mardi 27 novembre 2007

Ce que le Bouddhisme nous enseigne...






L'ennemi proche de l'équanimité est l'indifférence.
L'ennemi proche de la compassion est la pitié.




Le Bouddhisme nous enseigne le détachement, pas l’indifférence..

Si tous les hommes connaissent la maladie, la souffrance, la vieillesse et la mort, il n’en demeure pas moins que certaines populations partent avec un handicap par rapport à d’autres, puisque leurs maladies, leur "sous-alimentation", causes de souffrance, auraient pu être évité.


Ce problème intéresse tout particulièrement les bouddhistes car Le Bouddha a enseigné la voie du Milieu.


Ce qu’enseigne le Bouddha, c’est la voie du milieu : apprendre à découvrir l’équilibre, l’harmonie qui nous rapproche du Dhamma. La voie du milieu consiste à éviter en toutes circonstances de se figer dans les extrêmes


Mais si la vie elle même, nous place, dés la naissance, dans des conditions extrêmes, nous ne pourrons pas suivre cette voie.


Dans de telles conditions de détresse, personne ne peut suivre correctement cette voie, ce chemin, même si elle le désire vraiment.


La Théorie du Kamma n’explique et surtout ne justifie pas tout.






Il faudrait être déjà à un stade très avancé, voir même déjà un Bouddha soit-même, pour pouvoir endurer ces souffrances avec équanimité.


Et même le Bouddha, puisqu’il était un homme, devait se nourrir et se soigner, pour pouvoir continuer d’enseigner.


Comment respecter les préceptes lorsque l’on souffre tellement que l’on n’est plus apte à réfléchir de manière sereine.


Comment être en Paix avec soi même si notre corps souffre de sous-alimentation.


Le Bouddha a toujours dit que les hommes devaient manger à leur faim (ni trop, ni trop peu) et prendre soin de leur corps, pour pouvoir suivre correctement ses enseignements.


Si la Vieillesse et la mort sont inévitables et que nous devons apprendre à les accepter , puisque rien n’est permanent, en revanche, nous ne pouvons pas accepter, qu’à notre époque des enfants ou des adultes meurt de faim ou de soif ou de maladies liées à la pauvreté alors même qu’il existe des moyens pour les éviter.


Le Bouddhisme nous enseigne le détachement mais pas l’indifférence.





Le Bouddhisme nous enseigne la compassion (Karuna)
mais aussi l’amour universelle (metta)

Le Metta sutta est la plus belle preuve d’amour et d’engagement qui soit, envers soi même et envers les autres.


Souhaiter le bonheur des autres, de tous les autres y compris de ses ennemis c’est déjà magnifique, mais agir pour que les autres soient heureux, ou tout du moins moins malheureux, c’est encore mieux. On passe alors de la compassion à la compassion active.


Certains bouddhistes pensent qu’on ne doit pas agir mais se contenter de pratiquer, tant qu’on a pas atteint l’éveil. Mais cela voudrait dire qu’on doit pratiquer durant de nombreuse années, ou même toute une vie, voire de nombreuses vies, avant de pouvoir faire quelque chose pour les autres ?


Il est vrai que si l’on est pas en paix avec soi même, on ne peut pas répandre la paix et la sérénité autour de nous.


Il est vrai que certaines personnes veulent aider les autres alors même qu’elles ne savent même pas s’occuper d’elles.




La compassion n’est pas réservée au bouddhistes ni même la compassion active.


Justement parce que nous sommes bouddhistes nous devrions être à même d’aider et de soulager la souffrance des autres.


Nous pouvons travailler à notre propre libération tout en agissant pour le bien être des êtres vivants.










Être bouddhiste c’est respecter Sila (la moralité)


Être bouddhiste c’est respecter au moins 5 préceptes.


Respecter les préceptes pour soi même mais aussi pour les autres : Ne pas tuer, ne pas voler, ne pas mentir, ne pas s’engager dans une conduite sexuelle inappropriée, ne pas ingérer de drogue.


Le but de tout bouddhiste c’est de surmonter les 3 poisons que sont l’attachement, la haine et l’ignorance.


Le 3e poison que le bouddhiste doit combattre est Avidya (en pali) c’est l’ignorance, l’illusion, mais aussi l’indifférence et le repli sur soi même.


Alors un homme qui est indifférent à la souffrance des autres ne peut en aucun cas se dire Bouddhiste.


Un bouddhiste doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour respecter l’environnement, pour ne pas faire souffrir les autres.


Un bouddhiste engagé va agir en ajoutant à la méditation , l’action, .


Mais c'est justement grâce à notre pratique que notre action sera non violente et emprunte de compassion et d'amour.


Lorsque nous agissons nous devons être sans haine, sans colère..




Kathy (Catherine)












Les 7 facteurs d'Eveil

Vénérable U pandita





Vous trouverez ci après:

1) des enseignements du Vénérable U Pandita sur les 7 facteurs d'Eveil

2) des extraits du "anapanassati sutta" : L'attention sur la respiration.
Les Passages à propos des 7 facteurs d'Eveil



1) Les 7 facteurs d'Eveil selon U pandita

Les sept facteurs d'éveil sont les sept qualités que le bouddha a décrites qui, lorsqu'elles sont complètement développées et équilibrées, nous permettent d'atteindre l'éveil.

Ces sept qualités sont l'attention, l'investigation, l'énergie, la joie, le calme, la concentration et l'équanimité.


Le premier facteur ou qualité est l'attention : sati

Nous ne pouvons jamais avoir trop d'attention, c'est la base de la pratique. Nous devons observer tous les objets qui se présentent à notre conscience avec attention, compassion et détachement. Le détachement n'est pas le rejet. En étant détaché nous pouvons prendre de la distance et trouver le calme et la paix. Ce n'est pas une paix ordinaire, c'est une paix immense, qui n'exclut rien, et accepte tout ce qui se présente. Elle ne peut apparaître que dans le présent. Lorsque l'on pense au passé, se sont des souvenirs, lorsque l'on pense au futur, ce sont des projets et non l'attention. La liberté ne peut exister que dans le présent.

L'attention a comme qualité, la pénétration. Elle n'est pas superficielle. Quand l'attention est faible c'est comme un objet qui flotte à la surface de l'eau et est emporté au gré des vagues. Nous sommes emportés par le passé et le futur, par les inquiétudes, les peurs.

Quand l'attention est forte, c'est comme une pierre qui pénètre et coule au fond de l'eau, elle ancre l'esprit dans le présent. Elle garde l'objet en vue et l'observe profondément. À force d'observer, et d'expérimenter juste ce qui apparaît, notre esprit s'apaise et s'éclaircit. Nous pouvons voir la réalité.

Plus nous avons d'attention, plus nous pouvons nous rendre compte comment l'attention nous protège contre le désir, l'aversion, la haine et l'ignorance. Au fur et à mesure que nous avançons dans la pratique, le miroir de l'attention devient de plus en plus clair et beaucoup moins obstrué par les impuretés.


Le second facteur : l'investigation : dhamma vicaya

Elle apporte la clarté, car c'est une sorte de curiosité, d'étude, d'examen. Lorsque des visiteurs déplaisants comme la douleur, la peur, la colère surgissent, au lieu de leur fermer la porte, nous devenons curieux au sujet de ces visiteurs, nous voulons savoir à quoi ils ressemblent, nous les incluons dans notre pratique.

Il est bien évidemment difficile de s'ouvrir pour accueillir des états déplaisants et de les regarder avec curiosité et précision. Toutefois, si au lieu de nous renfermer, de nous contracter, nous faisons preuve de curiosité à leur égard, nous pourrons nous apercevoir que cette investigation croît, ainsi que l'énergie qu'elle génère.


Elle nous montre le chemin, la vérité, comment les choses sont réellement, de la plus petite vérité à la plus profonde. Nous devons laisser de côté les concepts et expérimenter la réalité, c'est-à-dire ce qui apparaît à chaque instant. Ce sont nos concepts qui nous emprisonnent et empêchent la clarté d'émerger, car nous nous attachons à nos concepts. Lorsque nous lâchons prise, la liberté est complète. Quand la lumière de la curiosité brille sur les choses, elles deviennent enfin accessibles.

Un jeune homme avait des crises d'angoisse. En observant avec curiosité sa difficulté à respirer, ses tremblements, son agitation, ainsi que toutes les sensations qui accompagnaient ses angoisses, finit par en guérir et ne plus avoir besoin de prendre de médicaments.

Utiliser notre curiosité de cette façon est efficace et utile. Nous nous perdons facilement dans les spéculations intellectuelles, il est préférable d'utiliser notre attention qui clarifie et rééquilibre.


Le troisième facteur : l'énergie, l'effort : virya

L'énergie et l'effort sont indispensables et doivent être tous deux équilibrés. Le début de la pratique requiert beaucoup d'énergie et d'effort. Nous devons constamment ramener l'esprit. Il faut aussi fournir un grand effort pour surmonter les doutes, l'agitation, la somnolence, l'ennui. Cependant, avec douceur et énergie nous devons revenir encore et encore.

Au fur et à mesure que nous avançons dans la pratique, nous pouvons voir où notre énergie est bloquée. Nous supportons en général trois peines, au lieu d'une seule. Toutes les peines que nous avons eues, celles que nous avons maintenant, et celles que nous aurons. Nous gaspillons beaucoup d'énergie quand nous jugeons, quand nous critiquons. Ceci entraîne des tensions, des contractions dans les épaules, le ventre ou la tête, ainsi que de la fatigue. Ce sont des signes qui nous permettent de nous apercevoir que nous faisons trop d'effort, que nous luttons, que nous cherchons à gagner quelque chose, à atteindre quelque chose. Nous pouvons à ce moment nous souvenir qu'il n'y a rien à faire, seulement rester là, immobile et observer.

Nous devons ouvrir notre cœur, tel un bouddha, et accueillir les milliers de joies et de peine de la vie. C'est l'attention qui nous aide à voir et à ajuster notre effort ou bien à nous ouvrir et à nous décontracter.

Rejeter les choses bloquent notre énergie. La peur requiert beaucoup d'énergie pour la repousser. L'accepter demande du courage et nous fait progresser. Nous pouvons nous approcher de nous-mêmes avec douceur et compassion, au lieu de nous juger et nous pourrons trouver là beaucoup d'énergie.

La continuité est un aspect important, cela signifie être attentif constamment. Nous devons être curieux pour voir à quel moment, dans quelles circonstances, nous perdons notre attention ; et avec douceur, constance et patience revenir sans cesse dans le présent. Notre attention s'approfondira tout naturellement.

le quatrième facteur: La joie : piti

C'est un grand plaisir, une sorte d'émerveillement, de contentement.

Parfois quand on pratique, on peut devenir sérieux et tendu, alors que la joie apporte le bien-être. Nous ne pouvons pas avancer réellement si nous fermons la porte à la joie. Cette joie est très différente des plaisirs ordinaires. C'est une sorte d'unité du corps, de l'esprit et du cœur.

Lorsque nous nous extirpons de la conception du soi, de l'ego, nous connaissons une expansion, la liberté, un soulagement et une grande joie. Nous pouvons facilement nous attacher à cette joie. Mais ce n'est pas un état permanent, elle ne durera pas. Il ne faut pas chercher à la retrouver, vouloir la retenir, s'y accrocher.

Quand la joie emplit notre être, notre esprit devient calme et l'on ressent un grand bien-être. Cependant, la joie doit être équilibrée avec l'attention, sinon nous pouvons devenir agités.

le cinquième facteur : le calme, la tranquillité : passaddhi

Nous sommes habitués à agir, à l'action et il nous est difficile de rester immobile et de nous calmer. Cependant, nous en avons la capacité. Le calme est déjà là, en nous, il est simplement recouvert par notre agitation. Cette tranquillité nous fait voir clairement les choses. Quand nous méditons, nous ne devons pas bouger, nous sommes conscients de la respiration, des bruits qui vont et viennent, nous abandonnons le poids du passé et les appréhensions du futur. Nous sommes seulement dans le présent, et pouvons être heureux si nous acceptons les choses comme elles sont. Nous sommes attentifs et laissons les choses suivre leurs cours. Notre esprit se calme et nous pouvons voir clairement la nature de toutes les choses.

C'est comme si nous nous trouvions au milieu d'une foule. Nous regardons calmement les gens passer, aller et venir. Nous les laissons être, nous ne cherchons pas à les suivre, ni à les chasser. Nous restons immobiles, calmes, à l'aise.

Nous pourrons ensuite nous relier à ce calme en nous où que nous soyons. Il y a bien plus de paix en nous que nous pouvons imaginer. En étant calme, nous pouvons faire face à la vie plus judicieusement.


Le sixième facteur: la concentration : samadhi

C'est la capacité de rassembler toute notre énergie. Cela permet à la sagesse de se manifester, d'être calme et de voir clairement.

Tout le monde peut y arriver, même si certains ont plus de facilité que d'autres. Nous devrions avoir la détermination suivante : « je ne me lèverai pas de mon coussin, même si mes os devaient se rompre et ma chair se dessécher »

La souffrance nous permet de grandir et de nous éveiller. Si l'on fuit la souffrance on ne pourra pas se libérer. Même la trahison et le deuil peuvent nous éveiller. Nous ne devons pas rechercher le calme et la paix, ils surgiront automatiquement. Si nous utilisons notre concentration pour échapper à la réalité, nous perdons notre temps. Nous devons utiliser notre concentration pour examiner la nature de notre esprit car c'est la seule chose qui peut nous libérer.

Revenir sans cesse à l'instant présent apporte le calme et nous éloigne de l'agitation. Toutefois, il ne faut pas vouloir se débarrasser des pensées. Il ne faut pas résister, forcer pour trouver le calme. Il faut se détendre et observer.

Nous devons être attentifs, nous connecter à l'objet, que ce soit la respiration, l'abdomen ou autre chose et y revenir constamment avec patience et douceur, sans lutter, ainsi l'esprit se calme, et la clarté émerge. La continuité est importante. La concentration n'arrive pas par hasard, toute seule, mais par nos efforts répétés pour être présent. Si nous ne faisons pas suffisamment d'efforts, elle ne pourra pas se développer.

Lorsque notre concentration s'approfondit, nos pensées se calment, la clarté apparaît, et nous pouvons même être concentrés dans nos activités, être conscients de nos doutes, de nos peurs, de notre confusion. Nous développons la stabilité et la compréhension.

C'est un état très agréable auquel nous pouvons nous attacher facilement. Nous devons nous souvenir que nous ne sommes pas ici pour ressentir des sensations agréables mais pour nous libérer de la souffrance.


Le septième facteur : l'équanimité : upekkha

Elle nous permet d'être avec ce qui existe sans être perdu ou désespéré, sans prendre les choses personnellement ; c'est l'acceptation totale de ce qui est.


Mais ce n'est pas être indifférent ou passif. C'est lié à la compréhension, à l'ouverture et à la clarté. Nous pouvons savoir où, quand et comment agir. Ce n'est pas vouloir changer ou contrôler les choses selon nos souhaits. C'est accepter les choses simplement comme elles sont.

Nous passons beaucoup de temps à résister, à lutter, à rejeter, à ne pas accepter les situations et les gens. Nous ne désirons que ce qui est plaisant, agréable et bénéfique, mais cela génère beaucoup d'anxiété et de souffrance. Si nous permettons aux choses d'être ce qu'elles sont, si nous les acceptons, nous ressentons alors une grande paix. Avec l'équanimité, chaque instant est parfait, notre cœur s'ouvre à ce qui est plaisant, tout comme à ce qui est déplaisant. Nous sommes tolérants vis-à-vis de ce qui est désagréable.

Par la pratique, l'équanimité se développe et nous devenons capables de lâcher prise, d'accepter et de voir les choses telles qu'elles sont réellement. La sagesse et la compréhension émergent tout naturellement.

Nous ne pouvons pas faire surgir ces qualités, ces facteurs d'éveil par notre volonté. Ils ne se développent que grâce à la pratique, à une motivation et une intention sincères, au désir d'être présent, avec patience.

Quand ces qualités sont pleinement développées, l'esprit devient lumineux et clair, plein de joie, de paix et de liberté. Nous pouvons enfin vivre harmonieusement et heureux.




2) Extraits de : Anapanasati Sutta = Attention à la respiration

Dans ce sutta, le Bouddha expose l'attention à l'inspiration et à l'expiration ; Les Quatre Cadres de Référence ; les 7 facteurs d'Eveil, pour terminer avec les Claires Connaissances et Libération

Pour lire ce sutta en entier : voir "quelques sutta" (avant dernier sutta)


(...) Et comment les quatre cadres de référence sont-ils développés et entretenus de façon à amener les sept facteurs de l'Eveil à leur point culminant?

[1] A chaque fois que le moine demeure concentré sur le corps dans et par lui-même -- ardent, vigilant, et attentif -- mettant de côté l'avidité et l'angoisse par rapport au monde, à cette occasion son attention est stable et sans faute. Lorsque son attention est stable et sans faute, alors l'attention en tant que facteur de l'Eveil se lève. Il la développe, et pour lui elle va au comble de son développement.

[2] Demeurant attentif de cette manière, examine, analyse, et en vient à une compréhension de cette qualité avec discernement. Lorsqu'il demeure attentif de cette manière, en examinant, analysant, et en venant à une compréhension de cette qualité avec discernement, alors l'analyse des qualités en tant que facteurs de l'Eveil se lève. Il la développe, et pour lui elle va au comble de son développement.

[3] Dans celui qui examine, analyse, et en vient à une compréhension de cette qualité avec discernement, une persévérance sans défaut se lève. Lorsque une persévérance sans défaut se lève dans quelqu'un qui examine, analyse, et en vient à une compréhension de cette qualité avec discernement, alors la persévérance en tant que facteur de l'Eveil se lève. Il la développe, et pour lui elle va au comble de son développement.

[4] Dans celui dont la persévérance se lève, un ravissement qui-n'est-pas-de-la-chair surgit. Lorsque un ravissement qui-n'est-pas-de-la-chair surgit en quelqu'un dont la persévérance se lève, alors le ravissement en tant que facteur de l'Eveil se lève. Il le développe, et pour lui il va au comble de son développement.

[5] For celui qui est ravi, le corps se calme et l'esprit se calme. Lorsque le corps et l'esprit d'un moine ravi se calment, alors la sérénité en tant que facteur de l'Eveil se lève. Il la développe, et pour lui elle va au comble de son développement.

[6] For celui qui est à l'aise -- son corps calmé -- l'esprit devient concentré. Lorsque l'esprit de quelqu'un qui est à l'aise -- son corps calmé -- devient concentré, alors la concentration en tant que facteur de l'Eveil se lève. Il la développe, et pour lui elle va au comble de son développement

[7] Il survole tout l'esprit ainsi concentré avec équanimité. Lorsqu'il survole tout l'esprit ainsi concentré avec équanimité, l'équanimité en tant que facteur de l'Eveil se lève. Il la développe, et pour lui elle va au comble de son développement.

De même avec les autres trois cadres de référence: sensations, esprit, et qualités mentales.

C'est ainsi que les quatre cadres de référence sont développés et entretenus de façon à amener les sept facteurs de l'Eveil à leur point culminant.

Claires Connaissances et Libération:

Et comment les sept facteurs de l'Eveil sont-ils développés et entretenus de façon à amener la claire connaissance et la libération à leur point culminant? Il y a le cas où un moine développe l'attention en tant que facteur de l'Eveil en dépendance de la réclusion... l'impartialité... la cessation, ce qui aboutit au renoncement. Il développe l'analyse des qualités en tant que facteur de l'Eveil... la persévérance en tant que facteur de l'Eveil... le ravissement en tant que facteur de l'Eveil... la sérénité en tant que facteur de l'Eveil... la concentration en tant que facteur de l'Eveil... l'équanimité en tant que facteur de l'Eveil en dépendance de la réclusion... l'impartialité... la cessation, ce qui aboutit au renoncement.

C'est ainsi que les sept facteurs de l'Eveil, lorsque développés et entretenus, amènent la claire
connaissance et la libération à leur point culminant.

C'est là ce que dit le Béni du Ciel. Gratifiés, les moines se régalèrent des paroles du Béni du Ciel.

Anapana-Sati Sutta dans Majjhima-Nikaya





lundi 26 novembre 2007

La Parole juste




La Parole Juste fait partie de L'Octuple Noble Chemin ou Noble oculpte sentier

Pour rappel ce chemin est ainsi constitué:

1 La compréhension juste ou la vision parfaite ou vision juste
2 La pensée juste ou émotion juste
3 La parole juste
4 L'action juste
5 Les moyens d'existence justes
6 L'effort juste
7 L'attention juste
8 La concentration juste



Plan de ce message

1) Qu'appelle-t-on, ô moines, la parole juste? (extraits du livre "Le premier enseignement du Bouddha" de Dr.Rewata Dhamma)

2) Sâdhaka sutta :

3) Ambalatthika-rahulovada sutta


1) Qu'appelle-t-on, ô moines, la parole juste?

C'est éviter de dire des mensonges, éviter de calomnier, éviter de parler de façon haineuse ou injurieuse, éviter les paroles frivoles ou le bavardage futile. Moines, éviter ces quatre façons négatives de parler est appelé la parole juste.

Cette définition donne à comprendre qu'un entretien religieux ou le seul fait de dire la vérité, par exemple, ne fondent pas la "parole juste". La parole juste consiste à éviter de parler de façon erronée. Si l'occasion se présente de mentir, de calomnier, d'être injurieux ou de bavarder inutilement et qu'on ne la saisisse pas, on établit la pratique de la parole juste. En fait, éviter les paroles erronées conduit par soi-même au langage vrai, aimable, bénéfique et créateur d'harmonie.

Celui qui s'abstient de mal parler - et c'est ce qui est important - établit la base morale du chemin.
De plus, quoi que l'on voie, sente, touche, entende ou pense, si l'on réalise l'impermanence des objets des sens par l'attention vigilante et la vision pénétrante, aucune perturbation susceptible de faire prononcer des paroles négatives ne peut intervenir.

La méditation attentive empêche temporairement les souillures ou kilesas de survenir. Cependant, si l'on développe la vision pénétrante, que l'on atteint le noble sentier transcendant et que l'on réalise le nibbâna, alors la parole erronée disparaît complètement.

A mesure que l'on progresse vers l'état de sainteté, s'éliminent progressivement les souillures mentales responsables de l'usage négatif du langage.

Il est dit qu'à la première étape de la sainteté (sotapanna) se dissipent totalement les paroles trompeuses et les mensonges; à la troisième étape (anagami) se dissipe le langage calomnieux ou haineux; à la quatrième et dernière étape (arahant) se dissipe le langage frivole et le bavardage futile. Ici, le mot "langage" qualifie toute action vocale émise dans une intention délibérée, ou qui, si elle n'est pas intentionnelle, manifeste une tendance fondamentale de l'esprit. Si l'esprit est impur, la parole est pervertie; s'il est pur, la parole est juste. C'est pourquoi la pureté de l'esprit est très importante(...)




2) Sâdhaka sutta :


« Si le Tathâgata sait qu'une parole n'est pas vraie, pas véridique, pas profitable, pas plaisante et pas agréable aux autres, le Tathâgata ne la dit pas.

« Si le Tathâgata sait qu'une parole est vraie, véridique, mais qu'elle n'est pas profitable, pas plaisante et pas agréable aux autres, le Tathâgata ne la dit pas.

« Si le Tathâgata sait qu'une parole est vraie, véridique, profitable mais qu'elle n'est pas plaisante ni agréable aux autres, le Tathâgata sait à quel moment la dire.

« Si le Tathâgata sait qu'une parole n'est pas vraie, pas véridique, pas profitable, mais qu'elle est plaisante et agréable aux autres, le Tathâgata ne la dit pas.

« Si le Tathâgata sait qu'une parole est vraie, véridique, mais qu'elle n'est pas profitable bien qu'elle soit plaisante et agréable aux autres, le Tathâgata ne la dit pas.

« Si le Tathâgata sait qu'une parole est vraie, véridique, profitable, qu'elle est plaisante et agréable aux autres, le Tathâgata sait à quel moment la dire. »


Remarque : Tathâgata= Le Bouddha; lorsqu'il parle de lui même à la 3ème personne

Quand le Bouddha utilise le terme Tathàgata, il semble référer à lui-même comme un principe, par opposition aux moments où il parle de lui à la première personne.



3)
Ambalatthika-rahulovada sutta

Réfléchissez sur vos paroles, avant, pendant, et après avoir parlé...

[Le Bouddha parle à son fils, Rahula:] "Chaque fois que tu voudras accomplir un acte verbal, il faut que tu y réfléchisses: 'Cet acte verbal que je veux accomplir -- conduirait-il à ma propre affliction, à l'affliction d'autres que moi, ou aux deux? Est-ce un acte verbal maladroit, aux conséquences malheureuses, aux résultats malheureux?' Si, à la réflexion, tu sais qu'il conduirait à ta propre affliction, à l'affliction d'autres que toi, ou aux deux; que ce serait un acte verbal maladroit aux conséquences malheureuses, aux résultats malheureux, alors absolument inapproprié que tu fasses tout acte verbal de cette sorte. Mais si à la réflexion tu sais que ça ne causerait pas d'affliction... que ce serait une adroite action verbale aux heureuses conséquences, aux heureux résultats, alors il est approprié que tu fasses tout acte verbal de cette sorte.

"Pendant que tu accomplis un acte verbal, il faut que tu y réfléchisses: 'Cet acte verbal que je suis en train de faire -- conduit-il à ma propre affliction, à l'affliction d'autres que moi, ou aux deux? Est-ce un acte verbal maladroit, aux conséquences malheureuses, aux résultats malheureux?' Si, à la réflexion, tu sais qu'il te conduit à ta propre affliction, à l'affliction d'autres que toi, ou aux deux... il faut le laisser tomber. Mais si à la réflexion tu sais que ce n'est pas le cas... tu peux continuer à le faire.

"Ayant accompli un acte verbal, il faut que tu y réfléchisses... Si, à la réflexion, tu sais qu'il a conduit à ta propre affliction, à l'affliction d'autres que toi, ou aux deux; que c'était un acte verbal maladroit aux conséquences malheureuses, aux résultats malheureux, alors il faut que le confesser, le révéler, le dévoiler au Maître ou à un compagnon avisé dans la vie sainte. L'ayant confessé... il faut que tu fasses preuve de mesure à l'avenir. Mais si à la réflexion tu sais que qu'il n'a pas conduit à l'affliction... que c'était une adroite action verbale aux heureuses conséquences, aux heureux résultats, alors il faut demeurer mentalement frais et joyeux, t'entraînant jour et nuit aux qualités mentales adroites."

canon pali



samedi 24 novembre 2007

Pratique intensive et pratique non intensive








Les textes qui vont suivre sont extrait du livre de Jack Kornfiel: "Dharma vivant"

1) Pratique intensive et pratique non intensive

2) Pourquoi écrire /lire des livres sur le dharma:




Pratique intensive/non intensive:


Les deux approches contrastées de la méditation sont la retraite et l'approche non intensive, complémentaire. Ces deux méthodes peuvent être appliquées séparément ou en combinaison selon les styles ou le mode de vie du méditant.

