mercredi 2 janvier 2008

Le bouddhisme "engagé" est une pratique




Bouddha était le premier bouddhiste engagé.
Il s’est engagé en prenant position contre les castes et en s’adressant aux hommes et aux femmes des conditions les plus humbles.
Il s’est engagé en accueillant au sein du sangha les femmes, les indigents, les exclus et les criminels repentis.
Il s’est engagé en indiquant qu’elles étaient les devoirs d’un dirigeant politique et en soutenant qu’il n’existait aucune distinction fondée sur la naissance.
Il s’est engagé en prônant la compassion active et l’amour universelle. Il s’est engagé en enseignant durant 40 ans pour le bien de tous les êtres, sans distinction de sexe, de caste ou de couleur.
Pratiquer le dhamma c'est un engagement envers soi même et envers les autres.
Être Bouddhiste, c’est être bouddhiste engagé.
Kathy





Si le Bouddha nous rencontrait aujourd’hui, nous les occidentaux encore ignorants de la voie et du noble octuple sentier, je crois qu’il nous amènerait tout d’abord à regarder notre vie et qu’ils nous appellerait, comme il l’a fait jadis, à pratiquer tout simplement une voie droite et juste...


En fait, participer à tout le système de consommation c’est déjà, risquer à chaque instant, de violer les trois premiers préceptes ! Quant au quatrième, s’abstenir de paroles mensongères ou incorrectes, c’est particulièrement difficile dans un monde fondé sur la communication publicitaire et la propagande politique...



Le bouddhisme « engagé » est une pratique


Pour beaucoup, le bouddhisme est avant tout une pratique de la méditation. Cette pratique varie selon les traditions bouddhistes mais elle demeure une recherche de calme et de sérénité...

Pourtant l’enseignement du Bouddha n’est pas un enseignement sur la méditation, c’est un enseignement sur la vie. Le Bouddha accueille la souffrance de son temps et celle de tous les êtres.

En premier il y a dukkha... quoique l’on fasse, quoique que l’on pense, il y a toujours la souffrance, une souffrance latente presqu’invisible ou une souffrance criante, déchirante, il y a aussi la souffrance muette de ceux qui meurent en silence de faim de soif et d’abandon...

Ce que nous dit le Bouddha c’est : il y a dukkha..

Il nous dit encore : il y a la cessation de dukkha...

Si le Bouddha nous rencontrait aujourd’hui, nous les occidentaux encore ignorants de la voie et du noble octuple sentier, je crois qu’il nous amènerait tout d’abord à regarder notre vie et qu’ils nous appellerait, comme il l’a fait jadis, à pratiquer tout simplement une voie droite et juste... (Lire: Conseil aux laics: VELUDVAREYYA SUTTA: ICI )



Sila : pratiquer la vertu


Avant toute chose celui qui a rencontré le Bouddha au travers de ses enseignements s’applique à respecter les préceptes et l’octuple sentier.. ; il s’interroge sur le respect de la vie, la parole juste, l’absence de vol et de mensonge. Il s’applique cette pratique à lui même et s’efforce de persuader les autres de la pratiquer... Nous savons tous, par expérience qu’une conduite juste et honnête est le début de la libération et, comme dit le proverbe, on peut se regarder dans la glace...

Celui qui ne peut plus se regarder dans la glace, qui ne peut plus se regarder lui même, celui là ne peut pas s’engager sur la voie de la méditation, ne peut plus être un refuge pour lui même, ne peut plus trouver la vérité en lui même... Il est un errant au milieu de la souffrance et il ne peut plus que tirer profit de la souffrance des autres pour tenter de masquer sa propre souffrance.


Dans la pratique il y a deux niveaux. Le premier est la fondation c’est à dire le développement des préceptes, de la vertu ou la moralité dans le but de contribuer au bonheur, au confort et à l’harmonie entre les gens. Le second niveau (plus intense) où on ne s’occupe pas de son confort personnel, est la pratique du Bouddha Dhamma, menée uniquement par la vigilance et la libération du coeur.

Cette libération est la source de la sagesse, de la compassion et de la véritable source de l’enseignent du Bouddha. Comprendre ces deux niveaux constitue la base d’une pratique authentique.

Vertu et moralité sont la mère et le père du Dhamma qui grandit en nous et ils nous apportent nourriture et conseil.

La vertu est le fondement d’un monde harmonieux, dans lequel les gens ne vivront non pas tel des animaux, mais en véritables êtres humains. Ajahn Chah
(Lire : La vertu ICI )


Si nous nous appliquons avec sérieux, à l’écoute des préceptes nous découvrons combien l’enseignement du Bouddha est « révolutionnaire » et surtout combien il est une parole pour aujourd’hui...

  • Le respect de tout ce qui vit :

Nous mesurons aujourd’hui où nous a conduit ce manque de respect, malheureusement nous ne sommes pas toujours capables d’appliquer aux humains ce que nous tentons d’appliquer aux animaux... Pour l’heure nous avons tendances à trouver qu’il y a trop d’humains sur terre en oubliant que c’est tout simplement parce qu’il n’y a ni partage, ni équilibre...

  • Ne pas voler :

Les ressources d’un autre pays, par exemple... ou tout simplement le travail de l’autre en ne le payant pas à sa juste valeur...

  • Ne pas mentir :

Mais ne pas être non plus complice du mensonge qui est devenu aujourd’hui, pour beaucoup de gens une manière naturelle de fonctionner... se renseigner, étudier et ne pas se faire l’écho de propos mensonger ou calomnieux.

  • Un moyen d’existence juste :
Pouvons-nous considérer que la spéculation soit un moyen d’existence juste, que la recherche du profit à tout prix soit un moyen d’existence juste...

La mise en œuvre des enseignements du Bouddha nous conduit forcément à nous engager socialement pour une société plus juste et le bien de tous les êtres...




La pratique


Quand on parle de pratique on entend méditation... c’est devenu synonyme... Le bouddhiste qui ne médite pas est un bouddhiste non pratiquant.. On parle même de pratique intensive pour parler de retraite où l’on médite à longueur de journée...

Mais alors le bouddhiste qui travaille jour et nuit à la justice et la vérité n’aurait pas, lui, une pratique intensive ???

Le Bouddha nous enseigne la voie du milieu, une voie droite et juste..la pratique de la méditation est là pour nous aider à demeurer dans cette voie droite... Pour nous aider à sans cesse réajuster nos objectifs en considérant la réalité des choses : c’est à dire le dhamma...

Croire pouvoir atteindre nibbanna sans pratiquer la voie de la vertu, sans solidarité avec le vivant, est vraiment une voie de l’illusion. Les moines birmans l’ont bien compris qui se sont levés de leur coussins de méditation pour marcher au nom de tout le peuple...

Certains disent : les moines ne doivent pas faire de politique, cela reviendrait à dire les moine ne doivent pas être bouddhistes, ne doivent pas suivre les enseignements du Bouddha... Mais les moines sont la conscience du monde, les « spécialistes du dhamma », les éveilleurs de l’humanité... Ils doivent parler et agir quand c’est nécessaire, quand le monde « dérape ».



"Voit-on un tel indicateur de trésors l’homme avisé montrer les fautes, dénoncer les manquements, auquel cas il faut partager la compagnie d’un tel sage. Pour qui la partager ce sera mieux, non pis.

"Il exorte et enseigne, tout en prévenant la malhonnêteté : amis des bons hostile à ceux qui ne le sont pas !

Dhammapada versets 76 & 77




La vue juste


Pourtant le disciple du Bouddha n’est pas un militant comme les autres.

Il s’efforce d’avoir une action dénuée de toute haine,violence, rancœur, jalousie, ignorance, médisance et calomnie... de toute recherche de reconnaissance, de remerciements, de l’acquisition de quelque mérite que ce soit

Il ne confond pas compassion et émotion, sensation et vérité... Il s’efforce d’agir avec équanimité...

Il sait que le dhamma est le plus grand de tous les dons, et que nourrir les affamés, redonner leur dignités aux démunis n’est pas le but ultime de la libération... Ce ne sont que les prémices... des prémices nécessaires.

Le bouddhisme « engagé » est une pratique... une pratique difficile où il faut sans cesse réajuster notre opinion, sans cesse travailler sur nos sensations et nos émotions afin que notre action ne soit pas déterminée par elles mais par la vue juste...

En ce sens l’engagement bouddhiste nourrit la pratique de la méditation et la méditation nourrit la pratique de l’engagement...

le dhamma est vivant et il n’y a pas d’un coté le coussin et de l’autre le monde...

Il y a le dhamma et c’est tout... la compassion sans passion... pour le bien de tous les êtres.



Source : Edito du site : Karuna








1 commentaire:

Anonyme a dit…

merci Kathy pour ce texte.

tu as bien raison de répéter qu' être bouddhiste c'est nécessairement être engagé.

je crois qu'il est primordial de dire et répéter ce que veux dire "être bouddhiste".

il existe un tronc commun à toutes les écoles qui se revendique de Bouddha:

- la prise de refuge en Bouddha, dans le Dhamma et dans la Sangha.

- la discipline ou morale par la prise des préceptes

- la foi dans le premier enseignement du Bouddha sur les quatre nobles vérités: dukkha,l'origine de dukkha, la cessation de dukkha, le chemin qui méne à la cessation de dukkha.

- la foi dans les quatre nobles vérités qui amène à la pratique de l'octuple sentier dont les huit branches sont:

1. sammā ditthi : compréhension juste, ou vision juste (de la réalité, des quatre nobles vérités).

2. sammā samkappa : pensée juste, ou émotion juste (dénuée de haine, d'avidité et d'ignorance).

3. sammā vācā : parole juste (ne pas mentir, ne pas semer la discorde par ses paroles, ne pas parler abusivement, ne pas bavarder oisivement).

4. sammā kammanta : action juste (respectant les 5 préceptes).

5. sammā ājīva : moyens d'existence justes.

6. sammā vāyāma : effort juste (de surmonter ce qui est défavorable et d'entreprendre ce qui est favorable).

7. sammā sati : attention juste, ou prise de conscience juste (des choses, de soi — son corps, ses émotions, ses pensées —, des autres, de la réalité).

8. sammā samāthi : établissement de l'être dans l'éveil (vipassana).

- la pratique de sa samathi, la méditation.

Etre Bouddhiste, c'est être en accord avec ces principes, les respecter, les mettre en pratique.

Ne pratiquer qu'une partie de ces principes et pas les autres (méditer, mais ne pas prendre les préceptes, par exemple); ceci n'est pas une démarche bouddhiste.

Enfin,respecter ces principes et les mettre en pratique dans sa vie quotidienne, c'est nécessairement être engagé.