Le souffle reste le grand mystère de notre vie; car nous respirons sans le vouloir, sans le savoir et fréquemment, nous respirons mal. Mais écoutons-nous notre souffle, le sentons-nous, en sommes-nous conscients?
Pourquoi son existence n'est-elle perçue qu'en négatif, manque ou irrégularité, comme un organe que l'on sent seulement lorsqu'il est malade?
Ne pas respirer consciemment vient peut-être du fait que le système respiratoire est le système le moins conscient de notre corps, car la respiration et le diaphragme se situent dans la région du thorax la moins corticalisée ; il faudra donc du temps pour que la respiration devienne consciente, du temps pour qu'elle soit reconnue par nous comme un élément fondamental de notre transformation.
Connaître son souffle commence d'abord par la prise de conscience des différents mouvements du corps qui lui sont associés. Dans un corps raidi, les mouvements sont déjà limités, ventres immobiles ne laissant transparaître aucun élément de vie, nœud au plexus resserrant la partie basse du thorax, cage thoracique étroite.
Une main posée sur ces différents points, à l'avant comme dans le dos ou sur les côtes, permettra de sentir les mouvements d'inspiration et d'expiration à travers le corps.
Mettre son esprit à l'écoute de ce qui se passe sous nos doigts, sans intervenir pour changer quoi que ce soit: accepter sa respiration telle qu'elle est, lui donner le temps de s'installer, de s'habituer à notre attention; une certaine régularité s'établit progressivement et, à mesure qu'elle apparaît, percevoir qu'elle s'étale, se répand non seulement dans le ventre, mais dans tout le thorax.
Ce mouvement respiratoire que nous sentions au départ dans un espace réduit, prend peu à peu possession de tout le corps. L'essentiel est de découvnr ses propres sensations et passer ainsi d'une respiration mécanique et involontaire à une respiration plus ressentie.
Prendre conscience de son souffle demande un effort de concentration d'autant plus ferme au départ, qu'il est petit, juste utilisé pour vivre, donc souvent imperceptible, ne s'appuyant sur aucun support physique. Cette concentration volontaire du début fera place peu à peu à une présence d'esprit simplement posée, observateur - témoin de ce qui se passe.
Garder le contact avec le souffle peut paraître évident, mais le perdre est tout aussi facile; très vite, les pensées sont là nous distrayant. Notre présence d'esprit est bien souvent absente ou réduite à une veilleuse, particulièrement en période de fatigue. Nous sommes envahis d'associations mentales ou émotionnelles, sans rapport avec les circonstances du moment... ramener encore et encore notre esprit à cette respiration; car, autant les réflexes respiratoires sont donnés, autant notre présence d'esprit a besoin de devenir plus stable, plus forte.
La respiration appartient aux fonctions automatiques, mais elle peut aussi être perçue clairement par la conscience: position unique que seul l'homme possède. Comme la vague à la surface de la mer, elle appartient à l'océan, mais elle relie par son rythme le ciel et l'eau. (...)
Source : Lire le Texte intégral : Terre d'Eveil
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire