lundi 19 novembre 2007

Purifier la pensée perverse





-Les 3 derniers messages:



Purifier la pensée perverse

La pensée perverse s’agite en tout sens, affairée, dispersée, elle broie sur son passage quiconque s’oppose à elle... C’est un tourbillon de pensées « décervelantes »...

J’avais eu pour idée première de parler du bouddhisme et de la pensée occidentale, mais avec les moyens de communications actuels et l’industrialisation de tous les pays, la pensée occidentale devient peu à peu la pensée du monde.... Il n’y a peut-être pas lieu de s’en réjouir dans la mesure où ce n’est pas la profondeur de cette pensée qui se répand mais son aspect négatif...




La pensée perverse



L’ignorance est le propre de la pensée perverse, la pensée perverse est sans intelligence.

Ce qui marque la pensée perverse, c’est justement une sorte d’absence de pensée... C’est une pensée agitée par le souci de séduction et d’appropriation, une pensée qui ne se pose pas, ne s’approfondit pas, une pensée qui ne connait pas et ne cherche pas à connaître, son seul but est le calcul incessant des moyens de séduire... La pensée perverse est sans véritable culture, la vérité lui importe peu, ce qui importe c’est ce que les autres vont croire... Une contre-vérité assénée avec conviction devient vérité... La pensée perverse est une pensée de décervelage.

La pensée perverse refuse toute croyance en autre chose qu’elle même, elle s’agite dans un scepticisme permanent qui n’est pas le doute constructif et nécessaire... En ce sens les paroles du Bouddha dans le Kalama Sutta peuvent facilement être détournées de leur sens et de leur contexte.

Verset 1.33 Venez, ô Kalamas, ne vous laissez pas guider par des rapports, ni par la tradition religieuse (...) ni par la pensée que « ce religieux est notre maître spirituel ».


En oubliant ce qui précède

Verset 1.32 Le Bienheureux dit : C’est pourquoi, ô Kalamas, nous avons déjà dit : Il est juste pour vous, ô Kalamas, d’avoir un doute et d’être dans la perplexité. Car le doute est né chez vous à propos d’une matière qui est douteuse.


Tout n’est pas douteux, et douter de tout c’est déjà être dans la pensée perverse. Nous devons prendre garde à ne pas identifier le discernement avec le scepticisme.

Le discernement est éclairé, il suppose un travail sur soi même et une investigation approfondie sur les sujets proposés... le discernement demande un effort.... Le scepticisme permanent a trait au narcissisme, à une forme de toute puissance de l’individu : je n’ai rien à recevoir de personne...

Là encore la parole du Bouddha : « Soyez à vous même votre propre refuge » peut-être pervertie et détournée de son sens... Nous ne pouvons être à nous même notre propre refuge que dans une pensée dépouillée de l’ambigüité narcissique, une pensée éclairée et discernante où l’effort de vérité est constant.

La pensée perverse ne s’embarrasse pas de la vérité, elle est absolue et totalitaire ; elle refuse toute croyance, elle est le contraire du lâcher prise... et condamne tout ce qui menace son emprise, elle pointe du doigt comme ennemi de la doctrine ou de la communauté tout ce qui va à son encontre...

La pensée perverse est le propre du guru et du manipulateur... elle désigne comme ennemi du dogme, de la doctrine, de la communauté tout celui qui tente d’avoir un jugement éclairé...


Les complices de la pensée perverse



La pensée perverse ne saurait exister sans complices....Mais qui sont-ils ces complices ?

Vous, moi et tous les autres,à chaque fois que nous ne faisons pas l’effort personnel de nous renseigner et nous instruire...à chaque fois que, par fainéantise, nous gobons sans effort de discernement, tout ce que l’on nous dit , mais aussi à chaque fois que nous mettons en doute tout ce qu’on nous dit sans faire l’effort de chercher, de travailler, d’étudier, de nous renseigner... Nous, quand pris dans le jeu de la séduction et la peur de contredire nous n’osons ni voir ni entendre et surtout pas parler...

Le surfing sur internet peut venir nourrir cette pensée... on surfe sans s’arrêter sur quoi que ce soit, sans rien approfondir... Au lieu d’approfondir ,on se contente d’une phrase qui nous plait ou nous déplait, il n’y a plus de véritable élaboration de la pensée. L’ignorance est le fruit de la pensée perverse et sa complice....


Origine de la psychose perverse



On peut parler de psychose perverse, tant la pensée perverse prend ses racines dans le déni du mal-être... Le refus de reconnaître son mal de vivre et son désarroi...

Si elle ne s’est pas déjà installée de manière précoce et pathologique, la perversion narcissique peut apparaitre au bout de quelques années d’une démarche analytique ou d’une pratique spirituelle...

Tout à coup la personne décide qu’elle va bien, qu’elle a atteint son but, que tout est pour le mieux... Elle masque le gouffre d’angoisse du vide et du néant qui l’habite... Elle devient absolue et totalitaire et utilise tout ce qu’il est possible d’utiliser pour ne pas aborder cet instant délicat qui est celui du basculement...

C’est pourquoi le Bouddha marque comme excessivement dangereux de s’arrêter en chemin... Une retraite « réussie » est souvent plus dangereuse que celle où on a eu l’impression de ne pas avoir avancé...

La satisfaction spirituelle du chemin accompli masque la difficulté du chemin qui reste à parcourir... Il s’installe alors une position de déni qui va se dresser contre tout ce qui menace ce fragile équilibre.

La doctrine devient absolue, les croyances illusoires, tous ceux qui tentent de contredire ou d’élucider sont désignés comme ennemis du dogme, de la doctrine, ou de la pensée du maître... il s’établit une sorte de manipulation mentale... dans le pire des cas on assiste à la naissance d’un guru avec tout ce que cela engendre de manipulation mentale...

Il reste donc dangereux et aléatoire de croire qu’une pratique méditative peut à elle seule résoudre tous les problèmes... cela est d’autant plus dangereux pour ceux qui s’y précipitent un peu comme dans une fuite.

Seuls la persévérance, la vigilance, l’étude, le discernement et l’humilité peuvent nous permettre d’éviter une telle dérive, d’éviter soit de devenir le manipulateur pervers soit le complice manipulé.



La foi est le contraire de la pensée perverse



La dévotion envers le Bouddha Dhamma Shanga est une protection efficace envers ce genre de dérive... La dévotion nous ancre dans l’humilité, nous fiant aux enseignements du Bouddha plus qu’en aucune autre parole de séduction, nous devenons à même de réajuster sans cesse notre démarche...

La dévotion est le début de la sagesse ainsi que sa manifestation. Elle ne fait pas pour autant quelqu’un d’asservi... Les occidentaux ignorent ce qu’est véritablement la foi, ils l’assimilent à de la crédulité et de la superstition... Mais la foi n’a rien à voir avec tout ça... La foi est un engagement de tout son être sur le chemin de la libération.

Les chrétiens disaient que la foi était un don de Dieu, ils le disaient parce qu’ils avaient conscience que la foi n’était pas innée... que tout le monde ne possédait pas la force de soulever les montagnes qui vient de la foi. Et que cette foi et cette force provoquaient bien souvent envie et jalousie et poussaient les envieux à se moquer et à dénigrer..

En tant que bouddhiste nous ne pouvons pas dire que la foi vient de Dieu... Mais nous pouvons reconnaitre qu’en tant que facteur d’éveil, grâce la confiance sereine, elle est le fruit du kamma...

La foi est le contraire de la pensée perverse, elle guérit de la pensée perverse, elle nous maintient dans l’effort et la persévérance, elle clarifie l’esprit en nous libérant du souci orgueilleux...( Lire : La foi qui clarifie l'esprit )

Au lieu de la dénigrer et de la tourner en dérision, appliquons-nous à acquérir cette confiance qui nous fait prendre refuge sur la voie de la libération véritable...


« Il possède une foi inébranlable dans le Dhamma de cette manière:
Bien exposé par le Béni du Ciel est le Dhamma, évident, hors du temps, il invite à l’examen, il conduit à l’émancipation, pour que les sages le comprennent, chacun pour lui-même.’ »
(le miroir du dhamma)

Qui trouve refuge dans le Bouddha la Loi et l’Assemblée, voit avec une pénétration correcte les Quatre Nobles Vérités...

Dhammapada 190


Un article de "anussati, vivre le dhamma"



dimanche 18 novembre 2007

Bouddhisme et réalité sociale


Les deux derniers messages:

- Deux Marches pour la Birmanie: ICI
-Bouddhisme engagé; Pacifisme; Non-violence: LA




Parler de la réalité sociale semble assez difficile pour les bouddhistes, comme si le discernement et la clairvoyance qu’ils essaient d’exercer pour eux mêmes ne s’appliquaient pas à la vie sociale...


Comme si les préceptes de ne pas tuer, ne pas voler ne s’appliquaient qu’à notre petite vie quotidienne ; comme si profiter des richesses alors que d’autres ont à peine de quoi vivre, voire même pas de quoi vivre du tout, nous dégageait de l’application de ces préceptes... La misère sociale existe, la faim, la malnutrition, les épidémies sans que les malades puissent avoir accès aux médicaments...Les « pays riches » n’ont cessé de pomper les richesses des pays pauvres, enfin des pays qui sont devenus pauvres...

Des pauvres il y en aura toujours parmi vous, dit l’évangile, c’est vrai... Cet instinct d’appropriation qui définit une partie du soi ne peut pas disparaître.... mais est ce une raison ?

Certains bouddhistes sont plus sensibles au mal être des animaux qu’à celui des humains.... La misère humaine finalement, on ne veut pas trop en entendre parler... Sans doute parce que l’humain nous ressemble et que sa misère est la nôtre...

Et si se libérer du cycle des morts et des renaissances est une affaire de libération, disons personnelle, respecter la vie humaine et la protéger est une affaire qui peut devenir collective...

