dimanche 30 mars 2008

LA CHINE EST UNE GRANDE NATION...




Par Jean d'Ormesson de l'Académie française.


La Chine est une grande nation. Avec les États-Unis, elle est l'autre superpuissance à régner sur la planète. Son industrie est impressionnante. Sa croissance donne le tournis. Si nombreux, si, inventifs, formidablement doués pour le commerce, les Chinois sont un peuple d'élite. La Chine inspire trois sentiments au monde autour d'elle : le respect, la peur, l'espérance. Cette situation exceptionnelle, qui lui assure une des premières places dans le concert des nations, ne lui donne pas tous les droits.

Le sport est une des grandes réalités mythiques de notre temps. Pékin organise les Jeux olympiques. Cet honneur lui impose des devoirs. Des devoirs de retenue, de transparence, d'apaisement.

Tout le monde savait que la Chine communiste convertie au libéralisme économique n'était pas une démocratie. Et que son action au Tibet jetait une ombre épaisse sur son image. Les organisateurs des Jeux, les gouvernements, l'opinion publique sont passés là-dessus avec l'espoir de voir la Chine s'avancer sur le chemin du respect des droits de l'homme. C'est le contraire qui se passe. La Chine est rattrapée par la violence qu'elle n'a cessé d'exercer au Tibet et la répression se poursuit de plus belle.

Voilà longtemps que ce qui se passe au Tibet n'aurait jamais été accepté par la communauté internationale venant d'une nation moins puissante que la Chine. Il est impossible de, condamner les événements du Kosovo ou du Darfour et de ne pas condamner les événements du Tibet.

Au Tibet est engagée une opération qui ressemble très exactement à un génocide culturel. Pékin accuse Lhassa de provocation délibérée. Tout ce qu'il est permis de constater, c'est que les efforts de Pékin pour venir à bout par tous les moyens de la résistance tibétaine n'ont pas réussi, malgré l'emploi de la violence et que les Jeux olympiques sont l'occasion pour les, Tibétains survivants de manifester leur opposition au régime qui leur est imposé.

Qu'une violence extrême ait été utilisée par le gouvernement chinois contre les Tibétains est un fait établi, en dépit des rigueurs de la censure et de la désinformation. Voilà qu'au crime s'ajoute le mensonge : Pékin accuse les Tibétains de terrorisme et dénonce dans le Dalaï-Lama un chef terroriste et un fauteur de troubles qui relève de la justice.

C'en est trop. Entre le gouvernement chinois et les moines tibétains, où est le terrorisme ? Le Dalaï-Lama est plus proche de Gandhi que de Ben Laden et les moines bouddhistes du Tibet sont plutôt des victimes désarmées que des disciples d'al-Qaida. Naturellement, des comparaisons insoutenables nous seront opposées. On a presque honte d'y répondre. Mais,,non, l'action du gouvernement chinois au Tibet n'a rien à voir avec le droit de toute, autorité nationale à assurer et à rétablir l'ordre. Et, non, les malheureux moines tibétains ne peuvent pas être comparés à des organisations qui se réclament de la terreur.

Ce qui pousse les Tibétains, c'est le désespoir. Et le dalaï-lama est si peu un chef terroriste qu'il menace de démissionner au cas où les émeutes au Tibet prendraient un caractère violent.

Ne soyons pas plus bouddhistes que le Dalaï-Lama. Le Dalaï-Lama ne réclame pas le boycott des Jeux olympiques. Il serait irresponsable d'y pousser. Mais il est aussi impossible de faire comme s'il ne se passait rien au Tibet. Le gouvernement chinois assure que l'ordre règne à Lhassa. Le régime tsariste assurait aussi que l'ordre régnait à Varsovie lorsque, bien avant Staline, il était en train de décapiter l'élite polonaise. Pékin veut détruire la langue, la religion, les traditions tibétaines.

Si l'opinion publique internationale, si les organisations humanitaires, si les intellectuels de tout bord, si les gouvernements ne protestent pas, personne n'aura plus jamais aucun droit à protester où que ce soit.

Ne le dissimulons pas : nous souhaitons conserver et développer de bonnes relations avec la Chine communiste convertie à l'économie de marché. Mais nous avons le droit et le devoir de défendre les Tibétains. Nous ne soutenons pas un boycott absurde des Jeux olympiques. Mais nous demandons que, puisque Pékin a décidé d'organiser ces Jeux, la libre circulation des médias, de la télévision, des journalistes soit assurée en Chine. C'est la moindre des choses.

Nous entendons conserver notre liberté de pensée et d'appréciation en ce qui concerneb n'importe quel pays de la planète y compris la Chine. Nous souhaitons que le droit de protestation contre les excès soit reconnu en Chine comme dans tout autre pays du monde. Les Tibétains ont le droit de défendre leur culture, leur religion, leur manière de vivre. Et nous, nous sommes libres de notre opinion à l'égard des actions du gouvernement chinois.

Ce n'est pas un carton rouge qui doit être agité à la veille des Jeux olympiques de Pékin. Mais un carton jaune s'impose. À la cérémonie d'ouverture, quelque chose doit se passer — abstention ou protestation officielle — qui nous empêche de mourir de honte quand tant de Tibétains sont en train de mourir de désespoir.

Source : ce texte est publié sur le site : lerefuge (rubrique actualité, puis Tibet)

  • RAPPEL : TIBET actualité, Pour une vision plus juste.... : ICI

TIBET : AVOIR UNE VISION JUSTE



Nous devons essayer d'avoir une Vision Juste


Il est essentiel d'avoir plusieurs visions du conflit entre les Tibétains et la Chine et non une seule. Il nous appartient ensuite, de faire le tri ( enfin d'essayer.. pas toujours facile..)

Mais nous ne pouvons pas nous contenter de lire que des articles "anti chinois" n'est ce pas ?

C'est aussi cela la liberté : avoir suffisamment d'informations et pas toujours dans le même sens. Ne faisons pas ce que nous reprochons à la Chine : ne véhiculons pas la désinformation!

Tout le monde donne son point de vue, mais qui à raison et qui à tort ? comment se rapprocher le plus possible de la vérité, car c'est elle qui nous importe et rien d'autre..

Et mon sentiment dans tout ça me direz vous? et bien justement ma position c'est, pour l'instant, de lire et d'essayer de comprendre et surtout de ne pas juger, de ne pas me laisser emporter par la passion aveugle...

Il ne fait aucun doute que la Chine est un pays où les Droits de l'Homme sont bafoués (comme dans de très nombreux pays d'ailleurs, y compris la France... ) c'est la raison pour laquelle j'ai besoin de mes deux yeux pour voir et de mes deux oreilles pour entendre....sans haine aucune..

Au fait, que recherchons nous réellement, la facilité ou la vérité ?

Birmanie, Tibet.. au fait que recherchons nous, la facilité ou la Vérité



Le Tibet ne doit pas être victime de notre émotion...

L’émotion obscurcit l’esprit... Beaucoup, pour diverses raisons, ont un attachement pour les Tibétains et le Tibet lui même, il n’y a pas de mal à cela... Mais nous devons éviter la révolte aveugle... Agir pour le Tibet c’est agir fermement et sans émotions... Une action inappropriée se retournera fatalement contre les Tibétains eux mêmes...

Dénigré par la Chine, le Dalai Lama est adulé par l’occident, c’est comme un jeu de miroir... Et ce jeu de miroir m’inquiète...

Agir pour le Tibet c’est clarifier notre esprit, le libérer de l’émotion...

LIRE sur Karuna : Le Tibet, deux fois victimes?

vendredi 28 mars 2008

TIBET : Appel des Tibétologues à Hu Jintao



Les universitaires spécialistes du Tibet les plus réputés, bouleversés par les troubles survenus au Tibet ont adressé une requête au Président Hu Jintao et au gouvernement chinois, la voici :



Monsieur le Président,

Au cours des deux dernières semaines, le monde a été témoin d’une explosion de protestations sur le plateau tibétain souvent suivies d’une répression cruelle et violente.

Dans la plupart des cas ces protestations étaient pacifiques. La conséquence a été un nombre inconnu d’arrestations et la perte de nombreuses vies, pour la très grande majorité tibétaines. Naturellement, ceci a déclenché inquiétude et angoisse dans le monde.

En tant qu’étudiants menant des études de Tibétain, nous sommes particulièrement troublés par ce qui se passe. La civilisation que nous étudions n’est pas simplement un sujet de recherche académique : il s’agit de l’héritage et l’œuvre d’un peuple vivant et l’un des grands legs culturels mondiaux. Nous exprimons notre profonde peine pour les décès horribles d’innocents, Chinois comme Tibétains. La vie a été modifiée par le pire dans des endroits que nous connaissons bien, la tragédie est entrée dans la vie de personnes bien connues de nous. Au moment même où cette déclaration est rédigée, les arrestations se poursuivent et des tirs sont rapportés y compris par ceux impliqués dans des manifestations pacifiques, les accusés connaissent une justice sommaire sans vrai procès ni droits fondamentaux, et d’innombrables autres sont obligés de reprendre des slogans politiques et dénonciations de leur chef religieux.

Faire silence face à ce qui se passe au Tibet n’est plus possible. Actuellement la suppression de la dissidence politique semble être le principal objectif des autorités dans toutes les régions tibétaines de Chine, qui ont été isolées du reste de la Chine et du reste du monde, mais de telles actions n’élimineront pas la profonde injustice à laquelle les Tibétains donnent voix. En tant qu’étudiants, nous avons un droit acquis à la liberté d’expression. La violation de cette liberté fondamentale et la criminalisation de ces opinions que le gouvernement chinois a du mal à entendre sont contreproductives. Elles contribueront à l’instabilité et à la tension, pas à leur diminution.

Le problème ne réside pas dans le refus des Tibétains de connaître des limitations à leurs parole et expression, qu’aucun d’entre nous n’accepterait. La question n’est pas dans ce que disent les Tibétains, mais il s’agit de la manière de les écouter et de leur répondre.

L’attribution des troubles actuels au Dalaï Lama représente une répugnance de la part du gouvernement chinois à reconnaître et à combattre les manques politiques qui sont certainement la véritable cause du mécontentement populaire. La continuelle diabolisation du Dalaï Lama par le gouvernement qui va beaucoup plus loin que n’importe quel discours type accepté par la communauté internationale, ne sert qu’à alimenter l’aliénation et la colère tibétaines. Une situation a été créée qui ne peut que rencontrer réprobation la plus forte de la part de ceux d’entre nous qui ont dédié leur vie professionnelle à comprendre le passé et le présent du Tibet ; sa culture et sa société. En fait, la situation a largement généré un choc aussi bien à l’intérieur et à l’extérieur de la Chine, et nous écrivons en totale sympathie avec la pétition en 12 points proposée le 22 mars par un groupe d’écrivains et intellectuels chinois.

Donc, nous demandons l’arrêt immédiat de l’utilisation de la force contre les Tibétains en Chine. Nous appelons à l’arrêt de la disparition de l’opinion tibétaine, quelle que soit la forme prise par cette disparition. Et nous en appelons à la reconnaissance manifeste du droit intégral à la liberté de parole et d’expression garantie par les textes internationaux et les règles reconnues des Droits de l’Homme pour les Tibétains et tous les citoyens de la Chine.


Source : Tibet-info

jeudi 27 mars 2008

Paroles d'Ajahn Chah à propos de la pratique de la meditation (suite)



Apprendre au sujet de la pratique, c’est pratiquer dans le but d’apprendre.


Lorsque vous êtes indolents, que vous vous sentez paresseux, vous devez aussi pratiquer ; pas seulement quand vous êtes en forme et dans de bonnes dispositions. C’est cela que nous a enseigné le bouddha. Si nous suivions nos penchants, nous ne pratiquerions que lorsque nous nous sentons bien.

Comment espérer obtenir quoi que ce soit en pratiquant de la sorte ? Comment pourrons-nous couper le courant de nos formations mentales si nous pratiquons seulement au gré de nos lubies ?


Voir par nous même

Quoi que nous fassions, nous devons voir par nous-mêmes. Lire des livres seulement ne produira jamais rien. Les jours vont passer, mais vous ne verrez rien, vous ne comprendrez rien.

Apprendre au sujet de la pratique, c’est pratiquer dans le but d’apprendre.


Laisser apparaître et disparaître toutes choses

Bien sûr qu’il y a des dizaines de techniques de méditation, mais toutes ont un point commun : laisser apparaître et disparaître toutes choses. Passez au-delà, là où tout est calme, hors des combats.

Pourquoi n’essayeriez-vous pas ?


Se contenter de réfléchir au sujet de la pratique, c’est comme foncer sur l’ombre et manquer la cible.


Votre cœur vous dit ce que vous avez à faire.

Alors que je n’avais pratiqué que quelques années, je ne pouvais pas me fier seulement à moi-même. Mais avec davantage d’expérience, j’ai appris à me fier à mon cœur.

Quand vous avez cette compréhension profonde, quoi qu’il arrive, vous pouvez le laisser venir, tout chose apparaît, puis passe son chemin. Vous avez atteint le point où votre cœur vous dit ce que vous avez à faire.



Dans la pratique de la méditation, il est en fait pire d’être englué dans un état de calme que d’être tiraillé par l’agitation, car vous voudrez échapper à l’agitation, alors que vous aurez tendance à vous complaire dans le calme et ne pas aller plus loin.

Quand le bienheureux état de clairvoyance naît de la pratique de la méditation intérieure, ne vous y attachez pas!




La méditation ne concerne que l’esprit et les sensations.

Il n’y a rien après quoi vous devez courir ou pour lequel vous devez vous battre. La respiration se poursuit pendant que vous travaillez. La nature prend soin des processus naturels. Tout ce que nous avons à faire, c’est de rester attentif, aller en nous-même afin d’avoir une vision claire.

Voilà ce qu’est la méditation.



Quand la pratique n’est pas correcte, il n’y a pas de pleine conscience.


Ne pas avoir cette pleine conscience, c’est comme être mort. Demandez-vous si vous aurez le temps de méditer lorsque vous serez au seuil de la mort. Demandez-vous plutôt en permanence : « Quand vais-je mourir ? ». Si vous vous interrogez de la sorte, vous serez attentif à chaque seconde, la pleine conscience sera toujours présente. Voyant toutes choses telles qu’elles sont, la sagesse apparaîtra. La pleine attention permet à l’esprit de voir chaque sensation au moment où elle parait, nuit et jour…


Quels sont Les fondamentaux de notre pratique ?

Les fondamentaux de notre pratique sont : d’abord, être honnête et droit ; ensuite, se méfier des actions incorrectes ; enfin, être posé et savoir se contenter de peu. Si vous savez être modéré dans vos propos et dans tous les autres domaines, alors vous pourrez vous voir tel que vous êtes, vous ne serez plus distraits. L’esprit aura alors comme fondation : la vertu, la concentration, et la sagesse.


Il n’y a absolument rien.

Au début, vous vous dépêchez d’aller de l’avant, vous dépêchez de revenir en arrière, vous dépêchez de vous arrêter. Et vous allez continuer à pratiquer de la sorte jusqu’à ce que vous touchiez le point où il semble qu’avancer ne mène à rien, que reculer n’avance à rien, ni s’arrêter d’ailleurs ! C’est fini.

Pas d’arrêt, pas d’aller, pas de revenir. C’est fini ! Juste là, vous allez voir qu’il n’y a absolument rien.




Rappelez-vous : vous ne méditez pas pour obtenir quoi que ce soit, mais pour être débarrassé de tout.

Vous le faire avec pour seul désir, celui du lâcher-prise.

Si vous « voulez » quelque chose, vous ne le trouverez pas !


C’est vous qui devez voir la Vérité.

Le cœur de l’Enseignement est assez simple, en fait. Pas la peine de se perdre dans de longues explications. Laissez aller l’amour et la haine, laissez être ce qui passe. Toute ma propre pratique se résume à cela.

Poser des questions erronées démontre que vous êtes encore dans le doute. Parler de la pratique est une bonne chose, si cela peut vous aider à atteindre la vision intérieure.

Mais rappelez-vous que c’est vous qui devez voir la Vérité.

Source : Ajahn Chah -extrait de “No Ajahn Chah” -traduction par isara

Un grand merci à isara pour ses traductions




mardi 25 mars 2008

Paroles d'Ajahn Chah à propos de la pratique de la meditation

Merci à Eliane pour la photo



Si vous souhaitez être là pour rencontrer le prochain Bouddha, la seule chose que vous ayez à faire, c’est de ne pas méditer. En ne pratiquant pas, vous aurez alors toutes les chances d’être encore là pour le voir, le jour où il reviendra !


Quand envisagerez vous sérieusement la pratique de la méditation ?

J’ai entendu des gens dire : « Oh, cette année n’a pas été bonne pour moi ». Je leur demande : « Que vous est-il arrivé ? ». Il me répondent : « J’ai été malade toute l’année. Impossible de méditer du tout ! »

Bah ! Que dire : si ils ne peuvent pas pratiquer lorsqu’ils sont proches de la mort, quand pratiqueront-ils ? La vérité, c’est qu’ils restent perdus dans l’habitude et les réjouissances. Même dans la souffrance, ils persistent à ne pas vouloir méditer. Je me demande quand les gens envisageront sérieusement à pratiquer la méditation.



Ne pas pratiquer, c'est être aveugle

Je vous ai déjà expliqué la routine et les règles du monastère. Ne passez pas outre ces règles établies. Celui qui ne les respecte pas est une personne qui est venu sans la véritable intention de méditer. Comment une telle personne peut-elle espérer avoir un quelconque révélation ? Même si elle dormait près de moi chaque jour, elle ne me verrait pas. Même si elle dormait près du Bouddha, elle ne le verrait pas, si elle ne pratique pas.


Pratiquer dans toutes les positions

Ne pensez pas que c’est seulement en étant assis les yeux fermés que l’on médite. Si c’est ce que vous pensez, alors je vous demande de changer d’avis. La bonne pratique est de garder la pleine conscience dans toutes les positions, étant assis, marchant, en se tenant debout et en s’allongeant.

Lorsque que vous vous quittez la position assise, ne pensez pas que vous cessez de méditer, mais seulement que vous changez de posture. Si vous pouvez pratiquer de la sorte, alors vous garderez la paix en vous. Où que vous alliez, vous devez maintenir cette forme de pratique. Vous devez maintenir cette attention stable à vous-même.


Vous n'êtes pas le Bouddha

« Aussi longtemps que je n’aurai pas atteint l’Eveil Ulltime , je ne me lèverai pas de cet endroit, même si mon sang se dessèche. ». En lisant ces phrases dans les livres, vous pourriez avoir envie d’essayer par vous-même. Vous pourriez essayer de faire comme le Bouddha.

Mais vous n’avez pas compris que vous n’avez qu’une toute petite voiture, alors que celle de Bouddha était vraiment très grosse. Lui pouvait faire le parcours d’une seule traite. Mais vous avec votre pauvre petite voiture, comment pouvez-vous envisager de faire ce chemin d’une traite ? Vous n’êtes pas dans la même catégorie !


Il n'y a pas d'endroit idéal pour pratiquer, hormis l'endroit où vous êtes déjà...

Je suis allé dans bien des lieux pour trouver l’endroit idéal pour méditer. Je n’avais pas compris que c’était déjà là, dans mon cœur.

Toute la méditation est déjà en nous. La naissance, la vieillesse, la maladie et la mort sont déjà là, en nous. Je suis allé partout jusqu’à être sur le point de mourir d’épuisement. C’est alors, quand je me suis arrêté, que j’ai trouvé ce que je cherchais… c’était en moi.


La Fin de la souffrance, ce n'est pas le bonheur

Nous ne méditons pas pour voir le paradis, mais la fin de la souffrance.


Ne vous attachez pas

Ne vous attachez pas aux visions ou aux lumières que vous pouvez voir lors de la méditation, ne vous exaltez pas à leur sujet. Qu’ont-elles de si fantastiques, ces lumières ? Ma lampe de poche en fait autant ! Ces visions ne vous conduirons pas vers la fin de la souffrance.


Quand vous êtes assis en méditation, dites : « C’est pas mon problème ! » en réponse à tout ce qui se présente.


Ne pas pratiquer, c'est être sourd

Sans la méditation, vous restez aveugles et sourds.

Le Dhamma n’est pas si facile à voir. Vous devez méditer pour voir ce que vous n’avez jamais vu. Est-vous né professeur ? Non, vous avez dû apprendre pour le devenir.

Un citron est amer seulement quand vous l’avez goûté.



*Les sous titres ne sont pas dans le texte initial ni dans la traduction d'isara.
Source: Extrait de “No Ajahn Chah” traduction par isara

TIBET : TEMOIGNAGE D'UN MOINE TIBETAIN



Témoignage d’un moine tibétain du Sichuan

Les témoignages de Tibétains sont rares puisque les zones de tension sont interdites aux journalistes. Aujourd’huilachine a rencontré un jeune moine, originaire de la préfecture tibétaine de Ganzi dans le Sichuan. Il se trouve actuellement dans une grande métropole chinoise mais il a voulu garder l’anonymat le plus complet.


