jeudi 24 avril 2008

le kamma de la Méditation



Par le vénérable Ajahn Sucitto (extraits)



Les deux "fonctions" de la méditation

(...) La fonction première de la méditation est une sorte de remède. On l’appelle « calmant », (samatha) : l’installation et le confort des énergies corporelles et mentales.

La seconde fonction est la vue profonde (vipassana) qui est plutôt une manière de regarder dans le corps et le mental devenus calmes et de voir ce qu’ils sont réellement. Les deux fonctions marchent ensemble : quand vous vous calmez, votre regard devient plus clair et comme vous voyez les choses plus clairement, l’agitation diminue ainsi que la confusion et les choses à régler. Et au moment où les deux processus prennent fin, le kamma cesse : l’expérience de nos forces intérieures – nos sensations et nos humeurs, nos attitudes et les souvenirs qui nous font vivre – peuvent trouver un endroit de résolution. L’agitation et la confusion peuvent s’arrêter.


Élargir la pratique de la méditation

Nous pouvons élargir la pratique de la méditation en agrandissant la conscience du corps quand il est assis, en marche, debout ou couché et également dans l’acte continu d’inspirer et d’expirer. Nous nous occupons ainsi des réalités fondamentales de la vie du corps.

Nous nous occupons ainsi des réalités fondamentales de la vie du corps. Cela nous donne l’opportunité de mettre de côté des questions plus personnelles, spécifiques ou d’actualité et de nous pencher sur quelque chose qui nous accompagne toute notre vie. (...)


Un mouvement dynamique de sensations, d’humeurs et d’impulsions

Ce qui est attaché ensemble comme « mon corps » et « mon mental » est en réalité un mouvement dynamique de sensations, d’humeurs et d’impulsions qui ralentissent, accélèrent et changent sans arrêt. Ces mouvements agissent mutuellement les uns sur les autres, les humeurs mentales émettent des éclairs et même des chocs dans le système d’énergies corporelles et vice versa.(...)

La dynamique des pulsions qui sous tendent nos comportements et les tendances qui en résultent sont appelées sankhara (en pali) « formations ou schémas » (...)


Moins de confusion grâce à la Méditation

Dans la méditation, les schémas deviennent plus clairs. Comme on stabilise l’énergie, il y a moins de confusion (...)

La plus grande partie de ce qui se passe n’est pas dans l’objet de méditation mais dans les énergies du mental qui médite. C’est là que l’agitation, l’intérêt ou la pesanteur du mental se font jour (...)


« Il y a trois canaux pour ces schémas actifs ou aboutissants ».

1- Celui pour le kamma mental ou émotif est citta-sankhara,

Il se réfère à citta notre sens affectif qui expérimente la signification et les sentiments et amène des réponses et des attitudes (..)

A cause de Citta, Nous sommes émus en termes de bonheur ou de tristesse. (..)
Nous décidons d’agir sur une pensée ou une impulsion. Tout ceci revient à former des schémas.
Nous décidons, nous sommes impliqués, nous agissons – ainsi, produisons du nouveau kamma, et des schémas qui en découlent – nous favorisons et développons des goûts qui deviennent « mon style, mes attitudes, ma manière de prendre les choses » (...)

Le sens du moi arrive très fortement quand nos sentiments sont déclenchés
Il y a une confusion, une accélération, une réaction si quelqu’un a dit ou fait quelque chose que je ne comprends pas vraiment.(..)
Tout cela est du kamma mental. Il peut être bon, mauvais ou moyen,

2- Le schéma pour le kamma verbal est vaci-sankhara qui engendre les pensées

Il y a dans cette dynamique, deux aspects : l’intellect examine un objet, puis formule un concept pour le nommer, c’est vitakka. (...)

Tout ce mécanisme est propulsé par une volonté de définir, de clarifier et de planifier. Ces résidus signifient que le mental est souvent surchargé de mouvements d’évaluation, de conception, de planification et de réflexion…

Nous pouvons être agités, absorbés par notre bavardage intérieur sans voir les choses en face, telles qu’elles sont. Ainsi, les formes verbales et leur dynamisme affectent le mental : nous sommes contents de nos pensées qui nous fascinent ou nous dépriment et par notre capacité de penser.

C’est ainsi que le kamma verbal nourrit le kamma mental et devient une source d’actions.

3- Pour finir, le schéma pour le kamma corporel est kaya-sankhara

le schéma de l’énergie corporelle qui s’appuie sur l’inspiration et l’expiration comme condition de base nécessaire

A cause de la respiration le corps, tout à son énergie (ou au repos), est un processus dynamique. Et sa vitalité (ou son manque de vitalité) nous enchante (ou nous déçoit). Ainsi, tout cela affecte citta, le mental affectif.

Par-dessus tout, c’est avec ce schéma que nous devons travailler le plus dans la méditation

Avec samatha, nous calmons et affermissons le cœur (...)
Quand nous soignons ces schémas, nous les contemplons avec la vue pénétrante : ce processus mental quand je le considère comme moi-même ou mien, cela me mène-t-il à la tension ou au stress ? Et comment cela est-il ressenti comme mien ? Parce que cette vue du moi est ce à partir de quoi nous agissons, c’est la base du kamma, et les résidus qui en résultent qui vont déterminer notre vie. (...)



Source : Lire cet enseignement en entier : Forestsangha
- Les titres des paragraphes ne sont pas dans le texte initial, je les ai ajouté pour en facilité la lecture

dimanche 20 avril 2008

Compassion et sagesse


Un nouvel extrait du livre de Jack Kornfield "Dharma Vivant"


La base de l’enseignement du Bouddha peut se résumer en deux mots : compassion et sagesse.

Dans son aspect passif, la sagesse est cette vision intérieure qui pénètre la nature de l’existence et l’équilibre de l’esprit qu’apporte cette illumination. Compassion et tendresse sont les aspects actifs de la sagesse, l’expression d’une compréhension profonde du Dharma, des lois de la nature.

Les pratiques de méditation décrites dans ce livre mettent l’accent sur le développement de la vision intérieure, d’où émergera naturellement la compassion.

La plupart des maîtres axent leur enseignement sur la compréhension des caractéristiques du processus corps-esprit, sachant que l’expérimentation directe de l’impermanence, du déplaisir et du vide aura pour fruit l’amour et la compassion.

Lorsque l’on comprend et que l’on perçoit la souffrance dans sa propre vie, on a envie d’aider les autres êtres qui souffrent eux aussi. Le sentiment de libération qui naît alors de la révélation de la vacuité du monde donne l’envie de partager cette lumière et cet amour avec les autres.

L’amour universel se nourrit de l’absence totale d’égoïsme, et toute la pratique bouddhiste tend à l’éradication de la convoitise, de la haine et de l’erreur, qui sont les racines de l’égoïsme. La culture de l’attention, centrale au développement de la vision intérieure, revient à cultiver la tendresse et la tolérance puisqu’elle nous amène à laisser les choses exister telles qu’elles sont. Y voir clair sans juger, sans réagir, sans égoïsme, tel est le champ de la sagesse et de l’amour.

Les enseignements décrits dans ce livre parlent surtout du développement de la vision intérieure, mais la tradition bouddhiste nous parle de la méditation axée sur la vision intérieure et la tendresse comme de pratiques complémentaires.

Certains maîtres travaillent davantage sur la vision intérieure, d’autres sur la tendresse. Il peut s’avérer très utile de commencer par choisir des pensées et des états d’esprit de tendresse comme objets de méditation quotidienne.

Le chemin de la sagesse, s’il n’est pas équilibré par la compassion, peut devenir analytique et desséchant, et l’amour cultivé sans la sagesse peut être superficiel ou source d’erreur.

Les chemins de la vision intérieure et de la sagesse peuvent sembler séparés, mais on doit les réunir si l’on veut que la pratique soit complète. La compréhension juste était la base de la pratique du Bouddha, et il nous a enseigné tout ce qui venait par la suite : atteindre la libération pour le bien de tous les êtres. Tout ce qui peut aider à mettre fin à l’égoïsme : charité, bonnes actions, méditation sur la tendresse (toutes choses enseignées dans les temples bouddhistes) ou encore la voie de la libération menant à la plus grande sagesse, tout cela appartient de la voie du Bouddha.

Au fur et à mesure que nous progressons, nous comprenons qu’il n’est pas envisageable de ne pas libérer tous les êtres, car s’il en était ainsi, nous continuerions de vivre dans l’illusion d’un soi distinct des autres. Quand nous sommes parvenus à comprendre l’absence de dualité et le vide, la sagesse nous ramène à l’amour et à l’expression la plus lucide de la compassion.

Source : Jack Kornfield : Dharma Vivant p 40



LIRE d'autres extraits de ce livre (sur ce blog) :


Sur la Sagesse lire aussi sur ce blog:

samedi 19 avril 2008

Le Corps dans le Bouddhisme



Le corps qu'on est, le corps qu'on a

En tant que pratiquantes bouddhistes, quel regard portons-nous sur le corps, sur notre corps. Qu'est que le Bouddha nous enseigne, et de quelle façon cet enseignement influe-t-il sur nos vies ? Ce sont ces quelques réflexions sur un sujet très vaste que nous nous proposons de partager avec vous.

Ce corps est le lieu de mon expérience, de toute expérience dans ce monde, et c'est dans ce corps et grâce à lui que je peux comprendre les quatre nobles vérités de la souffrance, de l'origine de la souffrance, de la cessation de la souffrance et du chemin qui mène à la cessation de la souffrance.

Ce corps est tout à la fois le lieu de mon enchainement au samsara et celui de la possibilité de m'en libérer, quel paradoxe apparent.

La souffrance, mon corps la connait, il en a peur, la satisfaction sensorielle, il la connait et il la cherche, désir et peur, voilà l'origine de la souffrance.
Ce corps c'est le point de contact avec le monde, avec le regard de l'autre, c'est l'image qu'on a de soi, et l'attachement à cette image de soi-même.
En même temps, le corps est un support indispensable à la pratique. Toute expérience dans ce corps, expérience de sa fragilité, de son impermanence, de la maladie, voire du handicap, peut devenir une occasion de pratique, peut devenir pratique. Et c'est grâce au développement de la vigilance sur ce corps et sur ses manifestations que nous pouvons appréhender de façon expérimentale la vérité de l'impermanence du moi.

Dans le célèbre sutra sur l'établissement de l'attention, le Bouddha expose la pratique de l'observation de la respiration, des mouvements du corps, du contenu du corps, des éléments composant le corps, de la désagrégation du corps, et des sensations du corps.

C'est dans son corps, en dépit de la douleur, de l'inconfort, de la chaleur, que Gerta Ital que nous célébrons dans ce numéro a pu atteindre la plus haute réalisation.

En résumé, sans corps pas d'obstacle à l'Eveil, mais sans corps, pas d'Eveil !

Ainsi, le Bouddha nous propose-t-il une perspective spirituelle qui nous permet de regarder le corps d'une façon toute différente de celle que nous propose notre société matérialiste où le corps n'est vu que comme un instrument de plaisir parce que la dimension spirituelle de l'être a totalement disparu.

Dans notre société d'opulence consumériste, le corps devient un enjeu économique. Il faut entretenir constamment le désir d'acheter, célébrer la gourmandise, créer des besoins, y répondre par une multitude d'objets inutiles, rendre les gens toujours plus esclaves de leurs désirs.
Susciter encore et encore chez les femmes le désir d'être belle, d'être désirable, d'acheter des parures, des ornements ; proposer sans cesse un modèle de beauté éphémère et inatteignable. Tout cela, les femmes en sont abreuvées dès leur enfance, et maintenant plus que jamais ! On propose même des vêtements "sexy" à des fillettes !
Et en plus, ces messages publicitaires véhiculent une vision de la femme qui n'existe pas en tant qu'individu autonome, mais n'a de valeur que comme objet sexuel.

Tout est fait pour nourrir sans fin les poisons de l'avidité et de l'ignorance et entretenir la souffrance du samsara. (...)

LIRE LA SUITE : Bouddhisme au Féminin

vendredi 18 avril 2008

La Voie du non-attachement : Le Désir, cause de notre inaptitude au "comportent juste"


Remarques préalables :
Voici de nouveaux extraits de ce livre remarquable "La Voie du Non Attachement- pratique de la méditation profonde" du Vénérable Dhiravamsa.

Comme pour les autres passages du livre déjà publiés sur ce blog, je les ai scanné sur un livre acheté d'occasion car, à ce jour, il n'a malheureusement toujours pas été réédité.
Les titres séparant les paragraphes n'existent pas dans le livre.


Chapitre 14 : Le fleuve de la vie (extraits)


N'attendez pas de la vie que des bonnes choses, acceptez aussi ses côtes déplaisants.

Il n'y a pas de mystères: on ne vit pleinement sa vie que quand on consent à la vivre en tant que totalité (...)

La vie dans la dualité, le Bouddha l'a résumé en ce mot, dukkha qui représente le cercle des souffrances et des plaisirs, du bonheur et de la tristesse des aspects négatifs et positifs, constructifs et destructifs. La vie comprend tout cela.

Il ne faut pas, ayant des difficultés, imaginer que l'infortune vous a placé dans la vie, considérer celles-ci avec un esprit obtus, comme de vous dire "c'est mon karma " sans chercher leur vraie cause.
Cela ne ferait que renforcer le prétendu karma, soyez prêt à affronter pareillement toute expérience, désirable ou indésirable, sans quoi vous n'atteindrez jamais "l'autre rive".


Utilisez chaque situation de la vie comme instruments d'apprentissage

Quand un problème se lève en votre esprit, voyez en lui une occasion heureuse de développer votre vie intérieure. Utilisez chaque situation et chaque circonstance de la vie comme instruments d'apprentissage (...)

Parfois on est heureux ou enthousiaste d'autres fois triste ou en colère. Tous ces changements renferment une base commune. La découverte de celle-ci est ce qui stabilise l'esprit. (...)
Lorsqu'on ne comprend pas la nature des changements on devient leur esclave et, partant, celui de la souffrance.(..)