On n’est pas obligé de tuer directement son voisin pour ne pas respecter le premier précepte, ni d’aller voler dans un magasin pour ne pas respecter le second.... il suffit de demeurer indifférent, de ne vouloir ni voir, ni entendre... Il suffit de se taire : on appelle ça complicité ou non assistance à personne en danger...

Je ne crois pas que les bouddhistes doivent créer des mouvements spéciaux mais tout simplement s’inscrire dans une vie de citoyen et d’humain libre et responsable... simplement ne pas se taire... simplement être solidaires, sans argumenter qu’on n’est pas d’accord avec les moyens d’action. Aucune action n’est pure, elle est plus ou moins juste c’est tout, et personne n’a les mains propres...

(...)Respecter la vie et la faire respecter, cela ne supporte aucun bémol, aucune lâcheté... et ce n’est pas la peine de s’asseoir en méditation si cela n’est pas d’abord et en premier appliqué...



Source de cet article : anussati:
Vivre le Dhamma


Veludvareyya Sutta (Conseils aux Laïcs):



Le Bienheureux dit : Quel est, ô chefs de famille, le mode de vie qui procure un profit à chacun ? Imaginons, ô chefs de famille, que le disciple noble réfléchisse ainsi : "J’aime la vie et je ne veux pas mourir. J’aime la joie et je répugne aux douleurs. Si je suis privé de la vie par quelqu’un, c’est un fait qui n’est ni agréable ni plaisant pour moi. Si, moi, je prive quelqu’un d’autre de sa vie, ce ne sera un fait ni agréable ni plaisant pour lui, car il ne veut pas qu’on le tue, et il aime la joie, et il répugne aux douleurs.

Verset 5.10 Ainsi, un fait qui n’est ni agréable ni plaisant pour moi doit être un fait qui n’est ni agréable ni plaisant pour quelqu’un d’autre. Donc, un fait qui n’est ni agréable ni plaisant pour moi, comment puis-je l’infliger à quelqu’un d’autre ?

Verset 5.11 Le résultat d’une telle réflexion est que le disciple noble lui-même s’abstient de tuer les êtres vivants. Il encourage les autres à s’abstenir de tuer les êtres vivants. Il parle et fait l’éloge d’une telle abstinence. Ainsi, en ce qui concerne la conduite de son corps, il est complètement pur.

Verset 5.12 Et encore, ô chefs de famille, imaginons que le disciple noble réfléchisse ainsi : Si quelqu’un prenait avec l’intention de la voler une chose m’appartenant que je ne lui ai pas donnée, ce serait un fait ni agréable ni plaisant pour moi. Si moi, je prenais avec l’intention de la voler une chose appartenant à quelqu’un d’autre qu’il ne m’aurait pas donnée, ce serait un fait ni agréable ni plaisant pour lui.

Verset 5.13 Ainsi, un fait qui n’est ni agréable ni plaisant pour moi doit être un fait qui n’est ni agréable ni plaisant pour quelqu’un d’autre. Donc, un fait qui n’est ni agréable ni plaisant pour moi, comment puis-je l’infliger à quelqu’un d’autre ?

Verset 5.14 Le résultat d’une telle réflexion est que le disciple noble lui-même s’abstient de prendre ce qui ne lui est pas donné. Il encourage les autres à s’abstenir de prendre ce qui ne leur est pas donné. Il parle et fait éloge d’une telle abstinence. Ainsi, en ce qui concerne la conduite de son corps, il est complètement pur.





vendredi 16 novembre 2007

Bouddhisme engagé; Pacifisme; Non-violence




Acte 1 scène 1: de "jeunes gens forts sympathiques... mais pas idiots.."

SOS BURMA

cliquer sur l'image pour l'agrandir (MARCHE de SOS BURMA du 17/11)




Table des Matières de tous mes messages sur la Birmanie : LA



Ci après, Un article de Tinh'y pour Karuna


Bouddhisme engagé; Pacifisme; Non-violence:





Des termes souvent mal compris

Sommaire:
Bouddhisme engagé
La Non-Violence
Ghandi
Martin Lutther King
Le Pacifisme
La désobéissance civile
Conclusion




Bouddhisme engagé


A l’heure où le monde change rapidement, où les repères habituels sont en train de se déplacer, où ce que certains appellent « mondialisation »ouvre à la fois de nouvelles perspectives, mais aussi montre la misère du monde... Au moment où il va falloir apprendre à vivre autrement, les « valeurs » du bouddhisme peuvent apporter un éclairage tout à fait opportun.

L’effort du pratiquant bouddhiste pour voir clair et discerner peut trouver là, tout son champ d’application pour le bien de tous les êtres... Le bouddhiste engagé ne marche pas à l’aveuglette, il ne suit pas les opinions toutes faites des médias... Il se forme et s’informe... Il écoute et découvre, il sort de sa bulle pour qu’à l’instar de Siddharta quittant le palais de son père, il ouvre les yeux sur la misère, l’injustice... Il quitte la niaiserie des visions enfantines pour découvrir la réalité de la souffrance...





Le bouddhiste n’a pas peur de la souffrance et c’est ce qui le rend performant dans toutes ses luttes.. Oui ses luttes... ce n’est pas un mot à bannir du vocabulaire bouddhiste.. la lutte c’est Viriya : l’effort constant... la pratique quotidienne est une lutte contre l’endormissement, l’engourdissement de la pensée, une lutte contre l’ignorance...

De même, dans le monde, le bouddhiste engagé lutte contre l’ignorance, il combat pour l’égalité de tous les êtres, le respect de la vie, il insiste à temps et à contre temps...

Le bouddhiste est performant parce qu’il n’est pas atteint dans son soi, et quand il l’est, il travaille à ne plus l’être...

Le bouddhiste est performant dans tous ses actes et dans l’écoute de l’autre...

Il ne met pas sur le même plan la souffrance du bourreau et celle de la victime, il travaille, comme le bouddha à l’abolition des castes. Aujourd’hui on dit classes sociales, ça fait mieux, mais la réalité est la même : notre société a elle aussi ses intouchables, ses exclus, les oubliés de la télévision et des classes moyennes...

Certes le pratiquant bouddhiste a de la compassion pour les exploiteurs, il ne condamne personne, seulement les actes... Car c’est le devoir de tout bouddhiste de condamner les actes mauvais... à condition que cette condamnation ne s’appuie pas sur une simple opinion personnelle mais sur une observation juste des faits. La misère est la misère, celui qui a faim est celui qui a faim, celui qui est tué est celui qui est tué...

Le bouddhiste engagé applique le juste principe : de chacun selon ses capacités à chacun selon ses besoins...

Il travaille à la vérité en toute chose.

On peut dire que de la manière dont les bouddhistes occidentaux s’engageront dans la société, dépend l’avenir du bouddhisme et de sa crédibilité...

Le don du Dhamma est le plus grand de tous les dons. Mais ce ne sont pas les préchi-préchas des uns ou des autres qui persuaderont les plus démunis que le bouddhisme a quelque chose à dire au monde d’aujourd’hui..

Le don du Dhamma c’est la compassion en action.


"En fait la souffrance, qui, certes, pouvait être souvent effrayante au temps du Bouddha, était pourtant plus simple à comprendre. L’interdépendance entre les phénomènes est devenue une chose très complexe... Si nous n’adaptons pas la sagesse bouddhiste à la compréhension de la réalité sociale et à la recherche d’une réponse aux questions qu’elle pose, alors le bouddhisme risque de n’être qu’une sorte d’échappatoire aux problèmes de ce monde, à l’usage des classes moyennes." (Sulak Sivaraksa)



La Non-Violence


La non-violence n’est pas inaction elle est active mais elle n’est pas à confondre avec l’œuvre charitable, (qui a sa valeur et qui est absolument nécessaire pour soulager la misère immédiate) la non-violence, elle, est action pour le changement social...

Il ne faut pas se méprendre sur la non violence de Gandhi ou de Martin Luther King... C’était avant tout une manière d’agir avec fermeté et détermination. Il serait déplorable de voir leur œuvre ainsi détournée de sons sens...



Ghandi



Le Mahatma Gandhi entame une campagne de désobéissance civile contre le pouvoir britannique d’Inde qui impose une taxe sur le sel. Accompagné d’une poignée de disciples, il commence une longue marche appelée « marche du sel ». Au cours de ses 350 km de route des villageois, des journalistes et des intellectuels se rallieront à sa cause. 24 jours après son départ Gandhi atteindra la mer où symboliquement il violera le monopole de l’Etat colonial en ramassant une poignée de sel. Le « père de la nation » indienne sera arrêté sur l’ordre du vice-roi le 5 mai.

30 janvier 1948

En chemin vers une réunion de prière, Gandhi est abattu près de Birla House, à New Delhi

« Amis et camarades, la lumière a quitté nos vies, l’obscurité est partout, et je ne sais pas trop quoi vous dire et comment vous le raconter. Notre dirigeant bien aimé, Bapu comme nous l’appelions, le père de la nation, n’est plus. Peut être ai-je tort de dire cela ; néanmoins, nous ne le verrons plus comme nous l’avons vu toutes ces années, nous ne pourrons plus lui demander conseil ou consolation, et c’est un coup terrible, pas seulement pour moi, mais pour des millions et des millions dans ce pays. » (Nehru)


Martin Lutther King :




« Lorsque King prit ouvertement position contre la guerre du Vietnam, le 4 avril 1967, un an jour pour jour avant son assassinat, l’opinion publique américaine était divisée. Il fut accusé aussi bien par des conservateurs que par des libéraux de naïveté, de stupidité et même de trahison. Beaucoup de ceux qui le soutenaient dans la lutte pour les droits civiques lui reprochèrent de se mêler de politique et de vouloir tout mélanger.