L'approche non intensive met l'accent sur la pratique adaptée à la vie quotidienne, car elle permet de développer la sagesse à un rythme naturel, à partir des activités de la vie quotidienne. La méditation devient alors une manière d'être et ne demande pas une situation isolée et recueillie.

La méthode intensive amène le développement naturel de la sagesse et de l'attention. C'est un chemin qui ne réserve ni instant de bonheur suprême ni concentration intense. Mais ce chemin peut être difficile à suivre s'il ne s'accompagne pas de périodes de pratique intensive.

La lenteur à laquelle nous progressons dans la vision intérieure peut être décourageante.
L'attention ne se fixe pas facilement dans un environnement agité. Le désir, l'ennui et les contraintes quotidiennes peuvent nous amener à abandonner la pratique.

Mais l'approche non intensive présente aussi de grandes qualités. La sagesse que l'on parvient à développer est profonde et durable. On n'a pas à redouter l'attachement aux états de félicité mentale ou à une concentration excessive. Et, puisqu'il n'y a rien à gagner et qu'il n'y a rien d'autre que le moment présent, la pratique quotidienne est en fin de compte le but recherché par tous.

Une pratique intensive occupant de nombreuses heures par jour dans un lieu retiré peut favoriser le développement rapide de la vision intérieure et de la concentration.
Le méditant passe parfois quinze heures par jour à méditer, assis ou debout, sans interruption. L'esprit est en paix et une vision intérieure aiguë se développe (...)

La concentration et la félicité qui découlent souvent de la pratique intensive continue se combinent avec une vision intérieure profonde du Dharma (la nature des choses) qui renforce la confiance et le désir de poursuivre sa pratique.
Cette expérience est d'une importance considérable. Elle assure une base solide pour méditer dans le monde une fois achevée la période de retraite.
Certains maîtres affirment que ces retraites sont le seul moyen de connaître l'expérience véritable du dharma et d'atteindre le nirvana.

La méthode intensive et la méthode naturelle quotidienne ont toutes deux été recommandées par le Bouddha. Ce sont deux chemins valables, et nous, occidentaux, avons aujourd'hui la possibilité d'expérimenter ce qu'il y a de meilleur dans les deux approches:
Nous pouvons consacrer un certain temps à des retraites intensives et les combiner avec la pratique quotidienne de l'attention. L'ensemble nous permet d'équilibrer notre vie, d'approfondir notre sagesse et de renoncer à nos attachements.




Pourquoi écrire /lire des livres sur le dharma:


À un certain point de ma méditation, je pris la décision de ne jamais écrire de livre. Quelle perte de temps !
Quelle bonne manière de me tromper et de tromper les autres. Il y a bien assez de livres sur le bouddhisme, la méditation et la pratique spirituelle. Du reste, aucun d'entre eux ne dit la vérité, car la vérité ne peut s'exprimer par des mots(...)

L'essence n'est pas dans les mots, elle est dans l'expérience.

Pourtant, le livre est là: un rapport, un indice.
C'est une tentative de mettre à la disposition des occidentaux qui cherchent à comprendre l'enseignement du Theravada aujourd'hui.
Jadis, le bouddhisme était surtout représenté par la traduction formelle d'anciens textes.

Mais cet enseignement toujours vivant est présenté ici à travers les mots de certains des plus grands maîtres de cette école. Mon seul espoir est qu'il puisse aider ses lecteurs à découvrir leur propre dharma.

Les enseignements présentés ici peuvent paraître étonnants et contradictoires. Un maître prescrit une approche de la pratique, et se trouve aussitôt contredit par un autre dans le chapitre suivant.
Ce paradoxe ne fait que révéler l'existence de nombreuses approches valables de la même vérité fondamentale.

Si le lecteur découvre que le Dharma ne peur se trouver dans les formes et techniques contrastées du Bouddhisme, mais uniquement dans l'expérience qui leur est sous-jacente, il est prêt à commencer sa pratique.

Ne vous demandez pas trop quelle sera la méthode la plus efficace, la plus claire ou la plus facile. Choisissez une technique, un maître, et lancez-vous(...)



vendredi 23 novembre 2007

La vision intérieure par la méthode naturelle








La vision intérieure par la méthode naturelle:


Célèbre moine bouddhiste, Buddhadasa Bhikkhu fut l’un des premiers à promouvoir la compréhension mutuelle entre les religions par le dialogue entre personnes de différentes confessions et il était hautement respecté dans le monde entier. Il a quitté son monastère pour redécouvrir l’insertion du bouddhisme dans le monde et l’esprit de ses origines. L’accent qu’il a mis sur l’interdépendance de toutes choses a fait de lui un des précurseurs de la pensée écologique et un apôtre de la paix entre les nations. Ses écrits, traduits et publiés dans de nombreuses langues, ont exercé une influence considérable sur le renouvellement de la pensée bouddhiste. Les réflexions qu’il a exprimées ont le potentiel de guider non seulement la Thaïlande, mais aussi toutes les sociétés qui luttent pour la création d’un ordre social, politique et économique juste et équitable.

L'enseignement qui va suivre de Achaan Buddhadasa, est extrait du livre de Jack Kornfield " Dharma Vivant" et a été scanné et publié par : Vivre le Dhamma :
Pour une commodité de lecture sur le web, le texte a été divisé en chapitres qui n’apparaissent pas dans l’original



La concentration naturelle



Nous allons voir ici comment il est possible de se concentrer par la méthode naturelle ou en fonctionnant suivant une pratique construite et organisée.

Le résultat final est le même : l’esprit est concentré et prêt à mener une introspection précise. Mais il faut ici formuler une remarque : la concentration naturelle est généralement suffisante pour le développement de la vision intérieure, tandis que la concentration résultant d’une formation organisée est généralement excessive par rapport à l’utilisation envisagée.

De plus, il arrive que cet état extrêmement concentré génère chez le méditant un sentiment de très grande satisfaction. Un esprit pleinement concentré est susceptible de connaître un tel sentiment de bien-être que le méditant risque de s’y attacher, ou d’imaginer qu’il est l’aboutissement de la voie, le nirvana.

La concentration naturelle est suffisante pour pratiquer l’introspection et ne présente aucun des désavantages inhérents à la concentration poussée dérivée d’une pratique intensive.

Les Écritures se réfèrent souvent à des hommes qui ont atteint naturellement les divers stades de l’éveil. Cela s’est souvent produit en présence du Bouddha, mais aussi par la suite en présence d’autres maîtres. Les disciples auxquels cela est arrivé n’étaient pas partis méditer dans la forêt pour pratiquer assidûment la concentration sur des objets précis, selon les méthodes décrites dans les manuels.

Il est clair que c’est sans le moindre effort que les cinq disciples du Bouddha atteignirent l’éveil en entendant son discours sur le non-soi. La vision intérieure pénétrante leur est venue naturellement. Ces exemples nous montrent bien que la concentration naturelle peut se développer d’elle-même au moment où l’on essaie de comprendre clairement quelque chose, et que la vision intérieure qui en résulte peut être aussi durable qu’intense.

Elle se manifeste naturellement, automatiquement, tout comme l’esprit se concentre au moment où nous nous apprêtons à exécuter un exercice d’arithmétique ou que nous visons la cible avant de tirer un coup de fusil : l’esprit se concentre et se calme immédiatement. C’est ainsi que se manifeste la concentration naturelle spontanée. En temps normal, nous n’y prêtons pas attention parce qu’elle semble n’avoir rien de magique, de miraculeux ni d’impressionnant. Mais le simple pouvoir de cette concentration naturelle pourrait nous permettre à tous d’atteindre la délivrance. Nous pourrions conquérir la récompense suprême qu’est la libération, le nirvana, le plein éveil, grâce à la seule concentration naturelle.

Donc, ne pas négliger cette concentration naturelle spontanée. La plupart d’entre nous la possèdent déjà ou sont capables de la développer rapidement. Nous pouvons l’utiliser, comme la plupart des éveillés de jadis, en ignorant tout des techniques de concentration modernes.


la nature des étapes de la prise de conscience

Observons maintenant la nature des étapes de la prise de conscience interne qui nous conduisent à la vision intérieure complète du « monde », c’est-à-dire des cinq agrégats.

Le premier stade est la joie

Le premier stade est la joie, le bonheur mental ou le bien-être spirituel. Faire le bien, donner une aumône (la forme la plus minimale de l’acquisition de mérites) peuvent être source de joie. Au niveau supérieur, la morale, soit la conduite irréprochable en paroles et en actions, suscite une joie encore plus grande.

Par-delà ce stade, on atteint la joie de la concentration, la découverte du grand plaisir que l’on ressent dès les premiers niveaux de la concentration.

L’extase a le pouvoir de susciter la tranquillité. En temps normal, l’esprit ne connaît pas de retenue, asservi qu’il est à toutes sortes de pensées et de sensations liées aux séductions du monde extérieur. Son état normal est l’agitation, et non le calme. Mais le calme et la stabilité progressent en proportion de la joie spirituelle. Lorsque la stabilité est parfaite, la concentration l’est aussi. L’esprit est tranquille, calme, souple, maîtrisé, léger et satisfait. On peut alors l’utiliser pour poursuivre un but, et notamment pour éradiquer les souillures, ou états mentaux négatifs.

Cet état d’extase et de paix ne rend pas l’esprit muet, dur comme un roc. Rien de cela. Le corps se sent dans son état normal, mais l’esprit est particulièrement calme et disposé à la réflexion et à l’introspection. Il est parfaitement clair, serein, apaisé et maîtrisé. Il est prêt au travail, à la connaissance. Tel est le niveau de concentration auquel il faut tendre, et non celui du méditant concentré, raide comme une statue, privé de ses facultés de perception.

Dans une posture de ce type, il est impossible d’entreprendre un quelconque travail d’introspection. Un esprit profondément concentré ne peut pratiquer l’introspection. Il est dans un état de non-perception et totalement inutilisable pour la vision intérieure. La concentration profonde est un obstacle majeur à la pratique de la vision intérieure.

Pour pratiquer l’introspection, il faut tout d’abord revenir à une concentration plus superficielle, on pourra alors utiliser la puissance intellectuelle acquise. La concentration élevée n’est qu’un outil. Ce qu’il nous faut est un esprit calme, stable, si bien préparé au travail que lorsqu’on se met à la pratique de la vision intérieure, on parvient à la juste compréhension du monde entier. On aboutit alors à la vision intérieure naturelle, du même type que celle dont avaient bénéficié quelques contemporains du Bouddha en écoutant ses discours.

Cette concentration permet le type de pensée et d’introspection qui conduisent à la compréhension, sans miracle ni procédures cérémonieuses.

Cela ne veut pas dire pour autant que la vision intérieure se manifestera immédiatement. On ne peut être éveillé d’un seul coup. La première étape de la connaissance peut se produire à n’importe quel moment, mais cela dépend toujours de l’intensité de la concentration et de la manière dont elle est utilisée. Si concentré et clairvoyant que l’on soit, la manifestation de la vision intérieure est quelque chose de très particulier, d’extraordinairement clair et profond. Si la connaissance que l’on a acquise est la connaissance juste, elle correspondra à l’expérience directe de la réalité et, avec la pratique, elle progressera jusqu’à la compréhension juste et vraie de tous les phénomènes.

Si le développement de la vision intérieure reste limité, celle-ci pourra tout de même transformer quelqu’un en saint, ou au moins en homme à l’esprit élevé, ou en un homme ordinaire plein de qualités. Aujourd’hui même, si l’on développe les qualités de l’esprit dans un environnement favorable, il est possible de devenir pleinement éveillé. Tout dépend des circonstances.

Mais quoi qu’il en soit, si l’esprit dispose de cette concentration naturelle, le facteur que l’on appelle vision intérieure doit obligatoirement se manifester et correspondre plus ou moins étroitement à la réalité. Si nous autres méditants écoutons, considérons et étudions sérieusement le monde, l’esprit et le corps ou les cinq agrégats dans le but de comprendre leur vraie nature, la connaissance acquise dans un état calme et concentré ne pourra être source d’erreurs, et nous sera dans tous les cas bénéfique.


vision du caractère transitoire, déplaisant et étranger



L’expression « vision intérieure de la véritable nature des choses » se rapporte à la vision du caractère transitoire, déplaisant et étranger au « soi » de toutes choses, au fait que rien ne mérite d’être obtenu, d’être vécu, au fait de voir qu’aucun objet ne mérite qu’on s’y attache pour ce qu’il est ou parce qu’il est bon ou mauvais, attirant ou repoussant. Aimer ou détester quelque chose, ne serait-ce qu’une idée ou un souvenir, est de l’attachement. Dire que rien ne vaut la peine d’être ou d’être obtenu, c’est dire que rien ne mérite que l’on s’y attache. « Obtenir », c’est attacher son cœur à la propriété, à une situation, à la fortune ou à un objet plaisant. « Être », c’est s’attacher à la conscience de l’image de soi, s’identifier à son statut d’époux, d’épouse, de riche, de pauvre, de gagnant, de perdant, d’être humain ou même à la conscience d’être soi.


le fait d’être soi n’a rien de drôle



Si nous y regardons de près, le fait même d’être soi n’a rien de drôle, au contraire, car essayer d’être quelqu’un est source de souffrance. Si l’on parvient à se détacher totalement de l’idée d’être soi, ou une image quelconque de soi, on ne souffre plus.