Nous devons découvrir la cause de notre inaptitude au comportement juste..

La cause première de nos difficultés, de notre inaptitude au comportement juste, il nous faut la découvrir.

Peut-être savez-vous intellectuellement que c'est le désir, produit de l'ignorance, qui est la source de tous nos maux. Seulement de vous en libérer est une autre question.


Le désir est une énergie indispensable à la vie mais il y a deux manières de l'utiliser

Nous savons que sans le désir la vie n'est pas possible, que le désir est une énergie indispensable à son mouvement ascendant et descendant. Seulement quand on l'examine, on s'aperçoit qu'il y a deux manières de l'utiliser :

Quand on dirige son énergie vers un but juste, il est une aide. De même, quand on ne l'emploie pas pour des buts extrêmes, mais pour la compréhension de ce que nous faisons et voulons.
Le désir n'est donc pas forcément mauvais; il ne le devient que quand on concentre son énergie à des activités plaisant au moi et qui nous plongent dans la confusion.

Mal utilisée, l'énergie est dangereuse. Mais, si nous prenons soin de ne la réveiller et de la nourrir qu'à bon escient, elle nous accompagnera dans notre quête des profondeurs de l'être, des régions du non-verbal.



Les autres extraits de ce livre, La voie du Non attachement, publiés sur ce blog :

jeudi 17 avril 2008

Ne vous laissez pas guider...





(..) Ne vous laissez pas guider par des rapports, ni par la tradition religieuse, ni par ce que vous avez entendu dire.

Ne vous laissez par guider par l'autorité des textes religieux, ni par la simple logique ou les allégations, ni par les apparences, ni par la spéculation sur des opinions, ni par des vraisemblances probables, ni par la pensée que “ce religieux est notre maître spirituel”.

Ne vous contentez pas de croire ce qui vous est dit, ou ce qui a été transmis par les générations précédentes, ou ce qui est l'opinion courante, ou ce que disent les écritures.

N'acceptez pas une chose comme vraie par simple déduction ou inférence, ou en considérant les apparences extérieures, ou par partialité pour un certain de vue, ou à cause de sa plausibilité, ou parce que votre maître vous dit qu'il en est ainsi.

Mais quand vous savez directement par vous-mêmes: "ces principes sont mauvais, blâmables, condamnés par les sages; quand ils sont adoptés et mis en pratique, ils mènent aux maux et à la souffrance", vous devriez alors les abandonner.

Et quand vous savez directement par vous-mêmes: "Ces principes sont bons, irréprochables, loués par les sages; quand ils sont adoptés et mis en pratique ils mènent au bien-être et au bonheur vous devriez alors les accepter et les pratiquer" (Extraits de Kalama Sutta)


samedi 12 avril 2008

Bhikkhu et bodhisattva dans la tradition Bouddhiste théravada

Bhikkhu et bodhisattva dans la tradition théravada
Vidéo envoyée par sakiamuni

Sagesses Bouddhistes du 23/03

Bhikkhu et bodhisattva dans la tradition théravada / 1ère partie

Invité : Dominique Trotignon

Que représentent la voie du Bhikkhu et celle du bodhisattva dans la tradition théravada ?
ont-elles évoluées au fil des siècles, comment sont t’ elles perçues dans notre monde contemporain ?
Dominique Trotignon, directeur de l’Université Bouddhique Européenne, nous en expose les principales différences et caractéristiques.





Bhikkhu et bodhisattva dans la tradition théravada/2ème pa
Vidéo envoyée par sakiamuni

Emission Sagesses Bouddhistes du 30/03

Bhikkhu et bodhisattva dans la tradition théravada / 2ème partie

Invité : Dominique Trotignon

vendredi 11 avril 2008

TIBET, BIRMANIE.., LE SOUTIEN DE L'UNION BOUDDHISTE DE FRANCE

L'Union Bouddhiste de France propose de nous unir dans la prière


le dimanche 20 avril,
à 10 heures,
partout en France

Très sensible aux épreuves qui affectent les peuples tibétain et birman mais malheureusement aussi tant d'autres populations un peu partout dans le monde, l'Union Bouddhiste de France appelle tous ses membres, et plus généralement tous les bouddhistes de France et sympathisants, à s'unir en pensée et à prier pour l'apaisement de tous les conflits et l'avènement de la paix, dans le respect de la dignité et des droits de chacun.

L'UBF invite tous les pratiquants et sympathisants à un moment de recueillement silencieux, à 10 heures, le dimanche 20 avril 2008 - date de la commémoration du génocide cambodgien.

Puissent tous les peuples du monde parvenir à vivre en paix et en harmonie.

Source : Communiqué de l'UBE reçu par mail ce jour


On peut aussi faire une méditation Metta

mercredi 9 avril 2008

La "voie du milieu" pour le Tibet, par le dalaï-lama


Depuis le 10 mars, nous assistons à des manifestations et à des protestations dans presque toutes les régions du Tibet, et même à des mouvements d'étudiants dans certaines agglomérations chinoises. Ces explosions de colère sont le résultat de l'angoisse mentale et physique des Tibétains depuis trop longtemps refoulée et du profond ressentiment qu'ils éprouvent face à la négation des droits du peuple tibétain, l'absence de liberté religieuse et la distorsion systématique de la vérité de la part des autorités chinoises.

Je suis attristé et préoccupé que l'on utilise des armes pour réprimer les manifestations pacifiques du peuple tibétain, occasionnant de nombreux morts, blessés et arrestations. Aussi tragiques que regrettables, cette répression et ces souffrances ne peuvent qu'arracher des larmes de compassion à toute personne sensible. Je me sens toutefois impuissant face à ces tragiques incidents. Je prie pour tous les Tibétains, mais aussi pour tous les Chinois qui ont perdu la vie dans la crise actuelle.

Les protestations récentes dans l'ensemble du Tibet contredisent la propagande de la République populaire de Chine selon laquelle, hormis une poignée de "réactionnaires", la majorité des Tibétains jouissent d'une existence prospère et satisfaisante. Ces protestations ont montré à l'évidence que les Tibétains des trois provinces du Tibet – l'U-Tsang, le Kham et l'Amdo – entretiennent les mêmes aspirations et les mêmes espoirs. Ces protestations ont également fait savoir au monde entier que le problème du Tibet ne peut plus longtemps être ignoré.

Elles montrent qu'il faut trouver un moyen de régler le problème en "parvenant à la vérité à partir des faits". Il convient de souligner la bravoure et la détermination des Tibétains qui ont, dans l'intérêt de leur peuple et au risque de leur vie, fait part de leur profonde angoisse et exprimé leurs espoirs. La communauté mondiale a d'ailleurs reconnu et soutenu leur action courageuse.

J'apprécie l'attitude de nombreux fonctionnaires et cadres tibétains du Parti communiste qui, sans perdre leur identité tibétaine, ont fait preuve de cran et de droiture au cours de la crise actuelle. A l'avenir, j'en appellerai à ces cadres et fonctionnaires tibétains du parti afin qu'au lieu de poursuivre leur intérêt personnel, ils œuvrent à préserver l'intérêt général du Tibet en transmettant à leurs supérieurs dans le parti les véritables sentiments du peuple tibétain et en s'efforçant de le diriger de manière objective.

