dimanche 29 juin 2008

Kilesas et Kamma

Enseignement de Sayadaw U Pandita, (extraits scanné du livre "Dans cette vie même")


Dans le monde le danger vient des kilesas. (mot pali signifiant "impuretés") L'ignorance, l'avidité et l'attachement sont des kilesas.

Pris par l'ignorance, dominé par l'avidité, on produit du kamma dont on doit ensuite assumer les conséquences.

À cause d'activités kammiques passées, produites dans un monde d'expériences sensorielle, nous avons repris naissance sur cette planète, dans le corps et l'esprit qui sont actuellement les nôtres. Cela veut dire que notre vie actuelle est l'effet d'une cause antérieure. Ce corps et cet esprit vont à leur tour devenir des objets d'avidité et d'attachement.

L'avidité et l'attachement créent le kamma, les conditions pour une nouvelle naissance; cette nouvelle existence va elle-même de nouveau amener l'avidité et l'attachement aux corps et aux esprits.

Les kilesas, le kamma et les résultats sont les trois éléments d'un cercle vicieux. C 'est le cycle sans commencement du samsâra. Il serait sans fin également s'il n'y avait la méditation.

Pour que ce cycle existe, il faut avijjâ, l'ignorance sous ses deux aspects : On souffre de ne pas savoir, de ne pas voir clairement et on souffre à cause des illusions que cela entraîne.

Si nous n'avons pas encore atteint des niveaux profonds dans la méditation:
- nous ne percevons pas les véritables caractéristiques de la réalité: impermanence, souffrance et absence d'un soi.
- Nous ne voyons pas qu'il n'y a qu'un flux de phénomènes apparaissant et disparaissant à chaque instant.
- Nous sommes oppressés par ces apparitions et disparitions et cependant, cette immense souffrance ne nous apparaît pas comme telle.
- Nous ne voyons pas qu'il n'y a personne pour contrôler les processus à l'intérieur des phénomènes; il n'y a personne à la maison.

Si nous comprenions en profondeur ces trois caractéristiques de l'esprit et du corps, il n'y aurait plus ni avidité, ni attachement.

Pris par l'illusion, nous teintons alors la réalité de toutes sortes d'éléments faux.
- L'esprit et la matière sont incorrectement perçus comme permanents et solides. Nous croyons que c'est une chance de les posséder.

- Nous pensons qu'il y a un ego, un "je" qui sous-tend ces processus physiques et mentaux.

Ces deux types d'ignorance provoquant l'apparition de l'avidité et de l'attachement.

L'attachement, upadana, est une forme solidifiée de tanha, l'avidité. Désirant des sensations agréables, que ce soit des visions, des sons, des odeurs, des goûts, des sensations tactiles ou des pensées, nous recherchons les contacts. Lorsque nous obtenons ce que nous désirons, nous nous y attachons et refusons de nous en séparer. Ceci entraîne le Kamma, qui nous maintient prisonniers de la roue des renaissances.

  • Lire d'autres extraits de ce livre sur ce blog : ICI

Remarques :

Afin de bien comprendre la notion de kamma, qui parfois est mal interprétée, LIRE, sur ce blog:

Car comme le souligne isara, suite notamment à ce passage : " ...notre vie actuelle est l’effet d’une cause antérieure" :
cette notion est souvent mal interprétée, car elle semble dire que tout est prédéterminé et laisse croire que le bouddhisme est fataliste.
Il faut en fait comprendre que nous créons aujourd’hui notre kamma de demain. Il n’y a là ni fatalisme, ni résignation, mais l’opportunité de créer la sérénité des moments à venir
Blog d'isara : ehi passiko

samedi 28 juin 2008

Un an déjà !

ça fait un an que j'ai créé ce blog.

Un an passé en votre compagnie. Encore merci à tous ceux qui ont laissé des commentaires ou qui m'ont envoyé des mels. Vous êtes nombreux à m'écrire pour me remercier, mais aujourd'hui c'est à mon tour de vous remercier, sans vous, ce blog n'existerait pas.  Sans vos encouragements et vos remerciements je n'aurai peut-être pas eu le courage de continuer.

J'avoue que lorsque j'ai créé ce blog pour faire le récit de ma première retraite intensive, je ne pensais pas que ce blog aurait autant de visiteurs et surtout, je ne pensais pas que je continuerai de publier des messages, une fois le récit terminé.

En un an, il y a eu environ 28.000 visiteurs.

Les chiffres : 

Pour être plus précis, Selon Google analytics il y a eu, du 28 juin 2007 eu 28 juin 2008 : 
35.000 visites
27.975 visiteurs 
15.324 visiteurs absolus uniques
107.487 pages vues 
Soit 3,84 pages vues en moyenne par visite.

Je ne sais pas si c'est beaucoup ou peu pour un blog sur le bouddhisme et plus particulièrement sur  le Bouddhisme Théravada mais peu importe, car si ce blog a été utile ne serait-ce qu'à une seule personne c'est déjà bien. 


Si les retraites ( intensives ou non ) me paraissent vraiment utiles pour avancer sur le chemin, c'est parce qu'elles permettent en général, de retour dans la vie de tous les jours, d'être plus attentif, plus vigilant, moins ignorant.  

En ce qui concerne le récit, comme je l'ai écris récemment dans mon message du 16 juin : Chers Lecteurs(trices) et ami(e)s : 

Certains d'entre vous m'ont demandé pourquoi je ne faisais par le récit de mes autres retraites.

Mais si j'ai écris le récit de ma retraite, c'est justement car c'était la première retraite intensive de 10 jours que j'effectuais et j'ai eu envie de partager cette expérience.

Rien n'est permanent et aujourd'hui je n'ai aucunement l'intention ni l'envie de faire le récit des autres retraites que j'ai suivi depuis.

Je pense que cela n'aurait plus d'intérêt et cela ne ferait qu'alimenter mon ego, ce "je" dont on a déjà tant de mal à se débarrasser.

Partager des enseignements, des suttas et des expériences plus ponctuelles c'est bien aussi.

Je ne vais pas revenir ici sur les changements qui se sont opérés depuis les débuts de ce blog, j'en parle déjà dans mon message du 31 décembre 2007 : Méditation et transformation 

Surtout que depuis ce message du 31 décembre, tout est de nouveau différent, l'impermanence a fait son travail.. 

Rester sur le chemin c'est l'essentiel. Je suis  incapable de vous dire si j'ai avancé ou reculé sur ce chemin et à quelle vitesse car ce serait déjà très présomptueux de ma part mais surtout je n'en ai aucune idée. De toute manière cela n'est pas important, ce qui m'importe c'est d'être sur le chemin, de l'avoir trouvé. Ensuite si vous reculez un peu, ou si vous restez à la même place, ce n'est pas grave car le plus difficile c'était de le trouver.

Vouloir progresser à tout prix serait une erreur et source de souffrance. Ne rien vouloir, ne rien attendre, juste être dans le moment présent et respecter les préceptes.

Il faut cependant faire des efforts suffisant pour  rester dans la bonne direction (l'effort juste) mais c'est un effort sans effort, je veux dire par là que l'on a pas le sentiment d'effort. On y est, on est bien et on n'a aucunement envie d'aller voir ailleurs.. 

Plus le temps passe et moins j'ai de certitude, plus le temps passe et moins j'ai de réponse à donner.
Il y a à peine 3 ans, je découvrais le Bouddhisme théravada et comme j'ai lu beaucoup de livres et de sutta  j'avais plein de choses à dire, plein d'explications à donner, j'avais même parfois, dans les forums bouddhistes, des "leçons de bouddhisme" à donner aux autres. 

Aujourd'hui je n'ai plus aucune leçon à donner, aucun conseil précis, j'ai juste envie de partager certains enseignements, certaines réflexions personnelles car je réalise à quel point c'est facile de se tromper.

Et quand je relis certains de mes messages, ici où sur des forums, je réalise à quel point je manquais parfois d'humilité.

Lorsque je m'assois sur mon coussin de méditation je le fais sans attente, sans but  et je me contente d'observer ce corps et cet esprit qui ne  sont ni "mon" corps ni "mon" esprit. 

L'ignorance est notre pire ennemi et nous ignorons à quel point nous sommes ignorant. Nous pensons, nous affirmons, nous revendiquons, nous voulons, nous jugeons mais nous sommes dans l'erreur la plus part du temps. 
Parfois, durant un court instant, alors que nous étions juste présent, à l'écoute de notre respiration, sans rien vouloir ni désirer, nous voyons  réellement qu'il n'y a rien que nous puissions contrôler, rien qui ne soit à "Nous",  pas même ce corps; rien qui ne soit permanent; rien qui ne soit pas "souffrance", même ce que nous pensions être le bonheur. Juste un sentiment de Paix, puis ce sentiment de Paix disparaît à son tour.  Les choses naissent et disparaissent sans notre intervention.. et de nouveau nous ne voyons plus rien... jusqu'à la prochaine fois.. 


J'ai rencontré le dhamma alors que je ne le cherchais pas.. 