Ne l’oublions pas, Martin Luther King a eu de nombreux et puissants ennemis. Si le pouvoir politique l’a honoré dix-huit ans après sa mort, il ne l’a pas moins combattu vigoureusement pendant les treize ans que dura son action. Devant cette tentative de récupération, il est important de rappeler sans cesse que Martin Luther King fut sans doute le prophète de la non-violence, mais aussi le contestataire radical de la société américaine.

A la suite de Gandhi, Martin Luther King a montré la signification et la force que peut avoir l’action non-violente pour transformer la société. « A mesure que je vivais effectivement l’expérience de la lutte, écrira-t-il, la non-violence devenait plus qu’une méthode intellectuellement satisfaisante, elle devenait une manière de vivre. Beaucoup de problèmes qui me semblaient obscurs du point de vue de l’esprit me sont alors apparus résolus dans le cadre de l’action pratique ».

Pour King, comme pour Gandhi, l’action non-violente est devenue l’expression profonde de ses convictions philosophiques et religieuses. C’est par attachement à ces convictions qu’il dut aller jusqu’au bout de l’action, par delà ses angoisses, ses réticenses et ses peurs. Répondant aux flots de critiques qui lui disaient de s’en tenir à la lutte pour les droits civiques et de ne pas s’occuper, notamment, de la guerre du Vietnam, King répondit : « J’ai combattu trop longtemps et trop durement la ségrégation pour m’accomoder de la ségrégation dans mes jugements moraux...la justice est indivisible. Une injustice, où qu’elle soit, est une menace contre la justice partout » ( source ICI )





Le 4 avril 1968 Martin Lutther King est assassiné

« Pour King, l’injustice avait pour noms : discrimination raciale, racisme, mais aussi guerre du Vietnam, pauvreté, sous-développement. S’attaquant aux différentes formes de l’oppression, il se confrontait dès lors aux systèmes oppresseurs. King le paya de sa vie le 4 avril 1968. Le tireur fut peut-être seul, il était cependant loin d’être solitaire. Les balles de l’assassin n’ont pas seulement tué le leader non-violent mais aussi une période de l’histoire. Parmi toutes les grandes figures du combat pour l’égalité raciale, Martin Luther King est celui qui a su faire preuve de la plus grande lucidité politique. Se refusant à tout compromis avec les partisans du Pouvoir Noir aux revendications ségrégationnistes et séparatistes, Martin Luther King s’attacha cependant moins à dénoncer les violences de la révolte qu’à montrer qu’il existe une autre voie pour promouvoir la justice, la paix et la liberté » ( source ICI)


La Non-Violence n’est ni mièvre ni passive...



Le Pacifisme


Le vrai militant pacifiste n’est pas un avachi... Il ne faut pas confondre pacifisme et apathie.. Le pacifisme est une action politique, l’apathie est une maladie mentale...

"Dans les années 70, en France, le statut d’objecteur de conscience n’était accordé qu’au compte-goutte et encore assorti de pénalités.
L’article 11 de la loi de 1963 interdisait à quiconque de faire connaître cette loi sous peine de graves sanctions pénales. .
La loi n° 71-424 du 10 juin 1971, créant le Code du service national, prévoyait que la durée de leur service national ne serait pas prise en compte dans l’ancienneté de la fonction publique, pour leur avancement, et pour leur retraite. Cette discrimination spécifique perdure puisque la loi n° 83-605 du 8 juillet 1983, modifiant le Code du service national et relative notamment au nouveau statut des objecteurs de conscience, ne l’a supprimée que pour les seuls fonctionnaires ayant accompli leur service national à compter du 10 juillet 1983 (absence de rétroactivité). Cette discrimination envers les fonctionnaires a toutefois été corrigée par le Conseil d’Etat dans sa décision n° 278041 du 10 mai 2006 (rendue en cassation).
Nous avons soutenu quelques uns de nos camarades qui jeûnaient et qui étaient sur le point d’être arrêtés... Nous nous sommes enchainés devant la porte du local... la répression fut violente... comme je me trouvais en fin de ligne le cadenas de la chaîne a lâché... Alors trois « je ne sais qui » (des RG peut être) se sont mis à me taper dans les côtes à coup de pied et à me faire rouler de droite à gauche dans le caniveau, jusqu’au moment où ils m’ont dit « tire toi »... ce que j’ai fait.. J’étais morte de peur et je pleurais de rage et d’humiliation...
Les camarades sont allés en prison.. "

Les pacifistes sont ceux qui luttent contre la guerre la tyrannie et les tortures... Ils ne sont pas forcément non-violents, il existe des militaires, des hommes politiques, comme Aristide Briand, qui sont pacifistes





La désobéissance civile


Ce fut « l’arme » de Gandhi et de Martin Luther King :Il ne s’agit pas là d’une action caractérielle mais d’une manière de donner sa vie ... l’acceptation de la sanction étant le corollaire de cette action...

Gandhi proposait les règles suivantes dans sa lutte non-violente :

  • Un résistant civil ne doit pas avoir de colère.
  • Il supportera la colère de l’opposant, ainsi que ses attaques sans répondre. Il ne se soumettra pas, par peur d’une punition, à un ordre émis par la colère.
  • Si une personne d’autorité cherche à arrêter un résistant civil, il se soumettra volontairement à l’arrestation, et il ne résistera pas à la confiscation de ses biens.
  • Si un résistant civil a sous sa responsabilité des biens appartenant à d’autres, il refusera de les remettre, même au péril de sa vie. Mais il ne répondra pas à la violence.


« Il y a deux sortes de lois, affirmait Martin Luther King : les lois justes et les injustes. Je suis le premier à préconiser l’obéissance aux lois justes. C’est une responsabilité morale aussi bien que légale. Or, cette même responsabilité morale nous commande inversement de désobéir aux lois injustes. (...) Quiconque enfreint une loi injuste doit le faire ouvertement, avec ferveur, et la volonté d’en accepter les conséquences. Je soutiens qu’un homme qui refuse d’obéir à une loi lui paraissant injuste en son âme et conscience et qui se soumet de plein gré à la peine de prison afin d’en démontrer l’injustice à ses concitoyens, exprime en agissant ainsi son très grand respect pour la loi. » (Martin Luther King)



Conclusion


Comme nous pouvons le voir, il ne s’agit pas là de notions que l’on peut triturer dans tous les sens... On ne peut pas jouer avec des mots pour lesquels des hommes ont donné leur vie... Le Bouddhisme engagé, la non-violence, le pacifisme ne sont pas des amusements pour des bouddhistes ayant du vague à l’âme...

Le Bouddhisme c’est la pratique du don... Une offrande qui n’est pas celle des fleurs ou de l’encens, mais de nous même...

Bien sur, on n’est pas obligé d’être un bouddhiste engagé, et l’engagement peut être à la mesure de nos moyens et des circonstances, il peut être important ou modeste... l’important c’est que la justice et le respect de tous, surtout des plus démunis soient notre souci.


« Un bodhisatta doit être quelqu’un qui peut se révolter contre le malheur des autres tout en résistant mentalement et physique ment à toutes sortes de problèmes personnels, dans le cycle des événements. » ( lire ICI )


Le bouddhisme, en effet, ressemble à de l’eau tiède si l’on se limite à le considérer comme l’exposé d’une philosophie ou d’une religion. Il devient en revanche un formidable terrain d’aventure, dès qu’on en fait une pratique, contrôlée par la méditation, l’étude et la transmission. N’en est-il pas de même de la paix et de la non-violence ? Jean-Paul Ribes



Lire aussi : Birmanie, la peur est-elle contagieuse : ICI

jeudi 15 novembre 2007

Deux marches pour la Birmanie à Paris









Plan de ce message:


1) Deux Marches pour la Birmanie à Paris (Mise à jour au 23/11)

2) Articles et reportages (suite): (Mise à jour au 19/11)




1) Marches à Paris :

-Il y a la marche de 18h, organisée par le Comité de soutien à la Birmanie.

- Mais il y a aussi un marche organisée par SOS Birmanie:



La Marche de SOS BIRMANIE :


Acte 1 Scène 1




SOS Birmanie organise une marche silencieuse samedi 17 novembre 2007 qui débutera à 15h sous la Tour Eiffel.

Cette marche a pour but de faire écho aux récentes marches de révolte de la population birmane de septembre 2007 et de dénoncer la brutale répression de la junte militaire qui a suivi. Il s’agit de se mobiliser pour montrer que nous n’oublions pas leur courage, leur sacrifice et que nous souhaitons la libération de tous les birmans arrêtés lors de ces événements.

Pour donner une dimension à la fois visuelle et symbolique à cette mobilisation, nous souhaitons que les participants viennent avec un morceau de tissu blanc (type drap) qui servira à se couvrir le corps , soulignant ainsi le caractère pacifique des marches que les moines et la population birmane ont menées. http://www.raidh.org/Marche-silencieuse-pour-la.html


SOS BIRMANIE présente sa marche :

Elle prendra la forme d'une performance artistique théâtralisée à caractère politique




Voir le blog de SOS BIRMANIE qui s'explique à propos de cette marche : ICI




Prenons l'exemple des "Moustaches brother" en Birmanie: des comiques qui utilisent l'art pour délivrer un message politique clair. L'un des deux frères a été emprisonné par la junte durant des années, pour avoir contesté le régime.



- En savoir plus sur les Moustaches brother :
Pour Rendre hommage à leur Courage et leur détermination : lire ICI










Rappelons que La junte, condamne tous ceux qui osent contester son régime, sans exception:


Selon le site irrawaddy, deux moines birmans, U Nyanithara et U Kawvida, connus et respectés pour leur « dhamma talk » ( =enseignement du dhamma) ont été banni par la junte.

Leurs Cassetts et DVD étaient vendus à Rangoon, mais maintenant ce n’est plus possible de les acheter légalement.

Les cassettes continuent quand même de circuler.

Les deux moines parlent de démocratie en Birmanie dans leur dhamma talk. Les discours de ces deux moines sur le dhamma et la démocratie sont très populaires en Birmanie.