Comment vous obtenez des informations sur ce qu’il se passe chez vous ?

C’est très difficile, nos conversations sont surveillées et souvent coupées. J’arrive de temps en temps à appeler les miens. Même ici, il faut faire attention, la police nous a à l’oeil, et c’est pour ça que je dois garder l’anonymat, pour protéger les miens qui sont restés là-bas.


Quelle est la situation dans votre monastère ?

Le lendemain des émeutes de Lhassa, le samedi 15 mars, un moine de mon monastère a été arrêté par la police, après avoir téléphoné en Inde.

Rapidement, les 200 moines du monastère sont sortis en direction de la ville de Ganzi à quelques kilomètres, rejoints en chemin par une cinquantaine de villageois. Ils entendaient se rendre devant le bâtiment de la Sécurité Publique pour réclamer la libération de leur condisciple. À mi-chemin, ils ont été bloqués par une unité de l’armée. Elle comportait également un véhicule blindé surmonté d’une mitrailleuse. Les soldats étaient également armés. Ils ont tracé une ligne blanche sur le sol en précisant que toute personne qui franchirait cette ligne serait abattue sur le champ. Les moines ont protesté qu’ils ne manifestaient pas pour l’indépendance mais souhaitaient simplement réclamer la libération de leur ami arrêté sans raison. « Ce sont des ordres d’en haut. Nous avons ordre de tirer ».

Chez nous, on respecte profondément la parole des anciens, alors sur les conseils de vieux moines présents, ils ont rebroussé chemin vers la lamasserie, en précisant qu’ils reviendraient le lendemain réclamer pacifiquement le prisonnier.

Mais le lendemain, le monastère était cerné par les militaires, armes au poing et donc, depuis le 16 mars, personne n’a été autorisé à en sortir. Le moine a été relâché ultérieurement, je ne sais pas quand.


Y a-t-il eu des troubles dans la ville de Ganzi ?

Oui, mais très brièvement. Le lundi suivant, le 17, les habitants sont descendus manifester dans les rues. Sans sommation, l’armée a tiré au hasard dans la foule, tuant trois personnes : un vieux monsieur que je connais, un homme d’âge moyen et un autre très jeune. Effrayée, la foule s’est dispersée immédiatement.

La manifestation était composée uniquement d’habitants de Ganzi et des villages environnants, parce que les moines étaient déjà enfermés dans leur monastère. Actuellement, ils sont encore bloqués à l’intérieur, ce sont les familles des moines qui leur apportent des vivres.


Que s’est-il passé ensuite ?

Le jour suivant, les soldats sont arrivés en masse à Ganzi. Mon père a vu un convoi de 50 camions militaires arriver, ainsi que deux ou trois tanks. Ils se sont déployés dans les rues, il y a des check points à tous les carrefours, personne ne peut sortir de chez soi sans sa carte d’identité.

Il faut savoir que peu de Tibétains sont en possession de papiers d’identité, la police fait toujours traîner les choses pour nous les délivrer. Alors beaucoup de gens sont confinés chez eux, dans l’impossibilité de sortir dans la rue.

Quelques jours après, tous les habitants ont été convoqués pour une réunion politique. Les dirigeants de la ville étaient présents. Ils ont commencé par dire que nous étions libre de pratiquer notre religion. Puis, ils ont critiqué durement le Dalaï Lama, et ont réitéré l’interdiction de posséder la moindre image de Sa Sainteté. Ils ont également prévenu que la répression serait sévère si des troubles se reproduisaient.


Vous avez étudié plusieurs années en Inde, vous avez pu obtenir facilement un passeport ?

Non, cela a été très difficile. Ils ne veulent pas délivrer de passeports aux moines. Alors pour avoir une chance d’en obtenir un, il faut se laisser pousser les cheveux et s’habiller en civil.

Parfois, ils nous demandent de fumer des cigarettes devant eux, pour être sûrs que nous ne sommes pas des moines…Ceux qui quittent le pays clandestinement, moines ou civils, prennent de gros risques.

Lorsque j’étais au Népal, il y a trois ans, je suis allé accueillir un groupe de fuyards à la frontière. Ils étaient partis à cent et ont été attaqués. On leur a tiré dessus comme des animaux et la moitié d’entre eux sont morts. Parmi les morts, il y avait aussi des vieux, des femmes et des enfants. Les survivants étaient très marqués en arrivant au Népal. Nous avons essayé de les réconforter, tout le monde pleurait…


Quels sont les contrôles exercés sur les moines et les monastères en règle générale ?

En ce moment, bien sûr, tous les téléphones sont écoutés. Mais en temps ordinaire nous sommes aussi très surveillés. La police entre et sort comme elle le souhaite.

Nous avons le droit d’organiser des cérémonies importantes, les Puja, mais à chaque fois, la police s’invite en grand nombre. Les Puja dédiés au Dalai Lama sont interdits. S’ils trouvent une photo de lui, nous sommes passibles d’une amende et ils confisquent la photo, quand ils ne la jettent pas dans les toilettes. C’est très blessant, car nous portons tous le Dalaï lama dans notre cœur.

Vous savez, dans le bouddhisme, chaque monastère reçoit régulièrement des « Bouddhas vivants » pour recueillir leur enseignement. Ils viennent de l’étranger ou d’autres localités du Tibet. C’est toujours très difficile de les faire venir. Pour y arriver, il faut verser de gros pots-de-vin aux autorités locales. En plus, les Bouddhas vivants doivent signer un papier disant qu’ils renient le Dalai Lama et sa clique….Mais Sa Sainteté a dit qu’il fallait signer, que ce n’était qu’une simagrée, l’important, c’est ce qu’on pense dans son cœur.

Je connais un vieux moine, il était parti étudier en Inde plusieurs années. À son retour cette année, il a été jeté en prison, sans explication et sa famille n’a pas été avertie. Ils ne l’ont relâché que très récemment, au bout de cinq mois et après versement de 1000 yuans (100 euros) à la police. Il en est ressorti tout sourire et a déclaré : « C’était une aubaine. J’ai enfin eu le temps de méditer autant que je le souhaitais ! »

D’autre part, nos demandes pour rénover ou agrandir les lieux de culte n’aboutissent jamais. Dans mon monastère, nous voulons créer un petit hôpital, car les conditions sanitaires de la population sont très précaires. Mais ils ne nous en délivrent pas l’autorisation.


La pression est forte, mais peut-on vraiment parler de génocide culturel au Tibet ?

L’anéantissement de la culture est bien réel et commence par l’école. Il est interdit d’envoyer les enfants étudier dans les monastères, sous peine d’amende sévère.

À l’école publique, on critique le Bouddhisme et les traditions tibétaines, et on ne parle que le chinois. En plus, l’école est payante, c’est très cher pour les populations pauvres de Ganzi. Vous vous rendez compte, il faut compter 600 yuans ( 60 euros) par semestre pour aller au collège public. Pour des paysans pauvres, c’est plus que leur revenu…Alors beaucoup d’enfants ne vont pas à l’école, c’est très grave.

Les Tibétains n’ont pas la parole dans la gestion des affaires locales car tous les cadres d’importance sont d’ethnie Han. Quant aux Tibétains qui décrochent un emploi gouvernemental, y compris les médecins et professeurs, ils doivent renier leur culture bouddhiste. Ils n’ont pas le droit d’avoir la moindre statue de bouddha ou le moindre tanka chez eux sous peine d’être licenciés. C’est quelque chose de très douloureux.

Source : Aujourd'hui la Chine

lundi 24 mars 2008

TIBET : COMMUNIQUE DU DALAÏ LAMA


Communiqué du 18 mars


Je tenais à profiter de cette occasion pour exprimer ma profonde gratitude auprès des dirigeants et de la communauté internationale, pour avoir exprimé leur préoccupation au sujet des événements qui ont eu lieu ces derniers jours au Tibet et pour leurs tentatives afin de persuader les autorités chinoises d’agir avec retenue face aux manifestations.

Puisque le gouvernement chinois m’a accusé d’être à l’origine de ces manifestations de protestations au Tibet, j’appelle à la constitution d’une mission d’enquête qui comprendra également des représentants chinois afin de vérifier le bien fondé de ces accusations.

Cette mission devrait pouvoir se rendre au Tibet ainsi que dans toutes les autres zones de populations tibétaines à l’intérieur comme à l’extérieur de la Région Autonome du Tibet, mais également auprès de l’administration centrale tibétaine en Inde. Il serait extrêmement utile, afin de connaître la véritable situation sur le terrain au Tibet, que les médias internationaux prennent part à cette mission d’enquête, d’autant plus que la communauté internationale et particulièrement plus d’un milliard de Chinois n’ont pas accès à des informations non censurées.

Je pense qu’une certaine forme de génocide culturel, intentionnellement ou non intentionnellement, a lieu au Tibet car l’identité tibétaine a constamment été attaquée. Les Tibétains sont réduits à une minorité insignifiante sur leur propre sol, à cause des transferts massifs de populations non tibétaines au Tibet. Le patrimoine culturel du Tibet, caractérisé par sa propre langue, ses coutumes et ses traditions, est en train de disparaître. Au lieu d’œuvrer pour l’unité des nationalités, le gouvernement chinois pratique des discriminations contre les minorités nationales dont les Tibétains.

Il est connu que tous les monastères tibétains, principaux centres d’apprentissage et trésors de la culture bouddhique tibétaine, voient leurs activités et leurs effectifs fortement réduits. Dans les monastères qui fonctionnent toujours, l’étude sérieuse du bouddhisme tibétain n’est plus autorisée. Et en réalité, le recrutement dans ces centres d’apprentissage est strictement réglementé. Bref, la liberté religieuse n’existe pas au Tibet. Même le simple fait de demander un peu plus de liberté risque d’être considéré comme séparatiste. Il n’y a pas non plus d’autonomie réelle au Tibet, même si ces droits fondamentaux sont inscrits dans la Constitution chinoise.

Je considère que toutes les manifestations et protestations qui ont lieu actuellement au Tibet sont l’expression spontanée des ressentiments dus aux années de répression par les autorités chinoises qui ne respectent pas le sentiment des populations locales. Les autorités chinoises croient à tort que les mesures répressives sont le moyen pour atteindre leurs objectifs d’unité et de stabilité.