Le Dhamma est ici même




Le Dhamma est ici même, nous devons regarder ici même


Le Dhamma né du corps doit être vu dans le corps. Et comment regarderez-vous le corps ? Avec l'esprit. Vous ne trouverez le Dhamma nulle part ailleurs, parce que c'est précisément là que naissent aussi bien le bonheur que la souffrance. À moins que vous n'ayez déjà vu le bonheur apparaître dans les arbres ? Ou sortir des rivières ? Ou tomber du ciel ?

Le bonheur et la souffrance sont des émotions qui naissent dans notre corps et dans notre esprit.

Voilà pourquoi le Bouddha nous dit de prendre conscience du Dhamma ici même. Le Dhamma est ici même, nous devons regarder ici même.


Après avoir lu les livres, il faut rediriger les enseignements vers l'intérieur. Alors, vous pourrez les comprendre

Votre Maître vous dira peut-être de regarder le Dhamma dans les livres, mais si vous croyez que c'est vraiment là qu'il se trouve, vous ne le verrez jamais. Après avoir lu les livres, il faut rediriger les enseignements vers l'intérieur. Alors, vous pourrez les comprendre.

Où se trouve le véritable Dhamma ? Ici même, dans ce corps et dans cet esprit qui sont tout ce que vous possédez. Utilisez l'esprit pour contempler le corps. Telle est l'essence de la pratique de la contemplation.

Si nous pratiquons ainsi, la sagesse s'éveillera dans notre esprit.

Quand la sagesse est présente dans notre esprit, où que nous regardions, nous voyons le Dhamma, nous voyons aniccam, dukkham et anatta à tout moment.

Aniccam signifie changement. Dukkham, c'est la souffrance qui naît quand nous nous attachons à ce qui change, parce que ces choses ne sont ni nous ni nôtres : anātta.


Transcender l'apparence

Mais nous ne voyons pas les choses ainsi. Nous les voyons toujours comme étant nous ou nôtres, ce qui signifie que nous ne comprenons pas bien ce que sont les conventions. Il faut comprendre les conventions. Par exemple, nous tous, assis ici, avons un nom. Notre nom est il né avec nous ou nous a-t-il été donné après ? Vous comprenez ? C'est une convention.

Les conventions sont-elles utiles ? Oui, bien sûr. Prenons quatre hommes, A, B, C et D. Il faut qu'ils aient un nom qui leur soit propre pour faciliter la communication et le travail en commun. Si nous voulions parler à monsieur A, nous pourrions l'appeler par son nom et c’est lui qui viendrait, pas les autres. C'est le côté pratique des conventions.

Mais si nous regardons bien les choses, si nous transcendons l'apparence, nous constatons qu'en réalité il n'y a personne derrière le nom, il n'y a que de la terre, de l'eau, de l'air et du feu — les quatre éléments. C'est tout ce que contient un corps humain.

Malheureusement, du fait du pouvoir d'attachement de attavād-upādāna,* (*L'une des quatre bases de l'attachement : kamūpādāna, l'attachement aux objets des sens ; sīlabbatūpādāna, l'attachement aux rites et rituels ; diṭṭhūpādāna, l'attachement aux opinions et attavādūpādāna, l'attachement à l'idée d'un soi) nous ne voyons pas les choses de cette manière.


Une « une personne » n'est vraiment pas grand-chose

Si nous analysions les choses à fond, nous constaterions que ce que nous, appelons « une personne » n'est vraiment pas grand-chose.

La partie solide, c'est l'élément terre ;
la partie liquide, l'élément eau ;
la partie qui souffle ici et là s'appelle l'élément air ;
et la partie qui donne sa chaleur au corps est l'élément feu.

Quand la terre, l'eau, l'air et le feu se combinent d'une certaine manière, ils donnent un être humain. Quand nous décomposons les choses ainsi, nous constatons qu'il n'y a que de la terre, de l'eau, de l'air et du feu. Où voyez-vous une personne là dedans ? Il n'y en a pas.

C'est la raison pour laquelle le Bouddha a dit que la plus grande des pratiques consiste à voir que
« ceci n'est pas moi et cela ne m'appartient pas » — voir qu'il ne s'agit que de conventions.


Les choses ne sont ni nous ni à nous

Si nous comprenons clairement tout cela, nous serons en paix. Si nous réalisons à cet instant la vérité de l'impermanence, que les choses ne sont ni nous ni à nous, au moment où elles se désintègreront nous serons en paix sachant qu'elles n'appartenaient à personne de toute façon, simples agrégats des quatre éléments.


Ne plus être affecté par la colère, l'avidité ou l'illusion

Il est difficile de voir les choses sous cet angle-là, mais ce n'est pas impossible.

Si nous y, parvenons, nous trouverons l'apaisement, nous ne serons plus autant affectés par la colère, l'avidité ou l'illusion.

Le Dhamma sera toujours présent dans notre coeur. Il n'y aura plus aucune raison de jalouser ou de mépriser les autres puisque nous sommes tous de simples agrégats de terre, d'eau, d'air et de feu. Rien de plus.

Quand nous aurons accepté cette idée, nous verrons la vérité contenue dans les enseignements du Bouddha. Si nous pouvions voir la vérité des enseignements du Bouddha, nous n'aurions pas besoin de tant de maîtres ! Il serait inutile d'écouter des discours tous les jours. Quand nous comprenons, nous agissons simplement de manière appropriée aux situations.

Si les gens sont si difficiles à enseigner, c'est qu'ils n'acceptent pas l'enseignement et s'opposent aux enseignants comme aux enseignements. Devant le maître ils se comportent à peu près bien, mais derrière son dos ils deviennent comme des voleurs ! Les gens sont vraiment difficiles à enseigner...

Etre vigilant pour pouvoir voir le Dhamma

Soyez vigilant sinon vous ne verrez pas le Dhamma. Il faut être circonspect : écouter l'enseignement et puis l'étudier bien à fond. Est-ce que cette fleur est belle ?... Êtes-vous capable de voir la laideur à travers la beauté de la fleur ? Pendant combien de jours va-t-elle être belle ? Comment va-t-elle évoluer ? Pourquoi change-t-elle ainsi ? D’ici trois ou quatre jours il faudra la jeter, n’est-ce pas ? Elle aura perdu toute sa beauté.

Les gens s'attachent à ce qui est beau, s'attachent à ce qui est bon. Si, quelque chose leur plaît, ils sont complètement séduits.
Le Bouddha nous dit de regarder les belles choses, de voir qu'elles sont belles, mais sans nous y
attacher. De même, si une sensation est agréable, nous ne devons pas nous laisser piéger par elle

Rien n'est sûr : ni la beauté ni la bonté. Rien n'est certain, il n'y a rien en ce monde qui soit une
certitude. C'est la vérité. Les choses qui ne sont pas réelles sont les choses qui changent, comme la beauté. La seule vérité qu'elle contienne c'est qu'elle est en perpétuel changement. Si nous croyons que les choses sont vraiment belles en elles-mêmes, quand leur beauté s'étiolera, notre esprit s'étiolera aussi. De même, quand les choses ne sont plus aussi bonnes, notre esprit perd également de sa bonté.


Source : Extraits d'un enseignement donné en 1977 par Ajahn Chah, à l'Institut Manjushri, en Angleterre : Livret 15- Le refuge - Les titres ne sont pas dans le texte original



lundi 23 juin 2008

La voie (Le Theravada)

La voie n’est ni facile ni difficile,
Elle est. Dans l’invisible présence du jour.
La voie est simple,
Car elle ne s’embarrasse d’aucun artifice,
D’aucune technique particulière.

Parfois on pense avoir acquis une méthode,
Un moyen de se prémunir des poisons,
Et lorsque le poison apparaît malgré tout,
On s’aperçoit encore que tout ceci est passager,
Et qu’il ne sert à rien de s’y attacher.

Quand on ne cherche rien de plus,
Que l’équilibre entre le chemin franchi
Et celui qui reste à parcourir,
On sait ce qu’il est bénéfique d’accomplir,
Et sage d’éviter, en demeurant présent.

Le disciple peut avancer nu,
D’opinions et de doutes stériles,
Son seul esprit, gardé et lucide,
Posé devant lui et regardant ce corps,
Ne redoutant pas d’affronter ce qui doit l’être.

Si la vie est une maladie se propageant,
Rien ne nous empêche de la traverser
Avec des repères tels que l’amitié, le don,
Sachant que les remèdes sont dans l’Octuple sentier,
Qui fait de chaque être le foulant, un être Noble.

Que faisons-nous si nous courrons, aveugles,
Après les plaisirs matériels, et spirituels ?
Seulement manifester du désir et continuer l’errance.
Puisse chacun voir et connaître la libération,
Par le Dhamma bien exposé par le « Suprême ».

La vérité ne se trouve pas -uniquement- par le Dhamma,
Car la vérité est dans tout ce que l’on voit et ce que l’on sait,
Si le Dhamma expose la réalité,
Chacun se doit de réaliser l’authenticité du Dhamma,
En comprenant la nature des phénomènes.

Ceux qui s’embarrassent de mots et de concepts,
N’ont pas encore rencontré le Dhamma.
Simple, pur, profond et de saveur unique,
Il libère de la confusion et dissipe l’illusion,
Telles sont quelques unes de ses caractéristiques.

A contre-courant de la recherche vaine de plaisirs,
Le Bouddha nous engage à relever le défi du « non-soi »
Le Dhamma nous encourage à ouvrir le cœur à la paix,
Les maitres nous montrent comment « metta » nous sauve,
Nous seuls pouvons parcourir ce sentier pur, cette « voie des anciens ».


Poème de Pierre Langlais pour dhammapiti

dimanche 22 juin 2008

Bouddhisme : La Tradition de la forêt



Les Moines de la Forêt

Ici, dans la forêt, on a l’occasion d’apprendre à être en harmonie avec la nature, à vivre heureux et en paix.
Ici, on peut contempler la nature des choses.
Quand on regarde autour de soi, on comprend que toutes les formes de vie dégénèrent et finissent par mourir. Rien de ce qui existe n’est permanent. Quand on comprend vraiment cela, on se sent devenir calme et serein.
Dans un monastère de forêt, on apprend à se contenter de peu : on ne mange que selon ses besoins, on ne dort que quand c’est nécessaire et on se satisfait de ce que l’on a. Tels sont les fondements de la méditation bouddhiste...

Ajahn Chah (Extrait de la vidéo « The Mindful Way »)



La tradition de la forêt, par Michel Henri DUFOUR

Le Bouddha est né sous un arbre, il a passé toute la partie de sa vie suivant son Eveil dans la forêt, et il est mort sous un arbre. La forêt se trouve donc au cour des premiers temps du bouddhisme, aussi bien en tant que lieu privilégié de pratique qu'en tant qu'esprit imprégnant toute la pratique, qu'elle soit monastique ou laïque.

Le Bouddha a toujours rejeté les pratiques ascétiques extrêmes telles qu'ils les avait expérimentées avant son Éveil. Cependant il reconnaissait qu'un certain degré d'austérité était nécessaire dans la vie des moines.

Par exemple, nous trouvons dans les "nissaya" (supports) récités par le moine lors de l'ordination qu'il est censé porter des toges fabriquées à l'aide de vieux morceaux de tissu sans valeur, se nourrir de ce qu'il reçoit pendant la tournée d'aumônes, s'abriter au pied d'un arbre, etc.

En outre il ressort de la lecture des biographies de nombreux moines que ces pratiques étaient très courantes dans la Communauté originelle, la vie errante et méditative étant la norme. Deux grands exemples (parmi beaucoup d'autres) nous sont parvenus : Mahâkassapa, l'un des principaux disciples du Bouddha, excellait dans ce genre de pratique, et Añña Kondañña, le premier à avoir perçu la sagesse de l'Enseignement lors du premier enseignement exposé par le Bouddha, a passé sa vie au coeur des forêts.

Pendant plus de 2 500 ans cette existence sylvestre fut le lot quotidien de nombreux moines dans divers pays d'Asie.

Peu de rapports existent sur leur vie car ceux qui pratiquent selon cet esprit ne sont généralement pas des écrivains et ne recherchent ni l'approbation publique ni la médiatisation.

À l'époque actuelle on peut encore visiter nombre de temples où ce mode de vie est expérimenté sous la direction de Maîtres de valeur. La plupart préfèrent se tenir à l'écart des traumas de la vie urbaine, des distractions et du luxe qui sont bien loin de l'idéal du moine de forêt.

La Communauté monastique évolue mais demeure

Dès la fin de la vie du Bouddha déjà, ses disciples étaient passés du stade d'un petit groupe de moines errants à celui d'une large communauté parfaitement organisée, résidant, à l'invitation de riches donateurs laïcs, dans de vastes monastères répandus dans toute la région centrale de l'Inde. Cette situation résultant du fait que, bien que les moines acceptent avec joie ce qui est offert et se contentent de conditions parfois austères en termes de logement et de nourriture, l'évolution naturelle veut qu'ils soient toujours en mesure de répondre aux besoins spirituels de la communauté laïque.

La Communauté monastique a néanmoins survécu dans sa forme originelle à des siècles de bouleversements, à la naissance et à la disparition de nombreux empires. De l'Inde au Sri Lanka, à la Birmanie, à la Thaïlande et à travers toute l'Asie, elle s'est répandue et a prospéré. Dans toute société où des valeurs spirituelles florissaient la Communauté a pu trouver nourriture et soutien, et en retour a offert un sens à cette société.

La Thaïlande est particulièrement favorisée par la présence d'un certain nombre de Maîtres bouddhistes de grande valeur, l'un d'entre eux étant Ajahn Chah (1918 - 1992). Ajahn Chah faisait partie d'un mouvement destiné à restaurer la direction et l'austérité originelles de la vie du moine en établissant des communautés monastiques à la vie très simple, dans les forêts les plus reculées. Une telle communion directe avec les éléments favorisait la clarté du mental et renforçait le coeur.

À ce jour, plus d'une centaine de monastères de forêt ont été créés, inspirés de son enseignement. De très nombreux disciples d'Ajahn Chah résident à travers le monde, le noyau de cette Communauté en Occident étant constitué par le monastère de Chithurst et le centre bouddhique Amâravatî en Angleterre, ouvert en 1985, sous la direction du Vénérable Sumedho, l'un des premiers disciples occidentaux du Maître. D'autres monastères ont été par la suite créés en Australie, Nouvelle-Zélande, Italie, États-Unis et Suisse. Ils accueillent pour des enseignements et des retraites nombre de laïcs.

Par ses caractéristiques mêmes, situées aux antipodes des pseudo-valeurs de notre civilisation, la tradition de Forêt ne semble rien posséder qui puisse séduire l'homme contemporain et il est à craindre que, malgré son ancienneté et sa vitalité actuelle, elle ne disparaisse, avec beaucoup d'autres, dans le chaos des comportements contradictoires de notre modernité.

L'obéissance à tous les désirs prenant la prééminence sur l'esprit de pauvreté et le contentement, la recherche du superflu sur la culture de l'essentiel, la vitesse et la précipitation sur la lenteur et la circonspection, l'agressivité sur la douceur et la paix mentale, la conformité sociale sur la transcendance.

Association Bouddhique Théravada (M.H. Dufour)


Sur ce blog vous trouverez de nombreux enseignements des moines de la forêt .
Pour les Trouver passer via la colonne de droite: "Libellés/Mots clés" et choisir tous les "Ajahn" ou encore en cliquant, dans ce message sur les mots surlignés  ci après :  


Tous les sites ou blog ( en français) de cette tradition:

Sur ce site vous trouverez des enseignements de Ajahn Chah, de Ajahn Sumedho , de Ajahn Sucitto et de Ajahn Jayasaro

Sur ce site presque tous les enseignements de Ajahn Chah traduits en francais. certains sont proposés au format PDF sous forme de petits livre. Une Mine d'Or.

Est exposé sur ce site, l'enseignement du Bouddha selon la tradition du bouddhisme Théravàda et plus particulièrement selon l'école de forêt. On peut télécharger le "Vade-mecum bouddhique" de Michel-Henri Dufour et beaucoup d'autres textes et Enseignements. Un site très complet

Centre Bouddhique d'études et de méditation. Textes et livrets "collection Théravada" à télécharger. "Le Refuge prend son orientation et son enseignement auprès des Maîtres de la Forêt de Tradition Theravada"

Quel Bouddhisme?

Une grande confusion existe dans le public et chez tous ceux qui désirent s’informer sur la Voie bouddhique, et éventuellement s’y engager, confusion en grande partie provoquée par la pléthore d’écoles et de sous-écoles différentes, souvent en apparence bien éloignées de l’Enseignement ancien. L’approche se complexifie en raison des greffes hétérogènes issues du contexte socioculturel des pays dans lesquels le bouddhisme a été introduit, greffes parfois sans effets sur la pratique fondamentale mais présentant occasionnellement des aspects antinomiques avec les principes et préceptes de base, créant ainsi un syncrétisme dévastateur.

Quelle que soit l’école bouddhique, deux formes d’approche, de pratique, sont par conséquent observables :

– le bouddhisme populaire, en tant que religion, fondé sur la peur, d’où : “croyance(s)”, matérialisme spirituel (acquisition de “mérites”, d’une “meilleure renaissance”, etc. ), rites propitiatoires, excroissances animistes, accommodements avec l’éthique, prédominance de l’aspect dévotionnel et émotionnel, bas niveau de la Communauté monastique, (discipline monastique fragile, d’où estompage des différences entre moines et laïcs, le moine n’étant plus “concurrent” du laïc puisqu’il lui ressemble de plus en plus).

– le bouddhisme profond, en tant que philosophie et pratique de vie, fondé sur la connaissance, sur un certain préalable de sagesse, d’où : “foi raisonnée”, pratique de la culture mentale (méditation), aspect dévotionnel à sa juste place, Sa“ngha possédant une discipline solide, conscience de l’importance de l’éthique. Ce second aspect, pouvant paraître une simple vue de l’esprit, existe réellement dans le monde bouddhique, en Orient comme en Occident. En raison de sa rareté, conséquence de son exigence, un effort s’impose pour le rencontrer. Ses pratiquants, en outre, ne recherchent pas nécessairement l’approbation publique ou les faveurs des médias.