C’est pour cela qu’il est utile de concevoir l’inutilité d’être quoi que ce soit, et c’est la raison d’être de la formule selon laquelle être quelque chose, n’importe quoi, ne peut être qu’une source de souffrance liée à cette forme d’être particulière. S’il y a « soi », il y a forcément d’autres choses qui ne sont pas « soi » ni « à soi ». Ainsi, on a des enfants, une femme, un ceci, un cela. On a donc des devoirs en tant qu’époux, épouse, maître ou serviteur... Il n’y a aucun état d’être que l’on puisse conserver sans lutte. Les difficultés et les luttes liées à la conservation d’un état d’être ne sont que le résultat de notre obsession aveugle des choses, de l’attachement aux choses.


continuer à exister en cessant



Mais comment continuer à exister en cessant d’essayer d’être ou d’obtenir des choses ? Celui qui n’a pas réfléchi à ce problème risque fort de ne pas trouver la réponse. Les mots « obtenir » et « être » sont fondés sur les états mentaux négatifs, sur le désir, sur l’idée de « mérite d’être obtenu, mérite d’être » qui poussent l’esprit à « obtenir » et à « être » avec obstination. Le résultat ne peut être que dépression, angoisse, désarroi et trouble, ou du moins un lourd fardeau pour l’esprit. Connaissant la vérité, nous devons toujours être sur le qui-vive, surveiller l’esprit - pour qu’il ne se laisse plus asservir à « obtenir » et « être » par le biais de l’attachement. Nous devons faire preuve de courage pour rester à l’écart de ces influences malsaines. Mais si nous ne sommes pas encore assez forts pour renoncer complètement à avoir et à être, nous devons être attentifs et clairvoyants de manière à ce que lorsque nous obtenons ou que nous devenons quelque chose, nous soyons le moins investi possible, et que l’émotion soit réduite au minimum.


Le monde, et toutes choses n’appartiennent à personne



Le monde, et toutes choses, sont impermanents, inintéressants et n’appartiennent à personne. Tout individu qui désire et s’attache à quelque chose en souffrira - dès le début, dans son premier désir d’avoir ou d’être cette chose, puis quand il s’engage dans le processus de l’avoir ou de l’être, et enfin après quand il a obtenu ou qu’il est devenu cette chose ou cet état. Avant, pendant et après, celui qui s’attache est lié comme par une chaîne et souffrira lorsque ce à quoi il s’est attaché disparaît.

Il en va de même avec la bonté, à laquelle pourtant tout le monde attache une grande valeur. Celui qui s’implique dans le bien d’une manière erronée et s’y attache exagérément souffrira autant de ce bien que si c’était un mal. Souvenons-nous de cela si nous voulons nous impliquer dans le bien, et prenons garde de ne pas nous attacher à nos bonnes actions.

Un sceptique pourrait me demander : « Si aucune chose ne mérite d’être obtenue et aucun état d’être désiré, cela veut-il dire que personne ne doit travailler pour obtenir fortune, situation et biens ? » Or, si l’on comprend de quoi il est question, on voit bien que celui qui dispose d’une compréhension juste est bien mieux placé pour effectuer toutes les tâches qui doivent être accomplies dans le monde que celui qui est soumis à des désirs exigeants, qui se montre irresponsable et inintelligent.


Rien ne nous empêche de travailler et d’agir dans le monde

Rien ne nous empêche de travailler et d’agir dans le monde, mais nous devons toujours être attentifs aux affaires dans lesquelles nous sommes impliqués, et nos actions ne doivent pas être motivées par le désir. Nous pouvons alors observer les résultats de notre travail de manière naturelle, non obsessionnelle.

Le Bouddha et ses disciples éveillés étaient entièrement libérés de tout désir, mais parvenaient tout de même à accomplir des choses bien plus utiles qu’aucun d’entre nous. Si nous nous penchons sur l’emploi du temps du Bouddha, nous constatons qu’il ne dormait que quatre heures par jour et passait tout le reste de son temps à travailler.

Quant à nous, nous consacrons plus de quatre heures par jour à nous distraire.

La sagesse discriminante

Puisque le Bouddha et ses disciples éveillés étaient parvenus à éradiquer totalement leurs états mentaux négatifs, responsables du désir d’être quelqu’un ou d’obtenir quelque chose, quelle est donc la force qui les motivait ? Ils étaient motivés par la discrimination, ou la sagesse associée à la bonne volonté (metta).

Les actions fondées sur les besoins corporels naturels, comme de recevoir et de manger de la nourriture, étaient elles-mêmes motivées par la discrimination. Ils étaient libres de tout état mental négatif, libres de tout désir de continuer à vivre pour devenir ceci ou cela ; mais ils étaient capables d’opérer la distinction entre ce qui vaut la peine et ce qui ne vaut pas la peine, et c’était là la force qui envoyait leur corps sur la route pour mendier la nourriture. S’ils en trouvaient, tant mieux. S’ils n’en trouvaient pas, tant pis.

Quand ils avaient la fièvre, ils savaient comment se soigner, et agissaient du mieux possible en fonction de leurs connaissances. Mais si la fièvre était insurmontable, ils savaient que la mort est naturelle et qu’au bout du compte, nous perdons la maîtrise de notre corps. Etre vivant ou mort ne signifiait rien pour eux, les deux étant de valeur égale. Ils étaient sans désirs.

Si l’on veut se libérer entièrement de la souffrance, c’est bien la meilleure attitude que l’on puisse adopter. Il n’y a pas besoin d’idée d’un « soi » qui serait maître du corps, seule la sagesse discriminante permet au corps de continuer à vivre par sa force naturelle.

C’est cette sagesse discriminante qui permet le déroulement naturel des processus corporels et mentaux et qui permet de les observer sans attachement et sans désirs.

L’exemple du Bouddha montre que le pouvoir de la discrimination et de la bonne volonté suffit à maintenir en vie un être libéré de ses désirs, et, qui plus est, à lui permettre de faire beaucoup plus de bien que ceux qui sont toujours soumis à leurs désirs. Les personnes soumises à des états mentaux négatifs ne font que ce qui leur profite, car ils agissent par égoïsme. En revanche, les actes de l’éveillé, ignorant le soi, sont d’une pureté parfaite.

Lorsque l’homme qui vit dans le monde entend dire qu’aucun objet ni aucun état ne méritent d’être désirés, il n’est pas convaincu. Il n’y croit pas. Mais celui qui comprend le sens profond de cette affirmation la trouve stimulante et réjouissante. Son esprit se rend maître des choses et indépendant. Il est capable d’effectuer un travail quelconque, car il sait qu’il ne se laissera pas asservir par lui.

La raison pour laquelle il nous est presque impossible d’accomplir parfaitement un travail, sans la moindre erreur, est que nous sommes mus par le désir d’obtenir ou d’être quelque chose, poussés par notre désir. C’est pour cela que nous ne pouvons être maîtres de nous-mêmes et ne pouvons être constamment bons, honnêtes et justes. Toutes les ruines, tous les échecs sont causés par l’esclavage du désir.


La connaissance de la véritable nature des choses

La connaissance de la véritable nature des choses est l’objectif de tout bouddhiste, le moyen de sa délivrance. Que nous aspirions à des avantages mondains comme la fortune, la situation, la réputation, ou au bénéfice supra mondain du nirvana, le fruit de la délivrance, le seul moyen de réaliser ce souhait est la connaissance et la vision intérieure.

La vision intérieure est pour nous source de prospérité. Il est dit dans les Écritures que seule la vision intérieure peut nous purifier. Nous ne possédons des choses et ne sommes quelque chose qu’en termes de vérité mondaine, relative. Nous disons couramment que nous sommes ceci ou cela pour la simple raison que la société trouve plus commode de nous identifier par nos noms et nos occupations.

Mais nous ne devons pas croire que nous sommes réellement ceci ou cela. Ce serait nous conduire comme des criquets, qui, lorsqu’ils ont la tête couverte de boue, sont égarés et se mordent les uns les autres jusqu’à la mort. Quand nous, humains, avons la face couverte de boue, quand nous nous laissons prendre au piège des illusions et des désirs, nous sommes si désorientés que nous agissons à l’inverse de notre comportement habituel et que nous pouvons aller, par exemple, jusqu’au meurtre.

Ne nous laissons donc pas aller à nous attacher à des vérités relatives, qui sont essentielles pour communiquer dans la société mais ne peuvent servir qu’à cela. Nous devons prendre conscience de la véritable nature du corps et de l’esprit, afin de nous en détacher.

Quant à la fortune et à la situation dont nous avons l’impression de ne pas pouvoir nous passer, considérons-les comme des vérités relatives de manière à perdre l’habitude de dire : « Ceci appartient à un-tel, ou à telle ou telle catégorie. » La loi se charge de gérer la propriété ; nous n’avons pas besoin de nous attacher à l’idée de « mien ».

Nous ne devrions posséder des choses que pour notre bien-être, et ne pas laisser les choses se rendre maîtres de notre esprit. Lorsque nous avons cette connaissance claire, les choses deviennent nos serviteurs, nos esclaves, et nous pouvons les utiliser plutôt que de nous laisser asservir par elles.

Si nos pensées tendent au désir et à l’attachement, que nous avons conscience d’avoir et d’être ceci ou cela, et que nous nous attachons à ces idées, les choses finiront par nous utiliser. Nous passerons notre vie à essayer d’acquérir et à craindre de perdre divers biens, notre réputation, notre fortune ou autre chose, et deviendrons leur esclave. Nous devons gérer les choses de manière à garder notre indépendance, à dominer les choses. Sinon, nous nous trouverons dans une situation fort peu enviable quand ces choses disparaîtront ou cesseront d’être, comme toutes choses.

émancipation



Lorsque nous avons réussi à percevoir clairement que rien ne mérite d’être désiré, le détachement croit en proportion de notre vision intérieure. L’attachement a enfin commencé à régresser. C’est là un signe que notre esclavage a déjà duré si longtemps que l’idée de nous en libérer nous est enfin venue. Ce désenchantement et cette désillusion peuvent enfin se manifester lorsque nous sommes las de notre entêtement stupide à nous attacher aux choses. Nous voulons nous défaire de ces filets dans lesquels nous avons été retenus prisonniers. Ce processus de rupture ou de séparation des objets de l’attachement était appelé par le Bouddha « émancipation ». C’est une étape des plus importantes, un stade décisif vers la délivrance finale.

Une fois délivrés de nos attachements aux formes, aux sensations et aux idées, nous ne pouvons plus être esclaves du monde. Nous sommes purs, décontaminés de toutes les souillures que sont l’envie, la colère et l’erreur. Quitter l’esclavage pour jouir du goût merveilleux du monde sans désir, c’est réaliser notre pure condition naturelle. Cette pureté réelle donne alors naissance à un calme et une sérénité que rien ne peut plus troubler. La délivrance de l’oppression et de la turbulence était ce que Bouddha appelait simplement « la paix ». Le calme, la paix, une certaine manière de goûter au nirvana pendant notre vie.


Nirvana

Le mot nirvana a été traduit par « absence de tout instrument de torture ». Mais on peut aussi le traduire par « extinction sans reste » : d’abord, l’absence de source de tourments, la délivrance de toutes les formes de contraintes et de limites, et ensuite l’extinction, sans aucun combustible pour alimenter le retour de la souffrance. Si l’on relie les deux sens du mot, on aboutit à la notion de liberté complète. Il y a quelques autres sens très utiles du mot nirvana : l’extinction de la souffrance, l’éradication des souillures, ou encore l’état, le royaume, ou la condition qui est la cessation de toute souffrance, de toute souillure, et de toute activité karmique.

De nombreuses sectes utilisent le mot nirvana, mais parfois avec des sens différents. Pour un groupe, il voudra dire calme et tranquillité, parce qu’il identifie le nirvana avec la concentration profonde. Pour d’autres c’est l’absorption complète dans les sens qui serait le nirvana.

Le Bouddha a défini le nirvana comme étant simplement la condition de la délivrance de notre esclavage, de nos tourments et de la souffrance, l’état qui résulte de la vision de la véritable nature des choses et nous permet de renoncer à tout attachement. Il est donc indispensable de cultiver la vision intérieure par un moyen ou par un autre.

la voie naturelle



L’une des méthodes consiste à faire en sorte que la vision intérieure se révèle à nous par elle-même, naturellement, en cultivant nuit et jour la joie dérivée de la pureté mentale, jusqu’à ce que les qualités décrites se manifestent progressivement.

L’autre méthode consiste à développer nos pouvoirs mentaux en adoptant une pratique de concentration ou de culture de la vision intérieure. Dans de bonnes conditions, certains pourront tirer profit de cette dernière méthode.

Mais il est toujours possible de pratiquer le développement de la vision intérieure par la voie naturelle - en nous contentant de mener une vie si pure et honnête que nous connaissons successivement la joie, le calme, la vision intérieure de la vraie nature des choses, le désenchantement, le retrait, la fuite, la purification des souillures et enfin la paix du nirvana. C’est le moyen de nous libérer progressivement de la souffrance et de nous rapprocher de la perfection intérieure, du nirvana, de jour en jour, de mois en mois, d’année en année.

Pour compléter notre explication sur l’apprentissage de la vision intérieure, nous devons évoquer ici les systèmes organisés qui n’ont pas été enseignés par le Bouddha mais par des maîtres ultérieurs.

Ce type de pratique convient à des gens qui débutent à un niveau très bas, qui ne sont pas capables de percevoir naturellement, de leurs propres yeux, le caractère insatisfaisant de la vie mondaine.

Cela ne veut pas dire qu’il soit impossible d’obtenir les mêmes résultats par la méthode naturelle ; la seule méthode dont il est question dans les écritures est en effet la méthode naturelle.

Certains trouvent la méthode naturelle difficile à comprendre, ou pensent que la vision intérieure naturelle ne peut être développée que par des êtres extraordinairement vertueux ou pour qui la pleine compréhension des choses serait un jeu d’enfant.