Quant à nous, nous réaffirmons notre engagement pour l’approche de la voie médiane et nous poursuivons le processus de dialogue visant à trouver une solution mutuelle bénéfique au problème tibétain. J’appelle donc la communauté internationale à soutenir nos efforts pour résoudre le problème du Tibet par le dialogue. Je lui demande d’appeler les dirigeants chinois à agir avec une grande retenue face à la situation actuelle et à bien traiter les personnes qui ont été arrêtées.

VISITE AU PAYS DU DHAMMA



Pierru, du site dhammapiti nous offre un petit film :

"J'ai réalisé un petit film de 25 mn sur la Birmanie et ses sites Bouddhiques, tels que la vallée de Bagan, Mandalay (le monastère Mahamuni, Kuthodaw, Inwa), et Yangon (la paya Shwedagon). Des versets du Dhammapada sont inclus dans la vidéo, ainsi qu'une petite interview du Bhikkhu U Sujata, responsable des yogis au centre de méditation Chanmyay Yeiktha à Yangon "


"Le tournage a eu lieu en Décembre 2006, le montage en mars 2008."


TELECHARGER directement le fichier ".torrent" : ICI

Source : dhammapiti


  • Et Pour rappel, le film "DELIVRANCE" du moine franco-suisse Dhamma Sami LA

dimanche 23 mars 2008

PAROLES D'AJAHN CHAH A PROPOS DU DHAMMA




Comment le Dhamma nous enseigne-t-il le juste chemin ?


Il nous apprend comment vivre. Il a de nombreuses manières pour nous le montrer : dans les rochers, dans les arbres ou juste en face de nous. C’est un enseignement, mais sans mots.

Calmez votre esprit, votre cœur et apprenez à regarder. Vous verrez alors le Dhamma dans son entier, à vous révélé, ici et maintenant. Où et quand pourriez-vous regarder, ailleurs qu’ici et maintenant ?


Comprendre le dhamma

D’abord, vous comprenez le Dhamma avec votre pensée. Puis, si vous commencez à le comprendre, vous allez le pratiquer. Et si vous le pratiquez, vous commencerez à le voir : vous êtes le Dhamma et vous connaissez la joie du Bouddha.


Le Dhamma doit être trouvé en soi-même

Le Dhamma doit être trouvé en soi-même, dans son cœur, et voir ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas, ce qui est équilibré et ce qui ne l’est pas.


La magie du dhamma

La seule magie qui soit réelle, c’est la magie du Dhamma. Toute autre forme de magie n’est qu’une illusion comme un jeu de carte truqué. Elle nous distrait du véritable jeu : notre relation à la vie humaine, à la vie, à la mort et à la liberté.


Tout est dhamma

Tout est Dhamma pour qui sait rester dans la pleine conscience. Quand nous voyons des animaux qui tentent d’échapper au danger, nous voyons qu’ils sont comme nous. Ils fuient la souffrance pour courir vers le bonheur. Ils ont peur aussi. Ils craignent pour leur vie tout comme nous.

Quand nous voyons avec le regard juste, nous voyons que les animaux et les humains ne sont pas différents. Nous sommes tous compagnons dans la naissance, le vieillissement, la maladie et la mort.


Le Dhamma, ce n’est pas quelque chose de lointain.

Le Dhamma, ce n’est pas quelque chose de lointain. Il est là, avec nous.

Le Dhamma n’a rien à voir avec les anges dans le ciel ou n’importe quoi de ce genre. Il nous concerne, il concerne ce que nous faisons ici, en ce moment. Il suffit de vous observer vous-même. Parfois, il y a de la joie, et parfois il y a de l’insatisfaction. Par moment vous vous sentez bien, et d’autres où vous souffrez… c’est cela le Dhamma.

Pouvez-vous voir cela ? Pour connaître ce Dhamma, il vous suffit de lire vos expériences.


Rester en contact avec le dhamma

Le Bouddha nous a demandé de rester en contact avec le Dhamma, mais les gens sont en contact avec les mots, les livres et les écritures.

Ce contact est une connaissance « à propos du » Dhamma ; ce n’est pas entrer en contact avec le Dhamma réel, tel qu’enseigné par notre Grand Maître.

Comment les gens peuvent-ils prétendre qu’ils pratiquent bien et de manière juste, s’ils se contentent de pratiquer ainsi. Ils sont vraiment loin de la bonne pratique.


Ecouter Le Dhamma

Lorsque vous écoutez le Dhamma, vous devez ouvrir votre cœur et vous positionner au centre de celui-ci.

N’essayez pas d’accumuler tout ce que vous entendez ou de faire des efforts surhumains pour tout retenir dans votre mémoire.

Laissez simplement le Dhamma couler dans votre cœur et resté en permanence ouvert à ce flot, dans le moment présent.

Ce qui doit être retenu le sera et cela se produira selon à son propre rythme ; non grace à un effort volontariste de votre part.


Enseigner le Dhamma

De même, lorsque vous exposez le Dhamma, vous ne devez rien forcer. Cela doit se produire de soi-même et couler spontanément du moment présent et des circonstances.

Les gens ont différents niveaux de capacité réceptive, et quand vous êtes là, au même niveau, alors cela se produit, le Dhamma jailli.

Le Bouddha avait la capacité de connaître le caractère de chacun et sa capacité de compréhension. Il utilisait toujours la même méthode d’enseignement spontané. Il ne possédait aucun don surnaturel, mais il était simplement réceptif aux besoins spirituels des gens qui venaient à lui, et il enseignait en conséquence.


Remarques : les sous titres ne sont pas dans le texte original
Source : extrait de “No Ajahn Chah”- traduction par isara

samedi 22 mars 2008

Messages du Dalai Lama et de Sitou Rinpoche



Quelle que soit votre vénération pour les maîtres tibétains
et votre amour pour le peuple tibétain,
ne dites jamais de mal des Chinois.
Le feu de la haine ne s’éteint que par l’amour
et, si le feu de la haine ne s’éteint pas,
c’est que l’amour n’est pas encore assez fort.

(le XIVème DalaiLama)



Message de son éminence Sitou Rinpoche :

A la lumière des terribles nouvelles de la tragédie humaine qui se déroule actuellement au Tibet, le 12ème Khentin Tai Situpa a demandé immédiatement aux moines, nonnes ainsi qu’à la communauté laïque du siège monastique de Palpung Shérabling de prier pour chaque personne touchée par ce conflit.

« chaque personne et chaque être sensible souhaite le bonheur et personne ne désire souffrir .

Le seul but des enseignements du Seigneur Bouddha est de réaliser ce souhait. Il est donc de notre devoir comme disciples du Bouddha de prier et de rechercher la bénédiction du Buddha pour la même chose. Je vous demande à tous de prier très sincèrement pour tous ceux qui ont perdu leurs vies et pour ceux qui sont blessés ainsi que pour ceux qui souffrent au Tibet. Parce que cela arrive en ce moment, je vous demande aussi d’inclure tous les autres êtres humains et toutes nos mères, les êtres sensibles ailleurs en ce monde et au-delà. »

Les prières en cours incluent 100 000 prières à TARA ( Mère de Compassion) et un rassemblement spécial pour la prière de Souhaits (supplique sacrée des grands Boddhisatvas). Une offrande supplémentaire de 10 000 lampes à beurre a été conduite dans la cour principale du principal complexe monastique dans la soirée du 19 mars 2008.


  • TIBET au jour le jour : ICI

Paroles d'Ajahn Chah à propos du Kamma



La compréhension juste du kamma

Quand ceux qui ne comprennent pas le notion de kamma agissent mal, ils regardent tout autour d’eux pour être sûr que personne ne les voit. Mais votre kamma est toujours à vous observer Nous ne pouvons pas y échapper.


Les bonnes et les mauvaises actions

Les bonnes actions apportent de bons résultats, les mauvaises entraînent des résultats négatifs.

Ne vous attendez pas à ce que les dieux vous viennent en aide, ni les anges, ni vos bons génies protecteurs, ni votre bonne fortune. Rien de ceci n’est réel, ne vous fiez pas.

Si vous prêtez foi en cela, vous allez souffrir. Vous allez sans cesse attendre le bon jour, le bon mois, la bonne année, ou votre ange gardien. Vous ne pouvez que souffrir en espérant de la sorte.

Examinez vos actions et vos paroles, examinez votre kamma : agir correctement vous apportera des bienfaits, agir incorrectement ne vous apportera rien de bon.


La pratique juste

Au travers de votre pratique juste, vous permettez à votre ancien kamma de remonter à la surface. Vous pourrez voir les choses émerger, puis s’en aller ; vous devez seulement en être conscients et les laisser poursuivre leur chemin.

C’est comme si vous aviez deux arbres : vous mettez de l’engrais au pied du premier et vous l’arrosez régulièrement; mais vous ne prenez aucun soin du second. Cela ne fait pas de doute : l’un va profiter et grandir, pendant que l’autre dépérira.


Un bon kamma

Nombreux sont, parmi vous, ceux qui ont parcouru de milliers de kilomètres depuis l’Amérique, l’Europe ou d’autres lieux tous aussi éloignés pour venir entendre le Dhamma ici, au monastère de Nong Pah Pong.

Pensez que vous venez de si loin et que vous vous êtes donnés tant de mal pour être ici, alors qu’il y a des gens qui vivent tout près, de l’autre coté du mur du monastère et qui n’ont encore jamais franchi la porte… Cela vous fera mieux apprécier ce qu’est un bon kamma, n’est-ce pas ?


Faire face à vous même où que vous alliez

Lorsque vous commettez une action incorrecte, il n’y a nulle part où vous pouvez allez vous cacher.

Même si d’autres ne peuvent vous voir :vous devez faire face à vous-même. Combien même, vous réfugieriez-vous au fond d’un trou profond, vous vous y retrouveriez avec vous-même.

Il n’y a aucune possibilité pour que vous commettiez une action incorrecte, sans en subir les conséquences. Il en est ainsi pour les actions positives. Pourquoi ne pas voir de la même manière, vos actions justes ? Voyez tout de la même manière : la paix et l’agitation, les chaînes et la libération ; voyez tout ceci en vous-même.

Remarque : les sous titres ne sont pas dans le texte original, je les ai ajouté pour plus de clarté
Source : extrait de “No Ajahn Chah” traduction par isara



En savoir plus sur le KAMMA. Lire sur ce blog :

lundi 17 mars 2008

Les Bouddhistes de France "desapprouvent l'usage de la force" au Tibet



L'UBE avait apporté son soutien aux moines et au peuple Birman, aujourd'hui elle désapprouve l'usage de la Force au TIBET

L'union bouddhiste de France (UBF) désapprouve "fermement et totalement l'usage de la force contre la population civile et la communauté monastique tibétaine" dans un communiqué diffusé lundi.

Elle "exhorte les autorités chinoises à la plus grande retenue et à la non-violence dans le règlement de cette crise, sachant que le monde entier est le témoin consterné de ces exactions".

L'UBF appelle toutes les religions "à se rejoindre dans la prière et la méditation pour qu'aboutisse le plus rapidement possible un règlement pacifique à cette crise" et annonce qu'elle "soutiendra sans ambiguïté toutes les actions et manifestations pacifiques qui pourront de près ou de loin aider à apaiser les souffrances du peuple tibétain et de sa communauté religieuse".


  • TIBET EN SOUFFRANCE : Suivre L'ACTUALITÉ (mise à jour régulièrement) sur mon autre blog : ICI



TIBET : Les moines sont-ils le moteur de la revolte tibétaine



Jean-Paul Ribes, fondateur du Comité de soutien au peuple tibétain (CSPT) et proche du dalaï-lama explique le rôle important que jouent les moines et les moniales bouddhistes dans les manifestations anti-chinoises au Tibet

« Ce qui est étonnant, c’est qu’environ 500 à 600 moines bouddhistes tibétains aient ouvertement décidé, suivis de laïcs, de se rendre la semaine dernière, mardi 11 mars, devant le temple-cathédrale de Lhassa, Jokhang, pour y faire des prières pacifiques, en souvenir du 10 mars 1959, une date traditionnelle pour les Tibétains. Il s’agit de la commémoration du soulèvement, noyé dans le sang, de Lhassa, la capitale, contre l’occupation du Tibet par la Chine.

C’est la première fois depuis le 10 mars 1989 que les moines ont repris ces manifestations de prière. Ces émeutes s’étaient soldées par la mort de 300 Tibétains et des centaines d’arrestations. Certes, la perspective des Jeux olympiques de Pékin a fait que les moines tibétains ont choisi de manifester, exaspérés depuis cinq mois de la montée de la répression à leur encontre.

La surveillance policière est constante, comme les contrôles ; ils sont contraints de subir, les uns après les autres, « une rééducation patriotique ». Cela a commencé le 17 octobre, dès que leur guide spirituel le dalaï-lama a reçu à Washington la « médaille d’or » du Congrès américain et rencontré le même jour le président George W. Bush.


Les détenus d’opinion au Tibet sont des moines

Cette répression s’est accentuée après que le dalaï-lama s’est entretenu avec la chancelière allemande, Angela Merkel, et les premiers ministres canadien et australien. Tous ont demandé que la Chine fasse un effort pour l’ouverture d’un dialogue sur l’autonomie du Tibet sur le respect de la culture, de la civilisation, de l’environnement tibétain, dans un système démocratique.

Si les moines tibétains sont en ligne de mire, c’est qu’ils « sont » la population, comme en Birmanie. Ils viennent de toutes les catégories sociales. Il y a, dans les monastères, des paysans, des nomades, des commerçants, des fonctionnaires, des cadres. Depuis des décennies, les détenus d’opinion au Tibet sont des moines.

Traditionnellement, il y avait dans chaque famille un fils qui allait au monastère « pour éclairer la famille ». Ces moines faisaient le vœu, et font toujours le même, d’abandonner tous leurs liens personnels et familiaux au profit d’un lien avec tous les êtres. Ils ne font pas de politique, ils sont solidaires de la population.

Les autorités chinoises redoutent une contagion

À la différence de la Birmanie, il y a de nombreuses femmes, des moniales bouddhistes, dans les couvents tibétains. La crainte des autorités chinoises, c’est qu’à nouveau, comme en 1989, on assiste à une étendue de ces manifestations dans tout le Tibet mais aussi dans les régions tibétaines incluses dans les provinces chinoises. C’est d’ailleurs déjà le cas.

Ce sont ces provinces qui, les premières, ont bougé. En même temps, les autorités chinoises redoutent une contagion de ces manifestations en Chine, comme cela s’était produit en 1989. Ainsi les événements de Tian An Men avaient eu lieu juste deux mois après les manifestations pacifiques de Lhassa au Tibet.

Les autorités chinoises font donc du zèle, et choisissent la répression. Elles auraient pu faire un geste, avant les JO dont le dalaï-lama ne demande pas l’annulation : inviter le dalaï-lama, guide spirituel des Tibétains, qui se voit comme tel et non comme un leader politique, à faire un pèlerinage religieux en Chine et au Tibet sur les lieux sacrés du bouddhisme. Comme celui-ci aurait aimé le faire. Pékin n’a pas fait ce geste d’ouverture. On le regrette ».

Source : lacroix



dimanche 16 mars 2008

TIBET LIBRE




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samedi 15 mars 2008

La Non-Violence est dans l'intention et non dans l'acte





La non violence bouddhiste n’est pas celle du Jainisme... Le bouddhisme n’exclut pas la violence et la force, mais en dernier recours bien sur, et à condition qu’elle puisse donner de bons résultats et qu’on en fasse usage sans haine...
(Dagpo Rimpoche)



Dans le bouddhisme il n’y a pas de commandements

Les enseignements du Bouddha sont pragmatiques et toujours adaptés à la réalité (...)

Dans le bouddhisme il n’y a pas de commandements moraux, pas de « il faut », pas de « on doit »... Le pratiquant bouddhiste ajuste sans cesse son attitude à la situation concrète... Il pratique la vue juste et l’action juste ce qui exclue tout à priori sur ce que l’on peut faire ou ne pas faire...

Baigné dans une civilisation d’origine chrétienne et monothéiste, le bouddhiste occidental a parfois de la difficulté à concevoir cette forme d’action et de pensée. Il s’accroche aux préceptes comme à des commandements et non comme à des conseils.

Un acte apparemment juste peut être pervers, un acte violent et jugé comme néfaste par le commun, peut être un acte méritoire et juste...

Le disciple du Bouddha ne juge pas des choses à la seule lumière des ses sentiments ou de la température ambiante... Il purifie son esprit et sa vision intérieure...

Une seule parole du Bouddha n’est pas juste en elle même, elle n’est pas non plus une vérité absolue... c’est en étudiant l’ensemble des enseignements que le bouddhiste éclaire peu à peu son jugement... Une voie difficile certes mais qui est la voie de la libération... Car le bouddhisme n’est pas une voie de salut mais de libération où l’acteur de cette libération n’est autre que le pratiquant lui-même... (bien qu’en dernier recours ce soit finalement une action sans acteur)

(...)



Un extrait d’entretien avec le professeur Samdhong Rinpoche Premier ministre du gouvernement tibétain en exil

Question :Quand le Dharma lui-même est attaqué, la violence ne doit-elle pas être utilisée pour défendre les plus hautes valeurs de l’humanité ?

Réponse : Je ne le pense pas. Cela dépend aussi de la façon dont vous définissez la violence. Les bouddhistes la définissent par l’attitude, la motivation et l’intention.

L’acte de tuer, de blesser ou d’infliger la douleur peut être non-violents. Le chirurgien peut avoir à amputer une jambe, ce n’est pas pour autant un acte violent. Sa motivation est de vous sauver, c’est donc un acte de compassion.

(...) Si vous êtes absolument libre de toute colère et de toute haine, certains actes tels que tuer ou blesser des gens commis dans la défense de valeurs supérieures peuvent ne pas être des actes de violence. La question est de savoir si vous êtes réellement libre de la colère et de la haine. S’il y a la moindre colère, cela ne peut pas être un acte de non-violence. Si vous voulez défendre vos valeurs, vous devez les pratiquer, c’est seulement ainsi que vous pouvez les défendre.

(...)

Si votre amour pour votre pays n’est pas contaminé par l’égoïsme ou l’intérêt personnel, alors le défendre peut être acceptable. Un amour pur est difficile à trouver de nos jours. Prenez l’amour pour l’épouse : bien souvent la base de l’amour n’est pas « l’épouse », mais soi-même. Si le « moi » vient en premier et l’amour ne vient qu’en second, cet amour n’est pas non-égoïste,.vous aimez votre femme parce qu’elle a besoin de vous, qu’elle vous donne du plaisir ou qu’elle vous sert. La cause de l’amour n’est pas la personne aimée, c’est un amour utilitaire. Si elle vous devient inutile, votre amour diminue.

(...)

question : Peut-on faire un parallèle entre la perte de l’identité tibétaine et le recours à la violence ?

Réponse : A mon avis, sûrement pas. Tout d’abord, il ne faut pas amalgamer le bouddhisme et l’identité tibétaine. Les Tibétains ont maintes fois recouru à des moyens violents au cours de l’histoire. Les guerres ont été fréquentes, avec des pays frontaliers mais aussi parfois entre régions ou entre groupes de population. La différence est qu’à l’époque, les belligérants pouvaient espérer vaincre… De plus, même le bouddhisme n’exclut pas la violence et la force, mais en dernier recours bien sur, et à condition qu’elle puisse donner de bons résultats et qu’on en fasse usage sans haine.

(...)

La non-violence résulte d’une pratique

Il s’agit donc bien bien d’un état d’esprit, de bienveillance envers qui que ce soit et l’on peut comprendre comme dit Jean Paul Ribes que tout cela est bien le fruit de la pratique :

« Il est clair que si nous sommes devenus aptes à supporter une certaine douleur, émotionnelle aussi bien que physique, et en échange à trouver vraiment de la joie, une joie sensible mais sereine à pratiquer la bienveillance, alors nous sommes évidemment capables de pratiquer ahimsa, l’altruisme non-violent, d’une manière naturelle.

(...)Le bouddhisme, en effet, ressemble à de l’eau tiède si l’on se limite à le considérer comme l’exposé d’une philosophie ou d’une religion. Il devient en revanche un formidable terrain d’aventure, dès qu’on en fait une pratique, contrôlée par la méditation, l’étude et la transmission. N’en est-il pas de même de la paix et de la non-violence ?

(...)

Une culture de la paix et de la non-violence ne se crée ni ne s’acquiert en un jour. Le bouddhisme, s’il a réussi, dans son ensemble, à maintenir les éléments d’une telle culture et à les régénérer périodiquement, a connu lui aussi ses échecs et ses faces obscures (...)



Ne pas confondre violence nécessaire et légitime défense

La légitime défense vient pour me sauver moi-même, préserver ma propre vie. La légitime défense est tourné vers moi... On peut noter toutefois qu’il est dit dans les textes bouddhistes qu’il est aussi important de préserver toute vie y compris la sienne. Là encore nous ne pouvons pas juger... Il peut arriver que préserver sa vie soit la chose importante ...

La violence nécessaire est entièrement tournée vers le bien d’autrui sans aucune considération pour son bien propre... Elle est le fruit de la vue juste, de l’acte juste et ses conséquences doivent être positives à plus ou moins long terme. Plus ou moins long terme car les fruits peuvent mettre du temps à murir. Cette lenteur de maturation est aussi un enseignement que nous devons apprendre à mettre en pratique.


Il n’y a pas d’être bouddhiste...

Il est vrai que nous avons l’habitude de dire je suis bouddhiste, ou en tant que bouddhiste je pense que, ou un bouddhiste ne peut admettre que, etc... comme s’il y avait une étiquette bouddhiste...

C’est une manière courante de parler mais qui finit par nous induire en erreur et nous enfermer dans une démarche qui devient le contraire de ce que sont les enseignements du Bouddha.

La voie de la libération n’enferme personne dans être quelque chose ou quelqu’un... « Il n’y a personne ici » nous dit Ajahn Chah...

Il n’y a ni moine ni laïc, ni quoique ce soit d’autre seulement des être qui viennent écouter les enseignements et qui verront bien quoi en faire par la suite.

Dés que nous utilisons le bouddhisme comme alibi à la pensée ou à la parole nous avons quitté la démarche vers la libération.

Il reste notre étude du dhamma : Dhamma Vicchayaqui est un facteur d’éveil, notre pratique assidue et patiente qui nous mènera jusqu’à la sagesse de l’équanimité, notre assiduité dans la pratique de metta : la bienveillance... Il reste notre incapacité radicale à juger des intentions d’autrui.

IL arrive que préserver la vie amène à supprimer d’autres vies... Nous devons quitter notre vision idyllique d’un monde angélique de pureté d’où le mal serait exclu... le Bouddha ne nous a jamais promis cela... Le Bouddha n’est pas celui qui nous guide vers un monde meilleur.

Le bien et le mal se côtoient sans cesse, c’est ainsi et il en sera toujours ainsi...

Le Bouddha ne nous a rien promis du tout. Il a enseigné un chemin, une voie que chacun peut prendre s’il le souhaite mais personne n’est obligé de le faire. Une voie de libération personnelle qui peut profiter aux autres par notre capacité de rayonner la paix, la tolérance et la compréhension.

Le disciple du bouddha comprend peu à peu que la vie est précieuse, au delà de ce qu’il imagine, il tente d’en persuader les autres... Il comprend que le mensonge est souvent la plus perverse des violences, que le mensonge est probablement mille fois plus difficile à vaincre que la violence physique, il s’en protège et tente d’en protéger les autres...

Mais il sait qu’il n’est en rien ni plus sage ni meilleur que les autres...

Il n’est qu’un être humain cheminant sur la voie...

Tinh Ý le 10 mars 2008

Source : Lire l'article en entier sur : vivre le dhamma aujourd'hui

vendredi 14 mars 2008

Journal d'un moine




Pour ceux qui n'auraient pas encore lu le récit d'isara (sa vie dans un monastère lorsqu'il était moine à Wat Paa en Thaïlande), je vous invite vivement à lire ce "Journal" d'une grande authenticité et surtout raconté avec beaucoup d'humilité..



Wat Paa Mahanikhai part 1 à 8 sur : Blog d'isara


Ne pas confondre le desir de bien-etre et la Foi dans le dhamma




Cette réflexion personnelle risque de contrarier, voire de choquer certaines personnes. Loin de moi l’idée de critiquer. Il s’agit juste d’essayer de comprendre la démarche de certaines personnes, dont je peux très bien faire partie. Il ne s’agit pas de montrer du doigt mais juste de faire prendre conscience. Nous nous mentons trop souvent à nous mêmes. Nous sommes tous remplis de « bonnes intentions » mais ces « bonnes intentions » sont souvent trompeuses. Nous devons nous interroger. Cet article n’est finalement qu’un questionnement et en aucun cas une critique et surtout pas un enseignement.

Kathy



Sommaire de cet article :

  • La souffrance dont parle le Bouddha n’est pas une souffrance « mondaine. »
  • Le Bouddha n’était pas « malheureux »
  • Il faut beaucoup de force, d’énergie, de courage et de Foi, pour avancer sur le chemin.
  • Voir « les choses comme elles sont » provoque de la souffrance...
  • Nous devons apprendre à vivre
  • Et si La fin de la souffrance c’était la conséquence et non le but?
  • Nous interroger pour comprendre les véritables raisons qui nous ont conduit à emprunter le chemin.



La souffrance dont parle le Bouddha n’est pas une souffrance « mondaine »

Trop de personnes se tournent vers le Bouddhisme à cause d’un “mal de vivre”. Elles confondent alors « Foi » dans le Bouddhisme et envie de quitter ce monde dans lequel elles n’arrivent pas à trouver de place, « leur » place.

Le mot « bouddhisme » est trop souvent associé au mot « Bien être », ce qui entretien la confusion.

Certains d’occidentaux qui, parce qu’ils n’arrivaient pas à vivre dans le monde actuel, ont préféré tout quitter et devenir moine ou nones pensant que, comme le Bouddha qui a quitté sa femme et son enfant, ils allaient connaitre la fin de la « souffrance ».

Le « hic » c’est que la souffrance (dukkha) dont parle le Bouddha n’est pas une souffrance « mondaine » mais une souffrance bien plus profonde.

Ces personnes «mal dans leur peau» se tournent vers le Bouddhisme qui devient une bouée au lieu de devenir une raison de vivre. Certains vont plus loin encore et se «cachent» dans un monastère pour un tas de «mauvaises raisons» et non par Foi véritable.

J’admire les personnes qui sont devenus moines ou nones alors que tout allait bien dans leur vie. Les personnes qui étaient parfaitement intégrées dans la société et qui, par foi véritable, ont tout quitté pour
devenir moine .


Le Bouddha n’était pas « malheureux »

Le Bouddha n’était pas malheureux ni « mal dans sa peau », il n’était pas satisfait de sa vie, ce qui est différent. Il voulait comprendre pourquoi cette « insatisfaction ».

Certains moines occidentaux ont quitté une vie de misère où ils n’avaient ni travail ni statut social.

D'autres, au contraire ont décidé de devenir moine alors que leur vie était harmonieuse:

Le bouddhisme théravada comporte de nombreux exemples de moines qui avait une profession avant leur entrée au monastère... Ajahn Sumedho par exemple.

Bikkhu Bodhi a étudié la philosophie occidentale, Ajahn Sundara a eu une carrière de danseuse... etc...

De plus il est habituel dans les pays bouddhisme qu’un homme ou une femme quitte sa famille pour entrer dans un monastère mais seulement quand ses enfants sont indépendants et qu’ils sont hors du besoin.

L’exemple du Bouddha est un exemple qui prête à confusion... Shakyamuni quitte sa femme avec le plein accord et la pleine compréhension de celle ci... il ne la laisse pas dans le besoin ... quand le bouddha revient il éduque son enfant... la vie n’était pas ce qu’elle est aujourd’hui... et tout le monde n’est pas le Bouddha

Le Bouddha a souvent donné comme première règle de conduite à ses disciples d’être un bon père de famille...



D'autres, que j’ai pu rencontrer dans la vraie vie ou sur des forums bouddhistes qui sont si malheureux dans leur vie : alcooliques, toxicomanes, dépressifs ; bref des personnes dépendantes qui passent d’une dépendance à une autre.

Il ne s’agit aucunement de leur jeter la pierre, au contraire. Mieux vaut méditer que de prendre des substances toxiques.

Mais dans ce cas il faut en être conscient.

Justement, les personnes qui ont réussi à se sortir d’une situation difficile (toxicomanie, alcoolisme, maladies, drames..) mais, avant de s’engager sur le chemin, auront de la force, de la détermination et du courage pour surmonter tous les obstacles.

C’est donc presque un « avantage » d’avoir beaucoup souffert, mais à la condition d’avoir réussi à s’en sortir avant d’emprunter le chemin.

La démarche est très différente si votre dépendance ou votre « dépression » est encore actuelle

Finalement, nous sommes tous dépendant de quelque chose mais en sommes nous conscient ?

Je reste persuadée, mais cela n’engage que moi, que pour comprendre le dhamma, il faut avoir atteint un certain « équilibre » dans la vie de tous les jours, afin de ne pas être aveuglé par sa propre souffrance existentielle.

La « compréhension juste » est essentielle.

Lorsque je parle de « souffrance existentielle », c’est par opposition à la « Souffrance » (dukkha) plus profonde dont parle le Bouddha dans les quatre Nobles Vérité. Il y a plusieurs niveaux dans la souffrance.


Il faut beaucoup de force, d’énergie, de courage et de Foi, pour avancer sur le chemin.

Le simple « mal de vivre » ne suffira pas pour nous faire avancer. Nous devrons trouver des forces cachées, des qualités que nous ne nous connaissions pas pour continuer d’avancer malgré les nombreux obstacles que nous rencontrerons inévitablement.

Si l’on est submergé par la « souffrance existentielle » on ne verra pas le dhamma pour ce qu’il est, mais comme une simple sortie de secours.

Toutes ces personnes qui pensent que le dhamma va leur permettre de mieux vivre, c’est vrai et c’est faux en même temps.

C’est vrai, mais après combien d’années de pratique ? combien de vies de pratique ; c’est vrai si on arrive à respecter la moralité (sila) et les préceptes, c’est vrai si on arrive a emprunter le Noble sentier Octuple.

C’est faux, car voir « les choses comme elles sont » aggrave la souffrance, surtout au début.


Voir « les choses comme elles sont » provoque de la souffrance...

La Fin de la souffrance c’est la Fin du chemin ; la Fin de la souffrance c’est nibana. Au début et pendant tout le chemin, non seulement la souffrance est toujours présente, mais elle est même souvent amplifiée, exacerbée.

Comment feront nous pour supporter cette souffrance exacerbée ; qui n’est plus une souffrance « Mondaine » mais qui est une souffrance bien plus profonde ; si nous avions déjà dû mal à supporter notre « petite » souffrance liée à la vie de tous les jours.

Réaliser que l’on vit dans l’illusion depuis notre naissance, ça fait mal...

Perdre son ignorance c’est douloureux...

Lorsque l’on a trop de problèmes existentiels, on ne peut pas comprendre le dhamma. On est aveuglé par sa propre souffrance. « J’ai » mal, « Je » souffre, « je » suis malheureux ect.. Tous ces « Je » nous empêchent de comprendre la véritable nature de la souffrance.