U Nyanithara




Rappel : pour ceux qui n'auraient pas encore lu cet article: (déjà cité)

Birmanie : des bonzes en politique: le lire ICI


Arrêtons de jouer sur les mots et appelons un chat un chat: Contester et dénoncer les actes commis par la junte c'est déjà un acte "Politique" et il n'y a rien de péjoratif.





Les termes de "politique"; "Bouddhisme engagé" mais aussi: "Non-Violence'" et "Pacifisme" sont trop souvent mal compris.

Une position qui a le mérite d'être claire : "Bouddhisme engagé, Non-Violence, Pacifisme": ICI






2) Articles et Reportages (suite)


  • Un ministre de la junte rencontre Aung San Suu Kyi, l'UE officialise ses sanctions

La dirigeante de l'opposition birmane, Mme Aung San Suu Kyi, s'est entretenue lundi, pour la troisième fois en moins d'un mois, avec un ministre nommé par la junte pour nouer des relations avec elle, a annoncé un responsable gouvernemental.

Cette rencontre a coïncidé avec l'ouverture du sommet annuel des pays de l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (Asean), dont la Birmanie est membre.

L'UE a par ailleurs adopté formellement lundi de nouvelles sanctions contre la Birmanie, incluant un embargo sur le bois et les métaux birmans, et a souligné continuer à réfléchir à un renforcement supplémentaire de ces sanctions.

Ces mesures entrent en application dès ce lundi, a indiqué une source européenne.

Les nouvelles sanctions, sur lesquelles les 27 ministres des Affaires étrangères de l'UE s'étaient mis d'accord en octobre, "visent les sources de revenus du régime, notamment dans les secteurs où les violations des droits de l'Homme sont communes", selon le texte adopté lundi.

Source : courrierinternational

  • Le sommet de l'Asean s'ouvre à Singapour avec la Birmanie en ligne de mire

Le sommet de l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (Asean) s'est ouvert lundi à Singapour où la Birmanie, son partenaire le plus controversé, ne manquera pas d'empoisonner les travaux de l'instance asiatique qui fête ses 40 ans.
Les pays de l'Asean ont annulé lundi un compte-rendu de l'émissaire de l'ONU en Birmanie, Ibrahim Gambari, en raison des objections de la junte, a affirmé le chef de la diplomatie malaisienne.
"Le briefing est annulé, la Birmanie estime qu'elle traite directement avec les Nations unies et que cela relève de ses affaires intérieures", a déclaré à l'AFP Syed Hamid Albar.
"Ce soir, la Birmanie a émis une objection, or nous prenons nos décisions sur la base du consensus", a-t-il ajouté
Lire la suite ICI



Le 16 novembre

  • 53 détenus, dont 6 opposants, libérés en Birmanie après la visite de Paulo Sergio Pinheiro

Le régime militaire birman a libéré 53 détenus, dont six opposants politiques, après une visite du rapporteur spécial de l'ONU sur les droits de l'Homme en Birmanie, le Brésilien Paulo Sergio Pinheiro, a indiqué aujourd'hui un avocat.
Ces détenus ont été libérés hier soir juste après la fin d'une visite de la prison d'Insein par M. Pinheiro, a précisé Aung Thein, avocat de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), principal parti d'opposition dirigé par Mme Aung San Suu Kyi.

"Au total, 52 hommes et une femme ont été libérés. La plupart étaient des délinquants et il n'y avait que six détenus politiques", a-t-il dit .
Cinq prisonniers étaient membres de la LND et le sixième était un étudiant, a ajouté l'avocat.
M. Pinheiro a visité la prison tristement célèbre d'Insein, au nord de Rangoun, à deux reprises pendant sa mission de cinq jours qui s'est achevée jeudi. Il a pu rencontrer certains détenus politiques. ( AFP)



  • Le canada va renforcer ses sanctions à l'encontre de la Birmanie
Peu de régimes dans le monde sont autant répressifs et déstabilisants que le régime militaire de la Birmanie. Pendant des décennies, le gouvernement birman a commis des actes de répression violents à l’endroit de son propre peuple tout en entraînant le pays dans la pauvreté et le désespoir. La brutalité exercée par le régime birman menace la paix et la sécurité sur tout le territoire et mine la liberté, la démocratie, les droits de la personne et la primauté du droit.

Le Canada s’oppose depuis longtemps à la violente répression qui sévit en Birmanie. Plus tôt cette année, le Canada a manifesté son amitié et son appui envers le peuple birman en accordant la citoyenneté d'honneur du Canada au leader emprisonné du mouvement pour la démocratie en Birmanie Aung San Suu Kyi.

Alors que la situation continue de se détériorer, le gouvernement Harper se porte maintenant à la défense des libertés et des droits de la personne dans ce pays en imposant de nouvelles sanctions musclées contre ses dirigeants militaires illégitimes.

Hier, le ministre des Affaires étrangères Maxime Bernier a annoncé la mise en place de nouvelles mesures rigides qui interdiraient toutes les exportations, les importations, les opérations financières, les investissements ou les livraisons de nature non humanitaire entre la Canada et la Birmanie. Grâce à ces mesures, le Canada sera désormais en mesure d’imposer les sanctions les plus musclées au monde à l’endroit de la Birmanie.

Le régime birman est dépourvu de légitimité et rien ne laisse présager que ses dirigeants veuillent se racheter de leurs actes. L’imposition de ces sanctions, qui sont les plus rigoureuses au monde, est la bonne chose à faire. Le gouvernement de Stephen Harper invite les autres pays à suivre ses traces et à manifester leur appui au peuple oppressé de la Birmanie par l’entremise d’actions concrètes.
source : ICI

  • l'enquêteur de l'ONU déclare avoir déterminé le nombre de victimes de la répression de septembre

Le représentant de l'ONU chargé d'enquêter sur des violations des droits de l'homme en Birmanie a déclaré que sa mission de cinq jours dans ce pays lui a permis de déterminer le nombre de morts et de personnes détenues après la sanglante répression de septembre sur les manifestants pro-démocratie.

Paulo Sergio Pinheiro a précisé qu'il rendrait ces chiffres publics dans deux semaines après avoir écrit son rapport et présenté ses conclusions aux Nations unies. Il s'exprimait devant des journalistes à Bangkok où il est arrivé en provenance de Birmanie.

La junte militaire avait fait état d'un bilan de 10 morts quand les soldats ont ouvert le feu sur des manifestants pacifiques. Mais diplomates et dissidents affirment que ce bilan était beaucoup plus lourd. AP
source : nouvelobs

Remarques:
Et bien je me demande comment en si peu de temps il a pu connaitre le nombre réel de morts?
Pensez vous que la junte l'a emmené dans la jungle, là où des corps auraient été jetés? pensez vous que la junte lui a montré les cendres des corps qu'elle aurait incinérè ?
J'avoue être très septique sur la possibilité pour l'enquêteur de l'ONU, en seulement 5 jours, en sachant que de nombreux corps ont dû être cachés, de déterminer le nombre réel de victimes.
Premier exemple : est ce que U Thilavantha, supérieur adjoint du monastère de Myitkyina; arrêté et torturé; mort des suites de ses blessures, sera compté dans les victimes? souvenez vous, la junte a prétendu qu'il était mort d'une crise cardiaque?
Comment expliquer t'l le fait que de nombreux monastères sont toujours quasiment vides?

On attend avec impatience son rapport !



  • Birmanie, La peur est-elle contagieuse: ICI
Un article sur la peur de s'engager des Bouddhistes :


  • Des militants continuent d'être arrêté durant la visite du rapporteur de l'ONU

Hier, on apprenait que U Gambari, le leader de "All Burma Sangha Coalition" avait été arrêté J'en parle ICI
Depuis, les arrestations continuent :
La junte au pouvoir en Birmanie a fait arrêter hier trois jeunes militants qui distribuaient des tracts antigouvernementaux à Rangoon, au moment où le rapporteur de l'ONU pour les droits de la personne, Sergio Paulo Pinheiro, était en visite dans le pays.
Pinheiro a visité la prison d'Insein de Rangoon et d'autres centres où ont été interrogés des manifestants depuis septembre, mais il attend toujours l'autorisation d'interroger des détenus avant de repartir.
Selon les médias officiels, seules 91 des quelque 3000 personnes arrêtées ont été relâchées après interrogatoire.


De toute évidence, la junte ne s'embarrasse vraiment pas de la présence du rapporteur de l'ONU.
Quant aux 3000 personnes arrêtées, la junte prétend les avoir presque toutes relachés ce qui est impossible qui la plus part des monastères restent vident.
Et si ces personnes n'ont pas été relâchées, mais qu'elles ne sont pas non plus en détention, cela pourrait conforter la thèse des incinérations de morts et de blessés

mercredi 14 novembre 2007

Pleure Birmanie Chérie : Arrestation de U Gambira, leader de "All Burma Sangha Coalition"


Que les gouvernants soient justes;
Que les accablés soient consolés ;
Que les effrayés soient rassurés;
Que les affligés soient réconfortés;
Que tous les êtres soient heureux.




- A la fin de ce message: la suite de la rubrique "Articles et Reportages" : mise à jour au 15 novembre-




U Gambari: L'auteur de "Cry, my beloved country": "Pleure Birmanie chérie, pleure mon pays bien aimé", a été arrêté!

"En tant que bonzes, dans le cadre de nos vœux, nous estimons de notre devoir de soulager la souffrance, où que nous la voyions. Nous ne pouvions fermer les yeux sur la misère de notre peuple. Quand nous avons constaté que les bonzes étaient unis, nous avons formé la Sangha Coalition" (U Gambira)

Ce moine étant considéré comme un traitre par la junte, la sanction pour lui risque d'être la prison à vie ou la peine de mort ! ne l'oublions pas.



