mardi 19 février 2008

Le fruit de samadhi






Je profite de ce message pour remercier isara pour ses traductions


Enseignement donné par Ajahn Chah en Angleterre, en 1979 (Traduction isara)


LE CHEMIN EN HARMONIE


« Aujourd’hui, je voudrais vous demander à tous : « Etes vous sûr de vous ? Etes vous bien au clair sur votre manière de pratiquer ? »

Je vous demande cela parce que nos jour, il y a de nombreuses personnes qui enseignent la méditation, et je crains que vous ayez l’esprit embrouillé, que vous soyez sujet au doute ou aux hésitations. Si nous comprenons clairement, alors nous serons capable de rendre notre esprit calme et stable.


Nous devons comprendre l’octuple sentier comme étant l’association de trois fondations : L’éthique, la concentration et la sagesse.

C’est la base sur laquelle se constitue le chemin. Notre pratique consiste à faire éclore ce chemin en nous.

Pendant la méditation assise, nous devons garder nos yeux fermés, de ne rien regarder d’autre parce que nous allons regarder directement l’esprit. Quand nous fermons les yeux, notre attention se porte vers l’intérieur. Nous établissons l’attention sur la respiration, nous centrons nos sensations sur le souffle, focalisons notre pleine conscience.
Quand les fondations du chemin sont en harmonie, nous sommes en capacité de voir la respiration, les sensations, l’esprit et les objets de l’esprit pour ce qu’ils sont.

Ici nous pouvons voir le « point de focalisation » (focus point), où samadhi et les autres fondations du chemin convergent en harmonie.

Quand nous sommes assis en méditation, à suivre notre respiration, nous devons penser en nous-même que maintenant, nous sommes seul ; qu’il n’y a personne autour de nous, qu’il n’y a rien du tout.

Nous devons développer cette sensation que nous sommes seul jusqu’à ce que l’esprit se défasse de tous les éléments extérieurs, pour ne se concentrer que sur la respiration. Si nous pensons : « telle personne est ici, telle autre là », l’esprit n’est pas en paix, il n’est pas tourné vers l’intérieur.

Nous devons faire abstraction de tout ce qu’il y a autour jusqu’à ce que nous ressentions qu’il n’y a personne près de nous, jusqu’à ce qu’il n’y ait rien du tout, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus ni de répulsion, ni d’attraction.


Laisser la respiration s'établir

Il faut laisser la respiration s’établir, aller à son rythme, ne pas la forcer à être plus courte ou plus longue. Etre là, tout simplement, et regarder le souffle aller et venir.

Lorsque l’esprit saura se défaire de toutes les sensations venues de l’extérieur, du bruit des voitures ou de toute autre perturbation, plus rien ne nous dérangera plus ! Ni la vue, ni les sons ne pourront nous perturber parce que l’esprit ne les percevra plus. Notre attention ne fera plus qu’une avec la respiration.

Si l’esprit est confus et ne veut pas rester concentrer sur la respiration, il faut prendre une longue inspiration, aussi profonde que possible, puis relâcher, expirer jusqu’à expulser tout l’air. Nous devons recommencer ceci trois fois puis rétablir notre attention sur la respiration. L’esprit finira bien par se calmer.

Il est normal que l’esprit reste calme un moment, puis que l’agitation et la confusion apparaissent à nouveau. Lorsque cela arrive, nous devons nous concentrer, respirer profondément à nouveau et rétablir notre attention sur la respiration. Nous devons poursuivre ainsi, encore et encore.

Après de nombreuses fois, nous saurons comment nous y prendre et l’esprit laissera passer toutes les manifestations extérieures. Les impressions venues du dehors n’atteindront plus l’esprit. Sati (l'attention) sera fermement établi.

Tout comme l’esprit se pose et se clarifie, la respiration s’allège. Les sensations deviennent de plus en plus subtiles, le corps et l’esprit deviennent légers.


L’attention est centrée sur l’intérieur et nous pouvons voir clairement les inspirations et les expirations, nous pouvons voir clairement toutes les sensations. Alors, nous pourrons voir apparaître ensemble les trois fondations de la pratique : éthique, concentration et sagesse. Ceci se nomme « samadhi ».


