lundi 27 août 2007

Les 4 paramattha dhamma ou les 4 vérités ultimes






Dans la méditation vipassana, on ne s'occupe pas des concepts, on s'occupe de la véritable nature des phénomènes, de la réalité, paramattha.

L'air qui est contenu à l'intérieur de l'abdomen et qui exerce une poussée vers le haut, la tension, la pression, tout cela, c'est paramattha, ce qui se passe réellement lorsque vous inspirez. C'est donc sur la réalité, la véritable nature des processus que vous devez vous concentrer, avec précision et pénétration.
C'est de la même façon que vous devrez procéder lorsque vous expirez. Vous devez essayer de ne pas vous attarder sur la forme extérieure de l'abdomen mais observer le lent et progressif mouvement, la vibration, le retrait de l'air au moment où vous expirez.
source : dhammasukha

Plan de ce message

1-paramattha et paññatti.
2-citta, cetasika, rupa, nibbana
3- Vérité Ultime et vérité conventionnelle
4-
Les quatre paramattha dhamma



paramattha et paññatti:

L’esprit au sens Bouddhique fait partie de la « réalité ultime ».
Dans le Bouddhisme, il y a deux réalités : paramattha (réalité ultime) et paññatti (réalité conventionnelle).

Du point de vue de la réalité conventionnelle on voit la forme des choses.
Si on dit par exemple : aujourd’hui je suis venu en voiture ou bien je suis venu en métro, c’est vrai selon la réalité conventionnelle. Ce n’est pas un mensonge. La réalité conventionnelle est celle des termes quotidiens comme : les animaux existent, les êtres humains existent, le moi existe. Quand les gens disent : « Il y a un moi qui est le même depuis l’enfance » c’est vrai, car c’est la manière conventionnelle de parler. Selon la réalité conventionnelle, il existe des personnes, des êtres qui se réincarnent.

La réalité ultime, elle, contemple toutes choses selon ses composants.
Le Bouddha donne l’exemple suivant : quand nous allons chez le boucher et que nous voyons des morceaux de bœuf, nous ne voyons que de la viande et pas le bœuf. Quand le bœuf est vivant et entier, tous les morceaux assemblés donnent une certaine forme que nous appelons bœuf. Seulement une fois qu’il a été abattu et décomposé en morceaux, ce n’est plus un bœuf, mais de la viande. C’est pourquoi on dit alors que le bœuf n’existe pas.
Dans le même sens, une voiture est composée de boulons de fer, de caoutchouc, en somme de matière. Une personne est composée de matière et d’esprit. L’endroit où vous êtes est composé de ciment, de bois, de verre - en somme de matière. C’est pourquoi on dit que la voiture mentionnée plus haut n’existe pas, la personne qui est venue n’existe pas, cet endroit n’existe pas.

Le moi n’existe pas, l’âme n’existe pas, les hommes n’existent pas, les êtres célestes n’existent pas, il n’y a pas de personnes, d’êtres qui se réincarnent.

Dans un sens ultime, il n’y a que de la matière et de l’esprit.
Ils sont au-delà de tout jugement de bien et de mal. Une personne par exemple, peut être décomposée en plusieurs "sous catégories" comme "le corps" "les membres""la chair""les os""l’eau""les particules solides""les cellules""les molécules""les atomes""les parties des atomes"
Mais il arrive un point où on ne peut plus disséquer ou analyser et ces unités là sont appelées les réalités ultimes.
Si nous voulons savoir ce dont le monde est vraiment composé, il faut étudier ces unités discrètes comme on dit en mathématique.

Tout comme on peut extraire de l’huile en pressant des graines de sésame ou des arachides, on peut extraire les paramattha (réalité ultime) de paññatti (réalité conventionnelle) par la sagesse et la compréhension.

La réalité conventionnelle disparaît lorsqu’on analyse avec la sagesse, mais la réalité ultime ne disparaît pas lors de cette analyse. Au contraire, nous pouvons y pénétrer de plus en plus profondément et elle reste toujours vraie, elle ne cesse pas d’exister.
Paramattha c’est ce qui existe certainement, sûrement, qui est profond, qui a de la force.




citta, cetasika, rupa, nibbana

Qu’est ce que l’esprit ? De quoi est il fait ? De quoi sont faites nos pensées ? Quelle est l’essence de notre esprit ?