Des présidents, premiers ministres, ministres des affaires étrangères, lauréats du prix Nobel, parlementaires et citoyens concernés du monde entier adressent aujourd'hui aux autorités chinoises des messages clairs et forts afin qu'elles mettent un terme à la brutale répression qu'elles exercent à l'encontre du peuple tibétain. Tous cherchent à convaincre le gouvernement chinois d'emprunter une voie par laquelle une solution mutuellement satisfaisante puisse être trouvée.

TENIR À NOTRE PRATIQUE DE LA NON-VIOLENCE

Nous devons créer les conditions permettant à leurs efforts de déboucher sur des résultats positifs. Je sais que l'on vous provoque par tous les moyens, mais il est important de nous en tenir à notre pratique de la non-violence.

Les autorités chinoises ont lancé des allégations mensongères à mon égard, m'accusant d'avoir provoqué et orchestré les récents événements. Ces allégations sont infondées. J'ai appelé à plusieurs reprises à la constitution d'un organisme international indépendant et reconnu afin qu'une enquête minutieuse soit menée sur cette question. Je suis persuadé qu'un tel organisme indépendant saura faire surgir la vérité. Si la République populaire de Chine dispose du moindre élément ou de la moindre preuve susceptible d'étayer ses affirmations, elle doit les présenter au monde. Se contenter d'allégations ne suffit pas.

En ce qui concerne l'avenir du Tibet, je suis déterminé à rechercher une solution dans le cadre de la Chine. Depuis 1974, je suis resté sincèrement attaché à l'approche de la "voie du milieu", la seule susceptible de nous être mutuellement bénéfique. Le monde entier le sait. La "voie du milieu" consiste en ce que les Tibétains soient gouvernés par une administration qui jouisse d'une authentique autonomie régionale nationale avec toutes les garanties afférentes, c'est-à-dire l'autoadministration et la pleine capacité de décision, sauf en ce qui concerne les questions touchant aux relations avec l'étranger et à la défense nationale. J'ai toutefois toujours affirmé que ce sont les Tibétains vivant au Tibet qui, en dernier ressort, auront le droit de décider de l'avenir du Tibet.

L'accueil des Jeux olympiques cette année est l'objet d'une grande fierté pour le 1,2 milliard de Chinois. J'ai, depuis le début, approuvé l'organisation de ces Jeux à Pékin. Ma position sur cette question demeure inchangée. Je pense que les Tibétains ne devraient en rien entraver le déroulement des Jeux. Il est légitime que les Tibétains luttent pour leurs droits et leurs libertés mais, d'un autre côté, il serait vain et inutile de faire quelque chose qui suscite la haine dans l'esprit des Chinois. Au contraire, nous devons renforcer la confiance et le respect dans nos cœurs afin de créer une société harmonieuse, car nous n'y parviendrons pas par la force et l'intimidation.

Le combat que nous menons est dirigé contre quelques individus au sein du gouvernement chinois, et non contre le peuple chinois. Aussi, nous devons nous efforcer de ne jamais susciter de malentendus ni faire quoi que ce soit qui puisse heurter le peuple chinois. Même dans cette situation difficile, beaucoup d'intellectuels, d'écrivains, de juristes chinois vivant en Chine ou dans d'autres régions du monde ont sympathisé avec notre cause et nous ont fait part de leur solidarité en publiant des déclarations, en écrivant des articles et en nous exprimant un soutien qui nous va droit au cœur.

Si la situation actuelle au Tibet devait perdurer, je crains beaucoup que le gouvernement chinois ne décide d'employer une force encore plus brutale et d'accentuer la répression à l'encontre du peuple tibétain. En raison de mes obligations morales et de ma responsabilité à l'égard du peuple tibétain, j'ai demandé à de multiples reprises à la Chine de mettre un terme à la répression dans toutes les régions du Tibet et d'en retirer ses forces armées et sa police. Si mes démarches devaient donner des résultats, je conseillerais également aux Tibétains d'arrêter toutes les manifestations.

Je voudrais exhorter mes amis tibétains, qui vivent dans la liberté en dehors du Tibet, à être très attentifs à la manière dont ils expriment ce qu'ils ressentent sur les événements en cours au Tibet. Nous ne devons nous engager dans aucune action qui puisse, de près ou de loin, être interprétée comme une action violente. Même face aux provocations les plus manifestes, nous ne devons pas laisser compromettre les précieuses valeurs auxquelles nous sommes attachés. Je suis convaincu que nous l'emporterons en continuant de suivre la voie de la non-violence. Nous devons avoir l'intelligence de comprendre ce qui nous vaut l'amitié et le soutien sans précédent dont nous bénéficions.

Du fait que le Tibet est pour l'instant presque hermétiquement clos, et qu'aucun organe d'information international n'y est autorisé, je doute que mon message parvienne aux Tibétains qui y vivent, mais j'espère que, grâce aux médias et au bouche-à-oreille, une majorité d'entre vous en prendra connaissance.

Source : lemonde

Journal d'un moine



Wat Paa - part 10 - : Le soir




Le filet d’eau qui coule sur mon crâne annonce la troisième partie de la journée. Rester vigilant, même durant la toilette. Veiller tout d’abord à utiliser l’eau avec parcimonie. La douche est sommaire : un grand réservoir en ciment, une écuelle en plastique et un trou dans le bas du mur pour l’évacuation de l’eau. L’endroit, sombre et humide, est le havre idéal pour nombre d’insectes et de petits animaux : geckos, petits serpents, grenouilles, moustiques (bien sûr !), mille-pattes dont la morsure, douloureuse à l’extrême, peut vous paralyser la jambe un moment…

Les robes que j’ai lavées à midi sont sèches : il est agréable de les endosser après avoir porté les autres qui sont humides de sueur. J’ai encore le temps avant d’aller faire tinter la cloche à cinq heures.

Au wat paa, l’office commence une heure plus tôt, par rapport aux autres wats des environs, afin de permettre de faire une heure de méditation formelle ensuite.

Les trois mae chee participent à l’office du soir. J’éprouve une tendresse particulière pour ces trois femmes dont la plus jeune a soixante seize ans. Menue, décharnées, édentées, la vie n’a pas épargné ces trois vieilles qui se sont retrouvées sans rien, pas même un toit, à l’âge où elle n’avaient plus la force suffisante pour gagner de quoi se nourrir.




Ici, en Thaïlande, les anciens sont pris en charge par les enfants et petits enfants. Trois générations vivent sous un même toit. Ces trois vieilles n’ont pas eu cette opportunité, pas d’enfants, ou bien morts avant l’heure, ou bien partis à la ville, ou bien eux-mêmes dans une galère ; et pas de neveux ou de nièce compatissants… Pour elles, le wat est un refuge, un endroit où dormir et pouvoir bénéficier des offrandes apportées à Luang Por. C’est aussi l’occasion de chanter les offices, de faire « tham boun » (faire des mérites) pour obtenir une vie meilleure après celle-ci.