Nous allons devoir nous débarrasser de toutes ces choses que nous pensions être « nous ». Ce « Moi » qui nous fait croire que nous sommes la même personne depuis notre naissance jusqu’à notre mort.

Nous allons devoir nous tuer pour rennaître.


Nous devons apprendre à vivre

Nous allons devoir apprendre à vivre avec l’impermanence au lieu de lutter contre elle.

Nous allons devoir apprendre à accepter l’inacceptable...

Il nous faut comprendre le dhamma pour ce qu’il est et non s’en servir pour « aller mieux »

Nous, les occidentaux, nous avons trop souvent besoin de prendre « quelque chose » pour aller mieux : anti-dépresseur, alcool, barbiturique, drogue, bouddhisme...

Le « Bouddhisme » devient un alors un simple « refuge », ce qui n’a rien à voir avec la véritable signification de « prendre refuge ».

On prend refuge dans le Bouddha, le Dhamma et le Sangha, par foi et non par peur de vivre.

Lorsque le Bouddhisme devient un simple remède psychologique, voire « psychiatrique », cela peut-être dangereux.

Le seul véritable « but », si tant est qu’il doit y avoir un, doit-être la « Libération », se libèrer des trois poisons, et non avoir moins de souffrance.



Et si la fin de la souffrance c’était la conséquence et non le but?

On dit toujours que le but final, l’ultime but c’est nibbana, c’est la fin de la souffrance.

Vouloir moins souffrir est une démarche « égoïste » lorsque La souffrance est comprise comme « avoir moins mal » ou comme « mieux réussir dans la vie »

Mais la « Fin » de la souffrance ce n’est pas cela. La « fin » de la souffrance c’est la fin du désir, de la soif. La « Fin » de la souffrance c’est la fin de l’attachement, la fin des impuretés mentales (
kilesas). La fin de la souffrance c’est la fin de l’ignorance, la fin de la haine, de la rancœur et des illusions.

Vouloir la « fin de la souffrance » est une démarche différente que celle de vouloir « aller mieux ».

La fin de la souffrance c’est la fin du « moi je », c’est la fin du « moi ».

Pourtant, pour beaucoup de personnes qui ont emprunté le chemin, ou plutôt qui pensent avoir emprunté le chemin, la fin de la souffrance c’est le bonheur. Or dans l’enseignement du Bouddha la notion de bonheur n’a rien à voir avec le bonheur mondain.

Et puis, la fin de la souffrance est voulu pour soi même, mais aussi pour les autres. Les autres comptent beaucoup dans le Bouddhisme. Il faut être capable de ressentir Compassion (karuna) et Amour Universel (metta).

Or, si on est aveuglé par sa « dépression » ou son« mal être », on ne pourra que difficilement éprouver compassion et amour pour soi même et donc encore moins pour les autres.

Et le Bouddhisme sans karuna et sans metta c’est du vide, de l’illusion.

Le Bouddha a atteint l’autre rive, celle de la fin définitive de la souffrance mais le chemin n’était pas terminé pour autant. Sa « libération » ne pouvait pas être complète tant qu’il n’avait pas enseigné aux autres hommes comment faire pour y arriver.

Certes on aime comparer le Bouddha a un médecin qui a trouvé le remède pour mettre fin à la souffrance. Mais il ne s’agit pas de mettre fin à ses problèmes existentiels, c’est beaucoup plus subtil que cela.


Le « Bouddhisme » est un changement radical et non un simple remède.


Nous interroger pour comprendre les véritables raisons qui nous ont conduit à emprunter le chemin.

Loin de moi l’idée de juger ou de critiquer. Nous devons juste nous interroger pour comprendre quelles peuvent être les véritables raisons qui nous ont conduit à emprunter le chemin.

Nous devons être sincère avec nous même si nous voulons être sincère avec les autres.

Comme la grande majorité d’entre nous, je n’échappe pas à cette problématique.

Mais le plus important finalement, c’est que nous pouvons très bien changer de direction en cours de route et peu importe alors les raisons initiales qui nous ont poussé à nous intéresser au Bouddhisme. Même si au départ nous sommes venus au Bouddhisme pour un tas de mauvaises raisons, à partir du moment où nous en prenons conscience ; nous allons justement pouvoir changer notre manière de voir les choses.

Mieux vaut approcher le dhamma pour des « mauvaises raisons » que de ne pas l’approcher du tout. A partir du moment ou nous avons mis ne serait-ce qu’un pied sur le chemin, même si c’est par la mauvaise porte, nous avons la possibilité de continuer dans la bonne direction.

A un moment donné, j’ai cru que la méditation allait me permettre de changer.

Mais je n’ai pas changé, c’est ma façon de voir les choses qui a changé. 

Le Bouddhisme n’a pas vocation à changer votre "personnalité" mais votre manière de voir les choses. ( Attention, "personnalité" à ici une signification "conventionnelle" puisque en réalité il n'y a pas de "personnalité")

« Voir les choses comme elles sont » ne rend pas heureux, au contraire car, avant d’arriver à l’état d’
arahat, votre souffrance va s’aggraver, se renforcer.

Avant d’arriver au véritable détachement qui permet de se libérer du désir, il faut des années, que dis-je, une vie entière, et même de nombreuses vies.

Le Bouddha lui même a dû rennaître des dizaines de fois pour arriver à la Fin de la souffrance.


Le Dhamma est un tout, "parfait en son début, parfait en son milieu, parfait en sa fin"

D’ailleurs, si on ne « crois » pas au kamma et à la renaissance, il n’y a pas de véritable compréhension du dhamma.

Et c’est là que la Foi (saddha) intervient. On a pas de preuve scientifique de la renaissance. Sans la Foi dans l’enseignement du Bouddha comment accepter cela ? Or si vous ne croyez pas à la théorie du kamma, au sansara, vous ne pouvez pas « croire » à la Fin de la souffrance.

Beaucoup d’occidentaux limitent leur pratique du bouddhisme à la méditation formelle, sans même respecter sila, et en dehors du contexte des quatre Nobles Vérités. Vu sous cet angle on peut parler de « Méditation » mais aucunement de Bouddhisme.

De la même manière, les personnes qui limitent leur pratique à la « dévotion » ne suivent pas les enseignements du Bouddha.

Le Dhamma est un tout, pensez que l’on peut se « servir » et prendre uniquement ce qui nous arrange est une erreur de compréhension et ne mènera nul part, en tout cas pas au Bouddhisme et encore moins à la fin de la souffrance.


Kathy (Janvier 2008)


Philosophie d'un Fermier : comment appliquer le Bouddhisme au monde du travail actuel



Remarques préalables:

Je publie ce texte bien que je le trouve "contestable" sur certains aspects, mais pas tous.
Il faut aussi le replacer dans son contexte et surtout, avoir à l'esprit que son auteur est un "prince" et non un "ouvrier" ou un simple "fermier".

Ensuite tout dépend comment on interprète le texte:
- On peut se dire que si les "grands patrons" respectent autant les préceptes que leurs "employés" et partagent donc les profits de l'entreprise avec leurs salariés, tout ira bien dans le meilleur des mondes..
- Mais si les "ouvriers" ou "fermiers" sont les seuls à respecter les préceptes, comme le laisse entendre isara dans son commentaire : quel aubaine pour des employeurs peu scrupuleux d'avoir de gentils employés qui ne se révoltent jamais et acceptent ainsi leur sort sans rien dire.. ( et surtout sans jamais faire grève..)

Il s'agit d'une interprétation du dhamma.

Par exemple sur le kamma je vous invite à lire où à relire le message de ce blog "Le kamma est-il inévitable ?" histoire de remettre les pendules à l'heure si je puis dire..

Je vous laisse juge d'interpréter ce texte comme bon vous semble ...

Kathy



Nombreux sont ceux qui s'interrogent sur le message que le bouddhisme peut apporter dans notre monde occidental moderne sur des problèmes qui n'étaient guère d'actualité dans l'Inde du Ve siècle avant Jésus-Christ : l'économie, la politique, les Droits de l'Homme, l'éthique scientifique, l'écologie...

Si les textes canoniques ne peuvent guère apporter de réponses précises (hormis quelques principes de base toujours utilisables, cela va de soi !), certains auteurs contemporains ont tenté, sinon de répondre, au moins de réfléchir "en bouddhistes" à de telles questions.

Nous vous proposons de prendre connaissance d'un texte déjà relativement "ancien" (il date des années 60...) qui propose une application pratique des principes bouddhiques dans le monde du travail.
Ce texte a été rédigé par un prince de la famille royale Thaïlandaise, Subha Svasti, responsable d'une vaste exploitation agricole. Il offre un témoignage fort intéressant de la lecture "traditionnelle" des enseignements bouddhiques appliqués au monde économique moderne ! ( UBE: Union Bouddhiste Européenne)


Extraits



En étudiant et en analysant les enseignements du Bouddha et les vies des grands hommes, je suis arrivé à la conclusion que la première condition essentielle pour réussir dans ce que l’on entreprend, c’est de rester impersonnel et de ne pas être égoïste.

Ensuite puisqu’aucun être humain ne peut décider quelles seront les conséquences de son action, il faut accepter sans condition et sans y opposer de résistance les circonstances déterminées par la force karmique.

Pour ces raisons, il ne faut pas faire de projets trop rigides, mais prévoir des réserves matérielles et spirituelles suffisantes pour faire face aux nouvelles circonstances que pourra faire naître la force karmique.

Or, le Bouddha a énuméré dix conditions qu’il est essentiel d’observer pour se débarrasser de tout égoïsme et pour réussir dans le monde. Nous allons les examiner en détail.


Première condition - cultiver la croyance en anatta*

Pour commencer, il faut réfléchir cinq minutes chaque jour sur le fait que, depuis notre conception, notre croissance et notre bien-être ont toujours dépendu de notre entourage, de la bonne volonté et de l’amour de notre prochain, et même, indirectement, de tous les êtres qui vivent dans l’univers.

Vu dans cette perspective, l’ego devient insignifiant. Si nous analysons notre « moi », nous constatons qu’il fait partie des autres « moi » et qu’il est formé par eux ; il n’existe pas de « moi » séparé des autres « moi ». Or on a soutenu que, pour progresser dans un travail quelconque, nous devons fournir un stimulant à notre ego. Qu’arrive-t-il donc si notre ego n’existe pas ?

La réponse, c’est qu’il faut travailler pour notre vrai Moi et faire ce que nous a attribué la loi du karma, pour le bien de tous, en d’autres termes pour le Moi universel.