Bien que le bouddhisme présente, selon les schèmes occidentaux, différents aspects liés à la religion, à la philosophie, à la psychologie, voire à la thérapie, lorsque l’on parle de celui-ci il doit être fait référence au second aspect, le premier n’étant que de façon anecdotique relié au Bouddha. Puisque celui-ci ne lui est pas indispensable, toute autre entité peut devenir l’objet du “culte”. Nous pouvons néanmoins admettre que cette approche puisse présenter un certain intérêt pour des personnes spirituellement immatures, mais cela n’est pas la Voie de la libération enseignée par le Bouddha et ne peut constituer, au mieux, qu’une étape préliminaire.

Peut-on d’ailleurs exposer un idéal spirituel de la richesse et de la profondeur du bouddhisme sans le rabaisser, considérant que seul un être éveillé est capable de donner à chacun le remède qui lui convient, c’est-à-dire lui enseigner ce dont il a besoin en des termes qui le font évoluer au lieu de l’enfermer dans un système de vues et de croyances a priori !

Ce qui est souvent présenté comme étant l’Enseignement bouddhique n’est en fait que l’antichambre du bouddhisme. Beaucoup ne font que tourner en rond dans cette antichambre sans daigner ouvrir la porte pour aller plus loin, voire sans soupçonner que cette porte existe. Dans certains milieux on désire par conséquent présenter un bouddhisme plus “libéral”, moins contraignant. Ce n’est pour nous qu’une astuce de propagande, de la publicité mensongère en quelque sorte, cela n’ayant rien à voir avec l’utilisation habile des moyens nécessaires (upaaya kosalla). Il est aussi de bon ton actuellement de parler de réforme ou d’“adaptation” du Vinaya et de certains points de l’Enseignement jugés trop astreignants.

Cependant, si l’on va trop loin il est à craindre que la “civilisation moderne” ne l’emporte au détriment du témoignage des valeurs de base qui constituent la caractéristique de l’Enseignement du Bouddha. L’obéissance à tous les désirs prenant la prééminence sur l’esprit de pauvreté et le contentement, la recherche du superflu sur la culture de l’essentiel, la vitesse et la précipitation sur la lenteur et la circonspection, l’agressivité sur la douceur et la paix mentale, la conformité sociale sur la transcendance. Ceci ne ferait que poser cette prétendue civilisation moderne comme valeur suprême et étalon de tous les comportements et de toutes les compromissions.

Michel Henri Dufour

(Lu sur Karuna) et  Association Bouddhique Théravada


L'idée d'un "soi" est la cause même de la souffrance

Soyez attentifs. Certains d'entre vous ne se rendent peut-être pas compte qu'ils sont en train d'entendre (lire) le Dhamma.
Ajahn Chah nous enseigne ici un Dhamma que vous ne trouverez pas dans les Écritures. Beaucoup lisent les Écritures sans voir le Dhamma....Faites attention à ne pas manquer l'essentiel ni à vous méprendre sur son sens.....

Si vous voulez connaître le Dhamma, où allez-vous le chercher ? Il faut le chercher à l'intérieur de votre corps et de votre esprit. Vous ne le trouverez pas sur les étagères d'une bibliothèque (Ajahn Chah)
ni sur ce blog....



Cet enseignement a été donné en 1977 à l'Institut Manjushri, dans le Comté de Cumbria, en, Angleterre.



Le Supérieur de l'Institut m'a invité à vous donner aujourd'hui un enseignement. Je vous demanderai donc à tous de vous asseoir en silence et de pacifier votre esprit...

Certains comprennent, mais ne prennent pas la peine de pratiquer, tandis que d'autres ne comprennent pas et n'essaient pas de comprendre. Je ne sais pas que faire d'eux. 

Pourquoi les êtres humains fonctionnent-ils ainsi ? Ce n'est tout de même pas une si bonne chose que d'être ignorant ! Mais j'ai beau le leur dire, ils n'écoutent pas. Je ne sais pas ce que je peux faire de plus. Les gens ont tellement de doutes quand ils pratiquent ! Ils passent leur temps à douter. Ils veulent tous atteindre le nirvana, mais sans vouloir prendre le chemin qui y conduit. C'est incroyable ! Quand je leur dis de méditer, ils ont peur ou, s'ils n'ont pas peur, ils s'endorment, tout simplement....

L'enseignement que je vous propose aujourd'hui est un moyen de résoudre les problèmes dans l'instant présent et dans la vie présente. 

Certains prétendent avoir trop de travail pour trouver le temps de pratiquer le Dhamma, alors ils demandent : « Que pouvons-nous faire ? » Je leur réponds : « Est-ce que vous respirez pendant que vous travaillez ? » « Oui, bien sûr que nous respirons ! » « Et comment se fait-il que vous ayez le temps de respirer alors que vous êtes si occupés ? » Ils ne savent pas quoi répondre. « Si vous avez simplement sati en travaillant, vous aurez tout le temps de méditer»....


... Dans les enseignements, il y a une réflexion sur le non-soi : « Ceci n'est pas moi, cela ne m'appartient pas. » Mais les gens n'aiment pas entendre ce genre d'enseignement parce qu'ils sont attachés à l'idée d'un soi. Or voilà : c'est la cause même de la souffrance. Il ne faut pas perdre cela de vue.

... la colère ne nous appartient pas, alors nous ne pouvons pas lui donner des ordres. Il arrive que deux heures plus tard elle soit toujours là et puis, d'autres fois, elle disparaîtra en une heure. S'attacher à la colère comme si elle nous appartenait en propre ne peut que nous faire souffrir. Si elle était vraiment à nous, elle devrait nous obéir. Si elle n'obéit pas, c'est que nous faisons erreur. Ne vous laissez pas piéger par cette erreur. Que l'esprit soit heureux ou triste, n'y croyez pas ! Que l'esprit adore ou déteste quelque chose, n'y croyez pas ! Tout cela ne sont que des vues erronées...

Dans l'enseignement du Bouddha, il est dit que le meilleur moyen de dépasser la souffrance est de voir que « ceci n'est pas moi » et « ceci n'est pas à moi ». C'est la méthode la plus efficace qui soit. Mais, en général, nous n'y prêtons pas grande attention et, quand la souffrance arrive, nous nous contentons de nous lamenter sans rien en apprendre. Pourquoi ? Nous devons absolument approfondir ces choses et développer « Bouddho », « Ce qui sait ».

La loi d'aniccam nous dit que tout est impermanent. Si on veut que les choses soient permanentes, on se prépare beaucoup de souffrance. À chaque fois qu'apparaîtra un signe d'impermanence, on sera malheureux. Par contre, si on voit que les choses changent parce que c'est dans leur nature, on est en paix, il n'y a pas de conflit. Si on veut que les choses soient permanentes, on va vivre sans cesse en conflit, on peut même arriver à en perdre le sommeil. Tout cela à cause de l'ignorance d'aniccam, l'impermanence, l'enseignement du Bouddha....

Pour vraiment voir le Dhamma, vous devrez regarder dans votre propre corps et dans votre esprit... Avant de pouvoir réaliser le Dhamma, vous devez savoir où le chercher. Le Dhamma né du corps doit être vu dans le corps. Et comment regarderez-vous le corps ?

Avec l'esprit. Vous ne trouverez le Dhamma nulle part ailleurs, parce que c'est précisément là que naissent aussi bien le bonheur que la souffrance. À moins que vous n'ayez déjà vu le bonheur apparaître dans les arbres ? Ou sortir des rivières ? Ou tomber du ciel ? Le bonheur et la souffrance sont des émotions qui naissent dans notre corps et dans notre esprit.
Voilà pourquoi le Bouddha nous dit de prendre conscience du Dhamma ici même

Source : Livret 15- Le refuge 
Extraits du même enseignement : Souffrance ordinaire et extraordinaire



samedi 21 juin 2008

le Bouddha combattait les préjugés et les discriminations

Le Bouddha s’est engagé en prenant position contre les castes et en s’adressant aux hommes et aux femmes des conditions les plus humbles.
Il s’est engagé en accueillant au sein du sangha les femmes, les indigents, les exclus et les criminels repentis.
Il s’est engagé en indiquant qu’elles étaient les devoirs d’un dirigeant politique et en soutenant qu’il n’existait aucune distinction fondée sur la naissance.

Il s’est engagé en prônant la compassion active et l’amour universelle.
Il s’est engagé en enseignant durant 40 ans pour le bien de tous les êtres, sans distinction de sexe, de caste ou de couleur.

Pratiquer le dhamma c'est un engagement envers soi même et envers les autres.
(Kathy)
Rappel : Le bouddhisme "engagé" est une pratique


Si tous les hommes connaissent la maladie, la souffrance, la vieillesse et la mort, il n’en demeure pas moins que certaines populations partent avec un handicap par rapport à d’autres, puisque leurs maladies, leur "sous-alimentation", causes de souffrance, auraient pu être évité.

Ce problème intéresse tout particulièrement les bouddhistes car Le Bouddha a enseigné la voie du Milieu
: apprendre à découvrir l’équilibre, l’harmonie qui nous rapproche du Dhamma.