En leur présence, Luang Por peine à garder son calme. Il ne peut s’empêcher de les accabler de reproches, même si lui aussi a de la tendresse pour ces mae chee. Pour moi, conduire l’office est un parcours du combattant : l’une chante à contretemps, l’autre va trop vite et la troisième est soit un ton au-dessus, soit un ton au-dessous ! Il faut les excuser : toutes trois sont dures d’oreille ! Moi, j’essaie de me caler sur celle que j’entends le mieux…

Devant cette cacophonie ineffable, Luang Por perd patience : il allume l’ampli, saisit le micro et prend la direction de la manœuvre. Grâce aux haut-parleurs, nos voix discordantes sont couvertes !
Il m’arrive souvent de sourire en pensant à cette pitoyable sangha que nous formons ! Je suis triste pour Luang Por qui a bâti ce lieu pour redonner vigueur à l’enseignement originelle dans la tradition des moines de la forêt et qui n’a pour disciples que trois vieilles femmes et un moine « farang »…

L’office du soir est plus long que celui du matin. Luang Por ajoute la récitation de nombreux suttas afin de bien les garder en mémoire. Soixante ans sous la robe, je me demande combien de fois il a pu réciter toute la liturgie.

LIRE LA SUITE >>>>>>>


LIRE LE JOURNAL DEPUIS LE DEBUT >>>>>>>>


dimanche 6 avril 2008

Sagesse et compassion



Extrait d'un enseignement de Ajahn Jayasaro



Si la compassion manque de sagesse, elle peut faire plus de mal que de bien.

Un vieux proverbe anglais dit : « La route de l’enfer est pavées de bonnes intentions. »

Parfois les gens essaient de faire du bien ou d’aider sans être conscients de leur propre état d’esprit ni de leurs motivations et sans comprendre les gens qu’ils veulent aider. Ils n’ont aucune sensibilité au moment et au lieu, pas plus qu’à leurs propres capacités, de sorte qu’ils n’obtiennent pas les résultats escomptés. Il arrive alors qu’ils soient fâchés, déçus ou blessés et, si on ose exprimer une critique, ils sont encore plus offensés. Ils peuvent se dire que leur action était nécessairement juste puisqu’elle été basée sur une bonne intention, que l’intention de leur coeur était pure.

Mais la pureté d’intention ne suffit pas ; encore faut-il qu’elle soit fondée sur la sagesse, c’est-à-dire sur une compréhension de la souffrance, de son origine et de la façon dont elle est soulagée. Elle doit être fondée sur une véritable compréhension de la souffrance.

Donc, plus nous nous observons dans la pratique, plus nous voyons la souffrance dans ces myriades de formes, de la plus grossière à la plus subtile, ainsi que la toute- présence de tanha (le désir) à chaque fois que nous souffrons.

Nous commençons à voir que la souffrance est inutile et une profonde compassion s’éveille pour nous et pour les autres.

En réalité, la distinction entre soi et les autres devient beaucoup moins nette ; il lui arrive même de disparaître presque complètement tandis que l’esprit se raffermit et se renforce, lumineux et puissant, grâce à la pratique.

En même temps, paradoxalement, il devient extrêmement sensible à la souffrance ; nous trouvons la souffrance intolérable et cette incapacité à supporter la souffrance est le signe d’un esprit plein de compassion.

A travers l’entraînement en trois points (sila, samādhi et pañña =moralité, attention ou concentration et sagesse) nous libérons progressivement l’esprit, en lui donnant une véritable indépendance, une intégrité.

Nous augmentons sa sagesse et sa compréhension de ce qui est, tandis qu’un sentiment de compassion s’éveille pour tous les êtres vivants, y compris nous-mêmes.

Ainsi, quand nous méditons, nous pouvons essayer de considérer notre pratique comme un défi. Quand un problème particulier se présente, c’est notre défi, c’est notre pratique et non quelque chose qui nous en éloigne.

Il arrive que nous apprenions beaucoup de ces défis particuliers, dans la mesure où une forme particulière d’habitude ou de déséquilibre peut devenir claire dans notre méditation.
  • Les Ailes de l'Aigle : Lire cet enseignement en entier : ICI

BIRMANIE forever




"(...)La Birmanie, comme vous le savez peut être, est surnommée le « Pays des mille pagodes et de la douceur de vivre » mais, depuis des années, il est devenu le pays de la dictature militaire et des violations des droits de l’Homme. Il est gouverné au prix de mille mensonges (...)" Mr Aung Ko*

*Mr Aung Ko est représentant du "National Council of the Union of Burma" en France

Lire le discours de Mr Aung Ko : La liberté est inexistante en Birmanie





TIBET : REVUE DE PRESSE


Qu’aucun être, Nulle part N’en déçoive un autre, N’en méprise un autre.
Qu’aucun être Sous l’emprise de la colère ou du ressentiment Ne souhaite jamais le malheur d’un autre.




6 avril

Le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, a tenté de mettre un terme, samedi 5 avril, aux spéculations sur un durcissement de la position française vis-à-vis de Pékin, en affirmant que Paris ne posait pas de "conditions" à la venue du président Nicolas Sarkozy à l'ouverture des JO.(...)

DHARAMSALA (Inde) - Le dalaï lama a affirmé dimanche que les récentes manifestations au Tibet et dans les provinces voisines avaient "fait voler en éclats" la "propagande" chinoise et que la question tibétaine ne pouvait plus être ignorée.(...)


ICI: LA SUITE DE CETTE REVUE DE PRESSE (Mise à jour régulièrement)


vendredi 4 avril 2008

MARCHE MEDITATIVE DURANT UNE RETRAITE



Une des plus grandes difficultés de la méditation : ne jamais chercher à retrouver telle ou telle sensation. On marche et l’on observe sans rien vouloir, on s'assoit pour observer sans rien attendre.

On doit accueillir tout ce qui se présente à notre conscience ; que ce soit des choses ou sensations agréables, comme des sensations désagréables ou neutres.
Dans la vie de tous les jours, on fuit les sensations désagréables et l’on recherche les sensations agréables.

Dans la Méditation, on ne cherche rien, on doit seulement observer, moment par moment, calmement, tout ce qui se passe au sein du corps et de l'esprit.
( Extrait de mon récit retraite intensive 4e jour )



La Marche

Comme je commence nettement à ressentir l'intention avant le mouvement, je fais maintenant 7 notes à chaque pas au lieu de 3. Et lorsque j'arrive au bout de mon chemin, je note : "debout debout" et "immobile" puis, "intention de tourner" au moment même où je sens cette intention, puis "tourner tourner" au moment où je tourne.

Puis de nouveau "debout debout" et avant de lever le pied , dès que je ressens bien l'intention, je note mentalement " intention de lever" puis " lever” , ensuite "intention d'avancer" et "avancer", puis "intention de poser" (mon pied reste quelques fractions de seconde en l'air) puis "poser " (lorsque le talon touche le sol) et "toucher", lorsque la pointe du pied touche le sol à son tour.