La respiration peut devenir si légère qu’elle semble disparaître

Après avoir observé le souffle pendant une longue période, celui-ci devient très léger ; l’attention sur la respiration s’estompe progressivement et cesse, laissant l’attention seule.

La respiration peut devenir si légère qu’elle semble disparaître ! Comme si nous étions là, mais qu’il n’y avait plus de respiration du tout.

En réalité, le souffle est toujours présent, même s’il semble qu’il n’y en ait plus. C’est parce que l’esprit a atteint son état le plus calme, le plus épuré, et qu’il n’existe plus que l’attention nue.
L’esprit est allé au-delà de la respiration. La connaissance que la respiration a disparue devient évidente. Mais alors, quel sera notre objet de méditation maintenant ? Nous allons prendre cette nouvelle connaissance, à savoir, cette connaissance de l’absence de respiration comme objet.
Certaines expérience inattendues peuvent alors survenir : certains expérimentent cela, d’autres non. Si cela nous arrive, nous devons rester stable et garder une attention sans faille. Certaines personnes se rendent compte que leur respiration a disparu et prennent peur ; elles s’effrayent à l’idée de mourir. A ce moment-là, nous devons voir la situation telle qu’elle est. Nous devons simplement noter que la respiration a disparu et prendre cela comme objet pour notre attention.


Le fruit de Samadhi

Ceci, nous pouvons le dire, est l’état de samadhi le plus sûr, le plus solide ; l’esprit est réunifié, sans fluctuation. Peut-être que le corps va devenir si léger que nous pourrions avoir l’impression qu’il n’y a plus de corps du tout. Nous aurons l’impression d’être assis dans un espace vide, totalement vide.

Même si cela peut nous sembler étrange et inhabituel, nous devons comprendre qu’il n’y a aucune inquiétude à avoir. Nous devons maintenir notre esprit fermement établi sur ce que nous expérimentons.

Quand l’esprit est ainsi fermement unifié, aucune impression sensorielle ne peut venir le perturber. On peut rester dans cet état aussi longtemps qu’on le souhaite. Aucune sensation de douleur ne viendra nous déranger.

Lorsque samadhi atteint ce niveau, nous pouvons en sortir quand nous voulons. Mais de manière douce et non parce que nous commençons à ressentir de l’ennui ou à être fatigué.

Nous quittons samadhi, parce que la méditation est terminée, que nous avons assez pratiqué pour lors. Nous nous sentons bien, à l’aise.

Si nous sommes capable de développer ce type de samadhi, alors nous pouvons nous asseoir, disons, trente minutes ou une heure, et ressentir les bienfaits de cette assise pendant plusieurs jours.

Quand l’esprit est calme et paisible ainsi, il est limpide. Quelle que soit l’expérience que vous pourrez faire, l’esprit s’en saisira et l’examinera. C’est le fruit de samadhi.


L’éthique est une fondation du chemin, de la pratique, la concentration en est une autre et la sagesse une troisième.

Ces trois facteurs forment un cercle. Nous pouvons les voir rassemblés dans l’esprit en paix.

Lorsque l’esprit est calme, il est réunifié et concentré grace à la sagesse et à l’énergie de la concentration. Comme il devient plus concentré, il devient plus fin, plus subtile ; et ceci donne à l’éthique la force de croître en pureté.

Comme notre éthique devient plus pure, elle aide au développement de la concentration. Quand la concentration est fermement établie, elle aide à l’éclosion de la sagesse. Ethique, concentration et sagesse s’entraident mutuellement ; elles sont en inter-relation.

A la fin, le chemin ne fait plus qu’un avec les trois fondations. Nous devons rechercher cette force qui émerge du chemin, parce que c’est la force qui conduit à la vision intérieure et à la sagesse. »


Source : Ajahn CHAH, “The Path in Harmony” extrait de “Teachings of Ajahn Chah”- Traduction isara


Lire d'autre enseignement de Ajahn Chah : ICI



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