La voie du milieu consiste à éviter en toutes circonstances de se figer dans les extrêmes
Mais si la vie elle même, nous place, dés la naissance, dans des conditions extrêmes, nous ne pourrons pas suivre cette voie.

Dans de telles conditions de détresse, personne ne peut suivre correctement cette voie, ce chemin, même si elle le désire vraiment.
La Théorie du Kamma n’explique et surtout ne justifie pas tout. (Kathy)
Rappel : Ce que le Bouddhisme nous enseigne... et le bouddhisme nous enseigne



  • Il n'y a pas de « loi bouddhique »
Dans le strict sens du mot, il n’y a pas « loi bouddhique », mais une influence de l’éthique bouddhique et des changements que celle-ci a laissés sur les coutumes. Il n’est point question d’une autorité bouddhique qui ait jamais créée ou promulgué quelle que loi que ce soit.

La quête du pouvoir comme fin en soi et l’emploi de tous les moyens quels qu’ils soient pour y parvenir, s’oppose aux principes bouddhiques de l’éthique.

Lire sur karuna, bouddhisme engagé : Une théorie bouddhique de la loi internationale


  • Le Bouddha combattait les préjugés et les discriminations
Ci après, quelques extraits choisi de "Le Bouddhisme et la question raciale" par G. P. Malalasekera et K.N. Jayatilleke.

Le bouddhisme a toujours "proclamé" l'unité de l’humanité et nié que la naissance puisse ou doive constituer un obstacle au développement personnel et spirituel.

Réprimandant certains moines qui s’estimaient supérieurs aux autres parce qu’ils étaient plus réputés et plus riches, le Bouddha les comparait à des vers de terre nés et nourris dans le fumier, et qui s’estimeraient de ce fait supérieurs.

l’homme qui rampe à la surface de la terre en essayant d’y subsister doit au moins acquérir l’humilité.

Nul n’a le droit de mépriser ses semblables car toutes les créatures sont soumises aux lois de l’existence et possèdent, au fond, la même nature et les mêmes possibilités, bien qu’elles se trouvent à des stades différents de développement et ne se développent pas toujours au même rythme.

Selon le Bouddha, on ne peut classer les hommes en différents genres ou espèces, comme on le fait pour les herbes, les arbres, les vers, les papillons, les poissons, les quadrupèdes, les oiseaux, etc.

Le Bouddha montre que les distinctions faites entre les hommes ne répondent pas à des différences biologiques fondamentales, mais à des classifications conventionnelles.

Les distinctions fondées sur la couleur de la peau (uanna), la nature des cheveux (kesa), la forme de la tête (sisa) ou la forme du nez (nasa) n’ont rien d’absolu. On rejoint presque ainsi la position de la science moderne.(...)

Le bouddhisme s’accorde donc avec les enseignements de la biologie moderne, qui ont ruiné les doctrines racistes et démontré l’unité biologique de l’espèce humaine.

Lorsque le bouddhisme nous invite à traiter tous les hommes et toutes les femmes, quelle que soit leur race ou leur caste, comme s’ils étaient notre père, notre mène, notre frère ou notre soeur, comme les membres d‘une même famille, il proclame une vérité profonde et non un simple précepte moral.

L’Ambattha Sutta (Sermon sur Ambattha) montre que la notion de pureté de caste, si chère au coeur des brahmanes, n’est qu’un mythe.

Ambattha, un jeune brahmane, était si fier de sa haute naissance qu’il négligeait les règles de la courtoisie en parlant au Bouddha, qui n’était pas brahmane.

Le Bouddha lui répond en mettant en doute la pureté de ses origines : « Si l’on remontait à tes ancêtres paternels et maternels, lui dit-il, on s’apercevrait que l’un d’eux était l’enfant d’un jeune esclave sakya »


Le Bouddha a dit : « C’est au plus profond de nous-mêmes que se trouve le but final de tous nos efforts ; c’est en nous que nous découvrirons la paix et le bonheur éternels qui nous permettront de réaliser nos plus hautes aspirations. »

Pour le bouddhisme, les êtres humains ne sont supérieurs ou inférieurs que selon leur degré de perfection morale et spirituelle, indépendamment de toute considération de race ou de caste. Et celle distinction même n’a rien de rigide, puisque chacun change constamment et a le pouvoir de devenir meilleur ou pire.

Les hommes ne sont supérieurs ou inférieurs qu’en raison de leur valeur morale et spirituelle ; mais cette classification elle-même est sujette à modifications, les hommes pouvant changer et changeant en fait.

le Bouddha et ses disciples ne tiennent aucun compte de la naissance pour l’admission dans l’Ordre monastique et s’efforcent au contraire, par la persuasion et l’exemple, d’éliminer les préjugés et discriminations de caste suscités par les brahmanes.

« Le Bouddha ignore entièrement et absolument aussi bien les privilèges que les incapacités qui s’attachent à la naissance, à la profession ou à la condition sociale ; et il ne tient compte d’aucun des interdits ou des prescriptions arbitraires de caractère »

Dans l’Ordre bouddhiste, il n’existait aucune distinction fondée sur la naissance. Les moines et les nonnes se rendaient chez des gens de toutes castes, pour prêcher ou prendre leurs repas - non sans s’exposer à des désagréments.

Que tous les êtres vivants, faibles ou forts, Longs ou grands, moyens, petits, courts ou gros, Visibles ou invisibles, vivant près ou vivant loin, Nés ou à naître, Que toutes les créatures soient heureuses. Que nul ne trompe, que nul ne méprise qui que ce soit, où que ce soit, Que nul ne souhaite du mal à qui que ce soit, par colère ou ressentiment. De même qu’une mère, au risque de sa vie, veille sur son seul enfant, De même que chacun cultive un esprit d’infinie bienveillance à l’égard de tous les êtres.
Il est impossible d’éprouver des sentiments de ce genre si l’on a des préjugés ou des haines d’ordre racial. Les disciples laïques sont invités à ne jamais s’enorgueillir de leur naissance, à renoncer à toute vanité de race ou de caste.


LIRE: La position du Bouddhisme par rapport au racisme - Première partie et La position du Bouddhisme par rapport au racisme - Deuxième partie

jeudi 19 juin 2008

Les bienfaits de la méditation par Aung San Suu Kyi










Les bienfaits de la méditation par Aung San Suu Kyi


La retraite de la saison des pluies a commencé.

Le moment est venu d’offrir des robes aux moines et de faire des efforts particuliers pour obtenir une meilleure compréhension des valeurs du Bouddhisme

En Birmanie, nous considérons les membres de la sangha  comme des enseignants qui nous guideront le long du noble octuple sentier. Les bons professeurs ne donnent pas seulement des sermons érudits, ils nous montrent aussi comment nous devons nous comporter dans nos vies quotidiennes selon la compréhension juste, la pensée juste, la parole juste, l’action juste, la subsistance juste(les moyens d'existence juste), l’effort juste, l’attention juste, et la concentration juste.

Il n’y a pas longtemps, avant ma mise en résidence surveillée de 1989, j’ai été gratifiée d’une audience par Sayadaw U Pandita, un enseignant exceptionnel dans la meilleure tradition des grands mentors spirituels, ceux dont les mots agissent constamment comme une aide pour une existence meilleure. U Pandita, a parlé de l’importance de la parole juste. 

Non seulement notre parole doit exprimer la vérité, mais elle doit aussi amener l’harmonie parmi les êtres, être aimable et plaisante et elle doit être bénéfique. L’on devrait suivre l’exemple du Bouddha qui n’a eu que des paroles qui ont été fiables et bénéfiques, même si parfois un tel discours n’a pas toujours été plaisant à l’auditeur.

Le vénérable m’a aussi exhorté à cultiver  la pleine conscience  (l'Attention)

Des 5 facultés spirituelles (qui sont la foi, l’énergie, la concentration, la sagesse et la pleine conscience (l'Attention), seule la pleine conscience (l'Attention) ne peut jamais être en excès. 

Une foi excessive sans assez de sagesse mène à une foi aveugle, alors qu’une sagesse excessive sans énergie suffisante mène à de la ruse indésirable. Un excès d’énergie combiné avec une faible concentration mène à l’indolence. 

Mais en ce qui concerne la pleine conscience, c’est en excès, mais toujours en carence. 

La vérité et la valeur de ce concept Bouddhiste que le vénérable U Pandita a pris tant de soins à imprimer en moi sont devenu évidentes pendant mes années de résidence surveillée. 

Comme beaucoup de Bouddhistes, j’ai décidé de mettre mon temps de détention à profit en pratiquant la méditation. Ce n’était pas un processus facile. Je n’avais pas d’enseignant et mes premières tentatives étaient plus qu’un peu frustrantes. Il y a eu des jours où j’ai trouvé mon échec à discipliner mon esprit selon les pratiques de méditation prescrites tellement exaspérant, que j’avais l’impression de me faire plus de mal que de bien. 

Je pense que j’aurai abandonné sans la recommandation d’un célèbre enseignant Bouddhiste, qui dit que si l’on veut pratiquer la méditation, on doit le faire pour son propre bien.

J’ai donc serré les dents et persévéré, souvent plutôt sombrement.