Que faire donc si l’on n’a pas les vertus ou les qualités nécessaires ? C’est pour des personnes de ce type que les maîtres ont élaboré des systèmes de pratique, des cours précis que l’on doit suivre du début à la fin.

Vipassana



Le terme technique qui désigne aujourd’hui ces pratiques de développement de la vision intérieure s’appelle Vipassana. Vipassana s’oppose à l’étude intellectuelle, les deux étant aujourd’hui considérés comme des volets complémentaires de la formation. Vipassana est le travail réalisé à l’intérieur de soi ; c’est une formation mentale au sens strict, qui n’a rien à voir avec les manuels. Les écritures ne mentionnent directement ni Vipassana ni l’étude intellectuelle, mais tous deux apparaissent dans des textes plus récents.

Cependant, Vipassana est une pratique bouddhiste authentique, conçue pour des gens qui cherchent à éradiquer la souffrance. Elle se fonde sur l’introspection concentrée et continue. Les maîtres qui voulaient expliquer ce qu’était Vipassana s’appuyaient sur une série de questions : Quelle est la base, le fondement de Vipassana ?

Quelles sont les caractéristiques qui nous permettent de dire que ceci est bien Vipassana ?

Quelle est l’activité que l’on appelle Vipassana ?

Quel est le résultat ultime que l’on attend de Vipassana

Notre réponse en ce qui concerne le fondement de Vipassana serait : la morale et la concentration. Vipassana signifie « vision intérieure claire » et se rapporte à la vision claire qui s’offre à un esprit plein de joie et débarrassé de ses états mentaux négatifs.

La joie se développe à partir de la pureté morale, qui est une condition préalable nécessaire. Cela est dit dans les Écritures bouddhiques, où la pratique est décrite comme une série d’étapes appelées les sept purifications, culminant dans le nirvana. Pour les maîtres, la pureté morale correspond à la première des sept purifications.

Lorsque l’on est parvenu à l’apaisement des activités corporelles et de la parole, on aboutit à la tranquillité mentale, qui induit à son tour les autres étapes de la purification : délivrance des conceptions erronées, délivrance du doute, connaissance de la juste voie à suivre par opposition aux voies détournées, connaissance et vision de sa progression au long du chemin, et enfin vision intérieure intuitive totale.

Ces cinq dernières étapes sont le propre de Vipassana. La purification du comportement et de l’esprit n’est que la voie d’entrée dans Vipassana.

De nombreux maîtres bouddhistes enseignent aujourd’hui le développement de la vision intérieure. La pratique débute par des exercices de concentration comme par exemple l’attention à la respiration, puis des pratiques de vision intérieure Vipassana.

Dans d’autres systèmes la méditation est dès l’abord orientée sur la vision intérieure. Le méditant qui veut entreprendre la pratique se rend en général pour quelque temps dans un centre de méditation ou dans un lieu isolé.

Au cours de cette retraite, il s’adonne à la méditation intensive pour équilibrer son esprit et atteindre l’expérience supra mondaine, la délivrance du nirvana. Lorsque le méditant pratique par la méthode naturelle en un lieu isolé, il devra de toute manière un jour intégrer Vipassana et pratiquer l’attention dans sa vie quotidienne.

Le sage, en vérité, n’a ni passé ni futur ; il voit que la liberté consiste à comprendre qu’il n’y a rien à perdre ni à gagner, rien à obtenir, et rien à devenir. Que cette connaissance soit la cause du véritable bonheur et de la libération de tous les êtres.

lundi 19 novembre 2007

SOS BIRMANIE


Mise à jour au 29 novembre



  • Vidéo : Jeanne Moreau : Une minute pour ASSK: ICI
Aung San Suu Kyi, leader de l'opposition démocratique et prix Nobel de la Paix, astreinte à résidence depuis douze ans, est devenue un symbole mondial de la resistance pacifique en balayant les propositions du pouvoir en place d'être libérée à la seule condition qu'elle soit expatriée. Ce film rend hommage à la portée de son geste.

  • - Diaporama : "Je n'oublie pas la Birmanie" : ICI




Plan de ce message:

1) Articles et reportages (suite)= Mise à jour au 29/11
2) Concert Solidarité Birmanie : LES AILES DE L'ESPOIR
3) SOS BIRMANIE
4) Festival Urgence Birmanie


1) Articles et Reportages (suite)

Le 29 novembre:



Monastère de Maggin fermé par la junte
  • La junte birmane ferme un monastère, considéré comme contestataire
La junte birmane a fermé jeudi un monastère qui avait été la cible d'un raid des forces de sécurité lors de la répression fin septembre d'un mouvement de protestation populaire conduit par des bonzes, ont indiqué un moine bouddhiste et des témoins.

Le monastère de Maggin, dans l'est de Rangoun, servait également de refuge temporaire à des malades atteints du sida et venus des quatre coins du pays.

Des responsables du ministère des Affaires religieuses et de la municipalité sont arrivés dans la matinée et ont informé les deux bonzes et six novices encore présents que le monastère serait fermé à 16H00 locales (09H30 GMT), a indiqué à l'AFP U Nandiya, un moine de 83 ans.

U Nandiya est le père du responsable du monastère, U Eideka, qui avait été arrêté avec sept personnes, dont trois moines, lors d'un raid des forces de sécurité le 27 septembre.

«Ils nous ont dit de partir, bien que nous n'ayons rien fait de mal», a dit le vieux bonze qui a lui-même passé treize jours en détention à la prison tristement célèbre d'Insein. Son fils avait été déjà été emprisonné au début des années 1990.

Aucun visiteur n'avait été autorisé à rester dans le monastère après le raid du 27 septembre.

Un malade du sida, encore présent jeudi, a déclaré que les moines l'avaient aidé quand il était sans ressource «mais, maintenant, je ne sais pas comment les aider».

source : ICI



  • Lettre à Monsieur le Président (Christophe Ono-dit-Biot, journaliste et romancier. Pascal Bruckner, écrivain. André Glucksmann, philosophe. Bernard-Henri Lévy, philosophe)

Monsieur le Président,

En 2003, quelques mois après l’embuscade tendue par la junte à Aung San Suu Kyi et qui a failli lui coûter la vie, un Birman anonyme remettait une lettre à un jeune voyageur. De ce Birman, le voyageur ne savait qu’une seule chose : il était étudiant en 1988, l’année où lui et ses condisciples, animés par la volonté de vivre et par l’espoir, avaient défié pacifiquement la junte en manifestant dans les rues de Rangoon. La répression fit 3 000 morts.
(...)
Vingt ans après cette première répression sanglante, portés par la foi et le courage de leurs bonzes, le peuple birman a défié, à nouveau, le régime. Pacifiquement, toujours. Et comme la fois précédente, la junte a réprimé. A coups de matraque de bambou, d’abord. Puis, très vite, à balles réelles. Sur quels ennemis ? Des moines et des civils. Des hommes et des femmes qui n’aspirent qu’à vivre plus libres. Vivre libres.

Vingt ans après cette première répression, trois mois après une deuxième répression, nous sommes venus vous voir samedi dernier à l’Elysée, Monsieur le Président, pour que vous puissiez faire entendre en Chine la voix de la France, et que cette voix soit assez puissante pour casser ce rythme insensé, ce refrain sanglant, qui fait que tous les vingt ans, un peuple se soulève avant d’être broyé.

Vous vous êtes donc rendu en Chine, principal allié et partenaire commercial de la junte, dans un contexte préoccupant d’impuissance internationale. Juste après un sommet de l’Asean qui aura vu les généraux de la junte demander, et obtenir, le silence d’un envoyé de l’ONU qui devait y parler de sa mission en Birmanie. Juste après une condamnation de la répression par l’ONU, qui n’aura arraché au représentant de la junte que ce commentaire, d’une arrogance qui laisse sans voix : «Nous ne sommes ni surpris, ni découragés.»

Vous vous êtes rendu en Chine au moment où la junte arrête et interroge les principaux leaders politiques des mouvements ethniques, qui luttent eux aussi pour le changement. Leur crime ? Avoir refusé de diffamer Aung San Suu Kyi. Au moment aussi où le généralissime Than Shwe, l’homme fort de la junte, consulte les astres et les esprits pour neutraliser les pouvoirs de celle que tous les Birmans appellent «La dame de Rangoon». Cette façon de gouverner comme on tire les cartes serait plaisante, si la junte ne jouait pas avec la vie des 700 prisonniers politiques qui croupissent dans ses geôles, ou des milliers d’enfants qu’elle arrache chaque année à leurs parents, enrôle dans son armée haïe, et envoie exploser sur les mines des sentiers de la guérilla.

Vous vous êtes rendu en Chine, Monsieur le Président, et vous avez tenu parole. Sur deux initiatives que la France, dans cette situation d’impuissance des institutions internationales, peut prendre seule.

D’abord, en validant notre proposition de constituer une commission d’enquête parlementaire afin de faire la lumière sur les 350 millions d’euros – versés à l’Etat birman, chaque année, nul ne sait pourquoi ni comment – par l’entreprise française Total. Certes, la carte des gisements de pétrole ou de gaz naturel coïncide rarement avec celle de la démocratie. Mais il serait inacceptable qu’une de nos très grandes entreprises accepte qu’une partie de cette somme soit versée à des tortionnaires, à des assassins et des voleurs, dont on sait que, non contents d’avoir pillé, profané, dévasté les monastères, ils ont battu à mort les moines qui y résidaient ou qui y trouvaient refuge.

Vous avez tenu parole en évoquant la Birmanie avec votre homologue chinois Hu Jintao, et en demandant l’aide de sa diplomatie pour qu’un représentant de l’Etat français, au nom de tous les Français, puisse se rendre très vite en Birmanie. Et y rencontrer, comme nous vous l’avons suggéré, le prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi. Une telle rencontre aurait un retentissement planétaire. Montrerait au monde que la France, berceau des droits de l’homme, n’abandonne pas ses principes. Et donnerait aux Birmans, à ces hommes et à ces femmes qui ont, au péril de leur vie, défié ce régime aliénant, un peu de cet oxygène mental dont chaque être humain a besoin pour ne pas mourir et qui s’appelle l’espoir. Pour, enfin, montrer à ce boucher bardé de médailles, le généralissime Than Shwe, que, quoi que disent les astres, le régime inique qu’il incarne n’est peut-être pas éternel.

Nous croyons, Monsieur le Président, qu’une transition démocratique est encore possible en Birmanie. Mais que ce changement ne pourra se faire sans un geste fort de la communauté internationale. «Nous avons besoin de vous», disait la lettre. Votre avion a su trouver le chemin de Tripoli et de N’Djamena. Pourquoi ne pourrait-il pas trouver celui de l’ambassade de France à Rangoon ? Nous y verrions bien Aung San Suu Kyi, «la dame de Rangoon», y parler avec vous, dans ce petit coin de France, mais sous les yeux du monde entier. De l’avenir de son pays. De la démocratie. Du bonheur simple, mais essentiel de respirer après quarante-cinq ans d’étouffement.

Monsieur le Président, nous vous attendons au102, Pyidaungsu Yeithka Road, à Rangoon. «Nous avons besoin de vous.».
Source : liberation

  • Amnesty condamne la poursuite des arrestations

Des arrestations « arbitraires » se poursuivent en Birmanie deux mois après la répression d’un mouvement de protestation populaire, a déploré Amnesty International. Et cela en dépit d’assurances données par le régime militaire à l’ONU.

Amnesty a dénombré depuis début novembre pas moins de seize arrestations parmi des militants politiques, des bonzes et des représentants de minorités ethniques.

L’organisation basée à Londres a notamment cité le cas de U Gambira, chef de l’Alliance de tous les moines bouddhistes et un des leaders des manifestations pacifiques de septembre, qui aurait été inculpé de « trahison ».

Pour rappel lire mon message sur l'arrestation de U gambari : ICI

Aujourd’hui U Gambari risque la peine de Mort.

Amnesty a « condamné » la poursuite des arrestations « en dépit d’un engagement pris début novembre par le Premier ministre (birman) Thein Sein auprès du représentant spécial de l’ONU Ibrahim Gambari. »

A ce jour, quelque 700 personnes arrêtées pendant et depuis les manifestations de septembre restent sous les verrous, tandis que 1.150 prisonniers politiques qui étaient détenus avant les événements n’ont pas été libérés.


«En procédant à des arrestations arbitraires deux mois après la violente répression des manifestations pacifiques, le gouvernement poursuit, contrairement à ses promesses d'un retour à la normale, sa lutte systématique contre la liberté d'expression et d'association », a déclaré Catherine Baber, directrice du programme Asie-Pacifique d'Amnesty International.

Amnesty International appelle de toute urgence le gouvernement du Myanmar à libérer toutes les personnes arrêtées ou incarcérées simplement pour avoir exercé de manière pacifique leur droit à la liberté d'expression, de réunion et d'association, y compris les prisonniers d'opinion récents et de longue date. L'organisation demande également aux autorités de mettre fin aux arrestations.

sources : Amnesty International



Le 28 novembre



  • Les moines Birmans incitent au BOYCOOTT des Examens d'état

Ci après un article publié par le site (en Anglais) irrawaddy
Article traduit par isara pour le site KARUNA:

Dans un tract anti-gouvernemental, les moines birmans incitent à boycotter les examens organisés par le régime, ceci afin de montrer leur solidarité avec les moines protestataires qui ont été dispersés par les autorités et les milices à la solde de la junte lors des manifestations de Septembre.