Dans le Bouddhisme, l’esprit n’est pas un bloc, une chose mais un processus, une succession d’instants.
Chacun de ces instants s’appelle citta, unité de conscience. Elles ont les caractéristiques suivantes :

1 citta est conscient de l'objet sans jugement de valeur, sans perception, sans réflexion .

- citta pense

- citta précède, guide, tire les facteurs mentaux et la matière

- citta se perpétue sans interruption

- citta est généré par l'esprit et la matière d'une vie précédente

2- cetasika

citta c’est l’esprit pur comme de l’eau limpide contenue dans un verre. Viennent s’ajouter à cela ce qu’on appelle les cetasika ou facteurs mentaux. Ceux-ci sont comme des couleurs que l’on ajoute dans ce verre d’eau et qui lui donnent une qualité. Les cetasika – (facteurs mentaux ou concomitants mentaux) ont les caractéristiques suivantes :

- les cetasika s'appuient sur citta, ils ne peuvent exister sans citta.

- les cetasika diversifient le citta.

- les cetasika sont toujours associés aux autres citta. Il n'y a aucune citta qui existe sans cetasika. Cela veut

dire qu'il n'existe pas la conscience absolue la conscience pure etc. La conscience est toujours mélangée avec des facteurs mentaux.

- des exemples de cetasika sont : désir, aversion, ignorance, jalousie, amour, compassion, sagesse.

3- rupa

La troisième réalité ultime est la matière. Dans le Bouddhisme on la décrit comme suit :

- ce qui change au contact de conditions adverses comme la chaleur ou le froid et ce qui est influencé par les conditions adverses est ruupa.

Les quatre éléments se divisent en deux extrêmes sur une échelle. Par exemple :

La terre est le principe de la solidité, mais aussi de la mollesse.

L'eau est le principe de la fluidité, mais aussi de la viscosité.

Le feu est le principe de la chaleur, mais aussi du froid.

Le vent est le principe de la vibration plus ou moins intense.

4- nibbana

On dit que l’esprit, les facteurs mentaux et la matière sont composés (sankhata). Ils sont fabriqués par quatre facteurs qui sont le kamma ou l’action, l’esprit (citta), le climat et l’environnement (utu) et la nourriture(aahaaraa).

Par contre, le nibbana n’est pas composé (asankhata). C’est pourquoi il est appelé ‘’non devenu’’, ‘’non-fabriqué’’.

- le mot se décompose en : ni = sans et vaana = attachement. Le nibbana est atteint quand on a réussi à se

détacher de tous les objets du monde sensuel et donc c'est la fin de l'attachement.

- c'est la fin de toute souffrance

- c'est un état de paix

- le nibbana est la fin des renaissances

- le nibbana est propre au bouddhisme. Il a été redécouvert par le Bouddha et on n’en parle pas dans d’autres religions, bien qu’il s’agisse d’une entité réelle.....

sources : theravadasangha
+"paramattha et paññatti": centrebouddhique

Pour en savoir plus sur nibbana : lire ICI



Vérité ultime et vérité conventionnelle

Vérité Ultime :

Elle est constituée des 4 Nobles Vérité et de la Vérité Naturelle

1- les 4 Nobles vérité : déjà présentées ICI
2 - La vérité naturelle:

Qu’est ce que c’est la vérité naturelle ? C’est comme son nom, c’est la caractéristique de la chose, « le feu est chaud, l’eau est liquide, la pierre est solide, la terre tourne autour du soleil, l’eau est la composition de deux molécules d’hydrogènes avec une molécule d'oxygène (H2O) ; le désir, la colère, la haine, la vengeance, la jalousie… sont de mauvaises actions (mauvais karmas) ; l’amour, la compassion, la joie sympathique, l’équanimité sont de bonnes actions (bons karmas). En résumé, la vérité naturelle est la caractéristique de la chose visible ou invisible, tout le monde doit l’admettre. On ne peut pas refuser cette vérité. En conséquence toutes les lois biologiques, biochimiques, organiques, physiques, chimiques… C’est-à-dire toutes les lois universelles sont la vérité naturelle (vérité ultime) que Bouddha avait découvert cette vérité, non pas intellectuellement, mais en l'expérimentant sur lui-même par la méditation (s’éveiller), mais qui n’enseignait que la loi qui peut délivrer les gens de la souffrance et les rendre au Nirvana.