Dans ces conditions notre travail devient le centre de notre existence. Lorsque nous n’avons consciemment aucun désir de gain personnel, notre mental est invariablement aidé par la Sagesse universelle, paññâ qui fait des miracles. Nous acquérons aussi la faculté de voir nos problèmes dans leur véritable perspective, et nous avons la force de tous les résoudre, ce que nous ne pourrions jamais faire - de façon durable tout au moins - si nous nous laissions arrêter par les trois feux de l’avidité, de la passion et de l’ignorance. Et nous travaillons dans la joie, à la fois détendus et concentrés sur notre travail. Rappelons-nous que du bon travail apporte de gros profits, et que le désir de gros profits n’améliore pas le travail.



Deuxième condition - se rappeler que nous ne pouvons pas créer des résultats mais seulement des causes

Il faut d’abord développer en nous la capacité mentale qui pousse l’esprit et le corps à rechercher la perfection dans notre travail et ensuite parvenir à cette perfection. Un bon résultat suivra automatiquement. Tandis que si nous nous concentrons sur les résultats, notre capacité mentale faiblira et les résultats ne seront pas bons. C’est une des raisons pour lesquelles la plupart des imitateurs, généralement poussés par un esprit de lucre, ne réussissent guère.



Troisième condition - prendre refuge en notre propre moi

Pour pouvoir profiter de toutes nos potentialités, il nous faut cultiver la confiance en nous-même et cesser d’imiter autrui. En face de difficultés, nous devons chercher à les résoudre nous-même sans nous faire aider ; c’est ainsi que notre caractère se renforcera. Le Bouddha nous enseigne qu’il ne faut pas solliciter d’aide extérieure, car nul ne peut véritablement aider son prochain à parvenir au succès.



Quatrième condition - accepter les lois de la nature et coopérer avec elle

Dans tous les domaines, nous sommes soumis aux diverses lois de la Nature, mais la loi suprême, dont dépendent toutes les autres, est la loi de causalité, le karma. Si nous acceptons les autres lois et travaillons avec elles, ce doit être le cas bien plus encore pour le karma. Le Bouddha nous enjoint d’appliquer sans restriction aucune les Cinq Préceptes [note], parce qu’il ne veut pas que nous enfreignions la Loi suprême de la Nature et que nous subissions les conséquences de nos transgressions. Dans nos entreprises, la coopération avec cette loi réduit nos frais de construction et de production, et aussi les efforts que nous avons à déployer. Quand notre vanité nous fait croire que nous pouvons lutter contre la Nature, nous courons à un échec certain.


Cinquième condition - triompher de la colère et de la mauvaise volonté

Colère et mauvaise volonté sont deux forces néfastes qui nous retardent sur le chemin du salut et entravent nos progrès dans nos activités quotidiennes. En général elles ont pour cause notre égoïsme, notre impatience, notre intolérance et la croyance que ce qui nous irrite a été intentionnellement provoqué par autrui - alors que c’est une conséquence de notre propre karma. Pour en triompher, il faut cultiver :

a) Les quatre Brahma-vihâras, c’est-à-dire l’amour, la compassion, la joie de voir les succès d’autrui et l’équanimité. Nous verrons alors que ce que nous appelons notre « moi » n’est que la somme de conséquences karmiques chez nous-même et chez les autres, ces « autres » grâce à qui nous existons et à qui nous devons donc être reconnaissants. S’irriter contre quelqu’un, c’est en réalité s’irriter contre soi-même.

b) La patience et la force d’âme (kshânti). Nous devons nous comporter dans la vie comme à un banquet : attendre que l’on nous serve à notre tour et ne rien demander. Entraînons-nous à savoir que n’arrive que ce qui doit arriver. Nous devons cultiver la patience pour ne pas nous apitoyer sur nous-même, car nous réduirions notre pouvoir de concentration et tout notre travail en souffrirait.


Sixième condition - ne jamais essayer d’être ce que nous ne sommes pas

Si nous essayons d’être autre chose que ce que veut la force karmique, nous allons tout droit au désastre, car nous ne sommes pas de taille à lutter contre la Loi suprême du karma. Nous n’avons pas à envier ceux qui sont mieux placés que nous, puisque c’est le résultat de leur propre karma ; nous devons plutôt leur offrir notre coopération. Une telle coopération devrait régner en permanence au sein de chaque métier ou profession. Et, accessoirement, nous ne devrions pas nous mêler des affaires d’autrui.



Septième condition - Ne jamais nous vanter de ce que nous avons fait ; ne jamais nous donner pour but de rechercher les louanges ou d’éviter les critiques

Travaillons uniquement par amour pour notre travail. Si nous aspirons à des louanges ou craignons des critiques, cela signifie que nous sommes encore très attachés aux résultats, que nous tenons à la façade plus qu’à l’essentiel, que nous hésitons à courir des risques, que notre ego prend le dessus.
Travaillons tranquillement, humblement, sans nous vanter, car celui qui se vante est la risée de tous, et son succès ne peut être qu’éphémère. A celui qui évite ce piège viendront honneurs et richesses.



Huitième condition - triompher des soucis ; ne pas rendre autrui responsable de nos insuffisances ; assumer nos responsabilités, etc

Ne cherchons pas à nous justifier pour nos erreurs, à les dissimuler, à en rejeter la faute sur autrui - d’autant plus qu’en général on ne nous croira pas, que des accusations injustifiées provoquent de violentes oppositions et que de toute façon ces erreurs sont le résultat de notre karma. Ne passons pas notre temps à nous lamenter sur les difficultés que nous rencontrons, mais faisons immédiatement ce qu’il faut faire. Ne soyons pas jaloux des succès de nos subordonnés et n’en revendiquons pas le mérite, mais récompensons-les. Ne mendions pas la faveur de nos supérieurs. N’encourageons pas les gens à chanter nos louanges. Si quelqu’un nous fait du mal, ne laissons pas voir que nous en avons souffert, mais pardonnons et donnons en retour de l’amour, sachant que tout ce que nous subissons n’est pas provoqué par autrui, mais est l’effet de notre karma.



Neuvième condition - triompher de l’orgueil et du pharisaïsme

Essayons de comprendre la vertu d’humilité. L’eau, qui peut éroder les roches les plus dures, creuser des vallées, porter les plus grands bateaux sans se soucier des frontières, fait preuve d’une parfaite humilité en cherchant toujours les lieux les plus bas. L’homme doit en faire autant, et, au lieu de se mettre en avant, respecter les autres et leurs opinions, s’avouer vaincu lorsqu’il l’est, être généreux et modeste lorsqu’il est vainqueur, car ainsi il se laisse porter par le courant du karma, et il apporte à tous sans discrimination la paix, la fraîcheur, la pureté, comme le fait la rivière.


Dixième condition - triompher de la peur et en particulier de la peur de la mort

N’ayons jamais peur de rien, excepté du mal. Dans notre travail et dans l’accomplissement de notre devoir, soyons prêt à prendre les risques nécessaires. Dégageons-nous de l’illusion que les cinq fourreaux [agrégats] (skandhas) qui constituent notre corps forment un « moi », une entité distincte des autres « moi » . En fait notre corps n’est qu’un outil dont se sert la Loi du karma pour assurer l’équilibre de la Vie dans son ensemble, et sa tâche est précise et limitée.

Nous devrions donc nous réjouir de notre mort, car elle est un sacrifice suprême dont a besoin la Loi du karma et qui profitera à toute l’humanité dans sa lutte contre les forces du mal. Sans la Mort la race humaine se multiplierait à l’infini et nul progrès ne serait possible. Si j’étais moi-même immortel, à la tête de mon exploitation, je ne laisserais jamais personne me remplacer et faire mieux que moi. Lorsque l’heure arrivera, la Nature m’ordonnera de mourir pour sauver la situation et poursuivre l’évolution. Aussi n’ai-je qu’à m’incliner sans le moindre regret.

Et il se peut fort bien que l’accueil qui nous attend après la mort soit plus agréable que celui que nous avons eu en naissant. Tout comme la naissance, la mort est donc une aventure excitante et anodine.

Pour le Sage, l’action plonge ses racines dans l’inaction, c’est-à-dire qu’il agit sans aucun attachement à son ego. Il se met à l’arrière-plan, mais il est toujours à l’avant-garde. Et il atteint toujours à ce qu’il veut parce qu’il ne cherche jamais rien pour lui-même.

Dans la pratique, c’est à peu près la même méthode que nous suivons si nous remplissons les dix conditions énumérées ci-dessus. Prenons donc l’habitude bouddhique de la méditation, car elle nous permettra de nous concentrer sur toutes ces qualités et de les assimiler dans notre subconscient, d’où elles s’enracineront solidement dans notre caractère. Dans un sens, c’est un genre d’autosuggestion, mais, nous a dit le Bouddha, nous sommes ce que nous pensons que nous sommes, notre « moi » d’aujourd’hui n’est qu’un composé de toutes les idées qui se sont installées dans notre esprit depuis notre naissance.

Et si nous voulons créer dans notre subconscient ces Dix Conditions essentielles pour parvenir au succès, il n’y a pas d’autre moyen scientifique que celui indiqué par le Bouddha : concentration et méditation - dont la forme élémentaire est l’auto suggestion.

Essayons de méditer chaque jour sur l’une de ces Conditions essentielles et un jour ou l’autre nous verrons soudain qu’elles se sont remplies en nous et qu’elles nous aident à résoudre tous les problèmes dans la force, la paix et la joie. Si nous remplissons ces Dix Conditions, nous serons comme le boucher dont le couteau en vingt ans ne s’était pas émoussé parce qu’au lieu de couper des os il glissait le couteau dans l’espace vide qui toujours les sépare : nous trouverons l’espace que prévoit toujours secrètement la Nature et nous y passerons sans difficulté. C’est ce qu’enseigne le Bouddha.

Prince Subha Svasti


Rappel
Les cinq préceptes sont :
"Je m'engage à m'exercer [spirituellement] en m'abstenant de
1) toute violence à l'égard des êtres sensibles
2) prendre ce qui n'a pas été donné
3) tout excès dans la satisfaction des désirs sensuels
4) toute parole inappropriée : mensongère, blessante, inutile ou frivole
5) tout intoxicant qui fait perdre la maîtrise de soi"


Source : Extraits du texte du Prince Subha Svasti : "Philosophy of a Farmer - Seing Buddhism Applied to Modern Working Life" (Bangkok, Prachandra Press, 1962).

Texte traduit par Jean Herbert (titre original : "Une exploitation agricole") publié dans
"Bouddhas et bouddhisme - Panorama du bouddhisme en Asie au XXe siècle"
(éd. Rombaldi - Pierre de Tartas, Paris-Bièvres, 1973).- UBE


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