En faisant ces 7 notes, ma concentration devient de plus en plus forte.

Si mes assises deviennent meilleures, c'est que la marche, juste avant, devient meilleure. Je commence à équilibrer l'énergie et la concentration. Et, comme le souligne le Vénérable durant son enseignement, l’énergie mentale induit l’énergie physique.
(Extrait de mon récit retraite intensive 6e jour )


À partir du 6e ou 7e jour, j'ai observé de plus en plus de sensations au cours de la marche méditative:

En décomposant les mouvements en 6 ou 7 phases, afin d'observer l'intention puis le mouvement lui même, on observe de plus en plus de choses, de phénomènes. (Bien évidemment on ne regarde pas les mouvements avec les yeux; on les ressent, puisque l'on a le regard dirigé à environ 1 mètre devant soi). La réalité ultime du mouvement est différente de la réalité conventionnelle.


J'ai toujours pensé qu'il y avait les mouvements du "lever" celui de l' "avancer" et enfin du "poser". En réalité, comme pour les mouvements d'abaissement et de soulèvement de l'abdomen, si on observe attentivement, on peut voir qu'il n'y a pas un mouvement mais des multitudes de petits mouvements.


Lorsque le pied se lève, je peux observer que ce mouvement est constitué de plusieurs petits mouvements différents, qu'il ne s'agit pas d'un seul mouvement d'élévation du pied mais de plusieurs, il y a comme des saccades à l'intérieur du mouvement même. Même chose lorsque j'avance le pied, je ressens bien que lorsque le pied avance il n'y a pas un mouvement linéaire, mais plusieurs mouvements, comme si l'avancement se faisait aussi pas saccades. Chaque mouvement a un début et une fin.


Une fois de plus, c'est difficile d'expliquer avec des mots ce que l'on observe. La sensation de légèreté ressentie au moment de lever et d'avancer le pied et la sensation de lourdeur au moment où le pied se pose deviennent plus fortes.


Chez moi je pratiquais peu la marche méditative et je passais plus de temps assise. Grâce à la pratique intensive de la marche, j'ai compris l'importance de cette forme de méditation.


Il est essentiel de marcher avant de s'assoir, afin de bénéficier durant l'assise, de la concentration acquise durant la marche et de l'énergie nécessaire à l'observation des phénomènes.

Observer attentivement demande beaucoup d'énergie, sans énergie, l'observation est faible et superficielle. (Extrait de récit retraite intensive 7e jour)

jeudi 3 avril 2008

IL N'Y A RIEN DE MIRACULEUX DANS LE BOUDDHISME



Il n'y a rien de miraculeux dans le Bouddhisme : il y a de la compassion, de la bienveillance, de la sagesse, mais pas de miracle..
Kathy



Pour Ajahn Chah

Le bouddhisme n’est pas fondé sur quoi que ce soit d’étrange ou d’inhabituel. Il ne dépend pas de différentes sortes de manifestations miraculeuses, de pouvoirs psychiques ou d’habilités surhumaines. Le Bouddha n’a pas loué ni encouragé ces choses.

De tels pouvoirs peuvent exister et avec votre pratique de la méditation il est possible de les développer, mais le Bouddha n’en a pas fait l’éloge et ne les a pas encouragé parce qu’ils sont potentiellement une source d’illusions, de tromperie. Les seules personnes dont il a fait l’éloge sont ces êtres qui ont été capables de se libérer de la souffrance.

Pour ce faire ils ont dû dépendre de la pratique – nos outils qui sont dana (la générosité), sila, samadhi et pañña. Voilà les choses avec lesquelles nous devons nous entraîner.

(...) Nous devons compter sur la patience et l’endurance, la retenue et la frugalité.

Nous devons pratiquer pour nous-mêmes, pour que ça vienne de l’intérieur et transforme vraiment notre esprit.

Les érudits, toutefois, tendent à douter passablement. Lorsqu’ils sont assis en méditation, dès qu’il y a un peu de calme ils commencent à se demander si peut-être ils ont atteint la première jhana. Ils ont tendance à penser comme ça. Mais dès qu’ils commencent à proliférer, l’esprit se détourne de l’objet et ils sont complètement distraits de la méditation.

En un instant, ils sont déjà repartis, pensant que c’est déjà la deuxième jhana. Ne commencez pas à proliférer au sujet de telles choses. Il n’existe pas de points de repère qui vous disent quel degré de concentration vous avez atteint ; c’est complètement différent. Il n’y a pas de signes qui surgissent (...)

Beaucoup de maîtres célèbres ont donné des descriptions de la première, deuxième, troisième et quatrième jhana, mais cette information existe à l’extérieur, dans les livres. (Jhana : il s’agit du nom donné à différents états d’absorption méditative.)

Si l’esprit est vraiment entré dans de tels états de calme, il ne connaît rien de pareilles descriptions. Il y a la conscience, mais ce n’est pas pareil aux connaissances que vous acquérez en étudiant la théorie (...)


Source : Ajahn Chah "La clé de la Libération" :davantage d'extraits: ICI



mardi 1 avril 2008

Paroles d'Ajahn Chah sur la GENEROSITE





Certains ont peur de la générosité. Ils sentent qu’une attitude généreuse les rendraient exploités ou opprimés, et les empêcherait de prendre soin d’eux-mêmes.


Mais en développant la générosité, nous n’opprimons que notre cupidité et notre attachement, et nous permettons à notre véritable nature de s’exprimer, de devenir plus éclairée et libre



Ajahn Chah



Si nous nous tournons vers les discours (Sutta) du Bouddha pour rechercher les idéaux propres à une vie bouddhique, nous découvrons cinq qualités que le Bouddha a souvent considérées comme les marques du véritable disciple, qu’il soit moine ou laïc

Ces cinq qualités sont la confiance (foi raisonnée), la vertu (conduite correcte), la générosité (absence d’égocentrisme), la connaissance (étude théorique) et la sagesse (vision au-delà des apparences). Parmi ces cinq qualités, deux (confiance et générosité) concernent d’abord le coeur, le contrôle de la facette émotionnelle de la nature humaine. Deux concernent l’intellect (l’étude et la sagesse). La cinquième, la vertu ou la conduite éthique, procède des deux aspects de la personnalité ; les trois premiers préceptes (l’abstinence de tuer, de s’approprier indûment et d’excès sensuels) gouverne les émotions ; les préceptes de s’abstenir de paroles fausses et d’intoxicants aident à développer la clarté et l’honnêteté nécessaires à la réalisation de la Vérité... (Michel Henri Dufour)

Source :Vers une éducation Bouddhique- vademecum bouddhiste de Michel Henri Dufour


APRES SAMATHA IL Y A VIPASSANA..



La pratique ne s'arrête pas à samatha, après il y a vipassana, après il y a la libération..


Malgré le fait qu’un certain état d’apaisement ait été atteint, la pratique n’est pas encore terminée. Le Bouddha l’a vu dans sa propre expérience, ceci n’est pas la fin de la pratique. Le processus du devenir ne s’est pas encore complètement épuisé ; les conditions de naissance continuelle existent encore ; la pratique de la Vie Sainte est encore incomplète.