Vérité conventionnelle

Le nom commun ou propre qu’on donne aux choses visibles ou invisibles par leur définition ; exemple : la table, la chaise, la maison l’eau, le vent, Jean, Paul, etc. … ceux là sont les vérités conventionnelles.

Le jugement d’un acte qu’on fait, d’un sujet, d’un procès ; la valeur qu’on nomme aux caractéristiques de chose ; Exemple : cette opinion est juste, cette opinion est injuste ; le feu n’est pas bon, car il peut brûler, détruire les biens, la maison, la forêt. ; le feu est bon, car il peut cuire la nourriture ; la fleur est belle, la fleur n’est pas belle. Juste, injuste, bon, n’est pas bon, belle, n’est pas belle sont les vérités conventionnelles.

source : metta-kh




Les quatre paramattha dhamma


Remarque : La traduction ci après, du chapitre 1 de "Abhidhamma in daily life" de Nina Van Gorkom, a été effectuée par Sébastien Billard.


Il existe deux sortes de réalité : les phénomènes mentaux (náma) et les phénomènes physiques (rúpa). náma est capable d'expérimenter ; rúpa n'expérimente rien du tout. Ce que nous prenons pour le soi n'est en fait que náma et rúpa qui apparaissent puis disparaissent à chaque instant.


Le Visuddhimagga (ou "le chemin de la pureté", un commentaire du canon páli) explique (Ch. XVIII, 25) :

"Il est dit en effet :
On parle de char lorsque les pièces sont assemblées,
On conçoit communément un être quand les agrégats1 existent"

Ainsi, ce dont il est question dans ces centaines de sutta n'est que la combinaison du physique et du mental : on ne peut parler d'êtres ou d'individus.

On peut parler d'un "char" pour désigner l'assemblage de composants tels que roues, moyeu, timon, caisse... mais au sens ultime, quand chaque composant est examiné séparément, on ne trouve nulle part un quelconque char. De même pour la personne : on peut parler d'un "être" pour désigner l'assemblage des composants que sont les cinq agrégats d'appropriation (khandhá), mais si on observe chacun de ces khandhá, on ne trouve nulle part une base solide pour affirmer l'existence d'un - "moi". Au sens de la vérité ultime, il y a seulement des phénomènes physiques et mentaux. Celui qui voit les choses de cette façon possède la vision juste.

Tous les phénomènes à l'intérieur et à l'extérieur de nous ne sont que náma et rúpa qui apparaissent et disparaissent : ils sont impermanents. náma et rúpa sont des vérités ultimes, en páli : paramattha dhamma.

Nous pouvons expérimenter leurs caractéristiques quelque soit le nom que nous leur donnons ; nous ne sommes pas forcés de parler de náma et rúpa. Ceux qui ont développé la vision juste peuvent les expérimenter tels qu'ils sont réellement : impermanents et sans soi.

Voir, entendre, sentir, goûter, toucher, penser... tous ces náma sont impermanents.

Nous avons l'habitude de penser qu'il y a un soi qui accomplit ces différentes fonctions, comme voir, entendre ou penser, mais où est ce soi ? Est-il l'un de ces náma ? Plus nous connaissons les différents námet rúpa en expérimentant leurs caractéristiques, plus nous réalisons que le soi n'est qu'un concept : ce n'est pas un paramattha dhamma.

Les náma sont des phénomènes mentaux. Les rúpa des phénomènes physiques. náma et rúpa sont des réalités bien distinctes.

Si nous ne parvenons ni à les distinguer l'une de l'autre, ni à apprendre les caractéristiques de chacun, alors nous continuerons de les considérer comme étant le soi. Par exemple, la conscience auditive (entendre) est náma : elle n'a pas de forme, elle n'a pas d'oreille. La conscience auditive est différente de l'ouïe, mais elle a l'ouïe comme condition nécessaire. Le náma qui entend fait l'expérience du son.

