc
92 270 Bois-Colombes - FRANCE

Virements depuis la France :
Association ISHA TANAKA
Opération Birmanie

CIC PARIS
IBAN FR76 3006 6107 4100 0110 5610 141
CODE BANQUE 30066
CODE GUICHET 10741
COMPTE N° 00011056101
CLE 41

On peut notamment lire sur le blog :

Il ne s'agit pas de politique. Encore moins de polémique

La Birmanie traverse une crise humanitaire d'une ampleur dramatique.

Alors que des centaines de milliers de personnes attendent désespérément d'être secourues, il faut mettre de côté les discours politiciens, ne céder aucune place aux tentatives de récupérations de la catastrophe par les institutions officielles.

Il s'agit d'aider un peuple meurtri. Il s'agit de fournir rapidement une assistance massive à une région sinistrée. Il s'agit de défendre la vie.

La Birmanie n'est pas capable aujourd'hui de pourvoir elle-même à ses besoins. Elle a besoin de votre aide, de notre aide, de notre aide à tous.

La situation est urgente. C'est une course contre la montre. Il n'y a pas une minute à perdre. Il faut accéder aux populations coupées du monde, fournir en eau, en nourriture et en médicament des villages entiers. Il va falloir reconstruire des milliers de maisons, remonter des milliers de charpentes. Réconforter des milliers d'existence. Montrer aux birmans qu'ils ne sont pas seuls.

C'est en apportant chacun un peu, en solidarisant nos moyens et nos volontés que nous parviendrons à panser les plaies, à éviter « une catastrophe dans la catastrophe ».

Une semaine après le passage du cyclone Nargiss, la Birmanie nécessite plus que jamais un soutien sincère et fort de notre part. Chaque jour, les bilans faisant état du nombre de morts et de sans-abris augmentent de façon exponentielle.

Le peu d'équipes humanitaires déjà sur place accomplissent un travail remarquable, dans l'urgence et le manque de moyens.

Aujourd'hui, la situation est grave. A nous de faire en sorte que le pire soit derrière nous. Que demain voit la crise s'éloigner.

Il ne s'agit pas de politique. Pas maintenant. Il s'agit de sauver des vies.

Seulement de sauver des vies.


Merci de parler le plus possible autour de vous ( amis, sites, blog ect.. ), de cette remarquable initiative et de diffuser l'adresse de ce blog : Blog Aide Birmanie


jeudi 8 mai 2008

Birmanie, les moines sont l'ultime recours des rescapés du cyclone




Quand le cyclone Nargis a dévasté leurs vies, c'est vers les moines et non l'armée qu'ils se sont tournés. Entassés dans un petit monastère de la banlieue de Rangoun, quelques centaines de rescapés survivent grâce à leur hospitalité immémoriale.

Alitée sur une bâche de plastique, la petite Thazin Win n'a pratiquement rien mangé depuis plusieurs jours. Et comme des milliers d'autres survivants, elle n'a reçu aucune assistance extérieure six jours après le passage du cyclone qui a fait 22.980 morts et 42.119 disparus, selon le plus récent bilan officiel.
Cette fillette de sept ans, son frère de trois ans et leur père ont été blessés par la chute d'un arbre sur leur maison à Rangoun, ancienne capitale et principale ville de Birmanie.

«Elle ne mange plus rien. Elle ne demande que de l'eau. Je ne sais pas ce qu'elle a. Elle dort, mais elle ne parle pas beaucoup depuis qu'elle a été blessée dans l'effondrement de la maison», raconte sa mère de 28 ans, Khin San Oo.

«Je veux qu'elle voit un médecin. Mais nous n'avons pas d'argent. Nous avons déjà assez de mal à trouver de la nourriture pour la famille. Nous n'avons nulle part où aller», dit-elle. «Je dois aussi m'occuper de mes autres enfants», ajoute-t-elle en préparant une soupe de nouilles.

Des centaines d'autres victimes ont trouvé refuge dans ce petit monastère de Hlaing Thayar, un quartier très pauvre dans la banlieue ouest de Rangoun.
«Des centaines de personnes sont venues chercher refuge dans mon monastère samedi matin. Il n'y a pas assez de place ici pour qu'elles puissent toutes s'allonger mais, au moins, elles ont quelque part où s'asseoir», explique à l'AFP le supérieur du monastère, Aung Theindi.

«J'ai distribué à tout le monde des vivres que nous avions stockés. J'ai informé les autorités, mais, jusqu'à présent, personne n'a fait de dons. Et je ne pourrai plus leur venir en aide quand nous serons à court de réserves», craint-il.

«Comment puis-je leur demander de retourner chez eux ? Je partage leur détresse. Les gens se tournent vers les monastères quand les temps sont durs», dit-il.

Les moines sont immensément révérés en Birmanie où chaque famille compte au moins un membre qui a été initié dans sa vie aux enseignements bouddhistes.

Certains rescapés cherchent une source de revenus en aidant au déblaiement des décombres dans le centre ville, mais ils doivent s'y rendre à pied à cause de la flambée du prix des transports.