Le 1er novembre, dans mon message intitulé "Birmanie pas à pas" j'ai publié un commentaire sur la situation en Birmanie, fait par U Gambira intitulé : "Pleure Birmanie chérie; pleure mon pays bien aimé" (commentaire reproduit en entier ci après)

U Gambira, pseudo utilisé par l’un des moines qui a dirigé les marches dans les rues de Rangoon, lançait alors de Birmanie, dans ce commentaire, un appel à la communauté internationale.
En tant que leader de "All Burma Sangha Coalition" (
leader de l’Alliance de tous les moines bouddhistes de Birmanie), il était obligé de se cacher pour ne pas être arrêté!

J'avais trouvé ce commentaire tellement important, que je l'avais également publié sur le site Karuna : ICI



Or, c'est avec grande tristesse, que j'ai appris ce mercredi matin, son arrestation:

La junte militaire en Birmanie a arrêté un moine bouddhiste qui a joué un rôle clef dans le puissant mouvement de protestation du mois de septembre

U Gambira (pseudo) a été arrêté le 4 novembre "Il était un dirigeant des moines", a confirmé Aung Kyaw Oo, qui travaille pour l'Association d'assistance aux prisonniers politiques birmans (AAPP) basée en Thaïlande. "Nous ne sommes pas en mesure de dire exactement (où il se trouve) mais je pense qu'il doit être maintenant dans un centre d'interrogatoire", a ajouté Aung Kyaw Oo.
Le magazine "Irrawaddy", dirigé par des dissidents birmans en exil, a indiqué sur son site web que U Gambira était un leader de l'Alliance de tous les moines bouddhistes de Birmanie, et qu'il avait été appréhendé après avoir passé environ un mois dans la clandestinité
source: irrawaddy

Malheureusement, il s'agit bien du "leader de l’Alliance de tous les moines bouddhistes de Birmanie" U gambira, dont j'avais publié le commentaire.


Information en anglais:
Three Burmese dissidents, including civil rights champion Su Su Nway, were arrested in Rangoon on Tuesday morning, according to reliable sources. Two activist monks who took part in the September demonstrations were also arrested by authorities earlier this month.
Brazilian Paulo Sergio Pinheiro, the United Nations human rights envoy to Burma.
The two monks included U Gambira, leader of the Alliance of All Burma Buddhist Monks, which played a significant role in the September demonstrations. He had been in hiding since the demonstrations were violently suppressed by the authorities. Members of his family were then arrested for maintaining contact with him. ( lire la suite: cptc2.blogspot)




Vu l'importance de cette information, encore très peu relayée à ce jour, je l'ai publié sous forme d'une brève, sur le site Karuna

U gambari n'est pas le seul à avoir été arrêté ces jours ci, ainsi la junte continue ses arrestations d'opposants au régime, alors même que L'émissaire des Nations Unies pour les droits de l'homme arrivait en Birmanie...
Cela n'est vraiment pas rassurant pour l'avenir.





Pour rappel, voici l'intégralité des propos récents de U gambira, sur la situation en Birmanie, à lire ou à relire:


Pleure, Birmanie chérie ! Pleure mon pays bien-aimé....

Par U GAMBIRA et Ashin NAYAKA

Depuis l’introduction du bouddhisme dans notre pays il y a plus de 1 000 ans, les bonzes constituent l’un des principaux visages de la Birmanie.

L’éthique du bouddhisme theravada interdit à un bonze de s’engager politiquement ou d’occuper un poste politique.
Mais en Birmanie aujourd’hui, alors que les bonzes remettent en question l’hégémonie de la junte militaire, cette philosophie spirituelle qui s’enracine dans la compassion et la non-violence a fini par acquérir une certaine dimension de défi et de réticence à l’égard du pouvoir.

Nous sommes tous deux bonzes : l’un de nous est universitaire, il enseigne aux USA, et l’autre dirige l’All Burma Sangha Coalition à l’origine des récentes manifestations. Ce dernier se cache, parce que le gouvernement militaire birman a répondu aux manifestations pacifiques de nos frères bouddhistes par la violence et la brutalité.

Beaucoup de bonzes et de nonnes ont été victimes de cette violence et les milliers de personnes qui ont été arrêtées continuent à la subir. Plus de mille personnes ont disparu, beaucoup d’entre elles sont probablement décédées.

Il y a quelques semaines, les bonzes de Birmanie ont commencé à manifester, à prier et à répandre une forme de bienveillance dans une tentative de résolution pacifique des problèmes de notre pays.

La Birmanie est riche en ressources naturelles, mais la population est misérable. Elle a été touchée de plein fouet et son désespoir a atteint un abîme lorsque le gouvernement a augmenté brutalement et arbitrairement le prix de l’essence, multiplié par cinq du jour au lendemain.

En tant que bonzes, dans le cadre de nos vœux, nous estimons de notre devoir de soulager la souffrance, où que nous la voyions. Nous ne pouvions fermer les yeux sur la misère de notre peuple. Quand nous avons constaté que les bonzes étaient unis, nous avons formé la Sangha Coalition.

Ceux d’entre nous qui étudient ou enseignent actuellement à l’étranger sont également unis et soutiennent ceux qui se trouvent en Birmanie. Mais ce ne sont pas seulement les bonzes qui sont unis. Car lorsque nous avons commencé à manifester pacifiquement en faveur du changement, les étudiants, les jeunes, les intellectuels et les citoyens ordinaires se sont joints à nous sous la pluie.

Nous pensions que certains des généraux, peut-être même tous – ils sont eux-mêmes bouddhistes – qui contrôlent le pays auraient été un tant soit peu à notre écoute pour tenter de remédier aux nombreux maux qui affligent la Birmanie.

Au début, nous avons montré notre désapprobation à l’égard du régime militaire en refusant de recevoir leurs dons. Nous avons porté en position renversée les bols dans lesquels nous recevons les dons de nourriture, ceci pour traduire nos sentiments.

Nous n’avons pas perdu notre bienveillance à l’égard des simples soldats ni même à l’égard des chefs qui leur ont donné l’ordre de brutaliser leur propre population, mais nous voulions les appeler à changer alors qu’il était encore temps.

Nous savons qu’au sein de l’armée et dans des organisations proches du régime, certains étaient réticents à employer la violence contre les bonzes. Nous disons à ceux qui exercent des violences contre leurs compatriotes d’arrêter et de se demander si leurs actes sont en accord avec le dharma (l’enseignement du bouddhisme) et s’ils agissent pour le bien de la population birmane.

Des soldats qui avaient reçu l’ordre d’utiliser la violence contre nous et de nous empêcher de marcher ont refusé, car ils avaient compris ce que nous faisions.

Pour sauvegarder l’unité du pays, nous espérions ouvrir une voie de sortie aux dirigeants militaires, le moyen d’entamer un véritable dialogue avec les véritables dirigeants du peuple et les dirigeants des différents groupes ethniques. Mais cet espoir a été de courte durée. Le régime pourchasse maintenant ceux qui ont participé aux manifestations et commet des actes d’une violence indicible. Ils ont assiégé les monastères et arrêté des bonzes et des nonnes. Policiers et soldats sont partout, dans les rues, autour des pagodes et dans les quartiers résidentiels.

Des manifestants blessés auraient été enterrés vivants dans des charniers et des informations fiables font état de cadavres dans les eaux à proximité de Rangoun.

Tandis que le régime brutalise le peuple birman, il ment au reste du monde.
Le général de brigade Kyaw Hsan, un représentant des militaires, a récemment déclaré à l’envoyé spécial de l’ONU, Ibrahim Gambari, que les manifestants étaient de « faux bonzes ».
Mais nous sommes de vrais bonzes, et des milliers d’entre nous – à Rangoun, Mandalay, Pegu, Arakan, Magwe et Sagaing – ont manifesté en faveur de la paix.

On a dit que le soulèvement de Birmanie était terminé. La junte veut que l’opinion publique internationale croit qu’il en est ainsi. Mais nous pensons que ces manifestations constituent le début de la fin du régime dans notre pays.

Les généraux qui ont ordonné la répression ne s’en prennent pas seulement au peuple birman, mais aussi à leur propre cœur, à leur propre âme et à leurs valeurs spirituelles. Les bonzes sont les gardiens du dharma. En s’en prenant à eux, les généraux s’en prennent au bouddhisme lui-même.

Nous savons que la communauté internationale essaye de nous aider, mais cette aide doit être plus efficace. Nous remercions les nombreuses personnes et organisations à l’étranger qui nous aident à regagner nos droits bafoués depuis plus de 40 ans. Nous appelons aussi la communauté internationale à un soutien plus concret et plus vigoureux. Le régime militaire fera tout ce qu’il pourra pour rester au pouvoir, aussi sa violence doit-elle être exposée au monde. Ils peuvent bien contrôler la rue et les monastères, ils ne pourront jamais se rendre maîtres de nos cœurs ou étouffer notre détermination.

Par U GAMBIRA (pseudo utilisé par le dirigeant de l’All Burma Sangha Coalition) et Ashin NAYAKA (fondateur de la Société missionnaire bouddhiste)
Pour l'Orient LE JOUR








En espérant que U gambira ne sera pas tortuté, comme l'ont été de nombreux moines.


De toute évidence je ne suis pas la seule à avoir peur pour la santé de U Gambira: Je viens de lire sur le site irrawaddy:

"I am very worried about U Gambira,'' Bo Kyi, the head of the association said in an e-mail to The Associated Press."I fear he will be tortured.''


Regarder de très belles photos : ICI



Pour rappel:

U Thilavantha, supérieur adjoint du monastère de Myitkyina;
arrêté et torturé; mort des suites de ses blessures.



Liste des morts (répertoriés à ce jour) des disparus, des prisonniers.. : ICI



Articles et Reportages (suite)


15 novembre

  • En Birmanie, la responsabilité de Total est entière
Depuis la réception à l’Elysée du Premier ministre du gouvernement birman en exil, le 26 septembre, la direction de Total se répand dans les medias pour y asséner "ses" vérités, qui sont parfois fort éloignées de la réalité.