L'ouïe et le son sont rúpa et n'expérimentent rien ; ils sont en cela différent du náma qui entend. Si nous ne réalisons pas que la conscience auditive, l'ouïe et le son sont des réalités différentes les unes des autres, nous continuerons de croire que c'est le soi qui entend.


Le Visuddhimagga (XVIII, 34) explique :

"En outre, náma n'a pas le pouvoir d'agir par lui-même : il ne mange pas, ne boit pas, ne parle pas et ne change pas de posture. rúpa n'a pas non plus le pouvoir d'agir seul, car il ne désire pas manger, boire, parler ni changer de posture. náma opère avec l'aide de rúpa, et rúpa avec l'aide de náma : quand náma désire manger, boire, parler ou changer de posture, rúpa mange, boit, parle ou change de posture."


Un peu plus loin, nous lisons (XVIII, 36) :

"Les hommes vont sur les flots en montant à bord du navire,
la collection mentale opère avec l'aide du physique.
Le navire va sur les flots grâce à l'action des hommes,
la collection physique opère avec l'aide du mental.
Le mental et le physique s'entraident
comme les hommes et le navire qui vogue sur les flots."

Il existe deux sortes de náma conditionnés : citta (la conscience) et les cetasika (les facteurs mentaux qui apparaissent en même temps que la conscience).

Ces náma apparaissent quand les conditions sont réunies pour ensuite disparaître.- Citta a la capacité de connaître ou expérimenter un objet. Chaque citta possède son propre objet, árammana en páli. Connaître ou expérimenter un objet ne veut pas forcément dire penser à cet objet. Le citta qui voit a le domaine visible comme objet ; cet instant de conscience (citta) est distinct des citta qui apparaissent par la suite, comme les citta qui connaissent ce qui vient d'être perçu et y pensent. Le citta qui entend (la conscience auditive) a le son pour objet. Même quand nous dormons, et en l'absence même de rêve, citta expérimente toujours un objet. Il ne peut exister de citta sans objet (árammana).

Il existe un grand nombre de citta différents, que l'on peut classer de plusieurs façons.

Certains citta sont dits kusala (bénéfiques, sains, habiles, kammiquement bons), d'autres sont dits akusala (pernicieux, nuisibles, malsains, malhabiles, kammiquement mauvais).

Les citta bénéfiques comme pernicieux sont des instants de conscience qui sont des causes : ils peuvent motiver des actes bénéfiques et pernicieux par le corps, par la parole ou par la pensée.

Certains citta sont le résultat d'actions bénéfiques ou pernicieuses : on les nomme vipákacitta. D'autres citta sont au contraire ni causes, ni résultats : on parle alors de kiriyacitta (citta non-kammiques, fonctionnels).

Les citta peuvent être classé en fonction de leur játi (littéralement "naissance" ou "nature").

Il existe quatre játi :
Kusala
Akusala
Vipáka (résultant du kamma)
Kiriya (ne produisant pas de kamma).

Kusala vipáka (résultant d'un acte bénéfique) et akusala vipáka (résultant d'un acte pernicieux) forment en fait un seul játi, le vipáka játi.

Il est important de savoir de quels játi citta relève. Nous ne pouvons mener une vie saine si nous prenons ce qui est akusala pour kusala, ou ce qui est akusala pour vipáka.

Par exemple, lorsque nous entendons des mots déplaisants à notre encontre, l'instant de conscience où nous expérimentons le son (la conscience auditive) est akusala vipáka, c'est à dire le résultat d'actions pernicieuses que nous avons accomplies. Mais l'aversion qui peut apparaître à l'instant de conscience suivant n'est pas vipáka, juste akusala. Il nous est possible d'apprendre à distinguer ces instants de conscience successifs en réalisant leurs différentes caractéristiques.

Une autre de façon de classer les citta est en fonction des domaines d'existence (bhúmi). Il existe plusieurs domaines d'existence. Le domaine d'existence de la sphère sensorielle (kámávacara citta) est le domaine de la sensualité, où s'exercent les différents sens : vue, ouïe, toucher, odorat, goût. En fonction des objets plaisants et déplaisants expérimentés à travers ces différents sens, des citta bénéfiques et pernicieux apparaissent. Il existe d'autres domaines d'existence où l'on ne fait pas l'expérience des sens.

