vendredi 11 janvier 2008

Le bouddhisme, en Birmanie, est-il "au service" de la junte militaire ?



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Plan de ce message

1) Le bouddhisme, en Birmanie, est-il "au service" de la junte militaire ?

Il s'agit un article datant du 16 décembre 2004 de "Micro-Hebdo" de l'UBE (Union Bouddhiste Européenne)

A la lumière des évènements récent, cet article est vraiment très intéressant à lire ou à relire, car les moines birmans nous ont prouvé récemment, en manifestant de manière pacifique aux côtés et pour le peuple, qu’ils n’étaient pas au service de la junte...

2) Articles et Reportages (suite )

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1) Le bouddhisme, en Birmanie, est-il "au service" de la junte militaire ?


Un Sommet mondial du bouddhisme:

Du 8 au 11 décembre 2004, Yangoon (Rangoon), capitale du Myanmar (Birmanie), a accueilli un « Sommet mondial du bouddhisme » dont le but déclaré était de « propager le bouddhisme dans le monde, renforcer la coopération et la solidarité des communautés bouddhistes, réduire les tensions et les conflits ».

Il devait s’agir du quatrième sommet de ce type et l’on attendait, officiellement, plus de 2.500 représentants venant de 37 pays, d’Asie et d’Occident. Devait… Car le « Sommet mondial du bouddhisme pour la paix dans le monde » a plutôt augmenté les tensions et les conflits et s’est finalement transformé en une sorte de Congrès d’auto-promotion de la junte militaire au pouvoir en Birmanie !

En fait de 2.500 participants, on a compté seulement 500 religieux et un millier de délégués et observateurs, venus de dix-huit pays différents – douze pays asiatiques et cinq occidentaux : Etats-Unis, Australie, Mexique, Tchéquie et Roumanie.

Mais une absence, surtout, a particulièrement été remarquée : celle de la secte japonaise Nembutsushu, l’organisateur-fondateur des trois premiers Sommets, qui se sont tenus respectivement au Japon, en 1998, en Thaïlande, en 2000, et au Cambodge, en 2002.

La délégation japonaise entendait ainsi protester contre le limogeage pour corruption, en octobre dernier, du Premier ministre birman Khin Nyunt. Selon l’AFP, l’organisation nippone a indiqué « craindre que la mise à l’écart du seul haut responsable birman qui était disposé à un dialogue avec l’opposition démocratique ne provoque des troubles et que les délégations ne soient en danger ».

Cet appel au boycott avait aussi été relayé par d’autres organisations bouddhistes, comme l’Association d’assistance aux prisonniers politiques (AAPP), basée en Thaïlande, en raison des « persécutions de moines par l’actuelle junte militaire et l’emprisonnement de quelque 300 d’entre eux dans les geôles de Birmanie. »

La junte birmane, de son côté, a fait savoir qu’il n’était pas question d’annuler la rencontre après l’annonce de la défection d’« une secte de troisième classe qui a utilisé ses ressources financières pour organiser des sommets bouddhistes pour sa seule promotion », selon les termes employés par le quotidien national officiel « New Light of Myanmar ».

Le Sommet a donc finalement bien eu lieu, comme prévu, et c’est le numéro un de la junte au pouvoir, le général Than Shwe, qui en a assuré lui-même l’ouverture.


Un beau « cadeau » politique à la junte:

Pour l’occasion, celui-ci avait troqué son uniforme kaki pour le costume traditionnel birman, et il est venu pendant quelques minutes s’incliner devant les hauts dignitaires bouddhistes puis saluer les hauts responsables étrangers qui honoraient le Sommet de leur présence, notamment les premiers ministres de Thaïlande et du Laos, ainsi que le vice-premier ministre du Cambodge… Un beau « cadeau » politique à la junte, médiatisé comme il se doit grâce aux visas accordés, pour une fois, à de très nombreux journalistes étrangers !

Dans son allocution, le général Than Shwe a affirmé que « le sommet constituait un instrument pour la promotion et la propagation du bouddhisme, qu’il aiderait les gens à en avoir une meilleure compréhension, et qu’il renforçait l’amitié et la coopération entre les nations comptant des bouddhistes dans leur population ».

Il a également exprimé son souhait de « voir l’humanité capable de suivre les enseignements du Bouddha et d’apporter la paix, la justice et la prospérité dans le monde ».
(remarque personnelle : On croit rêver !!)



A l’issue du Sommet, le gouvernement birman a d’ailleurs annoncé la libération de 5.070 prisonniers, « emprisonnées par erreur », en déclarant qu’il réparait ainsi les erreurs du général Khin Nyunt, le premier ministre et chef des services de renseignements militaires qui avait brutalement été limogé le 18 octobre précédent.

Ce Sommet n’est pas le premier ni le seul exemple de l’intérêt que la junte militaire porte au bouddhisme, espérant ainsi se donner une image « fréquentable » auprès de la communauté internationale.