Mieux, ou pire, Christophe de Margerie, patron de Total, a réitéré, le 16 octobre devant les membres de la Commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale, les mêmes contre-vérités qu’il avait infligées aux lecteurs du Monde le 6 octobre précédent.

M. de Margerie répète qu’en cas de retrait de Birmanie, Total serait immédiatement remplacé par des compagnies chinoises, indiennes, sud-coréennes ou japonaises. Il s’avère que la réalité est autre.

En effet, depuis que le pétrolier américain Chevron a racheté en 2005 Unocal, le partenaire historique de Total dans le projet Yadana, les Américains cherchent à se retirer du guêpier birman et n’y parviennent pas. Pour une raison soigneusement occultée par les porte-parole de Total. D’abord, si Chinois, Indiens, etc sont avides de gaz birman, c’est pour approvisionner leurs propres marchés fortement demandeurs d’énergie. Or, le gisement de Yadana ne peut qu’approvisionner que la seule Thailande, par le gazoduc existant.

D’autre part, le contrat liant Total, Unocal et le thailandais PTT à la Moge, l’émanation pétrolière de la junte birmane, prévoit des clauses de sortie du consortium assez léonines, si aucun des partenaires ne souhaite reprendre la part du partant, ce qui est le cas. En fait, un départ de Total de Birmanie coûterait cher et cela, le pétrolier le refuse(...)
Lire cet article de rue89 en entier : ICI


14 novembre:

  • Situation toujours tendue en Birmanie:
En Birmanie, six semaines après la violente répression de manifestations, la junte militaire contrôle la situation. C’est ce qu’affirme un vice-ministre birman de la Défense. De son côté, le rapporteur spécial de l’ONU sur les droits de l’homme Paulo Sergio Pinheiro se plaint de ne pas pouvoir parler aux interlocuteurs non gouvernementaux, tandis que l’envoyé spécial des Nations-Unies Ibrahim Gambari a remis au Conseil de sécurité un rapport mitigé.

La junte birmane n’acceptera aucune ingérence étrangère, dangereuse pour la souveraineté du pays. C'est le message clair qu'un des vice-ministres birmans de la Défense a adressé aux pays voisins mais aussi aux Nations-Unies, et notamment à leurs représentants. Paulo Sergio Pinheiro achève demain sa mission sur place, la première depuis 2003, et il s’est plaint de ne pas pouvoir rencontrer des interlocuteurs non officiels, des détenus par exemple. Le rapporteur spécial de l’ONU sur les droits de l’homme a par ailleurs fait part de sa préoccupation après l’arrestation de trois jeunes militants qui distribuaient des tracts antigouvernementaux, un jour après celle de la militante Su Su Nway, entrée dans la clandestinité après la répression des manifestations en septembre. Selon des médias dissidents, un des moines qui a dirigé ces mouvements de protestation a également été arrêté aujourd’hui. (Il s'agit de U gambari)

Ces informations contredisent une partie du rapport qu’Ibrahim Gambari a remis au Conseil de sécurité, et dans lequel il fait état de résultats positifs.
source : ICI


  • Bouddhisme engagé; Non-Violence; Pacifisme (un article de Tinh Ý pour Karuna)
sommaire de cet article:
Bouddhisme engagé
La Non-Violence
Ghandi
Martin Lutther King
Le Pacifisme
La désobéissance civile
Conclusion

Lire cet article : ICI

dimanche 11 novembre 2007

Birmanie; ne pas devenir un "sot au bon cœur"


Mise à jour au 13 novembre





Sur celui qui offense un homme inoffensif, pur et innocent, sur ce vrai fou, le mal retombe comme une fine poussière jetée contre le vent. Le Bouddha



«La compassion n'implique pas de se borner à essayer d'être bon. Quand on se trouve dans une relation agressive, il faut établir des limites précises. La meilleure chose qu'on puisse faire pour toutes les parties concernées est de savoir quand dire "ça suffit". Beaucoup de gens se servent des idéaux bouddhistes pour justifier l'auto-avilissement. Sous prétexte de ne pas refermer son cœur, on se laisse piétiner par les gens. Il est dit que pour ne pas avoir à rompre son vœu de compassion, on doit apprendre à arréter l'agression et à fixer une limite. Il y a des moments où la seule manière de faire tomber les barrières est de tracer des frontières». Pema Chödrön,




Plan de ce message : Vous trouverez ci après:

1) Réflexions sur le "Bouddhisme engagé"
2) Articles et reportages (suite):

  • Le Conseil de sécurité de l'ONU exhorte la junte à faire davantage.
le 13 novembre
  • Des moines racontent (mort en détention)
Le 12 novembre :
  • Une vidéo sur l'armée en Birmanie
Le 11 novembre :
  • Birmanie, entre répression et espoir : Deux reportages à regarder
  • L'émissaire des Nations unies pour les droits de l'homme arrive en Birmanie





L’apparition d’un bouddhisme engagé est un développement salutaire (Ken Knabb)




(...)Certains dénoncent haut et fort. Tant mieux. Ils ont l’énergie pour cela.
D’autres vont suivre l’enseignement du Bouddha(...)


Mais on peut "dénoncer haut et fort" une injustice tout en suivant l'enseignement du Bouddha, les deux ne sont pas contradictoires.
Dénoncer un injustice "haut et fort" sans véhiculer un message de haine, ne viole pas les préceptes bouddhistes.

Mais parler ne suffit pas, il faut aussi AGIR; agir de manière juste et sereine, ce qui n'est pas toujours facile.
Mais en même temps, Ecrire c'est comme Parler et en parlant on peut dénoncer et DENONCER des injustices, c'est déjà AGIR...



Ce qu’enseigne le Bouddha, c’est la voie du milieu : apprendre à découvrir l’équilibre, l’harmonie qui nous rapproche du Dhamma. La voie du milieu consiste à éviter en toutes circonstances de se figer dans les extrêmes. (Ajahn Chah)



..Que mes proches soient heureux. Que la pluie tombe en saison ! Que les récoltes soient abondantes ! Que la prospérité se répande ! Que les gouvernants soient justes ! Que les accablés soient consolés ! Que les effrayés soient rassurés ! Que les affligés soient réconfortés ! Que tous les êtres soient heureux !


"..Une des gloires de la démocratie, c’est qu’elle donne au peuple le droit de protester. Nous le ferons, mais sans violence ni haine. L’amour du prochain sera notre règle.." Martin Luther King




Pour rappel, de nombreux moines , dont certains sont mondialement connus, ont dénoncé haut et fort, la situation en Birmanie: Faire une déclaration de soutien du peuple Birman en sachant qu'elle sera transmise dans le Monde entier, c'est cela "dénoncer haut et fort" : Le dalaï Lama lui même a dénoncé l'horreur, mais aussi Ajahn Sumedho ( voir sa déclaration dans mon message précédant), Thich Nhât Hanh, Matthieu Ricard et bien d'autres, connus ou moins connus. ( leurs soutiens dans "Un moine peut-il manifester")

Même l'Union Bouddhiste de France a, dénoncé, au tout début, ce qui se passait en Birmanie. C'est vrai qu'aujourd'hui on ne l'entend plus, mais c'est son choix.

Plusieurs sites bouddhistes n'ont pas hésité à parler de la Birmanie dés le début :

De même, "dénoncer haut et fort" cela ne veut pas dire qu'on ne se contrôle pas, du moment qu'on ne profère pas de message de haine.

Lorsque l'on dénonce une injustice on le fait pour les victimes de cette injustice pas pour soi même.


Savoir dénoncer une situation, tout en ne proférant aucun message de haine c'est cela le Bouddhisme engagé !



1) Réflexions sur le Bouddhisme engagé



Dans un excellent article du Monde : "Un courant engagé, en rupture avec une tradition de soumission", Henri Tincq écrit :

(...)les moines birmans participent de fait au "bouddhisme engagé", ce mouvement panbouddhique, non issu d'une école particulière, diffus et peu structuré, né du contact avec la modernité occidentale et l'histoire de ses luttes révolutionnaires.

Le bouddhisme engagé renouvelle l'approche bouddhiste de la compassion. Il considère comme légitime l'opposition aux structures politiques en place pour restaurer un idéal de société juste. Il ne remet pas en cause les notions clés de respect, de non-violence, de compassion, mais se refuse à faire de la souffrance l'état de la seule conscience personnelle. Il existe une souffrance liée aux inégalités sociales, aux crises économiques, à l'oppression politique.

Le bouddhisme engagé représente une rupture radicale avec l'histoire du bouddhisme faite de subordination et de collusion avec les pouvoirs politiques, jusqu'aux plus despotiques : des petits monarques locaux aux colonisateurs et aux régimes marxistes. Pour Eric Rommeluère, spécialiste du bouddhisme, le bouddhisme engagé représente "la prise de conscience d'une dimension politique autre que celle qui a toujours existé chez les bouddhistes, celle d'une entente tacite avec les pouvoirs en place : "Je vous protège ; vous me soute nez"" .

Cette prise de conscience n'est, bien sûr, pas la même dans tous les pays bouddhistes, mais pour beaucoup d'observateurs, le bouddhisme engagé est en passe de devenir la principale composante du bouddhisme moderne.

Lire cet article en entier dans :"Birmanie ou le retour du Bouddhisme engagé"



Malheureusement, il semble aujourd'hui que cette "rupture avec une tradition de soumission" dont parle l'auteur, ne soit pas aussi importante qu'on pouvait le penser.



Il y a aujourd’hui des approches différentes du bouddhisme engagé, certaines étant plus « frileuses » que d’autres.

Dans le bouddhisme engagé, les mots utilisés ont une grande importance et, à force de vouloir plaire à tout le monde ou ne choquer personne, ce qui revient au même, le bouddhisme engagé est vidé de sa substance : l’engagement réel sans peur, sans attachement, sans langue de bois.. La voie du milieu c’est aussi cela.