Ceux qui cultivent samatha (la méditation de la tranquillité) et développent l'absorption (jhána) atteignent ainsi jhána citta, un domaine d'existence hors de la sphère sensorielle. Lokuttara citta (conscience supra-mondaine) est le plus haut domaine d'existence, puisque c'est le citta qui expérimente directement nibbána.

Il existe encore bien d'autres façons de classer les citta, et si l'on considère les diverses intensités de citta, cela fait encore plus de variantes. Ainsi, les akusala citta, qui ont leur racine dans lobha (l'avidité) dosa (l'aversion) et moha (l'ignorance) peuvent manifester différentes intensités, et motiver ou non des actions, en fonction du degré d'akusala.

De même pour les kusala citta. Il est utile de connaître ces différentes classifications, parce que de cette façon nous apprenons les divers aspects de citta.

Il y a au total 89 types de citta (ou 121, selon la classification retenue).

Si nous développons notre connaissance des citta, et si nous sommes conscients de ces instants de conscience lorsqu'ils apparaissent, alors nous aurons moins tendance à les prendre pour un "soi".

Cetasika est le deuxième paramattha dhamma, qui est náma.

Comme nous l'avons vu précédemment, citta expérimente un objet : la conscience visuelle a le domaine visible pour objet, la conscience auditive a le son pour objet, la conscience des pensées a la pensée pour objet.

Mais citta n'est jamais seul, il y a aussi les facteurs mentaux, ou cetasika, qui accompagnent chaque instant de conscience. Nous pouvons penser à quelque chose à un moment donné en ayant en nous de l'aversion, en ressentant du bien-être, ou avec de sagesse.

L'aversion, le bien-être et la sagesse sont des phénomènes mentaux qui ne sont pas des citta : ce sont des cetasika accompagnant différents citta. Il ne peut exister qu'un citta à la fois, mais il existe plusieurs cetasika (au moins sept) qui apparaissent et disparaissent simultanément avec citta.

Citta n'apparaît jamais seul. Par exemple, la sensation (vedaná en páli) est un cetasika qui apparaît avec chaque citta. Citta ne fait que connaître ou expérimenter les objets : citta ne ressent pas. Mais vedaná a la fonction de ressentir.

La sensation peut être agréable ou désagréable. Même quand nous ne ressentons ni plaisir ni déplaisir, il y a toujours la sensation : cette sensation est alors neutre, ou indifférente.

Vedaná est toujours présent : il n'y a pas un instant de citta sans sensation.
Quand par exemple la conscience visuelle apparaît, la sensation apparaît en même temps que cette conscience (citta). Le citta qui voit ne fait qu'expérimenter les objets visibles, on ne peut pas encore parler de sensation agréable ou désagréable à ce stade : la sensation qui accompagne ce moment de conscience est indifférente.

Une fois que la conscience visuelle a disparu d'autres citta apparaissent, certains pouvant être accompagnés de sensations désagréables. La fonction de citta est de connaître l'objet. Les cetasika partagent le même objet que citta, mais chacun a une fonction et une qualité qui lui est propre. Certains cetasika apparaissent systématiquement avec chaque citta.

D'autres n'apparaissent qu'occasionnellement.

Nous venons de voir que la sensation, vedaná, est un cetasika qui apparaît avec chaque citta. Le contact (phassa en páli) est un autre cetasika qui accompagne également chaque instant de conscience : phassa "contacte" l'objet pour que citta puisse le connaître. La perception, ou reconnaissance, (sañña en páli) est aussi un cetasika qui apparaît avec chaque citta.

Dans le Visuddhimagga (XIV, 130)

nous lisons que sañña a la fonction de percevoir :

"Elles ont toutes le caractère de percevoir et le rôle d'amener à reconnaître, dans l'avenir d'après le signe qu'il s'agit bien de la même chose, de même que les charpentiers reconnaissent chaque type de bois..."

Citta se borne à expérimenter l'objet, mais ne le note pas. Sañña note lui l'objet afin que celui-ci puisse être reconnu plus tard. A chaque fois que nous nous souvenons de quelque chose, c'est sañña, et non le soi, qui intervient.