Pourquoi est-elle incomplète ? Parce que la souffrance existe encore. Il a donc repris le calme de samatha et a continué à le contempler, en investiguant pour gagner en vision pénétrante jusqu’à ce qu’il n’y soit plus attaché.(...)


Le Bouddha résolut de contempler les causes derrière le devenir et la naissance. Tant qu’il était incapable de complètement comprendre la vérité de ce sujet, il continua à utiliser l’esprit tranquille comme moyen pour pénétrer de plus en plus profondément dans sa contemplation.


C’est une erreur de s’attacher aux états d’esprit calmes, ou de penser que le calme c’est vous ou qu’il y a un "soi" qui soit calme

Il réfléchit sur toutes les formations qui apparaissaient, paisibles ou agitées, jusqu’à ce qu’il vît enfin que toutes les conditions étaient comme une boule de fer chauffée à blanc.

Les cinq khandas (agrégats) sont exactement comme ça. Quand un morceau de fer est complètement chauffé à blanc, y en a-t-il une partie que vous puissiez toucher sans vous brûler De façon similaire, chacun des cinq khandhas est, au contact, comme chauffé à blanc.

C’est une erreur de s’attacher aux états d’esprit calmes, ou de penser que le calme c’est vous
ou qu’il y a un soi qui soit calme. Si vous présumez que le calme c’est vous, ou qu’il y a quelqu’un qui soit calme, ça ne fait que renforcer l’idée qu’il y a une entité solide, un soi ou atta.

Mais ce sentiment de soi n’est qu’une réalité conventionnelle. Si vous vous attachez à la pensée « je suis paisible », « je suis bon », « je suis mauvais », « je suis heureux » ou « je souffre », ça veut dire que vous êtes pris dans davantage de devenir et de naissance. C’est encore de la souffrance. Lorsque le bonheur disparaît ça se change en souffrance. Lorsque la
souffrance disparaît ça se change en bonheur. Et vous vous retrouvez pris à tourniquer sans cesse entre bonheur et souffrance, ciel et enfer, incapable d’y mettre une halte.

Le Bouddha observa que son esprit était ainsi conditionné et vit que les causes du devenir et de la naissance étaient encore présentes, et la pratique encore inachevée.

Tant que vous ne connaissez pas les choses selon la vérité, vous n’avez pas de choix que de souffrir. Vous ne pouvez pas les lâcher. Mais une fois que vous avez pénétré la vérité et comprenez comment sont les choses, vous voyez ces choses comme trompeuses. (...)

Source : Ajahn Chah "la clé de la libération" - Lire davantage d'extraits : ICI

Appel au peuple chinois de Sa Sainteté le 14ème Dalaï Lama, 28 mars 2008


Je salue aujourd’hui chaleureusement mes sœurs et frères chinois du monde entier, et tout particulièrement ceux de la République populaire de Chine. A la lumière des événements survenus dernièrement au Tibet, j’aimerais vous faire part de mes réflexions sur les relations entre le peuple tibétain et le peuple chinois, et lancer à chacun d’entre vous un appel personnel.

Je suis profondément attristé par les pertes de vies subies lors des derniers événements tragiques au Tibet et suis conscient que des Chinois ont également trouvé la mort. Je compatis avec les victimes et leurs familles, et je prie pour elles. Les troubles récents démontrent nettement la gravité de la situation au Tibet ainsi que l’urgence de trouver une solution pacifique et mutuellement bénéfique par le dialogue. Même dans les circonstances actuelles, j’exprime aux autorités chinoises ma volonté de travailler avec elles pour établir la paix et la stabilité.

Sœurs et frères chinois, je vous assure que je ne désire nullement la séparation du Tibet. Je ne souhaite pas non plus enfoncer un coin entre Tibétains et Chinois. J’ai au contraire toujours eu à cœur de trouver une véritable solution au problème du Tibet, qui garantisse les intérêts à long terme des Chinois comme des Tibétains. Comme je l’ai maintes fois répété, mon principal souci est d’assurer la survie de la spécificité de la culture, de la langue et de l’identité du peuple tibétain. En tant que simple moine qui s’efforce d’observer chaque jour de sa vie les préceptes bouddhiques, je vous assure de la sincérité de ma motivation.

J’appelle les dirigeants de la République populaire de Chine à clairement comprendre ma position et à œuvrer au règlement de ces problèmes en "recherchant la vérité dans les faits".
Je presse les dirigeants chinois de faire preuve de sagesse et d’entamer un dialogue sérieux avec le peuple tibétain. Je les appelle aussi à déployer des efforts sincères pour contribuer à la stabilité et à l’harmonie de la République populaire de Chine et éviter de provoquer des tensions inter-ethniques. La couverture des derniers événements au Tibet par les médias publics chinois qui dénaturent la réalité et induisent en erreur pourrait semer des graines de tensions ethniques et avoir des conséquences imprévisibles à long terme. C’est pour moi un grave sujet de préoccupation. De même, en dépit de mon soutien répété aux Jeux olympiques de Beijing (Pékin), les autorités chinoises, dans le but de creuser un fossé entre le peuple chinois et moi-même, affirment que j’essaie de saboter les jeux. Il est toutefois encourageant pour moi de constater que plusieurs intellectuels et universitaires chinois expriment également les fortes préoccupations suscitées par les actions des dirigeants chinois et les risques pouvant en découler à long terme, notamment en matière de relations inter-ethniques.

Depuis des temps anciens, Tibétains et Chinois vivent comme voisins. Durant les deux mille ans de l’histoire connue de nos peuples, nous avons parfois entretenu des relations amicales, contractant même des alliances matrimoniales, alors que d’autres fois, nous nous sommes combattus. Le bouddhisme ayant cependant fleuri en Chine avant d’arriver au Tibet par l’Inde, nous, Tibétains, avons toujours accordé aux Chinois le respect et l’affection dus aux sœurs et frères aînés en dharma. Les membres de la communauté chinoise vivant hors de Chine le savent bien et certains d’entre eux ont participé à mes conférences bouddhiques, tout comme le savent les pèlerins venant de Chine continentale que j’ai eu le privilège de rencontrer. Ces rencontres m’encouragent et je crois qu’elles peuvent contribuer à une meilleure compréhension entre nos deux peuples.

Le vingtième siècle a été témoin de changements considérables dans de nombreuses parties du monde et le Tibet, lui aussi, a été entraîné dans ce mouvement. Peu après la création de la République populaire de Chine en 1949, l’Armée de libération du peuple pénétrait au Tibet, ce qui a finalement abouti à la conclusion de l’Accord en 17 points entre la Chine et le Tibet en mai 1951. Lorsque j’étais à Beijing en 1954-55, participant au Congrès national du peuple, j’ai eu l’occasion de rencontrer beaucoup de hauts dirigeants, dont le président Mao lui-même, et de nouer des liens personnels d’amitié avec eux. De fait, le président Mao m’a donné des conseils sur plusieurs questions, de même que des assurances personnelles sur l’avenir du Tibet. Encouragé par ces assurances et inspiré par la ferveur de nombreux dirigeants révolutionnaires chinois de cette époque, je suis rentré au Tibet empli de confiance et d’optimisme. Certains membres du parti communiste tibétain partageaient le même espoir. De retour à Lhassa, j’ai tout mis en œuvre pour obtenir une véritable autonomie du Tibet au sein de la famille de la République populaire de Chine (RPC). J’estimais que c’était la meilleure façon de servir les intérêts à long terme des peuples tibétain et chinois.