Le Bouddha n’a jamais eu peur de déplaire, il n’a jamais eu peur de ce que pouvait penser les autres de son enseignement. Il a enseigné le dhamma durant 40 ans avec courage et détermination. Le premier bouddhiste engagé n’était-il pas le Bouddha lui même ?

« Si le Bouddha revenait aujourd’hui, je ne crois pas qu’on lui offrirait des fleurs et de l’encens, qu’on l’honorerait avec des lumières, je crois qu’on lui dirait simplement qu’il n’est pas un bon bouddhiste... » (la peur est-elle contagieuse)



Il faut nous interroger sur ce qu’est réellement le bouddhisme engagé, ses différentes approches et son évolution.

Pour en parler, le site Karuna vient d'ouvrir
un forum pour permettre une discussion sur le bouddhisme engagé : ICI

"Pour les occidentaux le bouddhisme engagé n’en est qu’à ses balbutiements... Un échange s’avère necessaire... c’est pourquoi en plus des échanges sur le site et les commentaires des articles nous avons ouvert un FORUM "





Même si nous ne devons pas éprouver de haine à l'encontre de la junte mais de la compassion, que cela ne nous empêche pas de dénoncer ouvertement ses crimes en employant les mots justes.

On ne peut pas mettre sur le même niveau, la souffrance de la junte et celle du peuple birman. Je veux dire que l'on ne peut pas employer les mêmes mots pour parler de la souffrance du peuple birman et celle de la junte...



Le Bouddha a dit ( dhammapada 125)

Sur celui qui offense un homme inoffensif, pur et innocent, sur ce vrai fou, le mal retombe comme une fine poussière jetée contre le vent.

Le Bouddha n'avait pas peur des mots.

Ainsi, les militaires au pouvoir risquent fort de voir le mal retomber sur eux comme une fine poussière jetée contre le vent....



Même si le bourreau souffre, la victime souffre davantage et surtout elle ne fait souffrir personne volontairement, rien que pour cela, elle mérite notre compassion (karuna) et notre metta, mais elle mérite aussi qu'on prenne des risques pour elle et la différence est de taille :

Eprouvons de la compassion pour ceux qui font souffrir volontairement le peuple birman, mais n'ayons pas peur d'aider le peuple qui souffre, sans avoir peur de REVENDIQUER la fin de cette dictature, sans haine ni colère.




C'est ainsi que: Nous ne pouvons pas accepter, comme le souligne Amnesty International, que la junte continue :

  • -de garder en détention quelque 700 prisonniers politiques, dont au moins 15 personnes condamnées à des peines d’emprisonnement allant jusqu’à neuf ans et demi.
  • -de Prendre en « otages » des membres de la famille et amis afin que les personnes recherchées se livrent aux autorités.
  • - de Tuer des gens en détention en les passant à tabac et en utilisant d'autres formes de torture.
  • -de Garder des personnes en détention dans des conditions déplorables, notamment le manque de nourriture, d’eau et d’installations sanitaires, ainsi que le placement des détenus dans des cellules initialement conçues pour servir de niches aux chiens.
  • - de Faire disparaître des moines et des laïcs : on ignore tout du sort réservé à au moins 72 personnes.
  • - d'être dans l'incapacité de s’expliquer sur le nombre de personnes tuées au cours de la répression.
  • - d’interdire aux ambulances de se rendre auprès des victimes dans les rues au cours des manifestations et de donner l'ordre aux cliniques privées de ne pas soigner les blessés.

Amnesty International demande aux autorités du Myanmar de livrer toutes les informations dont elles disposent sur les victimes et les personnes qui ont disparu. En outre, elles doivent fournir au rapporteur spécial la liste exhaustive de toutes les personnes détenues et condamnées depuis le début de la répression et lui permettre de se rendre sans restriction dans tous les lieux de détention et les crématoriums.


Cette demande ou revendication de Amnesty International peut aussi être celle des Bouddhistes.

Les démarches de "Amnesty international", de "Reporter sans frontières" et aussi de l'UNESCO sont finalement très proches de l'enseignement du Bouddha.


C'est d'ailleurs ce que souligne Michel Henri Dufour, lorsqu'il écrit :

Il est frappant de constater que, dans sa formulation, le préambule de l’Acte constitutif de l’UNESCO est parfaitement en accord avec l’Enseignement du Bouddha...

...Une paix fondée sur les seuls accords économiques et politiques des gouvernements ne saurait entraîner l’adhésion unanime, durable et sincère des peuples et, par conséquent, cette paix doit être établie sur le fondement de la solidarité intellectuelle et morale de l’humanité. » Equivalent dans l’Enseignement du Bouddha : la voie de la cessation de la souffrance passe par l’adoption d’une éthique solide et la culture dynamique de la sagesse en son propre esprit (méditation).



-DIRE que l'on souhaite la fin de la souffrance pour la junte comme pour le peuple Birman, c'est bien, mais ça ne suffit pas.


- DIRE qu'on éprouve de la compassion pour la junte comme pour le peuple Birman c'est bien, mais ça ne suffit pas.


D'ailleurs , la "souffrance" pour un bouddhiste, c'est la fin de la naissance et même de la renaissance, de la maladie et de la mort.

Donc ce n'est pas la fin de la souffrance qu'il faut revendiquer, mais la fin de la Dictature !


Sous prétexte que nous sommes "bouddhistes" nous ne devrions surtout pas critiquer ouvertement la junte et rappeler ce qu'elle à fait subir, en toute impunité, au peuple birman depuis des années?!

Sous prétexte que nous sommes "bouddhistes" nous ne devrions surtout pas revendiquer?!



Il y aurait alors d'un côté les vrais "bouddhistes", ceux qui ne parlent que de "compassion" et de "souffrance" et les autres ?!


Mais n'oublions pas qu'il n'y a pas que la compassion dans l'enseignement du Bouddha il y a aussi la sagesse (pana en pali)

Et comme le souligne si bien
Mr Aung Ko (Representative of the National Council of the Union of Burma in France), dans son discourt "Liberté de pensée liberté de religion":


Si on ne développe que la compassion, on risque d'être seulement un "sot au bon cœur"



Extraits du discours de Mr Aung Ko:

.. Je rejette absolument les clichés selon lesquels la religion pourrait impliquer nécessairement, intrinsèquement, inévitablement, des formes de soumission politique. Le combat politique et social non-violent trouve sa vigueur, en Birmanie, dans la force de l’amour non-violent et de la compassion. Il est absolument pacifique, mais essentiellement actif au nom de la vérité....

.. Pour qu’un homme ou qu’une femme soit parfait, selon l’enseignement du Bouddhisme, il ou elle doit développer conjointement et également deux qualités : la compassion Karuna, d’une part, et la sagesse Panna d’autre part..

La compassion englobe l’amour, la charité, la bonté, la tolérance ; toutes les nobles qualités de cœur qui sont le côté affectif. La sagesse, quant à elle, signifie le côté intellectuel, c’est-à-dire toutes les qualités de l’esprit. Si le côté affectif est développé, seul, tout en négligeant le côté intellectuel, on devient un sot au bon cœur. Si, au contraire, on développe exclusivement le côté intellectuel en négligeant l’affectif, on risque de devenir un intellectuel manquant de sentiment pour les autres. La perfection exige que ces deux côtés soient développés l’un tout autant que l’autre. C’est le but de la voie bouddhiste qui mène à l’absence de peur, d’impureté. Ce qui constitue la peur, l’impureté, c’est l’avidité, la haine, et l’illusion....

( lire ce discours magnifique en entier: ICI):




La revendication


Revendiquons avec courage, non pas la fin de la souffrance, mais la fin de la Dictature militaire pour le peuple Birman.

Dans ce message : je revendique sans en avoir honte, la liberté pour le peuple Birman et pour tous les êtres qui ne sont pas libres. Je revendique la fin du régime militaire en Birmanie, régime qui n’hésite pas à acheter des enfants pour les enrôler dans son armée.

Ce n'est pas parce qu'on revendique que l'on va faire du bouddhisme engagé "un nouvel étendard, créateur de souffrances et d’ignorance"


Celui qui créé la souffrance ce n'est pas celui qui revendique la fin de la souffrance mais bien celui qui commet des actes criminels, ne nous trompons pas de "victime".


Pour moi, une revendication n'est pas un acte "violent" ou "haineux".
Revendiquer doit être interprété, ici, comme une demande faites avec détermination et courage.



J'ai également publié ce message sous forme d'article sur le site Karuna


L’Association bouddhiste pour la paix

Sagesse et compassion Pour un changement social

L’Association bouddhiste de la paix, établie en 1978, se donne pour mission la poursuite d’un bouddhisme engagé. Notre but c’est d’aider tous les êtres à se libérer de la souffrance qui se manifeste dans les individus, dans les relations entre individus, dans les institutions et dans les systèmes sociaux. Les programmes, les publications, et les groupes de pratique bouddhiste de l’Association réunissent les leçons bouddhistes sur la sagesse et sur la compassion avec un engagement en faveur du changement social progressiste.

Notre pratique, qui rejoint la contemplation et l’engagement, s’inspire de notre intention de :

Reconnaître l’interdépendence de tous les êtres
S’affronter franchement et avec compassion à la souffrance

Apprécier l’importance de ne pas s’attacher aux opinions et aux resultats

Travailler avec des Bouddhistes de toute tradition

Lier la transformation personnelle à la transformation sociale Pratiquer la non-violence

Prendre des décisions avec la participation de tous

Protéger et élargir les droits humains

Soutenir l’égalité des sexes et des éthnies, et s’opposer à toute discrimination injuste

Promouvoir la justice économique et l’élimination de la pauvreté

Promouvoir un équilibre écologique durable



LIRE aussi cet article (que j'ai déjà cité dans mon message précédant) : les bonzes en politique: ICI

Extraits :

... Que la communauté bouddhiste (le Sangha) ait été l'un des éléments moteurs des manifestations contre la vie chère qui ont secoué la Birmanie en septembre dernier n'est pas surprenant. Dans un pays profondément imprégné de la doctrine du « Petit Véhicule », les religieux birmans, qui le plus souvent ne sont bonzes que pendant quelques mois ou années de leur vie, ont toujours constitué une élite religieuse vénérée par la population et crainte du pouvoir. Pour autant, l'ensemble du monde monastique n'a jamais été intégré dans une structure hiérarchique clairement définie. Ni uni dans son rapport au politique...