Alors mon mari m’a donné une copie du livre de Sayadaw U Pandita "Dans cette Vie même- le chemin de libération enseigné par le Bouddha"  En étudiant ce livre avec attention,  j’ai appris comment surmonter les difficultés de la méditation et en retirer les bénéfices. J’ai appris comment la pratique de la méditation amène a l’élargissement de l'attention dans la vie de tous les jours, à maintes reprises. Je me suis remémorée les mots du "Saint professeur" (du sayadaw) sur l’importance de la pleine conscience avec admiration et gratitude.

Dans mon travail politique, j’ai été aidée et affermie par les enseignements des membres de la Sangha. Au cours de ma toute première tournée de campagne à travers la Birmanie, j’ai reçu d’inestimables conseils de moines dans différents endroits du pays. A Prome, un Saint professeur m’a dit de garder à l’esprit l’ermite Sumedha, qui a échangé la possibilité d’une libération individuelle rapide, contre de nombreuses vies d’effort afin de pouvoir libérer les autres de la souffrance.
"Alors vous devez être préparée à vous dépasser aussi longtemps que nécessaire dans le but d’accomplir ce qui est bien et juste", m’a exhorté le saint professeur.

Dans un monastère à Pakokku, le conseil qu’un abbé a donné à mon père lorsqu’il s’est rendu dans cette ville il y a de cela plus de 40 ans m’a été répété :
« Ne soyez pas effrayé à chaque fois que l’on tente de vous faire peur,
mais ne soyez pas totalement sans peur.
Ne devenez pas ivre chaque fois que vous être loué,
mais ne soyez pas totalement sans ivresse
».
Autrement dit, en préservant courage et humilité, il ne faut abandonner ni la prudence ni le juste respect de soi-même.

Lorsque j’ai visité Natmauk, la ville de la maison de mon père, je suis allée au monastère où il a étudié enfant.
Là, l’abbé a donné un sermon sur les quatre causes du déclin et de la décadence :
-échec à retrouver ce qui a été perdu ;
-omission de réparer ce qui a été endommagé ;
-mépris de la nécessité d’une raisonnable modération ;
- et l’élévation au rang de dirigeant de ceux qui sont sans moralité ni connaissance.
L’abbé a continué à expliquer comment ces vues traditionnelles Bouddhistes devraient être interprétées pour construire une société juste et prospère dans l’âge moderne.

De ces paroles de sagesse que j’ai rassemblées au cours de ce voyage en Birmanie centrale, celles d’un saint enseignant de Sagaing, âgé alors de 91 ans, me restent particulièrement à l’esprit. Il m’a fait l’esquisse de la difficulté qu’il y aurait pour un avènement de la démocratie en Birmanie :
« Vous serez attaquée et injuriée pour votre engagement dans une politique honnête » a déclaré le professeur, « Mais vous devez persévérer. Fondez un investissement dans la souffrance, et vous obtiendrez la félicité”.

Source : Bangkok Post Septembre 1996 - Lire le Texte en anglais sur le blog du moine birman Ashin Mettacara : The Benefits of Meditation and Sacrifice -


Remarques : 

1-Pour ceux qui ne connaissent pas Sayadaw U pandita, vous pouvez lire sur ce blog, plusieurs extraits de son livre "Dans cette même vie", celui dont parle Aung San Suu Kyi :

2- * La Pleine conscience : U pandita  dans son livre, ne parle pas tout à fait de "Pleine conscience" mais "d'Attention". Dans le Satipatthana sutta le Bouddha parle des quatre fondements de l'Attention





mardi 17 juin 2008

Les étapes du développement de vipassana, la vision intérieure



Ci après un enseignement de Achaan Naeb

Biographie:
Achaan Naeb est originaire de la famille d'un gouverneur thaï d'une province voisine de la Birmanie. C'est à trente-cinq ans qu'elle commence à étudier la psychologie et la vision intérieure sous la direction d'Achaan Pathunta U Vilasa.

Douze ans plus tard elle commence à enseigner, crée des centres d'enseignement et parvient enfin, grâce au patronage des souverains, à créer l'Association pour la recherche et la santé mentale bouddhistes à Wat Sraket, à Bangkok. Aujourd'hui, à quatre-vingts ans, elle enseigne toujours et ses disciples poursuivent son œuvre.

Wat Sraket est un îlot de paix au centre de la Bangkok moderne. Une rencontre avec Achaan Naeb est l'occasion d'accéder par une voie claire et directe au Dharma.

Achaan Naeb commence généralement par demander aux visiteurs de s'asseoir confortablement, puis de ne plus bouger. Bientôt, naturellement, l'un des visiteurs change de position. « Arrêtez, ne bougez pas. Pourquoi bougez-vous ? Attendez pour bouger. » L'enseignement d'Achaan Naeb s'adresse naturellement à la source de souffrance la plus évidente : notre corps. Si nous nous contentons de rester assis, en essayant de ne pas bouger, la douleur apparaît puis augmente, et nous voulons changer de position. La plupart des actions que nous accomplissons dans la journée se déroulent selon le même schéma.

(Jack Kornfield - Dharma Vivant)


LES ÉTAPES DE LA PURIFICATION

(remarques : les titres ne sont pas dans le texte initial)

La connaissance du discernement de l'esprit et de la matière.


Une fois que nous avons pris conscience des états de l'esprit et de la matière, nous atteignons le premier niveau de la vision intérieure, que nous appelons connaissance du discernement de l'esprit et de la matière.

C'est ce niveau de vision qui nous rend capable de percevoir directement la nature séparée des états mentaux et physiques dans tous les phénomènes.

Il faut savoir que les états mentaux et matériels que nous connaissons à partir de la connaissance du discernement de l'esprit et de la matière ne sont pas les mêmes que les états men taux que nous connaissons par l'étude. Celui qui n'a pas fait l'expérience de la connaissance du discernement de l'esprit et de la matière ne peut pas opérer la distinction entre la connaissance issue de la théorie et celle qui est issue de l'expérience.

Aussi, quoiqu'il perçoive, c'est toujours sur le mode de l'illusion du « je » ou du « soi » qu'il entend ou qu'il voit. Il est dans l'erreur en dépit de sa connaissance théorique de ce que sont l'esprit et la matière.

Par exemple, si je demande à quelqu'un si la posture assise est de type spirituel ou matériel, il peut répondre qu'elle est matérielle.
Mais quand il est réellement assis, réalise-t-il qu'elle est matérielle, et peut-il séparer clairement la matière de l'état mental auquel elle est liée ? C'est cela la différence entre la pratique et la théorie.

Atteindre la connaissance du discernement de l'esprit et de la matière est chose difficile, même s'il ne s'agit que du premier degré de la connaissance dans le développement de la vision intérieure. Cela demande une extrême attention et une extrême concentration à tout moment.


Devenir conscient des états mentaux et physiques à un niveau supérieur

Il s'agit maintenant d'approfondir notre pratique, c'est-à-dire de devenir conscient des états mentaux et physiques à un niveau supérieur.

Tout d'abord, nous n'étions pas conscients du fait que les états matériels et mentaux étaient des facteurs en liaison l'un avec l'autre. Nous étions seulement conscients de ce qu'étaient un état mental et un état physique.

Mais maintenant, plus nous sommes conscients de ce qu'est un état mental ou physique, mieux nous verrons les causes qui les font émerger.
Il en est ainsi, par exemple, quand nous prenons conscience du fait que le son est un facteur du fait d'entendre.
Quand nous voyons quelque chose, nous prenons conscience du fait que la couleur est un facteur du fait de voir.
De cette manière, nous allons également constater quelle sorte d'état mental survient en tant que résultat du son et de la couleur.
Quant aux différentes positions corporelles ou aux mouvements du corps, nous devons continuer à être conscients à tout moment du fait que la matière qui est en mouvement à tout moment a l'esprit comme cause. Elle est motivée par la conscience. C'est la conscience qui pousse le corps à se tenir debout, à s'asseoir, à marcher ou à changer de position.

Toutes ces positions de la matière ne surviennent que du fait de l'esprit. Quand un tel état mental survient, c'est la matière qui en est la cause. Ainsi, les états mentaux et matériels peuvent être considérés comme produits par des facteurs.


La relation de cause à effet entre esprit et matière

Cette sorte de connaissance liée à la vision intérieure interviendra lorsque nous aurons atteint la connaissance du discernement de l'esprit et de la matière. La relation de cause à effet entre esprit et matière se révèle alors.

Nous savions déjà que l'existence était composée d'esprit et de matière, mais nous ne savions pas de quelle cause esprit et matière émanaient. Nous pouvions alors penser que c'est un dieu qui les faisait être, comme le veulent les autres religions.

Lorsque nous avons atteint ce niveau de connaissance, nous savons que l'esprit et la matière ne sont créés par personne. Nous savons au contraire qu'ils sont en relation de cause à effet les uns avec les autres. Esprit et matière sont alors vus comme des phénomènes indépendants.

Nous savons de la même manière que le son d'une cloche est produit par la réunion de deux facteurs : le battant et la cloche. Si le bat tant ne frappe pas la cloche, il n'y a pas de son. Personne ne peut créer ce son de cloche, et nul ne sait où se trouve le son ni où il va. Mais le son est produit dès que les deux facteurs sont réunis. Quand nous avons fait l'expérience de cette relation entre esprit et matière, il n'y a plus de question concernant le fonctionnement et la cause de l'esprit et de la matière.