C'est sañña qui par exemple se rappelle que cette couleur est rouge, que ceci est une maison, ou que ce son est celui d'un oiseau.

Il existe également des cetasika n'apparaissant pas avec chaque citta. Les akusala cetasika (cetasika pernicieux) apparaissent seulement avec les akusala citta.

Les sobhana cetasika2 (cetasika nobles, efficaces, bons, resplendissants) apparaissent seulement avec les sobhana citta. Lobha (l'avidité, l'attachement), dosa (l'aversion, la colère) et moha (l'ignorance) sont des akusala cetasika, qui apparaissent seulement avec les akusala citta. Par exemple, quand nous voyons quelque chose de beau, des citta accompagnés d'attachement pour ce que nous avons vu peuvent apparaître.

Le cetasika qu'est lobha apparaît avec cet instant de conscience. Lobha a pour fonction l'attachement, l'avidité. Il y a encore d'autres cetasika apparaissant en même temps que les akusala citta, comme la vanité (mana), les vues fausses (ditthi), la jalousie (issa). Les sobhana cetasika qui accompagnent les sobhana citta sont par exemple la générosité (alobha), l'amour bienveillant (adosa), la sagesse (amoha ou pañña). Quand nous sommes généreux, alobha et adosa apparaissent en même temps que les kusala citta. Pañña, la sagesse, peut également apparaître avec ces kusala citta, ainsi que d'autres sobhana cetasika. Les impuretés comme les qualités nobles sont des cetasika, elles ne sont pas le soi. On recense en tout 52 cetasika différents.

Bien que les citta et cetasika soient tous deux náma, chacun possède des Bien que les citta et cetasika soient tous deux náma, chacun possède des caractéristiques différentes.

On peut légitimement se demander comment les cetasika peuvent être expérimentés. Quand nous observons un changement dans citta, une caractéristique des cetasika peut être expérimentée.

Par exemple, quand des akusala citta accompagnés d'avarice apparaissent après que les kusala citta accompagnés de générosité aient disparu, alors nous pouvons observer ce changement.

Avarice et générosité sont des cetasika qui peuvent être expérimentés et qui possèdent des caractéristiques distinctes. Nous pouvons observer de la même façon le passage de l'attachement à l'aversion, ou celui de la sensation agréable à la sensation désagréable. La sensation est un cetasika que nous pouvons expérimenter, car il est parfois prédominant et qu'il existe différents types de sensations.

Nous pouvons expérimenter le fait que la sensation désagréable et différente de la sensation agréable, qui elle même diffère de la sensation neutre. Tous ces cetasika apparaissent avec citta pour disparaître immédiatement avec le citta qu'ils accompagnent. Si nous développons notre connaissance des citta et cetasika, alors cela nous aidera à voir les choses tel qu'elles sont vraiment.

Étant donné que les citta et cetasika apparaissent ensemble, il est difficile d'expérimenter leurs caractéristiques distinctes. Le Bouddha était capable de d'expérimenter directement les différentes caractéristiques des citta et cetasika, parce que sa sagesse était immense.



Nous lisons dans Les questions du roi Milinda (Livre III, chapitre 7,87)

que le moine Nagasena dit au roi Milinda :

- "Le Bienheureux a fait une chose difficile.
- Laquelle ?
- La chose difficile qui a été faite par le Bienheureux, c'est d'énoncer la distinction de tous les dhamma immatériels, psychiques, qui se trouvent dans un seul organe des sens : contact, sensation, perception, pensée, conscience.
- Donne-moi une comparaison.
- Si un homme sautait d'une barque dans la mer, prenait de l'eau dans sa main
et y goûtait, pourrait-il reconnaître l'eau du Gange, de la Yamuna, de l'Acivarati,
de la Sarabhu, de la Mahi ?
- Cela serait bien difficile.
- De même le Bienheureux a fait une chose très difficile en distinguant ces
dhamma."


Les citta et cetasika sont des paramattha dhamma (des réalités ultimes) ayant chacun leurs caractéristiques propres. Ces caractéristiques peuvent être expérimentées, peu importe le nom qu'on leur donne.

Les paramattha dhamma ne sont pas des mots, ou des concepts, ce sont des réalités.