Dans leur communiqué, l’Alliance de Tous les Moines Bouddhistes de Birmanie (Alliance of All Burmese Buddhist Monks) appelle tous les moines à « respecter le dévouement des moines qui ont été arrêtés, qui ont disparu ou sont morts lors du mouvement pour patam nikkujjana kamma’— c’est-à-dire le refus des offrandes venant des membres du régime militaire.

Le communiqué pressent les moines de ne pas prendre part aux examens annuels qui cloturent les études dans les monastères birmans. Dans un communiqué séparé, le réseau clandestin demande à l’instance officielle, le « Sangha Maha Nayaka Committee », qui chapeaute le clergé du pays de prendre la responsabilité de chercher et de rendre public le nombre de moines, arrêtés, portés disparus ou tués durant la répression gouvernementale.

Selon une copie du tract reçu par e-mail par le journal, « The Irrawaddy », le groupe affirme que le boycott des offrandes organisé par les moines et leur récitation du Mettâ sutta dans les rue de Rangoon et d’autres villes en septembre ne transgressent pas le code de conduite des moines bouddhistes.

« N’ayant pas incité à la violence,notre action n’a pas été à l’encontre de la loi », précise le communiqué. « Mais la junte a brutalement fait intrusion dans une soixantaine de monastères, se livrant au pillage et brutalisant les moines sans pitié. »

La junte a annoncé que, au 5 octobre, 533 moines ont été détenus et parmi ceux-ci, 398 ont été relâchés après qu’il ait été procédé à un tri entre les « vrais moines » des « faux ». Des moines et des dissidents persistent à penser cependant qu’un nombre plus élevé soit encore détenu ou disparu.

Ashin Kawvida, un des moines à la tête du mouvement de protestation de Septembre, qui par la suite à trouvé refuge sur la frontière entre la Thaïlande et la Birmanie, affirme à The Irrawaddy, qu’il est inquiet pour la sécurité de nombreux jeunes moines qui ont pris un part active dans les manifestations.

« Lorsqu’une personne ordinaire est arrêtée, des membres de la famille et des amis peuvent venir demander des informations sur ce qui leur arrive, ce qui leur sont faits, dit-il. « mais de nombreux moines viennent des régions rurales pour étudier dans les monastères en villes, (ceux-ci sont détenus sans personne ne le sache) »

En Inde, pendant ce temps, un millier de moines bouddhistes, de nonnes et des étudiants ont organisé une démonstration contre la junte birmane dans la ville sainte de Bodh Gaya, dans l’état de Bihar - là où il est dit que Bouddha avait atteind l’Eveil.

Cette démonstration qui appelle tous les bouddhiste au travers du Monde de s’unir contre la junte, va durer trois jours et sera accompagné d’un sit-in au fameux temple de Bodh Gaya, rapporte l’Agence Reuter.



Le 27 novembre:

  • A Rangoun, les moines oscillent entre résignation et espoir d’une remobilisation.

Assis sur leurs talons, une trentaine de novices drapés dans leurs robe rouge sombre récitent des soutras bouddhiques en pali en balançant la tête sous le regard débonnaire de deux bonzes plus âgés. Dans le centre d méditation attenant, des femmes assises sur le sol en teck, leurs jambe repliées, méditent dans un silence total devant une statue dorée d Bouddha. D’autres marchent avec une extrême lenteur, dans un mouvemen coulé et ralenti, selon les préceptes de la «méditation de pleine conscience».

Dans ce monastère du centre de Rangoun, comme dans les autres aux alentours, la vie normale a, en apparence, repris son cours, deux mois après la répression sanglante des manifestations de bonzes. Des chiens sont assoupis sur les marches de béton qui mènent à une statue colossale du Bouddha, un lieu prisé par les touristes de passage. Torses nus, des bonzes s’aspergent de seaux d’eau pour leur douche du soir.

«La paix est revenue, tout est tranquille», assure un guide édenté qui propose ses services aux visiteurs étrangers.

Amertume. Il suffit pourtant de gratter un peu la surface pour se rendre compte que cette normalité n’est qu’une façade. Assis sur sa couche, l’abbé du monastère compulse une pile de livres sur le dhamma – les enseignements du Bouddha – qu’on lui a apportés. Visage rondelet et regard vif derrière ses lunettes, il laisse immédiatement fuser son amertume. «Je hais le gouvernement. Je ne pourrais jamais leur pardonner d’avoir fait tirer sur des bonzes. Nous avons enduré trop de souffrances», assène-t-il, alors que le guide lance des regards nerveux par-dessus son épaule.

Les bonzes de ce monastère, dont nous tairons le nom par mesure de sécurité, ont participé aux manifestations de septembre. Celles-ci avaient pour objectif de protester contre les hausses de prix et de dénoncer les violences commises au début septembre contre des bonzes de Pakokku, un des deux centres d’enseignements du bouddhisme dans le pays. Après la répression de la fin septembre, 100 des 500 bonzes du monastère ont été arrêtés. «Les militaires sont entrés dans la pagode avec leurs armes et leurs bottes. Ils se sont conduits de manière honteuse», raconte un autre bonze après avoir fait monter le visiteur à l’étage pour être à l’abri des oreilles indiscrètes.

Cette colère sourde est présente dans la plupart des monastères de l’ancienne capitale, même si elle est rarement exprimée ouvertement par crainte d’être dénoncé. Des vidéos intitulées «Monks versus Devil» circulent par milliers sous le manteau. Ils rassemblent les scènes les plus spectaculaires des manifestations saisies par la BBC ou Al-Jezira. «Nous voulons nous réorganiser et reprendre les manifestations. Mais c’est difficile car des agents du gouvernement ont été infiltrés dans notre temple. Ils ont troqué leur uniforme pour revêtir nos robes», lance à la dérobée un jeune bonze avant de s’engouffrer dans le dortoir. La peur est palpable et, le plus souvent, les bonzes refusent de répondre à toute question sur la situation politique. Dans la foulée de la répression des manifestations les 26 et 27 septembre – répression qui aurait causé 10 morts selon un bilan officiel, bien plus selon des diplomates –, la junte militaire a procédé à un nettoyage des monastères les plus actifs politiquement.

Des bonzes progouvernementaux ont été enrôlés pour y créer une atmosphère de défiance, ainsi que des agents de renseignements déguisés en bonzes. Dans le monastère de Ngwe Kyar Yan, le plus mobilisé lors des manifestations de septembre, l’abbé et son adjoint ont été emprisonnés. Dans la soirée du 27 septembre, des soldats ont pénétré dans ce temple, y ont sauvagement battu des moines avant de les embarquer dans des camions. «Depuis, les militaires ont tout refait à neuf. Ils ont remplacé les images du Bouddha, refait la peinture et ont remplacé tous les bonzes par d’autres venant de l’extérieur», explique un journaliste birman.

D’autres monastères à la périphérie de Rangoun sont vides de tout occupant, le plus souvent parce que les moines ont quitté le froc et sont entrés dans la clandestinité dès le début de la répression. «Il y a probablement encore des centaines de bonzes en prison», précise le journaliste. Aucun des bonzes directement impliqués dans les manifestations n’a encore été libéré.

Donations. Toutefois, la communauté monastique n’est pas unanime dans sa volonté de relancer la confrontation avec la junte au pouvoir. Dans un monastère isolé dans la forêt, à une dizaine de kilomètres de Rangoun, l’abbé – un septuagénaire squelettique, à l’air sévère – qualifie les manifestations de septembre d’«inacceptables». «Ce n’est pas le devoir d’un bo nze de participer à des manifestations. Son devoir est de suivre les enseignements du Bouddhaet de s’astreindre aux 227 règles de la discipline bouddhique», assène-t-il. Un habitant vivant près du monastère confie : «Ces bonzes avalent sans réfléchir la propagande du gouvernement. Ils considèrent que si certains des leurs ont été tués en septembre, c’est parce qu’ils ont commis des actes de violences, comme de casser des vitrines.»

A l’occasion de la fin du carême bouddhique, qui marque la période où traditionnellement les bonzes sortent de leur temple après la saison des pluies, les généraux ont multiplié les donations d’argent, de nourriture et de médicaments pour tenter de réparer leurs relations avec la sangha, la communauté des moines. Mais il est clair que la majorité des bonzes n’est pas prête à passer l’éponge sur les violences commises par les autorités. La déchirure semble irréversible.

«Tout peut exploser à nouveau, il suffit que quelqu’un actionne le détonateur», indique un bonze célèbre pour ses pouvoirs divinatoires dans un monastère du quartier de Mayangon. Mais dans l’immédiat, la capacité opérationnelle des bonzes a été détruite. Les dirigeants des deux organisations qui étaient derrière les manifestations – la Young Monks Union et le United Front of Monks – sont en prison ou en fuite. «Pour l’instant, nous sommes faibles. Nous n’avons que l’amour et la compassion contre les armes. Mais dès que nous le pourrons, nous repartirons à l’attaque», prédit l’abbé du monastère.

source : liberation

Une autre vision :
  • Birmanie : les conflits impérialistes
derrière les appels à la démocratie, les conflits impérialistes

Fin août, des manifestations ont explosé en Birmanie suite à l'augmentation brutale et drastique des prix de l'énergie : 66% pour l'essence, 100% pour le diesel et plus de 500% pour le gaz ! La raison officielle en était l'augmentation des prix des hydrocarbures mais il s'agissait de faire payer toujours plus à la population l'enfoncement catastrophique du pays dans la crise. L'Etat birman est déjà un des trois pays les plus pauvres de l'Eurasie et a un PIB aussi bas que celui de la Corée du Nord. La crise financière de ces derniers mois et ses répercussions sur l'économie mondiale n'a épargné aucun pays et surtout pas les plus faibles. ….Officiellement, la répression des 26 et 27 septembre aurait fait (mi-octobre) dix morts et il y aurait eu 3000 arrestations tandis que les hommes de main du pouvoir birman poursuivent encore à l'heure actuelle de véritables chasses à l'homme sur tout le territoire….


L'hypocrisie et le mensonge démocratiques

La "communauté internationale" s'est élevée avec la plus grande indignation contre cette "atteinte grave à la démocratie". L'Union européenne n'a pas cessé d'annoncer des "sanctions économiques" comme le gel des avoirs à l'étranger des responsables birmans ou un embargo sur les importations de bois et métaux. L'ONU, par la voix de son émissaire, Ibrahim Gambari, "déplorait la répression » et, après avoir rencontré le 2 octobre les chefs militaires birmans, sans aucun résultat, proposait de se rendre en Birmanie(...)

Le premier, dans de grands élans humanitaires, "envisageait" de réclamer de Total, qui soutient financièrement le pouvoir birman et en tire des bénéfices juteux pour l'Etat français, de retenir ses investissements en Birmanie et même de les geler ; le second, auteur d'un rapport d'enquête mensonger de 2003 dédouanant la même entreprise d'accusations selon lesquelles elle utiliserait le travail forcé de la population en Birmanie, préconisait plutôt d'intervenir auprès des voisins asiatiques de la Birmanie, dont la Chine, pour qu'ils fassent pression…

pourquoi tout ce battage, pourquoi ces déclarations "révoltées" ? Parce que derrière cette réaction de la bourgeoisie occidentale, il s'agissait de faire passer ces manifestations et cette lutte de la population contre la misère pour un mouvement pour la démocratie, sous-entendu que, dans les pays démocratiques, on vit forcément mieux.

La Birmanie, enjeu impérialiste

Cependant, ces glapissements hypocrites étaient également et surtout dirigés vers la Chine, qui possède une influence grandissante sur le pays….

... La Birmanie fait partie de la stratégie d'avancée de la Chine vers l'Océan indien, avec des postes d'écoute et carrément une base navale. Elle est une pièce du "collier de perles" chinois, c'est à dire des satellites-clés de Pékin. Avec une mainmise sur le Boutan (Tibet), la Chine étend de plus en plus son influence sur le Népal, la Birmanie, le Cambodge et le Laos, avec l'objectif de la poursuivre vers le Vietnam et l'Indonésie. Ses ambitions se portent vers l'ouest de l'Asie centrale et le sud de l'Océan indien. Cette montée de la Chine se manifeste ainsi par son agressivité particulière envers le Japon et Taiwan.

Cet intérêt et cette sollicitude des pays occidentaux comme de la Russie, l'Inde, la France, les Etats-Unis ou encore l'Australie, ont donc eu fondamentalement comme objectif de contrecarrer l'avancée impérialiste de Pékin et d'y défendre leurs propres intérêts. Voilà la vraie raison de toutes ces hypocrites tractations "diplomatiques". Source : indymedia



Le 26 novembre

  • Les sanctions? Avis partagés des Birmans

Pour beaucoup, les sanctions nuisent d'abord à la population.

Que pensent les Birmans des sanctions décrétées à l'encontre de leur pays? Le débat s'est intensifié au sein de la communauté internationale depuis la répression des manifestations de bonzes à la fin septembre. Les Etats-Unis et l'Union européenne ont durci leur position vis-à-vis de la junte birmane, tout en faisant miroiter - dans le cas de l'UE - des «mesures d'incitations positives» dans l'hypothèse de progrès vers un système démocratique. La voix des Birmans eux-mêmes, qu'ils soient ouvriers, fonctionnaires, hommes d'affaires ou conducteurs de taxis, est rarement entendue.

Ici, comme à l'extérieur de la Birmanie, les opinions sont très diverses, aucune position unifiée ne se dégage. «Je suis contre toutes les sanctions, parce que je suis un homme d'affaires et qu'elles me créent des problèmes», indique le propriétaire d'une firme qui importe des voitures d'occasion de l'étranger pour les revendre dans le pays. Une position qui a, au moins, le mérite de la franchise. Mais rares sont les Birmans qui soutiennent sans nuances les politiques de sanctions.