....Mais après quinze ans de retrait de la scène politique, le Sangha est brusquement redevenu porteur d'un élan de contestation à la faveur des manifestations des mois d'août et septembre 2007. Impulsé par les jeunes novices, tout aussi affectés par la hausse des prix que la population dont ils dépendent chaque jour pour leur aumône, ce mouvement aux motivations d'abord économiques et sociales a pris un tournant politique. Certains « vénérables » l'ont encouragé en laissant leurs jeunes élèves quitter le monastère, mais force est de constater que la majorité des établissements religieux s'est tenue à l'écart. En outre, le mouvement a été promptement maté par les autorités militaires, peu enclines à voir de nouveau se développer la seule force d'opposition plus populaire que l'Armée elle-même....

... La rapidité et la redoutable efficacité de la répression attestent des craintes du régime qui a ainsi tué dans l'œuf cette « vague safran ». De la façon dont réagira à moyen terme la population birmane, certes choquée par les violences à l'encontre des bonzes, mais surtout traumatisée par des années de dictature silencieuse et de plus en plus résignée face à l'impuissance de la communauté internationale, dépendra l'évolution d'une protestation encore inconcevable il y a quelques mois....


Un autre exemple d'action non violente active: revendiquer haut et fort l'abolition de la Peine de mort. Ce combat peut-être celui d'un bouddhiste engagé.

Le premier des préceptes dans le bouddhisme théravada (et dans le bouddhisme en général) est de s’abstenir de tuer et de nuire à toute créature, y compris les animaux, insectes…

La peine de mort va à l’encontre de ce précepte. On ne peut pas se dire « bouddhiste » et être pour la peine de mort.

On peut éprouver de la compassion pour un condamné à mort, de la même manière qu'on peut éprouver de la compassion pour le bourreau.
Mais on peut aussi choisir de se « battre » pour l’abolition de la peine de mort. Il s’agit alors de « compassion active »



En conclusions, je voudrais rappeler ce que les vénérables, AJahn Chah et Thich Nhât Han ont dit à propos de la méditation bouddhique :

"La méditation, c’est de parvenir à la pénétration, la compréhension et la compassion, et lorsque vous y parvenez, vous devez agir. Le Bouddha, après l’illumination, est sorti afin d’aider le peuple. La méditation ne signifie pas éviter la société ; elle signifie regarder au plus profond de soi afin de trouver une forme de pénétration nécessaire à l’action. Penser qu’elle ne consiste qu’à s’asseoir et profiter du calme et de la paix, est une erreur." (Thich Nhât Han)

"La méditation n’est pas séparée du reste de la vie. Toutes les situations offrent l’opportunité de pratiquer, d’accroître la sagesse et la compassion" (AJahn Chah)





La Non-Violence


Deux autres mots ont une grande importance pour les bouddhistes engagés : la NON VIOLENCE. Mais ici encore, certains bouddhistes peuvent se réfugier derrière ces mots pour rester passif.

Le site karuna lance un débat sur son "forum de discussion" sur ce sujet et évoque ce que l'on peut appeler: la Non-Violence active :

Il importe de ne pas laisser la Non violence être rendue inactive et trahir ainsi l’action et la pensée de Gandhi, de Martin Luther King et de tous les autres... Ni la pensée du Bouddha lui même... Une grande réflexion s’impose...

LIRE : Une non-violence de l’intérieur

La non-violence résulte d’une pratique...
...Une culture de la paix et de la non-violence ne se crée ni ne s’acquiert en un jour. Le bouddhisme, s’il a réussi, dans son ensemble, à maintenir les éléments d’une telle culture et à les régénérer périodiquement, a connu lui aussi ses échecs et ses faces obscures, ses régimes tyranniques, ses collabos, ses moines habiles à justifier des massacres.



L'UNESCO a lancé une opération : "Education pour la Non-violence"


Education pour la non violence

La non-violence, théorie et pratique rejetant l’agression et la violence, vise à la résolution des conflits et à la réalisation d’objectifs communs d’une façon constructive.

Cette perspective, qui donne du pouvoir aux individus et à la société et qui évolue en permanence, ne consiste pas à dénier les sentiments de colère ou les conflits.

Au contraire, elle cherche à canaliser l’énergie sous-jacente dans le but d’élaborer des stratégies efficaces et respectueuses d’autrui.

C’est pourquoi toute attitude de passivité est à exclure et nous pouvons parler de « non-violence active ».


« J’ai combattu trop longtemps et trop durement la ségrégation pour m’accomoder de la ségrégation dans mes jugements moraux...la justice est indivisible. Une injustice, où qu’elle soit, est une menace contre la justice partout »

« Nous en avons assez d’être maltraités et opprimés. Nous avons été trop patients. Une des gloires de la démocratie, c’est qu’elle donne au peuple le droit de protester. Nous le ferons, mais sans violence ni haine. L’amour du prochain sera notre règle » Martin Luther King



2) Articles et Reportages (suite)

Plan détaillé de tous mes messages sur la Birmanie : ICI


Le 13 novembre:
  • Le Conseil de sécurité de l'ONU exhorte la junte à faire davantage
(...)M. Gambari a en outre parlé de "préoccupations sérieuses sur des informations concernant des abus sur les droits de l'Homme et sur la volonté du gouvernement d'avancer dans une nouvelle direction".

"Dans le monde d'aujourd'hui, aucun pays ne peut délibérément rester en dehors du mouvement vers la stabilité, la prospérité et la démocratie", a-t-il déclaré. "Il est de la responsabilité de tout gouvernement d'écouter son peuple, de répondre aux revendications légitimes de la population et de respecter les droits de l'Homme de ses concitoyens", a dit M. Gambari, qui prévoit de retourner prochainement en Birmanie à l'invitation du régime.(...)

Lire l'article en entier ICI



  • Des moines racontent: mort en détention
«Ce n’est que le lendemain matin que nous avons osé retourner au monastère. Le bâtiment était sens dessus dessous et des portes avaient été ouvertes à coups de pied. On a vu des taches rouges sur le sol... et ce qui semblait être du sang coagulé.»

U Thilavantha ( sa photo au début du message) était respecté et très aimé dans sa communauté. Après avoir étudié pendant plusieurs années à Sri Lanka pour devenir moine, il exerçait la fonction de supérieur adjoint de l’école monastique de Myitkyina. Il donnait des cours d’anglais aux enfants des environs, et était âgé d’à peu près trente-cinq ans.

Le 25 septembre, c’est-à-dire le lendemain du jour où des moines de Myitkyina avaient participé à des défilés pacifiques réclamant la fin des restrictions imposées par le régime militaire, la police a fait une descente au monastère où vivait U Thilavantha. Ce dernier a été frappé et arrêté. Il a été placé en détention et de nouveau passé à tabac. Le lendemain, il est mort des suites de ses blessures.

Des responsables de l’hôpital local ont subi des pressions afin qu’ils déclarent qu’U Thilavantha était mort d’une crise cardiaque.

Cent quarante-deux moines habitaient dans le monastère où vivait U Thilavantha. Le 31 octobre, ils n’étaient plus que 11.

Des moines racontent (en anglais) : ICI


Le 12 novembre

  • Une vidéo sur l'armée en Birmanie ICI

Le 11 novembre :

  • Birmanie, entre répression et espoir : 2 reportages à regarder ICI
1) Réalisés il y a 5 ans le reportage de Claude Schauli et Romain Guélat garde aujourd'hui bien malheureusement toute son actualité.
Victimes du travail forcé et des exactions de l'armée birmane, des milliers de Birmans ont été contraints de se réfugier en Thaïlande, le long de la frontière. Dans le camp d'Um Pienh, où 20.000 Birmans ont trouvé refuge, une trentaine de temples, chapelles et mosquées ont été construits. Bouddhistes, musulmans et baptistes y vivent en totale harmonie.

2) Le 2e reportage évoque une figure exemplaire de solidarité et d'humanisme. En effet depuis 13 ans, la Doctoresse Cynthia, baptiste d'origine karen, dirige en Thaïlande, près de la frontière, une clinique réservée aux Birmans. Aux côtés d'une centaine de bénévoles, elle accueille quotidiennement 200 patients souffrant notamment de malaria, de malnutrition et de problèmes respiratoires.


  • L'émissaire des Nations unies pour les droits de l'homme arrive en Birmanie.

Paulo Sergio Pinheiro, est arrivé, dimanche 11 novembre, en Birmanie, où il effectue sa première visite depuis quatre ans, afin d'y enquêter sur les abus commis durant la répression des manifestations de septembre en faveur de la démocratisation.

Au programme de cette visite de 5 jours : des entretiens avec des responsables et des visites de prisons. Une liste d’établissements aurait été soumise aux autorités de Rangoun.

En compagnie des représentants des autorités, il s'est tout d'abord rendu dans un monastère de Bago, 80 km au nord de Rangoon, a précisé l'ONU, avant de retourner à la Pagode Shwedagon, sanctuaire le plus révéré du pays, et qui fut le point de départ des manifestations géantes de septembre.

Leur répression les 26 et 27 septembre, lorsque l'armée a tiré sur la foule, a fait, selon la junte, dix morts. Mais Pinheiro a fait état de témoignages non-identifiés parlant d'entre 30 et 40 moines tués, et 50 à 70 autres opposants.


On est donc plus proche des 200 morts que de 10, et peut-être même davantage....