Les sensations agréables et désagréables sont réelles, leurs caractéristiques peuvent être expérimentées sans que nous ayons besoin de les appeler "sensations agréables" ou "sensations désagréables".

L'aversion est réelle, et peut être expérimentée lorsqu'elle se présente.

En plus des phénomènes mentaux existent aussi les phénomènes physiques.

Ces phénomènes physiques (rúpa) représentent le troisième paramattha dhamma.

Là encore, il existe plusieurs sortes de rúpas3, chacun ayant ses propres caractéristiques. On compte quatre rúpa principaux, encore appelés grands éléments (maha-bhúta-rúpa en páli).

Ceux-ci sont :
L'élément terre, ou solidité (expérimenté comme dureté ou élasticité)
L'élément eau, ou cohésion
L'élément feu, ou température (expérimenté comme chaud ou froid)
L'élément vent, ou mouvement (expérimenté comme oscillation ou pression)

Ces grands éléments sont les rúpa principaux, qui apparaissent en même temps que tous les autres rúpa, ou rúpa dérivés (upádá rúpa). Les rúpa n'apparaissent jamais seuls, ils apparaissent en groupes ou unités.

Il y a forcément au moins huit sortes de rúpa apparaissant en même temps. Par exemple, à chaque fois que le rúpa température apparaît, la solidité, la cohésion, le mouvement et d'autres rúpa apparaissent simultanément. Les rúpa dérivés, eux, sont par exemple les organes sensoriels de la vue, de l'ouïe, de l'odorat, du goût, du toucher, et les objets de ces organes : le domaine visible, le son, les odeurs, les saveurs...

Diverses caractéristiques de rúpa peuvent être expérimentées à travers les yeux, les oreilles, le nez, la langue, le corps et l'organe mental. Ces caractéristiques sont réelles puisque elles peuvent être expérimentées. Nous utilisons des termes conventionnels, comme "corps" et table". Tous deux ont la caractéristique de la dureté, qui peut être expérimentée par le toucher. De cette façon, nous pouvons prouver que la caractéristique de la dureté est la même, peut importe qu'il s'agisse d'une table ou d'un corps.

La dureté est un paramattha dhamma. Le corps et la table eux ne sont pas des paramattha dhamma, seulement des concepts. Nous croyons que le corps demeure et le prenons pour un soi, mais ce que nous appelons "corps" n'est que différent rúpa qui apparaissent puis disparaissent. Ce terme de "corps" peut nous éloigner de la réalité. Nous connaîtrons la réalité si nous apprenons à reconnaître les caractéristiques de rúpa quand elles apparaissent.

Citta, cetasika et rúpa apparaissent seulement quand les conditions sont réunies : ce sont des dhamma conditionnés (sankhára dhamma4 en páli).

La conscience visuelle ne peut apparaître en l'absence de vision ou d'objets visibles. Ces derniers sont des conditions nécessaires.

Le son ne peut apparaître que si les conditions nécessaires sont réunies. Et une fois apparu, il disparaît à nouveau.

Tout ce qui apparaît en dépendant de conditions disparaît une fois que les conditions ont elle-même disparu. On peut pourtant objecter que le son possède une durée. Mais en réalité, ce que nous prenons pour un son long, qui dure, n'est qu'une suite de rúpa se succédant les uns les autres.

Nibbána peut être expérimenté à travers le mental si l'on suit le noble sentier, c'est à dire le développement de la sagesse qui voit les choses telles qu'elles sont. Nibbána est náma.
Mais nibbána est différent des citta et cetasika, ces réalités ultimes qui apparaissent lorsque les conditions sont réunies pour ensuite disparaître.

Nibbána est une réalité non-conditionnée :
Nibbána n'apparaît pas ni ne disparaît. Les citta et cetasika sont des náma expérimentant des objets. Nibbána est un náma qui n'expérimente aucun objet, mais il peut être l'objet de citta et cetasika qui l'expérimentent. Nibbána est sans substance, il est dénué de soi : il est anatta.

Pour résumer, les quatre paramattha dhamma sont donc : Citta Cetasika Rúpa Nibbána


sources: zolag.co + s.billard. + dhammadana

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