Win Htut, 27 ans, a participé activement aux manifestations de septembre. Il se dit contre les sanctions, «qui empêchent les firmes pétrolières d'investir en Birmanie» car elles bloquent le développement économique du pays. En revanche, ce propriétaire d'un petit café internet applaudit les représailles ciblées, comme «les mesures américaines, qui gèlent les comptes bancaires des membres de la junte». «De telles mesures affectent directement les dictateurs et ne touchent pas la population», dit-il.

La tendance générale semble être au rejet des sanctions car leur impact serait plus fort sur la population que sur les dirigeants du régime. «S'il vous plaît, aidez à développer notre pays», lance une ouvrière qui a perdu son travail il y a six mois. L'usine où elle travaillait, une fabrique gouvernementale de polos destinés à l'exportation, a fermé à cause des sanctions, affirme-t-elle. «15000 emplois ont été supprimés à Rangoon dans les usines à cause des sanctions. C'est pour cela que vous trouvez de plus en plus de jeunes femmes travaillant dans les night-clubs et les karaoke, ou se prostituant près des arrêts de bus», commente son beau-frère, guide touristique(.....)

Tourisme salvateur

Les Birmans semblent unanimes sur certains points. «Si les touristes viennent ici, ils peuvent découvrir notre culture, mais aussi se rendre compte des conditions dans lesquelles nous vivons et en parler à leur retour», note Win Htut, le jeune militant. «Le tourisme est le secteur le plus prometteur pour le pays. Les touristes permettent aux guides et aux agences touristiques, mais aussi aux cyclo-pousse et aux petits commerçants de gagner leur vie», déclare une guide indépendante. Autre sujet d'accord: l'aide humanitaire par les agences étrangères, qu'il s'agisse d'organisations internationales ou d'ONG.
(...)

LIRE CET ARTICLE EN ENTIER ICI


Le 25 novembre

Dans mon tout premier message sur la Birmanie ICI, j'ai déjà évoqué l'histoire de la Birmanie, voici un petit rappel:
  • Birmanie : de la domination coloniale à la dictature sanglante.
Au 19e siècle, l'actuel territoire de la Birmanie devint progressivement une province indienne, au gré des conquêtes britanniques qui débutèrent en 1824. Il sépara t l'Inde, colonie britannique incluant les territoires qui ont formé le Pakistan, le Sri-Lanka et le Bangladesh, de la Chine et de la péninsule indochinoise. En 188 , après l'occupation de l'Indochine par la France, Londres protégea ses flancs en occupant totalement la Birmanie. Ainsi naquit une de ces entités artificielles do t l'Angleterre avait le secre

Sur ce territoire se juxtaposaient une multitude d'ethnies (plus de 130 à l'heure actuelle), cœxistant plus ou moins bien pendant des siècles, avec des traditions sociales, linguistiques, religieuses et économiques différentes.

La plaine centrale, à majorité ethnique birmane, devint le grenier à riz des compagnies anglaises et bientôt leur réservoir de pétrole. En même temps, la puissance coloniale contribua au développement de la bourgeoisie locale, qu'elle acheta en lui offrant des places dans un appareil d'État local, essentiellement décoratif.

Les 40 % de la population restants habitaient pour la plupart au nord et à l'est, dans les « provinces frontières » difficiles d'accès, l'Empire se gardant bien d'y construire des routes. L'autorité coloniale était déléguée aux chefs traditionnels, cependant que les Anglais recrutaient, au sein de ces ethnies, les forces qu'ils envoyaient, quand besoin était, réprimer la population des villes birmanes. Il en résulta de solides haines entre les Birmans et les minorités les plus nombreuses, Karen, Chin, Mon, Kachine, Rakhan, Shan, etc.

La naissance de l'opposition.

Ce furent ces ethnies qui entrèrent d'abord en dissidence, formant des guérillas armées dès les premières tentatives de mise en place d'un pouvoir central. Ces mouvements de rébellion n'ont pratiquement jamais cessé depuis, servant de base à la formation de nombreux partis politiques et de nombreuses zones dites « libérées ».

Dans les villes apparut, comme en Inde, une opposition bourgeoise respectueuse des institutions coloniales. Mais contrairement au Parti du Congrès indien, l'opposition birmane se radicalisa rapidement sous l'influence des idées communistes. En 1930 fut formé le premier parti indépendantiste, puis, en 1933, les premiers syndicats, chez Burmah Oil Company, plus tard rachetée par BP. En 1938, les ouvriers du pétrole firent grève pendant onze mois, grève au cours de laquelle ils parcoururent à pied les 400 kilomètres qui séparaient les puits de la capitale.

L'opposition étudiante de Rangoun avait pour leader Aung San, père de l'actuelle figure de proue du mouvement démocratique, héritier d'une famille de l'aristocratie foncière. Ce dernier fut de toutes les aventures politiques et participa à la fondation, en 1939, du PCB, le Parti Communiste Birman, ce qui ne l'empêcha pas, plus tard, de s'allier à des réactionnaires pour se débarrasser du PCB.

À l'époque, l'Internationale Communiste était aux mains de la bureaucratie stalinienne, dont la politique dite des « fronts populaires » exigeait des partis communistes qu'ils mettent le mouvement ouvrier des pays colonisés à la remorque des forces nationalistes bourgeoises.

Le mouvement nationaliste à la remorque du Japon... puis des « Alliés »

En Birmanie, une grande partie du mouvement nationaliste, derrière Aung San, tomba pendant la Deuxième Guerre mondiale dans le piège d'une alliance avec le Japon. Aung San et les autres dirigeants nationalistes, groupe qui fut nommé les « Trente camarades », prirent la tête d'une Armée Nationale Birmane équipée par Tokyo. Ils s'attaquèrent aux troupes anglaises pour préparer le débarquement japonais, puis rejoignirent le gouvernement fantoche mis en place par Tokyo.

L'indépendance promise tardant à venir, Aung San et ses camarades changèrent de cap en 1944, renouant avec le PCB et passant un marché avec les Alliés en retournant les fusils de l'Armée Nationale Birmane contre les Japonais.

A la fin de la guerre, l'influence du PCB crût rapidement, tandis que Aung San rebaptisait son parti en « Parti Socialiste ». Les grèves se multiplièrent, la population pauvre réclamait le départ des colonisateurs et la fin de la misère. L'agitation armée reprit dans les « provinces frontières », malgré la répression désormais dirigée par le général Ne Win, l'un des « Trente camarades », contre les maquis communistes. Londres redouta un enlisement, qui s'ajouterait au problème que lui posait la Malaisie voisine. Il fut décidé d'abandonner la Birmanie qui devint indépendante en janvier 1948 et, seule des ex-colonies britanniques, quitta le Commonwealth.

De l'opposition à la dictature.

Entre-temps, le 19 juillet 1947, Aung San et cinq ministres du gouvernement provisoire avaient été assassinés. Les auteurs restèrent inconnus, mais la place était libre pour les ambitions d'un certain nombre de dirigeants « historiques » comme Ne Win, qu'ils eussent ou non reçu le soutien des services secrets anglais.

À peine au pouvoir, le gouvernement de la Birmanie indépendante prenait l'offensive contre la population pauvre et contraignait le PCB à passer dans la clandestinité. Pendant dix ans, l'armée dirigée par les anciens membres des « Trente camarades » allait rester dans l'ombre. Mais en 1962 Ne Win l'installait au pouvoir pour ne plus le quitter jusqu'aux émeutes de 1988. Un régime de parti unique - celui du Parti du Programme Socialiste - était instauré pour réaliser « la voie birmane vers le socialisme ». Derrière cette rhétorique empruntée au stalinisme se cachait une dictature sanglante, que les militaires, très vite revenus au pouvoir après les émeutes de 1988, perpétuèrent.

François ROULEAU.



  • Un des pays les plus secrets du monde : Paranoïa, répression et trafics en Birmanie

Cet article a été écrit et publié dans le "Monde Diplomatique" il y a un an tout juste.
Qui parlait de la Birmanie à cette époque? Pourtant la situation était la même (les manifestations des moines en moins)
Si la situation ne change pas, les moines et le peuple Birman auront manifesté pour RIEN.
Si rien ne change, des moines et des laïcs seront morts pour RIEN.


Introduction :

Mise en accusation au Conseil de sécurité des Nations unies le 15 septembre dernier la junte militaire birmane a annoncé, au début du mois d’octobre, (2006) la relance de l’élaboration d’une nouvelle Constitution. Une procédure engagée il y a un an et à laquelle personne ne croit, surtout pas l’opposition. Du reste, quelques jours après cette déclaration, le pouvoir a arrêté plusieurs opposants, notamment de la Ligue nationale pour la démocratie, parti de Mme Aung San Suu Kyi, Prix Nobel de la paix, toujours assignée à résidence.


Lire cet excellent article : ICI



  • where are the monks ?

Article en Anglais ( facile à comprendre) : Lire ICI

Le début de l'article:

Ce moine de 26 ans fait partie des milliers de moines qui sont descendus dans les rues de Birmanie au mois de septembre. Comme beaucoup d'entre eux il n'avait jamais imaginé devenir un militant. "je suis un moine normal, je ne suis pas un moine engagé politiquement" dit-il. Mais il a été porté par la ferveur démocratique qui s'est emparé de Rangoon.
Le 25 septembre il est retourné à son monastère tard dans la nuit, passant par dessus le mur car la porte de devant était fermée. La nuit suivante il a été emmené par les soldats.....
Lire La suite en Anglais : ICI







Le 24 novembre


  • L'Onu appelle l'armée du Myanmar à ne plus recruter d'enfants
Les Nations unies appellent le Myanmar à démobiliser l'ensemble des enfants soldats et à mettre fin au recrutement de jeunes de moins de 18 ans, dans un rapport publié vendredi.
Selon le secrétaire général de l'Onu Ban Ki-moon, les difficultés d'accès dans certaines régions du pays empêchent d'établir un tableau précis de la situation, mais selon des rapports crédibles sur le recours à des enfants soldats, la situation du Myanmar est préoccupante.


Malgré la politique officielle du gouvernement birman de ne pas recruter de jeunes âgés de moins de 18 ans, cette pratique se poursuit à cause de la pauvreté et des pressions de la junte au pouvoir pour accélérer le recrutement au sein des forces armées.

Ban a ajouté que le Myanmar s'était engagé à punir les responsables du recrutement de mineurs et avait fourni des listes d'enfants libérés, mais que les Nations unies n'avaient pas été en mesure de vérifier la véracité de ces actions.

Selon le rapport, plusieurs factions armées du pays recrutent également des enfants parmi leurs combattants, certains n'ayant que neuf ans. (le monde)

Le rapport ajoute que des enfants auraient également été condamnés à des peines allant jusqu'à cinq ans de prison pour désertion.

La junte et les groupes d'insurrection ethniques birmans sont accusés depuis longtemps d'enrôler des enfants parmi leurs combattants, des pratiques que toutes les parties ont reconnues ces dernières années.



Le 23 novembre


Temps présent : Un reportage: le journaliste Claude Schauli, grand spécialiste de la Birmanie, a suivi cette crise, de sa genèse à ses derniers jours.
Rediffusion le vendredi 22 novembre 2007 à 0h15 et lundi 26 novembre 2007 à 10h30 et 15h00 sur TSR2 ou regarder l'émission ICI


On croyait à une révolution, mais les évènements récents n'ont débouché que sur une répression violente, et surtout, hors du champ des caméras. Pour Temps Présent, le journaliste Claude Schauli, grand spécialiste de la Birmanie, a suivi cette crise, de sa genèse à ses derniers jours. Il était aux côtés des exilés birmans, en Norvège, qui ont alimenté les chaînes mondiales en images rares. Et il vient de rentrer de la frontière birmane où il a recueilli de bouleversants récits.

Le journaliste Claude Schauli a interviewé à plusieurs reprises l'opposante birmane, Prix Nobel de la Paix, Aung San Su Kyi. Il préparait un nouveau reportage sur ce pays, quand soudain, les manifestations de moines ont commencé dans les rues de la capitale. Dans ce pays, parmi les plus fermés du monde, il est impossible de travailler comme journaliste et les informations n'arrivent que par bribes. Ainsi, il avait fallu plusieurs jours, lors de la répression de 1988, pour savoir que près de 3000 personnes avaient été abattues par les militaires.

Cette fois, les choses ont changé. Grâce aux téléphones portables et aux liaisons satellites, il a été possible de suivre heure par heure le déroulement de cette "Révolution des moines". Et le centre névralgique, c'était la rédaction de la Voix démocratique de la Birmanie, basée à Oslo, et fondée par un groupe d'exilés birmans. Claude Schauli a vécu toute la crise aux côtés de ces exilés et a recueilli des informations de première main.

Mais il s'est aussi rendu sur le terrain, à la frontière entre le Myanmar et la Thaïlande. Là, il a pu recueillir les témoignages des premiers exilés, parvenus à fuir la vague de terreur lancée par les militaires. Nombreux sont les moines, moteur de cette révolte, qui sont parvenus à fuir. Et qui racontent comment ils ont, pacifiquement mais à prix fort, fait vaciller une des juntes les plus brutales du monde.

Le 22 novembre

  • Dans un entretien au "Monde", Ibrahim Gambari fait le point sur sa mission de conciliation:

Faisant contre mauvaise fortune bon coeur, Ibrahim Gambari, le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies pour la Birmanie, repart en tournée, vendredi 23 novembre, après avoir vu à Singapour, individuellement ou en petits groupes, la plupart des responsables asiatiques qu'il aurait rencontrés en réunion plénière, si la junte birmane ne s'y était opposée.