L'expérience de la succession rapide des états mentaux et matériels, ainsi que de leur disparition

À ce stade de connaissance de la vision intérieure, bien que nous connaissions désormais les causes de l'esprit et de la matière, nous n'avons pas encore pleinement réalisé le fait qu'ils sont séparés l'un de l'autre. Nous n'avons pas encore fait l'expérience de la succession rapide des états mentaux et matériels, ainsi que de leur disparition.

Ils disparaissent à une vitesse stupéfiante, et notre vision intérieure n'est pas encore assez aiguisée pour les percevoir à ce moment. Nous devons donc poursuivre notre attention aux états mentaux et maté­riels jusqu'à ce que nous ayons pris conscience de leur disparition.

Ainsi, lorsque nous passons de la position assise à une autre posture, nous réalisons que la position assise a disparu. Et lorsque nous sommes debout et que nous changeons de position, nous réalisons également que cette posture a disparu de nouveau, et nous percevons l'apparition d'une nouvelle posture. Nous savons alors que la posture debout n'est pas permanente.

Dans les premiers temps, c'est ainsi que nous ferons l'expérience de nos postures. Nous observerons la succession de nos postures. Mais nous ne réalisons la cessation d'une posture que lorsque celle-ci a effectivement pris fin.
Il nous faut encore réaliser l'émergence et la disparition de matière au sein de cette posture. Jusqu'ici, lorsque nous réalisions la disparition de la posture assise, nous constations seulement que la posture assise s'était transformée en une autre posture.

Nous devons maintenant réaliser la disparition de matière dans la posture assise, alors que nous sommes toujours assis. C'est-à-dire qu'au fur et à mesure que notre vision intérieure s'approfondit, nous pouvons connaître l'expérience de la disparition de matière tout en demeurant dans la posture assise.

Cela se manifeste par l'observation de la discrimination des états de l'esprit et de la matière au fur et à mesure de leur émergence, alors que nous sommes toujours assis. Au fur et à mesure de notre pratique, nous ferons de plus en plus précisément et sûrement l'expérience de cette succession rapide. Nous saurons alors que, dans le passé et dans le futur, tous les phénomènes sont impermanents. Nous n'aurons plus de doute en ce qui concerne la nature du futur.


L'expérience de l'émergence et la disparition de diverses formes d'existence

Lorsque nous faisons l'expérience de l'émergence et la disparition de diverses formes d'existence, nous avons atteint le degré de vision intérieure que nous appelons connaissance-maîtrise, et c'est cette connaissance qui nous permet de connaître de manière décisive l'impermanence des états de l'esprit et de la matière.

Ce niveau de connaissance de la vision intérieure réalise les trois caractéristiques de l'existence, car elle fait l'expérience de l'impermanence des états mentaux et physiques, de leur émergence et de leur disparition d'un instant à l'autre. Nous devons encore faire l'expérience de la démarcation précise de ces états physiques et mentaux.

L'expérience de la démarcation entre émergence et disparition des états mentaux


Si nous poursuivons notre travail d'attention, la sagesse de la vision intérieure deviendra de plus en plus aiguë et notre conscience de plus en plus subtile.
Plus nous sommes conscients, plus nous saisissons l'existence présente de façon continue, quel que soit l'objet sur lequel nous nous penchons.

Lorsque nous parvenons à expérimenter cette démarcation entre émergence et disparition des états mentaux, nous passons à un niveau supérieur de la vision intérieure que nous appelons connaissance de l'émergence et de la disparition.

Ce niveau inclut également la réalisation des trois connaissances qui s'y attachent. Nous faisons alors l'expérience du premier degré de la connaissance, la sagesse de la vision intérieure qui perçoit toute existence comme étant uniquement constituée d'états mentaux et physiques ;
le deuxième degré de la connaissance de la vision intérieure, qui reconnaît l'origine causale des états de la matière et de l'esprit ;
et le troisième degré de la connaissance, la sagesse de la vision intérieure qui fait l'expérience de l'apparition et de la disparition des états physiques et mentaux, mais non encore de leur démarcation précise.


La vraie voie de Vipassana

Nous sommes déjà bien avancés sur la vraie voie de Vipassana.

C'est en effet ce type de connaissance qui nous permet de faire désormais l'expérience des démarcations entre les états de l'esprit et de la matière, qui se succèdent à grande vitesse.

En augmentant encore notre prise de conscience, la connaissance de l'émergence et de la disparition devient de plus en plus fine. Ce niveau de vision intérieure correspond déjà à un degré de sagesse très avancé.

C'est le type de sagesse qui détruit l'illusion de la permanence de l'esprit et de la matière, qui nous montre qu'ils ne peuvent être une source de bonheur durable, et que le « je » n'y a aucune part.

C'est cette sagesse qui anéantit un grand nombre des opinions erronées qui encombraient notre esprit. Cependant, cette connaissance de la vision intérieure est toujours temporaire, et n'a pas encore la capacité de déraciner toutes les opinions erronées. Elle permet cependant de commencer à éradiquer les erreurs qui nous font confondre l'expérience avec le « soi ».

C'est un niveau de connaissance si élevé que le maître n'a pas besoin de rassurer le méditant sur le fait qu'il a réalisé la vérité. Sa propre vision intérieure lui permet de porter des jugements clairs et sûrs.


La véritable libération de l'esprit.

Une grande joie et une grande légèreté apparaissent alors dans l'esprit ; une clarté de perception telle que l'on n'en n'a jamais connu. C'est un avant-goût de la véritable libération de l'esprit.

Tout cela n'a rien à voir avec les connaissances que l'on peut acquérir par l'étude ou la lecture, qui ne nous permettront jamais de faire l'expérience de la vérité de l'existence. Seule, la contemplation peut nous y amener.

Lorsque nous pensons, ou que nous sommes en contemplation, notre pensée conceptuelle ne porte que sur le passé et le futur, et ignore totalement le présent. La pensée ne nous permet que de raccorder le passé au futur par le biais de comparaisons, à partir de pensées qui n'ont rien à voir avec l'expérience directe de la réalité présente. Ces pensées n'ont donc pas le pouvoir d'éliminer les états mentaux négatifs latents, qui ne peuvent être éradiqués que par un esprit libéré de toutes les erreurs auxquelles il était assujetti.

Le doute, l'incertitude ou toute autre forme de suspicion concernant ces questions, sont abolis. Nous voyons clairement les facteurs et les causes qui interviennent dans l'esprit et dans la matière, et faisons progressivement l'expérience de la vérité.

Si le méditant s'attache à la connaissance de l'émergence et de la disparition, ou s'il a au préalable pratiqué la concentration à un degré élevé, certains états mentaux négatifs peuvent intervenir pendant cette période.


L'expérience des états mentaux négatifs

L'expression « états mentaux négatifs de la vision inté­rieure » signifie que le méditant parvenu à ce degré de vision intérieure expérimente des états mentaux négatifs « discrets ».

Ceux-ci, qui sont des formes d'attachement très subtiles, sont au nombre de dix.

Ils peuvent être causés par l'attachement au pouvoir de concentra­tion, et ralentiront les progrès vers un niveau de vision intérieure plus élevé. Ainsi, l'esprit peut être empli de bonheur et d'extase. Un attachement subtil intervient, et la motivation du méditant pour atteindre un niveau supérieur de vision intérieure s'en trouve réduite.

Nous voyons ainsi comment ces états mentaux négatifs empêchent de progresser. Si le méditant n'a pas la sagesse nécessaire, il ne pourra pas aller plus loin.

Nous devons donc avoir parfaitement conscience de ce phénomène pour que la sagesse puisse nous montrer la bonne voie. Sinon, nous n'obtiendrons pas de résultats et ne saurons pas pourquoi.

Cela est une étape difficile car ces sentiments peuvent devenir si subtils, si agréables, si pleins de jouissance qu'ils peuvent tromper le méditant et lui faire croire qu'il a atteint l'Éveil et le nirvana.

Une bonne prise de conscience correspond au moment où nous voyons que pour atteindre des niveaux supérieurs de vision intérieure, il nous faut renoncer à tout attachement aux états mentaux que nous avons atteints.

L'extase, la concentration et même l'attention peuvent devenir l'objet d'attachements très subtils. Lors que nous comprenons qu'un détachement absolu est indispensable, ces états mentaux négatifs disparaissent.

L'expérience de la dissolution des phénomènes

Nous pouvons alors atteindre le niveau de vision intérieure que nous appelons pureté par la connaissance et vision de la voie. Cette vision intérieure correspond au moment où nous réalisons que la voie du nirvana exige que nous renoncions à toute forme d'attachement à des états de l'esprit ou de la matière.

C'est à partir de ce moment que se développent les niveaux les plus élevés de la vision intérieure.

Plus l'attention portée à la connaissance de l'émergence et de la disparition nous révèle la vérité, plus grande devient la sagesse.