Ils ne rentrent que tard le soir avec de l'argent ou de la nourriture.

«Certains hommes marchent jusqu'à la ville tôt le matin car nous ne pouvons pas payer le bus. Leurs familles ne mangent que lorsqu'ils reviennent avec l'argent», témoigne une femme.

Le prix de certains aliments de base a été multiplié par deux ou trois. Un sac de riz coûte 40 000 kyats (35 dollars) contre 25 000 avant le passage de Nargis.

«Je ne fais qu'un seul repas, le dîner, lorsque mon père rentre du travail. Hier soir, j'ai mangé du riz, de la pâte de poisson et des légumes», raconte une fillette de 12 ans en jouant avec des camarades.

Maung Maung, lui, vient de Bogalay, une ville du sud-ouest ravagée par le cyclone: «J'ai entendu dire que les miens étaient portés disparus, mais je ne sais pas quoi faire». «Les autorités doivent nous aider. Ils doivent faire plus en faveur de la population», dit-il.

Source : cyberpresse




Birmanie: les Birmans sont doublement victimes, victimes de la junte et victimes du Cyclone





Puissent tous les êtres, toutes les créatures vivantes, tous les individus, toutes les personnes, tous les hommes, toutes les femmes, puissent tous les êtres nobles, tous ceux qui ne sont pas nobles, toutes les divinités, tous les humains, tous ceux qui se trouvent dans les plans de misère, puissent-ils tous être libres de l’inimitié et du danger, libres de la souffrance physique, libres de la souffrance mentale, puissent-ils tous vivre avec bonheur ; puissent-ils tous être libres de la douleur, puissent-ils ne pas perdre ce qu’ils ont acquis, puissent leur kamma être leur véritable possession.





Pour suivre les actualités en Birmanie, c'est toujours sur mon autre blog : Birmanie mon coeur saigne....




Participez à l'opération « Cyclone pour la solidarité et la démocratie »

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jeudi 1 mai 2008

NOUS OUVRIR L’ESPRIT VERS UNE AUTRE MANIÈRE DE VIVRE




TAO et Bouddhisme Théravada ne sont pas si éloignés que cela :


Ce que nous entendons ce sont des mots et des sons. Pour leur malheur, les gens s'imaginent que ces mots et ces sons leur font saisir la réalité des choses-ce qui est une erreur. Mais ils ne s'en rendent pas compte, car quand on perçoit on ne parle pas et quand on parle on ne perçoit pas.

Tchouang Tseu chapitre XIII




Le Tao nous ouvre l’esprit vers une autre manière de vivre. Depuis longtemps nous nous sommes éloignés de ce qui est notre vie même : l’équilibre du ciel et de la terre.

Nous avons oublié que nous étions simplement une parcelle de cette terre et de ce ciel, de cet univers sans lequel nous n’aurions même pas d’existence...

Les souffles qui nous traversent sont ceux du ciel et de la terre, de l’univers tout entier... Il nous appartient de maintenir ce souffle vital...

Avec ou sans nous, l’univers survivra ...

Le ciel et la terre ont donné la vie à ce corps que nous appelons "soi". Mais la vie qui circule en nous n’est pas nous, elle ne nous appartient pas, nous sommes vivants de la même vie de l’arbre ou de la fleur, du corbeau ou du renard, vivants comme l’eau et la pierre, le ruisseau et l’océan, le soleil et la lune, les étoiles et l’univers insondable...

Maintenir la Vie en vie, tel est peut-être le sens ultime de celui qui est dans la voie du Tao... L’éternité n’est pas l’éternité d’un soi mais du souffle de l’univers ... l’univers est éternel et nous sommes une partie de l’univers...

Les enseignements, qui ne sont jamais spéculatifs mais le plus souvent des "paraboles" évocatrices, nous ramènent toujours vers l’essentiel : unir en nous le ciel et la terre : le Yin et le Yang...

Mais le Yin et le Yang sont devenus des abstractions, des concepts des trucs et des astuces, des mots qui veulent tout dire et rien à la fois...

Le corps est ce lieu où s’unissent le ciel et la terre... par notre souci de grandir, de paraitre, de savoir, de posséder nous avons quitté ce qui est la source même de l’être... Selon l’expression populaire "nous avons perdu pied" et perdant pied nous avons perdu nos racines, perdant nos racines nous avons perdu notre "âme" : le souffle vital...

La vie de l’arbre c’est de grandir vers le ciel, l’arbre ne peut vivre qu’enraciné dans la terre et tourné vers le ciel... La vie du fleuve c’est d’aller vers la mer, la vie de l’homme s’écoule jusqu’à la fin de son temps, si on la laisse couler...

Le but de la vie est la vie et c’est tout.


Se vêtir d’habits somptueux,

se ceindre d’épées étincelantes,

festoyer alors qu’on n’a plus faim,

ne plus savoir où serrer ses richesses,

c’est glorifier

le vol et le mensonge.

Ceci est bien loin du Tao.

Tao 53


Source : le Tao au fil de l'eau