Depuis plusieurs années, les Occidentaux sont en effet nombreux à venir fréquenter les grands Centres de méditation du pays – notamment ceux qui transmettent les enseignements de la lignée de Mahasi Sayadaw – et le « tourisme spirituel » devient un moyen comme un autre de faire entrer des devises étrangères…

Si le sangha bouddhiste, en Birmanie, a souvent eu des rapports conflictuels avec les pouvoirs en place successifs, la junte militaire multiplie, depuis quelques années, les signes de « bonne volonté » à son égard et l’utilise ainsi, de plus en plus, comme un instrument de propagande politique majeur.

La plupart des représentants du pouvoir ne manquent pas, aujourd’hui, de se faire photographier régulièrement dans leurs actes de dévotion auprès de religieux réputés
, effectuant des dons, notamment lors des cérémonies de khatina qui marquent la fin de la « Retraite de saison des pluies » : A cette occasion, cette année, des bataillons de ministres et de hauts gradés ont ainsi défilé dans les monastères où ils ont été photographiés pieds nus, agenouillés devant des moines, offrant les robes traditionnelles couleur safran.

Dans un article publié dans le dernier numéro de « Eglises d’Asie » (n° 409, 16 décembre 2004), l’Agence d’Information des Missions Etrangères [catholiques] de Paris rapporte les propos de plusieurs diplomates en poste en Birmanie :


Une exploitation du bouddhisme à des fins politiques:

"C’est très clair, il y a une exploitation du bouddhisme à des fins politiques", estime un diplomate.
Mais si les moines bouddhistes étaient descendus dans la rue en 1988 avec les étudiants pour réclamer une démocratisation et avaient payé un lourd tribut après la répression dans le sang des manifestations, ils paraissent aujourd’hui sagement confinés dans leurs monastères. "Ils sont totalement contrôlés. Ils sont obligés d’être du côté du régime", note le diplomate.

Remarque personnelle : pas si confiné que ça, la preuve récemment ...

"Quand Aung San Suu Kyi [la célèbre prix Nobel de la Paix] pouvait aller en province, certains responsables de temples ont refusé de la recevoir" par peur d’être harcelés par les services secrets militaires, dit-il, en référence à la brève période de liberté de l’opposante, aujourd’hui de nouveau assignée à résidence.

Le clergé, les moines et les nonnes, ne jouent pas un rôle social actif en Birmanie, et se consacrent essentiellement à l’étude des textes sacrés et à la méditation dans leurs monastères. "On leur fait surtout beaucoup de cadeaux pour les inciter à rester calmes et ne pas faire de politique : de l’argent, des voitures", explique un analyste.


Les moines qui osent toutefois critiquer le régime se retrouvent systématiquement en prison

"Le clergé bouddhique a été complètement acheté." Ceux des moines qui osent toutefois critiquer le régime se retrouvent systématiquement en prison où ils sont généralement immédiatement défroqués.


Dans l’un des 400 monastères que compte Yangoon, le supérieur témoigne sous le sceau de l’anonymat :
"Ils sont défroqués, portent la tenue des prisonniers et n’ont plus le droit de réciter les prières. Beaucoup ont été condamnés à des peines de quinze à vingt ans de prison pour avoir refusé des offrandes de nourriture de représentants du gouvernement." [le « renversement du bol » est en effet une manière traditionnelle, pour les moines, de marquer leur désapprobation].

Il ajoute : "Nous n’avons pas le droit d’exprimer notre opinion, de parler ouvertement aux gens. Il y a des pressions sur nous."

Selon une association clandestine de moines, poursuit-il, de 350 à 400 d’entre eux croupissent dans les geôles birmanes. "Les moines à Yangoon n’ont aucun intérêt pour ce sommet bouddhiste : il n’est pas sincère, il est organisé pour le bénéfice politique du gouvernement", conclut-il. »

Cela dit, dans son discours de clôture, le vénérable Silananda, recteur de l’Université internationale des missionnaires du bouddhisme Theravâda à Yangoon, a tout de même osé une critique voilée, sous couvert d’un remerciement : « Nous sommes reconnaissants au gouvernement de nous avoir autorisé à utiliser Internet car, sans cela, le sommet ne se serait pas aussi bien passé. J’espère qu’à l’avenir, le gouvernement nous laissera utiliser Internet pour propager les enseignements bouddhistes dans le monde », a-t-il déclaré.

Internet, que le pouvoir en place ne se prive pas lui-même d’utiliser…


On pouvait ainsi apprendre, grâce à l’édition anglaise « en ligne » du quotidien national officiel « New Light of Myanmar », le 22 septembre dernier, qu’une grande collecte était organisée en Birmanie et que « les bienfaiteurs étaient vivement invités à effectuer des dons pour la construction du premier monastère bouddhiste en France, un pays d’Europe de l’ouest »…
Ce « Monastère de la Mission bouddhiste Theravâda », qui s’élèverait à Paris même, serait placé sous l’autorité spirituelle de Sayadaw Kyunnatha Ashin Nandasiri, qui réside actuellement dans la capitale française.

Faut-il se réjouir de cette annonce ou craindre, une fois encore, une tentative de récupération politique de la junte militaire birmane ?

Source UBE



2) Articles et Reportages (suite)


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