C'est alors qu'intervient le niveau de dissolution des phénomènes. Plus le méditant fixe son attention sur l'objet présent, plus il fait l'expérience de la dissolution de l'esprit et de la matière. C'est une sensation effrayante. Mais tant qu'il demeure fixé sur l'objet présent, ce n'est plus que la dissolution de l'esprit et de la matière qui retient son attention. Cela s'appelle la connaissance de la dissolution, qui montre que tout ce dont nous faisons l'expérience est dangereux, effrayant, insubstantiel et déplaisant ; le méditant, lassé de tout, se détache de plus en plus de l'esprit et de la matière.

Le sentiment de détachement qui survient s'appelle connaissance de l'aversion, et le désir d'attachement s'affaiblit de plus en plus au fur et à mesure de la pratique.


La connaissance de l'équanimité à l'égard de toutes les formations

Enfin, le méditant atteint le plus haut stade de clarté et de détachement, la connaissance de l'équanimité à l'égard de toutes les formations.

C'est à partir de ce moment, l'esprit libre de tout attachement et de tout état mental négatif, que le pratiquant peut faire l'expérience du nirvana.

C'est là une description très sommaire des stades les plus élevés de la voie de la vision intérieure.

Je voudrais terminer en soulignant une nouvelle fois l'importance du niveau de la connaissance de l'émergence et de la disparition. Si votre pratique vous amène à ce niveau de connaissance, rien ne vous barrera plus la route vers les niveaux supérieurs, jusqu'à ce que vous compreniez enfin la nature pleine et entière de l'esprit et de la matière et que vous fassiez l'expérience de la cessation du processus, le nirvana.

Une seule voie peut mener au nirvana (nibbana), c'est l'établissement de l'attention

Il y a un dernier point que je voudrais examiner avec vous.

Vous avez sans doute souvent entendu dire que pour atteindre le nirvana, il n'y a aucune procédure particulière à respecter ; qu'il n'y a ni règles ni méthode, et que tout ce que nous accomplissons est juste puisqu'il existe plusieurs voies et qu'en fin de compte toutes les voies nous mèneront au nirvana.

Mais les preuves et la raison nous disent que cela est faux. La preuve est faite, et tous les bouddhistes le savent, que le Bouddha lui-même a dit qu'une seule voie pouvait mener au nirvana, et que cette voie est l'établissement de l'attention.

Si l'on se met à pratiquer la méditation selon sa propre méthode, chacun créera sa doctrine, afin de prouver que sa voie est la seule valable pour atteindre le nirvana. Cela est-il raisonnable ou possible ? Si tel est le cas, le Bouddha ne disait pas la vérité, et il n'avait pas à enseigner sa pratique.

Nous savons que durant la vie de Bouddha il existait de nombreuses sectes et de nombreuses pratiques de méditation. Les pouvoirs surnaturels tels que voler dans les airs, marcher sur l'eau, traverser les montagnes, étaient courants à cette époque. Mais nul n'avait jamais enseigné la véritable voie du nirvana.

Donc, que tous ceux qui pensent qu'il y a de multiples voies réfléchissent à cette question. N'oubliez pas que nous rendons hommage au Bouddha pour nous avoir enseigné la méthode du développement mental qui permet d'atteindre le nirvana. C'est la raison pour laquelle les bouddhistes considèrent le Bouddha comme le plus grand homme du monde, et rendent hommage à ses vertus de sagesse, de pureté et de compassion.

Si nous ne cultivons pas le développement de la vision intérieure selon les principes de l'établissement de l'attention, nous ne pouvons comprendre réellement le bouddhisme. Aujourd'hui même, peu de gens comprennent clairement l'établissement de l'attention. Bien que ce système soit parfaitement accessible à la raison, il ne se laisse pas saisir immédiatement.

Nous devons étudier et faire appel à la raison, puis prouver la validité de nos réflexions par la pratique. Le bouddhisme doit sans cesse être mis à l'épreuve de la pratique pour que nous puissions accéder à la vérité.


Source : le développement de la vision intérieure (sur dhamma anussati)

lundi 16 juin 2008

Chers Lecteurs(trices) et ami(e)s






Tout d'abord je voudrais remercier toutes les personnes qui m'encouragent régulièrement à continuer ce blog.

Vous êtes nombreux à m'écrire et certains d'entre vous
m'ont demandé pourquoi je ne faisais par le récit de mes autres retraites.

Mais si j'ai écris le récit de ma retraite, c'est justement car c'était la première retraite intensive de 10 jours que j'effectuais et j'ai eu envie de partager cette expérience.

Rien n'est permanent et aujourd'hui je n'ai aucunement l'intention ni l'envie de faire le récit des autres retraites que j'ai pu suivre depuis, intensive ou non intensive d'ailleurs.

Je pense que cela n'aurait plus d'intérêt et que cela ne ferait qu'alimenter mon ego.

Partager des enseignements, des suttas et des expériences plus ponctuelles c'est bien aussi.

Dans le message "méditation et transformation" je parle justement du changement qui s'est opéré en moi. Je n'ai plus de "méthode" à partager, plus d'attente, plus de but, plus rien de précis juste des expériences au jour le jour.

La pratique du Bouddhisme n'est pas linéaire.

Il ne faut surtout pas s'attacher à la méditation en elle même car comme tout le reste, elle est changeante, a un début et une fin. Ce serait le comble de souffrir parce que l'on arrive pas à méditer.

J'essaye tant bien que mal de continuer ma pratique tout au long de la journée et pas seulement en méditant sur mon coussin.

J'essaye d'observer mon corps et mon esprit sans juger.

Il y a quelques jours, je croyais que mon chat était mort car il n'était par revenu à la maison durant 24 heures

J'ai réussi à observer mes pensées, à en être consciente:

Mes pensées et seulement mes pensées m'ont fait souffrir: c'est ainsi que durant plusieurs heures j'ai imaginé le pire : "Il doit-être mort" ou "il doit-être blessé et ne peut plus marcher" "il a dû se faire écraser, quelle horreur je ne le reverrai plus" ect.. j'ai imaginé les pires sénarios.

Mais l'aspect positif de cette expérience c'est que durant cette période, tout en "souffrant" à cause de mon esprit, j'étais consciente de cela et j'ai pu observer mes pensées. J'étais triste mais pas ignorante, en ce sens que je me rendais parfaitement compte que c'est la pensée qui me faisait souffrir et rien d'autre.

Lorsque le chat est revenu j'ai compris à quel point nous étions esclave de nos pensées.

Durant toute la période ou j'ai attendu mon chat, tout en pleurant sur sa mort éventuelle, j'avais à l'esprit l'histoire de la seconde flèche.
Pour rappel lire : Ressentir la douleur et la colère (Sallatha Sutta: La flèche)

La pratique c'est aussi cela, Vipassana c'est aussi cela: Voir les choses comme elles sont. Etre conscient de ce genre de pensées, pouvoir les observer, même si on arrive pas encore à ne pas souffrir à cause d'elles, c'est déjà un grand pas de plus sur le chemin.

Kathy




Je viens de me souvenir d'un enseignement du vénérable U Jokita à propos notamment de la pensée. C'est pourquoi je l'ajoute à ce message car je trouve qu'il illustre et complète mes propos ci dessus

En voici des extraits

La meilleure chose à faire est d’être attentif, d’observer son esprit et sa vie, de voir par exemple comme on est dépendant ou que l’on s’ennuie facilement.(...)

Les pensées n’apportent pas le bonheur. Observez les pensées sans vous y attacher, sans vouloir les rejeter ou les contrôler. Quand on les voit clairement, elles cessent.

La chose la plus importante est d’être conscient de nos intentions et de notre propre esprit.La méditation est l’attention continue à chaque chose qui apparaît par rapport aux six sens, du lever au coucher, et pas uniquement pendant la méditation assise. C’est le plus grand kusala (action méritoire). Il faut être toujours attentif.

Lorsqu’on observe son esprit de près, sans vouloir être différent, cela résout les nœuds, mais il ne faut pas observer son esprit en voulant résoudre les nœuds, cela créerait un conflit.

Il faut lire dans l’esprit. On ne peut pas apprendre en profondeur des livres. C’est seulement en voyant l’esprit que nous apprenons en profondeur.(...)

Il est impossible de contrôler l’esprit, c’est anatta (le non soi). Il faut simplement être attentif au monologue dans l’esprit avec les commentaires, les jugements….. sans se blâmer ou se juger.

L’attention est une façon de vivre. Où que l’on soit et quoi que l’on fasse, nous devrions le faire avec attention, sinon nous ne comprendrons pas la vie, ni le Dhamma. (...)

C’est uniquement quand on observe l’esprit sans se sentir coupable, sans vouloir le changer qu’on le verra clairement. Il ne faut pas condamner l’avidité, la fierté, la colère… mais apprendre à travers elles.

Nous souffrons car nous nous identifions à notre corps et à notre esprit.

Si le désir, la frustration, la colère ou l’attachement apparaissent, il faut les observer comme des phénomènes naturels, sans les considérer comme personnels, ni essayer des les contrôler. L’identification aux phénomènes les rend plus forts. Sans identification, ils ne sont pas puissants.(...)

Lire cet enseignement dans son intégralité : vipassanasangha