"J'ai pu "briefer" les dirigeants des pays d'Asie de l'Est, recueillir leurs conseils sur la démarche à suivre et m'assurer de leur soutien pour les efforts du secrétaire général", a déclaré, mercredi, le diplomate nigérian au Monde, en marge du sommet de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (Asean), réuni cette semaine à Singapour. Ibrahim Gambari se rendra au Laos, au Cambodge et au Vietnam avant de rentrer à New York.

De là, il compte retourner en Birmanie en décembre, pour une troisième visite depuis la répression des manifestations d'août et septembre, afin de tenter de lancer des pourparlers, en sa présence, entre le pouvoir et Aung San Suu Kyi, leader de l'opposition et Prix Nobel de la paix.

Plutôt que d'évaluer les chances de succès de sa mission, M. Gambari compare les points positifs et les points négatifs. "Pour l'instant, le positif l'emporte", dit-il. "Mais ça peut basculer."

Côté positif : "Le processus de dialogue paraît être engagé, même s'il est fragile et réversible. Un ministre chargé de faire la liaison avec Aung San Suu Kyi a été nommé et l'a vue deux fois. Elle a été autorisée à rencontrer les responsables de son parti. J'ai été autorisé à lire une déclaration de la part d'Aung San Suu Kyi. Les autorités ont libéré 2 600 prisonniers, dont 700 religieuses et 50 prisonniers politiques de la Ligue nationale pour la démocratie (LND, le parti d'Aung San Suu Kyi). Le rapporteur spécial pour les droits de l'homme, Paulo Sergio Pinheiro, a pu y aller. Le Comité international de la Croix-Rouge est, en principe, invité à y retourner et à voir les détenus. Plusieurs fonctionnaires de l'ONU s'y sont également rendus et nous avons un accord de principe pour l'installation d'un bureau de liaison du secrétaire général de l'ONU à Rangoun."

Côté négatif : "Aung San Suu Kyi est toujours en détention, de même que les autres prisonniers politiques dont nous ignorons le nombre. On fait état de nouvelles arrestations. Il n'y a aucun calendrier pour la "feuille de route de démocratisation en sept points" du régime et lorsque l'on sait qu'il a fallu quatorze ans pour réaliser le premier point, les pays voisins sont en droit de se poser la question. Il n'y a pas, non plus, de calendrier pour le lancement d'un dialogue substantiel : nous n'y sommes pas encore."

Lire la suite : ICI


Le 21 novembre


  • La foire aux pierres précieuses attire les foules malgré les appels au boycott.
Au moins 3.500 personnes venant du monde entier auraient d’ores et déjà pris part à la vente aux enchères de pierres précieuses qui a débuté mercredi dernier à Rangoun, selon la presse birmane dimanche.
L’événement doit se poursuivre jusqu’au 26 novembre et d’autres arrivées de commerçants sont prévues.
Le journal d’état La Nouvelle Lumière du Myanmar, souligne que plus de 2.000 négociants sont venus de Chine tandis que d’autres ont afflué d’Inde, de Singapour, de Thaïlande, d’Italie, de Grande Bretagne, du Japon, d’Australie, des Etats-Unis et du Canada.
source : AFP

  • la répression de septembre enfin condamnée par l'ONU.
Souvenez vous, l'ONU avait seulement DÉPLORÉ la répression, mais pas CONDAMNÈ!

La répression violente des manifestations pro-démocratie fin septembre en Birmanie a été condamnée pour la première fois mardi à l'ONU, dans une résolution, par la commission des droits de l'Homme de l'Assemblée générale.

Le texte, non contraignant, "condamne énergiquement le recours à la violence contre des manifestants paisibles exerçant leur droit à la liberté d'opinion, d'expression, de réunion et d'association pacifique".

La résolution a été adoptée par 88 voix contre 24, avec 66 abstentions. La commission siégeait en séance plénière, réunissant les 192 Etats membres de l'ONU. Au vu de ce résultat, le texte devrait être également adopté par l'Assemblée générale, à une date ultérieure.

C'est la première fois que l'ONU "condamne" ces violences commises par la junte militaire birmane contre les manifestants pro-démocratie emmenés par les bonzes.

Le Conseil de sécurité, divisé, n'avait pu que les "déplorer", dans une déclaration le 11 octobre. La Russie et la Chine, principal allié de la Birmanie, étaient intervenues pour édulcorer le texte, rédigé par les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne.

Dans la résolution de la commission, les Etats membres se déclarent également "gravement préoccupés par les violations systématiques des droits de l'Homme et des libertés fondamentales, y compris des droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels, dont souffre encore la population" de Birmanie.

Ils déplorent également "les détentions arbitraires" et "la prolongation de l'assignation à résidence de la dirigeante de l'opposition Aung San Suu Kyi".

Ils appellent le gouvernement birman à "lever les restrictions limitant les libertés" et à "renouer sans tarder le dialogue avec tous les acteurs politiques, y compris la Ligue nationale pour la démocratie (LND, d'Aung San Suu Kyi) et les représentants des groupes ethniques".
source : courrierinternational



Le 20 novembre

  • C'est "honteux", a dénoncé le militant des droits de l'Homme Charm Tong.

Les dix Etats membres de l'organisation (Birmanie, Bruneï, Cambodge, Indonésie, Laos, Malaisie, Philippines, Singapour, Thaïlande et Vietnam) ont choisi de ne pas hausser le ton contre la Birmanie: ils ont refusé de suspendre le pays et ont annulé brutalement l'invitation qui avait été adressée à l'envoyé des Nations unies Ibrahim Gambari.

C'est "honteux", a dénoncé le militant des droits de l'Homme Charm Tong, réfugié de Birmanie. Dans un communiqué, il déplore que l'ASEAN "se lave les mains de la Birmanie et laisse le poids du dossier birman aux Nations unies".

Après le sommet de l'ASEAN, les dix dirigeants prolongeront leur rencontre mercredi par un sommet est-asiatique, auquel participent également la Chine, l'Inde, le Japon, la Corée du Sud, l'Australie et la Nouvelle-Zélande.

source : AP (Associated Press)







  • Rappel : Le Sommet de l'ASEAN s'est ouvert lundi 19 novembre à Singapour:

L'association des pays d'Asie du Sud-Est est très attendue sur une question : la Birmanie.
Le South China Morning Post, ose ce lundi ce que aucun journal asiatique, n'a fait jusque-là : Exiger de l'Asean une position ferme et commune pour faire progresser le dossier birman.

Les membres de l'Asean sont divisés, rappelle le quotidien de Hong Kong : « Il y a des pays comme le Laos ou le Vietnam qui considèrent que la révolte des moines et la répression qui a suivi sont des affaires internes ». La non ingérence est en effet l'une des règles de base de l'Asean.

Et puis il y a des pays comme les Philippines, explique le South China Morning Post qui soulignent que « la situation en Birmanie menace la sécurité régionale. Qu'il faut en conséquence faire pression sur les généraux pour que la démocratie avance ».

Conclusion du quotidien hongkongais : « Avec le soutien de la communauté internationale, ce sont les pays proches de la Birmanie qui peuvent permettre une sortie de crise ».

source: rfi.fr



Le 19 novembre
  • Les nouveaux Bouddhistes

Les bouddhistes français ont protesté officiellement contre la répression des manifestations en Birmanie. Un engagement nouveau pour cette communauté discrète et disparate.
Jeudi 22 novembre, le nouvel an shan aura un goût amer pour cette ethnie birmane, bouddhiste à 99 %. La menace d’une répression militaire est toujours forte. Et elle s’ajoute à la misère des paysans. En France, quelque 800 000 bouddhistes s’en inquiètent. Le geste des milliers de moines birmans rejetant l’aumône des militaires en retournant leur bol a pour le moins marqué les esprits. Ce refus, transgression d’une pratique ancestrale, est devenu le symbole d’un nouveau bouddhisme engagé pour nombre de fidèles dans l’Hexagone.


Habituellement très discrète, l’Union bouddhiste de France (UBF) a officiellement « désapprouvé l’usage de la force contre la population civile et la communauté des moines birmans ». Lettre à l’ambassade de Birmanie et communiqué à l’Agence France- Presse, participation à des émissions de télévision et manifestations pacifiques dans plusieurs grandes villes... Du jamais-vu pour une communauté aussi éclatée que les convictions et les traditions bouddhistes sont diverses.

« J’ai été frappé par cet engagement, confirme Frédéric Lenoir, spécialiste des religions et auteur d’un ouvrage de référence sur le bouddhisme en France *. Chez les laïcs bouddhistes français, il existe depuis quelque temps un fort militantisme tiers-mondiste, écologiste ou pacifiste sans pour autant qu’il s’impose aux religieux et dans les institutions. Cette fois, les institutions bouddhistes de France ont suivi ce mouvement et pris un véritable virage. »

Pour Fabrice Midal, docteur en philosophie et auteur de Quel bouddhisme pour l’Occident ? (Seuil, 2006), c’est aussi « une première ». Converti au bouddhisme à l’âge de 20 ans, il fait partie de ces religieux occidentaux pour lesquels l’engagement est une nécessité. « Etre bouddhiste, c’est aussi être citoyen et en assumer les responsabilités, affirme-t-il. J’ai beaucoup dénoncé le complexe de Peter Pan des bouddhistes, leur incapacité à grandir et à s’investir dans la cité. Mais cela change. »

Olivier Wang-Genh assume cet engagement. Nouveau président de l’UBF depuis le printemps, il est à la tête d’une communauté zen regroupant 700 membres. « Notre prise de position sur la Birmanie est un peu nouvelle, confirme-t-il. Cela répond au besoin de reconnaissance de nos communautés ; une manière de montrer que nous ne sommes pas une bande d’originaux qui font des trucs un peu exotiques dans leur coin. »

Le nouveau bouddhisme à la française trouve sa légitimité dans l’action du dalaï-lama pour le Tibet, bien sûr. Mais aussi dans celle du moine zen vietnamien Thich Nhat Hanh. D’abord exilé, puis vivant en France depuis trente ans, il est reconnu dans le monde entier pour sa défense d’un bouddhisme moderne intégrant certaines valeurs occidentales. Une forme de rupture avec les pratiques héritées des années 70, très centrées sur l’individu. Avançant dans ce sens, l’UBF répond dorénavant aux sollicitations de l’Assemblée nationale ou du Sénat sur des problèmes d’éthique ou de société. « Il n’existe pas une communauté bouddhiste comme on peut parler d’une Eglise catholique, précise Olivier Wang-Genh, ça n’est donc pas facile. » Une majorité des bouddhistes français sont d’origine extrême-orientale (environ 400 000 fidèles). Ces derniers vivent leur croyance au sein de leur communauté. Pour les autres, les degrés de connaissance et d’engagement sont très divers.

Source : le figaro

J'ai déjà évoqué toutes les actions et les soutiens de la communauté bouddhiste (le shanga) dans mon message : Un moine peut-il manifester







2) Concert Solidarité Birmanie : LES AILES DE L'ESPOIR






Le 10 déc. 07 à 20h00 à Bruxelles
au Botanique

Avec JANE BIRKIN (marraine de l'événement), ETE 67, Sasha Toorop, Karin Clercq, Samir Barris, Charline Rose, Vincent Liben (Mud Flow), Delphine Gardin (Monsoon), Marie VanR, Maria Palatine, …
Les réservations sont ouvertes au 02/218.37.32 et sur www.botanique.be






3) Présentation de SOS BIRMANIE :







SOS Birmanie est une association à but non lucratif nouvellement créée par des artistes / activistes engagés pour la cause de la population de la Birmanie depuis des années, et motivées par la volonté de partager leurs compétences, expériences, et connaissances du pays.

SOS Birmanie a pour but de sensibiliser, d'informer et de dénoncer la situation politique, économique et sociale de la Birmanie aux mains d'une dictature militaire brutale depuis 45 ans. Dans cette perspective, l’association met en œuvre aussi souvent que possible des actions de mobilisation/sensibilisation et surtout des événements artistiques, afin que la souffrance de ce peuple soit relayée et non ignorée.

L’association est ainsi ouverte à toute collaboration avec des personnes souhaitant s’engager de manière bénévole auprès de notre équipe pour soutenir nos actions. Les artistes sont également les bienvenus.


ACTE 1 Scène 1:

Cliquer sur l'image pour l'agrandir.



Voir le blog de SOS BURMA/SOS BIRMANIE: ICI


4) Festival URGENCE BIRMANIE à Paris les 24 et 25 Novembre:


- On m'informe ce jour ( jeudi 22/11) dans un commentaire :

Au LUCERNAIRE FORUM,
53 rue Notre-Dame-des-Champs (métro Notre-Dame-des-Champs ou Vavin)

Festival "Urgence Birmanie" les 24 et 25 novembre.
- samedi 16 h 30 "Derrière la palissade" et "Thamanya, un espoir pour la Birmanie". Débat avec le réalisateur.
- samedi 20 h : "Total denial" (+débat)
- dimanche 16 h 30 : "Son pays est une prison" + courts métrages. Débat avec le réalisateur.
- dimanche 20 h : "Total denial" (+débat

Merci à JM pour ces renseignements


Et je viens juste de découvrir un blog qui parle de ce Festival URGENCE BIRMANIE: ICI

Images du dedans (Thamanya de Arthur Morgane et Son pays est une prison de François Rosolato), du dehors (Total denial de Milena Kaneva) ou juste à la frontière (Derrière la palissade de Séverine Vanel), elles racontent la dictature et son lot d’atrocités : travail forcé, persécutions, exils... Comment filmer ce qu’il est interdit de montrer ? Comment rapporter l’indicible ? Les dispositifs, d’un réalisateur l’autre, se répondent pour composer une programmation contrastée, poétique à ses heures, emplie de dureté, à l’image de ce pays.