Malheureusement, des tensions, qui ont commencé à monter au Tibet à partir de 1956 environ, ont finalement abouti au soulèvement pacifique du 10 mars 1959 à Lhassa et à ma fuite en exil. Même si nombre de changements bénéfiques se sont produits au Tibet sous le régime de la République populaire de Chine, ces changements, comme l’a souligné en janvier 1989 le précédent Panchen Lama, ont été assombris par d’immenses souffrances et des destructions à grande échelle. Les Tibétains devaient constamment vivre dans la peur, alors que le gouvernement chinois continuait de se méfier d’eux. Toutefois, au lieu de cultiver de l’animosité envers les dirigeants chinois responsables de la dure répression du peuple tibétain, je priais pour que nous devenions amis. C’est ce que j’exprimais dans ces quelques lignes d’une prière écrite en 1960, un an après mon arrivée en Inde. "Puissent-ils réaliser l’œil de la sagesse, savoir ce qui est à accomplir et ce qui est à abandonner, et demeurer dans la gloire de l’amitié et de l’amour". De nombreux Tibétains, parmi lesquels des écoliers, récitent ces lignes dans leurs prières quotidiennes.

En 1974, à la suite de graves discussions avec mon cabinet, le Kashag, de même qu’avec le président et le vice-président de l’Assemblée des députés du peuple tibétain, nous avons décidé de trouver une voie médiane visant à ne pas séparer le Tibet de la Chine, mais à favoriser le développement pacifique du Tibet. Même si nous n’avions pas de contact à ce moment avec la RPC – qui se trouvait alors en pleine Révolution culturelle – nous avions déjà admis que, tôt ou tard, nous devrions résoudre la question du Tibet par voie de négociations. Nous avons également reconnu que, du moins en ce qui concerne la modernisation et le développement économique, il serait grandement bénéfique au Tibet de demeurer au sein de la RPC. Bien que le Tibet possède un héritage culturel riche et ancien, il est peu développé sur le plan matériel.

Situé sur le toit du monde, le Tibet donne naissance aux plus grands fleuves d’Asie. C’est pourquoi la protection de l’environnement revêt une importance primordiale sur le Plateau tibétain. Notre préoccupation essentielle étant de sauvegarder la culture bouddhique tibétaine – enracinée dans les valeurs de la compassion universelle – tout comme la langue tibétaine et l’identité tibétaine unique, nous avons ardemment travaillé à l’obtention d’une véritable autonomie pour l’ensemble des Tibétains. La constitution de la RPC stipule que les ethnies, comme les Tibétains, jouissent de ce droit.

En 1979, le dirigeant suprême de la Chine à cette époque, Deng Xiaoping, a assuré mon émissaire personnel que "hormis l’indépendance du Tibet", toutes les autres questions pouvaient être négociées. Comme nous avions déjà formulé notre approche consistant à rechercher une solution de la question tibétaine dans le cadre de la constitution de la RPC, nous nous trouvions en bonne position pour saisir cette nouvelle occasion. Mes envoyés ont rencontré à plusieurs reprises des représentants de la RPC. Depuis que nous avons renoué contact en 2002, il y a eu six rondes de discussions. Cependant, nous n’avons abouti à absolument aucun résultat concret sur la question fondamentale. Néanmoins, comme je l’ai déclaré à plusieurs reprises, je demeure fermement attaché à la Voie du milieu et je réaffirme être prêt à poursuivre le dialogue.

Cette année, le peuple chinois attend avec fierté et impatience l’ouverture des Jeux olympiques. J’ai toujours soutenu l’idée que Beijing puisse accueillir les jeux. Ma position n’a pas changé. La Chine a la plus importante population du monde, une longue histoire et une civilisation extrêmement riche. Aujourd’hui, compte tenu de son impressionnant essor économique, elle émerge comme grande puissance. Il faut certainement s’en réjouir. Mais la Chine doit aussi gagner le respect et l’estime de la communauté internationale en bâtissant une société ouverte et harmonieuse, fondée sur les principes de la transparence, de la liberté et de la primauté du droit. Or, jusqu’à ce jour, les victimes de la tragédie de la place de Tiananmen, qui a bouleversé la vie de tant de citoyens chinois, n’ont reçu ni juste réparation ni réponse officielle. De même, lorsque des milliers de Chinois ordinaires des zones rurales subissent des injustices perpétrées par des fonctionnaires locaux corrompus qui les exploitent, leurs plaintes légitimes sont jetées aux oubliettes ou suscitent de violentes réactions. J’exprime ces préoccupations en tant que votre semblable, également prêt à se considérer comme membre de cette grande famille qu’est la République populaire de Chine. A cet égard, j’apprécie et soutiens la politique du président Hu Jintao visant à créer une "société harmonieuse" mais cette société ne peut s’édifier que sur la base d’une confiance mutuelle et dans un climat de liberté, dont la liberté d’expression et la primauté du droit. Je crois fermement que l’adoption de ces valeurs permettra de résoudre beaucoup de problèmes importants liés aux minorités, comme la question du Tibet, ainsi que celle du Turkestan oriental et de la Mongolie intérieure, où les autochtones ne constituent plus que 20% d’une population totale de 24 millions.

J’espérais que la déclaration récente du président Hu Jintao selon laquelle la stabilité et la sécurité du Tibet concernent la stabilité et la sécurité du pays annoncerait l’avènement d’une ère nouvelle pour le règlement du problème du Tibet. Malheureusement, en dépit des efforts sincères que j’ai déployés pour ne pas séparer le Tibet de la Chine, les dirigeants de la République populaire de Chine m’accusent d’être un "séparatiste". De même, lorsque des Tibétains, à Lhassa et dans de nombreuses autres régions, ont protesté de manière spontanée pour exprimer un ressentiment profondément ancré, les autorités chinoises m’ont immédiatement accusé d’avoir orchestré ces manifestations. J’ai demandé que cette allégation fasse l’objet d’une enquête minutieuse, menée par un organe respecté.

Sœurs et frères chinois – où que vous soyez – c’est empreint d’une grande inquiétude que j’en appelle à vous pour que nous puissions dissiper les malentendus entre nos deux communautés. J’en appelle aussi à vous pour que vous nous aidiez à trouver une solution pacifique et durable au problème du Tibet par le dialogue, dans un esprit de compréhension et de conciliation.

Mes prières vous accompagnent.

Tenzin Gyatso, Dalaï Lama
Le 28 mars 2008

Source :Tibet info


  • En savoir plus sur la situation actuelle au TIBET : ICI